Doc. 9194

10 septembre 2001

Année européenne des langues

Rapport

Commission de la culture, de la science et de l’education

Rapporteur : M. Jacques Legendre, France, Groupe des démocrates européens

Résumé

L’Année européenne des langues 2001 est guidée par le constat que chaque langue est unique, qu’elles sont toutes également valables en tant que moyen d’expression pour ceux qui les utilisent, et que ce riche patrimoine linguistique, dans le monde entier, doit être préservé.

Le développement du plurilinguisme, nécessaire pour répondre aux changements en Europe, est au cœur des objectifs de l’année. Chacun peut, ou devrait pouvoir, acquérir tout au long de la vie, une certaine capacité à communiquer, sinon la maîtrise de plusieurs langues. C’est pour valoriser ces compétences, que le Conseil de l’Europe a établi un instrument majeur, le Portfolio européen des langues.

Le rapport propose également la mise en place de politiques linguistiques, destinées avant tout à encourager la diversité culturelle et linguistique et à soutenir la cohésion sociale et interethnique, à travers la protection des langues minoritaires, l’apprentissage de la langue du voisin et des cultures proches et la protection des œuvres culturelles en langues européennes dans le contexte de la mondialisation.

I .       Projet de recommandation

1.       L’Assemblée se félicite de la proclamation de l’« Année européenne des langues 2001», une initiative du Conseil de l’Europe rejointe par l’Union européenne. Elle rappelle dans ce contexte sa Recommandation 1383 (1998) sur la diversification linguistique et ses rapports sur les langues minoritaires.

2.       L’Assemblée partage pleinement les objectifs de l’Année, qui veut attirer l’attention de l’opinion publique sur la nécessité de protéger et de promouvoir le riche patrimoine linguistique de l’Europe. Il s’agit également de reconnaître publiquement que chaque langue a sa valeur unique, et que toutes les langues sont également valables en tant que moyen d’expression pour ceux qui les utilisent.

3.       L’Assemblée se félicite du fait que l’Année européenne des langues ne soit pas uniquement l’année des langues européennes et qu’elle prône l’ouverture vers le monde entier, y compris vers toutes les langues et les cultures qui sont représentées sur le continent européen.

4.       Un point central de la campagne est le développement du plurilinguisme, qui devrait être perçu comme une certaine capacité de communiquer, et non nécessairement comme la maîtrise parfaite de plusieurs langues. L’Année est également l’occasion de souligner que chacun peut, et doit avoir l’opportunité, d’apprendre des langues tout au long de la vie. Le Portfolio européen des langues, lancé officiellement par le Conseil de l’Europe cette année, permettra à chaque citoyen d’inscrire et de valoriser ses compétences en langues (y compris les compétences partielles) qu’il a pu, et continuera d’acquérir, au sein et en dehors du système éducatif formel.

5.       Chacun a le droit de parler sa langue maternelle et d’apprendre les langues de son choix ; l’exercice libre de ce droit est une condition sine qua non du développement personnel et professionnel, de la mobilité des personnes et des idées, ainsi que de la promotion du dialogue, de la tolérance, de la compréhension et de l’enrichissement mutuel des peuples et des cultures. La capacité de communiquer dans d’autres langues est essentielle pour répondre aux changements culturels, économiques et sociaux en Europe.

6.       Le choix des langues à apprendre est fortement conditionné par des raisons économiques et géopolitiques. Cependant, l’Assemblée est convaincue que ce processus ne doit pas être entièrement guidé par ce genre de considérations et rappelle à ce sujet la Déclaration du Comité des Ministres sur la diversité culturelle. Les Etats devraient faire preuve de volonté politique et continuer à mettre en oeuvre des politiques linguistiques et culturelles pour développer le plurilinguisme, et pour protéger toutes les langues parlées sur leurs territoires du risque d’extinction.

7.       La diversité linguistique comporte plusieurs aspects, partant de la protection des langues minoritaires, dont plusieurs sont en voie d’extinction, passant par l’avantage d’apprendre la langue du voisin et les cultures proches, jusqu’à la protection de la culture et des œuvres culturelles en toutes les langues européennes dans le contexte de la mondialisation. L’Assemblée espère que l’Année sera un terrain fructueux pour le développement de politiques linguistiques encourageant avant tout la diversité culturelle et linguistique et soutenant l’intégration des minorités et des immigrés, la cohésion sociale en général et les droits de l’homme.

8.       L’Assemblée encourage les parlements nationaux à prêter davantage d’attention aux questions linguistiques en tenant des débats spécifiques, et en incitant ses membres à poser des questions parlementaires.

9.       L’Assemblée note que le 26 septembre 2001 a été consacré « Journée européenne des langues » et présente sa propre contribution à l’Année à cette occasion.

10.       En conséquence, l’Assemblée recommande au Comité des Ministres :

i. d’organiser chaque année une Journée européenne des langues en vue de poursuivre les objectifs de l’Année, car il s’agit essentiellement d’objectifs à long terme;

ii. de passer en revue les nombreuses et intéressantes initiatives destinées à promouvoir et à améliorer l’apprentissage des langues, qui ont été le résultat direct ou indirect de l’Année, afin d’en poursuivre le développement et d’en faire rapport à l’Assemblée ;

iii. de mettre en oeuvre des projets transversaux ayant trait à la diversité linguistique et culturelle, tels que le développement futur des cultures en langues européennes dans le contexte de la mondialisation et le rôle des politiques linguistiques en faveur de la cohésion sociale et de la tolérance interethnique ;

iv. d’encourager les Etats membres à protéger et promouvoir les langues régionales, minoritaires ou moins répandues, en vue de garantir la diversité linguistique et culturelle et d’éviter leur extinction, notamment en appelant les Etats membres à signer et ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ;

v.        d’appeler les Etats membres parties à la Convention culturelle européenne qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à l’Accord partiel élargi du Centre européen pour les langues vivantes de Graz dans les meilleurs délais ;

vi.       d’appeler le Conseil mixte, le Conseil consultatif, le CDEJ et le Comité de programmation de la Direction de la Jeunesse et du Sport à réinscrire au programme d’activités des centres européens de la jeunesse des « cours de langues et d’apprentissage interculturel » à l’intention des responsables des mouvements de jeunesse.

11.       L’Assemblée recommande aussi au Comité des Ministres d’appeler les Etats membres:

i. à soutenir et développer davantage les initiatives en matière de politiques linguistiques du Conseil de l’Europe pour la promotion du plurilinguisme, la diversité des cultures et la compréhension entre les peuples et les nations ;

ii. à encourager tous les Européens à atteindre un certain niveau de compétence dans la communication en plusieurs langues, entre autres, en stimulant les approches diversifiées et innovatrices, adaptées aux besoins individuels, et en facilitant la mise en place et l’utilisation du Portfolio européen des langues ;

iii. à encourager les institutions concernées à utiliser le Cadre européen commun de référence élaboré par le Conseil de l’Europe pour le développement de leurs politiques linguistiques, en vue d’assurer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage des langues et de renforcer la coordination internationale ;

iv. à poursuivre la réalisation des objectifs contenus dans la Recommandation 1383 (1998) de l’Assemblée sur la diversification linguistique, et en particulier l’acquisition d’une compétence satisfaisante dans au moins deux langues européennes ou mondiales pour l’ensemble des élèves en fin de scolarité, ainsi que la diversification de l’offre des langues étudiées, qui doit répondre aux besoins de la communication personnelle, nationale, régionale et internationale.

II.        Exposé des motifs par M. Legendre

Historique

1.       Le Conseil de l’Europe a décidé de lancer une Année européenne des langues (AEL) lors de son Deuxième Sommet en 1997 qui a, entre autres, souligné l’importance de la promotion de la citoyenneté européenne et du soutien au patrimoine linguistique et culturel de l'Europe. L’Assemblée a soutenu cette idée dans sa Recommandation 1383 (1998) sur la base d’un rapport sur la diversification linguistique que j’ai moi-même présenté.

2.       En janvier 1999, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a désigné l’année 2001 «Année européenne des langues». Le 13 octobre 1999, la Commission européenne a adopté la proposition de décision déclarant l'Année européenne des langues 2001. Le Parlement européen et le Conseil des Ministres (de l'Union européenne) ont adopté la décision finale le 17 juillet 2000 (Journal officiel L232 - Décision 1934/2000/EC). Le Conseil de l'Europe et l'Union européenne ont donc joint leurs efforts pour la mise en oeuvre de l'AEL.

3.       C’est la première manifestation de ce genre dans le domaine linguistique lancée par le Conseil de l’Europe. La diversité linguistique a été néanmoins l’un des sujets importants de la campagne « Europe, un patrimoine commun » et de la campagne contre le racisme et l’intolérance.

Pourquoi une Année des langues ?

4.       Le choix des langues que l’on apprend est fortement conditionné par des raisons économiques et géopolitiques. De ce point de vue, nul ne peut contester de nos jours le rôle et l’importance de l’anglais, qui est devenu la lingua franca mondiale. Du coup, l’apprentissage de l’anglais a acquis un poids écrasant par rapport aux autres langues dans les systèmes éducatifs des pays européens. Or, sans nier l’importance et l’utilité de la connaissance de l’anglais, on ne peut pas accepter qu’il soit le seul moyen de communication entre des gens de langues et de cultures différentes.

5.       S’agissant de l’offre et du choix des langues, on constate un décalage entre ce que disent les gouvernements en matière de politique linguistique et ce qu’ils font. Par exemple, une étude du Sénat français a montré qu'en dépit du grand nombre de langues dont l'enseignement est proposé en France, on se limite dans les faits essentiellement à l'anglais comme première langue et à l'espagnol comme seconde. Des langues aussi importantes que l’allemand, l’italien ou le russe sont délaissées et les spécialistes de ces langues ne trouvent pas la possibilité de les enseigner. Les deux pays au centre de l'Europe, la France et l'Allemagne, sont de moins en moins capables de communiquer entre eux dans leur propre langue.

6.       Dans la plupart de nos pays, l’enseignement des grandes langues mondiales - non seulement les plus éloignées, comme le chinois, l’hindou ou le japonais, mais celles qui sont aux portes de l’Europe, comme l’arabe - demeure très limité et concerne surtout les immigrés et les diasporas. Lors d’un colloque sur la culture et la coopération entre le Conseil de l’Europe et les pays méditerranéens non membres, organisé par la Commission de la culture et de l’éducation à Palma de Majorque (22-24 octobre 2000), les représentants des parlements de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie ont vivement déploré ce fait. Ils soulignaient notamment que leur pays dispensait l’enseignement de plusieurs langues européennes, dont certaines de façon généralisée, dans leur système éducatif, universitaire et de formation et demandait, en contrepartie, que l’Europe s’ouvre sur leur culture et leur langue, en particulier en enseignant la langue arabe aux enfants pour rendre le dialogue et la coopération plus équilibrés [voir AS/Cult (2000) 35].

7.       Le droit d’apprendre des langues est un droit essentiel de la personne humaine; son exercice libre est une condition sine qua non au développement individuel et professionnel, à la mobilité des personnes et des idées, ainsi qu’à la promotion du dialogue, de la tolérance, de la compréhension et de l’enrichissement mutuel des peuples et des cultures.

8.       Outre les avantages économiques que présente la connaissance de la langue d’autrui, il a été prouvé que les personnes parlant plus d’une langue communiquent mieux avec les autres cultures et sont capables de construire des passerelles culturelles.

9.       En fin du compte, à travers l’enseignement des langues, c’est la diversité culturelle que nous défendons, ou à laquelle nous portons préjudice. Dans ce contexte, les considérations qui devraient guider le développement des politiques linguistiques ne sont pas très différentes de celles qui justifient la position défendue par l’Europe dans les discussions à l’Organisation Mondiale du Commerce concernant le marché des produits culturels. Aussi, la Déclaration sur la diversité culturelle, adoptée par le Comité des Ministres le 7 décembre 2000, a-t-elle souligné que « des politiques culturelle et audiovisuelle qui favorisent et respectent la diversité culturelle doivent être considérées comme un complément nécessaire de la politique commerciale ».

10.       Pour toutes ces raisons, ce serait une grave erreur de subordonner l’enseignement des langues uniquement à des considérations d’ordre commercial. Les Etats devraient faire preuve de volonté politique et continuer à développer des politiques linguistiques et culturelles en faveur du plurilinguisme. Le soutien de l’Etat devrait valoir pour toutes les langues en usage en Europe. Or, les aides de l'Union européenne ne sont malheureusement allouées que pour l'apprentissage de ses propres langues officielles. Les gouvernements devraient non seulement lancer des initiatives de diversification linguistique, mais aussi chercher à sensibiliser les parents au choix des langues qu'apprennent leurs enfants.

Objectifs de l’Année européenne des langues

11.       Voici une liste, non exhaustive, des objectifs principaux que le Conseil de l'Europe s’est fixés pour l’AEL :

12.       En effet, aujourd’hui beaucoup d’Européens vivent dans un environnement multilingue. Sans compter les langues des immigrés et des réfugiés, il y aurait environ 225 langues autochtones encore parlées en Europe, or ceci représente moins de 5% du total des langues parlées dans le monde.

13.       Parallèlement, l’AEL veut faire passer le message que toutes les langues sont de valeur égale, qu’elles soient ou non reconnues officiellement comme « langues ». C’est du moins ce qui est incontestable du point de vue scientifique. Cependant, dans l’inconscient humain subsistent plusieurs stéréotypes attachés aux langues. Même si la plupart des appréciations paraissent d’ordre purement « esthétique », qualifiant par exemple une langue de « dure », de « mélodieuse » etc., elles sont souvent liées aux jugements que l’on porte sur le statut social, politique, historique des ses locuteurs. Il n’est pas rare de voir que des jeunes gens, issus de l’immigration ou de minorités nationales, n’ont plus envie de parler leur langue d’origine à cause de son statut social bas (alors qu’en fait, c’est le statut social de la communauté qui parle cette langue qui est bas). En outre, l’histoire récente de l’Europe nous donne plein d’exemples de tentatives visant à dénigrer et à supprimer des langues qui symbolisent l’existence indépendante et la légitimation politique de groupes minoritaires.

14.       Il faut se féliciter du fait, par conséquent, que l’Année européenne des langues ne soit pas uniquement l’année des langues européennes et qu’elle prône l’ouverture vers le monde entier, y compris vers les langues et les cultures qui sont représentées sur le continent européen par les immigrés et les réfugiés.

15.       Selon le Conseil de l’Europe, le plurilinguisme est un concept qui va plus loin que le multilinguisme. Le multilinguisme se rapporte à la présence, dans un même secteur géographique, de plus d’une langue ou « variété de langue », sans que les individus dans un tel secteur parlent nécessairement plus d’une langue. Le plurilinguisme s’oppose au monolinguisme et se rapporte à la compétence multilingue de la personne.

16.       En fait, un des grands messages que la campagne veut faire passer est  qu’il n’est jamais trop tard, qu’il n’est jamais trop difficile d’apprendre une langue. C’est une tâche qui est à la portée de tout le monde et qu’on peut commencer à n’importe quel âge.

17.       Ces objectifs paraissent très ambitieux et, à première vue, on peut se demander jusqu’à quel point ils peuvent aboutir à des résultats concrets à grande échelle. En fait, la campagne vise à promouvoir l’idée qu’il ne s’agit pas d’être expert en plusieurs langues, mais d’acquérir un certain niveau de compétence dans plusieurs langues – par exemple, être en mesure de comprendre une autre langue, à la lecture ou à l’écoute, même sans pouvoir la parler. Des langues différentes peuvent être apprises à des niveaux de compétence différents.

18.       Si l’on remplace l’expression consacrée « parler une langue » par le concept d’un « certain niveau de compétence » dans une langue, on trouvera que beaucoup plus d’individus sont plurilingues qu’on ne l’imagine. Le problème, c’est qu’ils ne se considèrent pas comme tels parce que ces compétences partielles ne sont pas reconnues.

19.       Cette situation est en train de changer grâce à un instrument majeur élaboré dans le cadre du Projet Langues vivantes du Conseil de l’Europe, qui est lancé officiellement à l’occasion de l’AEL. Il s’agit du Portfolio européen des langues. C’est un document personnel, une sorte de passeport linguistique, permettant aux apprenants d'enregistrer leurs compétences en langues et leurs expériences d'apprentissage à tout niveau. Le Portfolio sera mis à jour au fur et à mesure des progrès d’apprentissage de son propriétaire et pourra être consulté, par exemple, lors de la recherche d’un emploi dans son pays ou à l’étranger.

20.       L’autre instrument majeur, lancé officiellement à l'occasion de l'Année européenne des langues, est le Cadre européen commun de référence - un instrument destiné à tous ceux qui sont concernés par l'apprentissage/l’enseignement des langues et l'évaluation des compétences en langues (comme, par exemple, les concepteurs de programmes, les décideurs politiques, les auteurs de manuels scolaires, les examinateurs, les formateurs d'enseignants, etc.)

21.       L’AEL devrait permettre de mettre en évidence et de diffuser les réalisations et les activités du Conseil de l'Europe dans le domaine de l'enseignement et de l'apprentissage des langues ainsi que dans le domaine des politiques linguistiques.

Organisation et principales manifestations

22.       Les initiatives coordonnées par le Conseil de l’Europe ont une très large portée et concernent l’ensemble de l’Europe : au-delà de ses 41 États membres, tous les États ayant adhéré à la Convention culturelle européenne – soit 47 États au total – ont été invités à jouer un rôle actif. Les activités ont également un écho mondial à travers la participation active de l’Unesco et l’intérêt exprimé par le Canada. De nombreuses ONG sont concernées.

23.       L’Année européenne des langues est coordonnée - pour le Conseil de l'Europe - par la Division des langues vivantes de la Direction Générale IV.

24.       Une étroite coopération avec la Commission Européenne est assurée.

25.       Diverses instances du Conseil de l'Europe contribuent également à la préparation de l’AEL, en particulier le Centre européen pour les langues vivantes de Graz ainsi que l'Assemblée parlementaire, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe et autres secteurs de l'organisation. 

26.       Dans tous les pays participant à la campagne, un comité national coordonne les initiatives nationales, locales et régionales et assure le lien avec le Conseil de l’Europe et l’Union européenne. Un Groupe européen de coordination (GEC), par l'intermédiaire de son Bureau, est responsable de la politique et de la planification générale de l’Année au niveau international. 

27.       L’Année a été officiellement lancée au niveau européen à Lund, Suède, en février 2001, et au niveau national entre janvier et avril 2001.

28.       L’un des moments forts a été la Semaine européenne pour l’apprentissage des langues par les adultes (5-11 mai). Dans le contexte de cette Semaine, un Guide a été élaboré conjointement par la Division des langues vivantes et l’Union européenne afin d’encourager et de soutenir l’apprentissage des langues par les adultes. Il est largement diffusé et figure également sur les deux sites Internet de l’AEL.

29.       L’Assemblée a été représentée par son Président à un autre événement majeur, le Séminaire sur « La diversité linguistique : rôle et défis pour les villes et régions d’Europe », organisé par le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux de l’Europe, la Division des langues vivantes du Conseil de l’Europe et le gouvernement croate à Rovanj, du 22 au 24 mars 2001.

30.       En tant que rapporteur sur la diversification linguistique, j’ai été invité à représenter l'Assemblée à une Table ronde consacrée à l'Année européenne des langues, organisée par le Parlement européen le 30 mai 2001.

31.       L’autre moment fort de la campagne est le 26 septembre 2001 qui est proclamé « Journée européenne des langues ». C’est une initiative nouvelle, prise conjointement pas le Conseil de l’Europe et la Commission européenne. A l’exception d’un projet lancé en 1997 par une ONG (le Bureau européen pour les langues moins répandues), aucune manifestation semblable n’a été mise sur le pied, concernant les langues, au niveau international.

32.       Le Conseil de l'Europe organise également une série d'activités européennes et régionales pour la promotion des objectifs de l'Année; un certain nombre d'événements sont consacrés à l'introduction du Portfolio européen des langues dans les Etats membres.

33.       Des activités extrêmement nombreuses et riches sont en train d’avoir lieu dans les pays membres.

34.       La liste complète, ainsi que plus de détails, peuvent être consultés sur les deux sites Internet principaux de l’AEL. Le site joint élaboré par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne (www.eurolang2001.org) propose du matériel d’information interactif ainsi que des parties récréatives et des forums de discussion. Le site spécifique du Conseil de l’Europe http://culture.coe.int/AEL2001EYL offre des documents de fond et illustre le thème « Les langues, richesse de l’Europe » en proposant entre autres les deux slogans dans une grande variété de langues ainsi qu’un texte sur la diversité linguistique. Les deux sites offrent de nombreux liens vers d’autres sources ainsi que vers les sites élaborés par les coordinateurs nationaux pour l’AEL.

Recommandations sur le suivi de la campagne

35.       Comme nous l’avons vu, les objectifs que vise l’AEL sont essentiellement des objectifs à long terme. Ils exigent une grande dose de volonté politique et un correctif permanent de la part de l’opinion publique, qui n’est pas encore gagnée à la cause du plurilinguisme.

36.       Les répercussions exactes de la première « Journée des langues » le 26 septembre 2001 ne pourront être évaluées qu’ultérieurement. Cependant, compte tenu des réponses encourageantes déjà reçues lors de la planification aux niveaux national et local dans un grand nombre de pays européens, la perspective se précise de transformer cette « Journée » en un événement régulier à l’avenir. L’Assemblée devrait vivement encourager une telle décision.

37.       Les modalités concrètes d’une « Journée » annuelle seront probablement fixées lors d’une conférence intergouvernementale au printemps 2002, qui lancera un nouveau programme langues vivantes et dressera le bilan des résultats des projets en cours, y compris ceux de l’AEL. Mais d’ores et déjà, il est évident qu’un bon nombre d’initiatives et d’activités lancées dans le cadre de l’AEL méritent d’être poursuivies. Le Conseil de l’Europe devrait par conséquent passer en revue les nombreuses et intéressantes initiatives destinées à promouvoir et à améliorer l’apprentissage des langues, qui ont été le résultat direct ou indirect de l’Année, afin d’en poursuivre le développement.

38.       En même temps, la reconnaissance des compétences partielles étant un concept révolutionnaire, il demandera beaucoup de travail et de changements d’attitudes. Le Comité des Ministres devrait insister auprès des pays membres pour qu’ils soutiennent et développent encore les initiatives destinées à développer le plurilinguisme et le pluriculturalisme, comme le Portfolio européen des langues,  le Guide pour des politiques linguistiques éducatives et les descriptions des objectifs d’enseignement des langues (incluant des niveaux-seuils).

39.       L’AEL a surtout mis l’accent sur la célébration de la diversité des langues et la promotion du plurilinguisme. Mais il est important de se rendre compte que ce sujet est extrêmement riche. Il comporte plusieurs aspects, partant de la protection des langues minoritaires, dont plusieurs sont en voie d’extinction, passant par la nécessité d’apprentissage de la langue du voisin et des cultures proches, jusqu’à la protection de la culture et des œuvres culturelles dans le contexte de la mondialisation. Dans le suivi de la campagne, le Conseil de l’Europe pourrait envisager le développement de projets transversaux dans le domaine du plurilinguisme et de la diversité des cultures. Par exemple: dans le contexte de la mondialisation, quelles sont les chances des œuvres culturelles (livres, films, chansons) créées dans des langues européennes autres que l’anglais,  de sortir des frontières et de ne pas rester des produits purement domestiques? Ou bien: quel est le rôle des politiques linguistiques en faveur de la cohésion sociale et de la tolérance interethnique ?

40.       Il importe également que tous les pays participant à la Convention culturelle européenne adhèrent à l’Accord partiel élargi du Centre européen des langues vivantes de Graz. Depuis l’adhésion récente de la Bosnie-Herzégovine, de l’Albanie et de l’Arménie, le CELV compte 31 États membres. Depuis plusieurs années déjà, le Centre constitue un lieu de rencontre et de travail, où sont élaborés, dans le cadre, principalement, d’ateliers et de séminaires internationaux et régionaux, des projets à l’intention des responsables des politiques des langues vivantes, des spécialistes de la didactique des langues, des formateurs d’enseignants, des auteurs de manuels scolaires et des autres multiplicateurs dans le domaine des langues vivantes. Le CELV favorise ainsi la diffusion d’exemples de bonne pratique en matière d’enseignement et d’apprentissage des langues et contribue au respect et au renforcement de la diversité linguistique.

41.       Le Comité des Ministres devrait appeler le Conseil mixte, le Conseil consultatif, le CDEJ et le Comité de programmation de la Direction de la Jeunesse et du Sport à réinscrire au programme d’activités des Centres européens de la Jeunesse des « cours de langues et d’apprentissage interculturel. Ces cours donnaient en effet la possibilité d’apprendre une langue autrement et permettaient aux membres des organisations internationales non gouvernementales de jeunesse, des comités nationaux de jeunesse et des ONG indépendantes de jouer un rôle plus actif dans les activités de jeunesse internationales et de se sentir plus à l’aise dans un monde où la dimension multiculturelle prend une importance croissante. Les cours ont été arrêtés au cours de l’année 2001 pour des raisons budgétaires malgré la très forte demande émanant des ONG. Cette suppression s’est avérée on ne peut plus inopportune car elle a donné une image négative de la contribution de l’un des secteurs du Conseil de l’Europe à l’Année européenne des Langues.

42.       L’AEL donne aussi une bonne occasion au Conseil de l’Europe de rappeler aux pays membres la nécessité de protéger et promouvoir les langues régionales ou minoritaires.

43.       Les parlementaires peuvent largement contribuer à appuyer cette campagne, en posant notamment des questions parlementaires au sujet, par exemple, de l'état actuel de l'offre linguistique dans leur pays ou encore sur les efforts déployés pour promouvoir l'apprentissage des langues des pays limitrophes et des langues régionales et minoritaires. Ils peuvent aussi encourager des initiatives nationales dans le cadre de l’AEL.

Commission chargée du rapport: commission de la culture, de la science et de l’éducation

Renvoi en commission: Doc. 9109 et renvoi n° 2624 du 25 juin 2001

Projet de recommandation adopté, avec deux abstentions, par la commission le 5 septembre 2001

Membres de la commission: MM. Rakhansky (Président), de Puig, Risari, Billing (Vice-Présidents), Akhvlediani, Arzilli, Asciak, Berceanu (Remplaçant: Baciu), Berzinš, Birraux, Mme Castro (Remplaçant: M. Varela i Serra), MM. Chaklein, Cherribi, Cubreacov, Mme Damanaki, MM. Dias, Dolazza, Duka-Zólyomi, Fayot, Mme Fernández-Capel, MM. Galoyan, Goris, Haraldsson, Hegyi, Henry, Higgins, Irmer, Mme Isohookana-Asunmaa, MM. Ivanov, Jakic, Kalkan, Mme Katseli, MM. Kofod-Svendsen, Kramaric, Mme Kutraité Giedraitiené, MM. Lachat, Lekberg, Lemoine, Lengagne (Remplaçant : Mattei), Libicki, Liiv, Mme Lucyga, MM. Maass, Marmazov (Remplaçant: Baburin), Marxer, Mateju, McNamara (Remplaçant: Jackson), Melnikov, Mignon, Minarolli, Nagy, Mme Nemcova, MM. Nigmatulin, O’Hara, Pavlov, Pingerra, Mme Pintat Rossell, MM. Prisacaru, Rapson, Roseta, Mme Saele, M. Saglam, Mme Schicker, MM. Schweitzer, Seyidov, Sudarenkov, Symonenko, Tanik, Theodorou, Tudor, Turini, Vakilov (Remplaçant: Abbasov), Valk, Wilshire, Wittbrodt, Wodarg, Xhaferi

N.B. Les noms des membres présents à la réunion sont en italiques

Secretariat de la commission: M. Grayson, M. Ary, Mme Theophilova, M. Torcătoriu