Résumé
La responsabilité des scientifiques de tenir compte de la
dimension éthique de leurs travaux est devenue un sujet de société
avec la mise au point et l’utilisation de la première bombe atomique
au cours de la seconde guerre mondiale. Depuis, les changements
technologiques se sont encore accélérés dans un monde de plus en
plus interconnecté et sur fond de pressions commerciales. Il est
toujours plus difficile de prévoir et d’évaluer précisément leurs
conséquences à long terme, et les scientifiques comme les responsables
politiques sont de plus en plus souvent confrontés à de graves dilemmes
éthiques.
Quelques-uns se demandent jusqu’où l’on devrait aller pour
changer le corps humain – dans des domaines comme le génie génétique
et le clonage, le génie biomédical et le perfectionnement de l’humain,
les neurosciences et la modification du cerveau, le statut moral
de l’embryon. Certains s’inquiètent des effets à long terme des
nouvelles technologies sur la santé humaine – liés par exemple à
la prolifération des champs électromagnétiques, aux nouveaux produits
chimiques dans l’environnement, aux nanotechnologies ou aux organismes
génétiquement modifiés. D’autres s’interrogent sur les conséquences
plus larges des avancées technologiques – faut-il limiter le développement
de nouvelles armes, l’exploration de l’espace par le secteur privé
ou la géo-ingénierie associée au changement climatique? Au final,
ce sont de véritables questions philosophiques qui se posent: quel
est exactement le rapport de l’homme à la nature, et jusqu’où les scientifiques
devraient-ils être autorisés à aller pour le modifier?
La commission de la culture, de la science, de l'éducation
et des médias examine les différentes initiatives prises aux niveaux
national, européen et mondial pour qu’une réflexion éthique soit
menée sur les objectifs et méthodes des travaux scientifiques, ainsi
que sur leurs conséquences et effets indirects. Elle propose que cette
réflexion ait lieu dans de nouvelles tribunes et estime que les
parlements et les citoyens devraient participer davantage au débat.
Enfin, l’Union européenne et l’UNESCO sont invitées à coopérer avec
le Conseil de l'Europe pour rédiger – et réviser périodiquement –
un ensemble de principes éthiques fondamentaux à appliquer dans
tous les domaines de la science et de la technologie.