Résumé
La destruction ou dégradation délibérée de bâtiments et d’objets
culturels est malheureusement devenue une caractéristique des conflits
modernes, surtout lorsque ceux-ci sont à caractère ethnique. Citant
des exemples tirés des guerres récentes dans l’ex-Yougoslavie et
de Chypre, la rapporteure montre comment cette destruction vise
souvent à éradiquer la culture, l’identité et l’existence de l’«Autre».
Pourtant, la restauration des sites de patrimoine culturel
qui ont été endommagés peut aussi faire partie de la réconciliation
postconflit, si elle est bien menée. Le Conseil de l’Europe peut
jouer un rôle important à cet égard, notamment en élaborant – en
concertation avec ses partenaires dans ce domaine – un ensemble
de lignes directrices sur le fondement de l’actuelle «Convention
de Faro». Il faudrait «dépolitiser» la reconstruction afin que les
experts techniques puissent travailler sans subir de pressions de
la part des autorités politiques ou religieuses, et l’intégrer dans
de plus vastes programmes d’aide humanitaire. Il faut absolument
commencer par évaluer rapidement les dommages et procéder aux réparations
d’urgence. On pourrait éventuellement faire participer la population
locale aux projets de réparation, dans le cadre de l’aide apportée
aux communautés fragmentées pour se redresser, afin de parvenir
à mettre en place des stratégies plus vastes de développement durable
qui profitent à toutes les communautés et assurent la diversité
culturelle.
Enfin, les Etats membres – de concert avec les Nations Unies
– devraient envisager d’instaurer des sanctions plus lourdes, y
compris des réparations, pour les «destructions non justifiées par
des nécessités militaires» et asseoir juridiquement l’idée selon
laquelle de tels actes devraient être considérés comme des crimes
contre l’humanité.