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| Doc. 11536
| 20 mars 2008
Observation de l’élection présidentielle en Fédération de Russie (2 mars 2008)
Auteur(s) : Bureau de l'Assemblée
Rapporteur : M. Andreas GROSS,
Suisse, SOC
Origine - Approuvé
par le Bureau lors de sa réunion du 13 mars 2008. 2008 - Deuxième partie de session
1. Introduction
1. Le Bureau de l’Assemblée a
décidé, lors de sa réunion du 17 décembre 2007, de former une commission
ad hoc de 30 membres pour observer l’élection présidentielle en
Fédération de Russie (2 mars 2008), sous réserve de recevoir une
invitation, et a autorisé une mission préélectorale composée de cinq membres
– un par groupe politique – choisis parmi les membres de la commission
ad hoc. A l’invitation de M. Boris Gryzlov, président de la Douma
d’Etat de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, le Bureau,
lors de sa réunion du 25 janvier 2008, a approuvé la composition
de la commission ad hoc et m’en a confié la présidence.
2. A la suite de propositions émanant des groupes politiques,
la commission ad hoc a été composée comme suit (les astérisques
indiquent les membres ayant également participé à la mission préélectorale):
- Groupe socialiste (SOC)
- M. Zigmantas Balčytis, Lituanie
- M. Vidar Bjørnstad, Norvège
- Mme Anna Čurdová, République
tchèque
- M. Andreas Gross (**), Suisse
- M. Tadeusz Iwiński, Pologne
- Groupe du Parti populaire européen (PPE/DC)
- Mme Donka
Banović, Serbie
- M. Holger Haibach, Allemagne
- M. Raffi Hovannisian, Arménie
- Mme Danuta Jazłowiecka, Pologne
- Mme Corien Jonker, Pays-Bas
- Mme Nadezhda Mikhailova (**),
Bulgarie
- M. Vjačeslavs Stepanenko, Lettonie
- M. Egidijus Vareikis, Lituanie
- Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe
(ADLE)
- Mme Kerstin
Lundgren, Suède
- M. Andrea Rigoni, Italie
- Mme Darinka Stantcheva, Bulgarie
- M. Han Ten Broeke, Pays-Bas
- M. Paul Wille, Belgique
- Groupe démocrate européen (GDE)
- M. Sergej Chelemendik, Slovaquie
- M. Nigel Evans, Royaume-Uni
- M. Øyvind Vaksdal, Norvège
- Groupe pour la gauche unitaire européenne (GUE)
- M. Tiny Kox, Pays-Bas
- Mme Maria Postoico (**), Moldova
3. Malheureusement, les membres
des groupes GDE et ADLE ont dû annuler leur participation à la mission préélectorale
au dernier moment en raison de circonstances imprévues.
4. M. Dronov, M. Chahbazian, Mme Jamal,
M. Ferrer, Mme Mason et Mme Bargellini
ont assuré le secrétariat de la commission ad hoc, M. Dronov, Mme Godfrey
et M. MacDonald assurant également celui de la mission préélectorale.
5. La mission préélectorale s’est rendue à Moscou du 7 au8 février
2008. Elle s’est entretenue avec des membres de la délégation russe
auprès de l’Assemblée parlementaire, trois des quatre candidats
à la présidence et le directeur de campagne du quatrième candidat,
M. Medvedev. Elle a également rencontré le président de la Commission
électorale centrale (CEC), des membres du corps diplomatique accrédités
à Moscou, ainsi que des représentants de la société civile et des
médias. La mission s’est par ailleurs entretenue avec M. Mikhaïl
Kassianov, dont la candidature n’a pas été acceptée par la Commission
électorale centrale russe en raison d’un trop grand nombre de «signatures
invalides» sur sa liste de soutien.
6. Dans sa déclaration publiée à la fin de sa visite (annexe
I), la mission préélectorale a exprimé ses préoccupations quant
aux perspectives d’une élection présidentielle libre et équitable
en Fédération de Russie en 2008. Ces inquiétudes portaient sur les
difficultés presque insurmontables que rencontraient les candidats indépendants,
non parrainés par un parti officiel, pour se faire enregistrer et
sur l’inégalité d’accès aux médias pour les candidats. La mission
a notamment critiqué la domination, dans les médias radiodiffusés,
du candidat présenté comme le «successeur désigné» du fait de sa
position officielle de Vice-Premier ministre.
7. La commission ad hoc a mené sa mission d’observation du 28
février au 3 mars 2008. Lors de sa réunion du 1er mars, elle a décidé
du plan de déploiement pour l’observation des élections à Moscou
et dans son agglomération, à Saint-Pétersbourg et dans son agglomération,
et à Iaroslavl.
8. La commission ad hoc était la seule délégation parlementaire
à observer l’élection présidentielle en Fédération de Russie. Le
BIDDH a jugé impossible de déployer sa mission d’observation de
longue durée en raison des contraintes de temps imposées par la
CEC russe, ainsi que des limitations numériques en nombre d’observateurs.
L’Assemblée parlementaire de l’OSCE, l’Assemblée de l’OTAN et le
Conseil nordique ont eux aussi décidé de ne pas observer ces élections.
Le Parlement européen n’a pas été invité. La déclaration de presse
a été présentée par le chef de la délégation de l’Assemblée chargée
de l’observation de l’élection présidentielle en Fédération de Russie
lors d’une conférence de presse tenue le 3 mars 2008 à 11 h 30 (annexe
I).
9. La commission ad hoc a rencontré trois candidats à ce scrutin:
M. Ziouganov, M. Zhirinovsky, et M. Bogdanov, ainsi que M. Sobianine,
directeur de campagne de M. Medvedev. La commission ad hoc s’est également
entretenue avec M. Tchourov, président de la Commission électorale
centrale; l’ambassadeur Augustin Cisar (Slovaquie), représentant
le Président du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe; l’ambassadeur
Marc Franco, chef du Bureau de l’Union européenne à Moscou; M. Kosachev,
président de la délégation de la Fédération de Russie auprès de
l’Assemblée; et M. Pliguine, président de la Commission des affaires
juridiques du Parlement de la Fédération de Russie. Par ailleurs,
en ma qualité de président de la commission, j’ai rencontré M. Belykh,
chef de l’Union des forces de droite, et M. Iavlinski, chef du parti
Iabloko, ainsi que nos collègues, MM. Kosachev et Slutsky.
2. Contexte politique, cadre
juridique, enregistrement des partis politiques et campagne électorale
10. L’élection présidentielle s’est
déroulée quelques mois seulement après les élections législatives
en Fédération de Russie, organisées le 2 décembre 2007. Le Président
sortant n’a pu se représenter en raison de la limitation constitutionnelle
à deux mandats successifs, disposition à laquelle il a eu la sagesse
de ne pas toucher alors même qu’il disposait de la majorité des
deux tiers dont il aurait eu besoin à la Douma. Lors de cette élection,
qui avait plus le caractère d’un plébiscite des huit dernières années
dans le pays, le peuple russe a voté pour la stabilité et la continuité
associées au Président sortant et au candidat qu’il soutenait.
11. La loi sur les élections présidentielles et la loi sur la
garantie des droits électoraux formaient le cadre juridique de ce
scrutin présidentiel.
12. L’obligation légale, pour les personnes souhaitant être enregistrées
en tant que candidats indépendants, de déposer auprès de la CEC
2 millions de signatures (dont 50 000 au maximum provenant d’un
même sujet de la Fédération) – et ce dans le cas de cette élection,
dans un délai de trente jours – a été considérée par les observateurs
comme un obstacle déraisonnable. Un candidat indépendant n’avait
pratiquement aucune chance d’y parvenir.
13. La CEC a enregistré quatre candidats: trois ont été nommés
par des partis siégeant à la Douma – le Parti communiste de la Fédération
de Russie, le Parti libéral démocrate de Fédération de Russie (LDPR)
et Russie Unie (RU) avec Russie juste – et un candidat a été nommé
par un parti non représenté à la Douma, le Parti démocratique de
Fédération de Russie. Un candidat indépendant, M. Kassianov, a vu
sa candidature rejetée en raison du nombre excessif de signatures
invalides dans sa liste de soutien.
14. Le résultat du scrutin était clair dès le départ, le Président
sortant – incarnation en Fédération de Russie de la stabilité, de
la croissance économique et du retour de la Fédération de Russie
en tant qu’acteur clé sur la scène internationale – soutenant la
candidature de M. Medvedev, premier Vice-Premier ministre du gouvernement
de la Fédération de Russie, à l’élection présidentielle.
15. Par ailleurs, M. Medvedev avait annoncé, en sa qualité de
candidat, en décembre 2007, que s’il était élu à la présidence de
la Fédération de Russie, il offrirait le poste de Premier ministre
au Président sortant. Le 17 décembre 2007, lors d’une conférence
du parti Russie Unie, le Président Poutine a accepté cette proposition. A
compter de ce jour, le résultat du scrutin du 2 mars est devenu
encore plus évident.
16. Au cours de la campagne présidentielle, la principale crainte
des autorités de la Fédération de Russie était l’abstention des
électeurs en raison du résultat hautement prévisible des urnes.
Le taux de participation était jugé essentiel pour asseoir la légitimité
du nouveau Président. A cet égard, la campagne électorale a été marquée
par différentes actions de propagande lancées par la CEC et les
autorités fédérales, régionales et locales, visant à encourager
les électeurs à se rendre aux urnes. Tout l’attirail électoral a
été largement mis en œuvre, et les personnes qui votaient pour la
première fois se sont vu offrir des présents, et non simplement des
fleurs comme il est d’usage en Fédération de Russie.
17. La commission ad hoc a eu connaissance d’allégations concernant
des abus de ressources administratives à grande échelle (infrastructure,
fonds et agents publics de l’Etat) en soutien de M. Medvedev. A
titre d’exemple, nous avons appris que les autorités locales ont
eu instruction de faire obstacle aux réunions de M. Ziouganov avec
les électeurs dans la région d’Oulianovsk et que, dans certains
cas, les maisons d’édition ont refusé de publier le matériel électoral
des candidats de l’opposition. La commission ad hoc n’a pas été
en mesure d’infirmer ni de confirmer ces allégations.
18. Comparativement aux élections à la Douma du 2 décembre 2007,
la campagne présidentielle s’est déroulée de manière plutôt discrète.
Compte tenu du refus de M. Medvedev de participer aux débats télévisés, ces
derniers ont été considérés par la plupart de nos interlocuteurs
comme manquant d’intérêt. Les débats ont été marqués par un incident
au cours duquel M. Zhirinovsky a publiquement insulté et molesté
le représentant de la campagne de M. Bogdanov.
19. Quiconque veut comprendre la Russie doit en comprendre l’ambivalence.
En effet, alors que 70 % des Russes étaient prêts à accepter toute
personne que le Président sortant aurait désignée comme son successeur,
45 % d’entre eux étaient convaincus que l’élection présidentielle
du 2 mars ne serait pas exemplaire sur le plan de l’équité.
3. L’environnement médiatique
20. En l’absence d’une mission
de longue durée du BIDDH/OSCE, la présente délégation n’a pu bénéficier de
l’analyse des médias crédible et indépendante que la mission du
BIDDH met habituellement à la disposition des délégations d’observateurs
parlementaires.
21. Par le passé, les délégations de l’Assemblée observant les
élections législatives et présidentielles en Fédération de Russie
avaient exprimé leurs préoccupations devant l’absence de médias,
en particulier électroniques, forts et indépendants pouvant offrir
une couverture équilibrée de la campagne. Une fois encore, il en
est allé de même lors de l’élection du 2 mars 2008. D’après l’analyse
de suivi des médias réalisée par le Centre d’études de la culture
politique en Fédération de Russie (que personne, pas même les autorités,
ne remet en cause), il y a bien eu parité dans le temps d’antenne
accordé aux candidats, mais 80 % de l’information aux heures de
grande écoute (de 19 à 22 heures) a été consacrée à M. Medvedev
en sa qualité de Vice-Premier ministre. Bien qu’en Fédération de
Russie la loi ne fasse pas obligation aux personnes occupant de
hautes fonctions de se retirer lorsqu’elles sont candidates à un
nouveau poste, il conviendra de décider comment les hauts responsables
devraient à l’avenir se comporter s’ils se présentent à de nouvelles fonctions
publiques.
22. Nous avons appris que la presse écrite s’était faite l’écho
d’une grande diversité d’opinions, alors que les chaînes de télévision
détenues ou contrôlées par l’Etat et ayant une couverture nationale
n’ont pas su faire preuve d’impartialité dans l’information politique.
Or la presse écrite, en particulier les journaux plus indépendants,
ne jouit pas d’une vaste audience. Un tel environnement médiatique
n’incitait pas à un processus véritablement démocratique. Le candidat
du parti au pouvoir était omniprésent à la télévision. Ce genre
de problème pourrait être résolu en établissant une radiodiffusion
de service public qui soit vraiment indépendante.
23. La commission ad hoc a insisté une nouvelle fois sur la nécessité
d’une égalité d’accès aux chaînes de télévision pour tous les candidats.
Ce problème est crucial en Fédération de Russie car, selon les analystes indépendants,
près de 90 % des informations reçues par les citoyens le sont par
le canal de la télévision.
4. Le jour du scrutin
24. La commission ad hoc s’est
répartie en 14 équipes. Chacune d’entre elles a visité entre 10
et 15 bureaux de vote, observant l’ouverture des bureaux, le déroulement
du scrutin proprement dit et le dépouillement à Moscou et dans son
agglomération, à Saint-Pétersbourg et dans son agglomération et
à Iaroslavl. L’impression générale retirée de l’organisation et
de la conduite des opérations de vote a été positive.
25. Il convient de féliciter l’administration électorale, qui
a assuré une conduite efficace et professionnelle du processus de
vote et de dépouillement.
26. Néanmoins, certaines irrégularités ont été constatées par
des membres de la commission ad hoc le jour de l’élection. Malheureusement,
la pratique du vote en public dont avait fait état la mission d’observation
de l’Assemblée pendant les dernières élections législatives a aussi
été courante lors de l’élection présidentielle. Dans certains cas,
les urnes n’étaient pas scellées de manière sûre. Dans bon nombre
de bureaux, les isoloirs ne permettaient pas d’assurer le secret
du vote. A notre sens, les machines de vote électronique étaient particulièrement
préjudiciables à la confidentialité du vote, un grand nombre d’électeurs
introduisant leur bulletin face en dessus.
27. Une autre source de préoccupation a été la très forte présence
de policiers en uniforme et d’agents de sécurité en civil dans beaucoup
de bureaux de vote.
28. Les observateurs ont rapporté quelques problèmes au cours
du dépouillement et de la présentation en tableau des résultats,
y compris des cas où le nombre de signatures sur les listes d’émargement
ne correspondait pas au nombre de bulletins dans l’urne. A Saint-Pétersbourg,
au bureau de vote no 1430, une réclamation
d’un observateur national du Parti communiste a été rejetée sous
la pression évidente d’un représentant de la Commission électorale
territoriale.
5. Résultats des élections
29. Selon les informations de la
Commission électorale centrale de la Fédération de Russie, M. Medvedev a
remporté l’élection présidentielle par 70,28 % des voix. Le taux
de participation a été de 64,21 %.
30. Le candidat du Parti communiste, M. Ziouganov, a obtenu 17,72 %
des voix, celui du Parti libéral démocrate, M. Zhirinovsky, 9,35 %
des voix, et celui du Parti démocratique, M. Bogdanov, 1,30 % des
voix (voir annexe II).
6. Conclusions
et recommandations
31. La commission ad hoc a conclu
que les résultats de l’élection présidentielle tenue le 2 mars 2008
en Fédération de Russie reflétaient la volonté d’un électorat dont
le potentiel démocratique n’avait malheureusement pas été utilisé.
32. Lors de l’élection, qui avait davantage le caractère d’un
plébiscite des huit dernières années dans le pays, le peuple russe
a voté pour la stabilité et la continuité associées au Président
sortant et au candidat qu’il soutenait. Le Président élu aura un
solide mandat octroyé par la majorité des Russes.
33. Par ailleurs, la commission ad hoc a souligné que cette élection
avait reproduit la plupart des insuffisances constatées pendant
les élections à la Douma de décembre 2007, ainsi que durant la visite
de la mission préélectorale de l’Assemblée en février 2008. Aucune
des préoccupations de la mission n’a été prise en compte avant le
scrutin du 2 mars. Les problèmes liés à l’enregistrement des candidats
n’ont pas pu être résolus, ce qui remet en question le degré de
liberté de cette élection. L’égalité d’accès des candidats aux médias
et au domaine public en général ne s’est pas améliorée, ce qui remet
en cause l’équité de l’élection.
34. Les procédures d’enregistrement des candidats devraient être
simplifiées pour être plus globales et moins lourdes pour les candidats
indépendants. La législation sur le financement des campagnes doit
aussi être améliorée afin d’accroître la transparence du processus.
35. Les plaintes des candidats participants, de leurs partis,
des observateurs indépendants et autres devraient être examinées
consciencieusement et conduire à l’avenir, si nécessaire, à prendre
des mesures appropriées et à modifier les procédures électorales.
36. La commission ad hoc a soutenu le projet de la présidence
de la CEC selon lequel, à l’avenir, les débats télévisés devraient
être rendus plus attrayants pour le public, les candidats et les
radiodiffuseurs de façon à ce qu’aucun candidat ne choisisse de
ne pas y participer.
37. La commission ad hoc a apprécié la volonté de ses collègues
de la Douma et de la CEC d’évaluer la législation électorale actuelle
à la lumière de l’expérience des élections à la Douma de 2007 et
de l’élection présidentielle de 2008. Comme cela avait déjà été
proposé dans les rapports sur l’observation des élections de 2004
et 2007, la délégation a recommandé de nouvelles réformes en vue
d’assurer l’indépendance des médias en Fédération de Russie et,
en particulier, de mettre en place un système de radiodiffusion
publique véritablement indépendant qui échappe à l’influence et
à la mainmise de l’Etat ainsi qu’aux manipulations d’autres groupes
d’intérêts, estimant que la création d’une télévision publique et
indépendante servirait la cause de la démocratie. A cet égard, toute
modification de la législation électorale en vigueur devrait être menée
en étroite coopération avec les experts de la Commission de Venise
du Conseil de l’Europe.
38. La commission ad hoc a déploré l’absence sur le terrain de
ses partenaires traditionnels en matière d’observation des élections,
notamment les observateurs de longue durée de l’OSCE/BIDDH. Elle
a invité le Président élu à faire suffisamment confiance à son propre
pays et à sa propre démocratie, en décidant, parmi ses premières
mesures, d’accueillir à l’avenir une représentation bien plus large
d’observateurs officiels pendant une plus longue période.
39. La commission ad hoc a conclu que l’élection avait été d’une
manière générale bien organisée, quoiqu’elle ait constaté les mêmes
problèmes que ceux observés lors des dernières élections à la Douma. Pour
qu’une élection soit satisfaisante, il faut que tout le processus
électoral se déroule de manière satisfaisante, et pas seulement
le jour du scrutin. Cependant, la délégation a eu le sentiment que,
même si ces sujets de préoccupation avaient été traités, le résultat
du scrutin, qui s’apparente en fait à un vote de confiance pour
le Président sortant, aurait très probablement été le même.
Annexe 1 –
Communiqués de presse
(open)
Communiqué
de presse sur l’élection présidentielle russe: la délégation préélectorale
de l’Assemblée préoccupée par un choix limité
Moscou, 08.02.2008 – La délégation de l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l'Europe (Assemblée) qui achève sa visite préélectorale
de deux jours à Moscou, a fait part de ses doutes sur la qualité
de la prochaine élection présidentielle en Russie.
A la fin de sa visite, du 7 au 8 février 2008, la délégation
a déclaré: «Une élection où les candidats font face à des difficultés
presque insurmontables pour se faire enregistrer risque fort de
ne pas remplir les conditions d’une élection libre. De même, il
ne semble guère possible de considérer comme équitable une élection
où les candidats ne sont pas placés sur un pied d’égalité.»
«Si, avec quatre candidats en lice, la prochaine élection
peut présenter aux yeux de certains les apparences du pluralisme,
en réalité, le choix est pour le moins restreint» a estimé la délégation.
«Le fait qu’aucun candidat ne soit prêt à participer à un
débat télévisé est accablant pour quiconque pense, comme nous, que
le débat public est une occasion unique offerte aux électeurs de
se forger une opinion sur les points forts et les points faibles
des candidats aux fonctions présidentielles. Le débat est vital
dans toute élection et la volonté de s’y prêter symbolise l’attachement
des candidats aux principes démocratiques.»
«Nous sommes témoins des mêmes défauts que lors des élections
législatives de décembre 2007. Alors qu’en principe, la couverture
médiatique est la même pour tous les candidats, le “successeur désigné”
bénéficie de tous les avantages de sa fonction. Quoi qu’ils fassent,
les autres candidats ne jouissent pas d’une couverture télévisée
comparable aux heures de grande écoute.»
La délégation de l’Assemblée a déploré l’absence des observateurs
du BIDDH qui se chargent en principe d’observer les élections dans
une perspective de long terme: «Leur absence porte en quelque sorte
atteinte au travail de nos propres observateurs».
«Enfin, la délégation a toutes les raisons de croire que l’administration
de cette élection sera particulièrement efficace, mais une bonne
élection ne se réduit pas à une bonne administration.»
La délégation préélectorale, composée d’Andreas Gross (Suisse,
SOC), Nadezhda Mikhaylova (Bulgarie, PPE/DC), Maria Postoico (Moldova,
GUE), Andrea Rigoni (Italie, ADLE) et Mevlüt Çavuşoğlu (Turquie,
GDE) , s’est entretenue avec trois des
quatre candidats à l’élection présidentielle et avec le directeur
de campagne du quatrième, ainsi qu’avec M. Kassianov, dont la candidature
a été rejetée.
Elle a aussi rencontré le Président de la Commission électorale
centrale, Vladimir Tchourov, un panel de représentants des médias
et de la société civile et des membres du corps diplomatique à Moscou.
La délégation s’est rendue en Fédération de Russie à l’invitation
du Président de la Douma, Boris Gryzlov.
Contact: Angus Macdonald,
Unité de communication de l’Assemblée, mobile +33 6 30 49 68 20.
Communiqué
de presse sur l’élection présidentielle russe: pour qu’une élection
soit satisfaisante, il faut que tout le processus électoral se déroule
de manière satisfaisante, et pas seulement le jour du scrutin
Strasbourg, 03.03.2008 – Les résultats de l’élection présidentielle
qui s’est déroulée le 2 mars 2008 dans la Fédération de Russie reflètent
la volonté d’un électorat dont le potentiel démocratique n’a malheureusement pas
été utilisé, a conclu la délégation de 22 membres de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe (Assemblée), dirigée par Andreas
Gross (Suisse, SOC).
Lors de l’élection, qui avait plus le caractère d’un plébiscite
des huit dernières années dans le pays, le peuple russe a voté pour
la stabilité et la continuité associées au président sortant et
au candidat qu’il soutenait. Le président élu aura un solide mandat
octroyé par la majorité des Russes.
En même temps, cette élection a reproduit la plupart des insuffisances
constatées pendant les élections à la Douma de décembre 2007. Elles
ont été relevées par la mission préélectorale de l’Assemblée qui
était en Fédération de Russie les 7 et 8 février 2008. Aucune des
préoccupations de la mission n’a été prise en compte avant le vote
du 2 mars. Les problèmes liés à l’enregistrement des candidats n’ont
pas pu être résolus, remettant en question le degré de liberté de
cette élection. L’égalité d’accès des candidats aux médias et au domaine
public en général ne s’est pas améliorée, remettant en cause l’équité
de l’élection.
La délégation a eu l’impression que le scrutin était bien
organisé, bien qu’elle ait constaté les mêmes problèmes que ceux
observés lors des dernières élections à la Douma. Les parlementaires
ont souligné que, pour qu’une élection soit satisfaisante, il faut
que tout le processus électoral se déroule de manière satisfaisante,
et pas seulement le jour du scrutin.
Cependant, la délégation a eu le sentiment que, même si ces
sujets de préoccupation avaient été traités, les résultats du scrutin,
qui s’apparente en fait à un vote de confiance pour le président
sortant, auraient été les mêmes.
La délégation de l’Assemblée a déploré l’absence sur le terrain
de ses partenaires habituels d’observation des élections, notamment
les observateurs à long terme de l’OSCE/BIDDH. La qualité de l’observation
des élections dépend, dans une large mesure, des informations, et
en particulier de l’analyse du suivi des médias, fournies par le
BIDDH. Néanmoins, dans ce cas particulier, la délégation est confiante
d’avoir pu mener à bien sa tâche de manière efficace et crédible.
Elle invite le futur président à faire preuve, comme l’une de ses premières
mesures, de suffisamment de confiance dans son propre pays et sa
propre démocratie pour accueillir à l’avenir une représentation
bien plus large d’observateurs officiels pendant une plus longue
période.
La délégation a apprécié la volonté de ses collègues de la
Douma et de la Commission électorale centrale (CEC) d’évaluer la
législation électorale en vigueur à la lumière des expériences des
élections de la Douma en 2007 et présidentielle en 2008. Comme elle
l’avait déjà proposé dans les rapports sur l’observation des élections
de 2004 et 2007, la délégation est d’avis que la création d’une
télévision publique et indépendante servirait la cause de la démocratie.
Reste à décider comment, à l’avenir, les personnes occupant des
postes de haut rang devraient se comporter lorsqu’elles sont candidates
à de nouvelles fonctions.
La délégation a soutenu le projet du président de la CEC selon
lequel, à l’avenir, les débats télévisés devraient être rendus plus
attractifs pour le public, les candidats et les radiodiffuseurs
de façon à ce qu’aucun candidat ne choisisse de ne pas y participer.
Les procédures d’enregistrement des candidats devraient être
simplifiées pour être plus globales et moins lourdes pour les candidats
indépendants. La législation sur le financement des campagnes doit
aussi être améliorée afin d’accroître la transparence du processus.
La délégation s’est rendue à Moscou du 26 février au 3 mars
2008 à l’invitation du président de la Douma d’Etat et a observé
l’élection à Moscou, Saint-Pétersbourg et Iaroslavl. Elle a rencontré
les trois candidats à l’élection présidentielle et le directeur
de campagne de M. Medvedev.
Contacts:
- Francesc FERRER, Unité de communication
de l’Assemblée, mobile: +33 6 30 496 822
- Nathalie BARGELLINI, Unité de communication de l’Assemblée,
mobile: +33 6 65 403 282
Annexe 2 –
Résultats officiels de l’élection présidentielle du 2 mars par région
(%)
(open)
|
Guennady Ziouganov
|
Dmitry Medvedev
|
Vladimir Zhirinovsky
|
Andrey Bogdanov
|
Adygei
|
21,51
|
69,77
|
6,95
|
0,86
|
Altaï
(territoire)
|
17,72
|
70,28
|
9,35
|
1,30
|
Altaï
(république)
|
15,79
|
73,82
|
8,20
|
1,03
|
Bachkortostan
|
7,93
|
88,01
|
2,87
|
0,60
|
Bouriatie
|
18,46
|
70,84
|
8,29
|
1,03
|
Tchétchénie
|
2,19
|
88,70
|
8,15
|
0,87
|
Tchouvachie
|
2,83
|
2,52
|
21,52
|
1,79
|
Daghestan
|
7,24
|
91,92
|
0,49
|
0,15
|
Ingouchie
|
1,45
|
91,66
|
6,69
|
0,11
|
Kabardino-Balkarie
|
8,64
|
88,81
|
2,28
|
0,16
|
Kalmoukie
|
22,30
|
71,56
|
4,14
|
0,96
|
Kamchatka
|
14,83
|
69,39
|
12,92
|
1,51
|
Karachaïevo-Tcheskessie
|
7,92
|
90,35
|
1,28
|
0,19
|
Carélie
|
17,28
|
67,25
|
12,52
|
1,74
|
Khabarovsk
|
18,13
|
64,12
|
14,17
|
2,02
|
Khakassie
|
22,79
|
60,47
|
13,86
|
1,48
|
Komi
|
14,79
|
71,14
|
11,09
|
1,26
|
Krasnodar
|
16,82
|
75,06
|
5,97
|
0,83
|
Krasnoïarsk
|
20,62
|
62,47
|
14,07
|
1,45
|
Marii-El
|
14,42
|
77,22
|
6,25
|
0,97
|
Mordovie
|
6,79
|
90,31
|
2,10
|
0,25
|
Ossétie
du Nord
|
19,53
|
73,35
|
4,61
|
0,57
|
Perm
|
16,70
|
67,30
|
13,23
|
1,51
|
Primorié
|
19,68
|
63,84
|
13,28
|
1,60
|
Sakha
|
20,53
|
67,78
|
8,47
|
1,73
|
Stavropol
|
23,16
|
64,79
|
9,94
|
1,04
|
Tatarstan
|
12,93
|
79,24
|
5,55
|
1,23
|
Touva
|
5,78
|
89,32
|
3,16
|
0,58
|
Oudmourtie
|
16,28
|
70,46
|
10,81
|
1,40
|