Rapport | Doc. 12276 | 04 juin 2010
Recours juridiques en cas de violations des droits de l’homme dans la région du Caucase du Nord
Commission des questions juridiques et des droits de l'homme
Résumé
La commission des questions juridiques et des droits de l’homme constate que la situation dans la région du Caucase du Nord, notamment en République tchétchène, en Ingouchie et au Daghestan, constitue la situation la plus sérieuse du point de vue de la protection des droits de l’homme et de l’affirmation de l’Etat de droit dans toute la zone géographique couverte par le Conseil de l’Europe.
En République tchétchène, les autorités en place continuent d’entretenir un climat de peur généralisée, nonobstant les succès indéniables dans le domaine de la reconstruction et la sensible amélioration des infrastructures de cette région ravagée par deux guerres cruelles et dévastatrices. La situation des droits de l’homme, le fonctionnement de la justice et des institutions démocratiques continuent, cependant, à susciter les plus vives préoccupations: les disparitions d’opposants au gouvernement et de défenseurs des droits de l’homme se succèdent, ne sont pas élucidées avec la diligence requise et restent largement impunies.
En Ingouchie, depuis l’installation du nouveau Président, un dialogue constructif s’est établi entre le pouvoir et la société civile. Il faut néanmoins constater une inquiétante recrudescence de la violence depuis 2009, qui a abouti notamment à des assassinats et à des disparitions d’opposants au gouvernement et de journalistes restés à ce jour sans aucune suite judiciaire.
Plus récemment, le Daghestan a également connu une recrudescence d’actes de terrorisme auxquels, hélas, les forces de sécurité ont répondu par des méthodes qui ne sont pas toujours légales et productives. L’admirable tradition séculaire de cohabitation paisible entre communautés musulmanes, chrétiennes et juives fondée sur la tolérance mutuelle risque d’être mise en danger par la montée de l’extrémisme et les réactions inadaptées des autorités.
La commission relève que la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Fédération de Russie pour de graves violations des droits de l’homme dans la région dans plus de 150 arrêts, et souligne l’importance d’une exécution rapide et totale de ces arrêts.
La commission fait de nombreuses propositions visant à éradiquer l’impunité des auteurs des violations de droits de l’homme et à rétablir la confiance de la population envers les forces de sécurité, sans laquelle il ne sera pas possible de vaincre la montée de l’extrémisme et du terrorisme, que la commission condamne dans les termes les plus résolus, en disant sa solidarité avec les victimes de tous les bords.
A.	Projet de
résolution 
(open)B.	Projet de recommandation 
(open)C. Exposé des motifs, par M. Marty, rapporteur
(open)1. Procédure antérieure
 , non pas pour un rapport ordinaire.
La commission a dans un premier temps nommé M. Paschal Mooney (Irlande,
ADLE) comme rapporteur; à la suite du désistement de M. Mooney,
elle a nommé M. Dick Marty (Suisse, ADLE) le 8 juin 2007. Le 12
mars 2007, la commission a pris connaissance d’une note introductive
, non pas pour un rapport ordinaire.
La commission a dans un premier temps nommé M. Paschal Mooney (Irlande,
ADLE) comme rapporteur; à la suite du désistement de M. Mooney,
elle a nommé M. Dick Marty (Suisse, ADLE) le 8 juin 2007. Le 12
mars 2007, la commission a pris connaissance d’une note introductive  et a décidé d’inviter la délégation
russe à soumettre au rapporteur les commentaires des autorités de
leur pays sur les questions soulevées dans ce document
 et a décidé d’inviter la délégation
russe à soumettre au rapporteur les commentaires des autorités de
leur pays sur les questions soulevées dans ce document  . Le 26 juin 2007, la commission a
entendu un exposé du rapporteur et l’a autorisé à se rendre à Moscou
et, le cas échéant, dans la région du Caucase du Nord avant la fin
de l’année 2007. Le 13 décembre 2007, la commission a demandé au
Bureau d’être saisie pour rapport. Le 15 avril 2008, la commission
a approuvé et déclassifié une note introductive supplémentaire
. Le 26 juin 2007, la commission a
entendu un exposé du rapporteur et l’a autorisé à se rendre à Moscou
et, le cas échéant, dans la région du Caucase du Nord avant la fin
de l’année 2007. Le 13 décembre 2007, la commission a demandé au
Bureau d’être saisie pour rapport. Le 15 avril 2008, la commission
a approuvé et déclassifié une note introductive supplémentaire  et a décidé de la transmettre au
Bureau. Le 23 juin 2008, le Bureau a saisi la commission, cette
fois pour rapport, étant entendu qu’elle adopterait le rapport à
temps pour que la commission de suivi en tienne compte dans son
prochain rapport sur la Fédération de Russie. Le 25 juin 2008, la commission
a tenu un échange de vues avec des défenseurs des droits de l’homme
de la région du Caucase du Nord et a confirmé la nomination de Dick
Marty comme rapporteur. Elle l’a autorisé à nouveau à effectuer une
visite d’information dans la région du Caucase du Nord. Le 11 septembre
2009, la commission a tenu un échange de vues sur la jurisprudence
de la Cour européenne des droits de l’homme concernant la région
et l’exécution des arrêts respectifs de la Cour. Le 30 septembre
2009, la commission a examiné et déclassifié un deuxième rapport
d’information sur la sécurité et les droits de l’homme dans la région
 et a décidé de la transmettre au
Bureau. Le 23 juin 2008, le Bureau a saisi la commission, cette
fois pour rapport, étant entendu qu’elle adopterait le rapport à
temps pour que la commission de suivi en tienne compte dans son
prochain rapport sur la Fédération de Russie. Le 25 juin 2008, la commission
a tenu un échange de vues avec des défenseurs des droits de l’homme
de la région du Caucase du Nord et a confirmé la nomination de Dick
Marty comme rapporteur. Elle l’a autorisé à nouveau à effectuer une
visite d’information dans la région du Caucase du Nord. Le 11 septembre
2009, la commission a tenu un échange de vues sur la jurisprudence
de la Cour européenne des droits de l’homme concernant la région
et l’exécution des arrêts respectifs de la Cour. Le 30 septembre
2009, la commission a examiné et déclassifié un deuxième rapport
d’information sur la sécurité et les droits de l’homme dans la région  . Après plusieurs reports dus à des
motifs de diverse nature, le rapporteur a pu effectuer une visite
d’information à Moscou et dans la région du Caucase du Nord entre
le 22 et le 27 mars 2010
. Après plusieurs reports dus à des
motifs de diverse nature, le rapporteur a pu effectuer une visite
d’information à Moscou et dans la région du Caucase du Nord entre
le 22 et le 27 mars 2010  .
.2. Avant-propos
 et 20 septembre 2004
 et 20 septembre 2004  , ainsi que celui sur les violations
des droits de l’homme en République tchétchène: la responsabilité
du Comité des Ministres à l’égard des préoccupations de l’Assemblée,
du 4 janvier 2006
, ainsi que celui sur les violations
des droits de l’homme en République tchétchène: la responsabilité
du Comité des Ministres à l’égard des préoccupations de l’Assemblée,
du 4 janvier 2006  . La lecture de ces documents remarquables
nous paraît indispensable pour mieux saisir la complexité de la situation
actuelle.
. La lecture de ces documents remarquables
nous paraît indispensable pour mieux saisir la complexité de la situation
actuelle.3. Considérations générales
 . Les disparitions, les tortures
et les meurtres continuent dans la plus complète impunité. Le Président
Medvedev avait d’ailleurs reconnu, en novembre 2009, que les troubles
dans le Caucase constituaient le problème intérieur numéro un de
la Russie
. Les disparitions, les tortures
et les meurtres continuent dans la plus complète impunité. Le Président
Medvedev avait d’ailleurs reconnu, en novembre 2009, que les troubles
dans le Caucase constituaient le problème intérieur numéro un de
la Russie  . L’échec de la politique suivie dans la
région apparaît d’autant plus cinglant que l’extrémisme islamique
a connu une inquiétante recrudescence. Certes, il y a eu, et il
y a toujours, des soutiens externes, mais il serait simpliste et
dangereux de considérer que cette interférence de l’extérieur constitue
la cause principale, voire la seule cause de la situation actuelle.
Il nous semble qu’il manque une véritable réflexion sur les raisons
qui ont permis à l’extrémisme de prendre pied dans la société caucasienne.
La seule répression, sans une recherche objective des causes profondes
du malaise, ne résoudra jamais rien, et ne contribuera, en revanche,
qu’à alimenter davantage la radicalisation. Ce qui se passe aujourd’hui,
il faut le dire, c’est le résultat d’une brutalité endémique et
d’un climat d’impunité et d’absence de justice.
. L’échec de la politique suivie dans la
région apparaît d’autant plus cinglant que l’extrémisme islamique
a connu une inquiétante recrudescence. Certes, il y a eu, et il
y a toujours, des soutiens externes, mais il serait simpliste et
dangereux de considérer que cette interférence de l’extérieur constitue
la cause principale, voire la seule cause de la situation actuelle.
Il nous semble qu’il manque une véritable réflexion sur les raisons
qui ont permis à l’extrémisme de prendre pied dans la société caucasienne.
La seule répression, sans une recherche objective des causes profondes
du malaise, ne résoudra jamais rien, et ne contribuera, en revanche,
qu’à alimenter davantage la radicalisation. Ce qui se passe aujourd’hui,
il faut le dire, c’est le résultat d’une brutalité endémique et
d’un climat d’impunité et d’absence de justice.  , le
Président Medvedev a affirmé voir les causes principales des maux
du Caucase dans trois facteurs: la culture clanique, la corruption et
l’inefficacité des forces de l’ordre. L’analyse semble pertinente.
Il faudrait y ajouter la tradition culturelle qui reconnaît à la
vengeance et à l’omertà une
place assez importante et en fait ainsi un modèle de conduite assez diffus
et difficile à éradiquer. Cela alimente une spirale de la violence,
rendue d’autant plus dévastatrice que le système judiciaire est
lamentablement inefficace et ne jouit d’aucune crédibilité dans
la population. La région a, en outre, particulièrement souffert
lors de la désagrégation de l’URSS. De nombreuses industries, notamment
dans le domaine de l’armement, ont été fermées ce qui a provoqué
de profonds bouleversements, et la population a perdu ainsi des
points de repère. Le chômage est depuis des années très important, particulièrement
parmi les jeunes (on nous a parlé d’un taux d’environ 50 %). Les
autorités de Moscou semblent avoir reconnu le problème et d’importants
investissements ont été promis (en partie déjà mis en œuvre en République
tchétchène, avec la reconstruction). Un autre facteur qu’il convient
de souligner est constitué par les rapports fondamentalement conflictuels
entre les Russes et les Caucasiens. Les traces d’une longue histoire
de guerres, jamais vraiment clarifiée, sont évidentes. De nombreux
témoignages nous ont fait part des discriminations des Caucasiens
dans le reste de la fédération, notamment dans les prisons et dans l’armée.
Les Caucasiens sont accusés d’entretenir des réseaux mafieux
, le
Président Medvedev a affirmé voir les causes principales des maux
du Caucase dans trois facteurs: la culture clanique, la corruption et
l’inefficacité des forces de l’ordre. L’analyse semble pertinente.
Il faudrait y ajouter la tradition culturelle qui reconnaît à la
vengeance et à l’omertà une
place assez importante et en fait ainsi un modèle de conduite assez diffus
et difficile à éradiquer. Cela alimente une spirale de la violence,
rendue d’autant plus dévastatrice que le système judiciaire est
lamentablement inefficace et ne jouit d’aucune crédibilité dans
la population. La région a, en outre, particulièrement souffert
lors de la désagrégation de l’URSS. De nombreuses industries, notamment
dans le domaine de l’armement, ont été fermées ce qui a provoqué
de profonds bouleversements, et la population a perdu ainsi des
points de repère. Le chômage est depuis des années très important, particulièrement
parmi les jeunes (on nous a parlé d’un taux d’environ 50 %). Les
autorités de Moscou semblent avoir reconnu le problème et d’importants
investissements ont été promis (en partie déjà mis en œuvre en République
tchétchène, avec la reconstruction). Un autre facteur qu’il convient
de souligner est constitué par les rapports fondamentalement conflictuels
entre les Russes et les Caucasiens. Les traces d’une longue histoire
de guerres, jamais vraiment clarifiée, sont évidentes. De nombreux
témoignages nous ont fait part des discriminations des Caucasiens
dans le reste de la fédération, notamment dans les prisons et dans l’armée.
Les Caucasiens sont accusés d’entretenir des réseaux mafieux  
  dans de nombreuses parties du pays.
S’il y a effectivement des indices qui semblent bien confirmer ces
affirmations, il convient d’ajouter que les Caucasiens n’ont certainement
pas le monopole de ce genre d’activités.
 dans de nombreuses parties du pays.
S’il y a effectivement des indices qui semblent bien confirmer ces
affirmations, il convient d’ajouter que les Caucasiens n’ont certainement
pas le monopole de ce genre d’activités. ,
subjuguées et manipulées par des fanatiques, qui n’ont pas le courage
de s’exposer eux-mêmes. Absolument rien ne peut justifier de telles horreurs.
On ne peut, toutefois, éviter de s’interroger sur les raisons qui
font que de tels actes sont commis dans une société donnée. Ne pas
le faire, c’est non seulement refuser de comprendre, mais également renoncer
à la faculté de développer des antidotes efficaces.
,
subjuguées et manipulées par des fanatiques, qui n’ont pas le courage
de s’exposer eux-mêmes. Absolument rien ne peut justifier de telles horreurs.
On ne peut, toutefois, éviter de s’interroger sur les raisons qui
font que de tels actes sont commis dans une société donnée. Ne pas
le faire, c’est non seulement refuser de comprendre, mais également renoncer
à la faculté de développer des antidotes efficaces. Quelques
semaines auparavant, le Président tchétchène en personne avait affirmé,
dans une interview donnée à la Komsomolskaya
Pravda du 24 septembre 2008, qu’«une femme devrait être
considérée comme une propriété dont l’homme est le propriétaire.
Ici, si une femme ne se comporte pas comme il faut, son mari, son
père et son frère sont responsables. Dans notre tradition, si une femme
est infidèle, elle est tuée… Il peut arriver qu’un frère tue sa
sœur, un mari son épouse. Nos garçons sont emprisonnés pour cela…
comme Président, je ne peux pas permettre que des gens soient tués.
Faisons donc en sorte qu’elles [les femmes] évitent de porter des
shorts.»
 Quelques
semaines auparavant, le Président tchétchène en personne avait affirmé,
dans une interview donnée à la Komsomolskaya
Pravda du 24 septembre 2008, qu’«une femme devrait être
considérée comme une propriété dont l’homme est le propriétaire.
Ici, si une femme ne se comporte pas comme il faut, son mari, son
père et son frère sont responsables. Dans notre tradition, si une femme
est infidèle, elle est tuée… Il peut arriver qu’un frère tue sa
sœur, un mari son épouse. Nos garçons sont emprisonnés pour cela…
comme Président, je ne peux pas permettre que des gens soient tués.
Faisons donc en sorte qu’elles [les femmes] évitent de porter des
shorts.»  Par ailleurs, des exilés tchétchènes
nous ont raconté que des émissaires du Président tchétchène leur
auraient dit, pour les inciter à rentrer au pays, qu’ils ne pouvaient
plus se considérer «comme de vrais hommes», puisqu’ils n’avaient
«pas le droit, en Europe, de punir [leurs] femmes et [leurs] filles
comme il se doit». Cette attitude envers la femme est intolérable et
aucune prétendue coutume ni règle religieuse ne peuvent la justifier.
Natalia Estemirova, assassinée en juillet 2009, avait été exclue
du Conseil des droits de l’homme de la ville de Groznyï en 2008
après avoir indiqué dans une interview télévisée qu’elle ne porterait
pas le voile dans les lieux publics, car cette imposition n’était pas
de la compétence du Président de la République. Sa voix a été étouffée;
son exemple et la vérité qu’elle a exprimée avec courage demeurent
et doivent inciter les autorités à réagir.
 Par ailleurs, des exilés tchétchènes
nous ont raconté que des émissaires du Président tchétchène leur
auraient dit, pour les inciter à rentrer au pays, qu’ils ne pouvaient
plus se considérer «comme de vrais hommes», puisqu’ils n’avaient
«pas le droit, en Europe, de punir [leurs] femmes et [leurs] filles
comme il se doit». Cette attitude envers la femme est intolérable et
aucune prétendue coutume ni règle religieuse ne peuvent la justifier.
Natalia Estemirova, assassinée en juillet 2009, avait été exclue
du Conseil des droits de l’homme de la ville de Groznyï en 2008
après avoir indiqué dans une interview télévisée qu’elle ne porterait
pas le voile dans les lieux publics, car cette imposition n’était pas
de la compétence du Président de la République. Sa voix a été étouffée;
son exemple et la vérité qu’elle a exprimée avec courage demeurent
et doivent inciter les autorités à réagir. . Ceux-ci se déplacent en voitures
pourvues d’équipements techniques perfectionnés permettant de sauvegarder
les preuves et se rendent d’urgence, à la demande des proches, sur
les lieux où il y a eu un enlèvement ou un autre crime présumé.
Ils écrivent ensuite, en tant que représentants des parties civiles,
aux autorités compétentes pour s’assurer que celles-ci ont effectué
les démarches d’enquête exigées par la loi et prescrites selon les
directives du parquet général, élaborées avec la coopération du
Conseil de l’Europe, dans le cadre de l’exécution des arrêts de
la Cour de Strasbourg. Saisis d’un cas particulier, ils talonnent
les autorités pour les pousser à agir et à faire leur devoir: tels
témoins ont-ils été entendus? Dans la négative, quand le seront-ils
et pourquoi ne l’ont-ils pas été? Pourquoi les propriétaires des
voitures décrites par les témoins n’ont-ils pas encore été identifiés?
Ces jeunes juristes suivent ainsi l’enquête pas à pas et n’hésitent
pas à saisir les différents échelons de la hiérarchie jusqu’au niveau
le plus élevé. Les «groupes mobiles» ont constaté que, dès que les investigations
risquaient de mettre en cause des unités des forces de sécurité,
soit l’enquête était brusquement interrompue, soit les agents de
police n’exécutaient pas les instructions des enquêteurs visant
ces unités
. Ceux-ci se déplacent en voitures
pourvues d’équipements techniques perfectionnés permettant de sauvegarder
les preuves et se rendent d’urgence, à la demande des proches, sur
les lieux où il y a eu un enlèvement ou un autre crime présumé.
Ils écrivent ensuite, en tant que représentants des parties civiles,
aux autorités compétentes pour s’assurer que celles-ci ont effectué
les démarches d’enquête exigées par la loi et prescrites selon les
directives du parquet général, élaborées avec la coopération du
Conseil de l’Europe, dans le cadre de l’exécution des arrêts de
la Cour de Strasbourg. Saisis d’un cas particulier, ils talonnent
les autorités pour les pousser à agir et à faire leur devoir: tels
témoins ont-ils été entendus? Dans la négative, quand le seront-ils
et pourquoi ne l’ont-ils pas été? Pourquoi les propriétaires des
voitures décrites par les témoins n’ont-ils pas encore été identifiés?
Ces jeunes juristes suivent ainsi l’enquête pas à pas et n’hésitent
pas à saisir les différents échelons de la hiérarchie jusqu’au niveau
le plus élevé. Les «groupes mobiles» ont constaté que, dès que les investigations
risquaient de mettre en cause des unités des forces de sécurité,
soit l’enquête était brusquement interrompue, soit les agents de
police n’exécutaient pas les instructions des enquêteurs visant
ces unités  . Ces
«groupes mobiles» font un travail admirable, en aidant les victimes
à faire usage de leurs droits procéduraux pour obliger les enquêteurs
à accomplir leur devoir; leurs moyens ne leur permettent cependant de
suivre qu’une petite partie des affaires. Les responsables de ces
groupes nous ont raconté des anecdotes à la fois amusantes et intéressantes,
voire très significatives: un très haut représentant de la République tchétchène
a explicitement demandé au chef de cette ONG s’il ne travaillait
pas en réalité pour le Président Medvedev; une patrouille du FSB
(Service fédéral de la sûreté), impressionnée par les méthodes de
travail très professionnelles utilisées par l’ONG, a interpellé
ses opérateurs en leur demandant s’ils n’étaient pas «des leurs».
On peut conclure que ces épisodes sont à la fois une démonstration
du bon travail accompli par ces volontaires, ainsi qu’un témoignage
sur comment est perçu sur place le Président Medvedev. Un compliment et,
surtout, un appel.
. Ces
«groupes mobiles» font un travail admirable, en aidant les victimes
à faire usage de leurs droits procéduraux pour obliger les enquêteurs
à accomplir leur devoir; leurs moyens ne leur permettent cependant de
suivre qu’une petite partie des affaires. Les responsables de ces
groupes nous ont raconté des anecdotes à la fois amusantes et intéressantes,
voire très significatives: un très haut représentant de la République tchétchène
a explicitement demandé au chef de cette ONG s’il ne travaillait
pas en réalité pour le Président Medvedev; une patrouille du FSB
(Service fédéral de la sûreté), impressionnée par les méthodes de
travail très professionnelles utilisées par l’ONG, a interpellé
ses opérateurs en leur demandant s’ils n’étaient pas «des leurs».
On peut conclure que ces épisodes sont à la fois une démonstration
du bon travail accompli par ces volontaires, ainsi qu’un témoignage
sur comment est perçu sur place le Président Medvedev. Un compliment et,
surtout, un appel. , a notamment
tenté de s’attaquer au fléau de la corruption. Cela ne semble pas
avoir plu à tout le monde: huit mois après son entrée en fonction
il fut victime d’un attentat à la bombe au cours duquel il fut grièvement
blessé. Après un long séjour à l’hôpital, il a repris ses fonctions
et nous semble déterminé à poursuivre son action réformatrice. La
situation dans le pays reste, toutefois, très délicate et la sécurité,
précaire. Les témoignages sur les atrocités commises par les forces
de sécurité sont, hélas, nombreux et précis. La reprise en main
des forces de l’ordre et la mise sur pied d’un système judiciaire
digne de ce nom exigeront encore d’énormes efforts. Le Président
Yevkourov semble avoir conscience de ce défi; il a affirmé à deux
reprises qu’il répond pleinement des actions de toutes les forces
de l’ordre sur le territoire de sa république. Un défi que nous
retrouvons dramatiquement dans les trois républiques.
, a notamment
tenté de s’attaquer au fléau de la corruption. Cela ne semble pas
avoir plu à tout le monde: huit mois après son entrée en fonction
il fut victime d’un attentat à la bombe au cours duquel il fut grièvement
blessé. Après un long séjour à l’hôpital, il a repris ses fonctions
et nous semble déterminé à poursuivre son action réformatrice. La
situation dans le pays reste, toutefois, très délicate et la sécurité,
précaire. Les témoignages sur les atrocités commises par les forces
de sécurité sont, hélas, nombreux et précis. La reprise en main
des forces de l’ordre et la mise sur pied d’un système judiciaire
digne de ce nom exigeront encore d’énormes efforts. Le Président
Yevkourov semble avoir conscience de ce défi; il a affirmé à deux
reprises qu’il répond pleinement des actions de toutes les forces
de l’ordre sur le territoire de sa république. Un défi que nous
retrouvons dramatiquement dans les trois républiques. . A Derbent, au bord de la mer Caspienne,
nous avons pu constater une réalité qui mérite d’être évoquée et saluée:
dans la même rue de cette charmante petite ville (déclarée Patrimoine
mondial de l’humanité par l’UNESCO), il y a une mosquée, une synagogue
et une église orthodoxe. La communauté juive semble à l’aise et
optimiste, malgré un environnement très majoritairement musulman:
elle a procédé à d’importants investissements pour renouveler son
lieu de culte et le centre social annexe. Ce sont des signes très
forts et positifs. Le contraste entre cette longue cohabitation
pacifique de cultures différentes et la violence qui a investi le
pays est déroutant et doit interpeller les autorités et nous tous.
. A Derbent, au bord de la mer Caspienne,
nous avons pu constater une réalité qui mérite d’être évoquée et saluée:
dans la même rue de cette charmante petite ville (déclarée Patrimoine
mondial de l’humanité par l’UNESCO), il y a une mosquée, une synagogue
et une église orthodoxe. La communauté juive semble à l’aise et
optimiste, malgré un environnement très majoritairement musulman:
elle a procédé à d’importants investissements pour renouveler son
lieu de culte et le centre social annexe. Ce sont des signes très
forts et positifs. Le contraste entre cette longue cohabitation
pacifique de cultures différentes et la violence qui a investi le
pays est déroutant et doit interpeller les autorités et nous tous.  qui
est imposé au pays, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas dans les
deux autres républiques. Il est vraisemblable qu’une partie importante
de la population tchétchène soutienne le Président, reconnaissante
pour les sensibles améliorations des conditions matérielles de vie.
Cela va-t-il durer? Plusieurs observateurs nous ont fait remarquer
que, depuis quelques mois, la popularité du Président était en train
de s’effriter. En fait, une société sans justice n’a, à la longue,
aucune chance de survivre.
 qui
est imposé au pays, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas dans les
deux autres républiques. Il est vraisemblable qu’une partie importante
de la population tchétchène soutienne le Président, reconnaissante
pour les sensibles améliorations des conditions matérielles de vie.
Cela va-t-il durer? Plusieurs observateurs nous ont fait remarquer
que, depuis quelques mois, la popularité du Président était en train
de s’effriter. En fait, une société sans justice n’a, à la longue,
aucune chance de survivre.4.	Les arrêts de la Cour européenne
des droits de l’homme 
4.1. Chiffres clés
4.2. Nature typique des violations constatées
 )
et les disparitions forcées de requérants à la suite de leur arrestation
par des forces fédérales (affaires Bazorkina, Imakayeva, Alikhadzhiyeva
)
et les disparitions forcées de requérants à la suite de leur arrestation
par des forces fédérales (affaires Bazorkina, Imakayeva, Alikhadzhiyeva  ). Dans plusieurs affaires,
la Cour a constaté que des membres des forces de l’ordre étaient
responsables d’exécutions extrajudiciaires (affaires Khashiyev et Akayeva,
Estamirov, Luluyev, Musayev et autres
). Dans plusieurs affaires,
la Cour a constaté que des membres des forces de l’ordre étaient
responsables d’exécutions extrajudiciaires (affaires Khashiyev et Akayeva,
Estamirov, Luluyev, Musayev et autres  ).
Dans l’affaire Chitayev
).
Dans l’affaire Chitayev  , la Cour a constaté
que les autorités russes étaient responsables d’actes de torture
qui ne firent l’objet d’aucune investigation à la suite de la plainte
déposée par la victime.
, la Cour a constaté
que les autorités russes étaient responsables d’actes de torture
qui ne firent l’objet d’aucune investigation à la suite de la plainte
déposée par la victime.  ) que la Russie avait
(aussi) violé son devoir de fournir toutes les facilités nécessaires
à l’examen des requêtes individuelles (article 38, paragraphe 1).
Dans les affaires dans lesquelles les autorités ne répondent pas
de manière substantielle aux allégations détaillées des requérants,
la Cour hésite de moins en moins à faire usage de présomptions de
fait, notamment dans des situations où les autorités sont seules
en possession des moyens de preuve permettant de clarifier la situation
(par exemple les registres de détention et de sortie, les procès-verbaux
d’autopsies, etc.).
) que la Russie avait
(aussi) violé son devoir de fournir toutes les facilités nécessaires
à l’examen des requêtes individuelles (article 38, paragraphe 1).
Dans les affaires dans lesquelles les autorités ne répondent pas
de manière substantielle aux allégations détaillées des requérants,
la Cour hésite de moins en moins à faire usage de présomptions de
fait, notamment dans des situations où les autorités sont seules
en possession des moyens de preuve permettant de clarifier la situation
(par exemple les registres de détention et de sortie, les procès-verbaux
d’autopsies, etc.).  .
.  , les autorités disposaient d’un
enregistrement vidéo de l’arrestation du mari de la requérante,
et n’ont même pas réussi à identifier et interroger les agents figurant
sur l’enregistrement. Dans l’affaire Isigova
et autres c. Russie
, les autorités disposaient d’un
enregistrement vidéo de l’arrestation du mari de la requérante,
et n’ont même pas réussi à identifier et interroger les agents figurant
sur l’enregistrement. Dans l’affaire Isigova
et autres c. Russie  , la
Cour a considéré que, étant donné que l’identité des unités impliquées
dans l’enlèvement des proches des requérants et celle de leurs commandants
avaient été établies par l’enquête au niveau national, l’absence
de poursuites ne pouvait être attribuée qu’à la négligence du parquet
dans le traitement de l’enquête et à sa réticence permanente à ouvrir
toute procédure. La Cour a trouvé choquant (appalling) que,
même après l’identification du commandant de l’unité qui avait arrêté
Apti Isigov et Zelimkhan Umkhanov, l’enquête ait été suspendue à
répétition en raison de la non-identification du suspect ou de l’incapacité
d’assurer la participation du suspect dans la procédure. Dans l’affaire Khatsiyeva et autres c. Russie
, la
Cour a considéré que, étant donné que l’identité des unités impliquées
dans l’enlèvement des proches des requérants et celle de leurs commandants
avaient été établies par l’enquête au niveau national, l’absence
de poursuites ne pouvait être attribuée qu’à la négligence du parquet
dans le traitement de l’enquête et à sa réticence permanente à ouvrir
toute procédure. La Cour a trouvé choquant (appalling) que,
même après l’identification du commandant de l’unité qui avait arrêté
Apti Isigov et Zelimkhan Umkhanov, l’enquête ait été suspendue à
répétition en raison de la non-identification du suspect ou de l’incapacité
d’assurer la participation du suspect dans la procédure. Dans l’affaire Khatsiyeva et autres c. Russie  , la Cour considère que «l’enquête
a ensuite traîné en longueur et a connu des lacunes et retards inexplicables,
même lorsqu’il s’agissait de prendre les mesures les plus simples.
En particulier, il n’apparaît pas que des examens balistiques ont
été effectués. De plus, aucune autopsie n’a été pratiquée, même
pas un examen médico-légal, sur les corps en dehors de l’examen
initial du 6 août 2000. Il n’apparaît pas que de véritables efforts
ont été menés au début de l’enquête pour établir l’identité des
personnes ayant donné l’ordre de tirer ou de celles ayant exécuté
cet ordre. L’identité des premières ne semble pas avoir été établie
du tout. De fait, la décision du 15 décembre 2001 n’indique pas
si l’identité du militaire concerné avait été déterminée et n’évalue
pas non plus la pertinence de l’ordre donné. Il n’y a eu aucune
autre tentative d’analyse de cet ordre. (…) Enfin, l’enquête a été
suspendue et rouverte au moins cinq fois entre août 2000 et avril
2003. Son caractère ineffectif et le fait que les enquêteurs n’avaient
pris aucune mesure pratique pour élucider les crimes et se conformer aux
ordres des procureurs ont même été reconnus par les procureurs en
chef. La Cour observe aussi que le dossier d’enquête a été transmis
de nombreuses fois d’une autorité à une autre sans la moindre explication raisonnable»
, la Cour considère que «l’enquête
a ensuite traîné en longueur et a connu des lacunes et retards inexplicables,
même lorsqu’il s’agissait de prendre les mesures les plus simples.
En particulier, il n’apparaît pas que des examens balistiques ont
été effectués. De plus, aucune autopsie n’a été pratiquée, même
pas un examen médico-légal, sur les corps en dehors de l’examen
initial du 6 août 2000. Il n’apparaît pas que de véritables efforts
ont été menés au début de l’enquête pour établir l’identité des
personnes ayant donné l’ordre de tirer ou de celles ayant exécuté
cet ordre. L’identité des premières ne semble pas avoir été établie
du tout. De fait, la décision du 15 décembre 2001 n’indique pas
si l’identité du militaire concerné avait été déterminée et n’évalue
pas non plus la pertinence de l’ordre donné. Il n’y a eu aucune
autre tentative d’analyse de cet ordre. (…) Enfin, l’enquête a été
suspendue et rouverte au moins cinq fois entre août 2000 et avril
2003. Son caractère ineffectif et le fait que les enquêteurs n’avaient
pris aucune mesure pratique pour élucider les crimes et se conformer aux
ordres des procureurs ont même été reconnus par les procureurs en
chef. La Cour observe aussi que le dossier d’enquête a été transmis
de nombreuses fois d’une autorité à une autre sans la moindre explication raisonnable»  .
Dans l’affaire Aziyevy c. Russie
.
Dans l’affaire Aziyevy c. Russie  , la Cour a vertement critiqué l’enquête,
le dossier ayant montré un manque patent de progrès durant plus
de sept ans. Les enquêteurs n’ont même pas identifié et interrogé
les militaires postés à proximité, ni vérifié si des opérations
spéciales avaient eu lieu au moment des disparitions, ni encore
procédé à l’interrogatoire d’aucun témoin. La réaction des autorités
aux plaintes pourtant étayées des requérants a conduit la Cour à
estimer vraisemblable que la conduite des militaires rencontrait
pour le moins l’assentiment tacite des autorités, ce qui pour la
Cour est cause de sérieux doutes quant à l’objectivité de l’enquête
, la Cour a vertement critiqué l’enquête,
le dossier ayant montré un manque patent de progrès durant plus
de sept ans. Les enquêteurs n’ont même pas identifié et interrogé
les militaires postés à proximité, ni vérifié si des opérations
spéciales avaient eu lieu au moment des disparitions, ni encore
procédé à l’interrogatoire d’aucun témoin. La réaction des autorités
aux plaintes pourtant étayées des requérants a conduit la Cour à
estimer vraisemblable que la conduite des militaires rencontrait
pour le moins l’assentiment tacite des autorités, ce qui pour la
Cour est cause de sérieux doutes quant à l’objectivité de l’enquête  .
. ,
la liste des condamnations apparaît comme surréaliste: il y est
fait état presque exclusivement de violations des règles de la circulation
routière, de simples vols, d’incivilités commises dans un état d’ébriété, etc.
Dans les rares affaires figurant sur la liste dans lesquelles il
y a eu mort d’homme, le comportement de l’auteur a été qualifié
d’accidentel, ou comme constituant un manque de maîtrise dans le
maniement de son arme de service. Par conséquent, les peines prononcées
sont pour la plupart soit des amendes, soit des peines de prison
très courtes et/ou avec sursis
,
la liste des condamnations apparaît comme surréaliste: il y est
fait état presque exclusivement de violations des règles de la circulation
routière, de simples vols, d’incivilités commises dans un état d’ébriété, etc.
Dans les rares affaires figurant sur la liste dans lesquelles il
y a eu mort d’homme, le comportement de l’auteur a été qualifié
d’accidentel, ou comme constituant un manque de maîtrise dans le
maniement de son arme de service. Par conséquent, les peines prononcées
sont pour la plupart soit des amendes, soit des peines de prison
très courtes et/ou avec sursis  .
.  . A une exception
près, aucune de ces affaires, dont certaines datent déjà d’il y
a plusieurs années, n’a été élucidée jusqu’à présent. L’exception
concerne l’attentat contre la vie du Président de l’Ingouchie, Younous-Bek
Yevkourov, en juin 2009. On nous a fait savoir que la «liquidation»
du chef islamiste Alexandre Tikhomirov (alias Saïd Bouriatski),
qui se serait vanté de cet attentat, aurait résolu l’affaire. Qu’il
nous soit permis d’exprimer quelques doutes quant au réel éclaircissement de
cette affaire. Si on n’avait pas «liquidé»
. A une exception
près, aucune de ces affaires, dont certaines datent déjà d’il y
a plusieurs années, n’a été élucidée jusqu’à présent. L’exception
concerne l’attentat contre la vie du Président de l’Ingouchie, Younous-Bek
Yevkourov, en juin 2009. On nous a fait savoir que la «liquidation»
du chef islamiste Alexandre Tikhomirov (alias Saïd Bouriatski),
qui se serait vanté de cet attentat, aurait résolu l’affaire. Qu’il
nous soit permis d’exprimer quelques doutes quant au réel éclaircissement de
cette affaire. Si on n’avait pas «liquidé»  .
le suspect avec tant d’empressement, on aurait peut-être pu découvrir
que le Président avait d’autres ennemis, pas nécessairement des
islamistes, vu son engagement contre la corruption. De tels doutes
subsistent d’ailleurs pour d’autres affaires. Comment ne pas penser
à la prise d’otages de «Nord-Ost»? On se rappelle que tous les terroristes
furent achevés d’une balle dans la tête, alors qu’ils gisaient à
terre, ayant perdu connaissance à la suite de l’inhalation du gaz
utilisé lors de l’intervention des forces de l’ordre pour libérer
les otages. Il s’agissait d’assassinats ou d’exécutions extrajudiciaires
(ce qui revient au même) et nous avons aussi perdu une occasion
précieuse de pouvoir obtenir d’importantes informations au sujet
de l’organisation criminelle qui avait ordonné cette opération terroriste.
Les réponses que nous avons reçues au sujet de la liste des affaires
soumises aux autorités sont décevantes
.
le suspect avec tant d’empressement, on aurait peut-être pu découvrir
que le Président avait d’autres ennemis, pas nécessairement des
islamistes, vu son engagement contre la corruption. De tels doutes
subsistent d’ailleurs pour d’autres affaires. Comment ne pas penser
à la prise d’otages de «Nord-Ost»? On se rappelle que tous les terroristes
furent achevés d’une balle dans la tête, alors qu’ils gisaient à
terre, ayant perdu connaissance à la suite de l’inhalation du gaz
utilisé lors de l’intervention des forces de l’ordre pour libérer
les otages. Il s’agissait d’assassinats ou d’exécutions extrajudiciaires
(ce qui revient au même) et nous avons aussi perdu une occasion
précieuse de pouvoir obtenir d’importantes informations au sujet
de l’organisation criminelle qui avait ordonné cette opération terroriste.
Les réponses que nous avons reçues au sujet de la liste des affaires
soumises aux autorités sont décevantes  . Derrière le formalisme extrême
de ces réponses il ne reste que très peu de substance. Les actes d’investigation
décrits se réduisent, la plupart du temps, au simple envoi de lettres
à différentes autorités publiques, et les résultats se réduisent
trop souvent au constat que «des personnes non identifiées portant
des uniformes et des cagoules sont entrées dans la maison de la
victime et parties avec elle dans une direction inconnue», sans
autres détails. Pour certaines affaires, les réponses sont, il est
vrai, plus détaillées et indiquent le nom des témoins entendus,
le nombre des documents analysés, les numéros de plaques d’immatriculation relevés,
etc. Le fait qu’on ait poussé les enquêtes jusqu’à de tels détails
constitue indubitablement un progrès, surtout si on les compare
avec les informations qui avaient été fournies au précédent rapporteur,
M. Paschal Mooney, en réponse à sa note introductive du 9 mars 2007
. Derrière le formalisme extrême
de ces réponses il ne reste que très peu de substance. Les actes d’investigation
décrits se réduisent, la plupart du temps, au simple envoi de lettres
à différentes autorités publiques, et les résultats se réduisent
trop souvent au constat que «des personnes non identifiées portant
des uniformes et des cagoules sont entrées dans la maison de la
victime et parties avec elle dans une direction inconnue», sans
autres détails. Pour certaines affaires, les réponses sont, il est
vrai, plus détaillées et indiquent le nom des témoins entendus,
le nombre des documents analysés, les numéros de plaques d’immatriculation relevés,
etc. Le fait qu’on ait poussé les enquêtes jusqu’à de tels détails
constitue indubitablement un progrès, surtout si on les compare
avec les informations qui avaient été fournies au précédent rapporteur,
M. Paschal Mooney, en réponse à sa note introductive du 9 mars 2007  .
Encore faut-il que ces informations plus détaillées soient suivies
de résultats concrets. C’est, hélas, loin d’être le cas.
.
Encore faut-il que ces informations plus détaillées soient suivies
de résultats concrets. C’est, hélas, loin d’être le cas.4.3. Représailles contre des requérants
 ), et dans une affaire
la requérante et toute sa famille ont été massacrées dans leur maison
(affaire Bitiyeva
), et dans une affaire
la requérante et toute sa famille ont été massacrées dans leur maison
(affaire Bitiyeva  ).
Ces affaires ont fait l’objet du rapport de notre collègue Christos
Pourgourides (Chypre, PPE/DC) sur le devoir des Etats membres de
coopérer avec la Cour européenne des droits de l’homme
).
Ces affaires ont fait l’objet du rapport de notre collègue Christos
Pourgourides (Chypre, PPE/DC) sur le devoir des Etats membres de
coopérer avec la Cour européenne des droits de l’homme  , ce qui implique
également l’obligation de protéger les requérants, leurs proches
et leurs avocats, lorsque ceux-ci font l’objet de menaces. Une affaire plus
récente est celle de l’assassinat, le 19 janvier 2009 à Vienne,
d’Oumar S. Israïlov, qui avait publiquement accusé Ramzan Kadyrov
d’avoir personnellement participé à des actes de torture dans une
prison secrète située dans le village natal du Président tchétchène,
Tsenteroy
, ce qui implique
également l’obligation de protéger les requérants, leurs proches
et leurs avocats, lorsque ceux-ci font l’objet de menaces. Une affaire plus
récente est celle de l’assassinat, le 19 janvier 2009 à Vienne,
d’Oumar S. Israïlov, qui avait publiquement accusé Ramzan Kadyrov
d’avoir personnellement participé à des actes de torture dans une
prison secrète située dans le village natal du Président tchétchène,
Tsenteroy  . La requête de M. Israïlov devant la Cour, déposée
en 2006, a d’ailleurs failli être radiée du rôle faute de réponse
à une communication de la Cour que son avocat avait égarée. Bien
que la Cour n’ait pas souvent constaté dans de telles affaires des
violations de l’exercice du droit de recours individuel (article
34), faute de preuves suffisamment claires, elle a néanmoins décidé
de traiter ces dossiers d’une façon prioritaire, en application
de l’article 41 de son Règlement. L’Assemblée, à la suite du rapport
susmentionné de M. Pourgourides, a soutenu la Cour dans cette démarche et
l’a même encouragée à se montrer plus ouverte et à aller encore
plus loin, à l’instar de la Cour interaméricaine des droits de l’homme,
qui avait été confrontée à des défis semblables, notamment dans
des affaires concernant les escadrons de la mort dans plusieurs
pays d’Amérique latine. La Cour pourrait ainsi aller jusqu’à décréter
des mesures de protection physique, sur la base de l’article 39
du Règlement et de l’article 34 de la Convention. Selon l’expérience
des organisations de défense des droits de l’homme, qui représentent
la grande majorité des requérants dans les affaires devant la Cour
concernant le Caucase du Nord
. La requête de M. Israïlov devant la Cour, déposée
en 2006, a d’ailleurs failli être radiée du rôle faute de réponse
à une communication de la Cour que son avocat avait égarée. Bien
que la Cour n’ait pas souvent constaté dans de telles affaires des
violations de l’exercice du droit de recours individuel (article
34), faute de preuves suffisamment claires, elle a néanmoins décidé
de traiter ces dossiers d’une façon prioritaire, en application
de l’article 41 de son Règlement. L’Assemblée, à la suite du rapport
susmentionné de M. Pourgourides, a soutenu la Cour dans cette démarche et
l’a même encouragée à se montrer plus ouverte et à aller encore
plus loin, à l’instar de la Cour interaméricaine des droits de l’homme,
qui avait été confrontée à des défis semblables, notamment dans
des affaires concernant les escadrons de la mort dans plusieurs
pays d’Amérique latine. La Cour pourrait ainsi aller jusqu’à décréter
des mesures de protection physique, sur la base de l’article 39
du Règlement et de l’article 34 de la Convention. Selon l’expérience
des organisations de défense des droits de l’homme, qui représentent
la grande majorité des requérants dans les affaires devant la Cour
concernant le Caucase du Nord  ,
la meilleure protection des requérants réside dans le fait de communiquer
le plus rapidement possible chaque requête de cette nature aux autorités
russes; selon les ONG, dans la plupart des cas les autorités assument
leurs responsabilités et font leur possible pour assurer la protection
nécessaire.
,
la meilleure protection des requérants réside dans le fait de communiquer
le plus rapidement possible chaque requête de cette nature aux autorités
russes; selon les ONG, dans la plupart des cas les autorités assument
leurs responsabilités et font leur possible pour assurer la protection
nécessaire. 4.4. Mise en œuvre des arrêts de la Cour
 .
A l’initiative conjointe de M. Pourgourides, rapporteur pour l’exécution
des arrêts de la Cour
.
A l’initiative conjointe de M. Pourgourides, rapporteur pour l’exécution
des arrêts de la Cour  
  , et de moi-même, la commission
des questions juridiques et des droits de l’homme a tenu une audition,
le 11 septembre 2009, avec la participation du représentant de la
Fédération de Russie devant la Cour et vice-ministre de la Justice, M.
Matiouchkine, du professeur Philip Leach et de Mme Gannouchkina,
représentante de «Memorial», cette dernière en remplacement de Mme Estemirova,
responsable du bureau de «Memorial» en République tchétchène, assassinée
le lendemain du jour où elle nous avait confirmé sa présence. Les
victimes participent activement, par le biais des ONG qui les ont
déjà assistées pendant la procédure devant la Cour, au processus de
mise en œuvre des arrêts supervisés par le Comité des Ministres,
en proposant des mesures concrètes visant à remédier à la violation
constatée
, et de moi-même, la commission
des questions juridiques et des droits de l’homme a tenu une audition,
le 11 septembre 2009, avec la participation du représentant de la
Fédération de Russie devant la Cour et vice-ministre de la Justice, M.
Matiouchkine, du professeur Philip Leach et de Mme Gannouchkina,
représentante de «Memorial», cette dernière en remplacement de Mme Estemirova,
responsable du bureau de «Memorial» en République tchétchène, assassinée
le lendemain du jour où elle nous avait confirmé sa présence. Les
victimes participent activement, par le biais des ONG qui les ont
déjà assistées pendant la procédure devant la Cour, au processus de
mise en œuvre des arrêts supervisés par le Comité des Ministres,
en proposant des mesures concrètes visant à remédier à la violation
constatée  .
.  . L’information dans ce domaine
gagnerait en transparence si on rendait publics les rapports du
CPT à la suite de ses visites dans la région; la publication de
ces rapports exige, cependant, le consentement des autorités russes
qui ne l’ont pas encore donné. Le CPT s’est rendu à 11 reprises
dans la région, dernièrement en avril 2009. Il a adopté trois «déclarations
publiques» concernant la situation dans les lieux de détention en
République tchétchène
. L’information dans ce domaine
gagnerait en transparence si on rendait publics les rapports du
CPT à la suite de ses visites dans la région; la publication de
ces rapports exige, cependant, le consentement des autorités russes
qui ne l’ont pas encore donné. Le CPT s’est rendu à 11 reprises
dans la région, dernièrement en avril 2009. Il a adopté trois «déclarations
publiques» concernant la situation dans les lieux de détention en
République tchétchène  . Il convient de rappeler que l’instrument
de la déclaration publique est rarement utilisé (cinq fois dans
les vingt années de l’existence du CPT) et qu’il est réservé à des situations
caractérisées par un manque de coopération manifeste de la part
des autorités
. Il convient de rappeler que l’instrument
de la déclaration publique est rarement utilisé (cinq fois dans
les vingt années de l’existence du CPT) et qu’il est réservé à des situations
caractérisées par un manque de coopération manifeste de la part
des autorités  . A notre connaissance, le Comité
des Ministres n’a jamais mis ces déclarations à son ordre du jour
et n’a, par conséquent, pas pris position à leur sujet. Pourquoi?
. A notre connaissance, le Comité
des Ministres n’a jamais mis ces déclarations à son ordre du jour
et n’a, par conséquent, pas pris position à leur sujet. Pourquoi?Khalid Khatsiyev et Kazbek Akiyev sont tués le 6 août 2000 lorsqu’un hélicoptère militaire russe ouvre le feu, sans raison apparente, sur un groupe d’hommes en train de faucher l’herbe des champs près du village d’Archty en Ingouchie, près de la frontière tchétchène. Dans son arrêt de 2008, la Cour n’a trouvé aucune justification plausible à l’usage des armes à feu dans ces circonstances précises et a ainsi constaté que la Russie avait violé le droit à la vie des victimes. L’enquête du parquet militaire n’a établi l’identité des pilotes qu’après une année, mais pas celle des supérieurs qui auraient ordonné l’attaque. La Cour a durement critiqué le manque d’enquête effective. Dans le cadre de l’exécution de cet arrêt, le parquet militaire a rouvert l’enquête, pour la suspendre un mois après, le jour où les proches des victimes recevaient la lettre annonçant la réouverture de la procédure. Ils attendent toujours d’obtenir justice
.
Dans l’affaire Bazorkina, la télévision russe a diffusé le 2 février 2000 une vidéo qui montre l’arrestation du jeune Khadzi-Murat Yandiyev par des forces fédérales, que la mère de la victime, Fatima Bazorkina, a reconnu sans hésitation. On voit et on entend clairement le général Baranov dire à des soldats: «Allez-y, allez-y, emmenez-le, finissez-en avec lui, flinguez-le, damnation». On voit alors des soldats russes qui emmènent Yandiyev; il n’a jamais été revu depuis. Malgré l’arrêt de la Cour, qui a constaté la violation de l’article 2 et a durement critiqué l’absence d’enquête effective, les autorités russes ont refusé d’ouvrir une enquête à l’égard du général Baranov. Dans une lettre du 24 mars 2008 adressée aux représentants de Mme Bazorkina, le bureau du procureur militaire a indiqué, sans plus d’explications, que lors de l’enquête «préliminaire» concernant la disparition de Yandiyev, «toutes les violations de la Convention européenne relevées dans le jugement de la Cour ont été rectifiées». Dans une autre lettre du 3 avril 2009 (en réponse à une demande du 20 février 2009 de Mme Bazorkina d’ouvrir une enquête pénale concernant les actions du général Baranov), le parquet militaire a répondu qu’«aucune preuve n’a pu être établie pendant l’enquête établissant une implication potentielle du Major-général A.I. Baranov dans l’enlèvement et l’assassinat de Kh-M.A. Yandiyev. Dans ce contexte, la requête d’ouvrir une enquête pénale [à l’égard de Baranaov] a été rejetée»
.
 ,
qui avaient demandé au ministère de l’Intérieur tchétchène les noms
des militaires affectés à un point de contrôle déterminé la nuit
de leur enlèvement: la demande a été rejetée sur la base d’un ordre
du ministère de l’Intérieur du 25 août 2007 interdisant de donner
accès aux informations personnelles d’agents participant à des opérations
contre-terroristes ou «spéciales»
,
qui avaient demandé au ministère de l’Intérieur tchétchène les noms
des militaires affectés à un point de contrôle déterminé la nuit
de leur enlèvement: la demande a été rejetée sur la base d’un ordre
du ministère de l’Intérieur du 25 août 2007 interdisant de donner
accès aux informations personnelles d’agents participant à des opérations
contre-terroristes ou «spéciales»  .
Cette disposition empêche, en fait, l’identification d’agents des forces
de l’ordre éventuellement impliqués dans des actions criminelles.
Les réseaux de points de contrôle sont nombreux, comme nous avons
pu le constater sur place. Lorsqu’on retrouve le corps d’une personne
dans un endroit éloigné du lieu où elle a été enlevée, les auteurs
de l’enlèvement ont dû forcément passer par ou près des points de
contrôle. Cette immunité reconnue aux agents appelés à opérer aux
points de contrôle ne peut être que source de soupçons. Rappelons
que Natalia Estemirova a été enlevée en République tchétchène et que
son corps a été retrouvé en Ingouchie. Ses assassins devaient se
sentir en parfaite sécurité pour se déplacer de la sorte avec une
personne enlevée ou un cadavre.
.
Cette disposition empêche, en fait, l’identification d’agents des forces
de l’ordre éventuellement impliqués dans des actions criminelles.
Les réseaux de points de contrôle sont nombreux, comme nous avons
pu le constater sur place. Lorsqu’on retrouve le corps d’une personne
dans un endroit éloigné du lieu où elle a été enlevée, les auteurs
de l’enlèvement ont dû forcément passer par ou près des points de
contrôle. Cette immunité reconnue aux agents appelés à opérer aux
points de contrôle ne peut être que source de soupçons. Rappelons
que Natalia Estemirova a été enlevée en République tchétchène et que
son corps a été retrouvé en Ingouchie. Ses assassins devaient se
sentir en parfaite sécurité pour se déplacer de la sorte avec une
personne enlevée ou un cadavre.5. Des chiffres effrayants
6. Le problème des personnes disparues – un rôle pour la Croix-Rouge
 .
Le nombre total des personnes disparues pour la seule République
tchétchène est estimé entre 3 000
.
Le nombre total des personnes disparues pour la seule République
tchétchène est estimé entre 3 000  et 5 000
 et 5 000  .
La souffrance et le désarroi des familles, décrits d’une façon impressionnante
par le CICR, démontrent, s’il en était encore besoin, qu’une réconciliation
et une paix durable passent nécessairement par une solution de la
question des personnes disparues. Fidèle à son statut et à sa longue
expérience, le CICR ne prend pas position sur les responsabilités. Il
plaide en faveur d’une aide pratique aux victimes. Comme l’Assemblée
l’a déjà dit haut et fort à plusieurs reprises
.
La souffrance et le désarroi des familles, décrits d’une façon impressionnante
par le CICR, démontrent, s’il en était encore besoin, qu’une réconciliation
et une paix durable passent nécessairement par une solution de la
question des personnes disparues. Fidèle à son statut et à sa longue
expérience, le CICR ne prend pas position sur les responsabilités. Il
plaide en faveur d’une aide pratique aux victimes. Comme l’Assemblée
l’a déjà dit haut et fort à plusieurs reprises  , et comme cela est proclamé par
la Convention des Nations Unies sur la protection contre les disparitions
forcées récemment adoptée
, et comme cela est proclamé par
la Convention des Nations Unies sur la protection contre les disparitions
forcées récemment adoptée  ,
les proches ont le droit de savoir, et les autorités compétentes
ont le devoir de s’organiser pour résoudre le plus grand nombre
de cas. La Russie a intérêt à profiter de l’expérience de la Croix-Rouge
acquise dans d’autres pays, comme à Chypre, en Afrique ou dans les
pays de l’ex-Yougoslavie. Le CICR, à la fin de son rapport, a émis
des recommandations pratiques, concrètes et fort pertinentes, que
nous ne pouvons que soutenir et vivement recommander à l’attention
des autorités russes.
,
les proches ont le droit de savoir, et les autorités compétentes
ont le devoir de s’organiser pour résoudre le plus grand nombre
de cas. La Russie a intérêt à profiter de l’expérience de la Croix-Rouge
acquise dans d’autres pays, comme à Chypre, en Afrique ou dans les
pays de l’ex-Yougoslavie. Le CICR, à la fin de son rapport, a émis
des recommandations pratiques, concrètes et fort pertinentes, que
nous ne pouvons que soutenir et vivement recommander à l’attention
des autorités russes.7. Quelques affaires exemplaires
 et qui, en partie, nous ont été
racontées et confirmées directement par les parents mêmes des victimes.
 et qui, en partie, nous ont été
racontées et confirmées directement par les parents mêmes des victimes. . Un Tchétchène, Artour Kourmakayev,
aurait informé en mai 2008 le Service de protection de la Constitution
autrichien qu’il avait reçu l’ordre d’exécuter Israïlov, mais qu’il
ne voulait pas y donner suite; il invoquait par conséquent le bénéfice
d’une protection particulière. Les autorités autrichiennes semblent
ne pas avoir pris au sérieux cette information, estimant qu’il s’agissait
d’affabulations. Kourmakayev a été renvoyé en Russie, apparemment
avec son consentement, comme le prouverait un document qu’il a signé
en présence de fonctionnaires autrichiens. Depuis lors, on a perdu
toute trace de Kourmakayev. Peu après l’assassinat d’Israïlov, la
police autrichienne a procédé à des arrestations de suspects d’origine
tchétchène. Selon certaines indiscrétions, provenant de sources
toutefois généralement bien informées, la police détiendrait des
preuves qui conduiraient jusqu’à l’entourage du Président tchétchène
. Un Tchétchène, Artour Kourmakayev,
aurait informé en mai 2008 le Service de protection de la Constitution
autrichien qu’il avait reçu l’ordre d’exécuter Israïlov, mais qu’il
ne voulait pas y donner suite; il invoquait par conséquent le bénéfice
d’une protection particulière. Les autorités autrichiennes semblent
ne pas avoir pris au sérieux cette information, estimant qu’il s’agissait
d’affabulations. Kourmakayev a été renvoyé en Russie, apparemment
avec son consentement, comme le prouverait un document qu’il a signé
en présence de fonctionnaires autrichiens. Depuis lors, on a perdu
toute trace de Kourmakayev. Peu après l’assassinat d’Israïlov, la
police autrichienne a procédé à des arrestations de suspects d’origine
tchétchène. Selon certaines indiscrétions, provenant de sources
toutefois généralement bien informées, la police détiendrait des
preuves qui conduiraient jusqu’à l’entourage du Président tchétchène  .
.  . Des menaces ont été proférées
à l’égard d’autres exilés, y compris très récemment à l’encontre
d’opposants ayant trouvé l’asile politique à Strasbourg et que nous
avons rencontrés.
. Des menaces ont été proférées
à l’égard d’autres exilés, y compris très récemment à l’encontre
d’opposants ayant trouvé l’asile politique à Strasbourg et que nous
avons rencontrés. , dans
laquelle il accusait M. Kadyrov de l’avoir torturé en 2006-2007
dans une prison secrète située à Tsenteroï, le village natal du
Président tchétchène. Nous avons écrit au Président tchétchène le
12 août 2008 pour lui demander d’intervenir et de faire tout le
nécessaire pour retrouver M. Masayev. Nous n’avons jamais reçu de
réponse. De M. Masayev, toujours aucune trace.
, dans
laquelle il accusait M. Kadyrov de l’avoir torturé en 2006-2007
dans une prison secrète située à Tsenteroï, le village natal du
Président tchétchène. Nous avons écrit au Président tchétchène le
12 août 2008 pour lui demander d’intervenir et de faire tout le
nécessaire pour retrouver M. Masayev. Nous n’avons jamais reçu de
réponse. De M. Masayev, toujours aucune trace. 8. Considérations complémentaires
 . Nous
avons recueilli des témoignages qui font état de menaces, plus ou
moins explicites, émanant des milieux des forces de l’ordre, à l’adresse
de magistrats qui voudraient enquêter sur des affaires dans lesquelles
pourraient être impliqués des agents de police ou des militaires.
On nous a également signalé qu’aux requêtes de l’autorité d’instruction
de procéder à des actes d’enquête la police opposait tout simplement une
fin de non-recevoir chaque fois que l’affaire la concernait. Sans
l’appui de la population, sans la confiance de celle-ci dans les
institutions, il ne sera jamais possible de venir à bout de la criminalité
organisée et du terrorisme. Une police compétente, efficace et respectueuse
ainsi qu’une justice indépendante et respectée sont les meilleurs
moyens pour faire face à la menace terroriste. L’investissement
dans ce domaine est manifestement insuffisant.
. Nous
avons recueilli des témoignages qui font état de menaces, plus ou
moins explicites, émanant des milieux des forces de l’ordre, à l’adresse
de magistrats qui voudraient enquêter sur des affaires dans lesquelles
pourraient être impliqués des agents de police ou des militaires.
On nous a également signalé qu’aux requêtes de l’autorité d’instruction
de procéder à des actes d’enquête la police opposait tout simplement une
fin de non-recevoir chaque fois que l’affaire la concernait. Sans
l’appui de la population, sans la confiance de celle-ci dans les
institutions, il ne sera jamais possible de venir à bout de la criminalité
organisée et du terrorisme. Une police compétente, efficace et respectueuse
ainsi qu’une justice indépendante et respectée sont les meilleurs
moyens pour faire face à la menace terroriste. L’investissement
dans ce domaine est manifestement insuffisant.  sont des
affirmations qui ne font que le jeu des criminels et ne peuvent
qu’alimenter la spirale de la barbarie. Déjà, après les attentats
de 1999, le Président russe à l’époque avait promis «d’aller buter
les terroristes jusque dans les chiottes». Qu’il
nous soit permis de rappeler deux exemples d’une approche différente
lors d’événements tragiques semblables. En 1978, en pleine période
des «années de plomb», l’enlèvement
puis l’assassinat d’Aldo Moro ont constitué non seulement l’apogée
de la violence terroriste qui embrasait l’Italie au cours de ces
années, mais constituaient aussi et surtout une attaque directe
au cœur de l’Etat. De nombreuses voix s’étaient alors élevées pour
l’adoption de mesures extraordinaires, et contraires aux droits
fondamentaux. Le général Carlo Alberto dalla Chiesa, chargé de coordonner
la lutte contre le terrorisme, répondit sans hésiter: «L’Italie
survivra à la mort d’Aldo Moro, mais elle ne survivra jamais à l’introduction
de la torture»
 sont des
affirmations qui ne font que le jeu des criminels et ne peuvent
qu’alimenter la spirale de la barbarie. Déjà, après les attentats
de 1999, le Président russe à l’époque avait promis «d’aller buter
les terroristes jusque dans les chiottes». Qu’il
nous soit permis de rappeler deux exemples d’une approche différente
lors d’événements tragiques semblables. En 1978, en pleine période
des «années de plomb», l’enlèvement
puis l’assassinat d’Aldo Moro ont constitué non seulement l’apogée
de la violence terroriste qui embrasait l’Italie au cours de ces
années, mais constituaient aussi et surtout une attaque directe
au cœur de l’Etat. De nombreuses voix s’étaient alors élevées pour
l’adoption de mesures extraordinaires, et contraires aux droits
fondamentaux. Le général Carlo Alberto dalla Chiesa, chargé de coordonner
la lutte contre le terrorisme, répondit sans hésiter: «L’Italie
survivra à la mort d’Aldo Moro, mais elle ne survivra jamais à l’introduction
de la torture»  . Une position impressionnante pour
un militaire de terrain, en plein milieu d’une tension extraordinaire,
comme le pays en avait très peu connu au cours de son histoire.
Le 11 mars 2004, des attentats à la bombe dans un train et dans
deux gares ferroviaires de Madrid ont provoqué 191 morts. Le roi
Juan Carlos réagit le même jour avec un discours à la nation transmis
à la télévision, qu’il convient de citer en partie: «Un pays qui
sait bien que, face à l’injustice et la barbarie, seule l’unité
est possible, la fermeté et la sérénité. Unité, fermeté et sérénité
dans la lutte contre le terrorisme, avec tous les instruments que
nous fournit l’Etat de droit, redoublant nos efforts conjoints pour
en terminer avec ce fléau, en comptant sur l’action policière, le
travail de la justice et la coopération internationale»
. Une position impressionnante pour
un militaire de terrain, en plein milieu d’une tension extraordinaire,
comme le pays en avait très peu connu au cours de son histoire.
Le 11 mars 2004, des attentats à la bombe dans un train et dans
deux gares ferroviaires de Madrid ont provoqué 191 morts. Le roi
Juan Carlos réagit le même jour avec un discours à la nation transmis
à la télévision, qu’il convient de citer en partie: «Un pays qui
sait bien que, face à l’injustice et la barbarie, seule l’unité
est possible, la fermeté et la sérénité. Unité, fermeté et sérénité
dans la lutte contre le terrorisme, avec tous les instruments que
nous fournit l’Etat de droit, redoublant nos efforts conjoints pour
en terminer avec ce fléau, en comptant sur l’action policière, le
travail de la justice et la coopération internationale»  . L’Italie est venue à bout du terrorisme,
sans renoncer à ses valeurs et à ses principes d’Etat de droit.
La justice espagnole a pu identifier les criminels
. L’Italie est venue à bout du terrorisme,
sans renoncer à ses valeurs et à ses principes d’Etat de droit.
La justice espagnole a pu identifier les criminels  auteurs
de ces attentats ignobles, les arrêter et les condamner à la suite
d’un procès qui s’est tenu dans le plus strict respect de l’ordre
juridique.
 auteurs
de ces attentats ignobles, les arrêter et les condamner à la suite
d’un procès qui s’est tenu dans le plus strict respect de l’ordre
juridique. . Il convient de citer également
un large extrait du rapport d’alors, tant les affirmations du rapporteur,
M. Bindig, restent pertinentes, au vu de ce qui continue à se passer:
«Ce manque de cohérence, qui constitue en fait la consécration du
principe de “deux poids, deux mesures”, de la part du Comité des
Ministres est d’autant plus regrettable que l’Assemblée et le Comité
des Ministres partagent le même objectif qui est d’améliorer la
situation en République tchétchène. En demandant au Comité des Ministres
d’utiliser son propre mécanisme de suivi et de démontrer ainsi sa
propre efficacité, l’Assemblée a manifesté sa volonté de créer des
synergies avec l’organe exécutif du Conseil de l’Europe. Toutefois,
le Comité des Ministres ne semble plus motivé à suivre la situation
des droits de l’homme en République tchétchène dans le cadre de
sa Déclaration sur le respect des engagements, ni dans tout autre
cadre. Il semblerait qu’une décision, explicite ou implicite, ait
été prise par le Comité des Ministres, et par deux Secrétaires Généraux successifs,
pour mettre un terme au suivi de la situation des droits de l’homme
en République tchétchène, sans que l’Assemblée en soit informée.
La responsabilité de ce suivi a en effet été transférée à la Cour
européenne des droits de l’homme, au Comité pour la prévention de
la torture et, dans une moindre mesure, au Commissaire aux droits
de l’homme du Conseil»
. Il convient de citer également
un large extrait du rapport d’alors, tant les affirmations du rapporteur,
M. Bindig, restent pertinentes, au vu de ce qui continue à se passer:
«Ce manque de cohérence, qui constitue en fait la consécration du
principe de “deux poids, deux mesures”, de la part du Comité des
Ministres est d’autant plus regrettable que l’Assemblée et le Comité
des Ministres partagent le même objectif qui est d’améliorer la
situation en République tchétchène. En demandant au Comité des Ministres
d’utiliser son propre mécanisme de suivi et de démontrer ainsi sa
propre efficacité, l’Assemblée a manifesté sa volonté de créer des
synergies avec l’organe exécutif du Conseil de l’Europe. Toutefois,
le Comité des Ministres ne semble plus motivé à suivre la situation
des droits de l’homme en République tchétchène dans le cadre de
sa Déclaration sur le respect des engagements, ni dans tout autre
cadre. Il semblerait qu’une décision, explicite ou implicite, ait
été prise par le Comité des Ministres, et par deux Secrétaires Généraux successifs,
pour mettre un terme au suivi de la situation des droits de l’homme
en République tchétchène, sans que l’Assemblée en soit informée.
La responsabilité de ce suivi a en effet été transférée à la Cour
européenne des droits de l’homme, au Comité pour la prévention de
la torture et, dans une moindre mesure, au Commissaire aux droits
de l’homme du Conseil»  . Qu’ajouter
de plus, sinon l’expression de notre incompréhension et de notre
désarroi face à une pareille attitude? Selon l’article 46.2 de la
Convention européenne des droits de l’homme, il incombe au Comité
des Ministres de surveiller l’exécution des arrêts de la Cour. L’exécution
ne peut certes pas se limiter au paiement des indemnités à la partie
demanderesse. Nous sommes en présence de plus de 150
. Qu’ajouter
de plus, sinon l’expression de notre incompréhension et de notre
désarroi face à une pareille attitude? Selon l’article 46.2 de la
Convention européenne des droits de l’homme, il incombe au Comité
des Ministres de surveiller l’exécution des arrêts de la Cour. L’exécution
ne peut certes pas se limiter au paiement des indemnités à la partie
demanderesse. Nous sommes en présence de plus de 150  arrêts
qui constatent de gravissimes violations des droits fondamentaux dans
la même région, sans qu’on intervienne véritablement sur les causes
qui conduisent à ce résultat.
 arrêts
qui constatent de gravissimes violations des droits fondamentaux dans
la même région, sans qu’on intervienne véritablement sur les causes
qui conduisent à ce résultat.  , afin d’envoyer
un signal fort, bien consciente que le Conseil de sécurité des Nations
Unies ne prendrait jamais une telle décision. L’idée n’est certes
pas déplacée, bien au contraire. Nous préférons, toutefois, continuer
à croire dans la volonté des autorités russes de faire face au problème
du Caucase du Nord, de rétablir la justice et d’assurer un climat
de paix et dans leur capacité à le faire. Il s’agit d’un défi énorme,
nous en sommes conscients. Comme nous l’avons déjà indiqué plus
haut, une paix durable présuppose un devoir de vérité. Des organisations
non gouvernementales
, afin d’envoyer
un signal fort, bien consciente que le Conseil de sécurité des Nations
Unies ne prendrait jamais une telle décision. L’idée n’est certes
pas déplacée, bien au contraire. Nous préférons, toutefois, continuer
à croire dans la volonté des autorités russes de faire face au problème
du Caucase du Nord, de rétablir la justice et d’assurer un climat
de paix et dans leur capacité à le faire. Il s’agit d’un défi énorme,
nous en sommes conscients. Comme nous l’avons déjà indiqué plus
haut, une paix durable présuppose un devoir de vérité. Des organisations
non gouvernementales  ont constitué depuis
des années une importante documentation (sous forme de témoignages,
films, vidéos et documents) sur les événements qui ont eu lieu dans
la région. Il s’agit d’archives qui ont une valeur historique et
qui pourraient certainement contribuer à ce travail de mémoire et
de vérité. Le Conseil de l’Europe pourrait à cet effet collaborer
avec les autorités russes.
 ont constitué depuis
des années une importante documentation (sous forme de témoignages,
films, vidéos et documents) sur les événements qui ont eu lieu dans
la région. Il s’agit d’archives qui ont une valeur historique et
qui pourraient certainement contribuer à ce travail de mémoire et
de vérité. Le Conseil de l’Europe pourrait à cet effet collaborer
avec les autorités russes. . Nous prenons connaissance de son
discours au moment même où nous concluons ce rapport. L’intervention
présidentielle nous semble mériter une attention particulière. Il
nous paraît, en effet, que le ton est en train de changer et nous
considérons cette approche, bien différente de ce que nous avions
pu constater dans le passé, comme un signe positif, même si de nombreux problèmes
restent encore ouverts.
. Nous prenons connaissance de son
discours au moment même où nous concluons ce rapport. L’intervention
présidentielle nous semble mériter une attention particulière. Il
nous paraît, en effet, que le ton est en train de changer et nous
considérons cette approche, bien différente de ce que nous avions
pu constater dans le passé, comme un signe positif, même si de nombreux problèmes
restent encore ouverts. . Ce n’est pas de cette façon que
l’on va encourager les désistements de terroristes, ce qui permettrait
pourtant non seulement d’éviter des attentats, mais également de
contribuer au démantèlement des réseaux terroristes.
. Ce n’est pas de cette façon que
l’on va encourager les désistements de terroristes, ce qui permettrait
pourtant non seulement d’éviter des attentats, mais également de
contribuer au démantèlement des réseaux terroristes. .
. Annexe 1 – Liste des affaires transmises aux autorités russes
(open)Annexe 2 – Exposé des affaires illustrant les dysfonctionnements du système judiciaire
(open)Enlèvement et disparition de Zarema Gaïsanova, collaboratrice de l’ONG humanitaire «Conseil danois des réfugiés»
1.	Le 31 octobre 2009, vers 15 heures, à Groznyï, une «opération
spéciale» fut conduite par des agents non identifiés d’unités des
forces de l’ordre, au cours de laquelle un membre des formations
armées illégales, Ali Hasanov, fut tué. Alors qu’ils perquisitionnaient
la maison voisine à celle de Zarema Gaïsanova, les agents des forces
de l’ordre ouvrirent le feu en direction, notamment, de l’habitation
de Mme Gaïsanova, tuant Ali Hasanov.
Durant l’échange des coups de feu, un incendie se propagea dans
la maison de Mme Gaïsanova, dont une
grande partie brûla. Aux environs de 17 h 30, Mme Gaïsanova
fut enlevée à son domicile, apparemment par les agents des forces
de l’ordre qui conduisaient l’opération. A la suite de cet enlèvement, une
procédure pénale fut ouverte. Sur le site internet officiel du ministère
de l’Intérieur de la République tchétchène, le ministre de l’Intérieur
déclara que l’opération spéciale effectuée à Groznyï le 31 octobre
2009, dans le cadre de laquelle M. Hasanov avait trouvé la mort,
avait été conduite sous les ordres du Président de la République
tchétchène, Ramzan Kadyrov. Des témoins de la scène déclarèrent
avoir vu le Président ainsi que le ministre de l’Intérieur sur les
lieux de l’opération, le premier donnant une interview sur la «liquidation» du
combattant illégal Hasanov. La mère de Mme Gaïsanova
s’adressa alors au Président de l’Ingouchie, au Comité d’investigation
et au parquet tchétchène pour qu’on l’aide à retrouver sa fille.
En novembre 2009, lors d’une conversation avec la mère de Mme Gaïsanova,
l’enquêteur en charge de l’affaire lui aurait affirmé que, d’après
ce qu’il avait appris au cours de l’enquête, sa fille était en vie,
mais que les investigateurs «n’avaient aucun accès à elle». Selon
les défenseurs des droits de l’homme et les proches de Mme Gaïsanova,
les agents du département de l’Intérieur de l’arrondissement de
Leninski de la ville de Groznyï (soupçonnés d’avoir conduit l’opération
spéciale en cause) ont, à plusieurs reprises, ignoré les ordres
de l’enquêteur chargé de l’affaire, en sabotant le processus d’investigation.
L’ONG Comité contre la torture, initiatrice des «groupes mobiles
des défenseurs des droits de l’homme», dont nous avons déjà eu l’occasion
de mentionner le formidable travail  , s’est penchée sur
cette affaire. D’après une correspondance qui nous a été communiquée,
il apparaît que l’enquêteur en charge de l’investigation, M. Tamayev,
ordonna à trois reprises
, s’est penchée sur
cette affaire. D’après une correspondance qui nous a été communiquée,
il apparaît que l’enquêteur en charge de l’investigation, M. Tamayev,
ordonna à trois reprises  au Département
de l’intérieur de procéder à des actes de procédure précis et concrets
(l’identification et la convocation des témoins des faits, l’identification
et la convocation des agents qui participèrent à l’opération spéciale,
etc.). Ces ordres ont été ignorés, en violation flagrante de la
législation russe
 au Département
de l’intérieur de procéder à des actes de procédure précis et concrets
(l’identification et la convocation des témoins des faits, l’identification
et la convocation des agents qui participèrent à l’opération spéciale,
etc.). Ces ordres ont été ignorés, en violation flagrante de la
législation russe  . L’enquêteur envoya par
la suite un «avis de protestation» au Département de l’intérieur,
informant également, par le biais de deux rapports, le chef ad intérim du Département d’investigation
de Groznyï. Igor Kaliapine, responsable des «défenseurs mobiles»
du Comité contre la torture, agissant comme représentant légal des
victimes, écrivit au ministre de l’Intérieur de la République tchétchène
pour l’informer des problèmes de non-exécution des instructions
du parquet par la police dans cette affaire
. L’enquêteur envoya par
la suite un «avis de protestation» au Département de l’intérieur,
informant également, par le biais de deux rapports, le chef ad intérim du Département d’investigation
de Groznyï. Igor Kaliapine, responsable des «défenseurs mobiles»
du Comité contre la torture, agissant comme représentant légal des
victimes, écrivit au ministre de l’Intérieur de la République tchétchène
pour l’informer des problèmes de non-exécution des instructions
du parquet par la police dans cette affaire  .
Le ministre, dans sa réponse à M. Kaliapine, promit de «prendre
en compte ces informations» et que des mesures concrètes seraient
prises concernant cette affaire. Entre-temps, la famille de Mme Gaïsanova
a saisi la Cour européenne des droits de l’homme. Zarema Gaïsanova,
à ce jour, n’a toujours pas été retrouvée.
.
Le ministre, dans sa réponse à M. Kaliapine, promit de «prendre
en compte ces informations» et que des mesures concrètes seraient
prises concernant cette affaire. Entre-temps, la famille de Mme Gaïsanova
a saisi la Cour européenne des droits de l’homme. Zarema Gaïsanova,
à ce jour, n’a toujours pas été retrouvée.
2. Au cours des réunions que nous avons eues avec, d’une part, le procureur de la République tchétchène et le directeur du Comité d’investigation, et, d’autre part, le ministre de l’Intérieur, on m’a assuré que la coopération entre les enquêteurs du parquet et la police fonctionnait très bien. Le ministre a néanmoins fini par reconnaître l’existence des problèmes soulevés dans la lettre de M. Kaliapine.
3. Les commentaires écrits que nous a adressés le parquet général tchétchène sur cette affaire (no 66094) confirment le fait qu’une «opération spéciale» visant un certain A.A. Hasanov, membre d’un groupe armé illégal, a bien été conduite à la date et aux lieux indiqués. Il ressort des réponses du ministre de l’Intérieur et du directeur du FSB de la région que «l’enlèvement de Z.I. Gaïsanova par des agents des forces de l’ordre n’a pas été confirmé». Sept agents du commissariat d’Argoun qui participaient à ladite opération n’auraient vu personne d’autre que A.A. Hasanov.
4. Le 16 avril 2010, Memorial publia un document sur les lacunes de l’enquête concernant la disparition de Mme Gaïsanova. Se fondant sur les différentes déclarations des responsables de l’instruction, ainsi que sur les pièces fournies par les autorités russes dans le cadre de la procédure d’urgence entamée devant la Cour européenne des droits de l’homme, ce document met en évidence, de façon très convaincante, les contradictions flagrantes de ce dossier ainsi que les tergiversations des autorités.
Enlèvement et disparition d’Abdoul-Yezit Askhabov, République tchétchène
5. Le 5 août 2009, en pleine nuit, vers 3 heures, à Shali, trois individus armés, cagoulés et habillés en tenues de camouflage firent irruption au domicile des Askhabov. Sans fournir aucune explication, ils emmenèrent Abdoul-Yezit Askhabov dans un endroit inconnu. D’après les déclarations des voisins, les ravisseurs utilisèrent trois voitures. Des membres de la famille de M. Askhabov informèrent immédiatement la police et le chef de l’administration régionale et, le matin même, déposèrent plainte auprès du Département régional de l’intérieur, au parquet et au Département local du FSB (Service fédéral de la sûreté).
6. Le matin du 7 août 2009, alors qu’elle se trouvait, en compagnie d’autres femmes de la famille Askhabov, devant le bâtiment du Département régional de l’intérieur de Shali dans l’attente d’être informée du lieu où se trouvait son fils, la mère de la victime, Tamara Askhabova, fut expulsée par les policiers, sous le motif d’éviter tout «trouble» devant l’édifice officiel. Les proches du disparu se rendirent alors à Groznyï, où ils s’adressèrent au parquet. Ils furent par la suite reçus par Oumarpasha Khakimov, un des collaborateurs de l’ombudsman de la République tchétchène, qui, en présence de Tamara Askhabova, appela le Département régional de l’intérieur de Shali; on lui répondit que le chef du département ne se trouvait actuellement pas sur place. M. Khakimov releva un numéro (probablement celui de l’adjoint du chef du département) qu’il composa immédiatement; il eut alors une conversation avec une personne, qui l’informa que M. Askhabov était détenu, mais qu’il était un frère d’un «émir» (en République tchétchène, ce terme désigne les chefs des formations armées illégales). M. Khakimov insista sur le fait qu’il fallait laisser partir la personne détenue et ajouta «même s’il est le frère d’un émir, vous n’avez aucun droit de le garder au-delà du délai légal». Il assura les proches de M. Askhabov qu’il leur prêterait toute l’assistance nécessaire.
7. Le 16 ou le 17 août 2010 (la mère de M. Askhabov ne se souvient pas de la date précise), vers 23 heures, des hommes armés et en tenues de camouflage, le visage non dissimulé, firent irruption au domicile des Askhabov pour y effectuer une perquisition. Ces individus déclarèrent venir du village de Khankala (où se trouve la plus importante base militaire fédérale de la République tchétchène). Toutefois, selon la mère de la victime, ils étaient tous tchétchènes. Dans une des salles de bain de la maison, ils découvrirent très rapidement une cachette dont ils ne pouvaient connaître l’existence sans qu’Abdoul-Yezit Askhabov leur en ait parlé préalablement. Une procédure pénale fut finalement diligentée à la suite de l’enlèvement d’Abdoul-Yezit Askhabov. Un mois seulement après son enlèvement, l’enquêteur chargé de l’affaire se rendit au domicile des Askhabov pour la première fois. On ignore toujours où se trouve M. Askhabov. Selon sa mère, Abdoul-Yezit Askhabov souffre d’un handicap visuel depuis son enfance et serait incapable d’utiliser une arme quelconque.
8. Le frère d’Abdoul-Yezit Askhabov, Yusup Askhabov, était membre des formations armées illégales, mais s’en détourna. Selon sa famille, la cachette susmentionnée servait à dissimuler Yusup Askhabov qui redoutait la vengeance des forces de l’ordre. Il aurait été tué le 28 mai 2009 dans le centre-ville de Shali par des agents du Département régional de l’intérieur de la ville. Le jour même, durant l’identification du corps de Yusup, son père fut violemment battu par des agents de police après qu’il eut exprimé son vœu «qu’Allah l’accepte». Le chef du Département régional de l’intérieur de Shali, Magomed Daoudov (aussi connu comme «Lord»), aurait, selon le père Askhabov, activement participé à ce passage à tabac. Le père de Yusup affirma par la suite qu’il avait dû être hospitalisé pendant quinze jours. Cette affaire est également mentionnée et étayée dans la correspondance que nous ont remise les «défenseurs mobiles» du Comité contre la torture et illustre également le manque de coopération de la police avec les enquêteurs du parquet.
Enlèvement d’Apti Zaïnalov, République tchétchène
9. Il s’agit d’une des dernières affaires sur lesquelles travaillait Natalia Estemirova, collaboratrice de Memorial, avant d’être assassinée. Apti Zaïnalov, résident de la République tchétchène, condamné et incarcéré pour avoir été membre des formations armées illégales en 2005 puis élargi en 2006, disparut le 26 juin 2009. Le 2 juillet 2009, un individu (qui préféra garder l’anonymat) informa le centre de défense des droits de l’homme Memorial que se trouvait à l’hôpital d’Atchkhoy-Martan un jeune homme prénommé Apti, blessé et présentant des traces de torture. Le 3 juillet 2009, un représentant de Memorial se rendit à l’hôpital. Il aperçut, au travers de la porte entrouverte de la chambre d’hôpital, quatre hommes armés en uniforme, appartenant selon toute vraisemblance aux services du ministère de l’Intérieur. Un jeune homme était alité, un bandage sur la tête et des hématomes sur le visage. Plus tard, un infirmier lui indiqua que le nom du malade était Apti Zaïnalov. Il aurait ajouté qu’il était interdit de parler avec ce patient, que celui-ci aurait été emmené de l’hôpital à plusieurs reprises et qu’il présentait des signes manifestes de torture. Le responsable de Memorial qui avait vu Apti Zaïnalov à l’hôpital le reconnut sur une photographie fournie par sa mère. Le jour suivant, le père d’Apti, accompagné lui aussi d’un représentant de Memorial essaya de lui rendre visite à l’hôpital, mais les gardes postés à l’entrée de la chambre ne les laissèrent pas entrer.
10. Le 7 juillet 2009, la mère de la victime, Aïma Zaïnalova, accompagnée de Natalia Estemirova, fut reçue par le procureur de la région d’Atchkhoy-Martan. Elle déposa une plainte et lui demanda de l’aider afin de récupérer son fils. Le procureur confia Aïma Zaïnalova et Natalia Estemirova à deux employés du parquet, leur demandant «d’éclaircir la situation». Après avoir passé une heure et demie dans le bureau du procureur dans l’attente du chef du Département de l’intérieur d’Atchkhoï-Martan, les deux employés consentirent finalement à se rendre eux-mêmes au Département de l’intérieur. Une fois arrivés sur place, ils laissèrent Aïma Zaïnalova et Natalia Estemirova en dehors du bâtiment du département, sans jamais plus reparaître. Aïma Zaïnalova se rendit finalement à l’hôpital, où elle vit son fils emmené par deux gardes armés puis monter dans une voiture.
11. Les 8 et 9 juillet 2009, Aïma Zaïnalova saisit le procureur de la République tchétchène, le chef du Département d’instruction interrégional d’Atchkhoy-Martan et le directeur du Département d’instruction du Comité d’instruction de la Fédération de Russie pour la République tchétchène, leur demandant d’entamer une procédure pénale à la suite de l’enlèvement de son fils, et de prendre les mesures adéquates afin de le retrouver. Postérieurement au 9 juillet 2009, des voitures non identifiées commencèrent à suivre Natalia Estemirova et Ahmed Ghisaev, les deux collaborateurs de Memorial qui suivaient cette affaire.
12. Le 15 juillet 2009, Natalia Estemirova fut enlevée à Groznyï et son corps fut retrouvé en République d’Ingouchie. Le 15 juillet 2009, Memorial a déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme, se plaignant de la violation des articles 3, 5 et 13 de la Convention européenne des droits de l’homme (Makayeva c. Russie, Requête no 37287/09). La requête fut communiquée aux autorités de la Fédération de Russie le 20 juillet 2009. Au mois d’août 2009, Akhmed Ghisaev fit l’objet de pressions et de menaces de la part d’agents des forces de l’ordre non identifiés. Il en informa l’enquêteur chargé du dossier, mais ce dernier ne prit aucune mesure pour le protéger. Memorial prit alors la décision d’évacuer M. Ghisaev du territoire tchétchène afin de garantir sa sécurité.
13. Les commentaires du parquet général de la République tchétchène au sujet de cette affaire (dossier no 74032) sont très détaillés. Ils incluent des listes de témoins interrogés, des demandes de renseignements adressées à diverses agences des services de sécurité, des lieux inspectés, etc. Les observations spécifiques et précises des proches de M. Zaïnalov transmises par Memorial ne sont ni réfutées ni confirmées; en fait, elles ne sont pas commentées du tout. Cela dit, étant donné le grand nombre de témoins et la longue liste des activités d’investigation que les autorités affirment avoir entreprises, il y a lieu d’être optimiste et d’espérer que cette affaire sera élucidée, si les autorités le veulent bien, dans un futur proche.
Enlèvement d’Idris Tsizdoyev, République d’Ingouchie
14. Le 26 mai 2009, aux environs de 4 heures du matin, à Malogbek dans la République d’Ingouchie, Idris Tsizdoyev (né en 1981), alors qu’il se préparait à la prière matinale avec son frère Adam Tsizdoyev (né en 1979), fut sorti de chez lui manu militari par plusieurs individus. Quand Adam Tsizdoyev leur demanda où ils emmenaient son frère, ils lui répondirent qu’ils voulaient simplement lui parler et qu’ils le relâcheraient dans quelques minutes. Adam pouvait entendre les cris de son frère roué de coups en pleine rue. Une dizaine de minutes après, les ravisseurs partirent en emmenant Idris Tszdoyev dans leur voiture. Adam Tsizdoyev informa immédiatement le Département de l’intérieur de la région de Malogbek.
15.	Les informations sur l’enlèvement furent sans délai transmises
à tous les postes de police. Une voiture correspondant à la description
faite par Adam Tsizdoyev fut arrêtée par des policiers. Lors du
contrôle d’identité, le responsable du Département de l’intérieur
de Malogbek identifia un des ravisseurs comme étant le lieutenant-colonel
de l’ORB-2  ,
Adlan Akhmetov. Celui-ci déclara avoir arrêté puis conduit M. Tsizdoyev dans
la ville de Magas. Le responsable du Département de l’intérieur
aurait reçu un appel téléphonique lui ordonnant de laisser passer
les ravisseurs. Le Département d’enquête du Comité d’investigation
pour la Tchétchénie, le Département de l’intérieur de la région
de Malogbek, le ministère de l’Intérieur de la République d’Ingouchie,
les procureurs de la République tchétchène et de l’Ingouchie, ainsi
que le procureur général de la Fédération de Russie ont tous été
saisis afin d’éclaircir le sort d’Idris Tsidzdoyev. Plusieurs organisations
de défense des droits de l’homme, ainsi que les ombudsmen tchétchène,
ingouche et fédéral ont été informés de l’affaire.
,
Adlan Akhmetov. Celui-ci déclara avoir arrêté puis conduit M. Tsizdoyev dans
la ville de Magas. Le responsable du Département de l’intérieur
aurait reçu un appel téléphonique lui ordonnant de laisser passer
les ravisseurs. Le Département d’enquête du Comité d’investigation
pour la Tchétchénie, le Département de l’intérieur de la région
de Malogbek, le ministère de l’Intérieur de la République d’Ingouchie,
les procureurs de la République tchétchène et de l’Ingouchie, ainsi
que le procureur général de la Fédération de Russie ont tous été
saisis afin d’éclaircir le sort d’Idris Tsidzdoyev. Plusieurs organisations
de défense des droits de l’homme, ainsi que les ombudsmen tchétchène,
ingouche et fédéral ont été informés de l’affaire. 
16. Néanmoins, jusqu’à présent, nul n’arrive à retrouver Idris Tsizdoyev. Les agents de l’ORB-2 ont officiellement informé le Comité d’investigation que, le 26 mai 2009, ils n’avaient conduit aucune opération sur le territoire de la République d’Ingouchie et que personne n’avait été arrêté. Une procédure pénale a été entamée à la suite des faits décrits. En août 2009, cette affaire a été transférée au Département général d’investigation du Comité d’investigation auprès du parquet de la Fédération de Russie pour le District fédéral sud. Cependant aucun des ravisseurs n’a été identifié par l’instruction et Adlan Akhmetov n’a pas été poursuivi.
17. A nos yeux, de nouveau, les éléments précis à la disposition des enquêteurs devraient permettre de résoudre cette affaire et de poursuivre les auteurs du crime, si telle est la volonté des autorités.
Enlèvement d’Alikhan Markouyev, République tchétchène
18. Svetlana Gannouchkina, une des responsables de «Memorial», nous a fait part d’une lettre qu’elle avait adressée au Président Medvedev le 12 janvier 2010, dans laquelle elle décrivait une affaire particulièrement odieuse: celle relative à l’enlèvement, le 28 juillet 2009, d’Alikhan Markouyev, qui avait pourtant bénéficié d’une amnistie après s’être volontairement rendu aux autorités et avoir quitté les formations armées illégales. La spécificité de cette affaire réside dans le fait qu’une personne anonyme interne à la police avait sonné l’alarme avant même l’exécution du crime: le 19 octobre 2009, cet inconnu alerta le bureau de Memorial à Moscou que M. Markouyev et trois autres personnes portées disparues en République tchétchène (dont Rasoukhan Elpiyev, un garçon de 15 ans) étaient en fait détenues par la police dans un lieu de détention situé à Goudermes. L’inconnu indiqua qu’il était prévu d’habiller les détenus en tenues de camouflage et de les tuer pour pouvoir affirmer ensuite qu’ils étaient membres d’un détachement des formations armées illégales éliminé lors d’une opération spéciale. Memorial informa tout de suite les bureaux du procureur général et du ministre de l’Intérieur tchétchènes. La réponse arriva dès le 22 octobre 2009: «l’information n’a pas pu être confirmée». Cependant, le 27 novembre 2009, le corps d’un homme tué par balles fut retrouvé, un pistolet-mitrailleur à ses côtés dans les environs de Serzhen-Yurt. C’était bien le corps de M. Markouyev. Ses proches furent informés qu’il avait été tué au cours d’une «opération spéciale». Mme Gannouchkina informa le Président Medvedev que Memorial avait connaissance de toute une série d’enlèvements similaires, dans lesquels des parents de victimes avaient même refusé de porter plainte auprès des autorités et de rendre public ce qui s’était passé, par peur pour leur propre vie et celle d’autres membres de leur famille.
Annexe 3 – Programme de la visite du rapporteur dans la Fédération de Russie (22-27 mars 2010)
(open)Moscou
Lundi 22 mars 2010
9 h 30-10 h 30 Procureur adjoint de la Fédération de Russie, M. V. Grin (avec la participation de représentants du parquet militaire et de la commission d’enquête du ministère public de la Fédération de Russie)
12 h 00-12 h 45 Députés de la Douma d’Etat pour les républiques du district fédéral du Nord-Caucase
13 h 00-14 h 30 Déjeuner de travail avec les membres de la délégation russe auprès de l’Assemblée parlementaire et avec les députés de la Douma d’Etat et les membres du Conseil de la fédération pour la République tchétchène, le Daghestan et l’Ingouchie
15 h 00-16 h 00 Directeur adjoint du Département fédéral russe pour l’exécution des peines, M. A. Smirnov
16 h 30-17 h 30 Présidente du Conseil présidentiel russe pour la société civile et le développement des droits de l’homme, Mme E. Pamfilova
18 h 00-20 h 00 Représentants de «Memorial»
Mardi 23 mars 2010
9 h 00 Représentants de la Croix-Rouge
11 h 00 Vice-Président du Gouvernement de la Fédération de Russie et envoyé présidentiel dans le district fédéral du Nord-Caucase, M. A. Khloponin
Ingouchie (Nazran et Magas)
Mercredi 24 mars 2010
9 h 30-10 h 30 Procureur de la République, M. Y. Turygin
11 h 00-12 h 00 Ministre de l’Intérieur ad intérim, M. M. Gudiev
12 h 00-12 h 30 Représentants de la société civile ingouche
12 h 30-13 h 30 Président de la République, M. Y.-B. Yevkourov
15 h 45-16 h 45 Chef de la Direction régionale du ministère de la Justice de la Fédération de Russie, M. H. Ilyasov, et chef du service pénitencier, M. M. Gagiev
17 h 00-19 h 00 Représentants d’ONG
République Tchétchène (Grozny et Gudermes)
Jeudi 25 mars 2010
11 h 00-12 h 00 Président de la République, M. R. Kadyrov
12 h 15-13 h 45 Ombudsman de la République, M. N. Nukhazhiev
14 h 00-15 h 00 Déjeuner offert par le Président de la République tchétchène
15 h 20-16 h 20 Ministre de l’Intérieur, M. R. Alkhanov
Chef du Service pénitencier, M. A. Iriskhanov
Représentant du ministère de l’Intérieur dans le district fédéral du Nord-Caucase, le colonel-général E. Lasebin
16 h 30-17 h 45 Procureur de la République, M. M. Savchin
Procureur militaire, M. M. Toporikov
Chef de la Direction des investigations, M. V. Ledenev
18 h 00 Représentants d’ONG
DAGHESTAN (Makhachkala)
Vendredi 26 mars 2010
12 h 30-14 h 30 Ministère de l’Intérieur, Comité d’investigations, procureur, Service pénitencier
15 h 45-16 h 45 Représentants d’ONG
16 h 45-17 h 45 Représentants de la société civile au Daghestan
17 h 45-18 h 30 Ombudsman de la République, Mme Uma Omarova
18 h 30-20 h 00 Représentants d’ONG
Samedi 27 mars 2010
9 h 00-9 h 45 Président de la République de Daghestan, M. Magomedov
9 h 45-11 h 15 Transfert à Derbent
11 h 15-15 h 00 Représentants de la société civile de Derbent
