1. Introduction
1.1. L’obésité infanto-juvénile et le diabète de type
2: origines et risques
1. L’excès de poids et l’obésité jouent un rôle important
dans de nombreuses maladies non transmissibles, en réduisant l’espérance
de vie et en affectant la qualité de vie. D’après l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), plus d’un million de décès par an dans
la région européenne sont dus à des maladies liées au surpoids
. La diminution brutale de l’activité
physique et l’évolution des pratiques alimentaires, en particulier
la consommation accrue d’aliments et de boissons riches en calories
et peu nutritives (à forte teneur en graisses saturées et totales,
en sel et en sucre), associée à une consommation insuffisante de
fruits et de légumes, sont à l’origine d’un déséquilibre calorique
dans la population
.
2. L’obésité infanto-juvénile s’étend rapidement dans la quasi-totalité
des Etats membres du Conseil de l’Europe. Le phénomène est relativement
récent; la prévalence de l’obésité infanto-juvénile a très peu évolué jusqu’au
début des années 1980, avant d’afficher des signes d’accélération
marqués dans les années 1990 et au début des années 2000.
3. Le diabète de type 2, maladie acquise affectant le métabolisme
qui représente plus de 90 % des cas de diabète dans le monde entier,
est directement lié à l’obésité, un mode de vie sédentaire et une
alimentation riche en graisses et en acides gras saturés. La prévention
et le traitement de l’obésité et du diabète de type 2 devraient
donc être axés sur le changement du style de vie
.
4. L’obésité a un impact frappant et inacceptable sur les enfants.
Un enfant obèse subit tout au long de sa vie un risque accru face
à différentes maladies, notamment les maladies cardio-vasculaires,
le diabète, les maladies hépatiques et certaines formes de cancer.
Même pendant l’enfance, l’obésité augmente ce type de risques et
entraîne de grandes souffrances psychologiques.
5. Selon l’Organisation mondiale de la santé, de nombreux pays
ont progressé ces dernières années en matière de sensibilisation,
et des politiques et plans d’action se développent un peu partout
dans ce sens. En 2009, un premier constat a mis en évidence le tassement
des taux d’obésité infanto-juvéniles dans certains pays qui avaient
pris des mesures concrètes. Le gradient socio-économique de l’obésité
infantile reste néanmoins important
.
6. La poussée épidémique rapide tient à la disponibilité et à
l’accessibilité accrues de la nourriture dans le monde, tandis que
se réduisent les opportunités de dépenser de l’énergie physique.
La nourriture n’a jamais été aussi abordable, et les aliments les
moins chers sont aussi les plus riches en graisse et en sucre. En
outre, certains des acteurs les plus importants du secteur de la
production et de la distribution alimentaire et des industries de
restauration n’appliquent pas les recommandations de l’OMS les appelant
à limiter la quantité de sel, de sucre et de graisse contenue dans
leurs produits, réduire la taille des parts individuelles, fournir
des conseils nutritionnels et promouvoir ou soutenir l’activité
physique.
7. Les études les plus récentes montrent que si rien n’est fait
pour enrayer le développement de l’obésité et du diabète de type
2 parmi les enfants et les jeunes, les Etats membres seront confrontés
pendant les quinze ou vingt prochaines années à une très forte augmentation
des dépenses de santé nécessaires pour couvrir le coût des maladies
qui leur sont liées, en particulier les maladies cardio-vasculaires
et les cancers liés à l’obésité. En France, on estime que si rien
n’est fait pour enrayer cette évolution, le coût de l’obésité pourrait atteindre
7 % des dépenses publiques de santé en 2020. Sur le plan financier,
ce coût pourrait atteindre 250 milliards d’euros uniquement dans
le secteur des assurances de santé
.
8. Il y a quelques années, l’Assemblée parlementaire a adopté
la
Recommandation 1786
(2007) «Pour une consommation alimentaire responsable»
qui soulignait qu’une consommation responsable implique nécessairement
une alimentation saine. L’Assemblée a souligné l’importance d’une
amélioration de l’information et de l’éducation nutritionnelles,
l’intérêt d’élaborer des directives sur une alimentation saine et enfin
la nécessité de s’adresser directement aux consommateurs pour les
convaincre de faire preuve de responsabilité dans leurs choix. Les
mesures recommandées, cependant, n’ont eu qu’un effet limité. Il
est aujourd’hui urgent que les autorités et les citoyens réagissent
à l’accroissement de l’obésité et du diabète de type 2, en particulier
parmi les enfants et les jeunes. Le présent rapport vise à fournir
les outils nécessaires pour s’attaquer aux racines du problème.
9. De mon point de vue, il est impératif que tous les Etats membres
du Conseil de l’Europe entreprennent une action renforcée et concertée.
En vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits
de l’enfant, tous les enfants vivant en Europe ont le droit de vivre
et de grandir dans un environnement qui leur permette de jouir du
meilleur état de santé possible – et cela inclut être protégé de
l’obésité et du diabète de type 2
.
1.2. L’épidémie d’obésité en Europe: les enfants et
les jeunes en tant que groupe vulnérable
10. D’après les données de l’Union européenne, un quart
des écoliers européens souffrent actuellement d’excès de poids ou
d’obésité, un nombre qui augmente de 400 000 chaque année. En outre,
3 millions d’écoliers dans l’Union sont aujourd’hui classés comme
obèses, un chiffre qui s’accroît de 85 000 chaque année
.
11. L’International Obesity Task force indique que le surpoids
et l’obésité sont plus fréquents chez les enfants d’Europe du Sud
que chez leurs homologues d’Europe du Nord car l’alimentation traditionnelle
des pays méditerranéens cède la place aux aliments transformés riches
en graisse, en sucre et en sel. Les îles méditerranéennes de Crète,
Malte et Sicile, ainsi que l’Espagne, Gibraltar, l’Italie et le
Portugal affichent des taux de surpoids et d’obésité supérieurs
à 30 % chez les enfants âgés de 7 à 11 ans
.
12. D’autre part, l’Angleterre, Chypre, la Grèce, l’Irlande et
la Suède affichent des taux supérieurs à 20 %, tandis que la France,
la Suisse, la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, l’Allemagne,
le Danemark, les Pays-Bas et même la Bulgarie font état de taux
de surpoids situés entre 10 et 20 % dans la même classe d’âge. Sept
pays indiquent des niveaux de surpoids et d’obésité supérieurs à
20 % parmi les jeunes (de 13 à 17 ans), le taux le plus élevé étant
observé en Crète (35 %). Le développement du surpoids et de l’obésité
parmi les enfants s’accélère rapidement dans certains pays. Les
taux d’augmentation varient, le Royaume-Uni et la Pologne affichant
l’augmentation la plus forte
, celle-ci atteignant près de 27 % de la
population au Royaume-Uni
. Cette évolution est très inquiétante.
13. Ces données sont confirmées par les réponses au questionnaire
de la commission des questions sociales, de la santé et de la famille
envoyées récemment par les pays (voir en annexe). Je remercie les 29 pays
qui ont répondu. L’analyse de ces réponses nous a permis d’analyser
la situation en matière d’obésité infanto-juvénile dans les Etats
membres du Conseil de l’Europe
.
14. Presque tous les pays ayant répondu au questionnaire considèrent
que le nombre de cas de diabète de type 2 parmi les enfants a augmenté
pendant les dix dernières années. Certains pays ne disposent pas
de données suffisantes pour confirmer cette augmentation mais leurs
pédiatres déclarent recevoir un nombre croissant d’enfants atteints
du diabète de type 2. Seules la République tchèque et l’Estonie
considèrent que le nombre d’enfants atteints du diabète de type
2 est resté stable pendant les dix dernières années. Aucun des pays
ne déclare avoir observé une diminution du nombre d’enfants atteints
du diabète de type 2.
15. Je souhaiterais insister sur ce point: l’obésité n’altère
pas seulement la santé de ces enfants, elle les fait aussi souffrir
socialement et psychologiquement. Stigmatisés, victimes de discriminations
par leurs pairs, les enfants obèses ont souvent une piètre opinion
d’eux-mêmes et une image négative de leur corps, ce qui conduit
parfois à la dépression, avec les incidences que cela implique en
matière de dépenses de santé.
16. Les chercheurs sont d’avis en outre qu’il existe une relation
entre la perturbation endocrinienne due à l’obésité et la production
excessive ultérieure d’œstrogènes et, par voie de conséquence, la
puberté précoce. La recherche scientifique montre que des liens
existent entre l’obésité et la maturité sexuelle précoce chez les filles.
La maturité psychologique intervenant deux ou trois ans après la
maturité physique, il en résulte un décalage dans le développement
de l’enfant. Cette situation est dangereuse et peut avoir de graves conséquences
dans la vie de l’enfant.
17. L’obésité est à la fois la cause et le résultat de disparités
sociales. La maladie atteint davantage les groupes vulnérables socialement,
car ils vivent dans des quartiers peu propices aux modes de transport
et aux loisirs actifs, et ont moins accès à l’éducation et à l’information
sur les styles de vie et la santé, et les aliments les plus abordables
sont riches en calories et peu nutritifs.
18. L’impact des inégalités est plus que préoccupant pour la santé
des enfants; il peut se traduire rapidement par des indicateurs
de mauvaise santé et l’émergence de certains comportements durant
l’enfance et l’adolescence. Ces paramètres peuvent réduire la capacité
des jeunes gens à participer pleinement à de nombreux aspects de
la vie, et se répercuter sur la fréquentation et les résultats scolaires,
les activités sociales ou sportives, et les chances d’obtenir un
emploi.
19. Je suis fermement convaincu que l’amélioration des normes
d’alimentation et d’activité physique, en tant que moyen de relever
le niveau de bien-être et de protéger la santé des citoyens européens,
en particulier celle des enfants et des jeunes, doit devenir une
priorité majeure de santé publique.
2. Prévention
2.1. Solutions envisageables et recommandations
20. Comme indiqué plus haut, il est largement possible
de prévenir le surpoids et l’obésité en diminuant les facteurs de
risque identifiés. La meilleure méthode de lutte contre le surpoids
et l’obésité à long terme consiste à les prévenir dès l’enfance.
Il convient donc d’adopter une approche fondée sur la vie entière,
à commencer par la santé maternelle et la première enfance.
21. Etant donné la complexité des questions de surpoids et d’obésité,
une approche plurisectorielle globale s’attaquant aux facteurs sous-jacents
qui affectent la capacité des individus à faire des choix plus favorables à
leur santé est aujourd’hui nécessaire.
22. La plupart des propositions que je mets sur la table ne sont
pas nouvelles: améliorer la qualité des programmes de restauration
scolaire; encourager les enfants à faire plus d’exercice; faciliter
l’accès aux aliments nutritifs dans les zones urbaines mal desservies;
mettre en place des programmes d’éducation parentale ciblés.
23. Toutefois, pour pouvoir choisir un mode de vie sain, il faut
qu’il y ait une demande dans ce sens, et des options disponibles
répondant à cette demande. S’agissant de la santé des enfants et
des jeunes, l’accent doit être mis sur des mesures permettant d’offrir
des options saines dans les environnements qu’ils fréquentent, notamment
les écoles et les centres sportifs et récréatifs.
24. A cette fin, il faut créer une demande pour une alimentation
saine par le biais d’une éducation sanitaire et nutritionnelle.
De plus, le rôle des parents et des adultes chargés de garder les
enfants ne doit pas être ignoré, et les mesures doivent également
viser à renforcer les connaissances et la liberté de choix de ces groupes.
25. Pour améliorer les habitudes alimentaires et accroître l’activité
physique des groupes vulnérables, les mesures doivent s’adresser
prioritairement aux couches défavorisées de la population sur le
plan socio-économique, dans lesquelles les habitudes alimentaires
saines et l’exercice physique étant quasiment absents, il est plus
difficile de choisir un mode de vie sain. Les données montrent que
les personnes optent plus souvent pour des choix sains lorsque l’environnement
qui les entoure les y prédispose.
26. Comme le souligne l’OMS, les gouvernements et les parlements
nationaux doivent veiller à la cohérence et à la durabilité des
mesures adoptées en ce domaine par le biais de l’action réglementaire,
y compris la législation. Les autres outils importants comprennent
la reformulation des politiques, les politiques fiscales et d’investissement
public, les évaluations d’impact sur la santé, les campagnes de
sensibilisation et d’information des consommateurs, le développement
des capacités et les partenariats, la recherche, la planification
et le suivi
.
27. Dans leurs réponses au questionnaire sur l’obésité et de diabète
de type 2, les Etats membres signalent les programmes gouvernementaux
mis en place afin de maintenir sous contrôle l’obésité infantile
et rapportent des données montrant les progrès attribuables aux
interventions des pouvoirs publics. Les mesures suivantes sont notamment
mises en avant:
- la Bulgarie,
le Portugal et la République tchèque mentionnent la mise en œuvre
à l’échelon national du programme de l’OMS «Santé pour tous au XXIe
siècle»;
- des plans d’action gouvernementaux ont été appliqués en
Belgique, au Canada, en Pologne, au Portugal, en Slovaquie, en Suède
et en Suisse;
- des lignes directrices spécifiques ont été élaborées au
Canada et en Norvège;
- des commissions intersectorielles et des conseils de coordination
ont été créés à Malte, au Pologne et en Portugal;
- des programmes adaptés de collecte de données ont été
mis en place en Estonie, en Géorgie et en Italie;
- la Suisse fait état de la création d’un système de suivi
reposant sur des indicateurs spécifiques et des normes d’évaluation
comparative;
- l’Allemagne, la France, le Liechtenstein, Malte, le Royaume-Uni
et «L’ex-République yougoslave de Macédoine» indiquent avoir pris
des mesures pour sensibiliser le grand public au problème de l’obésité et
aux risques qui lui sont liés, et pour encourager une alimentation
saine.
28. Les gouvernements semblent faire preuve de bonne volonté pour
améliorer la situation; mais la santé des enfants s’améliore-t-elle
vraiment?
29. En résumé, j’invite tous les Etats membres du Conseil de l’Europe
à agir pour lutter contre l’obésité infantile dans les domaines
suivants, conformément aux principales recommandations de l’OMS
et du Conseil de l’Europe et à la législation de l’Union européenne
correspondante.
2.2. Promotion d’habitudes alimentaires saines
2.2.1. Environnement alimentaire
30. L’environnement alimentaire peut être compris comme
la combinaison de plusieurs facteurs qui influent sur ce que les
gens mangent et sur les endroits où ils mangent. Les influences
sont multiples et à différents niveaux, notamment:
- le cadre législatif et politique;
- la disponibilité physique et l’accès des aliments au domicile/au
travail/à l’école et dans les commerces;
- des facteurs sociétaux tels que les traditions culturelles,
les normes sociales et les modèles.
31. En bref, je pense que différents facteurs dictent nos choix
alimentaires, qui peuvent être modifiés dans une plus ou moins large
mesure.
32. Les tendances récentes de la consommation alimentaire révèlent
que les prix des aliments fortement caloriques baissent. Les aliments
hautement transformés et prêts à consommer sont plus abordables,
tandis que ceux à forte teneur nutritionnelle tels que les fruits
et les légumes s’enchérissent.
33. En outre, les régimes régionaux traditionnels sont de plus
en plus délaissés en Europe, au profit d’une alimentation uniformisée
riche en calories et pauvre en éléments nutritifs, et la consommation
de fruits et de légumes stagne. Ainsi, ces dernières années, un
changement simultané de l’alimentation et des niveaux d’activité
physique a été constaté en Europe du Sud.
34. De mon point de vue, les responsables politiques qui souhaitent
améliorer l’environnement alimentaire en Europe doivent élaborer
des politiques capables d’influer sur la production, la fabrication
et la vente des aliments, l’étiquetage et la promotion des produits
alimentaires et des boissons, la protection sociale et les inégalités
en matière de santé.
35. Toutefois, les données de santé publique montrent que nous
ne pourrons pas vaincre l’obésité si nos efforts portent exclusivement
sur les enfants sans tenir compte du monde qui les entoure, et si
nous ne faisons que stigmatiser des comportements.
36. Par conséquent, les gouvernements doivent définir des lignes
globales d’action pour protéger et promouvoir la santé publique
et conclure des engagements formels avec un large éventail d’acteurs appartenant
entre autres à l’industrie alimentaire et à la société civile.
37. J’appelle instamment les Etats membres à prendre des mesures
pour inciter les fabricants et les distributeurs de produits alimentaires
et de boissons à réexaminer aussi bien la composition de certains
de ces produits sous l’angle de la qualité et des normes de sécurité
que leurs activités visant à promouvoir la consommation de denrées
alimentaires considérées comme peu saines ou même néfastes pour
la santé.
38. Je suis aussi intimement convaincu qu’il est essentiel de
veiller à ce que toute publicité soit exclue de l’enceinte scolaire.
2.2.2. Contenu des aliments
2.2.2.1. Allaitement
39. Selon l’OMS, l’allaitement au sein est le meilleur
moyen d’assurer une alimentation idéale apte à permettre une croissance
et un développement sains du nourrisson; il constitue aussi un élément
à part entière du processus reproductif et a des incidences importantes
sur la santé de la mère. L’allaitement exclusif au sein pendant
six mois est la méthode optimale d’alimentation du nourrisson. Il
est recommandé de fournir ensuite au nourrisson des aliments complémentaires
en poursuivant l’allaitement au sein jusqu’à l’âge de deux ans ou plus.
Les politiques adoptées dans les Etats membres afin de promouvoir
l’allaitement au sein sont abordées plus loin en relation avec les
politiques familiales pertinentes
.
2.2.2.2. Interdiction de l’utilisation des gras trans de
synthèse
40. Les réponses au questionnaire révèlent une sensibilisation
accrue des Etats membres aux risques liés aux gras trans de synthèse
. Certains
pays mentionnent à ce propos l’introduction de mesures réglementaires pour
limiter la teneur en acides gras trans de synthèse à 1 % (Bulgarie,
Estonie, Norvège, Slovaquie, «L’ex-République yougoslave de Macédoine»)
ou 2 % (Hongrie, Liechtenstein, Royaume-Uni) de la valeur calorique totale
des aliments. Cependant, il existe très peu d’exemples d’interventions
gouvernementales visant à interdire complètement l’utilisation des
acides gras trans
.
41. Certains pays nordiques comme la Finlande et la Suède font
état de quantités peu élevées d’acides gras trans (moins de 0,4 %)
grâce à l’utilisation depuis les années 1990 de l’interestérification
comme méthode de solidification des huiles végétales, méthode qui
permet d’éviter la production d’acides gras trans. Néanmoins, des
études supplémentaires des effets sur la santé du consommateur des
produits fabriqués à l’aide de la méthode d’interestérification
sont nécessaires.
42. La coopération avec l’industrie est essentielle et a donné
de bons résultats aux Pays-Bas où a été créée une «Task force néerlandaise pour l’amélioration
de la teneur en acides gras».
2.2.2.3. Exposition précoce à des substances chimiques
et additifs de conservation
43. L’exposition précoce à des produits chimiques au
cours du développement est peut-être aussi un facteur qui contribue
à l’épidémie d’obésité. L’exposition à des substances chimiques
est dangereuse, en particulier si elle a lieu au cours de la grossesse.
Je suis d’avis qu’il est tout particulièrement nécessaire d’étudier
plus avant le lien entre exposition précoce à des substances chimiques
et obésité infantile.
44. Des données de plus en plus probantes montrent que certains
perturbateurs endocriniens, omniprésents dans la chaîne alimentaire,
ont deux effets jusqu’alors insoupçonnés
. Ils agissent sur les gènes
du fœtus en développement et du nouveau-né et transforment des précurseurs
en cellules adipeuses. Ils peuvent également modifier le taux métabolique
de sorte que le corps stocke les calories au lieu de les brûler.
Le diabète et l’obésité peuvent être prédéterminés pendant la grossesse
quand les substances chimiques perturbent les fonctions endocriniennes
du fœtus.
45. Une étude menée en 2007 au titre du Règlement européen sur
l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances
chimiques ainsi que les restrictions applicables à ces substances
(REACH) a recensé 3 000 substances chimiques dont il est établi
qu’elles perturbent le système endocrinien, mais seules six de ces
3 000 substances font actuellement l’objet d’une évaluation. Il
est nécessaire de mettre au point des systèmes d’évaluation très
rapide des effets des substances chimiques sur l’organisme humain
et de prendre des mesures spécifiques pour éviter l’exposition à
ces substances.
2.2.2.4. Reformulation de produits alimentaires
46. Les gouvernements doivent promouvoir la reformulation
des produits alimentaires de grande consommation afin que soit réduite
la quantité de sel, de sucre ajouté, de graisses saturées et d’acides
gras trans, de même que la disponibilité de gammes de produits plus
sains. Cela pourrait se faire en établissant des engagements formels
avec les producteurs alimentaires
.
47. Les recommandations émises par l’OMS doivent être appliquées
afin de garantir que des aliments contenant moins de sel, de graisses
et de sucre soient disponibles et accessibles pour tous les citoyens,
y compris les groupes vulnérables; ces mesures doivent être soutenues
par des campagnes de sensibilisation de l’opinion et d’autres mécanismes
tels que l’étiquetage sur la face avant de l’emballage. Les Etats
membres devraient aussi continuer à développer et/ou améliorer les
lignes directrices nationales existantes sur la diététique alimentaire
afin de prendre en compte la nécessité d’enrayer l’épidémie d’obésité.
48. La législation européenne en matière d’hygiène peut être appliquée
au contrôle de la distribution des aliments. Cependant, les règles
en la matière aboutissent parfois à des effets contraires aux résultats recherchés.
Tel est le cas de la distribution de fruits à l’école, parfois impossible
pour des raisons d’hygiène.
2.2.3. Commercialisation des aliments
2.2.3.1. Marketing et publicité
49. De nombreux éléments entrent en jeu dans la diffusion
de l’épidémie d’obésité: la publicité pour les aliments est certainement
un facteur important à cet égard. Divers organismes indépendants
ont attiré l’attention sur le risque de surpoids et d’obésité auquel
sont confrontés les enfants en Europe et ont recommandé un réexamen
complet des méthodes de publicité des produits alimentaires pour
enfants, en particulier à la télévision.
50. Plusieurs études soulignent les effets de la publicité sur
les préférences alimentaires des enfants
. Les campagnes commerciales
intensives visant à promouvoir les aliments à forte densité calorique
et les établissements de restauration rapide augmentent les risques
de surpoids et d’obésité. Plusieurs enquêtes ont permis de démontrer
l’impact du marketing alimentaire sur les enfants en matière de
sensibilisation, de préférences alimentaires, de comportement, de
demandes d’achat et de consommation.
51. S’agissant de l’exposition des enfants à la publicité, les
données disponibles pour l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie
et le Royaume-Uni montrent que les plages horaires télévisuelles
destinées aux enfants incluent en moyenne une publicité alimentaire
toutes les cinq minutes. Cela équivaut à 33 000 publicités par an.
Presque 60 % des publicités alimentaires sont programmées pour passer
entre 16 heures et 21 heures, et environ 40 % des annonces concernant
les boissons non alcoolisées, la confiserie, les collations, la
restauration rapide et les céréales sont diffusées durant les plages
horaires des enfants
.
52. Pour les spécialistes du marketing, la télévision constitue
le meilleur moyen d’atteindre un grand nombre d’enfants, et ce à
un âge beaucoup plus précoce qu’ils ne peuvent le faire avec la
presse écrite. Internet et les téléphones mobiles facilitent davantage
encore leur accès à la sphère privée des enfants. Dans leurs activités de
marketing, un grand nombre d’entreprises de restauration rapide
se servent aussi de jouets pour attirer les enfants. Le Parlement
espagnol a discuté de l’opportunité d’interdire la distribution
de jouets en plastique dans l’emballage des produits alimentaires.
Aux Etats-Unis, plusieurs initiatives
visant
à interdire l’utilisation de jouets dans l’emballage des aliments
pour enfants ont été lancées cette année.
53. Je suis convaincu qu’il convient d’exclure la publicité télévisée
et le téléachat des émissions destinées aux enfants et des plages
horaires qui les séparent.
54. J’ai appris récemment qu’au Royaume-Uni des enfants perçoivent
jusqu’à 25 livres sterling par semaine pour promouvoir des boissons
sucrées non alcoolisées et d’autres produits dans les sites de certains
réseaux sociaux ou dans la cour de récréation. Les entreprises se
tournent vers ces pratiques douteuses depuis que des mesures énergiques
ont été prises contre les publicités télévisées des produits nocifs
pour la santé. Certains sites web recrutent des milliers d’enfants
à partir de 7 ans pour qu’ils participent à des enquêtes qui serviront
aux grandes entreprises à façonner leurs produits et leurs stratégies
.
55. Je rejoins l’avis de certains observateurs selon lesquels
il est difficile de prohiber ce type de promotions dans les sites
web du seul fait que rien ne prouve, pour la plupart de ces sites,
qu’ils visent explicitement les enfants.
56. Les parents doivent guider les habitudes alimentaires de leurs
enfants et les écoles doivent les soutenir dans ce sens. Les écoles
doivent encourager une alimentation saine et la pratique de l’exercice,
et, pour mener cette tâche à bien, elles doivent recevoir les financements
nécessaires.
57. Un groupe de travail de l’International Obesity Taskforce
a défini une série de principes pour guider les mesures nationales
et transnationales visant à réduire au minimum les promotions commerciales
qui ciblent les enfants, connus sous le nom de principes de Sydney
. Selon
l’International Obesity Taskforce, il incombe à la société de protéger
les enfants contre l’exploitation commerciale. Les enfants sont
particulièrement vulnérables à l’exploitation commerciale, et la
réglementation doit être assez efficace pour leur offrir un niveau de
protection élevé. La protection des enfants est la responsabilité
de chaque section de la société – les parents, les gouvernements,
la société civile et le secteur privé.
58. Seule une réglementation ayant force de loi (tant au niveau
de l’Union européenne qu’à l’échelon national) peut garantir un
niveau de protection élevé pour les enfants contre le marketing
ciblé et l’impact négatif qu’il a sur leur alimentation. L’autodiscipline
de l’industrie ne suffira pas pour atteindre cet objectif. La réglementation
doit couvrir tous les types de ciblage commercial des enfants (publicités
télévisées, presse écrite, parrainages, concours, programmes de
fidélisation, placements de produits, marketing sur mesure, internet)
et être suffisamment souple pour inclure les nouvelles méthodes
de commercialisation à mesure qu’elles apparaissent. La réglementation
doit veiller à ce que les promotions commerciales qui ciblent spécifiquement
les enfants ainsi que les distributeurs automatiques de produits
alimentaires malsains soient absents des structures de l’enfance,
qu’il s’agisse des écoles, des garderies ou des centres de la première enfance.
59. Il convient d’adopter des mesures d’application sur la commercialisation
des aliments riches en graisses, en acides gras trans de synthèse,
en sel et en sucre, en s’inspirant des modèles qui sont déjà en vigueur
dans certains Etats membres. Ces dispositifs s’appuieront sur des
critères stricts pour déterminer les produits alimentaires autorisés
ou interdits. Je suis d’avis que la publicité clandestine ainsi
que la distribution de produits alimentaires malsains doivent être
bannies.
60. Les gouvernements doivent appliquer une réglementation rigoureuse
pour ce qui est des allégations concernant la valeur nutritive ou
sanitaire des produits alimentaires. Des critères stricts et indépendants (définissant
des profils nutritionnels) doivent être élaborés pour identifier
les produits qui contribuent effectivement à une alimentation saine
et peuvent prétendre à ce type allégations. Il importe en effet
de ne pas tromper les consommateurs quant au profil d’un produit
en matière de santé publique.
2.2.3.2. Etiquetage sur la face avant de l’emballage
61. En vertu de la législation de l’Union européenne,
l’étiquetage nutritionnel est facultatif, mais il devient obligatoire
pour les produits qui prétendent avoir des vertus nutritionnelles
ou des effets bénéfiques pour la santé (en «aidant», par exemple,
«à faire baisser le niveau de cholestérol»), ou lorsque des vitamines
ou des minéraux sont volontairement ajoutés aux aliments. La Directive
2000/13/CE de l’Union européenne relative au rapprochement des législations
des Etats membres concernant l’étiquetage et la présentation des
denrées alimentaires ainsi que la publicité faite à leur égard
est
citée comme l’un des textes de référence en ce qui concerne les
décisions d’étiquetage dans les Etats membres de l’Union. L’étiquetage
nutritionnel des produits alimentaires est régi par la Directive
90/496/CEE. L’exemple de l’Union montre qu’il est pratiquement impossible
d’avoir un étiquetage nutritionnel unifié pour tous les pays. Ce
n’est pas non plus nécessaire. Le plus important est que lorsqu’un
produit est censé être bon pour la santé des enfants et des jeunes,
la preuve en soit apportée de manière transparente pour les consommateurs.
62. Une réglementation adaptée à la santé garantirait que les
consommateurs disposent d’informations claires et probantes sur
tous les produits alimentaires, notamment les boissons alcoolisées,
et les aiderait à distinguer facilement et en un coup d’œil les
produits bénéfiques pour la santé.
63. Je recommande vivement que la face avant des emballages mentionne
la teneur des produits en calories, en acides gras saturés, en sucre
et en sel. Il est impératif que ces substances nutritives soient
mises en évidence, car la diminution de leur consommation réduira
considérablement le risque de maladie cardio-vasculaire et d’obésité.
64. Dans leurs réponses au questionnaire, les pays font état de
pratiques différentes. Certains d’entre eux indiquent utiliser actuellement
les «repères nutritionnels journaliers» (RNJ), tandis que d’autres
se montrent plus réservés à cet égard. L’Estonie et la République
tchèque considèrent que les RNJ peuvent induire en erreur. Le calcul
des repères nutritionnels journaliers reposant sur le nombre de
calories dont a besoin une femme de 40 ans, modérément active, avec
un total de 2 000 kilocalories par jour, même un produit qui n’est pas
sain peut paraître tel sur la base de ce mode de calcul. Ce type
d’information n’est pas adapté aux besoins des enfants et des jeunes.
65. Les Etats membres sont généralement favorables à une signalisation
des fruits et légumes contenus dans les aliments sous emballage,
par exemple avec le symbole «cinq par jour» utilisé en Estonie.
D’autres formes d’étiquetage indiquant la teneur en graisse, en
sel et en sucre, comme le «symbole du cœur» en Finlande et le «trou
de serrure nordique» en Islande, leur paraissent efficaces pour
protéger la santé du consommateur.
66. Selon certaines recherches, les consommateurs considèrent
que le «système de signalisation tricolore» est le plus facile à
comprendre. Ce système indique clairement si un produit a une teneur
faible, moyenne ou forte en telle ou telle substance nutritive,
et les aide à faire des choix entre et à l’intérieur de différentes catégories
d’aliments.
67. Les Etats membres indiquent par ailleurs que le système des
RNJ et le système de signalisation tricolore
ont tous deux l’inconvénient
de pouvoir apparaître sur tous les produits alimentaires en donnant
l’air d’être sains à des produits qui ne le sont pas, par exemple
les boissons à base de cola qui ne contiennent ni graisse ni sodium
mais sont néanmoins mauvaises pour la santé.
68. En théorie, avec le système de signalisation tricolore, en
choisissant un plus grand nombre de produits marqués en vert, le
consommateur opte pour un style de vie sain. Cependant, lorsqu’un
produit est marqué de plusieurs couleurs et ne peut être comparé
à un autre produit de même catégorie, le choix est difficile. En
outre, ce système de signalisation peut être cause d’erreurs diététiques
et induire les consommateurs qui privilégient certains produits
marqués en vert à choisir une alimentation non équilibrée du fait
de l’insuffisance de certains ingrédients (marqués en rouge ou orange)
ou de l’excès d’autres (marqués en vert).
69. Je suis néanmoins convaincu que, pour réduire la prévalence
de l’obésité, il est essentiel que les consommateurs puissent identifier
les aliments sains et les choix favorables à la santé; dans le cas
de l’obésité infanto-juvénile, les parents et les personnes qui
assurent la garde des enfants doivent être aidés pour pouvoir choisir
des options bénéfiques pour la santé. Comme l’indique le deuxième
plan d’action de l’OMS relatif à la nutrition, l’étiquetage nutritionnel
est l’un des éléments clés d’une stratégie globale, ainsi qu’un
outil efficace pour soutenir la mise en œuvre d’une éducation nutritionnelle.
2.2.4. Risques liés aux produits de restauration rapide
70. Les enfants qui mangent quotidiennement des produits
de restauration rapide, couramment appelés
junk
food en anglais
,
s’habituent à ce type d’alimentation. Les pays devront donc traiter
ce problème par des moyens curatifs et pas seulement par la prévention
.
71. De plus, les groupes à faible revenu, comparés aux riches,
mangent moins bien, paient plus pour ce qu’ils obtiennent en termes
relatifs et ont un accès plus restreint à une alimentation saine.
En effet, l’obésité apparaît souvent dans les familles à bas revenu.
Le facteur économique est déterminant lorsqu’il s’agit de décider
d’achats alimentaires. Manger des produits de restauration rapide
est aujourd’hui moins coûteux qu’un repas normal. Cela est souvent
le cas, malheureusement, dans les cantines scolaires. Il semble, paradoxalement,
que dans les établissements pénitentiaires les repas sont plus sains
que dans les hôpitaux ou les écoles. Je suis absolument convaincu
que «bon marché» à court terme voudra dire «très coûteux» à long
terme si rien n’est fait pour modifier cette situation. Il est donc
nécessaire que l’Etat intervienne.
2.2.5. Politiques de taxation des produits alimentaires
72. Etant donné que les aliments de restauration rapide
ne favorisent pas une alimentation saine, les gouvernements devraient
envisager d’introduire des taxes sur les aliments riches en graisse
– en particulier en acides gras trans de synthèse – ainsi qu’en
sel et en sucre. Dans le même temps, il conviendrait d’ajuster les
prix pour promouvoir la consommation de fruits et légumes et d’autres
aliments sains.
73. Les interventions relatives à la fixation des prix engendrent
des changements visibles dans les comportements de consommation
alimentaire et une diminution des maladies liées à l’alimentation, notamment
lorsque l’approche favorise la diversification des aliments
. Je suggère que les taxes ciblant les aliments
riches en acides gras trans de synthèse, en sel et en sucre soient
compensées en utilisant les recettes engendrées pour diminuer le
coût des aliments sains, en particulier pour les populations à faible
revenu. Si toutefois des subventions existent déjà en faveur des
denrées bénéfiques pour la santé, les gouvernements peuvent envisager
d’injecter les recettes fiscales dans le système de santé.
2.3. Promotion d’un mode de vie sain
2.3.1. Au niveau individuel
74. Les Etats membres devraient sensibiliser les enfants
et les jeunes à leurs besoins de développement, en les aidant à
comprendre le caractère nutritionnel des aliments au lieu de les
considérer comme des produits de substitution visant à satisfaire
d’autres besoins ou à compenser certains états déplaisants
. On
a pu établir que des états affectifs comme la tristesse ou la colère
sont particulièrement aptes à entraîner une perte de contrôle conduisant
à une suralimentation conditionnée
.
75. Ces états affectifs intensifient le besoin de manger, manger
devenant une forme d’«automédication» dont les individus se servent
pour se calmer. En outre, lorsque les affects contribuent à amplifier
l’effet gratifiant
,
le besoin de gratification devient encore plus difficile à contrôler
. Il est donc nécessaire
d’apporter un soutien psychologique, d’accompagner les enfants en
détresse, pour éviter qu’ils ne se réfugient dans l’addiction à
la nourriture.
76. Chacun sait que le problème ne se limite pas à l’apport en
calories, mais concerne également des modes de vie de plus en plus
sédentaires. Le manque d’activité physique des enfants et des jeunes
contribue en grande partie à augmenter la prévalence de l’obésité
en Europe. Je voudrais donc attirer l’attention sur la nécessité
urgente d’en finir avec le mode de vie sédentaire des sociétés modernes,
en éduquant les enfants et les jeunes en conséquence.
77. Les résultats concernant le volume et l’intensité de l’activité
physique sont très proches d’une étude ou d’un pays à l’autre en
Europe
. Ils indiquent que
deux tiers des jeunes européens ne pratiquent pas une activité physique
suffisante ou appropriée, et que les niveaux d’activité physique
diminuent nettement avec l’âge
. L’obésité
provenant d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques,
un accroissement des modes de vie sédentaires forme une partie de
l’équation. Il est donc important d’encourager les jeunes à pratiquer
une activité physique, afin qu’ils adoptent un mode de vie sain
qui se poursuivra tout au long de la vie, mais aussi qu’ils tirent
profit des autres avantages de l’activité physique: meilleure image
de soi, meilleure qualité de vie, meilleure conscience de son état
de santé et amélioration des relations avec la famille et les pairs.
78. Je pense également qu’il est nécessaire d’étudier la relation
entre l’allongement du temps passé devant la télévision et l’ordinateur
et l’obésité, puisque ces deux outils génèrent les principaux comportements sédentaires
chez les jeunes
.
79. Il est aussi très important de donner aux enfants et aux jeunes
la possibilité de se réaliser individuellement, que ce soit dans
le cadre de l’éducation formelle ou dans leur vie sociale, et de
développer ainsi chez eux l’autonomie, le sentiment de leur valeur
propre et la capacité à prendre des décisions éclairées au sujet
de leur vie. Un enfant accompli ne cherchera pas une gratification
dans les aliments et sera moins dépendant de la stimulation résultant
d’un apport élevé en sucre ou en graisse. En outre, les résultats
sportifs sont hautement bénéfiques au développement de l’enfant
et devraient donc être fortement encouragés.
80. Les initiatives de certains professionnels comme Jamie Oliver
au
Royaume-Uni et Cyril Lignac
en France
visant à promouvoir une alimentation saine parmi les enfants et
les jeunes en les incitant à préparer eux-mêmes leurs aliments sont
tout à fait positives. Certaines de ces émissions, qui sont accessibles
sur l’internet et à la télévision, représentent un soutien important
pour les enfants et les aident à acquérir facilement certaines compétences
essentielles pour la vie. L’accès à l’autonomie individuelle au
moment de l’adolescence doit être compris comme impliquant aussi
l’aptitude à se nourrir correctement et à préparer ses propres repas. Les
initiatives susmentionnées doivent donc être soutenues.
2.3.2. Dans la famille
81. Le bien-être des enfants et des jeunes commence au
sein de la famille. Je cherche à attirer l’attention sur les dommages
pour nos sociétés si elles ne tiennent pas compte de la situation
actuelle en matière d’alimentation. Malheureusement, il est très
facile pour les parents d’ignorer leurs responsabilités à cet égard. Je
voudrais par conséquent rappeler qu’il n’est pas de plus grande
responsabilité que la sauvegarde de l’avenir de nos enfants. La
négligence des parents qui permettent à leurs enfants de manger
plus qu’il est nécessaire à un développement sain est regrettable.
On a constaté que certains enfants consomment jusqu’à 6 000 calories
pendant la seule journée de Noël. La suralimentation peut aussi
être considérée comme un facteur de risque et une forme de mauvais
traitement, et des mesures devraient être prises pour l’empêcher.
82. La première mesure à prendre au moment de la naissance de
l’enfant est de veiller à ce que la mère soit encouragée à allaiter
au sein (voir paragraphe 39). L’allaitement exclusif au sein devrait
être encouragé depuis la naissance jusqu’à l’âge de six mois. Les
dispositifs de congé maternité devraient tenir compte de ces recommandations
et un ensemble de mesures sociales et d’emploi adaptées devrait
être mis en place pour faciliter ce type de pratique. Il importe
de faire respecter les pauses d’allaitement prévues dans la plupart
des législations nationales pour protéger les femmes qui allaitent
et d’apporter un soutien à cet égard, ainsi que des locaux séparés
pour permettre aux femmes qui recommencent à travailler de continuer
à allaiter leur enfant.
83. Les professionnels de la santé doivent veiller à ce que les
femmes enceintes (et leurs partenaires) disposent des informations
et des conseils nécessaires sur l’importance d’une bonne alimentation
durant la grossesse, notamment par une approche plus large de la
santé publique et de la grossesse. Il faut également insister sur
les effets négatifs de la consommation d’alcool et de tabac.
84. Au sein de l’Union européenne, plus de sept personnes sur
dix interrogées dans le cadre d’une enquête d’Eurobaromètre sur
la santé et l’alimentation
considèrent que les parents ou les personnes
qui assurent la garde des enfants sont les personnes qui exercent
l’influence la plus forte sur ce que mangent les enfants. Cette
proportion varie de 58 % en Italie à 84 % en Finlande. Un tiers
des citoyens de l’Union européenne (34 %) considèrent que le moyen
le plus efficace d’améliorer l’alimentation des enfants serait de
mieux informer leurs parents
.
85. Les enfants en bas âge ne se procurent pas tout seuls des
aliments et des boissons à forte densité calorique. Il revient aux
parents, aux grands-parents, aux autres proches et au personnel
des jardins d’enfants de s’employer à retarder l’introduction des
produits à forte teneur en graisse, en sucre et en sel.
2.3.3. A l’école
86. Le secteur de l’éducation formelle a un rôle décisif
à jouer pour combattre l’obésité. Les politiques scolaires et préscolaires
devraient être conçues de façon à tenir pleinement compte de la
nécessité de prévenir l’obésité et le diabète de type 2 parmi les
enfants et les jeunes. Il est essentiel d’éduquer les enfants et
les jeunes à se nourrir de façon saine et de les sensibiliser en
général à la valeur nutritionnelle des différentes denrées alimentaires.
Il convient de noter l’importance du rôle attribué à l’école pour
améliorer les habitudes alimentaires des enfants: l’éducation des
enfants à l’école est en effet le type d’intervention le plus fréquemment
mentionné (après l’information des parents) à cet égard
.
87. Certains pays déclarent avoir obtenu des résultats notables
en prenant en compte la totalité du fonctionnement de l’école, c’est-à-dire
en adoptant une «approche scolaire globale». L’«Initiative des écoles soucieuses
de l’alimentation des enfants» en Croatie et la campagne «Healthy
kids»
en
Australie en sont des exemples intéressants.
88. Le Gouvernement du Canada a travaillé avec l’OMS à établir
un Cadre OMS pour les politiques scolaires
qui
a été rendu public en novembre 2008. Ce cadre cherche à promouvoir
une alimentation saine et l’activité physique au moyen de certains
changements environnementaux, comportementaux et éducatifs. Il vise
à fournir aux Etats membres des orientations sur la manière de développer
et de mettre en œuvre des politiques scolaires durables à l’échelon
national et/ou infranational pour promouvoir et soutenir une alimentation
saine et l’activité physique.
89. L’expérience de coopération internationale et d’échange de
bonnes pratiques dans le cadre du Réseau européen des écoles promotrices
de santé s’est également révélée positive et devrait être encouragée.
90. Je recommanderais également aux gouvernements de promouvoir
un petit déjeuner sain à la maison et l’idée d’amener à l’école
des repas et des collations sains préparés à la maison par des campagnes
et des annonces.
2.3.3.1. Repas scolaires
91. Les Etats membres devraient continuer à prendre des
mesures pour appliquer la Résolution ResAP(2005)3 sur une alimentation
saine à l’école
,
en prêtant particulièrement attention à la qualité des repas scolaires,
en améliorant leur valeur nutritionnelle, notamment par une réduction
de leur teneur en acides gras trans, sel et sucre, en augmentant
la consommation de fruits et légumes et en veillant à ce que le
prix des repas scolaires sains reste abordable pour tous les enfants
et les jeunes.
92. Il ressort des réponses au questionnaire de la commission
que la qualité des repas scolaires est réglementée par la loi dans
un certain nombre d’Etats membres afin de prévenir l’obésité (Ukraine),
de promouvoir une alimentation plus saine (Malte), notamment en
augmentant la consommation de fruits et de légumes (Portugal, Hongrie),
et de réduire la consommation de produits alimentaires et de boissons
mauvais pour la santé
.
93. Au Royaume-Uni, une commission d’examen des repas scolaires
a été créée pour améliorer la valeur nutritionnelle des repas scolaires
à la suite d’une campagne menée récemment par un chef cuisinier
célèbre, Jamie Oliver, qui a mis en lumière le faible niveau de
qualité des repas servis dans les écoles. Cette commission se compose
de spécialistes de la santé et de la nutrition, et requiert aussi
la participation des parents afin d’assurer que les améliorations
introduites à l’école soient aussi prises en compte au domicile
des enfants
.
94. Les fruits et les légumes doivent être présentés comme des
aliments attractifs et goûteux. En outre, les gouvernements doivent
envisager de distribuer gratuitement des fruits et légumes dans
les écoles, notamment dans celles situées dans les zones défavorisées,
s’assurer que les aliments vendus en milieu scolaire (magasins dans
l’enceinte scolaire, cantines et distributeurs d’aliments) sont
bons pour la santé, et interdire la vente et la promotion d’aliments
antidiététiques en milieu scolaire.
2.3.3.2. Activité physique obligatoire et financement de
la promotion du sport à l’école
95. Le développement de l’activité physique à l’école
est le type d’intervention le plus fréquemment décrit comme le plus
efficace pour réduire la prévalence de l’obésité infantile en Europe
.
96. Dans leurs réponses au questionnaire, le Canada, Malte et
la Suède font état d’initiatives pour développer l’activité physique
et promouvoir la pratique des sports à l’intérieur et à l’extérieur
de l’école chez les enfants et les jeunes.
97. Les Etats membres devraient prendre des mesures pour mettre
en œuvre la Recommandation Rec(2003)6 du Comité des Ministres aux
Etats membres sur l’amélioration de l’éducation physique et du sport pour
les enfants et les jeunes dans tous les pays européens. En particulier,
les Etats devraient réfléchir aux moyens d’améliorer l’éducation
physique et les activités sportives pour tous les enfants et les
jeunes, y compris les enfants et les jeunes handicapés; ils devraient
aussi examiner, notamment par un travail d’enquête, si, à la lumière
des résultats des récentes études internationales, il est nécessaire
à l’échelon national:
- de redéfinir
le but et la fonction de l’éducation physique et du sport à l’intérieur
du programme scolaire;
- d’examiner le besoin d’améliorer la qualité de l’éducation
physique et des activités sportives proposées aux enfants et aux
jeunes à l’école, et allouer le temps nécessaire, par exemple trois
heures d’éducation physique par enfant par semaine, à la réalisation
des objectifs établis en ce domaine;
- de promouvoir la norme idéale d’une heure d’activité physique
par jour pour tous les enfants et les jeunes, en y incluant l’éducation
physique et les activités sportives dans le contexte scolaire et
les activités sportives de loisirs en dehors de l’école;
- d’examiner les domaines suivants: le programme d’enseignement,
le statut de l’éducation physique comme matière d’enseignement,
les ressources financières disponibles, les conditions d’accès aux équipements
existants et leur état, les questions d’égalité entre les sexes
et les questions liées au handicap;
- de prendre des mesures, à la lumière des résultats de
cet examen, pour améliorer la motivation et le statut des enseignants
d’éducation physique afin d’attirer et de maintenir les jeunes dans
la profession;
- d’améliorer la qualité de la formation initiale et continue
des enseignants d’éducation physique et de sport, afin d’accroître
le nombre d’enseignants d’éducation physique convenablement formés
dans les pays européens et, le cas échéant, de réviser et d’améliorer
les programmes de formation;
- de lancer des campagnes de promotion d’un style de vie
plus actif pour les enfants et les jeunes, en prenant des mesures
pour améliorer les équipements de loisirs et les programmes d’activités
sportives au niveau local.
98. Les initiatives en ce domaine devraient cependant tenir dûment
compte de la situation de chaque enfant. Il est en effet difficile
de demander à un enfant atteint d’obésité grave de commencer à participer
à des activités sportives. Le risque de crise cardiaque existe si
l’organisme est incapable de supporter l’effort physique.
99. Les gouvernements, en outre, devraient aider les services
d’éducation locaux à mettre en place des programmes de promotion
des modes de transport actifs pour aller à l’école, comme la marche
et le vélo.
2.3.3.3. Suivi médical à l’école
100. Bien que certaines études montrent que le fait de
manger n’est pas toujours lié à la faim et peut répondre à d’autres
besoins, manques ou désirs, la consommation alimentaire et l’exercice
physique sont les deux principaux domaines dans lesquels il est
possible d’agir. Toutes les mesures prises à cet égard doivent évidemment
donner lieu à un suivi médical adéquat. La mise en place d’examens
pédiatriques réguliers adaptés et d’autres formes de suivi médical
à l’école faciliterait la prévention de l’obésité et du diabète
de type 2.
2.3.4. Au niveau des collectivités locales
101. Dans tous les Etats membres du Conseil de l’Europe,
les politiques de l’enfance et de la jeunesse devraient soutenir
l’inclusion et la participation des enfants et des jeunes à la conception
des mesures de prévention de l’obésité et du diabète de type 2.
La participation entière des enfants et des jeunes à la vie de la société,
y compris ceux qui sont atteints d’obésité/surpoids ou du diabète
de type 2, devrait devenir une priorité de l’action des pouvoirs
publics.
102. L’éducation à la prévention de l’obésité et du diabète de
type 2 doit, dans le contexte actuel, se poursuivre tout au long
de la vie
. Les
communautés locales et les autorités publiques locales devraient promouvoir
et faciliter l’accès des enfants et des jeunes aux équipements sportifs
et aux lieux publics servant aux activités physiques. Ces lieux
devraient être des lieux sûrs pour les enfants et les jeunes, et
contribuer à leur pleine intégration dans la société. De plus, les
autorités publiques devraient faciliter tout particulièrement l’accès
des catégories les plus pauvres de la population aux équipements
sportifs, ceux-ci étant parfois réservés aux catégories à haut revenu.
2.4. Promotion d’un environnement sain
103. L’obésité infanto-juvénile montre à mon avis clairement
l’influence déterminante de l’environnement et l’échec des stratégies
de prévention classiques fondées sur la promotion de la santé. Les
sociétés modernes sont des environnements «obésogènes»: elles favorisent
la surconsommation alimentaire et la diffusion de modes de vie sédentaires
qui accroissent le risque d’obésité.
104. Un environnement bénéfique pour la santé qui favorise l’activité
physique et propose un choix d’aliments sains à moindre coût faciliterait
énormément la baisse de l’obésité infanto-juvénile. Les responsables
politiques doivent explorer les mécanismes susceptibles d’avoir
un impact sur les principaux facteurs qui influent sur la consommation
et le niveau d’activité des personnes. Les modifications du cadre
environnant comptent particulièrement dans le cas des enfants qui
sont moins aptes à choisir leur propre mode de vie.
105. Les collectivités locales ont potentiellement un rôle essentiel
à jouer dans la création d’un environnement et de conditions favorables
à l’activité physique, à une vie active et à une alimentation saine, et
elles devraient bénéficier d’un soutien dans leurs efforts pour
modifier la situation actuelle
.
2.4.1. Environnement bâti
106. Toutefois, de même que l’environnement alimentaire,
l’environnement urbain contribue à renforcer significativement l’épidémie
d’obésité; les gouvernements doivent prendre des mesures et des
initiatives qui permettront d’aménager un environnement naturel
et bâti favorable à la santé. Ces mesures doivent comprendre des
systèmes d’urbanisme et de transports améliorés, et notamment renforcer
la sécurité de certaines zones urbaines, afin de soutenir les modes
de transport actifs comme la marche et le vélo. Elles sont particulièrement
importantes pour les zones à faible revenu dans lesquelles l’activité
physique est rarement mise en avant. Dans cette perspective, il
ne faut pas négliger l’importance des espaces verts.
107. Dans l’intérêt particulier des enfants et des jeunes, les
responsables politiques doivent envisager de prendre des mesures
permettant d’améliorer la mise en place d’installations sportives
et récréatives dans les écoles et les espaces communautaires. S’il
convient de consacrer une large place au sport dans le programme scolaire
pour encourager l’activité physique, il importe tout autant de soutenir
des activités extrascolaires et non formelles. Par ailleurs, il
convient d’élaborer des programmes permettant d’aller à l’école
à pied ou en vélo.
108. Les Etats membres devraient promouvoir la mise en œuvre de
la Recommandation CM/Rec(2009)8 du Comité des Ministres sur «Parvenir
à la pleine participation grâce à la conception universelle»
et
des articles pertinents de la Convention des Nations Unies sur les
droits des personnes handicapées, afin d’assurer que l’environnement
bâti est pleinement accessible à tous, y compris les enfants atteints
d’obésité grave, de manière à favoriser leur participation aux activités
culturelles, sportives et de loisirs.
2.4.2. Mobilité urbaine
109. La politique des transports a la capacité d’améliorer
la santé en encourageant les déplacements actifs pour les familles,
et surtout pour les jeunes. Malheureusement, l’environnement urbain
n’est pas toujours propice à ce choix, avec des flux de circulation
rapides, des voies cyclables ou piétonnières insuffisantes, et une
pollution atmosphérique qui n’incite pas à choisir des solutions
de transport actif comme la marche à pied ou le vélo
.
110. Les gouvernements devraient, à mon avis, prendre des mesures
pour améliorer l’environnement urbain aux fins de changer les comportements
qui tendent à l’immobilisation, en faisant des modes de transport durables
le choix le plus attractif, le plus sain, le plus sûr et plus intelligent.
Les gouvernements doivent également prendre des mesures «douces»,
par exemple des programmes destinés à modifier les comportements
relatifs au transport, qui visent à travailler sur la perception
des gens, à leur fournir des informations appropriées, et à surmonter
les obstacles qui entravent le passage à des choix plus «judicieux» et
durables en matière de transport. Le réaménagement des zones d’habitation
constitue un moyen efficace de faciliter la transition vers d’autres
modes de transport.
111. La tarification routière peut également jouer un rôle important
dans une politique de transport urbain durable, en incitant le citadin
à changer son mode de déplacement et la fréquence de ses déplacements,
et à utiliser les transports en commun.
3. Traitement
3.1. Intervention précoce et gestion de l’obésité et
du diabète de type 2
112. Le système de santé a un rôle extrêmement important
à jouer à l’égard des personnes à haut risque et de celles déjà
atteintes de surpoids ou d’obésité, notamment au moyen de la conception
et de la promotion de mesures de prévention et de la fourniture
de diagnostic, de dépistage et de traitement
.
113. Il est évident que les enfants ne doivent pas être soumis
à des traitements médicamenteux intensifs, ni à des pratiques chirurgicales
comme l’introduction d’anneaux gastriques ou la chirurgie de pontage
gastrique. De telles pratiques peuvent mettre en danger la vie d’un
enfant. Il est donc essentiel de prévenir l’obésité, en veillant
à empêcher qu’un enfant ou un jeune n’atteigne le stade où l’application
de mesures aussi radicales devient nécessaire. Une intervention
et un traitement précoces de l’obésité et du diabète de type 2 sont
en effet décisifs.
114. Je soutiens fortement la position de l’OMS sur le rôle des
services de santé dans la prévention et le traitement de l’obésité,
telle qu’exprimée dans la Stratégie mondiale pour l’alimentation,
l’exercice physique et la santé, et dans le récent rapport sur les
stratégies de prévention de l’obésité infantile dans la population
.
115. Les contacts réguliers avec le personnel des services de santé
pourraient inclure des conseils pratiques aux patients et aux familles
sur les avantages d’une alimentation saine et d’un niveau plus élevé
d’activité physique, associés à des mesures de soutien pour aider
les patients à adopter et maintenir des comportements sains. Les
gouvernements devraient réfléchir à la mise en place d’incitations
pour développer des services de prévention de ce type et identifier
les moments opportuns aux fins de la prévention dans le cadre des
services cliniques existants, notamment en améliorant les mesures
financières visant à encourager et permettre aux professionnels
de santé de consacrer plus de temps à la prévention.
116. Les prestataires de soins de santé, en particulier de soins
de santé primaires, mais aussi d’autres services (comme les services
sociaux) ont un rôle important à jouer. En posant régulièrement
des questions sur les habitudes alimentaires essentielles et l’activité
physique des personnes qu’ils rencontrent, en leur fournissant une
information simple et en les aidant à acquérir l’aptitude à modifier
leur comportement, sur la base d’une approche prenant en compte
le déroulement de la vie, ils peuvent atteindre une grande partie
de la population et de telles interventions sont d’un bon rapport
coût/efficacité. La formation des professionnels de santé, la diffusion
de lignes directrices adaptées et la mise en place de dispositifs
d’incitation constituent des éléments implicites essentiels à la
mise en œuvre de telles interventions
.
3.2. Réhabilitation des enfants et des jeunes atteints
d’obésité et de diabète de type 2
117. La conception des programmes de réhabilitation doit
prendre en compte les besoins et les intérêts des enfants. Il importe
de veiller à ce que les enfants trouvent du plaisir à ce qu’ils
font. Trop souvent, ce type de programmes ne tient pas compte de
ce facteur. La participation des enfants à l’élaboration de ces
programmes représente par conséquent un important facteur de réussite.
118. Certains pays font état de pratiques de réhabilitation dans
lesquelles les enfants sont placés dans un centre de réhabilitation
où ils apprennent à cuisiner et à modifier leur style de vie. Malheureusement,
lorsque ces enfants rentrent chez eux, les anciennes habitudes reprennent
souvent le dessus. Un soutien adapté et un suivi à domicile sont
donc essentiels à la réussite du traitement.
3.3. Améliorer la capacité des Etats membres à rechercher
et trouver des solutions
119. Des mesures spécifiques doivent être prises pour
renforcer la capacité des Etats membres à rechercher et trouver
des solutions, notamment en améliorant de façon notable la collecte
et l’analyse des données. J’ai constaté avec surprise que 16 des
28 pays qui ont répondu au questionnaire ne recueillent pas de statistiques sur
les enfants atteints du diabète de type 2, par exemple.
120. Les Etats membres devraient donc instaurer des dispositifs
leur permettant de collecter des données sur les enfants atteints
du diabète de type 2. Les pays où de tels dispositifs existent devraient
être invités à partager leur expérience et à fournir des conseils
sur les moyens de surmonter les obstacles en ce domaine. Les pays
qui rencontrent des difficultés pour recueillir les données devraient
pouvoir obtenir l’aide et les conseils dont ils ont besoin. Les
organisations internationales spécialisées devraient apporter un
soutien adéquat aux initiatives de recherche visant à enrayer le
développement de l’épidémie d’obésité et de diabète de type 2.
4. Conclusions et recommandations
121. L’Assemblée devrait recommander aux Etats membres
de prendre un certain nombre de mesures, telles qu’énumérées dans
les projets de résolution et de recommandation, pour promouvoir
des habitudes alimentaires saines, un style de vie sain et un environnement
sain, afin de protéger les enfants de l’obésité et du diabète de
type 2.