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Recommandation 1469 (2000)
Mères et bébés en prison
1. La Recommandation 1257 (1995) de l'Assemblée relative aux conditions de détention dans les Etats membres du Conseil de l'Europe préconise un recours plus limité aux peines de prison.
2. Malgré cela, le nombre de femmes condamnées à l'emprisonnement ou placées
en détention provisoire augmente dans maints Etats membres du Conseil de
l'Europe. L'écrasante majorité des femmes incarcérées sont inculpées ou
condamnées pour des délits relativement mineurs et ne représentent pas un
danger pour la communauté.
3. On ignore combien de nourrissons et de
jeunes enfants sont séparés de leur mère en prison. On dénombre environ 100 000
femmes dans les établissements pénitentiaires des pays européens et la «Howard
League for Penal Reform» (Ligue Howard pour la réforme du système
pénitentiaire), organisation britannique non gouvernementale, estime qu'en
conséquence quelque 10 000 nourrissons et enfants âgés de moins de 2 ans sont
affectés par cette situation.
4. Les experts conviennent qu'une
séparation précoce d'avec la mère engendre chez l'enfant des difficultés
durables, dont une incapacité à s'attacher aux autres, une inadaptation
affective et des troubles de la personnalité. Il est également reconnu que le
développement des nourrissons est retardé par leur accès limité à des stimuli
variés dans les établissements pénitentiaires clos.
5. Compte tenu des
effets néfastes de l'incarcération des mères sur les bébés, l'Assemblée
recommande que le Comité des Ministres invite les Etats membres:
5.1. à instaurer et à appliquer aux mères ayant
de jeunes enfants des peines à purger au sein de la communauté, et à éviter le
recours à la détention ;
5.2. à mettre en place, pour les
professionnels du droit pénal, des programmes de formation sur la question des
mères et des jeunes enfants, en s'appuyant sur la Convention des Nations Unies
relative aux droits de l'enfant et sur la Convention européenne des Droits de
l'Homme;
5.3. à reconnaître qu'il ne faudrait recourir à la
détention pour les femmes enceintes et les mères de jeunes enfants qu'en
dernier ressort, dans les cas où ces femmes sont reconnues coupables de délits
très graves et représentent un danger pour la société;
5.4. à
créer de petites unités closes ou semi-closes flanquées de services sociaux
pour la poignée de mères qui doivent être maintenues en détention, unités où
les enfants pourraient être pris en charge dans un milieu accueillant et qui
tiendraient compte au mieux des intérêts de l'enfant, tout en assurant la
sécurité publique;
5.5. à veiller à assurer un droit de visite
plus souple pour les pères afin que l'enfant puisse passer un peu de temps avec
ses parents;
5.6. à veiller à ce que le personnel ait une
formation adéquate en matière de puériculture;
5.7. à élaborer
des directives appropriées de sorte que les tribunaux n'envisagent de prononcer
une peine privative de liberté pour les femmes enceintes et les mères
allaitantes qu'en cas de délit grave et violent, et que lorsque la femme
représente un danger permanent;
5.8. à faire rapport sur les
progrès réalisés d'ici à l'an
2005.