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Recommandation 1484 (2000)
Gestion des cathédrales et autres grands édifices religieux en activité
1. Les cathédrales et autres grands édifices
religieux comptent parmi les constructions les plus significatives du
patrimoine architectural européen. Ces édifices abritent souvent des trésors
sous forme d'œuvres d'art et d’éléments de décoration. Pour la plupart, ils
sont riches d'un passé historique qui, dans certains cas, embrasse différentes
religions.
2. Ces édifices sont particulièrement fragiles du fait de
leur dimension, de leur richesse, de leur âge et de la fréquentation
touristique. Leur structure est à la merci de la pollution, et des dommages
infligés par les tempêtes et d'éventuels séismes.
3. Souvent, les
communautés religieuses qui utilisent ces édifices aujourd'hui sont bien loin
d'avoir les ressources nécessaires pour les entretenir et les réparer
convenablement.
4. Il convient donc de parvenir à une certaine forme
d'arrangement entre les autorités religieuses et ceux qui se préoccupent (aux
niveaux local et national) de la conservation du patrimoine culturel. Diverses
structures existent déjà – des associations médiévales telles que l'Œuvre
Notre-Dame de Strasbourg ou le service d'entretien moderne proposé par
l'Association néerlandaise Monumentenwacht. Il conviendrait de rechercher aussi
d'autres partenariats dans la société civile, avec des associations non
gouvernementales intéressées et avec le secteur du tourisme.
5. Les
communautés religieuses ont une approche très différente en matière de
patrimoine bâti. Certaines (comme les Eglises orthodoxes et catholiques)
considèrent que les bâtiments et leur contenu sont sacrés. D'autres (comme la
plupart des Eglises protestantes) sont très ouvertes à une utilisation multiple
des lieux. Il conviendrait de respecter cette pluralité d'approches pour les
grands édifices religieux encore en activité.
6. Dans ses travaux antérieurs sur les monuments commémoratifs (Recommandation 898) et les édifices religieux désaffectés (Résolution 916), l'Assemblée s'était concentrée sur les aspects physiques du patrimoine culturel. Plus récemment, elle a attiré l'attention sur la relation entre l'Eglise et l'Etat (Recommandation 1396). L'Assemblée estime donc particulièrement approprié de reconnaître la dimension religieuse comme faisant partie du patrimoine culturel dans le contexte de la campagne actuelle «L'Europe, un patrimoine commun».
7. Cette campagne
concerne l'Europe tout entière. L'Assemblée est consciente du regain d'intérêt
pour la religion dans les anciens pays communistes et des tendances qui se
dégagent dans le sens d’une restitution des biens religieux aux Eglises. Elle
est préoccupée par le fait qu'il conviendrait, dans ce processus, de se pencher
attentivement sur le partage des responsabilités en matière de conservation de
la structure des grands édifices religieux ayant une importance culturelle.
Autant que possible et chaque fois que cela sera approprié, la restitution de
bâtiments historiques devrait s'accompagner de la restitution des biens
fonciers autrefois réservés à leur entretien.
8. Les communautés
religieuses devraient, pour leur part, s'appuyer sur leur longue tradition
d'amour de la beauté et de l'artisanat d'art, sur leur tradition musicale,
d'accueil des pèlerins, d'hospitalité, pour inaugurer une nouvelle forme de
tourisme fondée sur la compréhension de la spiritualité et du rôle que jouent
des valeurs intangibles dans le patrimoine culturel.
9. La solidarité
autant que le partenariat ont leur place. Les pays et les traditions
religieuses qui disposent d'une expérience plus vaste et de davantage de
ressources devraient aider ceux qui ont moins de moyens.
10. L'Assemblée recommande que le Comité des Ministres:
10.1. examine différentes structures existantes
d’entretien, de conservation et de réparation des grands édifices religieux
encore en activité en Europe, et élabore un code de bonnes pratiques qui
permette une gestion efficiente de ces édifices tout en reconnaissant les
droits et les responsabilités des communautés religieuses;
10.2. organise périodiquement des conférences permettant l’échange
d’expériences en matière de gestion des cathédrales et autres grands édifices
religieux en activité, et promeuve la création d’une banque de données sur
cette question;
10.3. demande aux gouvernements des Etats
membres:
a. de veiller à ce que soient dressés des inventaires adaptés et appropriés des grands édifices et sites religieux ayant une importance culturelle et historique (selon les critères généraux appliqués pour dresser les inventaires des monuments);
b. de préparer des plans de conservation pour chacun des grands monuments ou sites religieux, en consultation avec les autorités religieuses concernées;
c. d'encourager les partenariats entre les autorités religieuses, les groupes d'intérêt locaux, les entreprises de conservation et les organisations du tourisme, et de coordonner ces initiatives sur une base nationale plus large;
d. d’utiliser le code de bonnes pratiques et d'encourager l'utilisation d'édifices religieux pour diverses fonctions dans les cas appropriés;
e. de veiller à la mise en place d'un financement adéquat et; d'un contrôle en vue du bon entretien des grands monuments religieux.