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Résolution 1272 (2002)
Prisonniers politiques en Azerbaïdjan
1. L’Azerbaïdjan, en devenant membre
du Conseil de l’Europe, a librement souscrit à l’engagement ferme et
essentiel, au regard du droit international, qui figure au paragraphe
14.iv.b de l’Avis n° 222 (2000), à savoir: «libérer ou rejuger ceux
des prisonniers qui sont considérés comme des “prisonniers politiques”
par des organisations de protection des droits de l’homme, notamment
MM. Iskander Gamidov, Alikram Gumbatov et Raquim Gaziyev». La commission
des questions juridiques et des droits de l’homme a été saisie,
en janvier 2001, d’une proposition de recommandation (Doc. 8919) rappelant
la préoccupation de douze membres de l’Assemblée en ce qui concerne
le sort des prisonniers politiques en Azerbaïdjan.
2. Les autorités de l’Azerbaïdjan avaient connaissance de ces
exigences au moins depuis la réunion de la commission des questions
juridiques et des droits de l’homme tenue à Chypre le 22 mai 2000,
date à laquelle la commission a adopté son avis sur la demande d’adhésion
de l’Azerbaïdjan au Conseil de l’Europe.
3. L’Assemblée parlementaire apprécie l’initiative du Secrétaire
Général du Conseil de l’Europe de demander à trois experts de préparer
un avis confidentiel sur les cas de prisonniers politiques présumés
en Arménie et en Azerbaïdjan. Elle considère à ce propos que les
critères objectifs qui ont été déterminés pour définir les «prisonniers
politiques» en Arménie et en Azerbaïdjan sont valables.
4. L’Assemblée reconnaît qu’à ce jour environ 220 prisonniers
politiques présumés ont été libérés, dont 6 sur les 17 reconnus
comme tels dans le rapport des experts désignés par le Secrétaire
Général.
5. L’Assemblée prend note du pardon accordé par le Président
de la République d’Azerbaïdjan dans un décret du 29 décembre 2001,
qui a libéré 57 prisonniers, dont 29 étaient qualifiés de prisonniers
politiques par les organisations non gouvernementales, mais aucun
de la liste plus restreinte des experts désignés par le Secrétaire
Général.
6. L’Assemblée se félicite de la bonne volonté manifestée par
les autorités d’Azerbaïdjan en s’engageant, le 3 janvier 2002, à
participer, dans le cadre d’un organe approprié de l’Assemblée,
aux travaux visant à régler au cas par cas le problème de chaque
prisonnier politique présumé en Azerbaïdjan.
7. Malgré ces résultats encourageants, l’Assemblée demande à
l’Azerbaïdjan de faire preuve d’une volonté politique plus forte
pour résoudre l’ensemble du problème.
8. En ce qui concerne les trois prisonniers cités dans l’Avis
n° 222 (2000), l’Assemblée prend acte de la décision prise par
le procureur général, le 26 décembre 2001, de soumettre leurs condamnations
à un réexamen par la cour d’appel. Néanmoins, l’Assemblée demande
à l’Azerbaïdjan de considérer à nouveau l’opportunité politique
de les libérer, pour éviter de ranimer les tensions du passé. Par
ailleurs, il pourrait être tenu compte du très mauvais état de santé
de deux d’entre eux pour leur accorder une libération pour des raisons
humanitaires.
9. L’Assemblée rappelle et souligne que, dans tous les cas,
doivent être respectées les règles du procès équitable, telles qu’elles
sont fixées par la Convention européenne des Droits de l’Homme et
précisées par la jurisprudence de la Cour européenne des Droits
de l’Homme. Ainsi, si on devait rejuger des personnes comme cela
a été demandé dans l’Avis n° 222 (2000), l’instruction devrait être
reprise depuis le début. En outre, les accusés auront notamment
le droit d’être assistés par un avocat de leur choix dès le début
de la procédure. Les procès seront publics et librement accessibles
aux observateurs d’organisations internationales et d’ONG.
10. L’Assemblée demande également que soient libérés les derniers
prisonniers politiques de la liste des 17 cas pilotes reconnus en
tant que tels par les experts désignés par le Secrétaire Général,
à savoir le cas no 5 (Amiraslanov Elchin Samed oglu), le cas no
7 (Efendiyev Natig Islam oglu), le cas no 14 (Imranov Nariman Shamo
oglu), le cas no 15 (Kazymov Arif Nazir oglu), le cas no 16 (Abdullayev
Qalib Jamal oglu), le cas no 17 (Guseynov Suret Davud oglu), le
cas no 18 (Safikhanov Ilgar) et le cas no 25 (Guseynov Guseynbala).
11. De plus, et comme geste de bonne volonté, l’Assemblée demande
le réexamen du cas de quelques prisonniers politiques présumés dont
le rapporteur de la commission des questions juridiques et des droits
de l’homme a défendu la cause devant les autorités, lors de sa visite
à Bakou les 27 et 28 décembre 2001 (Mmes Lebedeva et Sikhmaz, et
MM. Muzakir Abdullayev, Janmirza Mirzoyev et Aydin Shirinov).
12. L’Assemblée rappelle qu’il ne peut y avoir de prisonniers
politiques dans aucun Etat membre du Conseil de l’Europe.
13. L’Assemblée se réserve le droit de prendre toutes les mesures
appropriées à sa disposition pour convaincre les autorités de l’Azerbaïdjan
de la nécessité de libérer ou de rejuger tout prisonnier considéré comme
prisonnier politique, conformément à l’engagement pris au moment
de l’adhésion.
14. L’Assemblée décide d’organiser des débats d’information sur
les prisonniers politiques présumés en Azerbaïdjan et d’offrir aux
médias intéressés la possibilité de les diffuser à la télévision
et à la radio à travers tout le pays.