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Résolution 1526 (2006)
Situation au Kazakhstan et relations avec le Conseil de l'Europe
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
sa Résolution 1506 (2006) sur les relations extérieures du Conseil de l’Europe
et réitère son engagement à promouvoir la démocratie, la prééminence
du droit et le respect des droits de l’homme au-delà de ses frontières
actuelles, notamment dans les pays voisins.
2. Dans ce contexte, elle attache une grande importance au renforcement
de la démocratie au Kazakhstan, qu’elle considère comme l’un des
piliers de la stabilité dans la région euro-asiatique.
3. L’Assemblée relève que, depuis son indépendance en 1991, le
Kazakhstan a réalisé des progrès en ce qui concerne la mise en place
des institutions d’une démocratie réelle, moderne et fonctionnelle.
Elle se félicite de l’engagement à développer et à renforcer la
démocratie, affirmé à maintes reprises par les dirigeants politiques
du Kazakhstan.
4. L’Assemblée se félicite tout particulièrement du moratoire
sur la peine de mort adopté par décret présidentiel en décembre
2003 et de la ratification par le Kazakhstan du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques, et du Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies.
5. Par ailleurs, l’Assemblée est consciente des multiples entraves
au processus démocratique qui existent encore au Kazakhstan, notamment
des difficultés d’enregistrement des partis politiques, des poursuites pénales
engagées contre des militants de l’opposition du fait de leur activité
politique, et des pressions administratives et politiques exercées
sur les médias qui soutiennent l’opposition. Elle est tout particulièrement préoccupée
par l’assassinat, en février 2006, d’Altynbek Sarsenbaev et par
le décès, dans des circonstances douteuses, en novembre 2005, de
Zamanbek Nurkadilov; l’un et l’autre étaient d’importants chefs
de file de l’opposition.
6. En outre, l’Assemblée s’inquiète du fait que le gouvernement
et l’opposition n’aient pas réussi jusqu’à présent à engager un
dialogue politique véritable, condition essentielle à l’instauration
d’un système politique sain et stable, ainsi qu’à la sauvegarde
et au renforcement de l’entente interethnique et interconfessionnelle unique
dont jouit le Kazakhstan. L’Assemblée appelle les dirigeants politiques
du gouvernement à faire preuve de bonne volonté en instaurant réellement
ce dialogue, et elle se déclare prête à y contribuer.
7. Toutefois, l’Assemblée note avec satisfaction qu’il existe
un large consensus parmi les forces politiques et la société civile
du Kazakhstan sur la nécessité de se rapprocher davantage encore
des normes européennes, et que le gouvernement et l’opposition sont
tous deux favorables au renforcement des relations entre le Kazakhstan
et le Conseil de l’Europe.
8. Le Kazakhstan jouit déjà du statut d’observateur auprès de
la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission
de Venise) et a exprimé le souhait d’adhérer à plusieurs conventions
du Conseil de l’Europe. En outre, le Parlement du Kazakhstan coopère
avec l’Assemblée sur la base d’un accord conclu en avril 2004; ses
membres assistent régulièrement aux sessions de l’Assemblée. Le
premier Forum euro-asiatique sur les migrations, coorganisé par
l’Assemblée et le Parlement du Kazakhstan en septembre 2005 à Almaty,
constitue un exemple concret de coopération pour relever les défis
communs.
9. L’Assemblée estime nécessaire de renforcer cette coopération
afin de permettre au Kazakhstan de s’appuyer, avec de meilleures
chances de réussite, sur l’expérience et l’expertise du Conseil
de l’Europe en matière de transition démocratique, et en particulier
dans la future réforme constitutionnelle. Cette coopération doit
se fonder sur un engagement résolu et se concentrer sur l’obtention
de progrès en faveur de la démocratie, de la prééminence du droit
et du respect des droits de l’homme, qui sont les valeurs fondamentales
du Conseil de l’Europe.
10. Par conséquent, l’Assemblée appelle les autorités du Kazakhstan:
10.1. à envisager de devenir partie
aux instruments juridiques pertinents du Conseil de l’Europe qui sont
ouverts aux Etats non membres;
10.2. à profiter davantage de l’expérience de la Commission
de Venise et à demander à en devenir membre à part entière;
10.3. à nouer des relations et à envisager de coopérer avec
d’autres organes et institutions du Conseil de l’Europe.
11. L’Assemblée encourage le Sénat et le Majilis (chambre basse)
du Parlement du Kazakhstan:
11.1. à
exploiter pleinement les possibilités offertes par l’accord de coopération
entre l’Assemblée et le Parlement du Kazakhstan, et à participer
plus activement aux diverses activités organisées par l’Assemblée
et ses commissions;
11.2. à jouer un rôle de premier plan dans la promotion de la
coopération de diverses autorités et institutions du Kazakhstan
avec les organes, services et institutions du Conseil de l’Europe;
11.3. à donner l’impulsion aux réformes politiques du Kazakhstan
en vue de renforcer la démocratie, de promouvoir la prééminence
du droit et de garantir le respect des droits de l’homme et des
libertés civiles et politiques, et à réexaminer, en coopération
avec la Commission de Venise et conformément aux normes du Conseil
de l’Europe, la législation concernant:
11.3.1. l’administration des élections;
11.3.2. la création et les activités des partis politiques;
11.3.3. la liberté et l’indépendance des médias;
11.3.4. la liberté de manifestation et d’association;
11.3.5. l’indépendance du pouvoir judiciaire;
11.3.6. l’autonomie locale;
11.4. à prendre des mesures législatives pour abolir complètement
la peine de mort au Kazakhstan;
11.5. à engager un dialogue politique avec les forces de l’opposition.
12. L’Assemblée encourage le médiateur de la République du Kazakhstan
à nouer des contacts et à coopérer avec le commissaire aux droits
de l’homme du Conseil de l’Europe.
13. Pour sa part, l’Assemblée est déterminée à développer la coopération
avec le Parlement du Kazakhstan, conformément à l’accord de 2004,
et à contribuer au dialogue et aux réformes politiques entre les diverses
forces politiques du Kazakhstan.
14. Enfin, elle est prête à examiner les propositions en vue de
développer la coopération entre le Conseil de l’Europe et le Kazakhstan,
éventuellement sur la base d’un statut d’observateur.