Imprimer
Autres documents liés
Résolution 1610 (2008)
Adhésion de l’Union européenne/Communauté européenne à la Convention européenne des Droits de l’Homme
1. L’Assemblée parlementaire constate
avec satisfaction que la question de l’adhésion de l’Union européenne
à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH-STE no 5)
fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus.
2. Des appels en faveur d’une telle adhésion ont été lancés depuis
longtemps et à de nombreuses reprises, entre autres par l’Assemblée,
dont le plus récent dans sa Recommandation
1744 (2006) relative au suivi du 3e Sommet: le Conseil de l’Europe
et la création de l’agence des droits fondamentaux de l’Union européenne.
3. Le Conseil de l’Europe et l’Union européenne ont répété leur
volonté commune de procéder à cette adhésion lors de la conclusion
du Mémorandum d’accord entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, signé
en mai 2007. La voie juridique à l’adhésion est d’ores et déjà prévue
dans le Protocole no 14 à la CEDH et
a été à nouveau ouverte par l’adoption en décembre 2007 du Traité
de Lisbonne modifiant le Traité sur l’Union européenne et le Traité
instituant la Communauté européenne.
4. L’Assemblée considère que, désormais, l’adhésion doit être
la priorité dans le dialogue entre les deux organisations.
5. Alors que l’adhésion à la CEDH est l’une des conditions d’entrée
à l’Union inscrites dans les critères de Copenhague de 1993, les
institutions de l’Union/Communauté européenne ne sont pas actuellement
liées au titre de la CEDH. Le fait que les Etats membres de l’Union
européenne – tous Etats membres du Conseil de l’Europe et parties
à la CEDH – aient transféré des compétences substantielles à des
institutions supranationales, sans leur transmettre les responsabilités
leur incombant au titre de la CEDH, véhicule un message négatif
en donnant l’impression d’une protection juridique disparate.
6. La non-adhésion a des conséquences néfastes sur le bon fonctionnement
de la justice européenne puisqu’elle met en danger la cohérence
du système de protection des droits de l’homme en Europe. Tant que l’Union
n’aura pas adhéré à la CEDH:
6.1. des
écarts existeront dans les normes en matière de droits de l’homme
tant au niveau européen (entre les institutions européennes) qu’entre
l’Union et ses Etats membres;
6.2. les institutions de l’Union ne seront pas soumises à un
contrôle judiciaire externe du respect des droits de la personne
et des libertés fondamentales;
6.3. la cohérence de la protection juridique européenne ne
sera pas entièrement assurée puisque les jurisprudences de la Cour
européenne des droits de l’homme et de la Cour de justice des Communautés européennes
pourraient ne pas être harmonisées de manière appropriée;
6.4. les citoyens européens n’auront pas un accès direct à
la Cour européenne des droits de l’homme lorsqu’ils considèrent
que leurs droits fondamentaux ont été violés par les institutions
de l’Union;
6.5. la mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne des
droits de l’homme restera un exercice difficile dans les affaires
impliquant le droit de l’Union.
7. L’adhésion enverra un message fort sur l’engagement clair
en faveur de la protection des droits de l’homme non seulement à
l’intérieur des frontières de l’Union, mais également sur tout le
continent européen, en adéquation avec la communauté de valeurs
que partagent le Conseil de l’Europe et l’Union européenne.
8. L’adhésion confirmera également la nature de l’Union en tant
que «communauté de droit» et renforcera le principe de sécurité
juridique, dans la mesure où les institutions de l’Union se verront
soumises au même contrôle externe de conformité de leurs actes et
décisions que les Etats membres.
9. L’Assemblée considère qu’il est désormais temps que les déclarations
d’intention se traduisent dans les faits: l’adhésion sans délais
de l’Union européenne à la CEDH.
10. Dans ce contexte, l’Assemblée s’interroge sur l’opportunité
des modifications procédurales ajoutées par le Traité de Lisbonne,
qui prévoit que la décision sur l’accord portant adhésion de l’Union
à la CEDH ne puisse être adoptée par le Conseil de l’Union européenne,
à l’unanimité, qu’après approbation du Parlement européen. Ces étapes
supplémentaires auront sans doute pour effet de ralentir la procédure
d’adhésion.
11. L’Assemblée est convaincue qu’il n’est plus nécessaire d’attendre
pour entamer les négociations sur les questions pratiques liées
à l’adhésion, puisque la volonté politique existe manifestement
des deux côtés et que la situation juridique permet cette adhésion.
12. L’Assemblée appelle donc les gouvernements des Etats membres
de l’Union à s’atteler à cette tâche sans attendre, tout en adoptant
une approche positive et créative pour trouver des solutions pragmatiques
et efficaces aux questions techniques et juridiques soulevées par
l’adhésion, et l’Union européenne à conclure rapidement les instruments
nécessaires à l’adhésion.
13. L’Assemblée demande également instamment au Parlement européen
de procéder, le moment venu, à l’approbation rapide de la décision
sur l’accord portant adhésion de l’Union à la CEDH.
14. Enfin, l’Assemblée demande instamment aux parlements de l’ensemble
des Etats membres de ratifier rapidement les instruments nécessaires
à l’adhésion.