Imprimer
Autres documents liés
Recommandation 1836 (2008)
Exploiter pleinement le potentiel de l’apprentissage électronique pour l’enseignement et la formation
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
que le développement de nouveaux outils d’apprentissage électronique
a eu des effets considérables sur l’enseignement et la formation.
Cependant, le potentiel d’utilisation de ces outils dans l’éducation
n’est pas encore pleinement exploité en Europe. Les vives attentes qu’ils
ont suscitées n’ont pas encore abouti à des résultats concrets.
Les outils d’apprentissage électronique sont des moyens électroniques
pour enseigner et former, en classe et à distance – que l’apprentissage
se fasse individuellement ou en groupe, ou encore sous une forme
mixte d’études en classe et à distance.
2. L’Assemblée est consciente que l’apprentissage à distance
et les outils audiovisuels, dont la télévision, sont utilisés depuis
longtemps en Europe; c’est pourquoi elle reconnaît les réalisations
révolutionnaires dans ce domaine, telles que Telekolleg – initiative,
basée sur la télévision, lancée en Allemagne en 1967 par les ministères
de l’Education des Länder avec des radiodiffuseurs régionaux de
service public –, l’Open University de Milton Keynes (Grande-Bretagne),
qui assure des cours depuis 1971, ou encore la FernUniversität de Hagen
(Allemagne), qui opère depuis 1975.
3. L’Assemblée rappelle sa Recommandation
650 (1971) relative à la création d’une «Télé-université européenne»,
la Recommandation 1110
(1989) relative à l’enseignement à distance, la Résolution 1193 (1999) sur les écoles de la deuxième chance – ou comment lutter
contre le chômage et l’exclusion par l’éducation et la formation,
la Recommandation 1437
(2000) sur l’éducation non formelle, la Recommandation 1559 (2002) sur la formation des travailleurs à l’utilisation des
nouvelles technologies, ainsi que la Recommandation 1586 (2002) sur la fracture numérique et l’éducation.
4. L’éducation est de plus en plus importante pour l’acquisition
de compétences humaines et sociales, dans la vie quotidienne, pour
l’emploi, ainsi que pour la cohésion sociale et culturelle, alors
que les cadres de vie et de travail connaissent des changements
rapides. A une époque de mondialisation et de mutations technologiques
rapides, la compétitivité et la richesse de l’Europe dépendront
de sa capacité à devenir une société avancée fondée sur le savoir
par le biais d’améliorations constantes de l’enseignement et de
la formation tout au long de la vie, destinés à la population en
général et à la main-d’œuvre en particulier, y compris l’apprentissage
électronique. Il convient de compléter l’enseignement scolaire traditionnel,
basé sur des cours dispensés en classe, pour mieux se préparer à
relever ces défis. Nos sociétés sont confrontées à une plus grande
mobilité des étudiants et à davantage de flexibilité du temps de
travail, à la disparition des carrières linéaires au profit d’une
alternance de périodes de travail et d’apprentissage, à la nécessité
de concilier la vie familiale et professionnelle, ainsi qu’à la
pénétration de nouveaux médias et services de communication dans
tous les domaines de la vie.
5. C’est pourquoi l’Assemblée est convaincue que les nouveaux
moyens de diffusion et d’acquisition des connaissances et compétences
par le biais de l’apprentissage électronique pourraient offrir des
solutions plus adaptées à ces situations et à ces besoins nouveaux.
Ils peuvent également être plus inclusifs, en particulier pour des
personnes handicapées ou défavorisées. En ce qui concerne l’intégration
des migrants, l’apprentissage électronique pourrait être un outil
précieux pour l’enseignement de la langue et d’autres compétences
nécessaires dans le pays d’accueil.
6. L’Assemblée se félicite que le Conseil de l’Europe ait mis
au point deux outils internet en 2007, un outil de formation aux
droits de l’homme, destiné aux avocats, juges et procureurs dans
le cadre de son Programme européen de formation aux droits de l’homme
pour des professionnels du droit (HELP), ainsi qu’un jeu pour les enfants,
destiné à promouvoir une utilisation plus sûre de l’internet. L’Assemblée
insiste sur la nécessité de protéger les enfants contre les dangers
potentiels présentés par les technologies de l’information et de
la communication (TIC) pour leur santé et leur sécurité. Il ne faut
pas que les TIC contribuent à ruiner les relations et les contacts
interpersonnels, qui forment la base même d’un bon apprentissage
et du développement des compétences sociales.
7. L’apprentissage électronique suscite de nouvelles exigences
pour les établissements d’enseignement, les enseignants et les étudiants.
Il faudrait que les établissements d’enseignement disposent des infrastructures
techniques ainsi que des logiciels nécessaires et qu’ils collaborent
entre eux, afin de créer des synergies. Les enseignants devraient
être sensibilisés à ces nouveaux outils électroniques et savoir
les utiliser pour enseigner et communiquer avec leurs étudiants.
Les enseignants devraient obligatoirement recevoir une formation
à l’apprentissage électronique. Les étudiants devraient avoir accès
aux outils et aux contenus d’enseignement électroniques, et savoir
comment les utiliser pour leurs études et leurs besoins de communication.
Cela suppose qu’ils soient formés très tôt à l’usage des nouveaux
outils de communication, surtout les outils en ligne. Cela suppose
également que les technologies d’apprentissage électronique soient sécurisées,
de manière à éviter les tentatives d’atteinte à la vie privée des
étudiants qui les utilisent.
8. C’est pourquoi l’Assemblée invite les ministres européens
de l’Education participant au processus de Bologne et les universités
d’Europe, notamment par le biais de l’Association des universités
européennes et de l’Association européenne des universités d’enseignement
à distance, à développer une approche commune de l’apprentissage
électronique dans l’enseignement supérieur européen. Dans ce contexte,
il faudrait mettre à jour la législation nationale et rechercher
des moyens de dégager des financements appropriés au-delà de ceux
fournis par l’Etat, notamment par le biais de partenariats public-privé.
9. L’apprentissage électronique offre aussi de nouvelles possibilités
de formation professionnelle, de formation continue et de formation
interne dans les entreprises. Pour rester compétitifs à l’échelle
mondiale, les employeurs et les salariés européens doivent investir
en permanence dans la connaissance et les compétences. Il ne faudrait
pas que des personnes ou des entreprises, surtout les petites et
moyennes entreprises (PME), soient exclues de l’enseignement en
raison des coûts élevés. C’est pourquoi l’Assemblée appelle les
parlements des Etats membres à envisager de soutenir la formation
professionnelle et la formation interne dans les entreprises, et
à encourager les partenariats public-privé.
10. L’apprentissage électronique peut constituer un puissant moyen
de création de ressources éducatives en libre accès, accessibles
à tous et permettant d’éviter une fracture sociale liée aux écarts
de niveau de connaissances. A cet égard, l’Assemblée appelle les
parlements des Etats membres à soutenir le développement de logiciels
libres de droits et les initiatives en matière de ressources d’apprentissage
en libre accès – accessibles gratuitement sur internet –, ainsi
qu’à adopter des mesures pour remédier à la fracture numérique afin
de combler le fossé entre ceux qui ont accès aux TIC et à l’acquisition
des compétences informatiques nécessaires et ceux pour qui ce n’est
pas le cas, de manière à assurer à tous la maîtrise du numérique.
11. L’Assemblée rappelle le soutien financier fourni par l’Union
européenne, de 2004 à 2006, dans le cadre de son programme pour
l’intégration effective des TIC dans les systèmes d’enseignement
et de formation en Europe. Elle se félicite du soutien à l’apprentissage
tout au long de la vie et à la mobilité des étudiants, conformément
aux recommandations du Parlement européen et du Conseil de l’Union
européenne du 18 décembre 2006, l’une sur les compétences clés pour
l’éducation et la formation tout au long de la vie, l’autre relative
à la mobilité transnationale dans la Communauté européenne à des
fins d’éducation et de formation. Elle réaffirme son soutien au
Programme global d’apprentissage tout au long de la vie 2007-2013
de l’Union européenne qui, s’appuyant sur les anciens programmes
d’apprentissage électronique, vise à devenir une référence mondiale
en matière de qualité. Elle encourage la Commission européenne à
exploiter pleinement les possibilités du programme de coopération
avec le Conseil de l’Europe, qui bénéficie d’une longue expérience
de collaboration dans le domaine de l’éducation et de la formation,
et de la promotion de la cohésion sociale.
12. L’Assemblée recommande que le Comité des Ministres:
12.1. prépare des recommandations
afin d’assurer et de faciliter la reconnaissance mutuelle des unités de
valeurs d’enseignement suivies et des qualifications obtenues par
l’apprentissage électronique;
12.2. prépare des indicateurs de qualité européens communs,
concernant à la fois les aspects techniques et le contenu, pour
les centres nationaux d’information sur la reconnaissance et la
mobilité à l’université (réseaux ENIC-NARIC) de la Convention sur
la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement
supérieur dans la région européenne (STE n° 165);
12.3. examine la standardisation des infrastructures techniques
et des logiciels en matière d’apprentissage électronique, dont les
logiciels gratuits en libre accès sur internet, afin de faciliter
leur utilisation et d’assurer leur interopérabilité;
12.4. évalue les effets sociologiques, psychologiques et pédagogiques
des systèmes d’apprentissage électronique, en particulier sur certains
groupes de la société, tels que les femmes, les migrants, les personnes
handicapées, ainsi que les personnes vivant dans les zones rurales,
afin d’adapter en conséquence les stratégies d’apprentissage électronique
et de lutter contre la fracture numérique;
12.5. prépare un manuel et fournisse aux enseignants la formation
requise pour l’utilisation des outils d’apprentissage électronique,
ainsi que des nouvelles structures d’information et de communication
à but éducatif;
12.6. crée un site web pour promouvoir les bonnes pratiques
développées dans les Etats membres, en permettant aux pouvoirs publics
et aux ONG de mettre ces informations à jour, en mettant en évidence
les bonnes pratiques qui concernent des groupes de la société confrontés
à des besoins et à des contraintes spécifiques (femmes, migrants
et personnes handicapées, par exemple) et en mettant à la libre
disposition des internautes ces normes, études, programmes et activités;
12.7. invite la Conférence permanente des ministres européens
de l’Education à proposer une législation nationale ou régionale
appropriée et à préparer des plans d’action nationaux pour exploiter pleinement
le potentiel de l’apprentissage électronique et identifier des exemples
de bonnes pratiques en la matière;
12.1. veille à ce que les systèmes
d’apprentissage électronique soient accessibles aux groupes de la société
– dont les femmes, les migrants, les personnes handicapées ainsi
que les personnes vivant dans les zones rurales – confrontés à des
besoins et à des contraintes spécifiques, sans distinction aucune fondée
sur le sexe, la race, l’origine ethnique ou sociale, la religion
ou les convictions;
12.2. invite les Etats membres à améliorer la communication
et les technologies mobiles, et à soutenir le libre accès à internet
et à la technologie mobile;
12.3. invite les Etats signataires de la Convention culturelle
européenne (STE n° 18) à mettre en place des programmes transnationaux
d’apprentissage électronique, en particulier dans le contexte de
l’article 2 de la convention;
12.4. mette au point un outil d’apprentissage électronique sur
les travaux du Conseil de l’Europe, qui serait mis à la disposition
des établissements d’enseignement primaire et secondaire ainsi que
des établissements d’enseignement pour adultes, et demande aux Etats
membres et observateurs de contribuer financièrement à la traduction
et à la distribution de cet outil;
12.5. fournisse les ressources nécessaires pour tenir des réunions
et réunir des conférences internationales au Conseil de l’Europe
à Strasbourg, en utilisant des installations de téléconférence audiovisuelle
par internet afin de permettre à des personnes qui ne se trouvent
pas à Strasbourg ou à des personnes handicapées d’y participer;
12.6. envisage d’utiliser des outils d’apprentissage électronique,
tels que l’outil en libre accès «Moodle», ainsi que les nouvelles
structures d’information et de communication pour les prochaines campagnes
du Conseil de l’Europe, afin d’accroître leur portée et leur accessibilité,
ainsi que pour économiser les ressources financières.