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Recommandation 1851 (2008)
Les métiers artisanaux et le savoir-faire de la conservation du patrimoine culturel
1. La conservation du patrimoine culturel
dépend d’un large éventail de savoir-faire. Celui-ci va des techniques
de base employées dans la construction classique et contemporaine
à l’analyse scientifique, en passant par la gestion de projets.
Il convient d’identifier la diversité de ce savoir-faire, de former
le personnel compétent et d’organiser toute une équipe pour l’amener
à travailler ensemble à la conception et à l’exécution de projets
de conservation.
2. Le succès de ces projets de conservation dépend essentiellement
d’un soutien en termes de crédits et de manifestations d’intérêt.
Cette garantie s’impose à tous les stades, y compris lors du suivi
et de la mise en oeuvre d’un entretien approprié.
3. Le savoir-faire en matière de conservation peut être hautement
spécialisé et les matériaux – tels que la pierre provenant de certaines
carrières, le bois séché, le chaume ou l’ardoise – difficiles à
se procurer. La coopération intraeuropéenne a beaucoup à apporter
en ce qui concerne l’expérience, les matériaux et la mise en commun
des connaissances et du savoir-faire.
4. La conservation a été menacée par la disparition de main-d’oeuvre
spécialisée et de savoir-faire quant à l’usage de matériaux traditionnels
comme la chaux. Il faut donc se féliciter de la reconnaissance croissante de
la valeur des métiers manuels. L’intégration des aspects manuels
et intellectuels de la conservation est à encourager dans tous les
cours de formation.
5. Conformément à la Recommandation
1621 (2003) sur la promotion de l’histoire de l’art en Europe, l’Assemblée
parlementaire estime que les architectes et les promoteurs doivent
être au courant des techniques, du savoir-faire et des matériaux
traditionnels, et en tenir compte dans les projets de restauration.
6. Cette entreprise devrait être passionnante et attirer des
personnes plus jeunes, plus dynamiques (avec une plus grande attention
à l’équilibre des sexes), mais aussi mobiliser l’expérience et l’intérêt
des générations plus anciennes. Cette entreprise s’inscrit dans
le processus vivant de conservation et d’appréciation grâce auquel
notre patrimoine peut survivre valablement. Elle vaut pour le patrimoine
bâti (édifices et ponts), les jardins et les paysages, pour le patrimoine
mobilier que représentent les peintures, les sculptures, les instruments
de musique et les livres, ainsi que pour le patrimoine mobile constitué
par les véhicules terrestres, bateaux et aéronefs.
7. L’Assemblée souligne l’importance que les projets de conservation
peuvent avoir pour les métiers, l’industrie et l’économie sur les
plans local et régional.
8. La durabilité et l’efficacité énergétique doivent être ajoutées
aux facteurs qui entrent en ligne de compte dans la conservation.
Les règlements en matière de sécurité et de risque incendie prêtent
davantage à controverse, par exemple en ce qui concerne l’obligation
de ménager des issues de secours et un accès pour personnes handicapées
aux bâtiments historiques ou de régler la hauteur des ponts des
voiliers traditionnels. Des séminaires pourraient s’avérer utiles
dans ces domaines.
9. L’Assemblée est heureuse d’avoir été associée à la création,
en 1977 à Venise, d’un Centre européen de formation d’artisans pour
la conservation du patrimoine architectural et elle a suivi avec
intérêt, puis inquiétude, et maintenant avec un regain d’enthousiasme
l’évolution de ce projet pilote. Elle demande au Comité des Ministres
d’accorder la reconnaissance du Conseil de l’Europe au nouveau Centre
européen pour les métiers du patrimoine, établi à Thiene (Italie),
et de favoriser d’autres initiatives internationales, telles que le
centre de formation à la réhabilitation du patrimoine architectural
d’Avignon (France), le centre de formation aux métiers du patrimoine
de Görlitz (Allemagne) ou le centre international de conservation
du patrimoine bâti de Bontida (Roumanie).
10. L’Assemblée a également pris part à la création, en 1987,
de la Fondation européenne pour les métiers du patrimoine, dont
le but est de comprendre tous ces métiers. L’Assemblée demande au
Secrétaire Général du Conseil de l’Europe de veiller à ce que soit
clarifié le statut juridique de l’institution en question pour permettre
à celle-ci de viser à développer un réseau européen de métiers du
patrimoine et lui fournir des informations pratiques et visibles
en complément des bases de données du Conseil de l’Europe, connues
sous les noms de HEREIN et Compendium, qui ont trait aux politiques
culturelles des Etats membres.
11. L’Assemblée voudrait donner aux artisans et autres professionnels
des informations leur permettant d’évaluer les mérites de certains
produits et matériaux, et de percer les arcanes des anciennes guildes.
La coopération entre secteur public et secteur privé s’impose pour
que la conservation se fasse dans le respect des meilleures normes
possibles, et il faut que le marché s’ouvre. Le secteur privé, y
compris les propriétaires désireux de gérer leur bien ou d’y travailler
eux-mêmes, ne doit pas être exclu de ce partenariat. Le Comité des
Ministres devrait encourager un débat ouvert et informé sur les
principes et la pratique de la conservation, ainsi que sur les techniques
et produits de cette dernière, et la manière de les évaluer.
12. L’Assemblée tient aussi à voir se poursuivre l’action concertée
entre le gouvernement et les secteurs privé et bénévole dans le
développement des compétences et des connaissances spécialisées
que nécessite la conservation du patrimoine, y compris pour son
entretien et son maniement. Elle se félicite de la création, en
1992, de l’Association européenne des entreprises de restauration
du patrimoine architectural (AEERPA), mais voudrait que l’on fasse
participer bien davantage les entreprises de restauration responsables
et que l’on promeuve, en particulier, leur création et leur développement
en Europe centrale et orientale.
13. Enfin, l’Assemblée recommande que le Comité des Ministres
entreprenne une étude du savoir-faire disponible sur le plan national
pour ce qui est de la conservation, en coopération avec l’Union
européenne, le Centre international d’études pour la conservation
et la restauration des biens culturels (ICCROM) et d’autres institutions
spécialisées ou organismes professionnels, de même qu’avec des ONG,
en vue d’élaborer une stratégie européenne de gestion concertée
de la conservation du patrimoine à laquelle prennent part des artisans,
des architectes et des promoteurs, et incluant la reconnaissance
des qualifications professionnelles.