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Résolution 1751 (2010) Version finale
Combattre les stéréotypes sexistes dans les médias
1. L’Assemblée parlementaire constate
et déplore que les femmes soient victimes de stéréotypes sexistes dans
les médias. D’une part, elles y sont sous-représentées, voire invisibles.
D’autre part, la persistance de stéréotypes sexistes dans les médias
– confinant les femmes et les hommes dans des rôles traditionnellement conférés
par la société: les femmes à la maison, les hommes dans le monde
professionnel et politique, les femmes comme victimes ou objets
sexuels, les hommes comme des leaders puissants et compétents ou comme
mus par des motivations sexuelles – constitue une entrave à l’égalité
entre les femmes et les hommes.
2. La représentation des stéréotypes sexistes varie de l’humour
aux clichés dans les médias traditionnels, jusqu’à l’incitation
à la haine et à la violence fondées sur le genre sur internet. Les
stéréotypes sexistes sont trop souvent banalisés et tolérés, au
nom de la liberté d’expression. De plus, ces stéréotypes sont souvent subtilement
véhiculés par les médias, qui reproduisent des attitudes et des
opinions perçues comme la norme par des sociétés où l’égalité des
sexes est loin d’être une réalité. De ce fait, trop souvent, les
stéréotypes sexistes ne peuvent pas être attaqués en justice ou
sanctionnés par les instances de régulation ou d’autorégulation,
à l’exception des cas de violation de la dignité humaine les plus
graves.
3. L’impact des stéréotypes sexistes dans les médias sur la formation
de l’opinion publique, en particulier celle des jeunes, est pourtant
désastreux: ces stéréotypes perpétuent une représentation réductrice,
figée et caricaturale de la femme et de l’homme; ils légitiment
le sexisme ordinaire et les pratiques discriminatoires, et peuvent
faciliter ou légitimer l’usage de la violence fondée sur le genre.
En ce sens, les stéréotypes sexistes constituent un moyen de discrimination.
4. Les médias, chaînon vital des démocraties, ont une responsabilité
particulière dans ce domaine pour promouvoir le respect de la dignité
humaine, la lutte contre toutes les formes de discrimination et
l’égalité entre les femmes et les hommes. Le sexisme, tout comme
le racisme et d’autres formes de discrimination n’a pas sa place
dans les médias. L’Assemblée réaffirme son attachement au respect
des principes de dignité humaine et de non-discrimination garantis
par la Convention européenne des droits de l’homme (STE no 5).
Elle souligne d’ailleurs le rôle positif que peuvent jouer les médias
pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, rappelant
à cet égard la Recommandation no R (84)
17 du Comité des Ministres aux Etats membres relative à l’égalité
entre les femmes et les hommes dans les médias.
5. Par ailleurs, l’éducation et la formation sont absolument
indispensables pour apprendre à reconnaître les stéréotypes, à en
prendre conscience et à les dépasser. Une sensibilisation des enfants,
dès leur plus jeune âge, à la lutte contre les discriminations et
en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes est, de ce
fait, cruciale.
6. L’Assemblée invite les Etats membres à renforcer les actions
de formation et d’éducation, et:
6.1. à
promouvoir et à lancer des campagnes de sensibilisation;
6.2. à inclure, dans les lois sur l’égalité entre les femmes
et les hommes, des dispositions visant à lutter contre les stéréotypes
sexistes;
6.3. à promouvoir la mise en place et/ou le fonctionnement
efficace d’instances de régulation ou d’autorégulation des médias
pour garantir le respect de la dignité humaine, contribuer à la
lutte contre les discriminations, y compris la discrimination fondée
sur le sexe, et promouvoir non seulement la diversité, mais aussi
l’égalité entre les femmes et les hommes;
6.4. à définir, en concertation avec les partenaires publics
et privés de la branche professionnelle, des codes de bonne conduite
qui bannissent les pratiques et images sexistes, favorisent la présence équilibrée
des femmes et des hommes dans les médias, et incluent la perspective
de genre;
6.5. à mettre en place des quotas ou d’autres mesures positives
dans les médias publics, assortis d’objectifs visant à améliorer
la participation et la représentation des femmes;
6.6. à mettre en place des structures de suivi (monitorage)
et/ou de renforcement des mécanismes d’autorégulation permettant
de dénoncer les représentations stéréotypées et s’inspirant, lorsqu’ils s’avèrent
efficaces, des mécanismes de dénonciation des publicités sexistes;
6.7. à promouvoir la mise en place d’un mécanisme européen
de suivi et d’échange de bonnes pratiques;
6.8. à mettre l’accent sur les programmes visant la jeunesse
pour lutter contre les images stéréotypées des femmes et des hommes,
et les attitudes sexistes dans la société;
6.9. à promouvoir, dans les écoles, une pédagogie de l’interprétation
des médias, le décryptage des stéréotypes sexistes et l’apprentissage
de l’égalité entre les femmes et les hommes, suivant la Recommandation
CM/Rec(2007)13 du Comité des Ministres aux Etats membres relative
à l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes
dans l’éducation, et les Résolutions de l’Assemblée 1557 (2007) sur
l’image des femmes dans la publicité et 1669 (2009) sur les droits des filles d’aujourd’hui:
les droits des femmes de demain.
7. L’Assemblée invite, par ailleurs, les parlements nationaux:
7.1. à combattre les stéréotypes
sexistes dans les médias par l’adoption de mesures juridiques visant à
réprimer les propos ou injures sexistes, l’incitation à la haine
ou à la violence fondée sur le genre, et la diffamation commise
envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur
sexe;
7.2. à donner aux individus victimes de discrimination fondée
sur le sexe ainsi qu’aux organisations non gouvernementales actives
dans la lutte contre les violences ou les discriminations fondées
sur le sexe la possibilité de saisir la justice ou les instances
de régulation ou d’autorégulation compétentes, afin de dénoncer
l’incitation à la haine ou à la violence fondées sur le genre et
la diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes
en raison de leur sexe;
7.3. à permettre au ministère public de poursuivre d’office
l’incitation à la haine ou à la violence fondée sur le genre et
la diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes
en raison de leur sexe;
7.4. à encourager les parlementaires à adopter un langage non
sexiste et à ne pas avoir recours aux stéréotypes sexistes dans
le cadre de leurs activités parlementaires;
7.5. à inviter les parlementaires à exiger que les candidates
et les élues aient le même accès aux médias que les candidats et
élus masculins.
8. L’Assemblée invite les Etats membres à encourager des mesures
visant à promouvoir la visibilité et l’importance des femmes dans
les médias, parmi lesquelles:
8.1. l’analyse
systématique, à la fois quantitative et qualitative, de la place
et du rôle des femmes dans les médias;
8.2. la constitution de listes d’expertes et de consultantes
pouvant être sollicitées par les médias;
8.3. la création de concours et de prix récompensant les médias
qui favorisent une représentation et une participation équilibrées
des femmes et des hommes;
8.4. la constitution de groupes de réflexion focalisés sur
la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, dont les
travaux puissent être pris en compte par les instances chargées
de la régulation des médias.
9. L’Assemblée invite les médias:
9.1. à sensibiliser et à former les journalistes de façon à
inclure la dimension de l’égalité entre les femmes et les hommes
dans le journalisme et dans les médias;
9.2. à promouvoir la dimension de l’égalité entre les femmes
et les hommes au sein des instances de régulation et d’autorégulation,
et, le cas échéant, à mettre en œuvre les recommandations préconisées dans
les codes de bonne conduite;
9.3. à favoriser une représentation plus équilibrée des femmes
dans les médias, et une représentation non stéréotypée des femmes
et des hommes, en contribuant ainsi à surmonter les entraves à l’égalité
entre les femmes et les hommes.