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Résolution 1946 (2013) Version finale
L’égalité de l’accès aux soins de santé
1. Le droit à la santé est un droit
fondamental de l’être humain. La protection de la santé est une
condition essentielle à la cohésion sociale et à la stabilité économique,
et constitue l’un des piliers indispensables au développement. L’accès
aux soins est un élément essentiel du droit à la santé.
2. L’Assemblée parlementaire constate que les inégalités d’accès
aux soins de santé sont en train de s’accroître dans les Etats membres
du Conseil de l’Europe. Différents facteurs sont à l’origine de
ce phénomène, dont les barrières financières, géographiques et linguistiques,
la corruption, les inégalités socio-économiques et certaines politiques
migratoires et sécuritaires peu soucieuses des besoins de santé.
Dans beaucoup de pays, la crise économique a conduit à des coupes
budgétaires imposées par les politiques d’austérité, créant ainsi
une pression sur les systèmes de santé. En conséquence, plusieurs
pays ont instauré des frais à la charge des patients ou les ont
augmentés, notamment pour les services de santé essentiels.
3. L’Assemblée note que les inégalités d’accès aux soins, y compris
les soins de santé mentale, touchent particulièrement les groupes
vulnérables, dont les personnes en difficulté économique telles
que les chômeurs, les familles monoparentales, les enfants et les
personnes âgées, ainsi que les Roms, les réfugiés, les migrants – notamment
ceux en situation irrégulière –, les transsexuels, les personnes
détenues et les personnes sans domicile fixe. Ces inégalités conduisent
à un phénomène de non-recours ou de recours tardif aux soins, ce
qui pourrait avoir des implications catastrophiques pour la santé
tant individuelle que publique et conduire, à long terme, à une
augmentation des dépenses de santé.
4. Rappelant sa Résolution
1884 (2012) «Mesures d’austérité – un danger pour la démocratie
et les droits sociaux», l’Assemblée attire une fois de plus l’attention
sur l’impact négatif des mesures d’austérité sur les droits sociaux
et leurs effets sur les catégories les plus vulnérables. A cet égard,
elle note avec inquiétude l’impact de la crise économique et des
mesures d’austérité sur l’accessibilité aux soins dans plusieurs
pays membres dont la Grèce, qui fait désormais face à une crise
sanitaire, voire humanitaire, ainsi qu’à une augmentation des actes
xénophobes et racistes contre des réfugiés et des migrants.
5. L’Assemblée estime que la crise devrait être considérée comme
une opportunité pour repenser les systèmes de santé et être utilisée
pour augmenter leur efficience, et non pas comme une excuse pour
procéder à des mesures de régression.
6. L’Assemblée invite donc les Etats membres du Conseil de l’Europe:
6.1. à réduire, le cas échéant, la
part des dépenses de santé restant à la charge des patients les
plus démunis et à prendre toute autre mesure nécessaire afin d’assurer
que le coût des soins ne devienne pas un obstacle à l’accès aux
soins, y compris la promotion d’une plus grande utilisation des médicaments
génériques;
6.2. à assurer l’accessibilité aux établissements et aux professionnels
de santé sur l’ensemble du territoire par des mesures appropriées,
le cas échéant en ayant recours à des mesures incitatives;
6.3. à assurer l’accessibilité aux informations relatives au
système de santé, y compris les programmes de vaccination et de
dépistage, et à mettre en place des programmes d’éducation à la santé,
tout en tenant compte des besoins spécifiques des différents groupes
vulnérables et de l’exigence de réduire au minimum les barrières
linguistiques;
6.4. à garantir que les femmes enceintes et les enfants, en
tant que groupes particulièrement vulnérables, bénéficient d’un
plein accès aux soins de santé et à la protection sociale, quel
que soit leur statut;
6.5. à simplifier les procédures administratives requises pour
pouvoir bénéficier de soins de santé;
6.6. à mettre en place des mesures de lutte contre la corruption
dans le secteur de la santé, en coopération étroite avec le Groupe
d’Etats contre la corruption (GRECO);
6.7. à dissocier leurs politiques de sécurité et de l’immigration
de celle de la santé, le cas échéant en supprimant l’obligation
de signalement des migrants en situation irrégulière faite aux professionnels
de santé;
6.8. à mettre en place des politiques de formation du personnel
de santé qui insistent sur la nécessité de lutter contre l’arbitraire,
les discriminations et la corruption dans le secteur de la santé.