1. Introduction
1. Le 30 septembre 2013, l’Assemblée parlementaire a
saisi notre commission, pour rapport, de la proposition de résolution
concernant «la mobilité des étudiants», proposition que j’avais
présentée avec vingt de mes collègues
. Le 3 octobre 2013,
j’ai été désigné comme rapporteur. Le 10 avril 2014, la sous-commission
de l’éducation, de la jeunesse et du sport a tenu un échange de
vues, à Strasbourg, avec Mme Erin Nordal, membre du comité exécutif
de l’Union des étudiants d’Europe. Le 4 juin 2014, à Paris, la commission
de la culture, de la science, de l’éducation et des médias a tenu
un échange de vues avec Mme Fatou Estéoule, responsable du Bureau
des relations internationales de l’université Paris Diderot et membre
du Bureau du Réseau des relations internationales de l’enseignement
supérieur (RI Sup), et avec M. David Crosier, auteur et coordinateur,
Eurydice. Le 31 octobre 2014, j’ai rencontré Mme Vanessa Debiais-Sainton,
chef du secteur de l’enseignement supérieur d’Erasmus+, et Mme Ragnhild
Solvi Berg, en charge des politiques, de la coopération internationale
et de l’enseignement supérieur dans le monde pour le programme Erasmus+
à la Direction générale de l’éducation et de la culture de la Commission
européenne. Le 24 novembre 2014, j’ai rencontré M. Jean-Philippe
Restoueix, chef de l’Unité de l’enseignement supérieur et des qualifications
du Service de l’éducation du Conseil de l’Europe.
2. Par «mobilité des étudiants», on entend toute forme de mobilité
universitaire intervenant dans le cadre d’un programme d’études
au niveau postsecondaire
.
Le présent rapport a une portée légèrement différente, et ce, pour
deux raisons. En effet, il traitera uniquement de la mobilité dite
«internationale» des étudiants au titre de programmes d’enseignement
postsecondaire (universitaire) en excluant par conséquent la mobilité entre
les établissements d’un même pays, mais en incluant la mobilité
des étudiants de troisième cycle et des jeunes chercheurs dans le
cadre de programmes de master et de doctorat, essentiellement au
sein de l’Espace européen de l’enseignement supérieur (EEES)
.
3. On compte deux types de mobilité internationale au niveau
postsecondaire: la mobilité des diplômes et la mobilité des crédits.
Dans le cas de la «mobilité des diplômes», les étudiants suivent
un programme d’études à l’étranger dans son intégralité, à l’issue
duquel ils obtiennent un diplôme complet de l’université qui a dispensé
ce programme. Il est question de ce type de mobilité le plus souvent
pour les étudiants de deuxième et troisième cycle de l’enseignement
supérieur.
4. Dans le cas de la «mobilité des crédits», les étudiants doivent
arriver au terme, le plus souvent, d’un semestre ou d’une année
d’études hors de leur université d’origine. Ils obtiennent des crédits
à l’issue des cours suivis dans l’université d’accueil. Les crédits
sont alors transférés vers leur université d’origine et reconnus
par celle-ci. La mise en œuvre du système européen de transfert
et d’accumulation de crédits (ECTS), y compris de la composante
de supplément au diplôme de ce système, permet d’améliorer la transférabilité
des crédits.
5. La «mobilité des crédits» peut être mise en œuvre de façon
organisée par le biais de programmes débouchant sur des «diplômes
conjoints», dans le cadre desquels des universités de différents
pays signent des accords de coopération précisant les conditions
d’échange des étudiants.
6. La mobilité des étudiants de troisième cycle tout comme celle
des jeunes chercheurs était, jusque récemment, un phénomène marginal
sous l’angle quantitatif. Ces étudiants ont besoin d’une aide spécifique, par
exemple, d’accéder à du matériel industriel ou à un financement
ciblé (notamment du secteur privé) pour leurs recherches. Le programme
Erasmus+ de l’Union européenne ouvre de nouvelles perspectives,
par exemple grâce au programme d’Actions Marie Curie et au dispositif
de garantie de prêt destiné aux étudiants de master (voir au chapitre
4).
7. Dans les chapitres suivants, je mettrai en lumière les avantages
de la mobilité internationale des étudiants, présenterai les tendances
et flux actuels en matière de mobilité et examinerai les obstacles
à la mobilité des étudiants, afin de définir des mesures susceptibles
d’améliorer la qualité des programmes de mobilité et d’accroître
le nombre d’étudiants qui utilisent ce type de programmes. L’objectif
global est d’encourager les décideurs nationaux à repenser leur
action (ou inaction) à cet égard et à mettre au point une approche
plus stratégique. La conception de stratégies nationales cohérentes
relatives à la «mobilité des étudiants» apparaît en fait comme une
nécessité au sein du cadre plus vaste des processus de réforme de l’enseignement
supérieur visant une meilleure qualité de l’enseignement supérieur
et le renforcement de la compétitivité du système économique global
à l’échelle nationale. Cela favoriserait en outre la mise en œuvre du
communiqué de Bucarest de 2012 selon lequel, à l’horizon 2020, au
moins 20 % des étudiants diplômés dans l’EEES devraient avoir une
période d’étude ou de formation à l’étranger
.
2. Avantages
de la mobilité universitaire
8. La mobilité des étudiants s’inscrit parmi les principaux
objectifs du processus de Bologne, qui a instauré l’EEES, car elle
est extrêmement bénéfique pour les étudiants comme pour les universités.
Elle est aussi un atout pour les Etats et pour l’Europe dans son
ensemble.
2.1. Pour les étudiants
9. La mobilité universitaire a des retombées positives
sur l’épanouissement personnel de ceux qui y participent
. Des études ont montré
les incidences de la mobilité sur le développement identitaire des étudiants.
Le fait de vivre dans un pays étranger pendant quelque temps aide
les étudiants à mieux comprendre la diversité et à coopérer avec
des personnes issues de milieux culturels différents. Comme Jeffrey
F. Milem l’a indiqué dans l’étude qu’il a menée récemment: «Les
étudiants retirent un net avantage de l’éducation lorsqu’elle a
lieu dans un cadre diversifié. Au cours de leurs études universitaires,
les étudiants s’enrichissent au contact des personnes qu’ils rencontrent,
qui ont un vécu et des caractéristiques très différents des leurs.
A l’heure où l’on cherche à préparer les étudiants à la vie au XXIe siècle,
la valeur éducative de ce type de rencontres revêt une importance
plus marquée que par le passé
.»
10. La mobilité dote les étudiants d’un large éventail de compétences
et d’aptitudes de plus en plus prisées par les employeurs, qui vont
de la maîtrise de langues étrangères
et d’une conscience interculturelle
plus développée à l’ouverture d’esprit et la tolérance, la curiosité
et la capacité à résoudre des problèmes et à s’adapter rapidement
au changement, en passant par l’esprit d’entreprise. Ces compétences
et aptitudes sont un atout pour le marché du travail comme pour
l’économie européenne dans son ensemble, sans compter qu’elles stimulent
plus largement une citoyenneté européenne plus active et engagée,
qui contribue à l’éducation holistique des jeunes Européens. Il
ressort généralement des études que la mobilité universitaire favorise
l’employabilité des étudiants, qui se sentent davantage en confiance
dans la recherche d’emploi à l’étranger et sont moins gênés par
les obstacles à la mobilité professionnelle que leurs pairs non
mobiles
.
11. L’étude d’impact Erasmus
– nouvelle étude sur l’impact du
programme d’échange étudiant de l’Union européenne, remise en septembre
2014 – confirme que les jeunes qui étudient ou se forment à l’étranger renforcent
des compétences transversales très appréciées des employeurs. L’étude
montre également qu’avec une expérience internationale, les diplômés
risquent deux fois moins de devenir chômeurs de longue durée par
rapport aux autres et, cinq ans après l’obtention de leur diplôme,
leur taux de chômage est inférieur de 23 %; de plus, ils se voient
attribuer davantage de responsabilités professionnelles et leur
carrière évolue plus rapidement.
12. Enfin, la mobilité universitaire accroît l’ampleur des réseaux
sociaux de jeunes Européens, qui sont un plus pour trouver un emploi
en Europe grâce aux contacts établis pendant l’échange universitaire
. Là encore, l’étude d’impact Erasmus
note que les études internationales permettent aussi d’élargir l’horizon
et les liens sociaux des étudiants, qui envisagent plus facilement
de vivre à l’étranger et sont deux fois plus nombreux que les autres
étudiants à s’installer ou travailler dans un autre pays au moins
une fois après l’obtention de leur diplôme.
2.2. Pour les universités
13. La mobilité internationale des étudiants offre une
expérience précieuse de progrès pour les universités qui prennent
part au processus. Les échanges d’étudiants et de membres du personnel
universitaire déconstruisent les stéréotypes et contribuent à l’édification
de ponts entre les différentes cultures académiques. Ils facilitent
également l’échange de bonnes pratiques entre les établissements
universitaires. La diversité dans le processus éducatif améliore
la qualité de l’éducation dans son ensemble. Pour toutes ces raisons,
il est indiqué clairement dans la Convention sur la reconnaissance
des qualifications relatives à l’enseignement supérieur dans la
région européenne (STE no 165, «Convention
de reconnaissance de Lisbonne») du Conseil de l’Europe et de l’UNESCO
que l’enseignement supérieur doit «permettre à tous les habitants
de la région de bénéficier pleinement de la richesse que représente
cette diversité en facilitant l’accès des habitants de chaque Etat
et des étudiants des établissements d’enseignement de chaque Partie
aux ressources éducatives des autres Parties».
14. La mobilité entrante a aussi une incidence positive sur les
étudiants locaux qui n’ont pas la possibilité d’aller à l’étranger.
La présence d’étudiants internationaux fait baigner les étudiants
locaux dans un environnement international qui leur permet de développer
des compétences similaires à celles des étudiants à l’étranger.
On parle dans ce cas d’«internationalisation à domicile».
2.3. Pour les Etats
15. La mobilité internationale des étudiants englobe
plusieurs dimensions – de nature politique, sociale, économique,
mais aussi académique et culturelle
–
et a une incidence majeure sur l’évolution de la situation dans
tous ces domaines. Elle est propice au développement d’une main-d’œuvre
hautement qualifiée et à la modernisation progressive des systèmes
éducatifs. Les qualifications universitaires et les compétences linguistiques
acquises grâce à la mobilité aident les jeunes à trouver des emplois
sur le marché du travail, stimulent les perspectives d’emploi et
encouragent la mobilité de l’emploi par la suite. Aussi la mobilité internationale
des étudiants peut-elle contribuer à l’essor économique, comme à
la stabilité économique, des pays concernés.
16. Cela vaut également pour les pays d’accueil. Ces derniers
font payer aux étudiants étrangers les coûts entraînés par la mise
à disposition de lieux d’étude, de logements et de services de conseil
(intégralement ou en partie). Ils retirent aussi un avantage de
la présence de ces étudiants. D’après les recherches menées par l’office
allemand des échanges universitaires (Deutscher Akademischer Austauschdienst
e.V. – DAAD), l’économie des pays d’accueil profite nettement de
la création de valeur découlant de la mobilité des étudiants et,
surtout, des retombées macroéconomiques positives des emplois créés
et des revenus revenant à l’Etat
.
2.4. Pour l’Europe
17. La mobilité internationale des étudiants est un puissant
outil d’amélioration de la compréhension interculturelle en Europe.
Il a été observé que les étudiants Erasmus, en comparaison avec
les étudiants non mobiles, s’intéressaient davantage aux autres
pays européens, notamment à leurs habitants et à leurs cultures.
Les étudiants se sentent plus européens à l’issue de leur expérience
dans un autre pays
. La mobilité
des étudiants brise les stéréotypes et les préjugés liés à d’autres
cultures et nationalités et offre une solide base de compréhension
interculturelle. De plus, en favorisant le développement économique
des pays européens, la mobilité consolide la position économique
de l’Europe sur la scène mondiale. Elle joue globalement un rôle
vital dans la promotion de la paix, de la compréhension mutuelle
et de la tolérance, mais aussi dans l’instauration d’une confiance
réciproque entre les peuples et les nations, qui constitue l’un
des buts majeurs de la construction européenne
.
3. Flux et tendances
en matière de mobilité internationale des étudiants
3.1. Flux en matière
de mobilité internationale des étudiants en Europe
18. Les statistiques présentées ci-après se rapportent
à la mobilité internationale des diplômes. Elles ne concernent pas
la mobilité des crédits, ni la participation à des programmes conduisant
à des diplômes conjoints.
19. Bien que les statistiques du programme Erasmus+ révèlent une
progression de la mobilité, il importe de garder à l’esprit que
la mobilité internationale apparaît actuellement comme un phénomène
relativement mineur sur le continent européen
.
20. Pour ce qui concerne la mobilité des diplômes entrante, tous
les pays, à l’exception de l’Autriche et de la Suisse, affichent
un taux de mobilité entrante inférieur à 10 % du nombre total d’étudiants
inscrits, la majorité des pays faisant état d’une mobilité entrante
inférieure à 5 % du nombre total d’étudiants inscrits (l’étude concernée
porte sur l’année universitaire 2008-2009)
.
21. D’après les données Eurostat pour l’année universitaire 2008-2009,
le nombre moyen d’étudiants dans l’EEES venant de l’étranger représente
à peine moins de 4 % du nombre total d’étudiants inscrits (mobilité
des diplômes uniquement). Il convient de garder à l’esprit que beaucoup
de pays fournissent des données qui ne concernent que les étudiants
de citoyenneté/nationalité étrangère
.
22. Il ressort de la même étude que:
- pour ce qui concerne la mobilité entrante, seuls le Royaume-Uni,
l’Allemagne, la France et l’Autriche ont accueilli plus de 50 000
étudiants; l’Italie, la Russie, la République tchèque, les Pays-Bas,
la Suisse et l’Espagne en ont accueilli entre 50 000 et 25 000;
contre moins de 25 000 pour 26 pays;
- pour ce qui concerne la mobilité sortante, l’Allemagne
arrive en tête, avec plus de 75 500 étudiants partis étudier à l’étranger;
suivie de la France et de la Russie, avec plus de 30 000 étudiants;
puis de l’Ukraine, l’Italie, la Pologne, la République slovaque
et la Grèce, avec plus de 22 500 étudiants.
23. Le programme Erasmus de l’Union européenne a contribué dans
une large mesure à l’augmentation du nombre d’étudiants à l’étranger.
Au cours de l’année universitaire 2012-2013, 268 143 étudiants sont
partis étudier dans 33 pays participant au programme Erasmus
, ce qui représente
environ 5 % de l’effectif total d’étudiants dans les pays concernés.
Cette année, la barre des trois millions d’étudiants à l’étranger
depuis le lancement du programme Erasmus, en 1987, a été franchie.
Le nombre d’étudiants Erasmus a plus que doublé depuis sa création.
Outre l’intérêt marqué des étudiants, cette progression est due
au nombre croissant de pays prenant part au programme ainsi qu’à
l’augmentation globale du budget Erasmus. L’Union des étudiants d’Europe
(ESU) a noté cependant des possibilités réduites d’étudier à l’étranger
pour les étudiants issus de familles à faibles revenus, ce qui signifie
que ces étudiants ont rarement la possibilité d’élever leur niveau d’éducation
par ce biais.
24. Les étudiants de pays plus petits et de pays non membres de
l’Union européenne sont peu nombreux dans les flux de mobilité entrante
et sortante. Dans le cas des petits pays, il s’agit bien évidemment
d’une conséquence directe de la taille de leur population et de
la capacité globale réduite de leurs structures universitaires.
Au Luxembourg, au cours de l’année universitaire 2011-2012, seulement
424 étudiants ont profité du programme Erasmus (soit 7,25 % du nombre
total d’étudiants dans le pays); en 2012-2013, ils étaient 400.
Au Liechtenstein, pendant la même année universitaire, le nombre
d’étudiants qui ont fait usage du programme Erasmus n’a été que
de 21 (soit 3,86 % du nombre total d’étudiants); en 2012-2013, ils
étaient 23
. Il convient
cependant de considérer les données statistiques en termes relatifs.
Ainsi, à titre de comparaison, 38 553 étudiants espagnols ont fait
usage du programme Erasmus, ce qui ne représentait toutefois que
1,86 % de la population étudiante totale de l’Espagne
.
L’Espagne est le pays qui a envoyé le plus d’étudiants à l’étranger
en 2012-2013, avec un chiffre de 33 548. C’est aussi la destination
la plus populaire, choisie par quelque 40 000 étudiants cette même
année. L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie sont les
autres destinations populaires.
25. Dans le nouveau programme Erasmus+, toutes les organisations
des pays participants (d’origine et d’accueil) doivent être des
établissements d’enseignement supérieur qui ont obtenu la Charte
Erasmus pour l’enseignement supérieur (ECHE). Chaque année, la Commission
européenne, par le biais de son agence exécutive Education, Audiovisuel
et Culture, publie un appel à propositions qui fixe les conditions
précises à respecter et les critères qualitatifs à réunir pour bénéficier
de la ECHE.
26. La composante internationale du programme Erasmus+, qui permet
la mobilité internationale des crédits et l’obtention d’un Master
Erasmus Mundus commun, favorise une plus grande mobilité des étudiants
et du personnel enseignant vers et depuis les pays partenaires
, à tous les niveaux d’enseignement.
Toutes les organisations des pays partenaires doivent être des établissements
d’enseignement supérieur agréées par l’organisation nationale compétente
et doivent avoir signé avec leurs partenaires des accords interinstitutionnels
reprenant les principes de la charte ECHE avant la mise en place
du dispositif de mobilité. Ces accords facilitent également la reconnaissance
des qualifications.
27. L’intérêt de la mobilité des étudiants est largement reconnu
à Monaco. Le gouvernement souligne qu’il est important de favoriser
les parcours des jeunes à l’étranger. Le Youth Mobility Scheme,
par exemple, permet à de jeunes ressortissants monégasques âgés
de 18 à 30 ans de bénéficier d'un visa les autorisant à séjourner au
Royaume-Uni pendant une période maximale de deux ans afin d'acquérir
une expérience professionnelle
.
28. Les universités monégasques ne sont pas en mesure de proposer
des programmes répondant aux intérêts de tous les jeunes monégasques
désireux de suivre un parcours universitaire. En l’occurrence, Monaco
dispose d’une université – l’Université internationale de Monaco
– proposant un cursus en management, finances, sciences et administration
des affaires et deux autres établissements d’enseignement supérieur,
l’Ecole supérieure d’arts plastiques (arts et danse) et l’Institut
de formation en soins infirmiers. La situation est similaire dans
des pays comme le Luxembourg et le Liechtenstein, où il n’existe
qu’une seule université qui ne dispense pas des enseignements dans
toutes les matières. C’est pourquoi la mobilité des étudiants est
aussi importante pour les petits pays.
29. Globalement, en Europe, le flux d’étudiants est déséquilibré
entre les pays européens; les différences sont significatives entre
les flux de mobilité dans l’Union européenne et les flux de mobilité
dans les pays non membres. La tendance générale est celle d’un mouvement
partant de l’est vers l’ouest de l’Europe.
30. Au sein de l’EEES, au cours de l’année universitaire 2008-2009,
la différence entre la mobilité entrante et la mobilité sortante
était la plus marquée à Chypre, au Royaume-Uni et en Autriche.
31. A Chypre, les étudiants étaient environ 7,5 fois plus nombreux
à quitter le pays pour étudier à l’étranger (12 191 étudiants) que
les étudiants venus de l’étranger (1 615 étudiants) pour étudier
sur l’île.
32. On note des différences similaires en faveur de la mobilité
sortante en Islande (613 étudiants entrants pour 2 120 étudiants
sortants), Irlande (5 079 étudiants entrants pour 16 751 étudiants
sortants), Malte (257 étudiants entrants pour 1 076 étudiants sortants),
République de Moldova (797 étudiants entrants pour 12 028 étudiants
sortants), République slovaque (5 545 étudiants entrants pour 27
434 étudiants sortants).
33. Ce déséquilibre des flux d’étudiants est souvent associé à
un autre phénomène, souvent qualifié de «fuite des cerveaux» – il
s’agit de la situation où le nombre d’étudiants et de chercheurs
quittant leur pays d’origine pour s’installer et travailler dans
un pays d’accueil est nettement plus important que le nombre d’étudiants
entrants qui restent dans le premier pays.
34. Au Royaume-Uni, contrairement à Chypre, les étudiants entrants
étaient 13,6 fois plus nombreux (130 203 étudiants) que les étudiants
sortants (9 539 étudiants).
35. En Autriche, les étudiants étrangers entrants étaient environ
5,5 fois plus nombreux (52 191 étudiants) que les étudiants sortants
(9 450 étudiants); en Suisse, ils étaient respectivement 25 500
à entrer dans le pays et 8 488 à en sortir.
36. La plupart des pays (17 pays) qui comptent un nombre plus
important d’étudiants entrants que d’étudiants sortants sont considérés
comme «attrayants» pour l’enseignement supérieur. Un groupe significatif de
pays a un faible niveau de mobilité sortante et un niveau encore
plus faible de mobilité entrante, ce qui révèle un niveau moindre
d’attractivité des établissements d’enseignement supérieur de ces
pays pour les étudiants étrangers. Citons à ce titre la Croatie,
la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Turquie, la Pologne, le Portugal,
la Slovénie, l’Arménie et l’Ukraine
.
L’équilibre des flux entrants et sortants à l’échelle du continent est
l’un des plus grands défis à relever en matière de mobilité des
étudiants.
37. Le choix d’étudier à l’étranger est influencé par plusieurs
facteurs d’ordre personnel, social et institutionnel. Les facteurs
personnels pèsent plus lourdement sur l’attitude et la décision
des étudiants; il s’agit en particulier des suivants:
- intérêt et motivation de l’étudiant;
- bienfaits perçus des études à l’étranger pour l’épanouissement
personnel;
- identité personnelle.
38. Les principaux facteurs sociaux sont les suivants:
- influence des pairs et d’autres
personnes considérées comme importantes;
- opinion des anciens participants aux programmes d’échange;
- soutien familial et culturel;
- engagement des étudiants sur le campus et en dehors.
39. Enfin, les facteurs institutionnels les plus notables qui
influencent le choix des étudiants sont les campagnes d’information
sur les programmes d’échange, la promotion des études à l’étranger
dans la culture universitaire et sur le campus, la diversité des
offres et la qualité des conseils en la matière
.
3.2. Flux en matière
de mobilité internationale des étudiants en provenance et à destination
de l’Europe
40. Un élément important qu’il conviendrait d’approfondir
concerne la question des flux en matière de mobilité internationale
des étudiants en provenance et à destination de l’Europe, en particulier
les flux entrants et sortants entre l’Europe et les Etats-Unis et
entre l’Europe et les pays d’Asie.
41. A l’échelle mondiale, les Etats-Unis et les pays d’Europe
occidentale sont les principaux pays d’accueil d’étudiants étrangers,
tandis que les pays d’Asie affichent le plus grand nombre d’étudiants
sortants. En 2012, la Chine comptait 694 400 étudiants poursuivant
des études à l’étranger, suivie de l’Inde et de la République de
Corée avec respectivement 189 500 et 123 700 étudiants. En Europe,
ce sont l’Allemagne et la France qui affichaient le plus grand nombre
d’étudiants poursuivant leurs études à l’étranger, soit respectivement
117 600 et 62 400 étudiants
.
42. D’après des données de 2012, les Etats-Unis accueillent 18 %
du total des étudiants mobiles dans le monde, suivis du Royaume-Uni
avec 11 %, de la France avec 7 %, de l’Australie avec 6 %, de l’Allemagne avec
5 % et de la Fédération de Russie avec 4 %.
43. En Europe, la plupart des étudiants internationaux viennent
de pays non membres de l’Union européenne. Par exemple, au Royaume-Uni,
la plus grande proportion d’étudiants vient de Chine, d’Inde et
du Nigéria; en France, ils viennent du Maroc, de Chine, d’Algérie
et de Tunisie; en Allemagne, de Chine, de Turquie et de la Fédération
de Russie; et en Autriche, un grand nombre d’étudiants entrants
viennent de Turquie.
44. Les étudiants des Etats-Unis qui souhaitent étudier à l’étranger
optent le plus souvent pour des Etats membres de l’Union européenne
(Royaume-Uni, Allemagne et France), tandis que les étudiants européens
qui souhaitent étudier hors du continent choisissent, la plupart
du temps, les Etats-Unis.
45. La Commission européenne soutient la mobilité entre l’Union
européenne et les Etats-Unis via le Programme ATLANTIS de l’Union
européenne, qui finance des consortiums de l’enseignement supérieur
et des établissements de formation travaillant en collaboration
aux niveaux licence (undergraduate) ou master (graduate) en vue
d’améliorer leur offre de services éducatifs, de comparer et moderniser
leurs programmes de formation et d’élaborer des programmes d’études
conjoints dont les crédits et les qualifications sont pleinement
reconnus
.
46. Outre les programmes de mobilité, des universités et parfois
des pays signent des accords de coopération permettant aux étudiants
de poursuivre leurs études à l’étranger. Par exemple, le Gouvernement australien
a passé un contrat de reconnaissance des qualifications avec la
France, l’Espagne et le Royaume-Uni
. En outre, des universités ou des
facultés mettent en place des coopérations directes avec des universités
ou des facultés d’autres pays. La MICEFA (Mission interuniversitaire
de coordination des échanges franco-américains) est un exemple d’un
tel consortium, qui regroupe la plupart des universités de Paris
et de sa région. Créée en 1985 pour promouvoir la coopération culturelle
et scientifique entre la France et l’Amérique du Nord anglophone,
elle compte 80 universités partenaires des Etats-Unis et du Canada
.
47. Cela étant, il existe en matière d’enseignement supérieur
aux Etats-Unis et en Europe des différences majeures, qui ont des
répercussions sur les programmes d’échange entre les universités
de l’EEES et celle des Etats-Unis. Pour ce qui est de faire valoir
les diplômes conjoints et les doubles diplômes entre l’Union européenne
et les Etats-Unis, une étude a relevé plusieurs problèmes, notamment
l’émission de certificats en coopération avec des établissements
étrangers et des pratiques différentes en ce qui concerne les matières enseignées
ou les diplômes délivrés
.
48. Les possibilités offertes en matière d’enseignement (ou l’absence
de possibilités) sont un paramètre important qui détermine les flux
sortants d’élèves doctorants. Plusieurs études cherchant à comprendre
les facteurs qui influent sur la mobilité internationale des étudiants
soulignent que la qualité du système universitaire du pays d’accueil
(mesurée par l’incidence relative des publications scientifiques
du pays) et, tout particulièrement, le nombre d’universités du pays
figurant dans le top 200 du classement de Shanghai influent sur
le volume et le sens des flux de mobilité des étudiants dans un
échantillon composé de 31 pays européens. S’agissant des schémas
de mobilité des étudiants effectuant des travaux de recherche approfondie (doctorants
par exemple), la qualité est fortement corrélée avec le classement
de l’université. Par exemple, du fait que de nombreuses universités
britanniques figurent dans le classement du supplément Education
du Times, le Royaume-Uni est
en train de devenir l’un des principaux pays de destination des
doctorants (on parle d’«effet Royaume-Uni»).
49. La levée des obstacles à la mobilité des étudiants en Europe
pourrait avoir un effet positif sur le niveau de qualité des universités,
et, par ricochet, sur les flux internationaux des étudiants de l’enseignement
tertiaire, dont les choix sont fortement dictés par des considérations
qualitatives.
4. Obstacles à la
mobilité internationale des étudiants
50. Plusieurs éléments peuvent faire obstacle à la mobilité,
par exemple l’absence de reconnaissance des acquis d’apprentissage,
l’insuffisance d’aide financière et d’accès à l’information sur
la mobilité des étudiants ou la lourdeur des procédures administratives
– en particulier pour ce qui concerne les visas, la couverture sociale
et les permis de séjour ou de travail. L’Union des étudiants d’Europe
(ESU) a souligné que la mobilité n’est encore possible à l’heure
actuelle que pour les quelques privilégiés faisant partie de l’élite,
car les problèmes liés essentiellement au financement et à la reconnaissance
n’ont pas été traités de façon systématique
.
4.1. Manque de financement
et faible portabilité de l’aide aux étudiants
51. Du point de vue des étudiants et de leurs représentants,
notamment de l’ESU, le manque de ressources financières est le principal
obstacle à la mobilité des étudiants (charge financière supplémentaire
associée à une période d’inscription à l’étranger, perte de possibilités
de gagner de l’argent, perte de prestations sociales et problèmes
de logement dans le pays d’origine), sachant que la situation est
encore plus difficile pour les étudiants issus de milieux défavorisés
au plan socio-économique. L’étude Eurostudent de 2009-2010 a montré que
les aspects financiers étaient l’obstacle principal pour plus de
70 % des étudiants en Croatie, en Irlande, à Malte, en Pologne,
en Estonie et en Turquie
.
Des conclusions similaires se sont dégagées d’une enquête menée
par Vossensteyen
et al. (2010)
à laquelle 57 % des étudiants non Erasmus ont répondu que les coûts des
études à l’étranger étaient trop élevés pour eux
et 29 % ont répondu avoir renoncé
à Erasmus après s’être rendu compte que les bourses proposées ne
suffisaient pas à couvrir les frais engagés
.
52. Les frais de subsistance et les coûts de logement sont des
postes budgétaires importants pour les étudiants poursuivant leurs
études à l’étranger
. Ils ont une incidence majeure sur
les inscriptions d’étudiants étrangers. Les différences de coût
de la vie constituent donc un facteur qui influe sur les flux de
mobilité. Les déséquilibres régionaux de la mobilité sont exacerbés
par l’insuffisance d’aide pour couvrir les changements auxquels
les étudiants doivent faire face lorsqu’ils sont à l’étranger, surtout
les étudiants qui se rendent dans des pays où le coût de la vie
est plus élevé que chez eux.
53. Le rapport de 2012 sur la mise en œuvre du processus de Bologne
confirme que le principal obstacle à la mobilité est le financement.
Le rapport analyse plusieurs mesures financières proposées et décrit
les pratiques financières appliquées dans chaque pays en matière
de mobilité, telles que les subventions, bourses et prêts d’études.
Au cours de l’année universitaire 2011-2012, moins de la moitié
des pays ont mis en œuvre des mesures de soutien financier sous
la forme de prêts pour les étudiants sortants
dans
le cadre de la mobilité des crédits et des diplômes, et seuls quelques-uns
d’entre eux l’ont fait pour les étudiants entrants. Environ deux
tiers des pays ont proposé des subventions et des bourses d’études
aux étudiants sortants et entrants dans le cadre de la mobilité
des diplômes
.
54. Les bourses d’études, les subventions et les prêts sont les
mesures financières les plus fréquemment utilisées
.
Seules l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique (communauté flamande)
et la Hongrie proposent d’autres types de mesures en faveur de la
mobilité des diplômes. Les bourses sont plus utilisées que les prêts. Vingt-sept
Etats membres du Conseil de l’Europe proposent des bourses ou des
subventions pour la mobilité entrante des diplômes et 23 pour la
mobilité entrante des crédits. Le soutien en faveur de la mobilité
sortante est légèrement plus fort: 27 pays proposent des bourses
et des subventions pour la mobilité sortante des diplômes et 30
pour la mobilité sortante des crédits.
55. En ce qui concerne les prêts d’études, seuls sept pays proposent
des prêts pour la mobilité entrante des diplômes et deux seulement
pour la mobilité entrante des crédits. Les pays préfèrent proposer
des prêts servant à subventionner la mobilité sortante de leurs
étudiants. Plus précisément, 22 pays proposent des prêts publics
pour la mobilité sortante des diplômes et 19 pour la mobilité sortante
des crédits. Monaco, qui n’entrait pas dans le champ du rapport
de mise en œuvre du Processus de Bologne, a voté une nouvelle loi,
le 11 juin 2014, sur la mise en place d’une aide financière de l’Etat
destinée à soutenir l’offre de prêts aux étudiants
. La loi en question dispose expressément
que l’aide de l’Etat visant à faciliter les prêts aux étudiants
peut être octroyée pour préparer des concours pour la formation
et le perfectionnement dans des disciplines ayant un rapport direct
avec le service public, l’économie, le maintien et le renforcement
du rayonnement de Monaco dans les domaines artistiques, intellectuels
et scientifiques ou pour des catégories d’emplois présentant un déficit
de personnel qualifié, ainsi que pour l’apprentissage à l’étranger
d’une langue de communication élargie.
56. Je salue la décision d’établir un dispositif de garantie de
prêt pour les étudiants de master dans le cadre du programme Erasmus+
. Ce dispositif
entend donner la possibilité aux jeunes d’accéder à des prêts pour financer
leurs études à l’étranger pendant la durée d’Erasmus+. L’allocation
budgétaire de l’Union européenne mobilisera un financement du secteur
bancaire pour l’octroi de prêts aux étudiants de master mobiles.
57. Ce dispositif prévoit, pour les banques et les organismes
de prêt étudiant, une garantie partielle contre les défauts de remboursement
dans les pays participants. La garantie partielle de l’Union européenne atténuera
le risque pour les établissements financiers de consentir des prêts
à un groupe dont ils ne tiennent pas compte actuellement. En contrepartie
de l’accès à la garantie partielle, les banques seront tenues de proposer
des prêts à des conditions abordables pour les étudiants mobiles,
notamment des taux d’intérêt meilleurs que ceux du marché et un
délai allant jusqu’à deux ans pour permettre aux diplômés de trouver
un emploi avant de commencer à rembourser leur prêt. La gestion
du dispositif au niveau de l’Union européenne sera confiée au Fonds
européen d’investissement, qui fait partie de la Banque européenne
d’investissement.
58. Parallèlement à ces mesures financières, il convient de noter
que les droits de scolarité ont une forte incidence sur la mobilité
des étudiants. Seuls 15 Etats membres appliquent les mêmes frais
de scolarité à leurs étudiants et aux étudiants internationaux
. Les
autres demandent aux étudiants internationaux des droits de scolarité
plus élevés.
59. Le fait de permettre aux étudiants entrants de travailler
à temps partiel peut les aider à financer leurs études dans un pays
autre que le leur et, ainsi, à mieux faire face à leurs problèmes
financiers. En Norvège, par exemple, les étudiants de l’Union européenne
peuvent occuper un emploi de 20 heures par semaine au maximum sur
une période inférieure à trois mois, sans aucun permis de travail.
Les étudiants européens titulaires d’un permis de résidence étudiant
bénéficient automatiquement d’un permis de travail à temps partiel. Les
étudiants en provenance de pays non membres de l’Union européenne
peuvent aussi faire une demande de permis de travail à temps partiel,
sachant qu’il ne leur est pas délivré automatiquement de permis
de travail à temps partiel – ils doivent présenter une déclaration
de l’établissement d’enseignement supérieur confirmant que le travail
n’affectera pas leurs études, ainsi qu’un courrier de l’employeur
indiquant qu’un emploi leur est proposé
.
60. En France, les étudiants titulaires d’un visa étudiant peuvent
faire une demande de permis de travail temporaire, qui leur donne
le droit de travailler un nombre d’heures limité par semaine. Ils
doivent cependant satisfaire à des conditions financières (garantie
financière annuelle d’environ € 526) pour pouvoir faire une demande
de visa étudiant
. En vertu de la législation française,
les étudiants sont autorisés à travailler un maximum de 964 heures
par an, soit environ vingt heures par semaine
. En Russie, tout étudiant étranger
qui s’inscrit dans une université russe peut obtenir un emploi légal
s’il est titulaire d’un visa étudiant
.
61. Au titre du processus de Bologne, les ministres de l’EEES
se sont accordés, en 2005, sur la portabilité pleine et entière
de l’aide aux étudiants, pour la mobilité des crédits comme pour
la mobilité de diplômes complets
,
ce qui signifie que les subventions et/ou prêts dans le cadre de
la mobilité de crédits et de diplômes sont soumis aux mêmes conditions,
que les étudiants étudient dans le pays d’origine ou à l’étranger.
Toutefois, la portabilité pleine et entière n’est possible que dans
quelques pays sur les 33 pays étudiés (Communautés germanophone
et flamande de Belgique
, Chypre,
Finlande, Islande, Liechtenstein, Luxembourg et Slovénie). Dans
les autres pays, soit il n’y a de portabilité (les subventions publiques
et/ou les prêts ne sont accordés que si les étudiants étudient dans
le pays d’origine, ou dans des cas exceptionnels), soit l’aide proposée
aux étudiants répondant à des critères de portabilité est négligeable
(moins de 10 % des étudiants reçoivent une aide potentiellement
transférable – Communauté wallonne de Belgique, Bulgarie, Croatie,
Grèce, Lettonie, Malte, Roumanie, République slovaque et République
tchèque)
. La plupart des pays doivent
encore traduire ce type de mesures dans la réalité. La mobilité
des étudiants augmentera si les pays garantissent aux étudiants concernés
par la mobilité de crédits et de diplômes complets la totalité du
montant de l’aide financière proposée aux étudiants du pays.
62. Hormis le problème de la faible portabilité, les étudiants
reçoivent un soutien inadéquat pour couvrir le coût de la vie à
l’étranger. Les enquêtes menées auprès des unions membres de l’ESU
indiquent qu’il n’y a pas un seul pays d’études à l’étranger dans
lequel les étudiants ne se heurtent pas à des problèmes de dépenses
liés à leurs études et à leur subsistance
. Beaucoup d’étudiants s’en remettent au
soutien de leurs parents pour couvrir leurs dépenses.
63. Les pays et les établissements de l’enseignement supérieur
exploitent la mobilité et l’internationalisation en les utilisant
comme sources de revenus ou en les envisageant sous l’angle financier.
Pour ce faire, ils font payer des frais de scolarité aux ressortissants
de pays tiers (hors UE/EEE) et, dans certains cas, aux étudiants à
l’intérieur de l’UE/EEE. En imposant des frais de scolarité plusieurs
fois supérieurs aux étudiants non ressortissants de l’Union européenne,
les universités européennes limitent l’accès de ces étudiants aux programmes
d’enseignement supérieur.
64. Les frais de scolarité influent sur le niveau de mobilité.
Par exemple, en Suède, le nombre d’étudiants internationaux venant
de pays situés hors de l’EEE et de Suisse a diminué de près de 60 %,
passant de 10 234 au quatrième trimestre 2010 à 4 269 au quatrième
trimestre 2011, après l’instauration de frais de scolarité pour les
étudiants étrangers
.
4.2. Difficultés liées
à la reconnaissance des qualifications
65. Le système européen de transfert et d’accumulation
de crédits (ECTS) existe depuis 25 ans. L’un des principaux objectifs
de ce système est de favoriser la mobilité universitaire afin d’harmoniser
les acquis au sein de l’Espace européen de l’enseignement supérieur
(EEES), d’ouvrir des perspectives d’études internationales et de
contribuer à la reconnaissance des périodes d’études à l’étranger.
L’amélioration de la mobilité des étudiants est directement liée
à la mise en œuvre de l’ECTS et à la consolidation de l’Espace européen
de l’enseignement supérieur dans son ensemble. Il y a lieu de noter,
cependant, que la mise en œuvre de l’ECTS nécessite des efforts
et un investissement majeurs de la part des universités d’origine
comme des universités d’accueil. Les administrateurs et professeurs
d’université prenant part à des programmes d’échange devraient être
mieux formés à appliquer l’ECTS.
66. La reconnaissance des acquis de programmes de mobilité et
des qualifications reçues à l’issue de ces programmes est le deuxième
obstacle le plus courant, en particulier pour les étudiants sortants.
Le rapport de 2012 sur la mise en œuvre du processus de Bologne
indique que les difficultés liées à la reconnaissance des périodes
de mobilité sont citées par seulement huit pays dans le cas de la
mobilité entrante, mais par 24 pays dans le cas de la mobilité sortante.
L’inquiétude la plus courante pour la mobilité des crédits est la reconnaissance
tandis que l’obstacle le plus courant pour la mobilité des diplômes
est le financement
.
67. Pour ce qui concerne la mobilité des crédits, seulement 73 %
des étudiants bénéficient de la pleine reconnaissance des crédits
obtenus à l’étranger et figurant dans le contrat d’études conclu
avec l’université d’accueil; 24 % des étudiants ne bénéficient que
d’une reconnaissance partielle pour certains cours et près de 3 %
n’obtiennent aucune reconnaissance de crédits. Qui plus est, 21,6 %
des étudiants doivent suivre à nouveau au moins une partie (ou la
totalité, dans 3,6 % des cas) de leurs cours et/ou repasser des
examens à leur retour, que leurs études à l’étranger soient pleinement
reconnues ou non
. Pour ce qui concerne la mobilité
des diplômes, 9 % des étudiants qui ont suivi l’intégralité d’un
cursus à l’étranger peinent à faire reconnaître leur diplôme.
68. Les difficultés de reconnaissance des diplômes à l’étranger
concernent surtout les études supérieures, la fonction publique
et les professions réglementées. Beaucoup d’étudiants se plaignent
de la lenteur et parfois du coût des procédures administratives
de reconnaissance. Les instruments tels que la Convention de Lisbonne
sur la reconnaissance sont peu connus parmi les étudiants; en outre,
près de 50 % des individus qui n’ont pas obtenu la reconnaissance
de leur diplôme indiquent ne pas s’être tournés vers des organismes
d’aide potentielle, à l’instar de syndicats nationaux d’étudiants
ou de NARIC
.
69. Il convient d’ajouter que, d’après une enquête menée auprès
des unions nationales d’étudiants membres de l’ESU depuis 2012,
soit les étudiants anticipent l’absence de leur université d’origine,
soit, dans de nombreux cas, pour ceux qui retournent dans leur pays
après avoir étudié à l’étranger, ils voient la durée de leurs études
prolongée au moment de leur retour, en raison de cette période passée
à l’étranger. Cela implique des coûts supplémentaires sous la forme
de frais de scolarité et/ou d’entrée retardée sur le marché du travail,
donc de perte de revenu.
70. D’après le communiqué de Berlin, un supplément au diplôme
décrivant, en anglais, les qualifications acquises devrait être
remis gratuitement à chaque étudiant concerné
. Cette recommandation a été acceptée par
tous les pays participant au processus de Bologne, or, nombre d’entre
eux ne délivrent pas encore de suppléments au diplôme à leurs étudiants.
71. Sur les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, 36 délivrent
un supplément au diplôme à plus de 75 % des étudiants. Ces pays
délivrent également des suppléments au diplôme en anglais et à titre
gratuit, en application des recommandations du communiqué de Berlin.
Dans d’autres pays, ces suppléments sont délivrés sur demande ou
ne sont pas délivrés du tout
.
72. Seuls 17 Etats membres assurent un suivi de l’usage que les
établissements de l’enseignement supérieur font des suppléments
au diplôme, et 12 seulement évaluent les politiques et les pratiques
de reconnaissance via des procédures externes d’assurance de la
qualité.
73. Autre mesure en faveur de la mise en œuvre des ECTS: l’existence
de diplômes conjoints. Dans 10 Etats membres seulement, le pourcentage
d’établissements délivrant des diplômes conjoints est supérieur
à 50 %. Parmi ces pays figurent le Danemark, Malte, le Portugal
et la Suisse, où 50 % à 75 % des établissements délivrent des diplômes
conjoints. Il est regrettable que cela ne soit pas le cas dans d’autres pays
membres de l’EEES. Dans six Etats membres, le pourcentage des étudiants
ayant obtenu un diplôme conjoint (année universitaire 2009-2010)
est compris entre 2,5 % et 10 %. Dans les autres Etats membres,
ce pourcentage est inférieur à 2,5 %.
4.3. Barrières de la
langue
74. Les compétences linguistiques sont un prérequis pour
étudier à l’étranger et, dès lors, l’un des principaux obstacles
à la mobilité des étudiants. Vingt-cinq systèmes d’enseignement
supérieur citent une connaissance insuffisante d’une autre langue
pour les étudiants entrants, tandis que seulement 12 mentionnent
cet obstacle pour la mobilité sortante. Environ un tiers des pays
prévoient des cours de langues pour les étudiants sortants et entrants,
et des cours/programmes en anglais ou dans d’autres langues étrangères,
y compris des programmes conjoints sanctionnés par un diplôme
. De plus, le rôle central
de l’anglais dans l’enseignement supérieur n’est pas toujours pris
en compte. Sans remettre en question l’objectif du multilinguisme
et de la diversité dans l’apprentissage des langues, il importe
de veiller tout particulièrement à l’assurance d’une maîtrise généralisée
de l’anglais pour encourager la mobilité des étudiants.
75. La capacité à parler des langues étrangères est importante
également pour les professeurs des universités d’accueil comme pour
d’autres membres du personnel universitaire. Il est regrettable
qu’un nombre important de représentants du personnel universitaire
ne soit pas suffisamment compétent en matière linguistique. De plus,
les professeurs et le personnel universitaire ne peuvent approfondir
leurs connaissances en langues étrangères au moyen de la mobilité
dans d’autres pays à moins de s’inscrire eux-mêmes comme étudiants.
Certains établissements de l’enseignement supérieur proposent des
cours de langues étrangères à leur personnel sortant, tandis que
d’autres proposent ce type de cours au personnel entrant. Cela étant,
alors que pour certains pays l’offre et le financement de cours
de langues est un véritable enjeu; pour d’autres, l’apprentissage
des langues relève d’une responsabilité personnelle.
76. Certains programmes de bourses proposent des cours de langues
avant le début du cursus à l’étranger pour permettre aux étudiants
d’apprendre la langue et d’en savoir davantage sur la culture du
pays dans lequel ils s’apprêtent à vivre. Citons, par exemple, le
programme de bourse DAAD, qui propose des cours intensifs d’allemand
aux étudiants participant à des programmes d’études dans des universités
allemandes
.
77. La République tchèque, où le nombre d’étudiants étrangers
a augmenté récemment, offre également des exemples positifs en matière
de politiques linguistiques. Le pays propose des services éducatifs
gratuits aux étudiants étrangers s’ils s’inscrivent à des programmes
en langue tchèque; de plus, une année de cours de langue leur est
offerte, à l’issue de laquelle ils peuvent poursuivre leurs études
en tchèque.
78. Le programme Erasmus+ de l’Union européenne a financé des
formations spécialisées dans les langues moins couramment utilisées
et enseignées pour les étudiants qui partent à l’étranger au titre
du programme. La mobilité du nord vers le sud et de l’ouest vers
l’est de l’Europe a ainsi été encouragée. Environ 465 formations
ont été mises sur pied dans 26 pays en 2012-2013, ce qui représente
une augmentation de 7 % par rapport à l’année précédente. Au total,
depuis 1999, près de 55 000 étudiants Erasmus ont suivi des cours
de langue avant d’effectuer leur échange universitaire ou leur stage.
En 2012-2013, 7 247 étudiants ont participé à des cours intensifs
de langue, soit 2,7 % du nombre total d’étudiants inscrits au programme.
Par ailleurs, l’outil de soutien linguistique en ligne, lancé le
1er octobre 2014, offre de nouvelles
possibilités d’apprentissage. Il permet aux étudiants qui participent
à Erasmus+ d’évaluer et d’améliorer leurs compétences dans six langues:
l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le français, l’italien et le
néerlandais. Des organismes nationaux seront chargés de sa mise
en œuvre.
4.4. Lourdeur des procédures
administratives
79. Les étudiants, surtout ceux extérieurs à l’Union
européenne, se heurtent à un certain nombre de difficultés administratives
et législatives lorsqu’ils demandent à étudier dans un pays étranger.
C’est le cas en particulier pour les assistants d’enseignement,
qui sont à la fois étudiants de troisième cycle et membres du corps
enseignant. Pour ce qui concerne la mobilité du personnel universitaire
– sujet qu’il convient de traiter dans un nouveau rapport –, la
procédure administrative est citée comme le deuxième obstacle le
plus courant, d’après le rapport de 2012 sur la mise en œuvre du
Processus de Bologne. Les difficultés d’ordre juridique sont liées
pour la plupart aux différences entre les systèmes de sécurité sociale,
à la double imposition dans certains pays ainsi qu’à des restrictions
en matière d’immigration et à la difficulté d’obtenir des visas
(pour les pays non membres de l’Union européenne).
80. Les étudiants demandeurs de visas doivent prouver qu’ils disposent
de la somme requise pour se loger et de moyens suffisants pour subvenir
à leurs besoins durant tout leur séjour à l’étranger. Cette exigence,
bien qu’elle soit compréhensible, crée des difficultés et entrave
la mobilité universitaire dans de nombreux cas. Les étudiants de
pays extérieurs à l’Union européenne se heurtent à des difficultés
supplémentaires pour obtenir leurs visas d’entrée dans l’Union européenne,
notamment des coûts élevés et de longs délais d’attente pour l’obtention
des visas et les procédures d’appel, des consignes peu claires concernant
les justificatifs nécessaires et des politiques souvent incohérentes
et floues en matière d’information. Il ressort d’études du Réseau
d’étudiants Erasmus que, en moyenne, les personnes originaires de
pays relativement pauvres non membres de l’Union européenne et de
l’espace Schengen doivent payer environ € 270 pour obtenir un visa
. La révision en cours de la Directive
de visas relative aux conditions d'entrée et de séjour des ressortissants
de pays tiers à des fins de recherche, d’études, d’échanges d’élèves,
de formation rémunérée et non rémunérée, de volontariat et de travail
au pair est une avancée majeure en vue de la suppression de ce type
d’obstacle
. Par exemple, les jeunes monégasques
qui souhaitent étudier au Royaume-Uni estiment qu’il leur est difficile d’obtenir
un visa. Qui plus est, au Royaume-Uni, les frais de scolarité sont
moins élevés pour les ressortissants européens que pour les ressortissants
non européens. Une fois encore, quelles que soient les raisons d’une telle
différence, cette situation nuit de toute évidence à la mobilité
des étudiants de pays non membres de l’Union européenne.
81. Les établissements de l’enseignement supérieur poursuivent
le dialogue avec les pouvoirs publics concernant les politiques
d’immigration. En parallèle, certains pays ont déjà adopté des mesures
visant à alléger les restrictions en matière d’immigration pour
les chercheurs non européens et/ou se penchent régulièrement sur
le sujet. La mise en œuvre complète de la Directive de l’Union européenne
et de ses deux recommandations sur le visa scientifique (ou paquet
dit «relatif au visa scientifique») représente une étape importante,
en ce qu’elle facilite les séjours de courte et de longue durée
(moins de trois mois ou plus de trois mois) des chercheurs de pays
tiers dans les Etats membres de l’Union européenne aux fins de recherches scientifiques.
82. Il serait bon de tenir compte d’autres pratiques existantes
concernant les modalités d’obtention de visas. Selon l’usage en
vigueur aux Etats-Unis, des modalités spécifiques s’appliquent pour
le visa à des fins d’échange culturel (de type J). A l’issue du
séjour autorisé, l’expatrié est tenu de retourner chez lui pour
une période de deux ans avant de pouvoir à nouveau faire une demande
de visa pour les Etats-Unis. De même, certaines bourses (Fulbright,
par exemple), qui tendent à favoriser le développement dans des
régions moins développées, prévoient des dispositions similaires.
Les bénéficiaires de bourses doivent rentrer dans leur pays d’origine
après la fin de leurs études et ne peuvent faire de demande de visa
pour les Etats-Unis au cours des deux années suivantes.
83. En plus des conditions de visa, certaines procédures administratives
peuvent être perçues comme un obstacle à la mobilité, notamment
les procédures d’obtention d’un titre de séjour, autorisant un séjour
de longue durée sur le territoire concerné. Il ressort de l’étude
du réseau d’étudiants Erasmus concernant les visas et les permis
de résidence:
- que l’obstacle
qui revient le plus souvent est la lenteur de règles et procédures
à la fois coûteuses et peu claires;
- que, en règle générale, les personnes interrogées faisant
partie de l’Union européenne et de l’espace Schengen ont moins de
documents à présenter pour justifier qu’elles disposent des moyens
financiers requis pour l’obtention d’un titre de séjour;
- que le coût moyen (frais uniquement) d’un titre de séjour
est trois fois supérieur pour les ressortissants de pays non-membres
de l’Union européenne et de l’espace Schengen (€ 167,20 pour les
pays relativement plus pauvres) au coût imposé pour les personnes
ressortissantes de l’Union européenne et de l’espace Schengen (€ 54,90);
- que, en moyenne, les ressortissants de pays relativement
plus pauvres non-membres de l’Union européenne et de l’espace Schengen
doivent payer € 388,30 pour obtenir un titre de séjour, tandis que les
ressortissants de l’Union européenne et de l’espace Schengen ne
dépensent qu’environ € 104,30 à cette fin, contre € 287,80 pour
les pays plus aisés non-membres de l’Union européenne et de l’espace Schengen;
- qu’il faut beaucoup moins de temps aux ressortissants
de l’Union européenne et de l’espace Schengen pour obtenir un titre
de séjour, si l’on tient compte de l’ensemble du processus, sachant
que pour plus de 50 % des demandeurs de pays relativement plus pauvres
situés en dehors de l’Union européenne et de l’espace Schengen,
plus de quatre semaines sont nécessaires .
4.5. Effets secondaires
de l’apprentissage en ligne
84. Les avantages des cours en ligne et de l’apprentissage
numérique sont largement reconnus, sachant que l’utilisation de
ces dispositifs connaît une croissance rapide. Dans certains cas,
les progrès technologiques peuvent donner l’impression qu’ils éliminent
le besoin de mobilité. Les possibilités d’apprentissage à distance via
internet que proposent désormais les universités desservent les
séjours à l’étranger, en ce qu’elles permettent aux universités
d’économiser des ressources en ces temps de difficultés économiques.
L’accès à des cours en ligne ouverts et massifs (ou «MOOC» pour
«massive open online courses»)
permet aux étudiants d’universités
européennes de suivre des cours dans des facultés américaines très
réputées, telles que Harvard ou le Massachusetts Institute of Technology
(MIT). Toutefois, l’apprentissage en ligne ne saurait remplacer
la démarche d’apprentissage en direct dans l’éducation. Si cette
forme d’apprentissage contribue à l’accessibilité de l’enseignement
supérieur, son impact n’est pas le même que celui de la mobilité
universitaire dans la vie des étudiants. L’apprentissage en ligne
ne peut se substituer à la mobilité universitaire ni aux avantages
qu’elle procure. L’expérience interculturelle et la diversité culturelle,
éléments majeurs de l’éducation, ne peuvent être envisagées sans
interactions ni contacts directs entre individus.
4.6. Un appui limité
du secteur privé à la mobilité des étudiants
85. Si le secteur public joue un rôle crucial dans la
mobilité des étudiants, le secteur privé peut lui aussi y contribuer,
sachant que les pratiques de ce type restent encore à développer
en Europe. L’une des principales raisons à cela est que les entreprises
sont incitées à financer la formation uniquement si les employés
restent en poste chez elles et pour un certain temps. Le marché
du travail se caractérise actuellement par une mobilité dynamique
du personnel. Ce phénomène découle d’une ambition de développement
de carrière, ainsi que de l’augmentation du nombre de contrats de
courte durée. Ces différents types de mobilité de la main-d’œuvre entraînent
une certaine réticence de la part des entreprises à investir dans
la mobilité des étudiants, par crainte de voir les travailleurs
qualifiés quitter leurs rangs et de ne pouvoir récolter les fruits
de leur investissement.
86. Il y a lieu de noter cependant plusieurs exemples de réussite
de ce type d’appui. A Singapour notamment, plusieurs entreprises
de premier plan exerçant leurs activités dans des secteurs stratégiques décernent
la Singapore-Industry Scholarship (SgIS), en collaboration avec
l’Etat singapourien. Cette bourse d’études entend maintenir dans
le pays un noyau solide de talents dotés des aptitudes et compétences requises
pour diriger ces secteurs stratégiques et contribuer à leur essor
.
87. En Espagne, les banques privées contribuent à la promotion
de la mobilité par le biais de réseaux régionaux ou de programmes
à l’échelon national. Les étudiants espagnols ne bénéficient pas
de prêts publics pour les soutenir dans leurs études. En 2008-2009,
les financements privés pour la mobilité sortante s’élevaient à
€ 4,01 millions (soit 3 % de la totalité des financements de la
mobilité), en plus de la contribution des banques locales ou d’Etat,
à hauteur de € 7,1 millions (ou 7,1 %). Le financement de la mobilité
s’est diversifié en outre grâce à des modèles mixtes impliquant
des fonds privés et publics, à l’instar de la bourse Fulbright aux
Etats-Unis et du programme d’échange d’étudiant Endeavour Cheung
Kong, partenariat entre une société d’investissement immobilier
et le gouvernement australien
.
4.7. Problème de la
fuite des cerveaux et autres obstacles à la mobilité
88. Le déséquilibre des flux de mobilité est lié à la
question de l’exode et de l’afflux de cerveaux. D’un côté, la partie
occidentale de l’Europe reçoit un grand nombre de demandes émanant
de jeunes très instruits désireux de se former et de développer
leurs compétences et qualifications; de l’autre, la partie orientale
de l’Europe se trouve confrontée à la fuite des cerveaux, du fait
que ces mêmes jeunes très instruits quittent leurs pays d’origine
pour de bon.
89. Les pouvoirs publics sont parfois réticents à promouvoir la
mobilité internationale sortante des étudiants par crainte de la
fuite des cerveaux. Même si ce risque est indéniable, les avantages
de la mobilité internationale des étudiants sont si importants qu’ils
compensent dans une large mesure les éventuelles répercussions négatives
d’une plus grande mobilité universitaire.
90. Les conditions de réciprocité affectent également les flux
de mobilité. La mobilité des étudiants se fonde dans certains cas
sur des accords entre pays et établissements de l’enseignement supérieur
spécifiant les conditions des programmes d’échanges étudiants –
mais cela n’est pas toujours possible. Les grands pays européens
(Allemagne, France, Royaume-Uni) ne peuvent s’attendre à retirer
un avantage réciproque de pays plus petits tels qu’Andorre, le Liechtenstein
et le Luxembourg, en raison du nombre limité d’étudiants pouvant être
inscrits chaque année dans ces pays.
91. A l’opposé de la crainte de l’exode des cerveaux dans les
pays d’origine, les pays d’accueil craignent souvent que les étudiants
étrangers ne décident de rester et de travailler sur leur territoire.
Globalement, dans les pays de l’OCDE dont les données de 2008 et
2009 sont disponibles, le taux d’installation atteint 25 % et s’établit
à plus de 20 % dans la grande majorité de ces pays. En Australie,
au Canada, en France et en République tchèque, ce taux passe même
la barre des 30 %, ce qui n’est pas sans influer sur le marché du travail
.
92. Enfin, l’application des principes d’égalité et de non-discrimination
au regard de la participation aux programmes de mobilité présente
des difficultés. Les étudiants en situation de handicap, par exemple,
sont sous-représentés dans les programmes de mobilité. Bien souvent,
les universités ne sont pas accessibles, et seules quelques initiatives
limitées aident à encourager la mobilité internationale pour les
étudiants handicapés. Citons à ce titre le projet «MapAbility»,
qui recense les établissements d’enseignement supérieur dans lesquels
les étudiants handicapés peuvent être encouragés à s’inscrire. Plusieurs
critères sont pris en compte, allant de la convivialité des sites
internet des établissements à l’existence d’un bureau dédié aux étudiants
concernés et d’au moins un lieu de résidence adapté; l’accessibilité
physique de chaque bâtiment du campus fait également l’objet d’une
évaluation
.
93. Le programme Erasmus+ favorise activement la participation
des étudiants qui ont des besoins spéciaux en leur accordant une
bourse supplémentaire. Le nombre d’étudiants concernés s’est accru
ces dernières années. En 2012-2013, ils étaient 388 à recevoir un
financement supplémentaire pour participer au programme, soit une
augmentation de 15 % par rapport à 2011-2012
.
Ces chiffres restent néanmoins relativement faibles, ce qui montre
par ailleurs que les étudiants qui ont des besoins spéciaux accèdent difficilement
à l’enseignement supérieur.
5. Pour aller plus
loin: stratégie en faveur de la mobilité étudiante
94. Les aspects financiers et les attaches personnelles
restent des obstacles majeurs à la mobilité des étudiants, en plus
du manque d’information, de la crainte de problèmes de reconnaissance,
de la lenteur des procédures bureaucratiques, des doutes concernant
la qualité des études à l’étranger ou de la crainte d’études prolongées,
qui entrent aussi en ligne de compte dans l’esprit des étudiants
potentiels. Par ailleurs, beaucoup de pays ne disposent pas d’une
stratégie ni de mesures claires à même d’équilibrer les flux de
mobilité. Des dispositifs de suivi des flux de mobilité faisaient
jusqu’ici défaut dans de nombreuses régions d’Europe; quand bien
même les pays adoptent des programmes ou des mesures visant à surmonter
les obstacles à la mobilité des étudiants, ils ne suivent pas systématiquement
les effets de ces programmes ou mesures; et les quelques pays qui
entreprennent un suivi le font souvent dans le cadre d’un suivi
statistique général. Les pays devraient analyser la mobilité universitaire
et créer des stratégies pour remédier concrètement aux défaillances
de leurs systèmes respectifs d’enseignement supérieur.
95. Cette situation devrait s’améliorer dans l’Union européenne.
Un tableau de bord de la mobilité permettra de suivre les progrès
accomplis dans ce domaine grâce à l’analyse périodique de la mobilité
internationale des étudiants, et ce sur la base de cinq indicateurs:
informations et conseils fournis en matière de mobilité à des fins
d’apprentissage, préparation des opportunités de mobilité à des
fins d’apprentissage (à savoir, compétences en langues étrangères),
portabilité des subventions publiques et des prêts subventionnés
par l’Etat, reconnaissance des acquis d’apprentissage, soutien à
la mobilité des étudiants issus d’un milieu socioéconomique défavorable
.
96. Les paragraphes suivants présentent mes propositions pour
examen dans une optique d’amélioration de la mobilité des étudiants
en Europe.
5.1. Facteurs influant
sur le choix de prendre part à des programmes de mobilité
97. Des facteurs d’ordre personnel, social et institutionnel
influent sur le choix de prendre part à des programmes de mobilité
. Les facteurs personnels incluent : l’intérêt
et la motivation de l’étudiant, les bienfaits de la mobilité pour
l'épanouissement personnel et le développement de l’identité personnelle.
98. Au nombre des facteurs sociaux figurent l’influence des pairs,
le soutien familial et l'engagement des étudiants sur le campus
et en dehors, y compris les programmes de parrainage entre étudiants
entrants et sortants.
99. Les facteurs institutionnels incluent les campagnes d'information
sur le campus, la promotion des études à l'étranger dans la culture
universitaire et la diversité des offres avec des parcours internationaux.
100. Le fait d’améliorer la perception personnelle, l’influence
sociale et les capacités institutionnelles des universités européennes
aura une forte incidence sur le développement de la mobilité des
étudiants.
5.2. Une information
et des conseils améliorés concernant la mobilité des étudiants
101. Les universités doivent mieux informer les étudiants
sur les programmes de mobilité universitaire.
102. Les étudiants ont besoin d’informations claires, pertinentes
et exhaustives sur l’aide financière à laquelle ils pourraient prétendre,
les programmes d’étude y compris la mobilité des diplômes et des
crédits, les conditions d’accession à ce type de programmes, la
procédure de demande, la procédure administrative, etc. Il faut
en outre leur apporter conseils et assistance pour la soumission
de leurs demandes.
103. Il importe de rendre les informations facilement accessibles
à tous et, ce faisant, d’utiliser des moyens nouveaux, créatifs
et interactifs de les diffuser. L’approche individuelle étant très
importante, les pays devraient être incités à proposer des services
personnalisés et à ouvrir des centres destinés à informer et à fournir
des conseils précis.
5.3. Une plus grande
disponibilité des financements en faveur des étudiants et portabilité
de l’aide aux étudiants
104. Pour parer à l'insuffisance de l'aide financière
et logistique, il y a lieu de créer des bourses ou aides conditionnées
à des critères sociaux, académiques et territoriaux. La portabilité
de l’aide publique aux étudiants est trop limitée et devrait être
élargie.
105. L’Accord européen sur le maintien du paiement des bourses
aux étudiants poursuivant leurs études à l’étranger, ratifié par
20 Etats membres du Conseil de l’Europe, forme l’assise de la portabilité
des subventions publiques, des bourses et des prêts. Il serait bon
cependant de le réviser en vue d’y introduire de nouvelles mesures
d’aide financière et de formuler de nouvelles recommandations au
regard des tendances actuelles en Europe.
106. Le rapport du groupe de travail sur la portabilité des subventions
publiques et des prêts recommande que les pays prennent des mesures
conjointes pour déterminer et traiter les situations dans lesquelles
ils peuvent s’aider mutuellement au regard de la mise en œuvre des
systèmes nationaux d’aide portable de subventions publiques et de
subventions pour ceux qui étudient à l’étranger. Ce rapport recommande également
que les pays utilisent les conditions de séjour dans le cadre des
critères d’éligibilité généraux, afin d’éviter des surcharges déraisonnables
au niveau des pays
.
107. Les décisions des pouvoirs publics concernant le
montant de l’aide financière accordée doivent impérativement tenir
compte du niveau de vie et des coûts de la vie réelle. Il importe
que les bourses et subventions publiques, en particulier celles
portant sur les frais de subsistance, soient en adéquation avec
le niveau de vie du pays d’accueil.
5.4. Amélioration de
la reconnaissance des acquis d’apprentissage
108. La reconnaissance des acquis d’apprentissage est
essentielle pour favoriser la mobilité internationale des étudiants.
L’ECTS doit être pleinement mis en œuvre dans tous les pays, et
son guide pratique utilisé comme base de reconnaissance des qualifications
acquises à l’étranger. Il est impératif que le supplément au diplôme
soit remis à chaque étudiant dans chaque pays membre de l’EEES.
En plus de cela, il faudrait que les pays surveillent la façon dont
les établissements de l’enseignement supérieur utilisent le supplément
au diplôme.
109. La Convention de Lisbonne sur la reconnaissance exige d’assurer
la reconnaissance des qualifications en temps opportun. La reconnaissance
ne peut être refusée que si l’établissement d’enseignement peut prouver
que la qualification diffère fondamentalement de celle du pays d’accueil.
110. La Convention de Lisbonne sur la reconnaissance a été ratifiée
par la plupart des pays de l’EEES; or, des problèmes juridiques
persistants entravent son application dans les pays qui n’ont pas
modifié leur législation en vue de l’adoption des principes de cet
instrument
. Il importe que les pays évaluent
par ailleurs leurs politiques et pratiques de reconnaissance et
participent à des procédures externes d’assurance de la qualité.
La mise en œuvre pleine et entière des réformes structurelles du
processus de Bologne pourrait nettement contribuer à accroître la
mobilité des étudiants. Les réformes prévoient notamment la mise
en œuvre du système de diplôme en trois cycles et du système européen
de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS), l’harmonisation
du cadre national de qualifications avec le CQ-EEES, l’enregistrement
d’un organisme d’assurance qualité dans le Registre européen des
agences de garantie de la qualité (EQAR) et la délivrance automatique
du supplément au diplôme. Cela allégerait la charge bureaucratique
à la fois pour l’Etat et pour les étudiants, et permettrait surtout
de réduire le risque anticipé d’étudiants ne bénéficiant pas de
la pleine reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger
.
111. Il importe d’incorporer la mobilité des étudiants dans le
cursus d’études national, à l’image des cursus intégrés pour lesquels
la mobilité est organisée en alternance entre les partenaires sur
les trois années de licence ou les deux années de master. Il faudrait
planifier une mobilité d’études ou des stages dans les cursus d’études,
plutôt que de proposer la mobilité simplement comme une possibilité
hors cursus. Il faudrait aussi favoriser la formation des enseignants
aux systèmes universitaires des partenaires et mettre à leur disposition des
plateformes d'information et des outils de compréhension des systèmes
de notation, afin de simplifier la conversion des crédits ECTS.
Les établissements devraient être encouragés à mettre en place des
diplômes conjoints et à les promouvoir auprès des étudiants.
112. Les Etats membres devraient soutenir davantage les centres
et les réseaux ENIC-NARIC
(qui sont responsables de la reconnaissance
académique et de la reconnaissance aux fins de l'accès au marché
du travail, y compris les professions réglementées) dans la mise
en œuvre des actions qu’ils mènent conformément à la Charte commune
ENIC-NARIC d'activités et de services
.
5.5. Renforcement de
la maîtrise des langues étrangères
113. Les étudiants doivent être encouragés à développer
leurs compétences linguistiques pour pouvoir suivre des cours enseignés
dans une langue étrangère, ce qui n’est pas le cas pour une grande
majorité d’étudiants. Dans cette optique, l’apprentissage des langues
doit être encouragé tout au long de la vie. Il est nécessaire également
de proposer davantage de cursus de langues et de cursus d’auto-apprentissage
dans les universités et de dispenser des cours dans des langues
autres que celles du pays de résidence. Il y a lieu d’encourager
également des programmes de bourses incluant des cours de langues.
5.6. Rationalisation
des procédures administratives
114. Les pouvoirs publics devraient s’efforcer d’améliorer
la lisibilité des procédures (visas, couverture sociale, permis
de séjour et de travail) et d’assurer une certaine harmonisation
des procédures.
115. Gardant à l’esprit l’importance de la mobilité des jeunes,
le Forum européen de la jeunesse a demandé au Conseil de l’Europe
et au Parlement européen d’appuyer leurs demandes de facilitation
du régime de visa, comme suit :
- un
maximum de 60 jours pour répondre à un recours contre une décision;
- la suppression des frais de visas;
- l’octroi de visas pour l’ensemble de l’Union européenne
et de l’espace Schengen;
- la mise en œuvre immédiate par tous les Etats membres
des dispositions de la Directive sur le visa scientifique, sans
dérogations;
- la délivrance automatique et en temps voulu de titres
de séjour pour toute la durée des visas accordés;
- un système d’accréditation pour les organismes qui facilitent
et simplifient les demandes.
116. Les procédures administratives pour l’obtention de visas étudiants
et de visas d’étude pour le personnel universitaire devraient être
garanties et les demandes administratives devraient être moins lourdes
et les demandes de garanties financières allégées. Il importe de
supprimer les difficultés juridiques liées aux différents systèmes
de sécurité sociale et de double taxation. Des politiques raisonnables
pour l’obtention de visas qui, d’une part, assureront la sécurité
du pays d’accueil et, d’autre part, favoriseront la mobilité universitaire,
devraient être envisagées.
117. Il convient de tirer pleinement parti des possibilités offertes
par le programme Erasmus+. Les agences nationales et l’agence exécutive
sont invitées à apporter conseils et soutien concernant les visas,
les titres de séjour, la sécurité sociale, etc
.
5.7. Favoriser la participation
au programme Erasmus+ des étudiants issus d’Etats membres du Conseil
de l’Europe qui ne sont pas membres de l’Union européenne
118. Le programme Erasmus+ est devenu un instrument essentiel
pour promouvoir la mobilité internationale des étudiants. En Europe,
le système tout entier dépend des conditions et des moyens du programme.
Il est donc impératif de favoriser la participation à Erasmus+ si
nous voulons atteindre nos objectifs en matière de mobilité internationale
des étudiants dans les Etats membres du Conseil de l’Europe.
119. Le nouveau programme Erasmus+ permet la participation de plusieurs
Etats membres du Conseil de l’Europe qui ne sont pas membres de
l’Union européenne, mais pas de tous. Certains pays européens –
le mien, par exemple – en sont toujours exclus, simplement parce
qu’ils figurent parmi les «Autres pays partenaires » dans le système
Erasmus. Or, selon moi, les étudiants de petits pays comme Andorre,
Monaco et Saint-Marin devraient eux aussi pouvoir profiter du programme
.
Les étudiants de ces pays et, plus généralement, tous les étudiants
des Etats membres du Conseil de l’Europe, devraient pouvoir bénéficier
des bourses et autres programmes d’aide en faveur des étudiants,
au même titre que les étudiants des pays participant au programme
Erasmus+ et des pays partenaires.
120. Je tiens à souligner que les petits pays ne peuvent pas être
liés par le principe de réciprocité pour ce qui est de l’accueil
d’étudiants de pays plus importants, tout simplement parce qu’ils
n’ont pas la même capacité en termes de structures universitaires.
D’autres formes de coopération et de participation au programme Erasmus+
doivent être envisagées pour ces pays – par exemple, une contribution
aux systèmes européens de bourses, ce qui permettra de renforcer
les partenariats entre les universités à l’échelle de toute l’Europe.
5.8. Mesures encourageant
les entreprises privées à favoriser la mobilité des étudiants
121. Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures
spécifiques pour encourager l’appui du secteur privé à la mobilité
des étudiants. Des campagnes de sensibilisation du public devraient
être menées pour informer sur l’impact de la mobilité des étudiants
au regard de la qualité des qualifications des diplômés qui participent aux
programmes de mobilité et des capacités à s’adapter à de nouveaux
environnements professionnels – deux points positifs pour le secteur
privé. Dans cette optique, il y a lieu de diffuser les recommandations
de l’étude d’impact d’Erasmus auprès des organisations d’employeurs.
5.9. Equilibre des flux
de mobilité
122. Les pays devraient mettre en œuvre des politiques,
à coordonner au niveau européen, pour empêcher la fuite des cerveaux.
Il importe que les politiques de migration répondent aux demandes
d’une économie moderne et soient bénéfiques pour les pays d’origine
comme pour les pays de destination, grâce à une gestion du processus
propice aux marchés du travail nationaux et aux intérêts économiques
des pays en développement. La prise de mesures encourageant les
études à l’étranger permettrait d’augmenter le nombre de personnes
originaires de pays en développement pouvant acquérir un savoir
et une expérience à l’étranger et transmettre ce savoir et cette
expérience dans leur pays d’origine. Cela étant, il importe que
les titres de séjour soient délivrés avec le message clair que le
retour est obligatoire après la durée définie pour le séjour.