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Résolution 2100 (2016)
Les bibliothèques et les musées d’Europe dans un monde en mutation
1. L’Assemblée parlementaire souligne
l’importance culturelle, économique et sociale des bibliothèques
et des musées. Les bibliothèques et les musées, principaux gardiens
de la culture et du patrimoine européens, ont traditionnellement
joué un rôle irremplaçable et ont une responsabilité particulière
au sein des sociétés. Ils conservent toute leur pertinence au XXIe siècle,
en particulier en tant que lieux où la connaissance est générée et
transmise au grand public. Toutefois, face aux répercussions considérables
des mutations économiques et des rapides innovations technologiques,
l’Assemblée estime qu’il convient de revisiter les rôles et les responsabilités
des bibliothèques et des musées de façon créative et stratégique
pour répondre aux nouveaux besoins qui se font jour.
2. Tout en reconnaissant les contraintes budgétaires actuelles
auxquelles sont confrontés les gouvernements, l’Assemblée estime
que les gouvernements devraient protéger les infrastructures culturelles et
du patrimoine dans l’intérêt des futures générations. Avec l’importance
croissante de l’économie de la connaissance en Europe, les bibliothèques
et les musées sont idéalement placés pour contribuer au développement
humain et à l’apprentissage tout au long de la vie. Ils sont aussi
des espaces de rencontre protégés et dynamiques pour les populations
locales. En outre, les bibliothèques et les musées peuvent être créateurs
d’emplois, attirer les entreprises et améliorer le climat général
d’investissement. Dans ces conditions, l’Assemblée affirme que le
financement public dans ce secteur ne peut être considéré comme
une dépense superflue; c’est au contraire un investissement qui
peut se révéler rentable sous forme de retombées sociales positives
et de croissance économique.
3. L'Assemblée estime qu’un leadership et une vision stratégique
sont essentiels pour les bibliothèques et les musées afin de pouvoir
s’adapter et se développer dans une période marquée par les changements.
Si les bibliothèques et les musées doivent rester comptables de
l’utilisation des financements publics, ils doivent aussi conserver
leur droit de lever des fonds et de décider de leur affectation,
et donc de conserver une certaine autonomie en matière de prise
de décisions. Cela doit leur permettre de trouver de meilleures solutions
en matière de gestion financière et de ressources humaines, en travaillant
avec des bénévoles et en établissant de nouveaux partenariats.
4. L'Assemblée recommande aux Etats membres du Conseil de l'Europe:
4.1. de reconnaître l’importance
sociale, économique et culturelle des bibliothèques et des musées, et
leur rôle dans la préservation du patrimoine culturel pour les générations
à venir ainsi que dans la présentation de nouvelles tendances dans
l’art et dans le domaine de la culture;
4.2. d’accroître la reconnaissance et le soutien aux bibliothèques
et aux musées dans les différents ministères du gouvernement;
4.3. d’allouer aux bibliothèques et aux musées les financements
qui leur sont nécessaires pour remplir leur rôle dans la société;
4.4. d’assurer que la mission de service public remplie par
les institutions plus petites dans le cadre plus large de l’infrastructure
culturelle et du patrimoine est maintenue;
4.5. de promouvoir le concept de leadership et d’assurer aux
bibliothèques et aux musées une autonomie suffisante pour pouvoir
gérer directement leur personnel et leur budget;
4.6. d’aider les bibliothèques et les musées à se positionner
en tant que plateformes d’éducation numérique et d’innovation au
profit des populations locales, en offrant un accès gratuit à internet,
en leur allouant des ressources et en parrainant des réseaux d’information
nationaux et internationaux qui soient mutuellement compatibles.
5. L’Assemblée recommande également que les Etats membres développent
une réflexion stratégique pour réformer, si nécessaire, les secteurs
des bibliothèques et des musées. Le processus devrait englober la mise
en commun de compétences techniques de grande envergure et de consultations,
et impliquer un large éventail de partenaires, notamment les ministères
compétents, les associations nationales de bibliothèques et de musées,
les pouvoirs locaux, d’autres institutions culturelles et le secteur
privé. Cette démarche pourrait consister notamment:
5.1. à améliorer le leadership et
la dotation en personnel, en particulier:
5.1.1. en assurant
la reconnaissance professionnelle des conservateurs de musée, en s’inspirant
de celle obtenue dans le secteur des bibliothèques grâce à la Fédération internationale
des associations et institutions de bibliothèques (IFLA);
5.1.2. en développant et en promouvant la formation spécifique
des personnels, pour diversifier leurs compétences et mieux adapter
leur travail et leurs méthodes à l’évolution des rôles des bibliothèques
et des musées;
5.1.3. en diffusant les meilleures pratiques concernant le recours
au bénévolat dans le secteur culturel, tout en reconnaissant que
les bénévoles ne peuvent pas remplacer les professionnels;
5.2. à diversifier les sources de financement pour assurer
aux secteurs des bibliothèques et des musées une plus grande résilience
financière, en particulier:
5.2.1. en repensant les cadres
juridiques en place pour supprimer les obstacles au développement
de modèles de financement public-privé;
5.2.2. en élaborant des programmes de soutien et de renforcement
des capacités pour les institutions culturelles, pour développer
des compétences en matière de planification organisationnelle et
de collecte de fonds qui soient compatibles avec leurs buts et objectifs culturels;
5.2.3. en s’assurant que le niveau de financement public n’est
pas revu à la baisse en conséquence d’une levée de fonds efficace
auprès d’autres sources;
5.2.4. en incitant les particuliers et les entreprises à parrainer
des institutions et des projets culturels grâce à un large éventail
d’outils, depuis des incitations fiscales jusqu’à des mécanismes
public-privé de financement de contrepartie;
5.2.5. en diffusant les meilleures pratiques identifiées dans
d’autres pays européens;
5.3. à renforcer les partenariats et les réseaux, notamment:
5.3.1. en stimulant la coopération au sein du secteur (mise en
réseau informelle des bibliothèques et des musées aux niveaux municipal,
régional et national); ainsi qu’au sein d’un secteur culturel plus
large (mise en relation des musées, des bibliothèques, des arts
de la scène, du cinéma, du théâtre, de la musique, etc.) pour générer
des synergies et maximiser l’impact des efforts conjoints;
5.3.2. en promouvant une action intersectorielle, mais aussi
au-delà du secteur culturel, pour puiser de nouvelles idées et stimuler
la pensée créative;
5.4. à promouvoir l’utilisation de la technologie numérique
et des médias créatifs, notamment:
5.4.1. en développant
une approche proactive de la compréhension et de l’intégration des nouvelles
technologies de l’information dans les services, afin qu’ils puissent
continuer de répondre aux besoins et aux attentes des usagers;
5.4.2. en encourageant les partenariats avec les centres de recherche
numérique et les fournisseurs commerciaux de technologie numérique;
et en partageant des informations sur les meilleures pratiques concernant
l’utilisation des nouvelles technologies pour la gestion des collections,
le partage d’informations et le développement des services.
6. Au niveau européen, l’Assemblée recommande que le Conseil
de l’Europe, l’Union européenne et d’autres partenaires concernés
élaborent une coopération internationale accrue pour favoriser le
partage de nouveaux modèles et les meilleures pratiques entre les
47 Etats membres du Conseil de l’Europe; qu’ils développent une
approche collaborative pour élever les normes applicables au partage
de collections et d’objets d’art dans les pays européens; et qu’ils
encouragent les projets transfrontaliers afin de renforcer l’engagement
mutuel et la compréhension culturelle.
7. Dans le cadre du dispositif du Prix européen du musée de l’année
et du Prix du musée du Conseil de l'Europe, l’Assemblée parlementaire
invite le Forum européen du musée à envisager l’attribution d’une
mention spéciale aux petits et moyens musées qui mènent bien des
efforts et des réalisations remarquables dans le contexte difficile
de ressources limitées et, souvent, dans un climat peu propice à
l’investissement dans le secteur des musées au niveau national et/ou
régional.