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Addendum au rapport | Doc. 14141 Add. | 10 octobre 2016
Enseignements à tirer de l’affaire des «Panama Papers» pour assurer la justice sociale et fiscale
Commission des questions sociales, de la santé et du développement durable
1. Exposé des motifs, par M. Stefan Schennach, rapporteur
1. Moins de six mois après la
divulgation des «Panama Papers», de nouvelles révélations troublantes
– appelées les «Bahamas Leaks» – sont apparues. Cette fuite d’informations
provenant du registre bahaméen des sociétés cite plus de 175 000
sociétés, fondations et fiducies (trusts) offshore enregistrées dans le paradis fiscal
des Caraïbes entre 1959 et 2016 . Ces données ont été obtenues par
la Süddeutsche Zeitung et
rendues publiques par le Consortium international des journalistes
d’investigation. Avec Panama et Singapour, les Bahamas restent l’un
des pays qui ne sont pas engagés à appliquer la norme multilatérale
d’échange des informations financières.
2. Tandis que le scandale des «Panama Papers» a exposé au grand
jour des opérations financières secrètes impliquant des responsables
politiques d’une cinquantaine de pays, les «Bahamas Leaks» ont mis en
lumière la manière dont l’absence de contrôle peut permettre que
des conflits d’intérêts impliquant de hauts responsables européens
passent inaperçus. Il est maintenant connu que l’ancienne commissaire
de l’Union européenne en charge des politiques de concurrence et
de stratégie numérique de 2004 à 2014 a dirigé une société offshore durant la période 2000-2009.
Cette société a été financée par les Emirats arabes unis et visait à
mettre la main sur les biens internationaux de l’entreprise énergétique
Enron lors d’une opération de $US 7 milliards . Diriger une société offshore n’est pas illégal en soi,
tant que ses activités sont licites. Il manquait cependant une déclaration
ouverte de conflit d’intérêts de la part de la commissaire, son
poste de directrice de cette société n’ayant jamais été déclaré.
3. Pourtant, le code de conduite des commissaires interdit d’exercer
un quelconque mandat d’administrateur extérieur pendant le mandat
de commissaire. Les membres de la commission ne peuvent exercer
aucune autre activité professionnelle, rémunérée ou non. Ils sont
aussi tenus de faire une déclaration complète sur leurs activités
antérieures au cours des dix dernières années et sur tout intérêt
financier ou patrimoine pouvant entraîner un conflit d’intérêts
dans l’exercice de leurs fonctions .
4. De plus, outre mes commentaires concernant le classement de
la Suisse selon son degré d’opacité financière et l’ampleur de ses
activités financières extraterritoriales (2015 Indice d’opacité
financière calculé par le Réseau pour la justice fiscale), un examen
par les pairs récent de l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) a considéré la Suisse comme étant en grande partie
conforme à la norme internationale sur la transparence et l’échange
de renseignements à des fins fiscales .
5. Je tiens également à attirer votre attention sur le fait que,
en plus de Mossack Fonseca, les sociétés suivantes ont été identifiées
comme des intermédiaires facilitant la création de sociétés écran
à des fins d'évasion fiscale:
- Appleby (offre de services juridiques et fiduciaires dans des juridictions financières telles que les Bermudes, les îles Vierges britanniques, les îles Caïmans, l’Île de Man, Jersey, Guernesey, l'île Maurice, les Seychelles, les centres financiers de Hong Kong et de Shanghai);
- Bedell (Jersey, Guernesey, Londres, Dublin, Genève, l'île Maurice et les îles Vierges britanniques);
- Carey Olsen (les îles Vierges britanniques, Cape Town, les îles Caïmans, Jersey, Guernesey, Londres et Singapour);
- Conyers Dill & Pearman (les îles Vierges britanniques, les îles Caïmans, l'île Maurice, Londres, Hong Kong, Singapour et Dubaï);
- Harneys (les îles Vierges britanniques, les Bermudes, les îles Caïmans, Chypre, Hong Kong, Londres, Montevideo, Shanghai, Singapour, Tokyo, Vancouver et l'île Maurice);
- Maples and Calder (les îles Caïmans, l'Irlande et les îles Vierges britanniques).
6. Enfin, les centres financiers extraterritoriaux les plus attrayants,
tels qu’identifiés par l'institut privé Z/Yen, en coopération avec
l'OCDE et la Banque mondiale, sont: les îles Vierges britanniques,
Gibraltar, les îles Caïmans, l'île Hamilton (Australie), Jersey,
l’île de Man, Guernesey, l'île Maurice, les Bahamas, Malte et Chypre .