Imprimer
Autres documents liés
Réponse à Recommandation | Doc. 14206 | 23 novembre 2016
Comment prévenir la restriction inappropriée des activités des ONG en Europe?
1. Le Comité des Ministres
a examiné avec attention la Recommandation 2086 (2016) de l’Assemblée parlementaire
intitulée «Comment prévenir la restriction inappropriée des activités
des ONG en Europe?». Il l’a communiquée au Comité européen de coopération
juridique (CDCJ) et à la Conférence des OING pour information et
commentaires éventuels.
2. Le Comité partage l’avis de l’Assemblée selon lequel les organisations
internationales non gouvernementales (OING) sont l’une des composantes
essentielles d’une société ouverte et démocratique en permettant
la participation de la société civile au processus de décision.
La contribution des ONG est indispensable à la défense des droits
de l’homme et à l’approfondissement de la démocratie et de l’Etat
de droit. Le Comité des Ministres réaffirme l’importance toute particulière
d’assurer la liberté d’action des ONG, conformément aux droits à
la liberté d’expression et d’association, tels que prévus par les
articles 10 et 11 de la Convention européenne des droits de l’homme
et qui constituent des valeurs fondamentales du Conseil de l’Europe.
Il rappelle que l’exercice de ces droits ne peut faire l’objet d’autres
restrictions que celles prévues au paragraphe 2 des articles 10
et 11.
3. Le Comité des Ministres encourage vivement les Etats membres
à mettre pleinement en œuvre la Recommandation CM/Rec(2007)14 sur le statut juridique des organisations non gouvernementales
en Europe. Il appelle également les Etats membres à garantir l’existence
d’un environnement propice aux ONG et de s’abstenir de prendre des
mesures qui imposeraient des restrictions inappropriées à la création,
au fonctionnement et au financement des ONG. En ce qui concerne
la réalisation d’une étude afin d’établir un bilan de la mise en
œuvre de la Recommandation CM/Rec(2007)14, le Comité des Ministres rappelle qu’une telle étude
avait déjà été initiée en 2010 par le Comité européen de coopération
juridique (CDCJ). Il regrette qu’un nombre limité d’Etats membres
ait participé à cette étude mais se félicite que ceux qui y ont
pris part aient adopté des mesures positives afin de mettre en conformité
leur législation avec la recommandation. Le Comité des Ministres
note que le CDCJ envisage d’entreprendre un nouvel examen de la
mise en œuvre de la Recommandation CM/Rec(2007)14.
4. Concernant la proposition de l’Assemblée de réviser la Recommandation CM/Rec(2007)14 dans le but de l’adapter aux nouvelles menaces qui pèsent
sur les ONG, le Comité considère que ladite recommandation énonce
clairement les normes minimales pour la protection des ONG qui,
si elles sont respectées, offrent un moyen de lutter efficacement
contre les restrictions inappropriées aux activités des ONG en Europe.
Il estime donc que la priorité doit être donnée à la mise en œuvre
effective des dispositions contenues dans la recommandation, ainsi
qu’au strict respect des articles 10 et 11 de la Convention européenne
des droits de l’homme, avant d’envisager éventuellement de la réviser.
De ce point de vue, il rappelle qu’à la suite du débat thématique
sur la liberté de réunion et d’association qu’il a tenu le 7 octobre
2015 (voir paragraphe 6 ci-dessous), il a notamment encouragé «les
Etats membres à passer en revue leur législation et leur pratique interne
concernant la liberté de réunion et d’association afin de s’assurer
qu’elles satisfont aux exigences découlant de l’article 11 de la
Convention européenne des droits de l’homme et des autres instruments pertinents
du Conseil de l’Europe, en tenant dûment compte des conclusions
et recommandations formulées par ses organes de suivi». Par ailleurs,
il rappelle également que conformément au rapport «Situation de
la démocratie, des droits de l’homme et de l’Etat de droit – Un
impératif pour la sécurité de l’Europe», qu’il a présenté lors la
126e Session du Comité des Ministres
(Sofia, 18 mai 2016), le Secrétaire Général a demandé la réalisation
d’une étude des normes applicables au financement étranger des ONG
dans les Etats membres. Cette initiative, et tout suivi auquel elle
pourrait donner lieu, fera l’objet d’une discussion au Comité des Ministres.
5. En ce qui concerne le débat thématique sur le rôle et le fonctionnement
des ONG au Conseil de l’Europe, tenu par les Délégués des Ministres
lors de leur 1202e réunion (10 juin 2014),
il convient de rappeler que, suite à ce débat, le Groupe de rapporteurs
sur la démocratie (GR-DEM) avait été chargé d’examiner les propositions
générales concernant le renforcement de l’interaction avec les ONG.
Au terme de son examen, le GR-DEM a conclu qu’il était possible
de renforcer le rôle des ONG au sein du Conseil de l’Europe dans
le respect des règles en vigueur. Ainsi, la Présidence de la Conférence
des OING présente un rapport annuel aux Délégués des Ministres.
Par ailleurs, un représentant de la Conférence est invité à participer
au GR-DEM avant et après chaque Session plénière de la Conférence
afin de présenter les activités et les propositions de celle-ci.
Le Comité des Ministres est disposé à poursuivre les échanges avec
les représentants de la société civile, y compris au niveau de ses
différents groupes de rapporteurs, conformément aux règles applicables.
Il importe de noter également que, suite au débat thématique, la
Conférence des OING invite régulièrement les Représentants permanents
à ses réunions plénières ainsi qu’aux diverses événements qu’elle
organise. Enfin, il faut rappeler que le 6 juillet 2016, le Comité
des Ministres a adopté une nouvelle Résolution sur le statut participatif
des organisations internationales non gouvernementales auprès du
Conseil de l’Europe. Cette nouvelle résolution vise notamment à
mieux définir les critères d’obtention du statut participatif afin
d’assurer une coopération plus efficace entre le Conseil de l’Europe
et les ONG.
6. Enfin, le Comité des Ministres rappelle qu’il a tenu un autre
débat thématique lors de sa 1237e réunion (7
octobre 2015), intitulé «Liberté de réunion et d’association: défis
actuels et réponse du Conseil de l’Europe», avec la participation
du Commissaire aux droits de l’homme, M. Nils Muižnieks. Durant
ce débat, les Etats membres ont exprimé différentes opinions sur
la création d’un nouveau mécanisme visant à renforcer la protection
des défenseurs des droits de l’homme. Suite au débat, les Délégués
des Ministres ont invité le Secrétaire Général à étudier la faisabilité
d’un mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme, en
tenant compte de ses implications financières dans le cadre du Programme
et Budget et de la nécessité d’éviter les doubles emplois avec les
initiatives qui existent déjà, en vue de leur soumettre des propositions opérationnelles
à cet égard. Le Secrétaire Général formulera prochainement de telles
propositions. Le Comité des Ministres tiendra l’Assemblée parlementaire
informée des suites qui pourraient y être données.