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Résolution 2194 (2017)
Les litiges transnationaux de responsabilité parentale
1. En Europe, les couples binationaux
sont de plus en plus nombreux; c’est une évolution positive, sauf
en cas de séparation. Lorsqu’un couple a un ou plusieurs enfants,
la situation déjà souvent difficile du partage de l’autorité parentale
à la suite d’une rupture devient plus compliquée encore du fait
de la différence des systèmes juridiques nationaux, des cultures
et des attentes, ce qui peut donner lieu à des litiges transnationaux de
responsabilité parentale, voire à des enlèvements d’enfants.
2. Les instruments juridiques internationaux et européens qui
régissent ces situations reposent sur le concept d’un juste équilibre
entre des intérêts concurrents (ceux de l’enfant, des deux parents
et de l’ordre public), tout en garantissant la primauté de l’intérêt
supérieur de l’enfant. À ce propos, la Cour européenne des droits
de l’homme estime que les objectifs poursuivis par la prévention
de l’enlèvement d’un enfant et le retour immédiat de l’enfant enlevé
correspondent à une conception déterminée de «l’intérêt supérieur
de l’enfant».
3. Les Conventions de La Haye de 1980 sur les aspects civils
de l'enlèvement international d'enfants, et de 1996 concernant la
compétence, la loi applicable, la reconnaissance, l'exécution et
la coopération en matière de responsabilité parentale et de mesures
de protection des enfants, ainsi que la réglementation de l’Union
européenne applicable aux États membres de l’Union européenne, visent
ainsi à protéger les enfants des effets préjudiciables de leur non-retour
ou de leur déplacement illicites dans un État autre que l’État où
ils résident habituellement. Elles prévoient à cette fin des dispositions
communes en matière de compétence, de droit applicable, de reconnaissance
et d’exécution dans le domaine de la responsabilité parentale et
de la protection de l’enfance. Ces instruments juridiques établissent
un système de coopération étatique entre les «autorités centrales»,
qui aident les intéressés de chaque État partie à régler les contentieux
familiaux transnationaux, et fixent des délais de procédure judiciaire
courts pour le retour de l’enfant dans l’État où il réside habituellement.
4. Mais, dans les faits, ces délais sont rarement respectés et
l’exécution des décisions rendues peut s’avérer difficile et coûteuse.
La portée géographique des principaux instruments juridiques reste
limitée et ceux-ci ne sont pas toujours convenablement appliqués,
même dans les États qui sont liés par ces textes (comme en attestent
plusieurs arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme). Le
point de vue de l’enfant, par exemple, n’est pas toujours entendu
et/ou suffisamment pris en compte. De plus, les affaires dans lesquelles
la personne qui a la charge principale ou exclusive de l’enfant
enlève ce dernier sont particulièrement difficiles, car il arrive
que le parent auteur de cet enlèvement ne soit pas en mesure de ramener
l’enfant dans l’État où celui-ci réside habituellement, ce qui crée
de fait une situation susceptible de porter atteinte au droit de
l’enfant de ne pas être séparé de ses parents et d’entretenir régulièrement
des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux
parents.
5. L’Assemblée parlementaire recommande par conséquent aux États
membres du Conseil de l’Europe de rendre l’exécution d’une décision
relative à la responsabilité parentale à l’étranger plus simple,
plus rapide et moins coûteuse:
5.1. en
contribuant à élargir la portée géographique des principaux instruments
juridiques et à veiller à leur bonne application dans tous les pays
liés par ces textes, y compris dans leur propre pays (par exemple
en rendant l’information largement accessible au grand public et
aux professionnels concernés);
5.2. en simplifiant le traitement des affaires d’enlèvement
ou de non-retour d’enfant dans les litiges transnationaux de responsabilité
parentale, notamment en limitant le nombre de recours possibles
et en supprimant les exigences coûteuses d’exequatur pour l’exécution
des décisions rendues;
5.3. en trouvant le moyen d’assurer un meilleur traitement
des affaires dans lesquelles le parent auteur de l’enlèvement ou
du non-retour a la charge principale ou exclusive du ou des enfants concernés,
en accordant une importance particulière au point de vue du ou des
enfants concernés en pareil cas;
5.4. en s’appliquant à garantir que le point de vue du ou des
enfants concernés est entendu et pris en compte de manière satisfaisante
dans l’ensemble des affaires;
5.5. en veillant à la spécialisation adéquate des professionnels
concernés et à une bonne coopération entre l’autorité centrale et
les autres autorités nationales;
5.6. en encourageant le recours à des services de médiation
dûment reconnus (sur le plan international) et à des accords dans
les litiges transnationaux de responsabilité parentale.