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| Doc. 14668
| 22 novembre 2018
Observation des élections générales en Bosnie-Herzégovine (7 octobre 2018)
1. Introduction
1. Le Bureau de l’Assemblée parlementaire
a décidé à sa réunion du 31 mai 2018, sous réserve de la réception
d’une invitation, d’observer les élections générales en Bosnie-Herzégovine
et de constituer à cette fin une commission ad hoc composée de 31
membres ainsi que des deux corapporteurs de la commission de suivi,
et a autorisé la conduite d’une mission préélectorale. À sa réunion
du 29 juin, le Bureau a approuvé la composition de la commission
ad hoc (voir l’annexe 1) et nommé Dame Cheryl Gillan (Royaume-Uni,
CE) à la présidence de cette commission. Le 17 juillet 2018, la
Commission électorale centrale (CEC) de la Bosnie-Herzégovine a
invité l’Assemblée parlementaire à observer les élections.
2. Conformément à l’accord de coopération signé par l’Assemblée
parlementaire et la Commission européenne pour la démocratie par
le droit (Commission de Venise) le 4 octobre 2004, des représentants
de la Commission de Venise ont été invités à rejoindre la commission
ad hoc en qualité de conseillers juridiques.
3. La mission préélectorale s’est rendue à Sarajevo et Banja
Luka du 19 au 22 septembre 2018 pour évaluer l’avancement des préparatifs
et le climat politique avant les élections générales.
4. Au cours de sa visite à Sarajevo et Banja Luka, la délégation
a rencontré des dirigeants et des représentants des principaux partis
politiques, le président de la CEC, des représentants de la communauté internationale,
les membres de la Mission d'observation des élections du Bureau
des Institutions démocratiques et des droits de l'homme de l'Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE/BIDDH) en Bosnie-Herzégovine
et des représentants de la société civile. La délégation tient à
remercier la chef et le personnel du Bureau du Conseil de l'Europe
à Sarajevo pour leur excellente organisation du programme et leur
soutien logistique.
5. Pour la principale mission d’observation des élections, la
commission ad hoc est intervenue dans le cadre d’une mission internationale
d’observation des élections (MIOE) avec des délégations de l’Assemblée parlementaire
de l’OSCE, du Parlement européen, de l’Assemblée parlementaire de
l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et de la Mission
d’observation électorale de l’OSCE/BIDDH. Les partenaires à la MIOE
ont coopéré aisément et efficacement, dans une bonne entente et
avec professionnalisme.
6. La commission ad hoc de l’APCE s’est réunie à Sarajevo du
5 au 8 octobre 2018. Le programme de ses réunions est présenté en
détail à l’annexe 2.
7. Le jour du scrutin, la commission ad hoc s’est séparée en
12 équipes qui ont observé les élections dans la Fédération et en
Republika Srpska. La commission ad hoc a conclu que le scrutin «s’[était]
déroulé dans le calme et que les électeurs [avaient] fait leur choix
librement parmi un grand nombre de partis et de candidats. La délégation
de l’APCE a toutefois regretté qu’une fois encore, les élections
se soient tenues en violation de la Convention européenne des droits
de l’homme en ce qui concerne la discrimination sur la base de l’origine ethnique
et de la résidence». La délégation a fait part de sa déception quant
au fait que «la campagne électorale est restée divisée selon des
clivages ethniques». Le communiqué de presse publié par la MIOE après
les élections est reproduit à l’annexe 3.
2. Cadre juridique
8. L’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe a observé toutes les élections en Bosnie-Herzégovine
depuis 1996. La commission ad hoc rappelle que la Bosnie-Herzégovine
a signé et ratifié la Convention européenne des droits de l’homme
(STE no 5) et son Protocole additionnel
(STE no 9), qui consacrent un certain
nombre de principes fondamentaux pour une démocratie effective et
véritable, parmi lesquels le droit à des élections libres (article
3 du Protocole additionnel), la liberté d’expression, la liberté
de réunion et d’association, et l’interdiction de la discrimination
(articles 10, 11 et 14 de la Convention).
9. Le cadre juridique est complexe et comprend les textes suivants:
l’Accord-cadre général pour la paix de 1995 (Accords de Dayton)
et son annexe III (élections); la Constitution de la Bosnie-Herzégovine
de 1995; la Constitution de la Republika Srpska; la loi de 2011
sur les élections
; la loi de 2012 sur le financement
des partis politiques; la loi de 1997 sur la nationalité et les
dispositions réglementaires de la CEC.
10. Les élections générales sont régies avant tout par la Constitution
et par la loi sur les élections. La révision de 2016 a notamment
déterminé les règles de désignation et de retrait des candidats.
Elle a instauré des sanctions contre les commissaires aux élections
qui n’exercent pas leurs fonctions le jour du scrutin et a étendu
les peines encourues en cas de violation de la réglementation sur
le financement des campagnes. Certaines lacunes électorales déjà
anciennes n’ont pas été traitées, à savoir les restrictions discriminatoires au
droit de vote et d’éligibilité comme candidat liées aux conditions
de résidence et à l’appartenance ethnique, les défaillances du mécanisme
de plaintes et de recours et les garanties insuffisantes contre
l’utilisation abusive de ressources publiques.
11. En décembre 2016, la Cour constitutionnelle a fait droit au
recours de Bozo Ljubić et a jugé inconstitutionnelle l’attribution
de sièges de la Chambre des peuples de la Fédération de la Bosnie-Herzégovine
(FBH) au motif que les peuples constitutifs ont tous droit à un
siège au moins de chaque canton dans cette chambre. À la suite de
cette décision, les dispositions inconstitutionnelles de la loi
sur les élections ont été annulées, mais le parlement n’a toujours
pas révisé la loi conformément à la décision de la Cour constitutionnelle.
12. Pour ce qui concerne le cadre juridique, le 22 septembre,
la délégation préélectorale de l’APCE a rappelé la
Résolution 2201 (2018) sur le respect des obligations et engagements de la
Bosnie-Herzégovine et déploré que le scrutin déroulerait une fois
encore «sur la base d’un cadre juridique et constitutionnel déclaré contraire
à la Convention européenne des droits de l’homme (STE no 5)
depuis l’arrêt de 2009 rendu dans l’affaire
Sejdić
et Finci: une nouvelle fois, seuls les Serbes, les Croates
et les Bosniaques sont autorisés à se présenter à la présidence
de l’État ou peuvent être élus/nommés à la Chambre des peuples de
l’État».
13. La délégation préélectorale a indiqué regretter vivement que
les autorités de Bosnie-Herzégovine, malgré les résolutions antérieures
de l’Assemblée sur l’incompatibilité de la Constitution et de la
législation électorale avec la Convention européenne des droits
de l’homme, n’aient pas modifié le cadre constitutionnel et législatif
afin de supprimer les discriminations fondées sur l’ethnicité et
les conditions de résidence concernant le droit d’être candidat
à la présidence et à la Chambre des peuples. Comme en 2014, les interlocuteurs
de la délégation de l’APCE issus des partis politiques ont réitéré
leur engagement à régler la question après les élections du 7 octobre
2018.
14. Au niveau de l’État, les citoyens ont voté pour la présidence
et pour la Chambre des représentants de l’Assemblée parlementaire
de la Bosnie-Herzégovine. La présidence de la Bosnie-Herzégovine
est une institution de trois membres élus à la majorité simple sur
des listes distinctes dans les deux entités, les électeurs de la
Fédération de Bosnie-Herzégovine votant pour un candidat soit bosniaque,
soit croate et ceux de la Republika Srpska (RS), pour un candidat
serbe (vote unique non transférable). Les membres de la présidence
sont élus pour un mandat de quatre ans et exercent la présidence
par rotation tous les huit mois. Dans la pratique, ce système permet
au membre croate de la présidence d’être élu sans obtenir le vote
d’une majorité d’électeurs croates.
15. La Chambre des représentants de l’Assemblée parlementaire
de la Bosnie-Herzégovine se compose de 42 membres: 28 membres élus
en FBH et 14 en RS. 21 députés sont élus au titre de cinq circonscriptions
à plusieurs sièges en FBH, y compris dans le district de Brčko,
et neuf députés au titre de trois circonscriptions à plusieurs sièges
en RS; ils figurent tous sur des listes ouvertes. Les sept députés
restants et les cinq sièges compensatoires sont répartis en conséquence
entre des listes bloquées de partis de la FBH et de la RS.
16. Au niveau des entités, les citoyens élisent directement les
membres de la Chambre des représentants du Parlement de la Fédération
de Bosnie-Herzégovine («Chambre de la FBH»), le président et les
vice-présidents de la Republika Srpska et les membres de l’Assemblée
nationale de la Republika Srpska («Assemblée de la RS»). La Chambre
de la FBH comprend 98 députés. 73 d’entre eux sont élus sur des
listes ouvertes au sein de 12 circonscriptions à sièges multiples,
dont le district de Brčko, et 25 sièges compensatoires relèvent
de listes bloquées de partis. Les électeurs du district de Brčko
votent soit pour les élections en FBH, soit en RS selon qu’ils appartiennent
à l’une ou l’autre entité.
17. En Republika Srpska, les électeurs ont élu les 83 députés
de l’Assemblée de la RS: 63 dans les neuf circonscriptions à sièges
multiples figurant sur des listes ouvertes et 20 sièges compensatoires
figurant sur des listes bloquées. Les électeurs de la Republika
Srpska ont élu également le président de leur entité et deux vice-présidents
selon un système de vote multiple dans lequel le candidat obtenant
le plus de voix est élu président et les deux candidats les mieux
placés des deux autres peuples constitutifs exercent les fonctions de
vice-présidents.
18. La loi garantit une représentation minimum des trois peuples
constitutifs à la Chambre de la FBH et à l’Assemblée de la RS. Si
l’un des peuples constitutifs n’obtient pas un minimum de quatre
sièges lors de la répartition des circonscriptions à sièges multiples,
le minimum est garanti par les sièges compensatoires. Un seuil de
3 % s’applique pour l’attribution de l’ensemble des sièges à la
proportionnelle. Pour tous ces sièges, on utilise le système de
listes ouvertes: les électeurs peuvent indiquer une préférence pour
un certain nombre de candidats de la liste ou simplement pour la
liste sans marquer de préférence pour un quelconque candidat.
19. Si le parti ou la coalition politique qui a obtenu les sièges
compensatoires n’a pas assez de candidats sur sa liste appartenant
à l’ethnie pour laquelle le minimum de quatre sièges n’est pas atteint,
le siège est attribué à la liste de candidats suivante la mieux
placée comprenant les candidats concernés et ainsi de suite jusqu’à
ce que le minimum soit atteint. Les circonscriptions à plusieurs
sièges sont attribuées par ordre décroissant de votes préférentiels
exprimés pour les candidats qui ont obtenu au moins 20 % de votes préférentiels
sur le total des suffrages valablement exprimés. Les sièges restants
sont attribués selon l’ordre indiqué sur la liste.
20. Les autorités ont l’obligation légale de revoir les limites
de circonscription tous les quatre ans pour assurer une répartition
équilibrée des sièges entre circonscriptions et l’égalité de la
force électorale. Or, à l’exception de quelques ajustements en Republika
Srpska, ce redécoupage n’a pas eu lieu depuis plusieurs cycles électoraux.
3. Administration
électorale, enregistrement des listes d’électeurs et des candidats
21. Les élections générales ont
été organisées par la Commission électorale centrale (CEC), les 143 commissions
électorales municipales (CEM) et 5 649 commissions de bureaux de
vote. Le vote à l’étranger était possible par courrier et dans 10 bureaux
de votes installés dans des ambassades et des consulats. La délégation
préélectorale de l’APCE a été informée des risques de manipulation
des votes effectués depuis l’étranger, mais ces risques ne se sont
pas confirmés le jour du scrutin.
22. La CEC est un organe permanent composé de sept membres. Conformément
à la loi sur le sujet, la CEC doit avoir une composition ethnique
équilibrée: deux Bosniaques, deux Croates, deux Serbes et un membre «Autres».
Les membres de la CEC sont désignés par une commission spéciale
de sélection et de nomination pour un mandat de sept ans. Ils sont
désignés par la Chambre de la FBH. Le président est désigné en leur
sein par les membres de la CEC eux-mêmes et assume sa fonction par
rotation, sachant qu’un Bosniaque, un Croate, un Serbe et «l’autre»
membre exercent chacun un mandat de 21 mois. Le 27 septembre, la
CEC a élu, parmi les deux membres serbes, un nouveau président.
23. Certains interlocuteurs de la délégation d’observation des
élections de l’APCE ont mis en doute l’impartialité de l’administration
électorale, soupçonnant un parti pris politique et ethnique des
membres de la CEC. La délégation préélectorale a noté que les élections
avaient été organisées de manière efficiente globalement et a noté
les efforts, notamment de transparence, de la CEC en dépit des nombreuses
pressions exercées dans un contexte politique difficile et complexe
et de ressources humaines et financières limitées.
24. Les CEM sont des organes permanents composés de trois, cinq
ou sept membres selon la taille de la commune. Elles sont nommées
par les conseils municipaux et approuvées par la CEC pour un mandat
de sept ans. Selon la loi sur les élections, la composition des
CEM doit refléter la composition ethnique de la commune concernée
d’après le dernier recensement réalisé.
25. Les commissions de bureau de vote comprennent trois à cinq
membres selon la taille du bureau. Les membres sont nommés par la
CEM compétente au plus tard 30 jours avant chaque scrutin. Tous
les partis et les candidats indépendants qui se présentent dans
une circonscription donnée ont le droit de nommer des membres des
commissions de bureaux de vote, qui sont affectés de façon aléatoire
par tirage au sort organisé par la CEC et mis en œuvre par les CEM.
La commission de bureau de vote administre le scrutin et procède au
dépouillement des bulletins dans les bureaux de vote.
26. L’inscription des électeurs est passive. La CEC est responsable
de la tenue du rôle électoral central, fondé sur le registre de
la population du ministère des Affaires civiles. Les représentants
des différents sujets politiques qui ont déposé des listes de candidats
peuvent obtenir gratuitement une copie des rôles électoraux dans
la circonscription correspondante. L’ensemble des citoyens âgés
de 18 ans et plus le jour du scrutin et qui n’ont pas été déclarés
incapables par un tribunal ou qui ne sont pas privés du droit de
vote dans le cadre d’une condamnation pour un crime grave, y compris
les crimes de guerres, peuvent voter.
27. Pour les élections générales du 7 octobre 2018, le nombre
total d’électeurs inscrits était de 3 352 933. Beaucoup d’interlocuteurs
de la MIOE ont exprimé leur inquiétude quant à l’exactitude du rôle
électoral central, en particulier eu égard au nombre élevé de personnes
décédées figurant encore sur les listes électorales.
28. Le droit de vote pour la présidence de la Bosnie-Herzégovine
est limité par la résidence. Les électeurs de la Republika Srpska
peuvent uniquement voter pour un candidat serbe, tandis que ceux
de la Fédération de Bosnie-Herzégovine peuvent voter soit pour un
Bosniaque, soit pour un Croate candidat à la présidence de l’État.
Les électeurs du district de Brčko votent soit pour les élections
en Fédération de Bosnie-Herzégovine, soit en Republika Srpska, selon
leur appartenance à l’une ou l’autre entité. Les personnes déplacées
habitant en Bosnie-Herzégovine peuvent s’inscrire pour voter en
fonction de leur résidence provisoire ou du domicile qui était le
leur avant d’être déplacées.
29. Les électeurs de l’étranger doivent s’enregistrer pour chaque
élection et peuvent choisir d’envoyer leur bulletin par la poste
ou de voter en personne à la représentation diplomatique ou consulaire
du pays. La CEC a décidé que les bulletins adressés par voie postale
devait être envoyés uniquement en recommandé. La CEC a informé la
MIOE qu’elle avait refusé 9 136 demandes d’enregistrement de vote
à l’étranger. Ces décisions de refus découlent de craintes d’utilisation
abusive de pièces d’identité et de falsification de signatures,
que la CEC a signalées au Parquet national pour enquête.
30. Les candidats à tous les niveaux électoraux peuvent être désignés
par des partis politiques et par leurs coalitions ou se présenter
de manière indépendante. La loi prévoit un quota obligatoire de
40 % du sexe le moins représenté dans les listes de candidats pour
tous les scrutins à la proportionnelle. Le cadre légal prévoit des
restrictions liées à l’appartenance ethnique. Le droit de se présenter
à la présidence de la Bosnie-Herzégovine et à la fonction de président
et de vice-présidents de la Republika Srpska est reconnu uniquement aux
ressortissants qui se déclarent bosniaques, croates ou serbes et
est limité par des conditions de séjour.
31. La Cour européenne des droits de l’homme a jugé auparavant
que la loi devait être révisée afin de supprimer les limitations
liées à l’appartenance ethnique et au domicile. La délégation de
l’APCE a déploré une fois encore l’absence de progrès dans l’exécution
des arrêts contraignants de la Cour pour l’élimination du critère
d’appartenance ethnique et de domicile dont est assorti le droit
de présenter sa candidature.
32. Les amendements de 2016 ont modifié le processus de désignation
des candidats en augmentant le nombre de signatures de soutien d’électeurs
et l’importance du dépôt électoral requis pour l’enregistrement des
candidats aux différents niveaux. Ils ont réduit le nombre de soutiens
d’électeurs requis pour la restitution des cautions électorales
et clarifié les règles de désignation et de retrait des candidats
.
33. Les personnes qui souhaitent présenter leur candidature doivent
certifier à la CEC qu’elles réunissent les conditions requises.
À l’exception des élections à la présidence de la Bosnie-Herzégovine,
et à la présidence et vice-présidence de la Republika Srpska, les
partis politiques sont dispensés de la collecte de signatures si
un de leurs membres est représenté à la chambre parlementaire où
ils souhaitent se présenter ou à la chambre correspondante de niveau
supérieur.
34. La CEC a enregistré 60 partis et coalitions et 25 candidats
indépendants; le nombre total de candidats enregistrés sur les listes
était de 3 515, dont 41,6 % de femmes. Les électeurs avaient un
large choix. La délégation de l’APCE a noté que l’enregistrement
des partis et des candidats était inclusive, mais s’est dite préoccupée
par l’exactitude des registres de vote. Certains interlocuteurs
ont informé la délégation qu’un nombre non négligeable de partis
politiques et de candidats aux élections semblaient fictifs, le
but étant d’obtenir des sièges dans les bureaux de vote et de manipuler
le processus électoral. La délégation n’a pas été en mesure de vérifier
ces allégations, qui, si elles s’étaient avérées fondées, pourraient
saper davantage la confiance du public dans un processus électoral
démocratique encore faible en Bosnie-Herzégovine.
4. Campagne
électorale, environnement médiatique et financement de la campagne
35. La loi sur les élections régit
le début et la fin officiels de la campagne. La campagne électorale
a débuté le 7 septembre et s’est terminée 24 heures avant le jour
du scrutin. Les autorités doivent veiller à ce que les demandes
de partis politiques et de candidats concernant l’utilisation d’installations
publiques aux fins de la campagne soient traitées de façon équitable,
y compris la tenue de réunions, le placardage d’affiches et l’utilisation
de tableaux d’affichage.
36. La campagne électorale a été calme et plus visible dans les
zones urbaines. D’après de nombreux interlocuteurs de la délégation
de l’APCE, les partis et les candidats ont pu mener leur campagne
librement, sans restrictions, et les principes fondamentaux de la
liberté de réunion et d’expression ont été respectés dans l’ensemble.
Cependant, lors de sa mission préélectorale et de sa mission principale
d’observation, la délégation a été informée que des employés du
secteur public – et aussi de certaines entreprises privées – auraient
subi des menaces et des pressions pour participer à des activités
de campagne en faveur des candidats de partis au pouvoir. D’après
les observations et les conclusions préliminaires de la MIOE
,
la CEC a été saisie de plusieurs plaintes à ce propos.
37. Bon nombre d’interlocuteurs ont aussi informé la délégation
de discours provocateurs et nationalistes et de propos haineux,
d’allégations d’utilisation abusive de ressources administratives
et publiques, d’achats de voix et d’intimidations et de pressions
sur des employés du secteur public et d’entreprises privées pour
qu’ils votent en faveur de tel ou tel parti au pouvoir. Il est regrettable
que la campagne électorale ait été marquée par des clivages ethniques,
comme ce fut le cas lors des précédentes élections.
38. Pour ce qui concerne la couverture médiatique, la loi sur
les élections et la réglementation de la CEC prévoient que les médias
publics audiovisuels accordent gracieusement trois minutes d’antenne
à chaque candidat lors de la campagne électorale officielle. Les
candidats peuvent aussi acheter un temps d’antenne d’un maximum
de 30 minutes par semaine auprès de chaque média public et de 60
minutes auprès de chaque média privé.
39. Les médias audiovisuels doivent respecter les principes d’équilibre,
d’équité et d’impartialité, en particulier dans leurs programmes
d’information. L’Agence de régulation des communications (ARC) veille
au respect de la réglementation par les médias. Elle se prononce
sur les plaintes relatives aux médias et applique des sanctions
en cas d’irrégularités. Les décisions de l’Agence peuvent être contestées
devant son Conseil, puis devant le Tribunal administratif et enfin
devant la Cour de la Bosnie-Herzégovine.
40. L’environnement des médias est diversifié et pluraliste. Les
services publics audiovisuels ont l’obligation de garantir un accès
égal à tous les partis politiques et de ne pas privilégier les partis
au pouvoir. Or, les partis politiques n’ont pas tous bénéficié du
même temps d’antenne. Divers interlocuteurs ont observé que les médias
publics et privés étaient largement perçus comme subissant la pression
de partis politiques et d’entreprises privées. Le manque de transparence
de la propriété des médias a été cité par certains interlocuteurs
de la délégation, ainsi que les problèmes qui se posent dans l’environnement
des médias, notamment les menaces proférées contre des journalistes
et l’incapacité de certaines personnalités politiques à répondre
aux invitations à participer aux débats diffusés à la télévision
ou à la radio. Cette situation a nui au développement d’un secteur
des médias suffisamment fort et indépendant pour permettre aux électeurs
de faire un choix dûment éclairé.
41. D’après les conclusions du suivi des médias de la MOE du BIDDH
, les services publics audiovisuels ont
couvert la campagne électorale de manière équilibrée lors des programmes
consacrés spécialement aux élections. Il convient toutefois de noter
que ces programmes ont porté bien souvent sur les activités des
grands partis politiques, en particulier du parti SNSD et de son
dirigeant M. Dodik, ce qui va à l’encontre des principes de concurrence
équitable. Les journaux qui ont été suivis par la MOE du BIDDH se
sont fait l’écho des clivages éthiques et politiques de la société.
42. Le financement des campagnes électorales est régi par la loi
sur les élections, la loi sur le financement des partis politiques,
les lois sur les partis politiques de la Republika Srpska et du
district de Brčko et la réglementation et les instructions de la
CEC.
43. Aucun financement public direct n’est prévu pour les campagnes
électorales, mais les groupes parlementaires représentés au parlement
ont le droit de recevoir des financements de l’État de Bosnie-Herzégovine.
Les partis politiques représentés au niveau des entités ont aussi
droit à des financements publics de l’entité concernée. Les partis
et les candidats indépendants peuvent financer leur campagne à l’aide
de cotisations et d’allocations budgétaires (uniquement pour les
partis), ainsi que de dons de personnes physiques et morales. Les
personnes physiques peuvent donner au maximum 10 000 BAM (€ 5 000 environ) et
les personnes morales, 50 000 BAM (€ 25 500 environ). Il est interdit
de recevoir des contributions étrangères et anonymes, de recourir
à l’emprunt, d’utiliser des financements accordés par des organes administratifs,
des institutions publiques et des entreprises, d’accepter des dons
d’ONG et d’associations qui bénéficient de financements publics,
d’organisations humanitaires et religieuses et de personnes qui
ont conclu des contrats liés à des achats publics et supérieurs
à 10 000 BAM (€ 5 000 environ) pour l’année en cours.
44. Chaque candidat à l’élection peut dépenser jusqu’à 0,30 BAM
par électeur inscrit dans une circonscription donnée. Les amendements
de 2016 obligent les candidats à ouvrir un compte bancaire spécialement
pour la campagne. Toutes les transactions liées à la campagne doivent
être effectuées avec ces comptes bancaires ou en espèces.
45. Tous les candidats à l’élection doivent présenter deux bilans
financiers de leurs recettes et de leurs dépenses, le premier au
moment de leur enregistrement, couvrant les trois mois précédents,
et le second dans les 30 jours suivant l’annonce des résultats définitifs
de l’élection. Le défaut de présentation du premier bilan entraîne
un refus d’enregistrement du candidat, tandis que le défaut de présentation
du second bilan conduit à la révocation du mandat des candidats
indépendants ou désignés par le parti concerné. Les révisions législatives
de 2016 ont par ailleurs ajouté des sanctions financières imposées
aux partis politiques et aux candidats qui ne présentent pas de
bilan financier de leur campagne.
46. Le contrôle du financement de la campagne est assuré par le
service d’audit de la CEC. La délégation de l’APCE a été informée
que la CEC avait publié une réglementation mise à jour pour les
partis politiques et les candidats indépendants établissant des
modèles de bilans, y compris au format électronique, et clarifiant les
règles de présentation des comptes. Qu’elle soit saisie d’une plainte
ou qu’elle intervienne de sa propre initiative, la CEC peut imposer
des sanctions en cas de violation des règles de financement de la
campagne ou des activités régulières des partis politiques. La décision
finale d’imposer une sanction appartient au Conseil d’appel, organe
parlementaire qui examine aussi les recours contre les décisions
de la CEC liées au financement des partis politiques.
47. Plusieurs interlocuteurs de la MIOE ont indiqué que le financement
politique n’était pas suffisamment transparent, que bien souvent
les avoirs et les financements de campagne n’étaient pas déclarés
et que des partis auraient reçu des dons d’entreprises en échange
de contrats de travaux publics. Globalement, le système réglementaire
ne garantit pas la transparence et l’intégrité des dépenses de campagne
et ne permet pas la mise en œuvre de la responsabilité financière
.
48. La délégation rappelle que, dans son rapport de conformité
de 2017, le Groupe d’États contre la corruption du Conseil de l’Europe
(GRECO) a reconnu les progrès réalisés par la Bosnie-Herzégovine,
qui a appliqué en partie les recommandations antérieures. En revanche,
le GRECO s’est dit préoccupé car «il restait encore beaucoup à faire,
notamment pour harmoniser le cadre juridique complexe, promouvoir
le recours au système bancaire pour les contributions versées aux
partis politiques et renforcer les moyens financiers et humains
alloués à la Commission centrale électorale pour le contrôle du
financement politique».
5. Jour
du scrutin
49. Le scrutin s’est déroulé globalement
dans le calme et de manière ordonnée. Le taux de participation était de
53,36 %. Les membres des bureaux de vote ont pleinement coopéré
avec les 12 équipes de la délégation de l’Assemblée parlementaire
déployées dans le pays. Les lacunes suivantes, principalement d’ordre technique,
ont été observées par les membres de la délégation tout au long
du scrutin et pendant la clôture du vote et le dépouillement:
- certains bureaux de vote étaient
bondés en raison de leur petite taille mais aussi de procédures
de vote complexes dues au nombre de bulletins et prenant un temps
considérable;
- dans un grand nombre de bureaux de vote visités, une présence
massive d’observateurs de partis politiques a été signalée; ces
observateurs, munis de copies des listes électorales, ont gardé
une trace de qui est venu voter. Bien que ce type de pratique ne
soit pas contraire au cadre juridique, on peut toutefois se demander
si cela n’est pas propice à l’exercice de pressions sur les électeurs
et d’un contrôle du processus de vote de la part des partis; à titre
de comparaison, dans les mêmes bureaux de vote, les observateurs
de la société civile n’étaient pas munis de copies des listes électorales
et observaient simplement le déroulement du vote; il y a lieu de
s’interroger également sur la protection des données à caractère
personnel relatives aux électeurs;
- de nombreux cas de votes familiaux, principalement dans
les zones rurales, et des cas de vote assisté, en particulier de
femmes, ont été observés, ce qui est révélateur de l’exercice d’une
influence indue sur des électeurs;
- bon nombre de bureaux de vote visités n’étaient pas accessibles
aux personnes handicapées;
- le secret du vote n’a pas été garanti dans 18 % des bureaux
de vote visités par les observateurs de la MIOE; cependant, aucune
tentative de tirer profit de cette anomalie ni d’exercer un contrôle
sur les suffrages exprimés n’a été signalée;
- dans certains bureaux de vote, des cas de non-respect
involontaire des mesures légalement requises pendant les procédures
de vote ont été constatés;
- lors du dépouillement, les observateurs ont relevé des
cas de non-conformité avec les procédures dus bien souvent au manque
de connaissances des procédures, à une formation inadéquate des
membres des commissions de bureaux de vote et à des procédures complexes
de dépouillement;
- des observateurs de l’organisation non gouvernementale
«Pod Lupom» étaient présents dans presque tous les bureaux de vote
visités.
50. La CEC a annoncé les résultats préliminaires suivants:
- M. Šefik Džaferović (SDA), M. Milorad
Dodik (SNSD) et M. Željko Komšić (FD) ont été élus respectivement
comme membres bosniaque, serbe et croate de la présidence de la
Bosnie-Herzégovine;
- Mme Željka Cvijanović a été
élue présidente de la Republika Srpska;
- à la Chambre des représentants de la Bosnie-Herzégovine:
Parti d’action démocratique (SDA) – 9 sièges; Alliance des sociaux-démocrates
indépendants (SNSD) – 6 sièges; Union démocrate croate (HDZ) – 5
sièges; Parti social-démocrate (SDP) – 5 sièges; SDS – 3 sièges;
Front démocratique (FD) – 3 sièges; Alliance pour un meilleur avenir
(SBB) – 2 sièges; Nasa Stranka – 2 sièges; Parti du progrès démocratique
(PDP) – 2 sièges; et un siège pour le Bloc indépendant, Mouvement
d’action démocratique (PDA), Alliance populaire démocratique (DNS),
SPRS et A-SDA;
- à la Chambre des représentants de la Fédération de Bosnie-Herzégovine:
SDA – 27 sièges; SDP – 16 sièges; HDZ BiH – 16 sièges; FD – 10 sièges;
SBB – 8 sièges; Nasa Stranka – 6 sièges; PDA – 4 sièges; Bloc indépendant
– 4 sièges; A-SDA – 2 sièges, HDZ 1990 – 2 sièges; People and Justice
– 2 sièges et Parti socialiste – 1 siège;
- à l’Assemblée nationale de la Republika Srpska: SNSD –
28 sièges; SDS – 16 sièges; DNS – 12 sièges; PDP – 9 sièges; SP-7
sièges, NDP – 4 sièges, «Ensemble pour la Bosnie-Herzégovine» –
4 sièges; et Srpska Unie – 3 sièges.
6. Conclusions
et recommandations
51. La délégation d’observation
de l’APCE a conclu que, le 7 octobre 2018, les élections générales
en Bosnie-Herzégovine avaient été véritablement compétitives, que
le scrutin s’était déroulé dans le calme et que les électeurs avaient
pu choisir librement parmi un grand nombre de partis et de candidats.
La délégation a déploré qu’une fois encore les élections se soient
tenues en violation de la Convention européenne des droits de l’homme,
au vu de la discrimination fondée sur l’appartenance ethnique et
le domicile. La délégation a fait part de sa déception quant au
fait que la campagne électorale ait été marquée par des clivages
ethniques.
52. Pour ce qui concerne le cadre juridique, la délégation a remarqué
que malgré les révisions de 2016, certaines lacunes électorales
déjà anciennes n’avaient pas été traitées, ce qui est problématique.
Il s’agit notamment des restrictions discriminatoires au droit de
vote et d’éligibilité comme candidat liées au domicile et à l’appartenance
ethnique, des insuffisances du mécanisme de plaintes et de recours
et des garanties insuffisantes contre l’utilisation abusive de ressources
publiques.
53. La délégation s’est dite vivement préoccupée par le fait que
les autorités de la Bosnie-Herzégovine, malgré les résolutions antérieures
de l’Assemblée sur l’incompatibilité de la Constitution et de la
législation électorale avec la Convention européenne des droits
de l’homme, n’aient pas modifié le cadre constitutionnel et législatif
afin de supprimer les discriminations fondées sur l’ethnicité et
la résidence concernant le droit d’être candidat à la Présidence
et à la Chambre des peuples. Comme en 2014, des interlocuteurs de
la délégation issus des partis politiques ont réitéré leur engagement
à résoudre ce problème après les élections du 7 octobre 2018. Les
développements relatifs à cette question particulière seront suivis
de près au titre de la procédure de suivi de l’Assemblée.
54. Pour ce qui concerne la campagne électorale, la délégation
a rappelé que le processus électoral ne se limitait pas au jour
du scrutin. La campagne électorale s’est déroulée dans le calme
et tous les partis politiques et les candidats ont pu faire campagne
librement et sans restriction. Bon nombre d’interlocuteurs ont toutefois signalé
des cas de discours provocateurs et nationalistes et de propos haineux,
d’allégations d’utilisation abusive de ressources administratives
et publiques, d’achats de voix et d’intimidations et de pressions exercées
sur des employés d’entreprises publiques et d’entreprises privées
pour qu’ils votent en faveur de tel ou tel parti au pouvoir. La
délégation a déploré en outre que la campagne électorale ait été
marquée par des clivages ethniques, comme ce fut le cas lors des
précédentes élections.
55. Les médias audiovisuels doivent respecter les principes d’équilibre,
d’équité et d’impartialité, en particulier dans leurs programmes
d’information. D’après les résultats du suivi des médias de la MOE
du BIDDH, les diffuseurs publics ont couvert la campagne électorale
de manière équilibrée dans les programmes d’information consacrés
spécialement aux élections.
56. Cependant, les partis politiques n’ont pas tous reçu le même
temps d’antenne. Différents interlocuteurs ont observé que les médias
publics et privés étaient largement perçus comme étant soumis aux
pressions de partis politiques ou d’entreprises privées. Les journaux
qui ont été suivis se sont fait l’écho des clivages éthiques et
politiques de la société. Le manque de transparence de la propriété
des médias a été cité par certains interlocuteurs de la délégation,
ainsi que les problèmes qui se posent dans l’environnement des médias,
notamment les menaces proférées contre des journalistes et l’incapacité
de certaines personnalités politiques à répondre aux invitations
à participer aux débats diffusés à la télévision ou à la radio.
Cette situation a nui au développement d’un secteur des médias suffisamment
fort et indépendant pour permettre aux électeurs de faire un choix
dûment éclairé.
57. Plusieurs interlocuteurs de la délégation de l’APCE ont indiqué
que le financement des partis politiques n’était pas assez transparent,
que bien souvent les avoirs et le financement de la campagne n’étaient
pas déclarés et que des partis auraient reçu des dons d’entreprises
en échange de contrats de travaux publics. Globalement, le système
réglementaire ne garantit pas la transparence des dépenses de campagne
et ne permet pas la mise en œuvre de la responsabilité financière.
58. La délégation rappelle que, dans son rapport de conformité
de 2017, le GRECO a reconnu les progrès réalisés par la Bosnie-Herzégovine,
qui a appliqué en partie les recommandations antérieures. En revanche, le
GRECO s’est dit préoccupé car «il restait encore beaucoup à faire,
notamment pour harmoniser le cadre juridique complexe, promouvoir
le recours au système bancaire pour les contributions versées aux
partis politiques et renforcer les moyens financiers et humains
alloués à la Commission centrale électorale pour le contrôle du
financement politique».
59. La délégation a constaté les efforts déployés par la CEC,
notamment en matière de transparence, et ce malgré les nombreuses
pressions exercées dans un contexte politique difficile et complexe
et des ressources humaines et financières limitées. Si l’enregistrement
des partis et des candidats était caractérisé par l’ouverture, des
inquiétudes ont été exprimées quant à l’exactitude des registres
électoraux et au vote effectué à l’étranger. Le dépouillement des
suffrages et la compilation des résultats ont posé de grandes difficultés
à l’administration électorale le jour du scrutin, malgré une organisation
globalement satisfaisante.
60. La délégation a noté avec satisfaction les travaux essentiels
menés par un nombre croissant d’organisations de la société civile
qui participent activement au processus d’observation des élections,
et a encouragé ces organisations à poursuivre leurs travaux.
61. Enfin, la délégation de l’APCE a identifié un certain nombre
d’irrégularités et d’insuffisances durant l’ensemble du processus
électoral des élections générales. La Bosnie-Herzégovine doit améliorer
son cadre juridique électoral ainsi que certaines pratiques électorales
en tenant compte des enseignements tirés des scrutins passés, afin
de renforcer la confiance des citoyens dans des élections démocratiques.
Cette tâche devrait être accomplie dans le cadre de la procédure
de suivi de l’Assemblée, en coopération étroite avec la Commission
de Venise et au titre des programmes d’assistance du Conseil de
l’Europe.
Annexe 1 – Composition
de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions des groupes
politiques de l’Assemblée, la commission ad hoc se composait comme
suit:
Présidente: Dame Cheryl
GILLAN, Royaume-Uni
Groupe du Parti populaire européen
(PPE/DC)
- Mme Nicole
DURANTON, France
Groupe des socialistes, démocrates
et verts (SOC)
- M. José
CEPEDA, Espagne
- M. Pierre-Alain FRIDEZ, Suisse
- M. Antonio GUTIÉRREZ, Espagne
- M. Josip JURATOVIC, Allemagne
- Mme Colette KELLEHER, Irlande
- Mme Soraya RODRÍGUEZ RAMOS,
Espagne
- Mme Idália SERRÃO, Portugal
- Mme Angela SMITH, Royaume-Uni*
- Mme Adriana Diana TUȘA, Roumanie
- Mme Ute VOGT, Allemagne
Groupe des conservateurs européens
(CE)
- Lord David
BLENCATHRA, Royaume-Uni
- Dame Cheryl GILLAN, Royaume-Uni*
Alliance des démocrates et des
libéraux pour l’Europe (ADLE)
- M. Claude KERN, France*
- M. Anne MULDER, Pays-Bas
Groupe pour la gauche unitaire
européenne (GUE)
- M. Petter
EIDE, Norvège*
- Mme Miren Edurne GORROTXATEGUI,
Espagne
Commission de Venise
- Mme Mirjana
LAZAROVA TRAJKOVSKA, ancienne membre de la Commission de Venise
- M. Michael JANSSEN, Administrateur
Secrétariat
- M. Chemavon CHAHBAZIAN, Chef
de la Division de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire
- M. Franck DAESCHLER, Assistant administratif principal
- Mme Anne GODFREY, Assistante
*
Membre de la délégation préélectorale.
Annexe 2 – Programme
de la commission ad hoc
(open)
Vendredi
5 octobre 2018
9h00 – 10h00 Réunion de la commission ad hoc de l’APCE:
- Ouverture de la réunion et présentation
des conclusions de la mission préélectorale par Dame Cheryl Gillan,
chef de la délégation
- Présentation des développements récents dans le domaine
de la législation électorale en Bosnie-Herzégovine par Mme Mirjana
Lazarova Trajkovska, Commission de Venise
- Organisation pratique et logistique par le Secrétariat
Programme d’information
pour l’APCE, l’AP de l’OSCE, l’AP de l’OTAN et le Parlement européen
10h30 – 11h00 Ouverture par les chefs des délégations:
- M. Makis Voridis, coordinateur
spécial et chef de la mission d’observation de courte durée de l’OSCE
- Dame Cheryl Gillan, chef de la délégation de l’APCE
- Mme Pia Kauma, chef de la délégation
de l’AP de l’OSCE
- Mme Rasa Juknevičienė, chef
de la délégation de l’AP de l’OTAN
- M. Frank Engel, chef de la délégation du Parlement européen
11h00 – 11h30 Allocutions de bienvenue:
- Ambassadeur Bruce Berton, chef
de la mission de l’OSCE en Bosnie-Herzégovine
- Ambassadeur Drahoslav Stefanek, chef du Bureau du Conseil
de l’Europe en Bosnie-Herzégovine
- M. Ales Balut, chef du Service politique et économique
du Bureau du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine
11h30 – 12h20 M. Suad Arnautović, membre de la Commission
électorale centrale de la Bosnie-Herzégovine
13h30 – 14h30 Communication d’informations par l’équipe principale
de la mission d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH (Partie
1)
Introduction:
- Ambassadeur
Peter Tejler, chef de la mission d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH
Situation politique:
- Mme Martina
Barker-Ciganikova, analyste politique
Situation juridique:
- Mme Elissavet
Karagiannidou, analyste juridique
Administration électorale et inscription sur les listes électorales:
- M. Kakha Inaishvili, analyste
des élections
Situation des médias:
- Mme Kira
Kalinina, analyste des médias
Questions-réponses
14h30 – 17h10 Réunions avec des partis politiques
14h30 – 14h50 M. Ljubiša Čosić, président du Conseil municipal,
Alliance des Sociaux-démocrates indépendants (SNSD)
14h50 – 15h10 Mme Džana Dahić,
candidate à la Chambre des Représentants de l’Assemblée parlementaire
de la Bosnie-Herzégovine, Front démocratique (FD)
15h10 – 15h30 M. Bariša Čolak, vice-président de l’Assemblée
parlementaire de la Bosnie-Herzégovine, Chambre des Peuples, Union
démocratique croate de la Bosnie-Herzégovine (HDZ BiH)
15h30 – 15h50 Mme Naida Kurdija,
représentante du Bloc indépendant
16h00 – 16h30 Mme Adisa Omerbegović
Arapović, vice-présidente du Parti pour un avenir meilleur (SBB)
Samedi 6 octobre 2018
09h00 – 10h30 Discussion avec des représentants des médias:
- Mme Amela
Odobašić, chef des relations publiques, Agence de régulation des communications
de la Bosnie-Herzégovine (RAK BiH)
- Mme Borka Rudić, secrétaire
générale, Novinari Bosnie-Herzégovine
- M. Benjamin Butković, rédacteur en chef du programme consacré
aux élections, Radio-télévision de la Bosnie-Herzégovine (RTV BiH)
- M. Darjan Babić, rédacteur en chef du programme consacré
aux élections, Radio-télévision de la Bosnie-Herzégovine (RTV BiH)
10h30 – 11h30 Discussion avec des ONG/OING:
- M. Emsad Dizdarević, chef de
projet, Transparency International
- Mme Jasmila Selimović, chef
de projet, Centre d’initiatives civiques; coordinatrice de suivi
des élections, Coalition Pod Lupom («À la loupe»)
- Mme Jelena Tanasković Mićanović,
coordinatrice des politiques et conseillère juridique représentant
la Coalition Pod Lupom et le Forum des citoyens de Tuzla
- Mme Leila Bičakčić, directrice
exécutive, Centre du journalisme d’investigation
11h30 – 12h30 Communication d’informations par l’équipe principale
de la mission d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH (Partie
2) – procédures le jour du scrutin et formulaires d’observation;
sécurité
- Introduction: M. Vasil
Vashchanka, chef de mission adjoint de la MOE de l’OSCE/BIDDH
- Mme Kakha Inaishvili, analyste
des élections
- M. Anders Eriksson, statisticien
- M. Valeriu Mija, expert en sécurité
12:30 – 13:00 Communication d’informations par les observateurs
de longue durée de la MOE de l’OSCE/BIDDH basés à Sarajevo:
- Équipe 1 d’observateurs de longue
durée – M. Jan Schunck, Mme Ruth van
Rijn
- Équipe 2 d’observateurs de longue durée – Mme Dita
Bičanovska, M. Mathieu Lemoine
Dimanche 7 octobre 2018
06h30 – 00h00 Observation de l’ouverture, des votes et du
dépouillement
Lundi 8 octobre 2018
08h00 – 09h00 Réunion de débriefing de la commission ad hoc
de l’APCE
15h00 Conférence de presse commune
Annexe 3 – Déclaration
de la Mission internationale d’observation des élections (MIOE)
(open)
Les élections en Bosnie-Herzégovine
ont été réellement compétitives mais des lacunes juridiques et systémiques
demeurent
Strasbourg, 08.10.2018 – Les élections générales du 7 octobre
en Bosnie-Herzégovine ont été véritablement compétitives mais caractérisées
par une fragmentation persistante selon des clivages ethniques,
ont conclu les observateurs internationaux dans une déclaration
préliminaire publiée ce jour. Des défaillances dans le cadre juridique
existent depuis longtemps et les récentes discussions sur la réforme
sont au point mort en raison de désaccords politiques, entamant
davantage encore la confiance dans les institutions publiques, ont-ils
indiqué.
Les électeurs ont eu un vaste choix de candidats, qui ont
pu mener leur campagne en toute liberté. Les candidats se sont cependant
davantage concentrés sur les attaques personnelles et les propos
alarmistes que sur des propositions de solutions politiques, selon
la déclaration. La dépendance des médias vis-à-vis des intérêts
politiques et commerciaux a souvent conduit à une couverture partiale
et aucune action efficace n’a été menée concernant les cas d’efforts
intempestifs déployés pour pousser les électeurs à voter en faveur
des candidats sortants, ont poursuivi les observateurs.
«Nous avons vu des commissions électorales de bureaux de vote
composées de jeunes hommes et de jeunes femmes enthousiastes prêts
à prendre en charge le système complexe pendant une longue journée
de scrutin», a déclaré Mavroudis Voridis, coordinateur spécial et
chef de la mission d’observation de courte durée de l’OSCE. «La
complexité et les déficiences du système post-Dayton auraient dû
être traitées correctement il y a fort longtemps. J’exhorte les
institutions à ne pas perdre de temps maintenant mais à s’attaquer immédiatement
aux réformes nécessaires.»
Dame Cheryl Gillan (Royaume-Uni, CE), chef de la délégation
de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), a déclaré:
«Le vote d’hier s’est déroulé dans le calme et les électeurs ont
fait leur choix librement parmi un grand nombre de partis et de
candidats. La délégation de l’APCE regrette qu’une fois encore,
les élections se soient tenues en violation de la Convention européenne
des droits de l’homme en ce qui concerne la discrimination sur la
base de l’origine ethnique et de la résidence. La délégation a également fait
part de sa déception face à une campagne électorale qui est restée
divisée selon des clivages ethniques.»
Les libertés de parole, de circulation et d’association ont
dans l’ensemble été respectées, dans une campagne largement fragmentée
selon des bases ethniques, avec des candidats qui ont eu recours
à des discours négatifs engendrant de forts clivages. Selon la déclaration,
il y a eu des cas de traitement préférentiel des candidats sortants
par les autorités locales et d’utilisation abusive des ressources
de l’État.
«Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons construire
l’avenir», a déclaré Pia Kauma, chef de la délégation de l’Assemblée
parlementaire de l’OSCE. «La population de ce pays, et plus particulièrement les
jeunes générations, mérite davantage d’options politiques.»
Selon Frank Engel, chef de la délégation du Parlement européen,
«des élections crédibles d’un point de vue matériel ont été organisées
et il y aura un résultat. Le défi pour les acteurs politiques en
Bosnie-Herzégovine sera maintenant de garantir que le résultat sera
mis au profit du bien commun et non pas des intérêts particuliers».
Le cadre juridique est dans l’ensemble propice à la tenue
d’élections démocratiques mais d’importantes lacunes déjà anciennes
demeurent, car l’impasse politique a mis un coup d’arrêt aux réformes constitutionnelles
et électorales. Les restrictions au droit de se porter candidat
fondées sur l’origine ethnique et la résidence sont contraires aux
engagements de l’OSCE et aux normes du Conseil de l’Europe et autres normes
internationales, et les arrêts de la Cour européenne des droits
de l’homme sur cette question sont restés lettre morte.
«Les problèmes fondamentaux que pose le cadre juridique et
constitutionnel doivent être résolus, mais ce que nous avons pu
observer hier était aussi l’engagement des responsables de l’administration
des élections pour faire fonctionner le système, et celui de nombreux
électeurs pour construire l’avenir de leur pays», a affirmé Rasa
Juknevičienė, chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire
de l’OTAN.
La Commission électorale centrale (CEC) a géré les élections
de manière efficace en dépit d’un budget limité et de personnel
insuffisant, sur fond de critiques et allégations persistantes concernant
les préparatifs techniques. Il y a eu un manque de confiance dans
l’administration électorale à tous les niveaux et des interrogations
à propos de son impartialité, notamment en raison de nombreuses
plaintes crédibles selon lesquelles les candidats se seraient livrés
à des tractations pour obtenir des sièges et prendre le contrôle
de commissions de bureaux de vote particulières. Les commissions
électorales municipales ont agi de manière plus professionnelle,
selon les observateurs. Le jour du scrutin, les commissions de bureaux
de vote ont travaillé en toute transparence mais ont rencontré quelques
difficultés à suivre les procédures, plus particulièrement lors
du décompte des voix.
Le manque de transparence concernant la propriété des médias
ainsi que l’influence des intérêts politiques et commerciaux sur
les politiques éditoriales ont suscité des préoccupations quant
à la capacité de la plupart des organes médiatiques à proposer une
couverture impartiale, indique la déclaration. Les radiotélévisions publiques
ont offert aux candidats un temps de passage à l’antenne gratuit
pendant la période de campagne officielle. La surveillance des médias
a révélé que la radiotélévision publique de la Republika Srpska
avait offert une couverture beaucoup plus importante à l’un des
candidats à la présidentielle.
«Nous avons constaté que les libertés fondamentales ont été
respectées mais, simultanément, il y a eu une méfiance persistante
dans les institutions du pays», a déclaré l’ambassadeur Peter Tejler,
chef de la mission d’observation électorale du BIDDH. «Le rapport
final du BIDDH mettra en avant les aspects positifs de ces élections
et formulera des recommandations pour remédier aux lacunes que nous
avons constatées.»
Les observateurs ont entendu à maintes reprises des préoccupations
relatives à la précision du registre central des électeurs, en particulier
en ce qui concerne le maintien d’électeurs décédés sur cette liste.
La CEC a pris des mesures pour améliorer la précision du registre
et a renvoyé devant le bureau du procureur les cas de soupçons de
fraude concernant l’inscription pour le vote par correspondance.
L’égalité entre les femmes et les hommes n’a pas été un élément
marquant de la campagne, même lorsque des problèmes sociaux et familiaux
ont été discutés. Selon la déclaration, bien que des femmes aient
fait des apparitions lors d’événements électoraux, elles ont rarement
fait campagne elles-mêmes et les femmes candidates n’ont pas été
activement promues par les structures des partis politiques et n’ont
pas fait l’objet d’une vaste couverture médiatique.
Les mécanismes de plaintes et de recours sont en place et
permettent un examen en temps opportun, notamment par le biais du
contrôle juridictionnel. Cependant, en raison d’une interprétation
restrictive par les commissions électorales de la recevabilité des
plaintes, des recours effectifs n’ont pas été garantis et des irrégularités
présumées n’ont pas été traitées. La CEC a étudié un certain nombre
de plaintes lors de sessions publiques et tenu à jour le registre
de ces dernières, mais la transparence de ce processus demeurait
un problème. Elle a fait connaître les motifs de ses décisions,
habituellement adoptées par consensus, de façon à maintenir l’équilibre
ethnique général dans l’approche de la CEC pour résoudre les différends.