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Résolution 2249 (2018)
L'offre de soins palliatifs en Europe
1. L’Assemblée parlementaire reconnaît
que les soins palliatifs sont fondamentaux pour la dignité humaine et
qu’ils constituent une composante du droit humain à la santé.
2. En s’appuyant sur la définition donnée par l’Organisation
mondiale de la santé, l’Assemblée note que les soins palliatifs
s’attachent à prévenir et à soulager la souffrance associée à une
maladie potentiellement mortelle ou réduisant l’espérance de vie,
cela par le biais d’une approche globale traitant les problèmes physiques,
psychosociaux et spirituels. L’objectif des soins palliatifs est,
en atténuant la souffrance sous toutes ses formes, d’améliorer la
qualité de vie des patients et celle de leur famille, ainsi que
de préserver leur dignité.
3. Réitérant sa Résolution
1649 (2009) «Soins palliatifs: un modèle pour des politiques
sanitaire et sociale novatrices», l’Assemblée souligne que les soins
palliatifs devraient être accessibles non seulement aux malades
en fin de vie, mais également aux patients atteints de maladies
chroniques ainsi qu’aux personnes nécessitant des soins individuels
importants, auxquels cette démarche pourrait bénéficier. Avec une population
vieillissante, qui vit plus longtemps et voit augmenter le nombre
d’années de maladie et de douleur chroniques, les besoins en soins
palliatifs devraient augmenter de façon importante dans les prochaines années.
4. L’Assemblée regrette vivement que, quinze ans après l’adoption
de la Recommandation Rec(2003)24 du Comité des Ministres sur l’organisation
des soins palliatifs, des centaines de milliers de personnes en Europe
n’aient toujours pas accès à des services de soins palliatifs adéquats.
L’Assemblée est particulièrement préoccupée par le manque d’accès
à un soulagement adéquat de la douleur, qui conduit à des situations
dans lesquelles les patients souffrent des mois durant, voire des
années, et meurent dans des souffrances qui pourraient être évitées.
5. L’Assemblée note que non seulement le manque de services de
soins palliatifs adéquats accroît la souffrance des patients et
des familles, mais qu’il entraîne aussi des coûts supérieurs pour
le système de santé du fait d’hospitalisations inutiles et d’un
recours inapproprié à des services et des traitements d’urgence onéreux.
Par conséquent, il est capital d’identifier les besoins en soins
palliatifs le plus tôt possible et de prodiguer ce type de soins
à tous les niveaux de soins. Cela devrait inclure, en particulier,
les services de soins palliatifs de proximité et à domicile, souvent
d’un coût moindre et permettant de toucher les personnes ayant difficilement
accès aux infrastructures médicales.
6. L’Assemblée rend hommage aux millions d’aidants informels
– conjoint(e)s, partenaires, parents et amis – qui apportent des
soins aux êtres chers souffrant de maladie chronique, de handicap
ou d’autres problèmes de santé de longue durée. Elle reconnaît le
rôle crucial et irremplaçable que jouent les aidants informels dans la
prestation des soins palliatifs et elle souligne combien il est
important de bien les soutenir. Ayant à l’esprit que la plupart
des patients préfèrent rester et, finalement, mourir chez eux, l’Assemblée
note que le besoin d’aide informelle ne peut que s’accentuer dans
les années à venir.
7. Compte tenu de ce qui précède, et en vue de renforcer les
services de soins palliatifs et d’assurer l’accès à des soins palliatifs
de qualité tant aux adultes qu’aux enfants qui en ont besoin, l’Assemblée
appelle les États membres du Conseil de l’Europe à prendre les mesures
qui suivent:
7.1. reconnaître les
soins palliatifs en tant que droit humain, les définir comme partie
intégrante du système de santé et leur allouer les ressources nécessaires;
7.2. intégrer les soins palliatifs à tous les services et les
contextes du système de santé, en particulier étendre ces soins
à tous les patients souffrant de maladies potentiellement mortelles
ou réduisant l’espérance de vie;
7.3. garantir l’accès au traitement et à la gestion de la douleur
en tant que composantes cruciales des soins palliatifs, en particulier:
7.3.1. supprimer les obstacles juridiques et réglementaires qui
restreignent l’accès aux médicaments contre la douleur dans le cadre
des soins palliatifs;
7.3.2. lever les obstacles dus à l’éducation et aux attitudes
en sensibilisant les professionnels de santé et le grand public
à une gestion appropriée et effective de la douleur, y compris les traitements
à base d’opioïdes;
7.4. apporter un soutien complet aux aidants informels et,
en particulier:
7.4.1. leur offrir des services de répit
et d’accompagnement du deuil, et les protéger contre les pertes
financières;
7.4.2. lever tous les obstacles qui empêchent les hommes et les
femmes d’identifier, de partager, de déterminer et de jouer leur
rôle d’aidants informels, compte tenu de leur situation et de leurs
besoins spécifiques;
7.5. dispenser aux professionnels de santé une formation adéquate
sur les soins palliatifs, en particulier:
7.5.1. introduire
un cycle de formation initial sur les soins palliatifs dans les
études de médecine et de soins infirmiers, et prévoir une formation
professionnelle continue dans ce domaine;
7.5.2. reconnaître les soins palliatifs en tant que spécialité
médicale;
7.6. apporter systématiquement un soutien psychologique, affectif
et spirituel aux patients et aux familles;
7.7. améliorer la sensibilisation du public aux soins palliatifs
par le biais des médias et de campagnes d’information;
7.8. prendre des mesures pour favoriser un partenariat entre
gouvernement et société civile dans la prestation de services de
soins palliatifs;
7.9. consulter les patients atteints de maladies potentiellement
mortelles ou réduisant l’espérance de vie, ainsi que leurs aidants
et les professionnels de santé, sur le développement de politiques
et de services en matière de soins palliatifs.
8. Enfin, l’Assemblée invite l’Organisation mondiale de la santé
à porter une attention particulière aux soins palliatifs dans le
suivi de la mise en œuvre de la cible 3.8 des Objectifs de développement
durable, à savoir l’obtention d’une couverture sanitaire universelle.