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Réponse à Recommandation | Doc. 14798 | 17 janvier 2019
Nouvelles restrictions des activités des ONG dans les États membres du Conseil de l'Europe
1. Le Comité des Ministres
a examiné avec attention la Recommandation
2134 (2018) de l’Assemblée parlementaire intitulée «Nouvelles restrictions
des activités des ONG dans les États membres du Conseil de l'Europe».
Il l’a communiquée au Comité européen de coopération juridique (CDCJ)
et à la Conférence des OING pour information et commentaires éventuels.
2. Le Comité considère que les organisations non gouvernementales
(ONG) apportent une contribution essentielle à la réalisation des
buts poursuivis par le Conseil de l’Europe et au développement de
la démocratie, des droits de l’homme, et de l’État de droit en Europe.
Il réaffirme l’importance toute particulière d’assurer la liberté
d’action des ONG, conformément aux droits à la liberté d’expression
et d’association, tels que prévus par les articles 10 et 11 de la
Convention européenne des droits de l’homme et qui constituent des principes
fondamentaux du Conseil de l’Europe. Il rappelle que l’exercice
de ces droits ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles
prévues au paragraphe 2 des articles 10 et 11 de la Convention.
3. Le Comité des Ministres appelle l’attention sur sa Recommandation CM/Rec(2018)11 sur la nécessité de renforcer la protection et la promotion
de l’espace dévolu à la société civile. Dans ce texte, adopté le
28 novembre 2018 (1330e réunion), le
Comité exprime sa profonde préoccupation face à la réduction de
l'espace dévolu à la société civile résultant, notamment, des lois
et politiques restrictives et des mesures d'austérité prises récemment
par les États membres ainsi que la nécessité de renforcer la protection
et la promotion de cet espace. A cette fin, il recommande aux gouvernements
des États membres de garantir que les lois et les pratiques nationales
soient conformes à une série de principes énoncés dans l’annexe
à la Recommandation. La Recommandation est assortie d’une compilation
et d’une analyse des principales mesures existantes et des meilleures
pratiques dans les États membres. Le Comité des Ministres procédera
à un examen de la mise en œuvre de cette Recommandation dans cinq
ans.
4. Il convient de noter également que la question de la préservation
d’un environnement sûr et propice à la société civile est régulièrement
évoquée au sein du Comité des Ministres, notamment par le Secrétaire Général,
dans le cadre de son dialogue hebdomadaire avec les Délégués des
Ministres, ainsi que par la Commissaire aux droits de l’homme lors
de ses échanges réguliers. Cette question a également fait l’objet
d’un certain nombre d’événements visant entre autres à promouvoir
les normes européennes en la matière, y compris sous la présidence
finlandaise du Comité des Ministres.
5. Par ailleurs, le Comité réitère son appel aux États membres
à mettre pleinement en œuvre la Recommandation CM/Rec(2007)14 sur le statut juridique des organisations non gouvernementales
en Europe. Le Comité européen de coopération juridique (CDCJ) examinera
les suites données par les États membres à la Recommandation CM/Rec(2007)14 dans le cadre du biennium 2020-2021, sous réserve de
disponibilité des ressources nécessaires. La Conférence des OING
a indiqué qu’elle se tenait prête à contribuer à cet examen en particulier
par les travaux de son Conseil d’experts sur le droit en matière
d’ONG.
6. Dans le cadre de son examen sur la mise en œuvre de la Recommandation CM/Rec(2007)14, le CDCJ étudiera notamment l’opportunité et la faisabilité
de créer un «mécanisme d’alerte» tel que proposé par l’Assemblée
parlementaire, sous réserve de la disponibilité des ressources budgétaires.
Le Comité des Ministres n’envisagera cependant la création d’un
tel mécanisme que dans la mesure où celui-ci représenterait une
réelle plus-value et en prenant dûment en compte l’ensemble des
procédures existantes.
7. Le Comité suivra également de près le projet visant à renforcer la liberté d’association
en Europe développé conjointement avec la Conférence des OING, sous
réserve de la disponibilité des ressources budgétaires, et destiné
à recevoir, analyser et évaluer les éventuelles restrictions imposées
au droit à la liberté d’association par rapport aux normes du Conseil
de l’Europe et à réagir en connaissance de cause et sans délai.
8. Le Comité des Ministres souligne la contribution irremplaçable
de la société civile à l’élaboration des normes du Conseil de l’Europe,
à leur suivi ou à la mise en œuvre des programmes de coopération.
La coopération avec les ONG et leur contribution, en particulier
dans les domaines des droits de l'homme, de l'État de droit et de
la démocratie, sont des plus appréciées. De plus, les ONG rassemblées
au sein de la Conférence des OING constituent de véritables partenaires
pour le Comité des Ministres. L’interaction qui existe avec les ONG,
y compris au niveau des comités intergouvernementaux au sein desquels
la Conférence des OING est également représentée, est importante.
Pour rappel, la Présidence de la Conférence des OING présente un rapport
annuel aux Délégués des Ministres. Un représentant de la Conférence
est invité à participer au Groupe de rapporteurs sur la Démocratie
(GR-DEM) avant et après chaque Session plénière de la Conférence
afin de présenter les activités et les propositions de celle-ci.
Le Comité encourage les échanges avec les représentants de la société
civile au niveau de ses différents groupes de rapporteurs, conformément
aux règles applicables. Le Comité est prêt à développer encore davantage
les interactions avec la société civile, y compris dans le contexte
d’éventuels futurs débats sur des questions pertinentes, en tenant
compte de la nature intergouvernementale du Conseil de l’Europe
et des dispositions applicables en matière de confidentialité.
9. En réponse à la recommandation faite au paragraphe 1.7 de
développer des lignes directrices sur le financement étranger d’ONG,
le Comité confirme que la Commission européenne pour la démocratie
par le droit (Commission de Venise) prépare un rapport sur cette
question. Le Comité a été informé que ce rapport pourrait donner
lieu à l’adoption par la Commission de Venise de recommandations
générales. De son côté, le CDCJ a indiqué que la question du financement
étranger d’ONG sera traitée dans le cadre de l’examen de la mise
en œuvre de la Recommandation CM/Rec(2007)14 visé ci-dessus.