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| Doc. 15090
| 27 février 2020
Observation des élections législatives anticipées en Azerbaïdjan (9 février 2020)
1. Introduction
1. Le 5 décembre 2019, à la suite
d’un appel à la dissolution du parlement voté par les députés, et
avec l’autorisation de la Cour constitutionnelle, le président de
la République d’Azerbaïdjan a dissous le parlement et convoqué des
élections législatives anticipées pour le 9 février 2020.
2. Le 10 décembre 2019, M. Ogtay Asadov, président du parlement
de la République d’Azerbaïdjan (Milli Mejlis), a invité l’Assemblée
parlementaire à observer les élections législatives anticipées.
Le 13 décembre, le Bureau a décidé d’observer ces élections et a
nommé à cet effet une commission ad hoc composée de 30 membres (PPE/DC
: 10; SOC: 9; ADLE: 5; CE/AD: 4; GUE: 2; composition établie selon
le système d’Hondt) ainsi que des corapporteurs de la commission
de suivi et a autorisé la conduite d’une mission préélectorale. Le
27 janvier 2020, le Bureau a pris note du communiqué de presse de
la mission préélectorale et a approuvé la liste des membres de la
commission ad hoc mise en place pour observer ces élections. Le
31 janvier, le Bureau a approuvé la liste mise à jour des membres
de la commission ad hoc mise en place pour observer ces élections
(cf. annexe 1).
3. Conformément à l’accord de coopération signé entre l’Assemblée
parlementaire et la Commission européenne pour la démocratie par
le droit (Commission de Venise) le 4 octobre 2004, un représentant
de la Commission de Venise a été invité à rejoindre la commission
ad hoc en tant que conseiller.
4. Une délégation préélectorale s’est rendue à Bakou les 22 et
23 janvier 2020. Son programme, sa déclaration et sa composition
figurent aux annexes 2 et 3.
5. La commission ad hoc (délégation de l’Assemblée) s’est rendue
en Azerbaïdjan du 7 au 10 février 2020. Elle est intervenue dans
le cadre d’une mission internationale d’observation des élections
(MIOE) avec une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (AP-OSCE), ainsi qu’avec
la mission d’observation électorale du Bureau des institutions démocratiques
et des droits de l’homme de l’OSCE (MOE de l’OSCE/BIDDH). Le programme
des réunions de la délégation figure à l’annexe 4.
6. Le jour du scrutin, les membres de la délégation de l’Assemblée
se sont répartis en 14 équipes qui ont observé les élections à Bakou
et dans la région alentour, ainsi qu’à Quba, Xaçmaz, Shaki, Chamakhi, Sumqayit,
Masalli, Astara et Lankaran.
7. La délégation de l’Assemblée a estimé qu’en dépit d’un semblant
de progrès dans la préparation des élections, des violations répandues
des procédures de décompte ont soulevé de vives inquiétudes quant
aux résultats du scrutin en général. Elle a rappelé qu’en dépit
des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (la Cour)
et des demandes répétées du Conseil de l’Europe dans l’affaire Ilgar Mammadov et autres, un certain
nombre de candidats potentiels n’avaient pas pu se présenter.
8. Le communiqué de presse de la MIOE figure à l’annexe 5.
9. La commission ad hoc tient à remercier les chefs et les membres
de la délégation parlementaire de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE
ainsi que ceux de la mission d’observation électorale du BIDDH de l’OSCE
pour leur excellente coopération au sein de la MIOE. Elle souhaite
également remercier le bureau du Conseil de l’Europe à Bakou pour
sa collaboration et son soutien.
2. Contexte politique
10. Le 5 décembre 2019, à la suite
de l’appel du parlement et avec l’autorisation de la Cour constitutionnelle, le
président de la République d’Azerbaïdjan a dissous le parlement
et convoqué des élections législatives anticipées pour le 9 février
2020 (ces élections étaient en principe prévues pour le 1er novembre
2020). Dans son appel au président, le parlement a justifié la tenue
d’élections anticipées par la nécessité de faire concorder les travaux
législatifs avec le rythme des réformes économiques, judiciaires
et sociales entreprises par le président. Les élections se sont
déroulées dans un contexte de domination du parti au pouvoir, le
Parti du nouvel Azerbaïdjan (YAP), qui dans la composition du parlement
sortant détient une majorité de 65 sièges. Les partis constituant
officiellement l'opposition parlementaire mais soutenant largement
le YAP détiennent 12 sièges, et 38 sièges sont occupés par des membres
élus en tant que candidats indépendants qui ont généralement voté
eux aussi dans le sens du parti au pouvoir.
11. L’ensemble des 12 partis représentés au parlement sortant
a participé à ces élections, outre 7 autres partis.
12. Les autorités ont présenté ces élections comme une chance
pour de nouveaux venus d’intégrer la scène politique, mais certains
partis politiques ont soutenu que les mandats seraient simplement
redistribués entre les élites dirigeantes actuelles (près de 70 %
des députés sortants se sont présentés aux élections). Au cours des
dernières années et tout récemment, plusieurs cadres supérieurs
expérimentés de l'administration présidentielle et du Conseil des
ministres ont été remplacés ou déplacés à différents postes.
13. Plusieurs interlocuteurs ont indiqué à la délégation de l’Assemblée
qu’en dépit des déclarations des autorités alléguant une volonté
politique d’organiser les élections dans un climat de liberté et
d’impartialité, le respect des droits fondamentaux et des libertés
en Azerbaïdjan soulevait de graves préoccupations. Des signalements
ont fait état de harcèlement et de poursuites pénales systématiques
à l'encontre de certaines des personnes qui expriment des opinions
critiques à l'égard du gouvernement. Certains partis d'opposition,
notamment ceux qui se sont regroupés autour du Conseil national
des forces démocratiques, ont boycotté les élections en raison de
l'environnement restrictif, notamment en ce qui concerne l'accès
aux médias, et des restrictions à la liberté de réunion pendant
la campagne. Le dernier rassemblement politique autorisé a eu lieu
à Bakou en janvier 2019. Le 19 octobre 2019, à Bakou, les autorités
ont eu recours à la force pour disperser le rassemblement non autorisé
de l'opposition, arrêtant de nombreux militants et dirigeants de l'opposition.
14. À quelques exceptions près, les femmes sont sous-représentées
dans la vie publique et politique : elles occupent 20 sièges dans
le parlement sortant (16 %) et deux des 15 postes de présidence
des comités d'État, et ne détiennent aucun poste ministériel. Aucun
des 55 partis politiques enregistrés n’est dirigé par une femme. Le
Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination
à l’égard des femmes a exprimé sa préoccupation quant à la participation
politique des femmes.
15. La délégation a été informée que des élections n’avaient pas
pu être organisées dans 10 des 125 circonscriptions, qui ne sont
pas ou ne sont que partiellement sous le contrôle du gouvernement
en raison du conflit en cours avec l'Arménie, celui-ci ayant, selon
les autorités, provoqué le déplacement d’un grand nombre de personnes
à l’intérieur du pays (PDI). La Commission électorale centrale (CEC)
a pris de nombreuses mesures pour s’assurer que celles-ci puissent
exercer leur droit de vote.
3. Cadre
juridique et système électoral
16. La commission ad hoc rappelle
que l’Azerbaïdjan a signé et ratifié la Convention européenne des
droits de l’homme et son Protocole additionnel, qui consacrent un
certain nombre de principes fondamentaux garantissant une démocratie
effective, parmi lesquels le droit à des élections libres (article
3 du Protocole additionnel), la liberté d’expression, la liberté
de réunion et d’association, ainsi que l’interdiction de la discrimination
(articles 10, 11 et 14 de la Convention).
17. Les députés sont élus au scrutin à majorité simple à un tour
dans 125 circonscriptions à mandat unique, pour un mandat de cinq
ans. Le Code électoral, suivant les bonnes pratiques internationales,
prévoit que le nombre d'électeurs inscrits dans chaque circonscription
ne doit pas s'écarter de plus de 5 % et, dans des circonstances
exceptionnelles, de plus de 10 % du nombre moyen d'électeurs par
circonscription. Toutefois, des écarts dépassant ces limites s’observent
actuellement dans 75 des circonscriptions, ce qui compromet l’égalité
des suffrages.
18. Les élections législatives sont principalement régies par
la Constitution (modifiée en 2016) et par le Code électoral (qui
a fait l’objet de 21 modifications depuis son adoption, la dernière
datant de février 2019). Bien que la Constitution de l’Azerbaïdjan
garantisse les droits fondamentaux et les libertés, et notamment
la liberté de réunion, d’expression et d’association et l’accès
à l’information, ainsi que le droit de participer à la vie politique,
ces droits et libertés sont toujours fortement restreints par le
cadre légal et par sa mise en œuvre.
19. Le Code électoral est détaillé mais parfois redondant ; il
manque de clarté sur plusieurs points, notamment sur la couverture
médiatique des élections, le financement des campagnes et les plaintes. La législation
complémentaire, que constituent par exemple les décisions de la
CEC, ne précise pas davantage nombre des dispositions de la loi.
Les modifications apportées au Code électoral en 2018 et en 2019
étaient d’ordre technique. De nombreuses recommandations déjà anciennes
formulées par la Commission de Venise et par le BIDDH à propos,
notamment, des libertés de réunion et d’expression, de l’indépendance
et de l’impartialité de l’administration électorale, du financement
des campagnes, de l’environnement des médias et de l’enregistrement
des candidats, ne sont toujours pas suivies.
20. L’Azerbaïdjan étant partie aux principaux instruments internationaux
et régionaux relatifs à la tenue d'élections démocratiques, et notamment
à la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), est tenu d'exécuter
les arrêts de la Cour. L'Azerbaïdjan n'a cependant suivi que 37
des 225 décisions adoptées par la Cour. Des violations du droit
à des élections libres ont été constatées dans 23 affaires, aucun
des arrêts correspondants n’ayant été suivi.
4. Administration
électorale
21. L’administration des élections
a été assurée par la CEC, par 125 commissions électorales de circonscription
et par 5 573 commissions électorales de bureau de vote; ces commissions
sont composées respectivement de 18, 9 et 6 membres. La CEC a pris
les dispositions voulues pour faciliter l'exercice du droit de vote
des personnes déplacées provenant des territoires touchés par le
conflit en cours avec l'Arménie. Il n’y a pas eu de vote dans la
totalité de sept des 125 circonscriptions, et dans certaines parties
de 3 d’entre elles. Les bureaux de vote situés dans les circonscriptions
qui ne sont pas ou ne sont que partiellement sous le contrôle du
gouvernement ont été, depuis 1993, déplacés dans les circonscriptions
où résident les PDI; celles-ci ont pu voter, par l’intermédiaire
de 14 commissions électorales de circonscription, dans 523 bureaux
de vote. Par ailleurs, 131 bureaux de vote ont été installés dans
des unités militaires dans des cas exceptionnels, ainsi que dans
les prisons et les centres de détention.
22. Toutes les commissions électorales sont des organes permanents
nommés pour un mandat de cinq ans, leur composition actuelle datant
de 2016. Les membres de la CEC sont élus par le parlement, les commissions
de circonscription sont nommées par la CEC et les commissions de
bureau de vote par les commissions de circonscription compétentes.
3 des 17 membres de la CEC, dont l’une des deux secrétaires de la
CEC, sont des femmes. Selon les informations fournies par la CEC,
les femmes représentent respectivement 17 et 37 % des membres des
commissions électorales de circonscription et des commissions électorales
de bureau de vote, et elles président 2 et 25 % du nombre total
de commissions correspondantes.
23. Conformément à la loi, la composition des commissions électorales
correspond à la représentation des forces politiques au parlement:
trois quotas égaux sont réservés aux membres nommés par la majorité parlementaire,
à la minorité parlementaire (définie comme l’ensemble des autres
partis politiques représentés au parlement) et aux députés indépendants.
Étant donné l’absence de réelle différenciation politique entre
les trois groupes parlementaires, comme le montrent les tendances
de vote, la méthode de nomination des membres des commissions ne
garantit pas, en pratique, l’impartialité et l’indépendance de l’administration électorale,
comme l’a relevé la jurisprudence de la Cour. Par ailleurs, les
présidents de toutes les commissions sont nommés par la majorité
parlementaire en vertu de la loi. Les partis et les coalitions de
partis ayant enregistré des candidats dans plus de 60 circonscriptions
peuvent nommer au sein de chaque commission un membre disposant
de droits de consultation. Au cours de ces élections, seul le YAP
a dépêché des membres avec droit de vote consultatif au sein des
commissions électorales; certains candidats ont remarqué que l’administration
électorale manquait d'indépendance et d'impartialité, notamment
aux niveaux inférieurs.
24. Dans l'ensemble, l'administration électorale, à tous les niveaux,
a été dotée des ressources nécessaires et a organisé les élections
dans les délais légaux malgré la brièveté du délai. La CEC a régulièrement
tenu des séances auxquelles pouvaient assister observateurs accrédités
et médias. Les séances ont été bien fréquentées par les médias,
les observateurs internationaux et un représentant du YAP. Au cours
des séances suivies par des observateurs, la plupart des membres
des commissions menaient des discussions où s’exprimaient des opinions
concordantes. Les décisions ont généralement été adoptées à l’unanimité.
Outre les instructions et règlements spécifiques de 2010 et de 2015,
la CEC a adopté huit instructions et règlements relatifs à ces élections
ainsi que plus de 90 décisions qui ont été publiées en temps opportun.
En outre, le site web de la CEC a été régulièrement mis à jour avec
des informations sur les activités de la commission. Toutefois,
l'approche de la CEC en matière de publication des données a manqué
de cohérence.
25. Les appels à la réforme de la composition de l’administration
électorale sont restés sans réponse, malgré les recommandations
récurrentes en ce sens de la Commission de Venise et de l’OSCE/BIDDH. En effet,
les deux instances ont recommandé à plusieurs reprises la révision
du système afin d’éviter que les commissions électorales soient
dominées par des membres de partis progouvernementaux. Les règles régissant
la composition des commissions électorales ne présentent toujours
pas le degré d’indépendance et d’impartialité requis. Leur révision
ferait renaître la confiance du public dans l’administration électorale
et, en particulier, dans les partis politiques en lice. Cette question
essentielle de la composition de la CEC et des commissions électorales
locales est absente des amendements au Code électoral.
26. La plupart des commissions électorales de circonscription
ont organisé des séances sans fréquence régulière, ce qui ne permettait
pas d'observation continue de leur prise de décision. Les commissions électorales
de circonscription rencontrées par la mission d’observation électorale
du BIDDH ont continué à publier leurs décisions sur des tableaux
d'affichage et certaines informations générales relatives à leur
travail ont été publiées sur le site web de la CEC.
27. La CEC a indiqué aux délégations d’observation internationales
qu’elle publiait des guides et des vidéos pour les commissions électorales
et qu’elle organisait des formations en cascade à l’intention des
membres des commissions électorales de circonscription et des commissions
électorales de bureau de vote sur les procédures à suivre le jour
du scrutin. La CEC a aussi entrepris de former les commissions électorales
de circonscription au règlement des litiges en matière électorale,
et de mener des formations à l’intention des forces de police et
des employés des institutions chargées de superviser le vote dans
les prisons et les unités militaires. Si les formations dispensées
par la CEC aux membres des commissions électorales de circonscription
et aux représentants des pouvoirs publics ont été caractérisées
par leur aspect informatif, pratique et interactif ainsi que par
une bonne participation, les formations à destination des membres
des commissions électorales de bureau de vote semblaient être facultatives
et parfois peu fréquentées. De façon générale, elles n’abordaient
pas un ensemble cohérent de sujets et seules certaines d’entre elles
étaient interactives. La CEC a mené une campagne d’information à
l’intention des électeurs; celle-ci comprenait des affiches et des
spots vidéo qui ont été diffusés par des radiodiffuseurs publics
lors de la période préélectorale.
28. Les autorités ont maintenu les actions entreprises pour faciliter
l’accès au vote des personnes handicapées. La CEC a mis un équipement
en braille à disposition des électeurs malvoyants et a installé
des rampes dans les bureaux de vote où étaient inscrites des personnes
porteuses d’un handicap physique. Conformément à la pratique établie
et dans un objectif de transparence accrue, 1 000 caméras web ont
été installées dans des bureaux de vote présélectionnés dans tout
le pays. Le vote et le décompte des voix ont été diffusés en continu
à partir des bureaux de vote présélectionnés.
5. Listes
électorales et enregistrement des candidats
29. La loi prévoit que les citoyens
âgés de 18 ans ou plus le jour du scrutin sont habilités à voter
sauf s’ils ont été privés de leur capacité juridique par une décision
judiciaire. La privation systématique du droit de vote des personnes
frappées d'incapacité, par décision judiciaire, en raison d'un handicap
intellectuel ou psychosocial est contraire aux obligations et aux
normes internationales.
30. Le droit de vote est accordé aux apatrides qui résident en
Azerbaïdjan depuis plus de cinq ans.
31. Il n’est pas possible de voter depuis l’étranger pour les
élections législatives.
32. Les listes électorales sont produites à partir du registre
national des électeurs tenu par la CEC. Chaque année, avant le 30
mai, les commissions électorales de bureau de vote transmettent
à la CEC des listes mises à jour par l’intermédiaire des commissions
électorales de circonscription. Les listes sont de nouveau mises
à jour au moins 25 jours avant le jour du scrutin. La CEC et les
commissions électorales de circonscription continuent de se faire
transmettre des mises à jour mensuelles des données des citoyens
par les divers services locaux du pouvoir exécutif. Si cette pratique
contribue à l’exactitude des données du registre des électeurs,
elle n’est exposée plus en détail dans aucune des réglementations
existantes, ce qui compromet la responsabilité et la transparence
du processus.
33. Les électeurs ont largement eu la possibilité de vérifier
les informations enregistrées les concernant et de demander que
des corrections y soient apportées, ainsi que de demander que leur
soient transmises des données concernant d’autres électeurs. Des
extraits préliminaires des listes électorales ont été mis à la disposition
du public dans les bureaux de vote et dans les bureaux des commissions
électorales de circonscription, ainsi que sur le site web de la
CEC et par l’intermédiaire de son centre d’appel, entre le 5 et
le 15 janvier. Entre les deux mises à jour, le nombre d’électeurs
s’est accru de 25 098. Plus de 1 700 certificats de radiation imprimés
ont été délivrés aux électeurs jusqu’au 6 février, leur donnant
la possibilité de voter dans n'importe quel bureau de la circonscription
où ils étaient inscrits. Le nombre d’électeurs inscrits au 15 janvier était
d’environ 5 238 000, dont 340 689 PDI. La CEC a fait imprimer 5 387 600
bulletins de vote.
34. Après la mise à jour, des électeurs résidant dans la circonscription
peuvent être ajoutés par les commissions électorales de bureau de
vote sur une liste électorale supplémentaire sur présentation d’un justificatif
de résidence, y compris le jour du scrutin. Bien que relevant d’une
approche inclusive, cet enregistrement des électeurs le jour même
du scrutin n’est pas conforme aux normes édictées par la Commission
de Venise.
35. D’après plusieurs interlocuteurs de la délégation de l’Assemblée,
il existe depuis longtemps un écart entre les données de la CEC
sur le nombre d’électeurs inscrits et celles du Comité d’État de
statistique sur le nombre de citoyens en âge de voter, ces dernières
étant supérieures de près de 2 millions; et cet écart, conjugué
à l’absence d’informations publiques susceptibles de l’expliquer,
suscite de la défiance vis-à-vis de l’exactitude du registre électoral.
36. Le droit de se présenter à l’élection législative est accordé
à tout électeur éligible n’ayant pas la double nationalité, n’ayant
souscrit aucun engagement officiel au sein d’un autre État et n’ayant
jamais été condamné pour une infraction grave. Quatre militants
politiques et issus de la société civile se sont vus refuser la nomination
en raison de condamnations antérieures et d'un casier judiciaire
non effacé, malgré les décisions de la Cour. Le Comité des Ministres
a régulièrement exhorté l'Azerbaïdjan à annuler les condamnations
et à faire supprimer les mentions figurant au casier judiciaire
de huit requérants devant la Cour collectivement désignés comme
le «groupe Ilgar Mammadov»; cependant, le 6 janvier 2020, le gouvernement
a maintenu sa décision de ne pas suivre l’arrêt de la Cour.
37. Les candidats peuvent être autodésignés ou nommés par un parti
politique enregistré, par une coalition de partis ou par un groupe
d’électeurs. Pour être nommé, chaque candidat devait soumettre à
la commission électorale de circonscription compétente les documents
relatifs à sa notification et au parti l’ayant désigné, comprenant
notamment les signatures de soutien d'au moins 450 électeurs, ses
déclarations de revenus et de patrimoine, et son premier rapport
de financement de campagne. Conformément aux bonnes pratiques internationales,
un électeur peut apporter son soutien à plusieurs candidats dans
la circonscription où il réside.
38. Les commissions électorales de circonscription disposaient
de cinq jours pour étudier les documents et certifier les nominations,
et de sept jours pour vérifier l’exactitude des déclarations, vérifier
l’authenticité des signatures et se prononcer sur l’enregistrement
d’un candidat. Le processus d'enregistrement des candidats en deux
étapes a été assuré par les commissions électorales de circonscription,
le groupe de travail de la CEC ne participant à la vérification
des signatures qu’en cas de recours formé par un candidat contre
une décision d’une commission électorale de circonscription de lui
refuser l’enregistrement. Si, selon les interlocuteurs de la MIOE,
le processus d’enregistrement des candidats a été accessible dans
l’ensemble, plusieurs candidats ont subi un traitement discriminatoire
de la part des commissions électorales de circonscription, le traitement de
leurs documents ayant été marqué par des retards qui ont été préjudiciables
à la préparation de leur campagne.
39. La procédure d’enregistrement des candidats s’est déroulée
du 5 décembre au 10 janvier. Le statut de candidat nommé a été accordé
à la grande majorité de ceux qui en avaient fait la demande. Dans
la plupart des cas, les candidats nommés et leurs représentants
ont été invités aux séances au cours desquelles les commissions
électorales de circonscription examinaient leur demande d’enregistrement
et adoptaient la décision. Parmi les conditions d'éligibilité à
l'enregistrement, les déclarations de patrimoine et de revenus paraissaient
primer sur la nécessité de produire des signatures de soutien. Sur
794 candidats potentiels (soit 33 % de ceux qui s’étaient présentés
en vue d’une nomination puis d’un enregistrement), 35 ont contesté auprès
de la CEC les décisions des commissions électorales de circonscription
de ne pas les enregistrer (cf. section «Plaintes et recours»). Au
total, 1 637 candidats ont été enregistrés.
40. La loi prévoit que les candidats puissent se retirer jusqu'à
10 jours avant le jour du scrutin. Après 323 retraits (20 %) et
trois annulations d'enregistrement, 1 314 candidats se sont présentés
aux élections. Parmi eux, 1 057 candidats (80 %) s’étaient autodésignés,
246 avaient été nommés par 19 partis politiques et 11 sur initiative
d’un groupe d’électeurs. Au total, 80 des actuels députés (près
de 70 %) se sont présentés à la réélection. Plusieurs interlocuteurs
de la MIOE ont mis en doute l'intention réelle de certains candidats
de se présenter. Plus de la moitié des retraits provenaient de candidats
autodésignés au statut de fonctionnaire. Les commissions électorales
de circonscription et certains des candidats qui se sont retirés
ont indiqué à la délégation de l’Assemblée que parmi les raisons
des retraits figuraient des accords conclus entre les partis, un manque
de moyens financiers, des incitations financières et des pressions
exercées par les autorités au niveau local, ces dernières pratiques
étant contraires à la jurisprudence de la Cour.
41. Le Code électoral dispose que si un candidat ayant indiqué
une affiliation à un parti politique a été exclu de celui-ci, il
ne peut pas utiliser le nom du parti. Le parti Müsavat a indiqué
à la mission d’observation électorale du BIDDH que le parti nommait
stratégiquement ses candidats tout en encourageant les autodésignations.
Le YAP a demandé aux candidats autodésignés affiliés au parti de
retirer leur candidature sous peine d'expulsion. Sur un total de
323 retraits, 250 ont eu lieu à la demande du YAP. En outre, les commissions
électorales de circonscription, à la demande du YAP, ont supprimé
l’affiliation au parti de 24 candidats et ont demandé aux commissions
électorales de bureau de vote de rayer manuellement sur le bulletin
de vote l'affiliation de ces candidats autodésignés.
42. Parmi les candidats qui se sont présentés, 21 % étaient des
femmes. Il n'y a pas de dispositions légales prévoyant la promotion
des femmes candidates et aucun programme d'égalité entre les femmes
et les hommes n'a été développé à ce jour.
6. Campagne
électorale, financement de la campagne et couverture par les médias
43. La campagne officielle a débuté
le 17 janvier et a duré 22 jours. Malgré le nombre élevé de candidats, la
campagne a été occultée du fait de l’environnement politiquement
contrôlé, et le parti au pouvoir a été le plus visible. Globalement,
la campagne a été dépourvue de l’engagement politique essentiel
à un climat électoral compétitif offrant un véritable choix aux
électeurs.
44. Les libertés fondamentales de réunion, d’association et de
circulation sont garanties par la Constitution mais restreintes
par la législation. Le Code électoral dispose que les partis politiques
et les candidats doivent soumettre une demande à la commission électorale
de circonscription concernée, en précisant le site et le créneau
horaire des rassemblements de campagne. La tenue d'un rassemblement
dans un site non désigné est régie par la Loi sur la liberté de
réunion. Celle-ci dispose qu’une notification doit être envoyée
aux autorités locales au moins cinq jours avant le rassemblement.
Bien que la législation prévoie un régime de notification préalable
pour les assemblées pacifiques, une autorisation est requise en
pratique.
45. Comme l'exige la loi, 136 sites extérieurs et 136 salles ont
été désignés par la CEC sur la base des recommandations des autorités
locales et en coopération avec les commissions électorales de circonscription. Plusieurs
candidats se sont plaints du nombre limité de salles, relevant par
ailleurs que certaines d’entre elles étaient petites et difficiles
d’accès. Bien que dans certaines localités tous les sites aient
été réservés, cela ne se traduisait pas dans le nombre effectif
de rassemblements organisés. L'approche adoptée par les commissions
électorales de circonscription concernant l'organisation de rassemblements
en dehors des lieux désignés, notamment dans les cours et les parcs,
a manqué de cohérence.
46. Lors des manifestations de campagne observées, les questions
relatives aux communautés locales et la personnalité des candidats
l’ont emporté sur les sujets plus généraux des programmes et des
politiques des partis. Les messages de campagne des candidats du
YAP se sont concentrés sur la poursuite des réformes et sur l'importance
d'impliquer les jeunes dans la vie publique, le parti soutenant
le programme du président au cours de ses rassemblements, tandis
que d'autres candidats appelaient à opérer un changement systémique,
à augmenter les opportunités pour les jeunes et à réduire les monopoles
dans l'économie. Certains des candidats indépendants ont eux aussi
fait la promotion du programme du président. Une coalition a mené
campagne exclusivement pour l’augmentation du taux de participation
en vue de combattre ce qu'elle qualifiait d’apathie générale de
l'électorat. Certaines forces politiques, prenant le parti de boycotter
les élections, se sont employées à diffuser des tracts sur lesquels
figuraient les noms des candidats qui, selon elles, allaient siéger
au nouveau parlement. La composition du nouveau parlement était,
d’après elles, une chose acquise d'avance. La MIOE s’est vue informer
de façon crédible de pressions, qu’elle a par ailleurs observées
directement, exercées notamment sur des fonctionnaires pour qu’ils
assistent à des rassemblements ou ne quittent pas un site. Au cours
des derniers jours de la campagne, des candidats soutenus par le
parti Müsavat et par le Parti d’alternative républicaine, ainsi
que des candidats indépendants, ont fait état de convocations au
commissariat et de mises en garde contre l'organisation de manifestations pendant
et après le scrutin. Deux candidats ont été mis en garde contre
toute fraude électorale.
47. En raison des possibilités limitées de rassemblement et du
manque d'accès aux médias traditionnels, de nombreux candidats ont
fait campagne sur Facebook, y compris en ayant recours à des services
payants, ainsi que sur d'autres réseaux sociaux. Des supports visuels
tels que des photos et des vidéos ont été largement employés, notamment
pour documenter les violations des règles s’appliquant à la campagne. Des pratiques
de campagne contre d'autres candidats ont pu être observées, et
les bots et trolls progouvernementaux se sont montrés actifs dans
les sections des commentaires en ligne. Parmi les autres outils
de campagne figuraient le porte-à-porte, les tracts et les affiches.
48. Il n'existe pas de financement public des campagnes électorales,
ce qui, selon un certain nombre d'interlocuteurs de la MIOE, nuit
à l'égalité des chances des candidats aux élections. Pour l’essentiel,
le cadre juridique régissant le financement des campagnes est en
place, mais de nombreuses dispositions essentielles, notamment en
matière de dons, de surveillance et de sanctions ne sont pas appliquées,
ce qui limite la transparence et l'efficacité du système de financement
des campagnes.
49. Le montant maximum des dépenses de campagne pouvant être engagées
par un candidat est de 500 000 AZN (soit environ 265 000 euros).
Les candidats peuvent financer leur campagne sur leurs ressources
propres ainsi qu’en faisant appel à des dons de personnes physiques
et morales. Sont interdit les dons provenant de l’étranger, de l’État,
d’associations à but non lucratif ou de personnes anonymes, ainsi
que les dons en nature. Les sympathisants peuvent travailler gratuitement
pour les candidats et cette pratique a été largement utilisée. Tous
les candidats ont, comme requis par la CEC, ouvert des comptes bancaires
dédiés à la Banque internationale d'Azerbaïdjan, propriété de l'État,
pour y effectuer toutes les transactions liées à la campagne. Les
partis peuvent engager sur leurs ressources propres des dépenses
d’un montant maximum de 150 000 AZN en vue de soutenir les candidats
qu’ils ont nommés. Le YAP, ayant procédé à l’enregistrement de candidats
dans plus de 60 circonscriptions, a constitué un fonds de campagne
unifié. Le Code électoral ne contient pas de dispositions explicites
sur le montant maximum qu'un parti peut verser à chaque candidat
s’il a constitué un compte unifié.
50. Le Code électoral dispose que les candidats doivent adresser
à trois reprises un rapport à la commission électorale de circonscription
sur leur financement de campagne. Les rapports doivent être affichés
sur le panneau de la commission concernée dans les cinq jours suivant
leur réception. Si les chiffres rapportés dépassent un certain montant,
ils doivent également être publiés dans les médias locaux. La loi
n’indique pas explicitement si cette obligation incombe aux médias
ou à la commission électorale de circonscription. La Banque internationale
d'Azerbaïdjan est tenue de fournir une fois par semaine à la commission
électorale de circonscription compétente un relevé des comptes individuels
des candidats mis à jour. À partir de dix jours avant le jour du
scrutin, ces informations doivent être fournies au moins tous les
trois jours, et les commissions électorales de circonscription sont
tenues de fournir aux médias deux fois par semaine des informations
sur les montants reçus et dépensés par les candidats. Dans la plupart
des cas, les rapports soumis par les candidats ont fait l’objet
d’un affichage sur les panneaux des commissions électorales de circonscription,
mais les champs relatifs aux dons et aux dépenses n’étaient que
rarement renseignés. Compte tenu du fait que le YAP dispose d'un
compte unifié, la CEC a publié le 3 février le deuxième rapport
du YAP indiquant le montant total des revenus perçus. Plusieurs
commissions électorales de circonscription ont relevé que la Banque internationale
d'Azerbaïdjan ne leur avait pas fourni les informations pertinentes.
51. La violation de la réglementation sur le financement des campagnes,
y compris par absence de présentation et de publication de rapports,
expose à des sanctions financières. La MIOE s’est vue signaler à de
multiples reprises, tant par des commissions électorales de circonscription
que par des candidats, que certains candidats recevaient des dons
en espèces, contournant ainsi la loi et le mécanisme de contrôle. Certains
interlocuteurs ont relevé que des donateurs potentiels s'abstenaient
de faire des dons, en particulier à l'opposition, par crainte de
représailles.
52. La CEC et les commissions électorales de circonscription supervisent
le financement des campagnes électorales par l’intermédiaire des
services de contrôle et d'audit créés au sein de chaque commission. Toutefois,
la loi ne les oblige pas à prendre l’initiative d’un audit, ce qui
nuit à l'efficacité de la surveillance.
53. Bien que la Constitution garantisse la liberté d’expression
et le droit d’accès à l’information et interdise la censure, ces
droits sont fortement restreints par la législation primaire. La
diffamation et les insultes publiques, y compris dans les médias
sociaux, sont des infractions pénales et sont passibles d’une peine d’emprisonnement
de trois ans portée à cinq ans si elles visent le président.
54. Selon un certain nombre d'interlocuteurs de la délégation
de l'Assemblée, les médias contrôlés par l'État jouissent d'un libre
accès à l'information alors que les journalistes indépendants n'en
bénéficient pas. Des interlocuteurs ont noté que des informations
officielles n’avaient pas été transmises, y compris lorsqu’un tribunal
avait statué en faveur du droit d'un journaliste à se voir transmettre
ces informations. De plus, des journalistes et des blogueurs font
l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires et sont condamnés
pour des infractions pénales qui, bien qu’apparemment sans lien
avec leurs activités professionnelles, sont considérées comme des
mesures de représailles face à des reportages critiques envers le
gouvernement.
55. Le Conseil national de la télévision et de la radio (CNTR)
supervise les médias de radiodiffusion ; il est habilité à accorder
et à retirer les licences de radiodiffusion. Bien que la loi prévoie
un mécanisme de financement public, la chaîne publique ITV est financée
par le budget de l'État, ce qui est de nature à compromettre l'indépendance
éditoriale de la chaîne. Plusieurs interlocuteurs ont fait état
du harcèlement que subissent les annonceurs qui sponsorisent les
médias privés. Le CNTR a indiqué que certains radiodiffuseurs privés
risquaient de faire faillite en raison de leur fragilité financière
et de l’accumulation de dettes à laquelle ils faisaient face. Les
médias traditionnels sont souvent dépendants du financement de l'État.
Le Fonds d’État présidentiel pour le soutien au développement des
moyens d’information de masse finance 25 organes de presse par mois.
Néanmoins, le tirage des journaux les plus lus ne dépasse pas 8
000 exemplaires par jour. Le ministère du Transport, des Communications
et des Hautes technologies est habilité à procéder au blocage provisoire
de sites web sur la base de leur contenu avant que soit prononcée
une décision de justice.
56. En raison de la répression des journalistes et des blogueurs,
la plupart des sites web critiques envers les autorités et des pages
des réseaux sociaux sont gérés depuis l'étranger.
57. La conjugaison de tous ces facteurs limite fortement le pluralisme
du discours sur la scène publique. Bien que la télévision reste
le média le plus accessible dans tout le pays, de nombreux interlocuteurs
estiment qu'elle est avant tout une source de divertissement, tandis
que les réseaux sociaux sont employés pour chercher des informations
politiques différentes du discours officiel, notamment au cours
de la période de campagne préélectorale.
58. Le Code électoral prévoit, pendant la période officielle de
campagne, l'attribution de temps d'antenne gratuit sur le radiodiffuseur
public ainsi que d'espace dans la presse écrite; ces dispositions
s’appliquent uniquement aux partis ayant procédé à l’enregistrement
de candidats dans plus de 60 circonscriptions. Lors de ces élections,
seul le YAP pouvait bénéficier de temps d'antenne et d'espace gratuits
dans les journaux à couverture nationale. Le 17 janvier, le YAP
a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de faire usage de son temps d'antenne
gratuit. Les candidats pouvaient également acheter du temps de publicité
à caractère politique, mais ITV était le seul radiodiffuseur à offrir
cette possibilité. De nombreux interlocuteurs de la MIOE ont fait
part de leurs préoccupations quant au coût excessif de la publicité
à caractère politique pendant la campagne, et ont indiqué qu'ils
feraient campagne par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Un groupe
de médias réuni sous les auspices de la CEC a été chargé de superviser
la couverture de la campagne et de résoudre les problèmes liés aux
médias au cours de la campagne.
59. Les radiodiffuseurs nationaux ou régionaux contrôlés n’ont
couvert aucun événement de campagne ni aucun rassemblement public,
se concentrant, y compris sur leurs pages de réseaux sociaux, sur
les activités de la CEC. Plus précisément, la CEC a bénéficié de
sept à 20 % du temps de couverture des chaînes de télévision nationales
contrôlées, et de 1 à 6 % sur la plupart des chaînes régionales.
60. Au cours de la campagne électorale, les médias se sont principalement
employés à présenter, sur un registre essentiellement positif, les
activités du président, qui n'est pas candidat, et celles du gouvernement. Les
chaînes de télévision nationales surveillées leur ont consacré entre
74 et 83 % de leur couverture de l'actualité, et les chaînes régionales
entre 23 et 76 %. À l’inverse, candidats et partis politiques n'ont
bénéficié d'aucune couverture pertinente dans les actualités politiques
à la télévision. Le journal Iki Sahil a
consacré, au cours de la campagne, 42 % de sa couverture aux candidats
nommés par le YAP. Les agences de presse en ligne ont largement
couvert les activités du YAP, mais dans la plupart des cas il n’était
pas clairement indiqué que la publication de ces documents avait
été rémunérée.
61. Globalement, les médias traditionnels n’ont pas donné aux
électeurs d’informations sur les candidats et sur leurs programmes
et le public n’a pas pu bénéficier d’un véritable débat politique.
La capacité des électeurs à faire un choix éclairé s’en est trouvée
réduite. Dans les contenus mis en ligne, environ un tiers de la couverture
des élections par l'agence de presse APA était marqué comme faisant
l’objet d’une rémunération, la plupart du reste étant consacré à
la CEC. Certains médias en ligne se sont employés à organiser des
débats, mais la participation a été limitée. Les médias sur YouTube
ont largement couvert les activités de bon nombre de candidats.
7. Plaintes
et recours
62. La loi prévoit que des plaintes
et des recours peuvent être déposés par des électeurs, des candidats, des
partis politiques ou des coalitions de partis, par leurs représentants,
ainsi que par des observateurs et des commissions électorales. Les
actes et les décisions d'une commission électorale, s’ils portent
atteinte aux droits électoraux, peuvent être contestés devant la
commission électorale de degré supérieur. Les décisions que prononcent
les commissions électorales sur les plaintes, ainsi que les décisions
et les actions de la CEC, peuvent faire l’objet d’un recours devant
les cours d'appel. Les arrêts rendus par celles-ci peuvent faire
l’objet d’un pourvoi en cassation devant la Cour suprême.
63. Les plaintes déposées auprès de la CEC et des commissions
électorales de circonscription sont traitées par des groupes d'experts
internes composés de membres de la commission et de collaborateurs
ayant une formation juridique. L'expert commis à une affaire mène
une enquête et prépare un projet de décision qui fera l’objet d’un
examen et d’un vote au cours d'une séance.
64. La CEC a examiné 38 plaintes contestant des décisions adoptées
par des commissions électorales de circonscription sur l’enregistrement
de candidats. Dans trois cas, les commissions électorales de circonscription
n'avaient pas approuvé la nomination de candidats potentiels en
raison de condamnations passées. Dans les affaires Rasul Jafarov c. Azerbaïdjan et Rashad Hasanov et autres c. Azerbaïdjan, la Cour a constaté
des violations de l’article 18 de la CEDH, en liaison avec l’article
5. Elle a demandé à l'Azerbaïdjan d'éliminer les conséquences négatives
des inculpations qu’elle estimait abusives, et d'annuler les condamnations.
Au total, 31 plaintes ont été déposées contre le refus d’enregistrement
de candidats; parmi elles, 17 ont été rejetées, 9 admises comme
fondées, 4 partiellement admises comme fondées et 1 retirée; il s’en
est suivi l'enregistrement de 9 candidats. 8 des 10 recours formés
auprès de la CEC contre des décisions de commissions électorales
de circonscription à propos de listes de signatures ont été favorablement
traités. En revanche, la CEC a confirmé 12 des 15 décisions de commissions
électorales de circonscription qui rejetaient l’enregistrement d’un
candidat en raison du caractère erroné ou lacunaire de sa déclaration
de patrimoine.
65. Au cours de la campagne, la CEC a reçu 18 plaintes et les
commissions électorales de circonscription quelque 43 plaintes principalement
pour achat de voix, ingérence dans la campagne et mauvaise utilisation des
ressources de l'État. La CEC a adressé des avertissements à plusieurs
candidats mais aucun procès-verbal de violation des règles administratives
n'a été dressé.
66. Au total, 23 recours ont été introduits auprès de la cour
d'appel de Bakou et des tribunaux régionaux et 18 autres auprès
de la Cour suprême. Aucun des 41 recours déposés n’a abouti. Les
tribunaux n'ont pas contesté l'interprétation de la CEC, se concentrant
sur les aspects techniques et procéduraux.
67. La transparence du processus d’instruction des plaintes a
été généralement assurée et la CEC a publié sur son site web les
décisions et les avis des experts. Toutefois, plusieurs plaignants
ont déclaré lors des audiences qu'ils n'avaient pas été invités
à la séance au cours de laquelle la CEC avait examiné leur plainte ou
la plainte qui avait été déposée contre eux. Les décisions de la
CEC ne correspondaient pas toujours aux questions soulevées dans
la plainte ou n'y répondaient pas toujours. En outre, les décisions
n'indiquaient pas la voie de recours que le plaignant pouvait exercer
contre elles.
68. Dans l’ensemble, les délais d’instruction des plaintes ont
été respectés. Dans au moins 15 cas, la procédure d'appel était
encore en cours au début de la campagne en raison du chevauchement
de l’échéance de l’instruction des plaintes liées à l'enregistrement
et du début de la campagne, ce qui a porté atteinte au principe
d’un recours efficace et rapide.
69. Les plaintes déposées auprès des bureaux des procureurs régionaux
ont été peu nombreuses. Le bureau du procureur a indiqué qu'il requérait,
avant d’intervenir, l'avis de la CEC sur les plaintes liées aux élections.
Cette pratique n’est pas prévue par la loi.
8. Observateurs
nationaux et internationaux
70. Le Code électoral prévoit qu’ait
lieu une observation électorale nationale et internationale. Les
citoyens peuvent s’enregistrer pour observer les élections à titre
individuel, en tant que représentants d’organisations non gouvernementales
actives dans le domaine des élections, ou en tant que représentants
de candidats et de partis politiques. Sur les 89 676 observateurs
nationaux accrédités par la CEC et par les commissions électorales
de circonscription, plus de 62 % étaient des représentants de candidats,
34 % étaient des observateurs individuels et seuls 4 % avaient été
nommés par des organisations non gouvernementales. Au total, 883
observateurs internationaux ont été accrédités par la CEC.
71. Si les observateurs accrédités ont le droit d'observer le
déroulé de l’ensemble des activités liées aux élections, y compris
celui des séances des commissions électorales, avant les élections
et le jour même du scrutin, les observateurs nationaux ne peuvent
observer les séances des commissions que s'ils en demandent l'autorisation
à la CEC.
72. Les restrictions légales pesant sur le financement étranger
limitent les possibilités pour les organisations de la société civile
de fonctionner, de former et de déployer des observateurs. Certaines
organisations de la société civile, dont le Centre d'études sur
le suivi des élections et la démocratie, l'Institut pour les initiatives démocratiques
et l'Association pour le développement de la société civile en Azerbaïdjan
ont poursuivi des missions d'observation à long et à court termes
et plusieurs autres missions sans bénéficier d’un statut juridique.
Par conséquent, les bénévoles de ces organisations étaient accrédités
en tant qu'observateurs individuels.
73. De nombreux interlocuteurs de la MIOE ont fait part de leur
préoccupation quant à l’appartenance politique ou à l’absence d’indépendance
de certains groupes d’observateurs nationaux.
74. La CEC a estimé que les trois organisations qui avaient mené
des sondages à la sortie des urnes lors des dernières élections
législatives et présidentielle ainsi que lors du référendum de 2016
continuaient à remplir les conditions requises, et les a accréditées
ainsi que deux autres organisations, dont l'une l’était pour la
première fois, afin qu’elles effectuent pour ces élections les sondages
à la sortie des urnes.
9. Jour
du scrutin
75. L’ouverture des bureaux de
vote a fait l’objet d’une évaluation négative par les observateurs
de la MIOE dans 19 rapports d’observation sur 116. Les raisons principales
étaient des irrégularités de procédure, consistant notamment à omettre
de compter et d'enregistrer le nombre de bulletins reçus (négligences relevées
respectivement dans 35 et 52 observations) ou d'enregistrer les
numéros de série des serrures des urnes (37 cas).
76. Sur les 1 296 bureaux de vote observés, le scrutin a fait
l’objet d’une évaluation négative dans 7 % des cas, ce qui constitue
un chiffre élevé manifestant de graves irrégularités procédurales.
Dans de nombreux cas, les électeurs n’ont pas fait l’objet d’un
marquage des doigts à l’encre (9 % des observations) ni d’une recherche de
traces d’encre (13 %), procédures qui constituent d’importantes
garanties contre le vote multiple. Des bourrages d’urnes ou des
signes de bourrages d’urnes ont été constatés dans 16 bureaux de
vote. En outre, des votes groupés ont été observés dans 5 % des
bureaux de vote et des violations du secret dans 4 % d’entre eux.
Des problèmes de saturation ont été relevés dans 8 % des bureaux
de vote observés.
77. Dans 7 % des bureaux de vote observés, les observateurs n’ont
pas été en mesure d’examiner toutes les étapes du scrutin; la transparence
du processus s’en est trouvée réduite. Dans environ un quart des observations,
les observateurs de la MIOE ont constaté que les personnes accréditées
en tant qu'observateurs nationaux représentaient en fait les intérêts
de certains partis ou candidats, s'immisçant parfois dans le processus.
Il est souvent arrivé que des différends entre des membres de commissions
électorales de bureau de vote et des observateurs nationaux suscitent
des tensions à l'intérieur des bureaux de vote. Dans 39 cas, les
commissions électorales de bureau de vote n'ont pas pleinement coopéré
avec les observateurs et dans six cas, des représentants de partis
ou de candidats ou des observateurs citoyens ont été expulsés des bureaux
de vote. La présence de personnes non autorisées, notamment des
membres de la police, de la gendarmerie et de l'armée ainsi que
des agents de l'État, a été relevée dans 44 bureaux de vote observés.
78. Le dépouillement a fait l’objet d’une évaluation négative
dans 66 des 113 observations, principalement en raison d'un mépris
flagrant de procédures de conciliation essentielles à effectuer
avant et après l'ouverture des urnes. Des erreurs ou des omissions
en cours de procédure ont été constatées dans 65 des décomptes observés.
D'importantes vérifications quantitatives croisées, permettant d’éviter
les manipulations lors du décompte, n'ont pas été effectuées. Plus
précisément, les vérifications croisées ont été négligées et les
chiffres n'ont pas été consignés dans le projet de procès-verbal
dans 63 et 69 cas respectivement. Dans 51 cas, les commissions électorales
de bureau de vote n'ont pas compté le nombre de signatures sur les
listes électorales, supprimant par là une garantie contre la manipulation
pendant le décompte.
79. Après l'ouverture des urnes, les observateurs de la MIOE ont
relevé dans 14 cas des indices de bourrage d'urnes, notamment la
présence d’amas ou de liasses de bulletins de vote. Dans sept autres
cas, le nombre de bulletins déposés dans l'urne était supérieur
au nombre d'électeurs ayant voté; le dépouillement s'est néanmoins
poursuivi. Le nombre de bulletins dans l'urne n'a pas été enregistré
dans le projet de procès-verbal dans 49 des 113 décomptes de vote.
En outre, dans 15 cas, les observateurs de la MIOE ont relevé des preuves
de falsification délibérée des inscriptions sur les listes électorales,
des résultats ou des procès-verbaux.
80. Dans 42 observations, les observateurs du bureau de vote ne
disposaient pas tous d’une bonne visibilité sur le processus de
dépouillement. Dans 48 cas, les observateurs n'ont pas été en mesure
de voir clairement les marques faites par les électeurs sur les
bulletins de vote, et au cours de 50 des 113 observations les résultats
n'ont pas été annoncés avant d'être inscrits dans le projet de procès-verbal.
Dans plus de la moitié (65) des bureaux de vote observés, aucune
copie du procès-verbal n'a été affichée au bureau de vote. Les membres
de la MIOE, dans un quart des observations environ, n’ont pas été
en mesure d’exercer pleinement leur mission d’observation. Tous
ces éléments ont réduit la transparence du processus de dépouillement.
81. Le début du processus de compilation a été retardé dans un
certain nombre de circonscriptions en raison du dysfonctionnement
du système de saisie des données. Le processus a fait l’objet d’une
évaluation négative dans 22 des 109 rapports d’observation, principalement
en raison de la mauvaise organisation de la transmission des procès-verbaux
et des autres documents, et dans certains cas, en raison de la faible compréhension
des procédures de compilation par les membres des commissions électorales
de circonscription. Dans 24 cas, le manque d'espace et les conditions
inadéquates ont eu un effet négatif sur le processus.
82. Dans 47 cas, certaines des personnes présentes ne disposaient
pas d’une bonne visibilité sur les processus ou ont rencontré des
obstacles dans leur observation, en raison de la délimitation stricte
des espaces réservés aux sièges des observateurs, ce qui a limité
la transparence du processus. À l'exception de 17 cas, les personnes
habilitées à recevoir des exemplaires des procès-verbaux électroniques
de résultats établis par les commissions électorales de bureau de
vote en ont en effet reçu. Des observateurs de la MIOE ont rapporté
que dans 48 cas, les présidents des commissions électorales de circonscription
n'avaient pas annoncé les saisies dans l'ordinateur, et que dans
22 cas les présidents des commissions électorales de bureau de vote
n'avaient pas signé les trois exemplaires imprimés du procès-verbal.
Dans 17 commissions électorales de circonscription, des membres
des commissions électorales de bureau de vote ont soit modifié les
chiffres du procès-verbal, soit complété leur procès-verbal, en
violation de la loi. Des observateurs nationaux ou des observateurs
dépêchés par les candidats ou par les partis étaient présents auprès
d’un tiers des commissions électorales de circonscription observées.
83. Le jour du scrutin, la CEC a régulièrement annoncé le taux
de participation, le publiant à quatre reprises ; le taux de participation
définitif, établi à 47,81 %, a été annoncé à minuit, cinq heures
après la fermeture des bureaux de vote.
10. Conclusion
et recommandations
84. La délégation de l’Assemblée
a estimé qu’en dépit d’un semblant de progrès dans la préparation
des élections, les violations répandues des procédures de décompte
ont soulevé de vives inquiétudes quant aux résultats du scrutin
en général.
85. S’agissant du cadre électoral légal, les élections sont principalement
régies par la Constitution et par le Code électoral. De nombreuses
recommandations déjà anciennes formulées par la Commission de Venise
à propos de la législation électorale, dont celles relatives aux
libertés fondamentales, à l’environnement des médias et à l’enregistrement
des candidats, ne sont toujours pas suivies. La Cour s’est prononcée
dans 23 affaires de violation du droit à des élections libres. Aucun
de ses arrêts n'a été suivi, y compris celui qu’elle avait rendu
dans l’affaire Ilgar Mammadov et autres,
ce qui a empêché certains candidats de l'opposition de se présenter.
86. Bien que la délégation ait relevé la présence d’un grand nombre
de candidats, l’environnement législatif et politique restrictif
a empêché que s’exerce une véritable compétition lors des élections
législatives anticipées organisées en Azerbaïdjan le 9 février 2020.
Certains candidats potentiels se sont vus refuser le droit de se présenter.
Les électeurs n’ont pas été en mesure d’opérer un réel choix faute
de véritable débat politique. La procédure d'enregistrement des
candidats a été globalement inclusive. Parmi les candidats qui se
sont présentés, 21 % étaient des femmes. Il n'y a pas de dispositions
légales prévoyant la promotion des femmes candidates. La plupart
des candidats n’ont pas présenté de programmes ou de points de vue
différents des politiques menées par le parti au pouvoir. Globalement,
la campagne a été dépourvue de l’engagement politique essentiel
à un climat électoral compétitif offrant un véritable choix aux
électeurs. Les activités des candidats aux élections ont augmenté
dans la semaine précédant le jour du scrutin, mais la campagne est restée
discrète et n'a pas réussi à attirer l'attention du public. Des
cas de pressions sur des électeurs, sur des candidats et sur les
représentants de ceux-ci ont été observés.
87. Étant donné l’absence de réelle différenciation politique
entre les trois groupes parlementaires qui nomment les membres des
commissions, la méthode de nomination des membres des commissions électorales
ne garantit pas, en pratique, l’impartialité et l’indépendance de
l’administration électorale. En revanche, il y a lieu de saluer
le fait que l'administration électorale à tous les niveaux ait été
bien dotée en ressources et ait respecté la plupart des délais légaux
malgré la brièveté du délai. Les séances de la CEC étaient ouvertes
aux observateurs accrédités et aux médias. Les décisions ont été,
pour la plupart, adoptées à l’unanimité et publiées rapidement sur
le site web de la CEC, ce qui a renforcé la transparence de ses travaux.
88. Selon les autorités, des élections n’ont pas pu être organisées
dans les 10 circonscriptions (sur 125) des territoires qui ne sont
pas ou ne sont que partiellement sous le contrôle du gouvernement
en raison du conflit en cours avec l'Arménie. Ce conflit est responsable
d’un grand nombre de PDI. La CEC a pris de nombreuses mesures pour
s’assurer qu’elles puissent exercer leur droit de vote.
89. Le cadre juridique du financement des campagnes est dans l’ensemble
en place, mais de nombreuses dispositions majeures, notamment sur
les dons, la surveillance et les sanctions, n'ont pas été mises
en œuvre, ce qui limite la transparence et l'efficacité du système
de financement des campagnes. Les rapports soumis par les candidats
ont pour la plupart été affichés sur les tableaux des commissions
électorales de circonscription, mais en général les informations
sur les dons reçus et les dépenses engagées n'y étaient pas fournies.
De nombreuses recommandations formulées précédemment par des organisations
internationales n'ont pas été mises en œuvre.
90. Bien que la Constitution garantisse la liberté d’expression
et le droit d’accès à l’information, ces droits sont fortement restreints
par la législation primaire. Les médias traditionnels n’ont pas
donné aux électeurs d’informations sur les candidats et sur leurs
programmes et les radiodiffuseurs n’ont pas couvert les activités de
campagne, tandis que le président bénéficiait d’une large couverture
médiatique. La couverture de l’actualité électorale s’est limitée
à des reportages sur les activités de la CEC. Les réseaux sociaux,
quant à eux, ont fourni des informations politiques différentes
du discours officiel. Le public a néanmoins été privé d'un véritable
débat politique. De nombreux candidats ont eu recours aux médias
sociaux pour se rapprocher des électeurs, sans toutefois que leur
démarche compense l'absence de couverture de la campagne dans les médias
traditionnels. Le jour du scrutin, la procédure de vote a fait l’objet
d’une évaluation négative dans 7 % des cas, ce qui constitue un
chiffre élevé manifestant de graves irrégularités procédurales.
Les observateurs ont signalé des cas de bourrage d’urnes et de vote
groupé. Le dépouillement a fait l’objet d’une évaluation négative
dans plus de la moitié des observations, principalement en raison
d'un mépris flagrant de procédures de conciliation essentielles
et d’une transparence limitée.
91. Les équipes de l'Assemblée qui se sont rendues dans les bureaux
de vote ont notamment relevé une faible participation et un grand
nombre d'irrégularités lors du dépouillement: absence de transmission
des listes électorales et des procès-verbaux, manque de transparence
du processus de dépouillement, expédié à la hâte et apparaissant
parfois comme une simple formalité pour officialiser des résultats
établis à l'avance, observateurs empêchés – y compris malgré leurs
demandes expresses – de voir les marques sur les bulletins de vote,
etc.
92. En conclusion, lors de ces élections législatives anticipées,
davantage de candidats ont pu présenter leur candidature mais il
semble qu'en définitive ils aient été autorisés à se présenter mais
non à gagner. Il convient de souligner qu’en contradiction avec
les arrêts de la Cour, et en dépit des demandes répétées du Conseil
de l’Europe dans l’affaire Ilgar Mammadov
et autres, un certain nombre de candidats d’opposition potentiels
n’ont pas pu se présenter.
93. Le Conseil de l'Europe a demandé à l'Azerbaïdjan de libérer
M. Ilgar Mammadov, incarcéré pendant plus de cinq ans, et d'annuler
sa condamnation. Or l'Azerbaïdjan l’a libéré sans annuler sa condamnation,
ce qui l'a empêché de se présenter aux élections.
94. La délégation de l'Assemblée demande instamment à l'Azerbaïdjan
de suivre les arrêts de la Cour et les recommandations formulées
de longue date par l'Assemblée parlementaire, la Commission de Venise,
le GRECO et d'autres organes du Conseil de l'Europe, ces instances
étant toutes disposées à collaborer avec l'Azerbaïdjan.
Annexe 1 – Composition
de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions des groupes
politiques de l’Assemblée :
Président : M. Frank
SCHWABE, Allemagne (SOC)
Groupe du Parti populaire
européen (PPE/DC)
- M. Viorel Riceard BADEA,
Roumanie
- Mme Alina Ștefania GORGHIU,
Roumanie
- M. Raivo TAMM, Estonie*
Groupe des socialistes,
démocrates et verts (SOC)
- M. Frank SCHWABE, Allemagne
- M. Pierre-Alain FRIDEZ, Suisse
- Mme Petra BAYR, Autriche
- Mme Edite ESTRELA, Portugal
- Mme Thorhildur Sunna ÆVARSDÓTTIR,
Islande
- M. Kimmo KILJUNEN, Finlande
- M. Roberto RAMPI, Italie
- M. Christophe LACROIX, Belgique
- Mme Maryvonne BLONDIN, France
Alliance des démocrates
et des libéraux pour l’Europe (ADLE)
- M. Alfred HEER, Suisse*
- M. Bernard CAZEAU, France
- M. Jacques LE NAY, France
- M. Zeki Hakan SIDALI, Turquie
Groupe des conservateurs
européens et Alliance démocratique (CE/AD)
- M. Ian LIDDELL-GRAINGER,
Royaume-Uni
- M. Alberto RIBOLLA, Italie
- Lord Simon RUSSELL, Royaume-Uni
- M. Ulrich OEHME, Allemagne
Groupe pour la gauche
unitaire européenne (GUE)
- M. Georgios KATROUGKALOS,
Grèce*
- M. Sokratis FAMELLOS, Grèce
Co-Rapporteurs AS/MON
(ex-officio)
- M. Stefan SCHENNACH,
Autriche*
Commission de Venise
- M. Oliver KASK, membre
- M. Gaël MARTIN-MICALLEF, Conseiller juridique, Commission
de Venise
Secrétariat
- M. Bogdan TORCĂTORIU,
Administrateur, Division de l’observation des élections et de la
coopération interparlementaire
- Mme Danièle GASTL, Assistante,
Division de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire
- Mme Anne GODFREY, Assistante,
Division de l’observation des élections et de la coopération interparlementaire
*Membre de la mission préélectorale
Annexe 2 – Programme
de la commission ad hoc durant la mission préélectorale
(open)
MISSION PREELECTORALE
21-24 janvier 2020
Mardi 21 janvier 2020
Arrivée des membres de la délégation
Mercredi 22 janvier
2020
10h15-11h15 Réunion de la délégation avec la participation
de M. Zoltan Hernyes, Chef du Bureau du Conseil de l’Europe à Bakou
11h30-12h30 Réunion avec des membres du corps diplomatique
à Bakou:
- Autriche – Ambassadeur
Alexander Bayerl
- Géorgie – M. Revaz Sakvarelidze adjoint au chef de mission
- Allemagne – M. Andreas Hohlt, premier secrétaire
- Grèce – Mme Foteini Karakatsani,
chargée d’affaires
- Suisse – Ambassadeur Muriel Peneveyre
- Royaume-Uni – M. Michael Fenn, chef de la section politique
et vice-consul
14h30-15h45 Réunion avec des représentants de la société civile
(table ronde):
- M.Karim Karimli,
Assemblée des citoyens d'Helsinki
- Mme Saadat Benanyarli, Société
internationale pour les droits de l’homme
- M. Akif Gurbanov, Institut des initiatives démocratiques
- M. Mehman Huseynov, Association publique d'apprentissage
de la démocratie
- M. Tural Agayev, Centre d'études pour la surveillance
des élections et la démocratie
16h00-17h00 Réunion avec des représentants des médias (table
ronde):
- M. Gulu Maharramli,
professeur au Département de journalisme télévisé de l'Université
d'État de Bakou
- M. Mehman Aliyev, agence de presse Turan
- Mme Vusala Mahirgizi, agence
de presse APA
- M. Mushvig Alasgarli, Conseil de presse azerbaïdjanais,
Syndicat des journalistes azerbaïdjanais
- M. Rauf Arifoglu, Rédacteur en chef du journal «Musavat»
- Mr. Rashad Majid, Rédacteur en chef du journal «525-ci
qezet»
- Ms. Aynur Karimova, Club de la presse, qazeta.az
17h00-18h00 Réunion avec:
- Amb.
Peter Tejler, chef de la mission d’observation des élections de
l’OSCE/BIDDH
- Mme Polyna Lemos, adjointe
au chef de mission
- Mme Masa Janjusevic, analyste
électorale
- Mme Sasa Pajevic, analyste
politique
- Mme Kira Kalinina, analyste
médias
- Mme Enira Bronitskaya, analyste
juridique
- M. Valeriu Mija, expert en sécurité
Jeudi 23 janvier 2020
09h00-11h30 Réunion avec les chefs et représentants
des groupes parlementaires et partis représentés au Milli Mejlis:
- Mme Sevinj
Fataliyeva, Nouveau parti d’Azerbaïdjan
- M. Fazil Mustafa, Great Creation Party
- M. Asim Mollazada, Azerbaijan Democratic Enlightenment
Party
- M. Tahir Karimli, Parti de l’unité
- M. Guliyev Faraj, Parti du mouvement du renouveau national
- M. Gudrat Hassanguliyev, Parti du front populaire de toute
l’Azerbaïdjan
11h30-12h30 Réunion avec:
- Mme Bahar
Mouradova, vice-présidente du Milli Mejlis de la République d’Azerbaïdjan,
avec la participation de membres de la délégation du Milli Mejlis
à l’APCE :
- Mme Sahiba Gafarova
- Mme Sevinj Fataliyeva
14h30-15h30 Réunion avec M. Mazahir Panahov, président de
la Commission centrale électorale et des membres de la CEC
16h00-18h00 Rencontre avec des représentants des partis politiques
extraparlementaires de l’opposition:
- M. Ilgar Mammadov, parti REAL
- M. Elchin Hagverdiyev, REAL Union des républicains
- Mme Gultekin Hajibeyli, Conseil
national des forces démocratiques
- M. Ali Karimli, Front populaire
- M. Arif Hajili, parti Musavat
- M. Ali Insanov, Parti de la justice et du développement
Rencontre avec des représentants des partis politiques:
- Mme Sevinj Fataliyeva, Chef
du département des relations internationales, Nouveau parti d’Azerbaïdjan
- M. Igbal Agazade, Président du parti Umid
18h00-19h00 Réunion de la délégation: discussion sur le projet
de déclaration
Vendredi 24 janvier
2020
Départ des membres de la délégation
Annexe 3 – Déclaration
de la mission préélectorale
(open)
Un environnement général
non approprié pour des élections démocratiques, estime la délégation préélectorale
de l’APCE en Azerbaïdjan
Une délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe (APCE) s'est rendue les 22 et 23 janvier 2020 à Bakou pour
évaluer le climat préélectoral des élections législatives anticipées
en Azerbaïdjan, prévues pour le 9 février.
A la suite de discussions avec différents interlocuteurs,
elle a estimé nécessaire de souligner qu'il y avait véritablement
lieu de corriger la situation et que le temps restant jusqu'au jour
du scrutin devrait permettre de réaliser au moins quelques améliorations.
Les représentants des institutions de l’État se sont félicités
de l'observation des élections par la délégation de l'APCE et ont
souligné leur volonté politique d'organiser les élections de manière
transparente, dans une atmosphère libre et équitable. La délégation
rappelle qu'une élection et son observation ne concernent pas seulement
le jour du scrutin, mais qu'il s'agit d'un processus comportant
plusieurs étapes, qui doivent toutes être analysées et évaluées
afin d'apprécier l'ensemble du processus électoral.
Certaines parties prenantes ont exprimé de sérieuses préoccupations
concernant le respect des droits fondamentaux, en particulier la
liberté d'expression et la liberté de réunion. Certains partis d'opposition
ont informé la délégation qu'ils avaient décidé de boycotter les
élections en raison de l'environnement restrictif.
En ce qui concerne l'enregistrement des candidats et leur
participation à l'élection, la délégation regrette vivement que
certains dirigeants politiques aient été empêchés de se présenter
aux élections en raison de casiers judiciaires non expurgés, malgré
les arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme. Elle rappelle également
qu'en septembre 2019, le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe,
examinant l'exécution des arrêts dans le groupe d'affaires Ilgar Mammadov c. Azerbaïdjan, a
demandé à l'Azerbaïdjan «d’éliminer rapidement toutes les conséquences
négatives restantes des accusations pénales portées contre chacun
des requérants, principalement en veillant à ce que les condamnations
soient annulées et effacées de leur casier judiciaire». La délégation
de l'APCE considère qu’en n’exécutant pas les décisions de la Cour
européenne, l’Azerbaïdjan remet en cause le droit constitutionnel
des citoyens du pays de participer effectivement à l'élection.
Le Président de la Commission électorale centrale a informé
la délégation sur les préparatifs du scrutin. Néanmoins, la délégation
a pris note des doutes exprimés par beaucoup d’interlocuteurs qui
se sont fait l'écho des observations de la Commission de Venise
et des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme concernant
l'indépendance et l'impartialité de l'administration électorale.
La délégation rappelle qu’ainsi que la Commission de Venise l’a
indiqué dans son dernier mémorandum sur les questions juridiques
concernant les élections législatives précédentes, «les missions
d'observation des élections de l'Assemblée parlementaire du Conseil
de l'Europe (APCE) ont insisté à plusieurs reprises sur la nécessité
de mettre en œuvre les recommandations de la Commission de Venise,
afin de rendre la législation conforme aux normes internationales».
Les interlocuteurs ont déclaré que, bien que garanties par
la Constitution, les libertés fondamentales de réunion, d'association
et de circulation sont sévèrement limitées par le cadre juridique
et sa mise en œuvre. Ils ont souligné le harcèlement systématique
et les poursuites pénales de ceux qui expriment des opinions critiques
sur les autorités. La délégation a appris que la liberté de réunion
n'est pas respectée par les autorités. Elle a noté que le dernier
rassemblement politique autorisé a eu lieu à Bakou en janvier 2019.
Elle a été informée que les autorités ont eu recours à la force
physique pour disperser un rassemblement non autorisé de l'opposition
le 19 octobre à Bakou et qu’elles ont arrêté beaucoup de militants
et de dirigeants de l'opposition. L'APCE considère qu’il faut prendre
toutes les mesures nécessaires pour garantir la liberté de réunion
et d'expression de tous les participants pendant la campagne électorale.
En ce qui concerne le financement de la campagne électorale,
la délégation de l'APCE rappelle qu'un certain nombre de recommandations
formulées par le GRECO, l'organe de lutte contre la corruption du
Conseil de l'Europe, afin que soit amélioré le financement des campagnes
n'ont pas été pleinement prises en considération, notamment en ce
qui concerne le délai de présentation des rapports, l'harmonisation
des lois sur le financement des partis, l'indépendance de l'organe
de contrôle, l'absence de sanctions effectives et la nécessité d'une
surveillance du financement des campagnes qui soit davantage en
amont.
La liberté d'expression et la liberté des médias, ainsi que
le droit d'accès à l'information, sont garantis par la Constitution.
Néanmoins, la diffamation reste une infraction pénale, également
applicable aux contenus en ligne, et passible d'une peine pouvant
aller jusqu'à deux ans de prison. Depuis 2017, le Ministère des transports,
des communications et des hautes technologies a le droit de bloquer
les sites Web des médias en raison de leur contenu, sans décision
judiciaire préalable. A l'heure actuelle, selon les interlocuteurs
de la délégation de l'APCE, un certain nombre de sites Web d'information
sont bloqués et les militants en ligne sont de plus en plus exposés
à la détention et aux intimidations. La Commissaire aux droits de
l'homme du Conseil de l'Europe a récemment constaté «qu’aucun progrès
n'a été accompli en ce qui concerne la protection de la liberté
d'expression en Azerbaïdjan».
La délégation de l'APCE s'est rendue à Bakou à l'invitation
du Président de l'Assemblée nationale d'Azerbaïdjan, le Milli Mejlis.
Elle a rencontré son vice-président et les membres de la délégation
de l'Azerbaïdjan auprès de l'APCE, les dirigeants et les représentants
des groupes parlementaires et des partis représentés au Milli Mejlis,
les dirigeants et les représentants des partis d'opposition extraparlementaires,
le président et les membres de la Commission électorale centrale,
des représentants de la société civile et des médias, le chef et
les membres de la mission d'observation des élections du BIDDH/OSCE,
ainsi que des diplomates basés à Bakou.
Une délégation de 32 membres de l'Assemblée parlementaire
du Conseil de l'Europe arrivera en Azerbaïdjan avant les élections
législatives anticipées pour observer le vote.
*Membres de la délégation :
Alfred Heer (Suisse, ADLE), ff. chef de la délégation
Raivo Tamm (Estonie, PPE/DC)
Georgios Katrougkalos (Grèce, GUE)
Stefan Schennach (Autriche, SOC), corapporteur chargé du suivi
Annexe 4 – Programme
des réunions d’information conjointes
(open)
Vendredi 7 février
2020
09h00 – 09h55 Réunion interne de la délégation
de l'APCE
- Ouverture par Frank
Schwabe, chef de délégation
- Exposés des rapporteurs
- Briefing sur les élections législatives anticipées par
M. Oliver Kask, Commission de Venise
- Aspects pratiques et logistiques, plan de déploiement
– Secrétariat
BRIEFINGS PARLEMENTAIRES
CONJOINTS
10h00 – 10h30 Ouverture par les chefs des délégations
parlementaires
- M. Artur Gerasymov
(Ukraine), coordinateur spécial et chef de la mission d'observation
à court terme de l'OSCE
- M. Frank Schwabe (Allemagne), chef de la délégation de
l’AP du Conseil de l'Europe
- Mme Elona Hoxha-Gjebrea (Albanie),
chef de la délégation de l'AP de l’OSCE
10h30 – 11h30 Rencontre avec des représentants des médias
- M. Murad Huseynov, Assistant
du directeur, Télévision publique
- Mme Khadija Ismayilova, journaliste
d'investigation indépendante
- M. Alasgar Mammadli, avocat des médias
- M. Gulu Maharramli, professeur au Département de journalisme
télévisé de l'Université d'État de Bakou
- M. Mehman Aliyev, directeur de l'agence de presse Turan
- M. Khalid Kazimli, Représentant du journal "New Musavat"
(Yeni Musavat)
11h30 – 12h30 Rencontre avec des représentants de la société
civile
- Mr. Mirali Huseynov,
président, Association publique d'apprentissage de la démocratie
- M. Hafiz Hasanov, président, Association publique de droit
et de développement
- M. Bashir Suleymanli, président, Institut pour les droits
des citoyens
- M. Karim Karimli, président, Assemblée des citoyens d'Helsinki
- M. Akif Gurbanov, président, Institut des initiatives
démocratiques
- M. Anar Mammadli, président, Centre d'études pour la surveillance
des élections et la démocratie
14h00 – 16h00 Briefing par la mission d'observation des élections
du BIDDH (partie 1)
Accueil et Introduction par la Mission d’observation des
élections du BIDDH
- M. Peter Tejler, chef
de mission
Cadre juridique, financement de la campagne, plaintes et
recours
- Mme Enira
Bronitskaya, analyste juridique
Administration électorale, observateurs, électeurs, enregistrement
des électeurs et des candidats
- Mme Maša
Janjušević, analyste électorale
Contexte politique, les candidats et la campagne électorale
- Mme Saša
Pajević, analyste politique
Médias
- Mme Kira
Kalinina, analyste médias
Procédures de sécurité
- M. Valeriu
Mija, spécialiste en sécurité
16h15 – 17h15 Rencontre avec des représentants des partis
politiques et des candidats indépendants
- M. Arif Hajili, président et candidat, parti Musavat
- M. Ilgar Mammadov, président, parti REAL
- M. Elchin Hagverdiyev, candidat, REAL Union des républicains
- M. Mehman Huseynov, candidat indépendent
- M. Ali Karimli, président du Front populaire
- Mme Gultekin Hajibeyli, coordonnatrice,
Conseil national des forces démocratiques
- M. Ali Insanov, président, Parti de la justice et du développement
18h15 Réunion des observateurs de l’APCE avec les chauffeurs
et interprètes
Samedi 8 février 2020
10h30 – 11h30 Briefing par la mission d'observation
des élections du BIDDH (partie 2)
Procédures pour le jour des élections et formulaires d’observation
- Mme Maša
Janjušević, analyste électorale
- M. Robert Bystricky, statisticien
11h30 – 12h30 Réunion avec des représentants de la Commission
électorale centrale d'Azerbaïdjan
- M. Mazahir
Panahov, président
- M. Rovzat Gasimov, vice-président
12h30 – 13h00 Pour les membres observant à Bakou et Sumgayit
Introduction par les observateurs de longue durée et présentation
de leur travail
- M. Marcell Nagy, coordinateur
des OLD
Briefing régional pour les équipes de LTO 1, 2 et 3
Distribution des rapports régionaux
Dimanche 9 février
2020
Toute la journée: observation des procédures de vote: ouverture
des bureaux de vote (08h00), vote, fermeture des bureaux de vote
(19h00), dépouillement et tabulation des votes
Lundi 10 février 2020
08h00 – 09h00 Débriefing de la délégation de l'APCE
- Ouverture par Frank Schwabe,
chef de délégation
- Débriefing du jour du scrutin par les équipes
- Informations statistiques du statisticien de l'OSCE /
BIDDH
15h00 Conférence de presse conjointe
Annexe 5 – Communiqué
de presse
(open)
Malgré le grand nombre
de candidats, les élections en Azerbaïdjan ont été marquées par
l’absence de compétition et de choix véritables, d’après les observateurs
internationaux
Strasbourg, 10.02.2020 – L’environnement législatif et politique
restrictif a empêché une véritable compétition lors des élections
législatives anticipées organisées en Azerbaïdjan, ont déclaré les
observateurs internationaux dans une déclaration préliminaire publiée
aujourd’hui. Si certains candidats potentiels se sont vu refuser
le droit de se présenter, la procédure d’inscription des candidats
n’a exclu personne. Malgré le grand nombre de candidats, les électeurs
n’ont pas eu la possibilité de faire un choix utile, faute de véritable
débat politique, est-il indiqué dans la déclaration.
La mission d’observation conjointe du Bureau des institutions
démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE, de l’Assemblée
parlementaire de l’OSCE (AP de l’OSCE) et de l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe (APCE) a relevé que de nombreux candidats
avaient utilisé les médias sociaux pour toucher les électeurs, ce
qui n’a toutefois pas compensé l’absence de couverture de la campagne
par les médias traditionnels.
«Je regrette profondément que ce qui aurait pu être une amélioration
n’ait pas débouché sur un environnement compétitif propice à des
élections véritablement démocratiques. Le comptage des voix le jour
du scrutin a été décevant. J’espérais certains changements réels.
L’absence de couverture sérieuse de la campagne par les médias traditionnels
et de débats publics et sur les chaînes de télévision explique en
partie le peu d’attention accordée par la population», a indiqué
Artur Gerasymov, coordinateur spécial et chef de la mission d’observation
de courte durée de l’OSCE. «Je suis parfaitement conscient de l’impact
que le conflit avec l’Arménie a sur l’organisation des élections
dans ce pays et salue les efforts faits pour assurer la participation des
personnes déplacées aux élections.»
L’administration électorale a bénéficié de moyens suffisants
et a respecté les délais légaux et la Commission électorale centrale
(CEC) a fait des efforts concertés pour agir dans la transparence
et réservé un bon accueil aux observateurs internationaux. Cela
étant, de graves violations d’ordre procédural lors du décompte
et de la compilation des résultats électoraux le jour du scrutin
ont soulevé des doutes quant à la question de savoir si les résultats
avaient été établis honnêtement, ont affirmé les observateurs.
La plupart des candidats n’ont pas présenté de programmes
ou de points de vue différents de ceux du parti au pouvoir et globalement
la campagne a été dépourvue de l’engagement politique essentiel
à une concurrence effrénée et à un véritable choix des électeurs.
Bien que garantis par la Constitution, les libertés d’expression, de
réunion, d’association et de circulation ainsi que l’accès à l’information
et le droit de participer à la vie politique sont fortement restreints
par la législation primaire.
« Malgré un semblant de progrès dans la préparation des élections,
les violations répandues des procédures de décompte ont soulevé
de vives inquiétudes quant aux résultats du scrutin en général »,
a dit Frank Schwabe (Allemagne, SOC), chef de la délégation de l’APCE.
«En contradiction avec les arrêts de la Cour européenne des droits
de l’homme et les demandes répétées du Conseil de l’Europe dans
les affaires Ilgar Mammadov et autres,
un certain nombre de candidats potentiels n’ont pas pu se présenter.»
De nombreuses recommandations déjà anciennes du BIDDH et de
la Commission de Venise du Conseil de l’Europe, dont celles relatives
aux libertés fondamentales, à l’environnement des médias et à l’inscription
des candidats, ne sont toujours pas suivies. La Cour européenne
des droits de l’homme s’est prononcée dans 23 affaires de violation
du droit à des élections libres même si aucune des décisions n’a
été exécutée, ce qui a empêché certains candidats possibles de se
présenter. Au total, 1 314 candidats se sont présentés après le retrait
d’environ 19 % de ceux qui s’étaient inscrits à l’origine, retrait
notamment expliqué par des accords entre les partis et les pressions
exercées par certaines autorités au niveau local.
Les médias traditionnels n’ont pas donné aux électeurs des
informations sur les candidats et sur leurs programmes et les radiodiffuseurs
n’ont pas couvert les activités de campagne. La couverture de l’actualité électorale
s’est limitée à des reportages sur les activités de la CEC.
« Malheureusement, peu de candidates ont participé à ces élections
», a fait observer Elona Hoxha-Gjebrea, chef de la délégation de
l’AP de l’OSCE. «Des efforts plus importants sont à l’évidence nécessaires
pour favoriser la participation des femmes à la vie publique et
politique et accroître l’engagement des jeunes, ce qui pourrait
contribuer grandement à renforcer la démocratie en Azerbaïdjan.»
Aucun des 55 partis politiques enregistrés n’est dirigé par
une femme et seuls 21 % des candidats étaient de sexe féminin. Il
n’existe aucune obligation légale de promouvoir des candidates.
Plus de 89 000 observateurs nationaux ont été accrédités par
la CEC et les commissions de degré inférieur. Plus de 62 % étaient
des représentants des candidats, 34 % étaient des observateurs individuels
et seuls 4 % ont été nommés par des organisations non gouvernementales.
L’appartenance politique et l’absence d’indépendance de certains
groupes d’observateurs citoyens ont soulevé d’importantes préoccupations.
Au total, 883 observateurs internationaux ont été accrédités par
la CEC.
«Depuis notre arrivée le 6 janvier, nous avons entretenu de
bonnes relations de coopération avec la Commission électorale centrale
qui a fait des efforts considérables pour améliorer la transparence
de son travail», a indiqué l’ambassadeur Peter Tejler, chef de la
mission d’observation électorale du BIDDH. «Nous avons observé la
campagne sur l’ensemble du territoire, y compris la couverture médiatique,
et sommes parvenus à la conclusion qu’aucune discussion de fond
n’a été menée et que les électeurs n’ont pas véritablement eu de
choix.»
La mission internationale d’observation des élections comptait
358 observateurs de 41 pays dont 273 experts et observateurs déployés
par le BIDDH, 57 parlementaires et personnels de l’AP de l’OSCE
et 28 de l’APCE.