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Réponse à Recommandation | Doc. 15099 | 29 avril 2020
Améliorer la protection des lanceurs d’alerte partout en Europe
1. Le Comité des Ministres
a procédé à un examen attentif de la Recommandation 2162 (2019) de l’Assemblée parlementaire «Améliorer la protection
des lanceurs d’alerte partout en Europe». Il l’a transmise au Comité
européen de coopération juridique (CDCJ), au Comité européen pour
les problèmes criminels (CDPC), au Comité européen sur la démocratie
et la gouvernance (CDDG), au Comité directeur pour la politique
et les pratiques en matière d'éducation (CDPPE), à l’Accord partiel
élargi sur le sport (APES), au Comité directeur pour les droits
de l'homme (CDDH) et au Groupe d'États contre la corruption (GRECO),
pour information et commentaires éventuels.
2. Le Comité des Ministres convient avec l’Assemblée que les
lanceurs d’alerte jouent un rôle essentiel dans toute démocratie
ouverte et transparente et que la reconnaissance qui leur est accordée
et l’efficacité de leur protection en droit et en pratique contre
toutes sortes de représailles constituent un véritable «marqueur» démocratique.
L’alerte est un aspect fondamental de la liberté d’expression et
du droit à l’information, protégés par l’article 10 de la Convention
européenne des droits de l’homme et la jurisprudence pertinente
de la Cour européenne des droits de l’homme.
3. Le Comité des Ministres se réfère à sa Recommandation CM/Rec(2014)7 aux États membres sur la protection des donneurs d’alerte,
qui a constitué une avancée internationale majeure en ce qu’elle
établit un ensemble complet de principes pour guider les États membres
lorsqu’ils passent en revue la législation pertinente et les mécanismes
institutionnels visant à protéger ceux qui alertent le grand public
et/ou les autorités compétentes de l’existence de menaces potentielles
ou d’actes portant atteinte à l’intérêt public. La recommandation
encourage également les États membres à évaluer de manière périodique
l’efficacité du cadre national de protection des lanceurs d’alerte.
Un guide destiné à faciliter la mise en œuvre de la recommandation
par les États membres a été préparé par le CDCJ et diffusé en 2016.
Le Comité rappelle que, dans le cadre de son mandat, le CDCJ est
notamment chargé de fournir des conseils législatifs, des formations et
des activités de sensibilisation aux autorités nationales et à d’autres
organes pertinents concernant les révélations d’intérêt général
et la protection des lanceurs d’alerte.
4. Le rôle des lanceurs d’alerte est particulièrement crucial
dans le domaine de la lutte contre la corruption, tant dans le secteur
public que dans le secteur privé. Les mécanismes de protection
des lanceurs d’alerte contribuent à transformer la culture du silence
que la corruption peut générer et constitue dès lors un précieux outil
de prévention et de détection de la corruption. Ainsi, le GRECO
a constamment promu, dans ses rapports d’évaluation, l’importance
que revêt l’instauration de systèmes exhaustifs pour signaler les
comportements corrompus et garantir la protection appropriée des
lanceurs d’alerte contre les représailles . Une large majorité des États membres
se sont vu adresser des recommandations par le GRECO concernant
la question de la protection des lanceurs d’alerte. Ce dernier continuera
de traiter cette question dans le contexte de ses cycles d’évaluation,
en tant que de besoin. Le Comité des Ministres encourage par ailleurs
les États membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et/ou ratifier
la Convention civile sur la corruption (STE n° 174) laquelle, entre autres,
protège les employés qui dénoncent de bonne foi des faits de corruption
contre toute sanction injustifiée.
5. La protection des lanceurs d’alerte est au centre des travaux
de plusieurs autres domaines d’activités du Conseil de l’Europe.
Le Comité des Ministres a ainsi pris note en octobre 2019 du Guide
de bonnes et prometteuses pratiques sur la manière de concilier
la liberté d'expression avec d'autres droits et libertés, notamment
dans les sociétés culturellement diverses , préparé par le CDDH et
qui contient des informations sur les développements récents au
sein des États membres du Conseil de l'Europe en ce qui concerne
les pratiques et/ou les normes existantes en matière de protection
des lanceurs d'alerte.
6. Le Comité des Ministres a également adopté en octobre 2019
la Recommandation CM/Rec(2019)9 aux États membres sur la promotion d'une culture de
l'éthique dans le corps enseignant. Il signale en outre les travaux
en cours de la Plate-forme du Conseil de l'Europe sur l'éthique,
la transparence et l'intégrité dans l'éducation (ETINED) sur un
nouveau document-cadre d’orientation sur la fraude dans l’éducation
qui vise à la promotion de l’éthique, la transparence et l’intégrité
dans l’éducation et prendra en compte la question de la protection
des lanceurs d’alerte dans les cas de fraude et de mauvaise conduite
dans le domaine de l’éduction. La recommandation de l’Assemblée
et la Résolution 2300
(2019) connexe ont été transmises à ETINED pour que leur contenu
soit pris en compte dans ces travaux.
7. Le Comité informe par ailleurs l’Assemblée que sa recommandation
et la Résolution 2300
(2019) ont déjà été prises en compte par le CDDG dans la préparation
du projet de Lignes directrices sur l’éthique publique et
du projet de Guide sur les Étapes de la mise en œuvre de l’éthique
publique dans les organismes publics, que ce comité a approuvés
en décembre 2019.
8. Enfin, s’agissant de la recommandation de l’Assemblée d’élaborer
un instrument juridique contraignant, le Comité des Ministres réitère
sa position exprimée dans sa réponse à la Recommandation 2073 (2015) de l’Assemblée «Améliorer la protection des donneurs
d’alerte» . Il considère
que la négociation d’un instrument contraignant, telle une convention,
représenterait un processus long et au résultat incertain compte
tenu de la complexité du sujet et de la diversité des solutions
adoptées par les États membres pour protéger les lanceurs d’alerte.
Le Comité estime plus opportun, à ce stade, d’encourager les États
à mettre pleinement en œuvre les recommandations qui ont été adoptées
par le Comité des Ministres ou d’autres organes tels que le GRECO. Il
rappelle à cet égard que les comités et organes compétents du Conseil
de l’Europe se tiennent prêts à répondre aux demandes d’assistance
technique émanant des États membres.