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| Doc. 13137
| 07 mars 2013
Observation des élections pour le Conseil National de Monaco (10 février 2013)
Auteur(s) : Commission ad hoc du Bureau
Rapporteur : M. Piotr WACH,
Pologne, PPE/DC
1. Introduction
1. A sa réunion du 5 octobre 2012, le Bureau de l’Assemblée
parlementaire a décidé d’observer les élections pour le Conseil
National de Monaco, sous réserve de la réception d’une invitation
et de la confirmation de la date, de constituer une commission ad
hoc à cette fin composée de six membres, un de chaque groupe politique
ainsi que de la rapporteure dans le cadre du dialogue postsuivi
avec Monaco. Le Bureau, à sa réunion du 17 décembre 2012, a pris
note des déclarations sur l’absence de conflit d’intérêt pour les
candidat(e)s à la mission d’observation, a approuvé la composition
de la commission ad hoc et a désigné M. Piotr Wach comme président.
Le 25 janvier 2013, le Bureau a approuvé la composition définitive
de la commission ad hoc (annexe 1).
2. Le 27 décembre 2012, le ministre d’Etat de Monaco, M. Michel
Roger, a adressé un courrier au Secrétaire Général du Conseil de
l’Europe, M. Thorbørn Jagland, demandant à l’Assemblée parlementaire d’organiser
une mission d’observation des élections nationales à Monaco du 10
février 2013.
3. La commission ad hoc s’est réunie à Monaco du 8 au 11 février
2013. Elle a notamment rencontré M. Michel Roger, ministre d’Etat
et les conseillers du gouvernement pour les relations extérieures
et les affaires intérieures, M. Jean-François Robillon, Président
du Conseil National, les responsables et des représentants des trois
listes des candidats, les membres de la délégation de Monaco auprès
de l’Assemblée parlementaire, M. James Charrier, Président de la
Commission de vérification des comptes de campagne, M. Georges Marsan,
Maire de Monaco, M. Philippe Narmino, Directeur des services judiciaires,
le groupe d’experts du Bureau des institutions démocratiques et
des droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que les représentants
des médias. Le programme des réunions de la commission ad hoc figure
en annexe 2. La délégation tient à remercier les services du Conseil
National, du ministère d’Etat et de la mairie de Monaco pour leur
excellente coopération dans l’organisation de la mission d’observation
des élections.
4. A l’issue du jour du scrutin, la commission ad hoc a conclu
que, le 10 février 2013, «les Monégasques ont élu librement leurs
représentants au Conseil National parmi trois listes de candidats».
Elle a salué «le fort taux de participation des électeurs [qui]
a témoigné de l’attachement des Monégasques à la démocratie représentative
dans la Principauté de Monaco. La mairie, en sa qualité d’organisatrice
des élections, s’est acquittée de ses fonctions avec professionnalisme,
efficacité et transparence tout au long de la campagne électorale,
le jour du scrutin et pendant le dépouillement des bulletins, dont
la transparence a été exemplaire». Toutefois, la commission ad hoc
a également souligné que «[l]es élections démocratiques ne se limitent
pas uniquement au jour du scrutin lui-même, mais incluent tout le
processus électoral, y compris la campagne électorale. Cette compagne
électorale a été marquée par de vives tensions ... de violences
verbales, de diffamations et d’agressions physiques, d’injures à
caractère homophobe, d’attaques personnelles et de révélations scandaleuses
... Le rôle et les objectifs du Conseil de l’Europe [ont] été mal
interprétés d’une manière qui a été exploitée. Ceci est d’autant
plus regrettable que la coopération du pays avec l’Organisation est
très constructive et fructueuse depuis son adhésion en 2004». La
déclaration de la commission ad hoc publiée après ces élections
figure à l’annexe 3.
2. Cadre juridique
5. Le 24 juillet 2012, M. Michel Roger, ministre d’Etat,
a décidé de tenir des élections nationales le 10 février 2013.
6. Les élections du Conseil National sont régies par la Constitution
de la Principauté de 1962, modifiée en 2002 afin d’augmenter le
niveau du pluralisme politique et de créer la possibilité pour l’opposition
d’être représentée au Conseil National. Les modifications de la
Constitution ont également introduit un système mixte combinant
le scrutin majoritaire et proportionnel et augmentant le nombre
des sièges de 18 à 24.
7. Il est important de constater que, suite à son adhésion au
Conseil de l’Europe en 2004, Monaco doit encore ratifier le Protocole
additionnel à la Convention européenne des droits de l’homme (STE
no 9) dont l’Article 3 garantit, notamment,
le droit à des élections libres.
8. Le cadre juridique comprend également la loi relative aux
dépenses des campagnes électorales, les ordonnances du gouvernement
sur les modalités d’application du vote par procuration, et l’arrêté
ministériel relatif à la campagne électorale télévisuelle. Depuis
2006, certains aspects de la législation électorale ont été modifiés;
le droit de vote par procuration a notamment été introduit pour
les catégories suivantes d’électeurs, précisant qu’aucun mandataire
ne peut disposer de plus de deux procurations:
- les Monégasques résidant de
manière permanente ou temporaire à l'étranger à des fins d'études
ou de formation;
- les Monégasques ne pouvant pas se rendre au bureau de
vote le jour du scrutin en raison d'un handicap ou de leur état
de santé ou en raison d'obligations professionnelles impératives;
- les Monégasques résidant en permanence à l'étranger (hors
du département français limitrophe des Alpes-Maritimes et de la
province italienne voisine d'Imperia).
9. Selon le rapport du BIDDH du 21 décembre 2012 concernant le
cadre juridique des élections nationales à Monaco, le droit de vote
par procuration permet d’augmenter la participation aux élections.
Pour les élections du 10 février 2013, la mairie de Monaco a autorisé
276 votes par procuration selon les procédures établies par la législation.
Ce chiffre représente plus de 5 % des votants.
10. Le Conseil National comprend 24 membres élus pour cinq ans.
Le suffrage est universel et direct. Les élections du Conseil National
se font au scrutin de liste, plurinominal, à un tour, avec possibilité
de panachage et sans vote préférentiel. Les listes doivent comporter
un nombre de candidats au moins égal à celui correspondant au chiffre
de la majorité absolue au sein de cette assemblée, soit 13, classés
par ordre alphabétique.
11. Les deux tiers des sièges au Conseil National sont attribués
au scrutin majoritaire, le tiers restant est attribué au scrutin
proportionnel. Les 16 candidats ayant obtenu le plus grand nombre
de voix sont élus. En cas d'égalité des suffrages, le plus âgé des
candidats est proclamé élu. Les huit sièges restants sont attribués aux
listes en présence ayant obtenu au moins 5 % des suffrages valablement
exprimés, selon les modalités de la représentation proportionnelle.
12. Chaque liste obtient un nombre de sièges égal au nombre de
fois que le quotient électoral est contenu dans le total des suffrages
valablement exprimés en faveur de l'ensemble de ses candidats. Le
quotient électoral est obtenu en divisant le nombre total de suffrages
valablement exprimés par le nombre de sièges à pourvoir à la proportionnelle.
Les sièges éventuellement restants sont attribués par application
de la règle de la plus forte moyenne. Au sein de chaque liste, les
sièges obtenus sont attribués aux candidats dans l'ordre du nombre
de suffrages qu'ils ont obtenus. En cas d'égalité du nombre de suffrages,
le plus âgé des candidats est élu.
13. La loi relative aux dépenses de campagne électorale a été
votée le 2 juillet 2012. Le 23 novembre dernier, la Commission de
vérification des comptes de campagne a écrit aux listes des candidats
se présentant aux élections 2013 en précisant les règles concernant
les dépenses électorales. Le Groupe d'Etats contre la corruption
(GRECO), dans son rapport sur les dépenses de la campagne pour les
élections nationales de 2008, avait considéré que les dépenses étaient
considérables, plus d’un demi-million d’euros pour un pays avec
un petit nombre d’électeurs.
14. Selon la nouvelle loi, les listes des candidats peuvent obtenir,
dans les conditions prévues par la loi, le remboursement d’une partie
de leurs dépenses électorales. Les dépenses de campagne sont plafonnées
à 400 000 euros. Chaque liste ayant obtenu au moins 5 % des suffrages
bénéficiera d’un remboursement de 80 000 euros. En cas d’irrégularité,
la loi prévoit notamment un non-remboursement total ou partiel des
frais de campagne.
15. Les membres de la commission ad hoc d’observation des élections,
lors de la rencontre avec le président de la Commission de vérification
des comptes de campagne et d’autres interlocuteurs, ont estimé que
la loi en vigueur devrait être améliorée pour renforcer la transparence
du financement de la campagne électorale, notamment en publiant
la liste des donateurs ayant offert aux listes des candidats des
sommes dépassant un certain montant, par exemple 1 000 euros
3. Campagne électorale
16. La loi sur les élections nationales précise le début
de la campagne pré-électorale, 90 jours avant le jour du scrutin.
La campagne officielle a commencé 14 jours avant le scrutin et s’est
terminée le 9 février.
17. Pour éviter les conflits d’intérêt et pouvoir défendre, en
toutes circonstances, les spécificités monégasques et la monarchie
constitutionnelle et héréditaire, les 24 candidats de la liste Union
monégasque ont décidé de
signer une charte du candidat au début de la campagne électorale.
Dans ce document ils s’engagent notamment à «contribuer à la campagne
électorale par des prises de position empreintes de dignité et,
à ce titre, à répondre aux éventuelles attaques par des prises de
position mesurées ou par des moyens légaux disponibles et non par
la polémique publique ni l’attaque personnelle».
18. Cependant, cette campagne électorale a été marquée par des
tensions et des incidents sans précédent dans le pays. La commission
ad hoc a également observé que les relations avec le Conseil de
l’Europe étaient devenues un enjeu au cours de la campagne électorale.
19. Ainsi, dans le cadre de la préparation de son rapport sur
le dialogue postsuivi avec Monaco, la Commission pour le respect
des obligations et engagements des Etats membres du Conseil de l’Europe (commission
de suivi) avait décidé, le 2 octobre 2012, de «demander l’avis de
la Commission de Venise sur la Constitution de Monaco, pour examiner
en particulier la compatibilité des dispositions constitutionnelles relatives
au Conseil National avec les standards démocratiques, tenant compte
de la spécificité de la Principauté de Monaco»
.
20. Cette décision de la commission de suivi et en particulier
son opportunité politique quelques jours avant l’ouverture de la
campagne électorale semblent avoir été mal interprétées et furent
exploitées de façon regrettable par différents responsables politiques
monégasques qui ont omis de mentionner que la commission de suivi
a demandé à la Commission européenne pour la démocratie par le droit
(Commission de Venise) de tenir compte des spécificités de Monaco.
Certains membres de la commission ad hoc ont estimé que la décision
de la commission de suivi aurait pu influencer les résultats des
élections. Des critiques, virulentes quelquefois, relayées par les
médias ont ciblé les membres de la délégation monégasque issus de
la majorité, la rapporteure de la commission de suivi et la Commission
de Venise. La commission ad hoc estime ici utile de rappeler que
la Commission de Venise rend des avis consultatifs et que la saisine
de la Commission de Venise, instance de réflexion indépendante reconnue
internationalement, est une procédure ordinaire utilisée par la
commission de suivi dans le cadre de la préparation de rapports
de suivi ou de dialogue postsuivi.
21. Les autorités monégasques ont rappelé aux membres de la mission
d’observation des élections qu’il n’était pas question de réviser
la Constitution de 1962 pour élargir les pouvoirs du parlement.
Les réactions fortes de certains responsables politiques concernant
les relations entre le Conseil de l’Europe et Monaco, peuvent avoir
leurs origines dans une méconnaissance du fonctionnement de certaines
structures consultatives du Conseil de l’Europe.
22. Différents interlocuteurs monégasques de la commission ad
hoc ont expliqué que la Principauté a adhéré au Conseil de l’Europe
en 2004 sur une base institutionnelle qui n’a pas été remise en
cause depuis son adhésion, y compris lors de la procédure de suivi
de l’Assemblée parlementaire. La commission ad hoc a également été
informée que la saisine de la Commission de Venise a été condamnée
par l’ensemble des élus du Conseil National, toutes tendances confondues.
Néanmoins, les autorités du pays ont confirmé lors de la campagne
électorale qu’elles recevraient la visite des constitutionnalistes
de la Commission de Venise avant qu’ils ne rendent leur avis au
printemps ou à l’été 2013.
23. La campagne électorale a été entachée par des tensions et
des incidents. Le 9 décembre 2012, un candidat de la liste Union
Monégasque a été victime d’injures à caractère homophobe, de diffamation
et d’agression physique dans l’enceinte du Conseil National. L’auteur
des actes, membre du Conseil National et candidat sur la liste d’opposition
Horizon Monaco, a reconnu avoir injurié son collègue. Le candidat
de la liste Union Monégasque a saisi la justice.
24. Le 17 janvier 2013, le Petit Niçois a
publié un article sur la vie privée de M. Laurent Nouvion, le leader de
la liste d’opposition Horizon Monaco. Une plainte a été déposée
au parquet de Nice pour atteinte à la vie privée et les 1 000 exemplaires
du Petit Niçois ont été saisis à Monaco. La liste Union Monégasque
a déclaré que la campagne électorale était une période pour les
débats d’idées et des programmes, mais en aucun cas celle d’accusations
ou d’allégations à caractère personnel.
25. Le 26 janvier 2013, la résidence secondaire, située en France,
de M. Stéphane Valeri, Conseiller du Gouvernement pour les affaires
sociales et la santé, ancien Président du Conseil National de 2003
à 2010, a été gravement endommagée par un incendie allumé par un
ou plusieurs individus. Ces faits n’ont fait suite à aucune menace
et n'ont pas été revendiqués. M. Valeri a déposé plainte auprès
les autorités françaises compétentes. Cet incident a également donné
lieu à des allégations et accusations liées à la campagne électorale.
Le Gouvernement de Monaco ainsi que le Conseil National ont condamné
cet acte criminel.
26. Les derniers jours de la campagne, des affiches électorales
ont été arrachées. Le 1er février, un monégasque
a été mis en garde à vue pour diffusion par voie électronique de
messages diffamatoires concernant d’éminentes personnalités de Monaco.
Selon les publications dans les médias, un autre monégasque a été
entendu dans les locaux de la Sûreté publique.
27. Etant donné la montée des violences verbales pendant la campagne
électorale, le ministre d’Etat a déclaré le 25 janvier 2013, sans
vouloir interférer dans la campagne, qu’il fallait exclure de la
campagne électorale les attaques personnelles et les révélations
scandaleuses et a souhaité que la campagne se déroule dans un climat
de respect et de bonne ambiance.
28. Lors de la dernière partie de la campagne électorale, les
candidats des trois listes se sont concentrés sur les priorités
de leurs programmes respectifs. Par exemple, l’Union Monégasque
a présenté 153 propositions pour Monaco ayant pour objectif de construire
des logements domaniaux pour faire face à la pénurie, de préparer
un plan d’investissement dès 2013, afin de permettre une reprise
économique, d’établir un code de la bioéthique afin d’affronter
les débats les plus sensibles – procréation médicalement assistée, création
d’un fichier monégasque du don d’organes, accès aux soins palliatifs
– et de favoriser l’emploi des Monégasques dans les secteurs administratif
et hôtelier.
29. Les candidats de la liste de l’opposition Horizon Monaco ont
continué de critiquer la majorité sortante pour sa gestion des relations
avec le Conseil de l’Europe et souligné la nécessité de préserver
les spécificités de Monaco, ont proposé de revoir les critères d’attribution
des logements afin de corriger certaines situations injustes. Ils
ont également proposé de créer une agence pour l’investissement
dont le rôle serait d’accompagner les investisseurs, de pérenniser
les investissements d’aujourd’hui et de chercher les investissements
de demain, de favoriser l’embauche de jeunes Monégasques dans le
secteur privé par des mesures incitatives, de créer une commission
de surveillance de la priorité nationale pour vérifier si la priorité nationale
est respectée dans l’accès à l’emploi.
30. Les candidats de la liste Renaissance ont proposé d’ouvrir
une grande conférence sur l’emploi regroupant les différents acteurs
dans un esprit de concertation, de préserver et de renforcer l’emploi
des Monégasques dans la Société des Bains de Mer (SBM)
,
de défendre et de préserver l’indépendance des fonctionnaires de
l’Etat vis-à-vis des enjeux politiciens et d’instaurer la méritocratie.
4. La campagne et
les médias
31. La liberté d’expression est garantie par la Constitution.
Monaco n’a pas de législation spécifique régissant la couverture
médiatique des campagnes électorales. Le 8 août 2012, le gouvernement
a adopté un arrêté relatif à la campagne électorale télévisuelle
concernant les élections du 10 février 2013. Durant la période de
la campagne officielle, les listes des candidats ont eu un accès
égal à l’antenne du canal local de télévision «Monaco Info» ainsi
qu’aux autres médias.
32. La commission ad hoc a noté que la couverture médiatique de
la campagne a été équilibrée dans son ensemble, malgré le fait qu’il
n’existe qu’un seul quotidien à Monaco recevant la plus grande partie
de la publicité officielle et les annonces faites par le gouvernement;
le nombre d’hebdomadaires et de mensuels est également très limité
dans le pays. Selon certains représentants des médias rencontrés
par la commission ad hoc, la difficulté principale des journalistes
était d’assurer la couverture d’une campagne électorale qui a été particulièrement
tendue.
5. Administration
des élections et listes des électeurs et des candidats
33. Selon la loi électorale, l’administration des élections
est organisée par la mairie de Monaco, le maire occupant la présidence
de la commission électorale. Le bureau de vote est composé du maire
ou d'un adjoint, d'au moins deux membres du Conseil communal et,
comme assesseurs, des électeurs non candidats ayant la qualité de
fonctionnaire de l'Etat ou de la commune. Ces derniers sont désignés
par le maire le lendemain du jour limite fixé pour le dépôt des
candidatures.
34. La commission ad hoc a constaté avec satisfaction que la mairie,
en sa qualité d’organisatrice des élections, s’est acquittée de
ses fonctions avec professionnalisme, efficacité et transparence
tout au long de la campagne électorale, le jour du scrutin et pendant
le dépouillement des bulletins, dont la transparence a été exemplaire.
Les représentants des trois listes des candidats ont exprimé leur
entière confiance dans le processus électoral.
35. Fait positif, la mairie a mené une campagne de sensibilisation
des électeurs, en produisant des brochures et des affiches qui précisaient
les procédures de vote plutôt compliquées de ce système de vote mixte
avec la possibilité de panachage. La commission ad hoc considère
que l’administration électorale pourrait assurer l’impression de
bulletins de vote standards afin d’éviter la disparité des bulletins,
actuellement préparés par les listes des candidats. Même un vote
manuscrit couché sur papier libre est considéré comme bulletin valable.
Les procédures de vote le jour du scrutin pourraient être modifiées
afin d’éviter d’éventuelles pressions des candidats de listes sur
les électeurs le jour du scrutin à l’intérieur du bâtiment du bureau
de vote, même si dans le cas d’espèce aucune pression ne fut observée.
36. La liste électorale est permanente. Elle ne peut que faire
l'objet d'une révision annuelle. Les opérations de révision de la
liste électorale sont clôturées définitivement le 31 décembre de
chaque année civile. Monaco compte 36 300 résidents, dont environ
8 400 sont de nationalité monégasque. 6.825 électeurs ont été inscrits sur
les listes électorales des élections nationales du 10 février 2013.
37. Les Monégasques ayant atteint l’âge de 18 ans ont le droit
de vote, à l'exception de ceux qui sont privés du droit de vote
pour l'une des causes prévues par la loi. Sont également privés
du droit de vote les monégasques condamnés pour crime, et ceux condamnés,
notamment, à une peine d'emprisonnement sans sursis d'une durée
supérieure à cinq jours ou à une peine d'emprisonnement avec sursis
d'une durée supérieure à trois mois pour vol, escroquerie, abus
de confiance, délit puni d'une des peines prévues pour ces mêmes
infractions, ou pour soustraction commise par les dépositaires de
deniers publics. Le droit de vote est suspendu pour les détenus
et les contumax.
38. La commission ad hoc ainsi que les experts du BIDDH ont constaté
que certaines limitations du droit de vote ne correspondaient aux
modalités du Code de bonne conduite en matière électorale de la
Commission de Venise et étaient applicables même en cas de délits
mineurs.
39. Trois listes de candidats ont été enregistrées pour les élections
nationales du 10 février 2013, sur lesquelles 72 candidats ont été
inscrits. La liste de l’Union Monégasque de la majorité sortante
était dirigée par M. Jean-François Robillon, Président du Conseil
National, la liste de l’opposition Horizon Monaco était dirigée par
M. Laurent Nouvion, membre du Conseil National. Une des particularités
de la liste Renaissance, composée de candidats issus de la Société
des Bains de Mer (SBM), consistait dans le fait qu’elle n’avait
pas de leader. La SBM a été au cœur des débats électoraux lors des
élections précédentes, mais c’est la première fois qu’une liste
d’employés de la SBM se présentait aux élections nationales.
40. Selon la législation électorale, les électeurs ayant atteint
l’âge de 25 ans et possédant la nationalité monégasque depuis au
moins cinq ans peuvent être candidats aux élections nationales.
Sont inéligibles au Conseil National les conseillers de la Couronne,
les membres du Tribunal Suprême, les conseillers d'Etat, les électeurs
qui, par l'effet d'une autre nationalité, exerceraient des fonctions
publiques ou électives dans un pays étranger, ainsi que les collaborateurs
de différentes administrations publiques monégasques.
6. Jour des élections
et résultats
41. Le jour des élections a été marqué par une forte
participation (74,55 % des Monégasques, 5 088 électeurs, ont voté
sur un total de 6 825 électeurs inscrits, 159 bulletins ont été
nuls et 63 blancs). Les fonctionnaires électoraux ont fait preuve
d’une efficacité et d’un professionnalisme remarquables. Le décompte des
voix s’est déroulé de manière pleinement conforme aux procédures
en vigueur, dans une atmosphère exceptionnelle de totale transparence
où chacun a pu observer le processus.
42. Les résultats du scrutin: la liste Horizon Monaco a obtenu
20 sièges, l’Union Monégasques trois sièges et la liste Renaissance
un siège.
7. Conclusions et
recommandations
43. La commission ad hoc a conclu que les élections nationales
du 10 février 2013 ont permis aux Monégasques d’élire librement
leurs représentants au Conseil National de la Principauté de Monaco
parmi trois listes de candidats. La délégation est convaincue que
le fort taux de participation des électeurs témoigne de l’attachement
des Monégasques à la démocratie représentative dans la Principauté
de Monaco.
44. La commission ad hoc a souligné que les élections démocratiques
ne se limitent pas uniquement au jour du scrutin lui-même, mais
incluent tout le processus électoral, y compris la campagne électorale.
A cet égard, elle déplore que cette campagne électorale ait été
marquée par de vives tensions, qu’elle ait été entachée de violences
verbales, de diffamations et d’agressions physiques, d’injures à
caractère homophobe, d’attaques personnelles et de révélations scandaleuses.
45. La commission ad hoc regrette ainsi que le rôle et les objectifs
du Conseil de l’Europe, ainsi que plus spécifiquement la décision
de la saisine de la Commission de Venise aient été mal interprétée
d’une manière qui a été exploitée. Ceci est d’autant plus regrettable
que la coopération de Monaco avec le Conseil de l’Europe est très
constructive et fructueuse depuis son adhésion à l’Organisation
en 2004.
46. La commission ad hoc souligne avec satisfaction le professionnalisme
du fonctionnement de la mairie en sa qualité d’organisatrice des
élections, son efficacité et la transparence exemplaire tout au
long de la campagne électorale, le jour du scrutin et pendant le
dépouillement des bulletins. Les représentants des trois listes
des candidats ont exprimé leur entière confiance dans le processus
électoral.
47. La couverture médiatique de la campagne a été équilibrée dans
son ensemble tenant compte du pluralisme médiatique limité dans
la Principauté. Toutes les listes de candidats ont eu un accès égal
aux médias.
48. La commission ad hoc invite les autorités de la Principauté
de Monaco, en étroite coopération avec le Conseil de l’Europe, à
améliorer sa législation électorale, en particulier à renforcer
la transparence du financement des campagnes électorales conformément
aux recommandations du GRECO et à ratifier le Protocole additionnel
à la Convention européenne des droits de l’homme, conformément aux
engagements pris par la Principauté de Monaco lors de son adhésion
au Conseil de l’Europe en 2004, ainsi qu’à procéder à un certain
nombre d’ajustements techniques mentionnés dans ce rapport.
Annexe 1 – Composition
de la commission ad hoc
(open)
Sur la base des propositions des groupes
politiques de l’Assemblée, la commission ad hoc se composait comme
suit:
- Piotr WACH, Chef de la
délégation, Pologne (PPE/DC)
- Groupe socialiste (SOC)
-
- Groupe démocrate européen
(GDE)
-
- Olga KAZAKOVA, Fédération
de Russie
- Alliance des démocrates et
des libéraux pour l’Europe (ADLE)
-
- Marina SCHUSTER,
Allemagne
- Groupe pour la gauche unitaire
européenne (GUE)
-
- Rapporteure de la commission
de suivi (ex officio)
-
- Anne BRASSEUR, Luxembourg
- Secrétariat
-
- Vladimir DRONOV,
Chef de Secrétariat, Unité de la coopération interparlementaire
et de l’observation des élections
- Chemavon CHAHBAZIAN, Adjoint au Chef de Secrétariat
- Danièle GASTL, Assistante
Annexe 2 – Programme de
la mission d’observation des élections (Monaco, 8-11 février 2013)
(open)
Vendredi
8 février 2013
10h00 Réunion de la commission ad hoc
10h30-11h30 Rencontre avec M. Georges Marsan, maire de Monaco,
et avec les membres du Conseil municipal
11h40-12h30 Rencontre avec M. Philippe Narmino, Directeur
des services judiciaires
14h00 Rencontre avec les experts de l’OSCE/BIDDH:
- M. Konrad Olszewski, chef du
groupe d’experts
- M. Jurij Toplak, expert des questions politiques et de
financement de la campagne
- Mme Enira Bronitskaya, expert juridique
- Mme Alice Colombi, expert des médias
15h00 Rencontre
avec M. Michel Roger, ministre d’Etat
16h00 Rencontre avec les représentants des médias:
- M. François Chantrait, Directeur
du Centre de presse
- M. Noel Mettey, Directeur de la Gazette
de Monaco
- M. Adrian Paredes, Monaco Hebdo
- M. Gregory Leclerc, Monaco
matin
Samedi 9 février 2013
12h00 – 14h00 Déjeuner de travail avec les membres de la délégation
de Monaco auprès de l’Assemblée parlementaire
Rencontres avec les leaders et des membres des différentes
listes de partis politiques:
14h45 Liste «Renaissance»
15h30 Liste «Union Monégasque»
16h15 Rencontre avec M. Jean-François Robillon, Président
du Conseil National
Dimanche 10 février 2013
08h00 Observation du vote à la Salle du Canton (bureau de
vote)
20h00 Dépouillement des bulletins de vote à la Salle du Canton
Lundi 11 février 2013
09h30-10h10 Rencontre avec M. James Charrier, Président de
la Commission supérieure des comptes
10h10-10h45 Réunion de la commission ad hoc
Annexe 3 – Déclaration
de la mission d’observation des élections
(open)
Des élections
libres, après une campagne électorale tendue
Strasbourg, 11.02.2013 – Le 10 février 2013, les Monégasques
ont élu librement leurs représentants au Conseil National de la
Principauté de Monaco parmi trois listes des candidats.
La délégation salue le fort taux de participation des électeurs
(74,55 %) qui témoigne de l’attachement des Monégasques à la démocratie
représentative dans la Principauté de Monaco.
La mairie, en sa qualité d’organisatrice des élections, s’est
acquittée de ses fonctions avec professionnalisme, efficacité et
transparence tout au long de la campagne électorale, le jour du
scrutin et pendant le dépouillement des bulletins, dont la transparence
a été exemplaire. Les représentants des trois listes des candidats
ont exprimé leur entière confiance dans le processus électoral.
La couverture médiatique de la campagne a été équilibrée dans
son ensemble, bien qu’il n’existe qu’un seul quotidien à Monaco.
Toutes les listes de candidats ont eu un accès égal aux médias.
Des élections démocratiques ne se limitent pas uniquement
au jour du scrutin lui-même, mais incluent tout le processus électoral,
y compris la campagne électorale. La délégation constate que cette
campagne électorale a été marquée par de vives tensions. Le déroulement
de la campagne a été entaché de violences verbales, de diffamations
et d’agressions physiques, d’injures à caractère homophobe, d’attaques
personnelles et de révélations scandaleuses.
La délégation de l’Assemblée parlementaire regrette que pendant
cette campagne électorale, le rôle et les objectifs du Conseil de
l’Europe aient été mal interprétés d’une manière qui a été exploitée.
Ceci est d’autant plus regrettable que la coopération du pays avec
l’Organisation est très constructive et fructueuse depuis son adhésion
en 2004.
La délégation souligne également l’importance des nouvelles
dispositions concernant le financement de la campagne électorale,
ce qui renforce la transparence et l’équité dans le processus électoral.
Cependant quelques améliorations législatives pourraient être apportées.
A l’invitation des autorités de la Principauté de Monaco une
délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe s’est
rendue dans la Principauté du 8 au 11 février 2013. Elle a rencontré
le Ministre d’Etat, le Président du Conseil National, les leaders
et les représentants des listes des candidats en lice, le maire
de Monaco, le Directeur des services judiciaires, les experts du
Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH),
le président de la Commission supérieure des comptes, ainsi que
des représentants des médias.
La délégation tient à remercier les services du Conseil National,
du ministère d’Etat et de la mairie de Monaco pour leur excellente
coopération dans l’organisation de la mission d’observation des
élections.
L’Assemblée parlementaire examinera son rapport sur l’observation
des élections le 8 mars 2013.