1. Introduction
1. Les ressources naturelles du
plateau continental de l’océan Arctique et des territoires côtiers
adjacents sont soumises à un développement intensif au bénéfice
des pays européens et, par conséquent, la protection de l’environnement
de la région arctique constitue une tâche importante pour la Fédération
de Russie et pour tous les pays européens. La sécurité environnementale
des pays situés dans les zones géographiques qui subissent l’influence
de la région arctique devrait être assurée sur la base du principe
de l’équivalence des coûts prévisibles, établis à partir de critères
scientifiques solides. Les méthodes alternatives de production,
les techniques de développement des sites et territoires où se trouvent
les ressources naturelles et les mesures de protection de l’environnement
devraient être décidées d’un commun accord et approuvées à l’avance.
Dans un souci d’amélioration de l’efficacité par rapport au coût,
le développement de la région arctique devrait s’appuyer sur une
analyse systémique et des programmes ciblés.
2. Le présent rapport a pour but d’identifier les moyens à envisager
pour coordonner des activités conjointes de protection de l’environnement
dans la région arctique, y compris par le biais de la coopération avec
les agences de l’ONU et d’autres organisations internationales.
2. Présentation et examen des
spécificités géographiques de l’Arctique dans la perspective d’une intensification
du développement économique de la région
3. La région arctique couvre la
zone polaire ainsi que l’océan Arctique et les zones côtières des
continents voisins d’Eurasie et d’Amérique du Nord. En termes de
géographie physique, sa limite est définie par une ligne isotherme
pluriannuelle de 10ºC en moyenne au mois de juillet. La région arctique
comprend les territoires, le plateau continental et les zones économiques
exclusives de huit Etats arctiques.
4. Par rapport à d’autres régions, la région arctique se caractérise
par:
- des conditions naturelles
et climatiques extrêmes pour les êtres humains et les activités
économiques;
- le fait que la vie et l’économie sont complètement dépendantes
de l’approvisionnement extérieur (carburant et produits alimentaires)
au moyen de systèmes de transport complexes (aériens et maritimes);
- le haut degré de vulnérabilité et les capacités réduites
d’autopurification et d’autorétablissement de l’environnement;
- des systèmes naturels uniques qui constituent le milieu
de vie des petites communautés des populations indigènes du Nord.
5. L’océan Arctique et les mers voisines constituent des systèmes
écologiques marins uniques. Certains d’entre eux sont les écosystèmes
les plus productifs du monde: ils servent à nourrir un très grand
nombre d’oiseaux migrateurs et assurent une base économique aux
grandes flottes de pêche des pays de la région arctique.
6. La région arctique est aussi un lieu où convergent des courants
atmosphériques, marins et fluviaux très importants qui transportent
des produits polluants sur de grandes distances et risquent de favoriser
leur accumulation dans la région en raison de la capacité naturelle
de l’environnement marin à absorber les polluants apportés par l’atmosphère,
les courants marins, les cours d’eau du littoral et les glaces de
mer.
7. Le réchauffement de la planète met gravement en danger les
systèmes écologiques de l’Arctique; ses effets au niveau des régions
polaires sont dix fois supérieurs aux effets moyens observés sur
toute la Terre. Les changements climatiques se manifestent notamment
par une météo instable, des inondations catastrophiques, des avalanches
de neige et des effondrements de terrain.
8. Tout au long du XXe siècle, les glaces de l’océan Arctique
n’ont cessé de fondre sous l’effet de brusques changements atmosphériques
se produisant chaque année ou de façon plus espacée. En 2005, année exceptionnellement
chaude dans la région arctique au nord du 65e parallèle depuis le
milieu du XIXe siècle, la superficie des glaces de mer de l’hémisphère
nord en septembre a connu une diminution sans précédent depuis le
début des observations précises par satellite.
9. La couche d’eau atlantique dans l’océan Arctique a gagné en
importance et sa température a augmenté. Pendant la dernière décennie,
la superficie des terres continentales enneigées de l’hémisphère
nord a diminué. Certaines données montrent que, au cours du XXe
siècle, le volume des précipitations dans la région arctique a augmenté.
En outre, le bilan des fluctuations annuelles des volumes glaciaires
est négatif et on observe un réchauffement dans de nombreuses zones
de pergélisol.
10. Le débit annuel des cours d’eau qui se jettent dans l’océan
Arctique a augmenté, ainsi que les données saisonnières. Le principal
changement observé dans le débit saisonnier des cours d’eau du bassin
de l’océan Arctique au cours des vingt à vingt-cinq dernières années
est l’augmentation du volume d’eau en hiver. Le débit annuel total
des six cours d’eau russes les plus importants (Petchora, Ob, Ienisseï,
Lena, Yana et Indiguirka) a augmenté de 7 % entre 1936 – année où
l’on a observé pour la première fois ce phénomène – et 1999, et
il continue à augmenter.
11. La température a augmenté en moyenne de 0,6°C pendant le XXe
siècle contre 5° dans la région arctique. Selon les scientifiques,
cette tendance risque de se poursuivre et de conduire à de nouvelles catastrophes
naturelles.
12. En raison des températures très basses, l’autopurification
des eaux est très lente dans les territoires arctiques, tandis que
le pergélisol et la pauvreté des sols freinent le développement
des plantes de la toundra.
3. Recensement des facteurs
ayant un impact négatif sur l’environnement arctique
13. La source principale de pollution
de la région arctique est le transport de substances aux niveaux mondial
et régional. La pollution mondiale affecte la région, principalement
du fait de l’acheminement des polluants par le Gulf Stream, les
cours d’eau sibériens et l’atmosphère. Les sources de pollution
régionales sont liées aux activités industrielles des pays de la
région arctique.
14. Les métaux lourds (mercure, cadmium et plomb) sont introduits
dans le milieu marin par les précipitations, l’eau des fleuves de
la région et les installations industrielles locales.
15. Des études récentes ont montré que la présence de polluants
(hydrocarbures de pétrole, surfactants synthétiques, phénols, composés
organiques chlorés, hydrocarbonés polyaromatiques, métaux lourds, radionucléides
artificiels) dans l’eau de mer, les sols, les plantes et les tissus
des oiseaux et d’autres animaux reste peu élevée et ne dépasse pas
généralement les niveaux naturels observés dans la région et les
taux de concentration maximale en vigueur.
3.1. Composés organiques stables
16. Presque tous les composés organiques
stables sont présents dans l’Arctique à des concentrations nettement
inférieures à ce que l’on observe dans les zones climatiques tempérées.
Cependant, certaines substances sont présentes à un taux de concentration
pouvant avoir des incidences négatives sur certaines espèces animales
et sur la santé humaine.
17. Les deux sources principales de composés organiques stables
sont les activités industrielles de la région arctique et les courants
atmosphériques qui transportent ces substances sur de très longues
distances.
18. Les métaux lourds, qui ont un impact particulièrement néfaste
sur les écosystèmes arctiques, proviennent de sources polluantes
locales. Les dépôts de nickel et de cuivre et l’acidification perturbent l’équilibre
et la végétation des sols.
19. Les études sur la pollution liée au mercure et au cadmium
ont abouti à des résultats extrêmement alarmants. Bien que leurs
taux respectifs de concentration dans tous les milieux soient inférieurs
aux taux de concentration maximale en vigueur, ces métaux risquent,
selon certaines analyses, d’avoir des incidences négatives sur la
santé de plusieurs espèces animales et sur les humains qui les consomment,
et cela dans un avenir proche.
20. La quantité de mercure tend à s’accroître dans les sédiments
des fonds lacustres et des fonds marins. Sa concentration a apparemment
augmenté dans les tissus et les organes de certains mammifères marins pendant
les vingt à trente dernières années. Ce fait s’expliquerait, selon
certaines hypothèses, par l’augmentation des flux de mercure au
niveau mondial, le climat froid de l’Arctique favorisant son accumulation dans
la région.
21. Dans certaines régions de l’Arctique, en particulier au Groenland
et à l’ouest du Canada, l’augmentation des taux de concentration
du mercure est aggravée par les fortes concentrations naturelles
liées aux caractéristiques géologiques locales.
3.2. Acidification
22. Le processus d’acidification
en cours dans les écosystèmes arctiques est d’origine locale. Les précipitations
chargées d’oxydes d’azote et de soufre sont le principal facteur
d’acidification. La plupart des émanations se déversent à proximité
des installations industrielles mais la zone de contamination aérienne s’étend
sur des dizaines de kilomètres autour du lieu d’émission. La concentration
moyenne de six substances est excédentaire: dioxyde de soufre, dioxyde
d’azote, oxyde d’azote, phénols, particules en suspension et formol.
3.3. Hydrocarbures
23. L’extraction et le transport
du pétrole et du gaz naturel constituent un grave danger pour l’environnement arctique
sous forme de pollution par hydrocarbures. Les dégazages des navires
affectent l’environnement marin local. Les principaux champs de
pétrole et de gaz sont situés sur le plateau continental norvégien,
au sud et au nord de l’Alaska (Etats-Unis), dans la région du Mackenzie
(Canada) et dans l’Arctique russe. L’exploitation de champs pétroliers
récemment découverts dans la mer de Barents, au large des côtes occidentales
du Groenland et au nord de l’Alaska, pourrait commencer dans un
avenir proche. Il convient de noter que les boues de forage mettent
aussi en danger l’environnement marin lors de l’extraction du pétrole.
24. Le développement des champs de pétrole entraîne aussi de graves
risques de déversement de pétrole en cas d’accident de navire pétrolier
ou de rupture de pipeline.
25. La pollution d’origine pétrolière et d’autres formes de pollution
liées aux activités humaines conduisent à une transformation des
communautés biotiques dans l’ensemble du bassin arctique. L’altération
des caractéristiques écologiques entraîne une baisse de la reproduction
des produits biologiques à toutes les étapes de la chaîne alimentaire
ainsi que l’appauvrissement des stocks et la diminution du rendement
de la pêche commerciale.
3.4. Radioactivité
26. Les radionucléides artificiels
liés notamment aux centrales nucléaires, aux bases et sites d’entretien
des navires à propulsion nucléaire ainsi qu’au traitement, aux lieux
de stockage et aux sites d’enfouissement provisoire des déchets
radioactifs représentent une source potentielle de pollution radioactive
dans la région arctique.
27. Les études sur la pollution radioactive de l’environnement
ont montré que les concentrations les plus élevées de radionucléides
dans la région arctique ont été observées pendant les années 1960;
ces taux élevés étaient dus principalement aux tests d’armes nucléaires
en surface, aux explosions souterraines de têtes atomiques, aux
tests civils, au stockage des combustibles irradiés et à l’enfouissement
des déchets radioactifs.
28. Les retombées mondiales des tests d’armes nucléaires en surface
et les émissions des usines européennes de retraitement des combustibles
irradiés sont aujourd’hui les principales sources de pollution radioactive
liée aux activités humaines.
29. Les observations montrent d’une manière générale que la situation
en matière de pollution radioactive dans l’Arctique demeure stable.
3.5. Polluants acheminés par
les courants marins
30. On admet généralement aujourd’hui
que, outre les quantités très importantes de polluants émanant de sources
terrestres situées sur le territoire des Etats subarctiques, les
eaux polluées acheminées par divers courants marins, principalement
le Gulf Stream, affectent de façon croissante les mers arctiques.
4. Activités de protection
de l’environnement requises pour faire face à l’intensification
du développement économique de la région arctique
31. L’Arctique devient aujourd’hui
une zone de développement économique intensif. Des champs de pétrole et
de gaz sont en cours d’exploration et de développement sur le plateau
continental; des terminaux pétroliers sont en cours de construction.
32. Etant donné les capacités extrêmement faibles d’autoépuration
et d’autorétablissement des écosystèmes arctiques, une approche
spéciale, exigeant à la fois l’étude des impacts environnementaux
et l’explication de l’intérêt économique des investissements requis
aux fins de la protection de l’environnement, devra être adoptée
pour la planification des futures activités économiques, principalement
le développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers, tant
sur terre que sur le plateau continental des mers arctiques.
33. Dans le même temps, certaines questions spécifiques en suspens
devront être résolues. Ces questions comprennent en premier lieu:
les déversements antérieurs de substances radioactives dans l’environnement, la
nécessité du démantèlement des sous-marins nucléaires et la gestion
des déchets nucléaires et des combustibles irradiés.
34. Les besoins les plus fréquents dans les territoires du Nord
portent sur la construction d’usines de retraitement des eaux usées,
l’amélioration de l’approvisionnement en eau des zones d’habitation
et la mise en place de systèmes de traitement des déchets toxiques
non radioactifs.
35. L’introduction de technologies modernes d’efficience énergétique
et de mesures d’économie d’énergie aurait un impact extrêmement
positif sur l’environnement.
36. En 2006, la Fédération russe s’est engagée à participer à
un projet du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et du Plan
des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) visant à soutenir
le Programme national d’action pour la protection de l’environnement
marin arctique (NPA-Arctic) comme modèle de programme régional d’action
pour prévenir l’impact négatif sur l’environnement marin des sources
terrestres de pollution liée aux activités humaines. Il convient
de noter que le projet NPA-Arctic est le plus important des projets
du PNUE mis en œuvre actuellement sur le territoire russe.
37. Dans le cadre du projet PNUE-FEM a été développé tout d’abord
un Programme d’action stratégique (PAS) pour définir les mesures
spécifiques à prendre au regard des tâches prioritaires de protection
de l’environnement dans l’Arctique russe, ainsi que les délais de
mise en œuvre et une évaluation des coûts. Le PAS devra être approuvé
par les organes exécutifs fédéraux pertinents et par les organes
exécutifs des entités constituantes de la Fédération de Russie.
L’élaboration du PAS est entrée dans sa dernière phase et le programme
sera bientôt présenté à l’échelon national.
38. Au cours de l’élaboration du PAS, la première composante du
projet, à savoir un bilan diagnostique détaillé de l’environnement
de l’Arctique russe, a été menée à bien; elle a été suivie par des
études de préinvestissement, qui représentent la seconde composante
du projet et visent à présenter en détail les raisons justifiant
la mise en œuvre d’un ensemble optimal de mesures de protection
de l’environnement qui requièrent des investissements significatifs.
Les mesures conçues pour soutenir l’environnement pourraient ensuite
être mises en œuvre par la Fédération de Russie et les bailleurs
de fonds partenaires, principalement ceux des pays de la communauté
arctique.
39. L’amélioration du Système de protection de l’environnement
(SPE) de l’Arctique russe, qui suivra, constituera la première étape
de l’application du PAS. Le SPE prévoira des révisions et des améliorations
dans les domaines législatif, administratif, institutionnel et technique,
qui seront mises en œuvre dans le cadre du PAS.
40. Le SPE, qui est le troisième résultat important attendu du
projet, fournira une base générale aux activités de protection de
l’environnement, à la gestion durable des ressources naturelles
et à l’exploitation raisonnable et écologiquement avertie des ressources
non renouvelables du Nord. L’importance de cette composante, en outre,
est qu’elle servira de base à la mise en œuvre du PAS tant au niveau
fédéral que sur le terrain.
41. La quatrième composante du projet comprend trois projets modèles
qui serviront de base à une application plus étendue des approches
et méthodes de réhabilitation de l’environnement et de prévention
des atteintes à l’environnement dans la Fédération de Russie et
dans d’autres Etats arctiques et non arctiques. Le premier projet
modèle vise à créer les conditions nécessaires à la gestion conjointe
de la protection de l’environnement par les organes exécutifs, les
entreprises d’extraction et les populations indigènes du Nord. Le
deuxième cherchera à faire valoir les possibilités d’utilisation
de certaines algues marines comme moyen de décontaminer l’eau de
mer. Enfin, le troisième projet modèle sera consacré à la réhabilitation
de l’environnement dans les installations militaires abandonnées
en prévision de leur utilisation à des fins civiles.
42. Toute une gamme de projets pilotes de plus petite taille a
aussi été examinée et approuvée dans le cadre du projet NPA-Arctic,
le plus souvent sur proposition des autorités locales de certaines
régions, afin d’améliorer la situation de l’environnement dans les
entreprises, les zones hydrologiques et les lieux d’habitation.
43. Le projet NPA-Arctic devrait permettre d’améliorer la situation
de l’environnement dans l’Arctique et au niveau international, en
particulier la situation de l’océan Arctique et des zones marines
du plateau continental, et contribuer à l’application de deux accords
internationaux importants: la Stratégie de protection de l’environnement
arctique (SPEA) et le Programme d’action mondial pour la protection
du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres.
44. En tant que membre du Conseil arctique, la Fédération de Russie
estime que les relations entre Etats doivent être fondées sur des
principes d’équité. C’est pourquoi elle soutient la mise en œuvre
d’un programme pour déterminer la part de responsabilité de chaque
pays dans la pollution et la dégradation des écosystèmes arctiques.
Il est possible pratiquement d’établir le rôle de chaque pays sur
la base d’une analyse statistique de toutes les émissions de polluants
à partir de sources stationnaires, des émissions à partir de sources
mobiles, des quantités d’eaux usées déversées en mer et sur terre,
du volume de déchets dangereux produits et des effets des pratiques
non durables de gestion des sols.
5. Aspects de la région arctique
nécessitant une protection particulière
45. Dans la majeure partie de l’Arctique,
les paysages n’ont presque pas été affectés par les activités économiques
et les populations indigènes ont pu y maintenir leurs modes traditionnels
de gestion du territoire. Les études consacrées aux régions les
moins développées de l’Arctique ont montré que tous les types de paysages,
ainsi que chacun de leurs éléments (sols, végétation, tissus animaux),
sont pollués par des composés organiques chlorés qui s’accumulent
dans la chaîne alimentaire et, sous l’effet de l’accumulation biologique,
atteignent des concentrations élevées dans les tissus animaux. Les
concentrations les plus élevées d’insecticides organiques chlorés
ont été enregistrées dans les territoires du nordest, c’est-à-dire
dans une région où ces substances n’ont jamais été utilisées. Ce
fait montre que ces polluants sont acheminés par la troposphère
depuis des latitudes plus basses (Europe, Asie du Sud-Est, Amérique
du Nord) et déversés sur les écosystèmes terrestres et marins lors
des précipitations. Certains polluants sont aussi en partie transportés par
les oiseaux lors des migrations annuelles (les oiseaux apportent
en particulier des hydrocarbures polyaromatiques d’Europe de l’Ouest
et des composés organiques chlorés d’Asie du Sud-Est).
46. Il est donc urgent de parvenir à combiner la gestion traditionnelle,
non intensive, de l’environnement naturel qui est celle des communautés
indigènes du Nord avec les formes modernes, intensives, d’exploitation des
ressources naturelles. Une partie des territoires habités par les
populations indigènes est actuellement convoitée par les entreprises
d’extraction dont les activités aboutissent à la destruction des
systèmes traditionnels de gestion de l’environnement. Comme on le
sait, ces systèmes traditionnels ne permettent pas seulement de
maintenir la qualité de l’environnement mais le soutiennent aussi
de façon efficace; ils contribuent en outre à la préservation des
valeurs culturelles des populations indigènes.
47. Les activités industrielles intensives provoquent par leurs
effets sur l’environnement un épuisement des ressources qui sont
à la base des systèmes traditionnels de gestion de l’environnement
par la population indigène. Des milliers de kilomètres carrés des
zones de pacage du renne et des zones de pêche sont affectés. Avec
les émissions de métaux lourds, il en résulte une déstabilisation
ou une destruction complète des écosystèmes sur des dizaines de
kilomètres autour des mines de fer et des aciéries. Cependant, ces
facteurs sont encore difficilement perceptibles hors de la zone
de 200 kilomètres à l’intérieur de laquelle sont installées ces
entreprises.
48. La création de zones de conservation et d’autres zones spécialement
protégées en Russie est le moyen le plus efficace de protéger la
diversité biologique en Arctique. La Fédération de Russie a déjà
créé dans l’Arctique 12 zones naturelles bénéficiant d’une protection
spéciale au niveau fédéral, dont 11 zones de conservation et une
réserve naturelle fédérale dans l’archipel François-Joseph. En outre,
23 réserves naturelles régionales spéciales et d’autres zones spécialement
protégées ont été créées dans la région arctique.
49. Les zones naturelles de l’Arctique qui bénéficient d’une protection
particulière représentent environ 5 % de la superficie totale de
l’Arctique russe.
50. En Russie, les zones de conservation naturelle et les parcs
nationaux fonctionnent dans une large mesure grâce aux installations
créées dans le passé et à l’engagement du personnel qui continue
à y travailler. Dans la situation actuelle, la poursuite d’une gestion
stable des réserves naturelles, en tant que territoires essentiels
aux fins du développement durable et de la préservation de la diversité
biologique, pourrait être gravement remise en cause en l’absence
d’un soutien supplémentaire.
6. Conclusions
51. Pour résoudre les questions
que soulève la protection de l’environnement dans la région arctique,
il est nécessaire que tous les Etats arctiques associent leurs efforts
dans le cadre du Conseil arctique. Il est à notre avis souhaitable
d’adapter les stratégies et programmes existants de protection de
l’environnement, d’en développer de nouveaux et de les mettre en
œuvre en tenant compte des projets d’exploitation intensive des ressources
naturelles de l’Arctique.
52. Il importe aussi de développer la coopération internationale
pour la mise en œuvre des activités de protection de l’environnement
dans le cadre du Conseil euro-arctique de la mer de Barents et des
accords bilatéraux existants.
53. La coopération de longue date entre la Fédération de Russie
et la Norvège pourrait servir de modèle aux activités bilatérales
de coopération en faveur de la protection de l’environnement et
du développement durable dans l’Arctique. La mise en œuvre des dispositions
du Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques afin de lutter contre le réchauffement
de la planète offre, quant à elle, un exemple positif de coopération
multilatérale.
54. Les spécificités de l’Arctique, région qui exige la conception
et la mise en place de systèmes spéciaux de gestion de l’environnement,
doivent être prises en compte lors de l’élaboration et de la mise
en œuvre des politiques nationales de protection et de gestion de
l’environnement naturel. Le maintien du caractère durable des écosystèmes
arctiques, qui représentent un élément crucial de l’équilibre écologique
mondial, doit être intégré comme principe essentiel dans tous les
programmes de développement économique.
Commission chargée du rapport: commission de l’environnement,
de l’agriculture et des questions territoriales.
Renvoi en commission: Doc. 10769 et Renvoi no3222 du 29 mai
2006.
Projet de résolution adopté à l’unanimité par la commission
le 20 décembre 2007.
Membres de la commission: M. Walter Schmied (Président),
M. Alan Meale (1er Vice-Président),
M. Pasquale Nessa (2e Vice-Président), M. Ruhi Açikgöz, M. Milos
Aligrudić, M. Gerolf Annemans, M. Ivo Banac, M. Tommaso Barbato,
M. Rony Bargetze, M. Paul Bradford (remplaçante: Mme Cecilia Keaveney), M. Ivan Brajović, M. Mauro
Chiaruzzi, Mme Pikria Chikhradze, M. Valeriu
Cosarciuc, M. Osman Coşkunoğlu, M. Taulant Dedja, M. Hubert Deittert, M. Tomasz Dudziński,
M. József Ékes, M. Savo Erić, M. Bill Etherington,
M. Nigel Evans, M. Iván Farkas,
M. Adolfo Fernández Aguilar,
M. György Frunda, Mme Eva Garcia Pastor,
M. Konstantinos Gioulekas, M. Peter Götz, M. Vladimir Grachev, M. Rafael Huseynov, M. Stanisław
Huskowski, M. Jean Huss,
M. Fazail Ibrahimli, M. Ilie Ilaşcu,
M. Mustafa Ilicali, Mme Fatme Ilyaz, M. Ivan
Ivanov, M. Bjørn Jacobsen, M. Gediminas Jakavonis,
Mme Danuta Jazłowiecka, M. Victor Kolesnikov, M. Juha
Korkeaoja, M. Gerhard Kurzmann, M. Dominique Le Mèner, M. François
Loncle, M. Aleksei Lotman, Mme Kerstin
Lundgren, M. Theo Maissen (remplaçant: M. John Dupraz), Mme Maria
Manuela de Melo, M. José
Mendes Bota, M. Vladimir Mokry, M. Stefano Morselli, M. Tomislav
Nikolić, Mme Carina Ohlsson, M. Pieter Omtzigt, M. Germinal
Peiro, M. Ivan Popescu, M. Cezar
Florin Preda, M. Jakob Presečnik, M. Lluís Maria de Puig, M. Jeffrey Pullicino Orlando,
Mme Adoración Quesada Bravo (M. Gabino Puche), M. Dario Rivolta, M. René Rouquet, Mme Anta
Rugāte, M. Fidias Sarikas, M. Hermann Scheer, M. Andreas Schieder, M. Mher Shahgeldyan,
M. Steingrímur J. Sigfússon, M. Hans Kristian Skibby, M. Ladislav
Skopal, M. Christophe Spiliotis-Saquet, M. Rainder Steenblock, M. Vilmos
Szabó, M. Bruno Tobback, M. Nikolay Tulaev,
M. Victor Tykhonov, M. Tomas Úlehla, M. Rudolf Vis, M. Harm Evert Waalkens, M. Mykola Yankovskyi,
Mme Maryam Yazdanfar, M. Blagoj Zasov,
Mme Roudoula Zissi.
N.B. Les noms des membres présents à la réunion sont indiqués
en gras.
Voir 4e séance, 22 janvier 2008
(adoption du projet de résolution amendé); et Résolution 1596.