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Recommandation 1785 (2007)
Propagation du VIH/sida chez les femmes et les jeunes filles en Europe
1. L’Assemblée parlementaire constate
avec inquiétude que, plus de vingt-cinq ans après son apparition, l’épidémie
du VIH/sida continue de s’étendre, y compris en Europe. L’incapacité
apparente des gouvernements européens à enrayer la propagation de
la maladie, alors même qu’ils pensent connaître le mode de transmission
du virus et les comportements favorisant cette transmission, est
particulièrement préoccupante.
2. L’épidémie présente une grande hétérogénéité, d’un pays à
l’autre comme à l’intérieur de chaque pays (en Europe orientale,
le principal mode de transmission est la consommation de drogues
injectables; dans le reste de l’Europe, ce sont les rapports sexuels).
Mais il existe aussi une tendance commune, en Europe et dans le
monde entier: les infections au VIH nouvellement diagnostiquées
concernent de plus en plus souvent des femmes, notamment des jeunes
femmes.
3. Cette évolution ne saurait surprendre dans la mesure où l’épidémie,
depuis longtemps déjà, gagne la population générale en partant des
groupes «à haut risque» (homosexuels, consommateurs de drogues injectables
et prostituées). Cependant, depuis la découverte d’un traitement,
la trithérapie, capable de retarder considérablement le développement
du virus, de nombreuses personnes, notamment parmi les jeunes adultes,
semblent abandonner toute prudence. Cette attitude explique en grande
partie l’augmentation du nombre d’infections chez les jeunes femmes.
4. Mais ce n’est pas la seule explication. Les femmes sont physiologiquement
plus vulnérables que les hommes vis-à-vis du virus. A cette vulnérabilité
peuvent s’ajouter la dépendance sociale et économique, les attitudes
sexistes et la violence domestique. La combinaison de ces facteurs
peut avoir des conséquences fatales: les femmes, qui, d’une manière
ou d’une autre, sont dépendantes des hommes avec lesquels elles
ont des rapports sexuels, n’ont pas toujours la possibilité de refuser
des rapports sexuels ou d’exiger l’utilisation de préservatifs.
5. L’émancipation des jeunes filles et des femmes en Europe est
donc un élément clé de la lutte contre le VIH/sida. Les jeunes filles
comme les femmes doivent être correctement informées des risques
liés à certains comportements et doivent se voir donner la possibilité
d’agir en conséquence. Les hommes ont, eux aussi, un rôle à jouer
dans la lutte contre la propagation de l’épidémie: ils doivent mettre
fin à certains comportements dangereux typiquement masculins, et
doivent coopérer avec les femmes afin de casser la spirale de l’inégalité des
sexes et de la violence fondée sur le sexe.
6. Parallèlement, il est important de combattre la discrimination
à l’encontre des femmes et des jeunes filles séropositives. Les
tests de dépistage du VIH, notamment les tests prénatals, doivent
être confidentiels; ils exigent un consentement éclairé et doivent
s’accompagner de conseils et d’informations sur les possibilités
de traitement (y compris les traitements destinés à empêcher la
transmission du virus de la mère à l’enfant). L’accès à de tels
services ne doit pas dépendre du sexe de la personne concernée.
7. L’Assemblée rappelle ses Résolution 1536 (2007) et Recommandation
1784 (2007) sur le VIH/sida en Europe, et recommande que le Comité
des Ministres veille à la prise en compte d’une perspective de genre dans
tous les travaux sur le VIH/sida au sein du Conseil de l’Europe
et dans ses Etats membres.
8. L’Assemblée recommande au Conseil de l’Europe de mener, dans
un proche avenir, une campagne européenne de sensibilisation à la
lutte contre le sida à l’image de celle qui est menée cette année
pour lutter contre la violence domestique.
9. L’Assemblée recommande en outre que le Conseil de l’Europe
et ses Etats membres concentrent leurs efforts sur les mesures suivantes
pour enrayer la propagation du VIH/sida parmi les femmes et les
jeunes filles en Europe:
9.1. promouvoir
et développer des programmes scolaires, y compris d’éducation sexuelle,
qui prennent en compte les spécificités des deux sexes;
9.2. soutenir la mise en place de programmes de prévention
et de campagnes de sensibilisation relatifs au VIH/sida, en veillant
notamment à la diffusion d’informations adéquates et ciblées auprès
des jeunes adultes, par le biais des médias et d’autres canaux d’information;
9.3. mettre en œuvre des politiques de dépistage et de traitement
adaptées aux spécificités des deux sexes et fondées sur les droits
de l’homme, y compris un accès gratuit à tous les soins médicaux,
qui garantisse aux personnes séropositives d’être reconnues par
les assurances sociales;
9.4. combattre la discrimination à l’encontre des personnes
séropositives, notamment les femmes, et mettre en œuvre des programmes
de réinsertion des personnes infectées victimes d’une telle discrimination;
9.5. œuvrer à l’échelle nationale et internationale à la mise
en place de cadres juridiques et institutionnels permettant de garantir
le respect, la protection et l’exercice des droits fondamentaux
des femmes et des jeunes filles, y compris en Europe.
10. En outre, l’Assemblée considère que des programmes et politiques
tels que ceux qui sont énoncés au paragraphe 9 ci-dessus ont davantage
de chances de succès s’ils associent, aux niveaux tant national qu’international,
les organisations de la société civile concernées et les personnes
vivant avec le VIH/sida.