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Résolution 1839 (2011) Version finale
La situation politique dans les Balkans
1. L’Assemblée parlementaire constate
que, malgré une évaluation positive globale de la situation dans
les Balkans, la récente aggravation des tensions et l’impasse politique
dans certaines parties de la région provoquent des inquiétudes.
Elle est préoccupée en particulier:
1.1. par les affrontements violents dans le nord du Kosovo
aux points de passage administratifs avec la Serbie, qui ont fait
un mort au cours de l’été, ainsi que par la persistance des tensions
et des éruptions de violence aujourd’hui encore, ce qui bloque tout
progrès dans les négociations entre Pristina et Belgrade menées
avec la médiation de l’Union européenne;
1.2. par l’impasse politique en Bosnie-Herzégovine qui, un
an après les élections générales d’octobre 2010, ne dispose toujours
pas de gouvernement au niveau étatique, ce qui constitue la crise
politique la plus grave depuis la fin de la guerre en 1995.
2. En ce qui concerne le regain de tensions et de violences dans
le nord du Kosovo, l’Assemblée:
2.1. regrette
vivement les actes les plus récents de violence touchant le personnel
de la force de maintien de la paix du Kosovo (KFOR) qui sert sous
commandement de l’OTAN;
2.2. réclame d’urgence l’ouverture d’une enquête objective
sur l’incident survenu au point de passage administratif de Jarinje
le 27 septembre 2011, où six personnes ont essuyé des tirs;
2.3. invite les habitants du nord du Kosovo à faire preuve
de retenue et à coopérer sans délai dans un esprit constructif avec
la KFOR et avec la mission Etat de droit de l’Union européenne au
Kosovo (EULEX);
2.4. invite les autorités à Pristina à apporter une réponse
positive et attentive à toute préoccupation légitime des minorités
dans la région;
2.5. exhorte les autorités, à Belgrade et à Pristina, à reprendre
le dialogue, avec la médiation de l’Union européenne, sur toutes
les questions en souffrance, dans un esprit de coopération et de réconciliation,
y compris la situation dans le nord du Kosovo; tout doit être fait
pour que, dans les Balkans occidentaux, le nord du Kosovo ne reste
pas un trou noir échappant au contrôle des autorités à la fois de
Pristina et de Belgrade;
2.6. en appelle aux Etats membres du Conseil de l’Europe pour
qu’ils exhortent les autorités à Belgrade et à Pristina à rechercher
une solution pacifique à la question du nord du Kosovo;
2.7. invite son comité des présidents à envisager d’envoyer
une mission dans la région pour intensifier le dialogue et surmonter
les tensions;
2.8. souligne que les priorités des acteurs régionaux et internationaux
dans la région doivent rester la sécurité, la stabilité et le respect
des droits de l’homme, à la fois au Kosovo et dans toute la région, ainsi
que l’intégrité des frontières internationalement reconnues, en
stricte conformité avec la Résolution 1244 (1999) du Conseil de
sécurité des Nations Unies.
3. S’agissant de l’impasse politique en Bosnie-Herzégovine, l’Assemblée:
3.1. note que cette impasse, due
essentiellement aux querelles sur les concepts politiques dans le cadre
de la répartition des postes ministériels entre les 10 membres du
Conseil des ministres, a entraîné de graves conséquences: les agences
financières internationales ont abaissé la note du pays; les investissements
directs étrangers ont baissé de 75% depuis 2009; le chômage frappe
plus de 43% de la population active; l’Etat fonctionne avec un budget
provisoire étant donné que le budget de l’Etat n’a toujours pas
été adopté;
3.2. regrette que le gouvernement sortant n’ait pas été en
mesure de lancer les réformes nécessaires pour que la Bosnie-Herzégovine
se prépare à adhérer à l’Union européenne, si bien que l’accord
de stabilisation et d’association, ratifié par l’ensemble des Etats
membres de l’Union européenne en octobre 2010, n’est toujours pas
entré en vigueur;
3.3. exhorte tous les dirigeants de partis politiques à trouver
sans délai une solution à l’impasse politique, ce qui offrirait
au pays la perspective d’une intégration européenne et d’une coopération régionale
renforcée;
3.4. invite, une fois de plus, les autorités à exécuter sans
délai l’arrêt Sejdić et Fincic. Bosnie-Herzégovine de la Cour
européenne des droits de l’homme en garantissant aux minorités ou
aux «autres» personnes qui ne font pas partie des «trois peuples
constituants» (les Bosniaques, les Croates et les Serbes) le droit
de se présenter aux élections à la présidence de la Bosnie-Herzégovine;
3.5. exhorte tous les Etats membres du Conseil de l’Europe
à proposer une assistance aux autorités de Bosnie-Herzégovine pour
qu’elles surmontent l’impasse politique et la détérioration de la
situation économique, et respectent leurs obligations et engagements
auprès de l’Organisation.
4. En ce qui concerne la situation en Albanie, l’Assemblée:
4.1. se félicite que les élections
locales de 2011 soient officiellement achevées maintenant et que
leur résultat ait été accepté par les électeurs albanais;
4.2. note l’engagement du chef du parti socialiste de mettre
fin au boycott du parlement par son parti;
4.3. encourage l’ensemble des partis à œuvrer sans délai pour
renforcer leur fonctionnement démocratique interne, pour normaliser
la situation politique et pour entamer un dialogue politique au
sein du parlement sur les priorités et les réformes nécessaires
à réaliser, mais aussi à le faire dans l’optique des négociations
d’adhésion à l’Union européenne;
4.4. salue le récent accord conclu entre le parti démocrate
et le parti socialiste pour faire avancer la réforme électorale;
l’Assemblée les exhorte tous deux à veiller à ce que la réforme
remédie aux carences constatées lors des élections législatives
et locales, et donne davantage de chances aux petits partis d’entrer
au parlement, de façon à mettre fin à la bipolarisation politique
qui a marqué la vie politique en Albanie et qui a laissé le peuple
albanais insatisfait ces dernières décennies. L’avis de la Commission
européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise)
devrait être demandé dans le processus de réforme électorale.
5. L’Assemblée décide de continuer à suivre de près la situation
dans les Balkans occidentaux et notamment au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine
et en Albanie.