1. Introduction
1. Les centres collectifs sont définis comme des «bâtiments
et des structures préexistants à l'usage de l'installation collective
et communale de personnes déplacées en cas de guerre et de catastrophes naturelles»
. Il n’existe
pas de définition admise des «centres collectifs», mais celle qui
précède s’applique dans presque tous les cas.
Les
bâtiments et structures utilisés comme centres d’évacuation sont
de divers types: par exemple, écoles, hôtels, centres communautaires,
mairies, infrastructures sportives, hôpitaux, monuments religieux,
postes de police, casernes, entrepôts, usines désaffectées et bâtiments
inachevés.
2. Les centres collectifs ont été créés dans les années 1990
à la suite des conflits dans les Balkans et le Caucase. Ils étaient
censés offrir un hébergement provisoire aux populations déplacées,
mais malheureusement, plus de 15 ans après ces conflits, un grand
nombre de réfugiés et de personnes déplacées dans leur propre pays
(PDI) vivent encore dans ces logements temporaires.
3. Le droit international ne prévoit qu’un cadre limité en la
matière. Contrairement aux réfugiés, aucun traité international
ne s’applique spécifiquement aux PDI. Aucune entité institutionnelle
n’a été chargée d’assumer la responsabilité exclusive de protéger
et d’aider les PDI. Pour combler ce vide normatif et institutionnel,
la fonction de Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies
chargé de la question des personnes déplacées dans leur propre pays
a été créée en 1992
, et un ensemble
de principes directeurs sur les déplacements internes a été adopté
en 1998. Malgré leur nature non contraignante, ces principes sont devenus
le texte de référence concernant les droits humains des PDI
.
4. Le Comité des Ministres, sous l’impulsion de la commission
des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées de l’Assemblée
parlementaire, a également souligné, dans sa Recommandation Rec(2006)6
relative aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays,
«son attachement à l’esprit et aux dispositions des Principes directeurs
des Nations Unies et sa volonté de mettre en œuvre ces principes dans
la législation et la politique nationales des Etats membres».
5. Depuis 2010, la Banque de développement du Conseil de l’Europe
participe à une initiative régionale visant à fournir aux réfugiés
et aux PDI les plus vulnérables des solutions de logement durables.
Cette initiative, intitulée «Programme régional de logement», couvre
la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Monténégro et la Serbie, et
devrait bénéficier à quelque 74 000 personnes
.
6. Ce programme fait partie intégrante du «Processus de Sarajevo
sur les réfugiés et les personnes déplacées», initié en 2005 et
relancé en mars 2010 à la Conférence de Belgrade. Une conférence
des donateurs s’est tenue en avril 2012 à Sarajevo afin de réunir
des fonds, et près de € 230 millions ont été promis par la Commission
européenne et $US 10 millions par les Etats-Unis.
7. Le présent rapport vise à examiner la situation des centres
collectifs en Europe, afin de dresser un bilan clair et précis des
conditions de vie des PDI et des réfugiés, puis de proposer des
solutions acceptables. Outre les alternatives éventuelles, le rapport
étudiera les possibilités de financement et de suivi ultérieur des
mesures prises.
8. Tout en étant conscient que de nombreuses PDI vivent également
dans des logements privés (en tant que locataires ou propriétaires),
où les conditions de vie peuvent être aussi mauvaises, voire pires,
que dans les centres collectifs, cette question n’est pas abordée
dans le présent rapport. Je reconnais, par conséquent, que la résolution
du problème des centres collectifs ne réglera pas celui des mauvaises
conditions de logement des PDI. J’espère, néanmoins, que l’examen
ciblé des centres collectifs renforcera l’efficacité des recommandations
faites aux Etats membres pour améliorer leur situation.
2. Situation
en Europe
9. On estime à environ 2,5 millions le nombre de PDI
dans les Etats membres du Conseil de l’Europe, dont un grand nombre
vit dans des centres collectifs. Les principaux pays et régions
concernés sont l’Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie,
la Géorgie, le Kosovo et la Fédération de Russie. L’augmentation
du nombre de réfugiés dans les Etats membres du Conseil de l’Europe
est également préoccupante, beaucoup d’entre eux vivant dans des
centres collectifs. En Europe de l’Est et du Sud-est, par exemple,
on dénombrait 364 872 réfugiés en janvier 2013
, chiffre qui devrait augmenter en
raison du conflit en Syrie.
10. Ces chiffres ne donnent qu’une vague estimation du phénomène.
Vu la nature des migrations intérieures et le manque de mécanismes
de collecte de données et d’établissement de profils conformes aux
Principes directeurs des Nations Unies, il est extrêmement difficile
pour les autorités et les organisations internationales ou locales
de recenser et de consigner le nombre de personnes concernées.
11. Il semble qu’il soit encore plus difficile d’établir la cartographie
des centres collectifs. Ils sont pour la plupart officiellement
reconnus, mais il reste de nombreux centres «irréguliers» qui, en
général, ont été créés par les personnes déplacées elles-mêmes,
sans aucune autorisation officielle.
12. Indépendamment du statut des centres, dans bon nombre de cas,
les individus sont contraints de vivre dans des conditions déplorables
et sont souvent victimes de violations de leurs droits fondamentaux. Il est rare, en effet, que la législation
nationale réponde aux besoins spécifiques des personnes déplacées
et tienne compte de leur vulnérabilité. En Azerbaïdjan, en Bosnie-Herzégovine,
en Géorgie, au Kosovo et en Serbie, les autorités ont pris des mesures
pour améliorer les conditions d’hébergement de certains PDI dans
les centres collectifs. La Bosnie-Herzégovine a élaboré une législation
conforme à la Stratégie révisée pour la mise en œuvre de l'annexe VII
de l'Accord de paix de Dayton qui, après avoir encouragé pendant
des années le retour des PDI dans leurs localités d’origine, élargit
désormais le soutien qu’elle leur apporte en incluant des régions qui
ne sont pas les leurs. Au Kirghizistan, les concertations relatives
à un nouveau plan de développement durable sur quatre ans et à un
nouveau concept d’unité nationale ont permis d’améliorer l’Etat
de droit et de s’engager sur la voie de la réconciliation. En Géorgie,
les autorités révisent également leur législation nationale relative
au déplacement interne.
2.1. Des conditions
de vie contraires à la dignité humaine – les risques encourus
13. Les personnes concernées vivent dans des conditions
incompatibles avec la dignité humaine et en violation des droits
de l’homme, notamment du droit à un logement décent tel que garanti
aux termes de l’article 31 de la Charte sociale européenne (révisée)
(STE n° 163) et de l’article 11 du Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC)
. Elles occupent essentiellement
des anciens hôtels, hôpitaux ou établissements scolaires ou industriels
qui ne sont généralement pas équipés de toutes les commodités nécessaires.
La situation devient intolérable lorsque la solution initiale de
courte durée devient de fait permanente. En effet, un grand nombre
de personnes déplacées vivent dans ce type de centres depuis plus
de 15 ans.
14. Souvent, les hébergements ne sont pas approvisionnés en eau
et en électricité ni équipés des installations sanitaires de base,
et offrent un niveau de sécurité insuffisant. En outre, ils sont
souvent trop petits pour le nombre de personnes à loger, et en très
mauvais état. Les occupants vivent donc en surnombre dans des conditions
insalubres et dangereuses, ces logements présentant des risques
graves pour la santé publique. Enfin, ces hébergements n’offrent
à leurs occupants aucune garantie de maintien dans les lieux susceptibles
de leur offrir une protection juridique contre les expulsions. En
Serbie, par exemple, l’on a constaté que des personnes devaient
repartir pour trouver d’autres centres collectifs en raison de la
fermeture de leur centre d’hébergement.
15. Les centres sont parfois situés dans des zones rurales et
écartées, excluant ainsi tout contact humain avec d’autres populations
et empêchant les habitants de mener des activités à l’extérieur.
Et, lorsque les centres se situent en banlieue de grandes agglomérations,
l’on constate qu’aucune stratégie appropriée d’intégration n’est
mise en œuvre.
16. Certains groupes vulnérables, comme les personnes âgées, les
personnes handicapées, les femmes et les enfants, qui, d’après les
informations reçues, représentent environ 80 % des personnes déplacées
en Europe, connaissent d’autres types de problèmes. Bien souvent,
les enfants n’ont pas accès à l’éducation, ce qui met leur avenir
en sérieux danger. Les femmes sont généralement contraintes d’assumer
des rôles en contradiction avec les traditions, et risquent aussi
davantage d’être victimes de violences sexuelles et domestiques.
Il arrive aussi que les personnes âgées et les personnes handicapées
souffrent de handicaps à la fois physiques et mentaux.
17. Tous les aspects susmentionnés sont exacerbés dans les centres
collectifs dits irréguliers, où la situation est aggravée par une
insécurité quotidienne dans un environnement dangereux et exposé.
2.2. Situation dans
quelques Etats membres du Conseil de l’Europe
2.2.1. Azerbaïdjan
18. Après le conflit du Haut-Karabagh, jusqu’à 586 000
personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. Sans règlement
définitif du conflit, elles ne sont pas en mesure de rentrer dans
leurs régions d’origine et restent dans une situation de déplacement
prolongé. D’autres personnes sont déplacées en raison de catastrophes naturelles.
A la fin de 2012, on dénombrait au total jusqu’à 600 000 PDI dans
ce pays.
19. La stratégie globale nationale consiste à ne fournir qu’un
logement provisoire aux PDI, puisque le retour dans leurs villages
reste la solution privilégiée. Malgré de substantiels investissements
dans des programmes de reconstruction visant à améliorer les conditions
de vie, un nombre important des personnes déplacées continue d’occuper
dans des conditions déplorables des centres collectifs 20 ans après
le déplacement initial. En zone rurale, certains des nouveaux logements
sont situés à l’écart des villes voisines, ce qui limite les possibilités
d’autonomie et de subsistance des résidents.
20. Le gouvernement a adopté plusieurs mesures d’assistance à
l’intention des PDI. Par exemple, les PDI bénéficient de subventions
pour payer les services collectifs, d’un accès gratuit aux soins
de santé, de quotas sur le marché du travail et de transferts mensuels
directs d’espèces, et elles sont exonérées des droits d’inscription
dans l’enseignement universitaire. Toutefois, avec cette stratégie,
un grand nombre d’individus dépendent de ces aides, et le taux actuel
de chômage des PDI est bien supérieur à celui de l’ensemble de la population.
Sans compter que certains camps de PDI sont situés dans des endroits
écartés où l’accès aux services sociaux, aux moyens de subsistance
et au transport est considérablement limité. Les PDI sont également
confrontées à l’insécurité due au manque de garantie de maintien
dans les lieux et au risque d’expulsion.
21. La situation générale des PDI en Azerbaïdjan demeure intolérable.
Dans son rapport de suivi sur l’Azerbaïdjan, l’ancien Représentant
du Secrétaire général a recensé plusieurs problèmes, notamment une insuffisance
des niveaux de couverture des programmes gouvernementaux
.
La vaste majorité des personnes déplacées continuent de vivre dans
des centres collectifs et, lorsqu’une solution de remplacement est proposée,
elle n’est pas toujours conforme aux critères établis par les normes
des droits de l’homme. Par ailleurs, d’autres questions restent
préoccupantes; ainsi le niveau de dépendance des PDI vis-à-vis des
aides de l’Etat, et l’absence de stratégie globale visant à intégrer
les PDI sur le marché du travail et à veiller à ce qu’elles gagnent
des revenus plus élevés.
2.2.2. Bosnie-Herzégovine
22. Selon les statistiques et les données opérationnelles
du HCR, la politique de nettoyage ethnique pendant la guerre de
1992-95 en Bosnie-Herzégovine a entraîné le déplacement de 2,2 millions
de personnes
.
Le pays abrite aujourd’hui 103 000 PDI, dont 8 600 vivent dans des
conditions déplorables dans des centres collectifs
.
23. Les autorités de Bosnie-Herzégovine ont cherché à annuler
les effets du nettoyage ethnique et à revenir à la position d’avant-guerre
en privilégiant les retours et les restitutions de biens. Les personnes
déplacées restent pourtant nombreuses à craindre un retour dans
leurs foyers d’origine, puisqu’il existe toujours des enclaves ethniques
et que les multiples amnisties accordées aux auteurs de crimes commis
pendant la guerre alimentent leur sentiment d’insécurité.
24. D’après les statistiques officielles, plus d’un million de
retours avaient été enregistrés en 2010, parmi lesquels environ
450 000 concernaient des réfugiés et 580 000 des PDI
. Pourtant un grand nombre de ces retours
ne peuvent être considérés comme des solutions durables, puisque
des problèmes persistent en termes de sécurité, d’approvisionnement
en eau et en électricité, de soins de santé, d’emploi, d’éducation
et de protection sociale.
25. Des efforts pour rechercher des solutions sont déployés au
titre de la Stratégie révisée de l’annexe VII, adoptée par les deux
chambres du parlement en juin 2010. Dans ce cadre, une nouvelle
législation a été élaborée pour proposer aux PDI d’autres solutions
que leur réinstallation dans leurs localités d’origine. Le Parlement
bosnien a refusé d’adopter un nouveau projet de loi sur les réfugiés
de Bosnie-Herzégovine, les personnes déplacées et les personnes
rapatriées en avril 2013; la loi actuelle reste donc en vigueur.
Dans son programme, le conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine
envisage d’examiner un projet de loi à la mi-2014. Un large soutien
a néanmoins été apporté par la communauté internationale. Parmi
d’autres donateurs, la Banque de développement du Conseil de l’Europe
a financé un programme régional dans le cadre du Processus de Sarajevo
de 2005, en vue de fournir un logement aux réfugiés et aux personnes
déplacées dans le pays.
26. Le 5 juillet 2013, une Déclaration conjointe visant à mettre
un terme aux déplacements prolongés en Bosnie-Herzégovine, qui portait
sur la question des réfugiés, des PDI et des résidents des centres
collectifs en Bosnie-Herzégovine, a été signée par des représentants
de l’Union européenne, des Nations Unies, du HCR, de la Republika
Srpska et de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, lesquels ont fait
part de leur volonté commune de résoudre le problème des déplacements
prolongés en Bosnie-Herzégovine, ouvrant la voie à l’utilisation
d’un financement IAP (Instrument d’aide de préadhésion) de l’Union
européenne pour mobiliser les autorités et les partenaires de la
société civile, à tous les niveaux, afin de mieux évaluer et prendre
en compte les besoins des familles déplacées et de leurs communautés,
sur la base de la Stratégie révisée et en complément du Programme
régional de logement. Dans le cadre du programme IAP 2012, un projet
de 7 millions d’euros appliquant les principes adoptés dans la Déclaration
conjointe a débuté en 2014. Mis en œuvre par le HCR en coopération
avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Unicef,
l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des organes
de la société civile, le projet aide 800 familles supplémentaires, dont
125 sous la forme de logements et les autres sous la forme de moyens de
subsistance et d’accès aux droits.
27. Grâce à une autre initiative connexe mais distincte, également
rendue possible par la Stratégie révisée et s’inscrivant dans son
prolongement, les résidents des centres collectifs vont être relogés
dans des habitats sociaux dans le cadre du projet de prêt CEBII,
mis sur pied avec le soutien actif du HCR en 2011-2013. Le Conseil
des ministres a approuvé le projet. Dès que le Conseil des ministres
aura achevé la seconde phase d’adoption des accords internationaux
conformément à la législation bosnienne, ce qui ne saurait tarder,
le document sera soumis à la Présidence, puis à l’Assemblée parlementaire
du pays pour ratification. Ensuite interviendra la signature d’accords
techniques et d’autres accords subsidiaires entre la Bosnie-Herzégovine
et les Entités. Selon ce projet, 121 des 155 centres collectifs
subsistant en Bosnie-Herzégovine devront être fermés d’ici à 2017
et les résidents vulnérables bénéficieront de conditions de vie
améliorées dans des logements sociaux construits spécialement à
cet effet et gérés par les municipalités. Des dispositions sont prises
pour que d’autres municipalités – s’il est possible de les en convaincre
– se joignent au programme, ce qui leur permettra de soumettre des
plans en vue de la fermeture des centres collectifs encore actifs.
La prochaine étape est donc l’approbation du projet par la Présidence
de la Bosnie-Herzégovine, qui devrait intervenir lors de la prochaine
session, après quoi le projet sera signé par le ministère responsable
et, enfin, suivra la procédure de ratification accélérée.
28. Malgré ces récents développements, à côté des besoins de logement
de graves difficultés demeurent: les PDI qui ne sont pas en mesure
de rentrer chez elles ou qui ne le souhaitent pas continuent de
rencontrer des obstacles majeurs à leur intégration locale, notamment
dans l’accès au marché du travail, où le taux de chômage des populations
déplacées atteint des niveaux inquiétants.
2.2.3. Monténégro
29. Il reste encore quelque 11 000 personnes du Kosovo
au Monténégro. Elles ont fui le Kosovo durant la campagne aérienne
menée par l’OTAN en 1999 sur la République fédérale de Yougoslavie,
s’étant vu octroyer le statut de PID du fait que le Monténégro faisait
alors partie de la République fédérale de Yougoslavie. En 2006,
lorsque le Monténégro est devenu un pays indépendant, le gouvernement
a maintenu le statut de PID de ce groupe, essentiellement composé
de ressortissants de la Serbie/Kosovo.
30. En 2009, le gouvernement a modifié la loi sur les étrangers
afin de permettre aux PID de demander le statut de résident permanent
et, ainsi, de pouvoir accéder à tous les droits fondamentaux et,
au final, à une pleine intégration. Reste qu’il s’agit d’une procédure
difficile, longue et onéreuse. Le problème est particulièrement
grave pour les Roms, car tous ne possèdent pas les papiers d’identité
requis pour demander le statut prévu par la loi de 2009.
31. Parmi les PID, on compte 3 200 Roms et Egyptiens, dont 1 500
vivent dans des conditions misérables dans les camps de Konik, situés
dans la banlieue de Podgorica. Puisque la grande majorité d’entre
eux a opté pour une intégration locale, le Monténégro a exceptionnellement
inclus des projets de logement pour apporter des solutions durables
à ces personnes dans le cadre du processus de Sarajevo, réservé
aux personnes déplacées en raison des conflits survenus entre 1991
et 1995. Ainsi, 120 appartements seront construits grâce au Programme
régional de logement, à quoi s’ajouteront 50 appartements financés
par les fonds IPA nationaux pour les résidents de Konik, tandis
que 40 familles sont en attente d’un retour volontaire au Kosovo, sous
réserve de l’attribution de terrains pour la construction de maisons.
32. Comme déjà indiqué, beaucoup de ces personnes ont besoin d’aide
pour obtenir des papiers d’identité du pays d’origine afin de pouvoir
demander le statut de résident permanent; le HCR et ses partenaires
s’y emploient activement, compte tenu de la proximité de l’échéance
du 31 décembre 2014. En effet, il est important de respecter ce
délai car le gouvernement a annoncé que les personnes qui ne feraient
pas leur demande à temps tout en restant dans le pays seraient considérées
comme résidant illégalement au Monténégro et risqueraient de faire
l’objet de mesures d’éloignement.
2.2.4. Serbie
33. Un grand nombre de PDI continuent de vivre dans des
conditions dégradantes. En 2011, le Commissariat serbe aux réfugiés,
conjointement avec le HCR, a lancé une enquête. Il en est ressorti qu’environ
97 000 PDI avaient encore besoin d’une assistance spécifique, avec
plus de 39 % personnes au chômage et 74 % de personnes vivant en
dessous du seuil de pauvreté. «Depuis novembre 2012, 1 725 PDI vivaient
dans 20 centres collectifs officiels…, dont beaucoup ne disposaient
pas d’un approvisionnement suffisant en électricité et en eau potable,
ni de dispositifs de traitement des eaux usées». L’évaluation des besoins
des PDI réalisée en 2011 indique également que 74 % des Roms déplacés
ont besoin d’une assistance spéciale et sont dépourvus de solution
durable, vivant dans des conditions extrêmement difficiles.
34. Au départ, le gouvernement a encouragé le retour des PDI dans
leurs localités d’origine, mais depuis quelques années, il favorise
de plus en plus leur intégration locale. Plusieurs projets visant
à leur offrir des solutions d’hébergement durables ont été mis en
œuvre, ainsi qu’une stratégie nationale globale sur les déplacements.
Ces mesures ont contribué à inverser la courbe du chômage (49,5 %
des PDI sont au chômage et l’on estime à 29,5 % la part de celles
qui occupent un emploi informel sans contrat de travail) et ont
renforcé l’accès des PDI aux soins de santé, à l’éducation et à
la protection sociale. Reste que pour le moment, ces mesures n’ont
eu qu’un modeste impact.
35. Certes, le gouvernement a élaboré la Stratégie nationale
2011-2014 de résolution des problèmes des personnes réfugiées et
déplacées à l’intérieur du territoire, mais elle n’est pas mise
en œuvre par manque de fonds et de capacité des pouvoirs publics.
La situation des Roms, des Ashkalis et des Egyptiens déplacés reste extrêmement
préoccupante: jusqu’à 18 % d’entre eux n’ont ni papiers d’identité
ni certificats de naissance
. Sans aide adéquate, ces groupes
sont condamnés à rester marginalisés. Etant donné cette situation,
les PDI n’ont pas été enregistrées, n’ont bénéficié d’aucune aide
au logement et, ainsi, ont été contraintes de vivre dans des centres
informels aux conditions plus que précaires. Durant sa visite en
Serbie en octobre 2013, le Rapporteur spécial sur les droits de
l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays a encouragé
les autorités à classer les solutions durables par ordre de priorité,
à garantir la fourniture de services essentiels et à faciliter le
règlement des litiges concernant les biens des PDI. La plupart des
Roms déplacés vivent dans des conditions extrêmement difficiles,
sont marginalisés et subissent une double discrimination en raison
de leur appartenance ethnique et de leur déplacement. Ils se voient
donc confrontés à de nombreux obstacles pour accéder à leurs droits.
2.2.5. Kosovo
36. Fin 2013, le Kosovo comptait 17 349 PDI. Cette situation
est le résultat du conflit de 1999, qui a contraint plus d’un million
de personnes à fuir le Kosovo. L’on dénombrait également 37 centres
collectifs, qui hébergeaient 800 personnes (321 familles). Sur ces
800 personnes, 56 (34 familles) étaient des réfugiés et les autres
des PDI.
37. Le Kosovo, malgré l’accord conclu le 19 avril 2013 par lequel
la Serbie a reconnu au Kosovo une autonomie limitée, nuit considérablement
à la situation des PDI, puisqu’il empêche les autorités de Serbie
et du Kosovo d’exécuter des projets coordonnés et rend dans certains
cas les retours non viables en raison des violences continues
. La non-durabilité
des retours est le plus souvent liée à des problèmes de sécurité,
à des difficultés pour trouver un logement, un emploi ou des crédits
pour la reconstruction des biens détruits, et à des questions liées
à la non-restitution des biens.
38. Un manque d’informations persiste quant à la situation et
au nombre des PDI au Kosovo, et la réaction des autorités est lente.
Toutefois, le ministère des Communautés et des Rapatriements a récemment
pris la responsabilité de cette question et élabore actuellement
une stratégie visant à mettre en place des solutions durables. Le
Gouvernement du Kosovo a également chargé le service conjoint d’établissement
du profil des PDI
d’examiner la situation des PDI
au Kosovo afin de fournir des informations plus précises à ce sujet
et de définir en conséquence des solutions et des réponses. Les
autorités du Kosovo ont demandé l’aide du HCR pour élaborer une
législation en 2014 qui donnerait une définition précise des PDI
et établirait des régimes d’indemnisation possibles. Le HCR possède
des informations détaillées sur les 800 PDI hébergées dans des centres
collectifs. Il recueille et publie également des chiffres mensuels
sur ces personnes. Malgré ces avancées, beaucoup de PDI n’ont toujours
pas accès aux services de base et à des solutions d’hébergement durables.
39. Les mesures prises par le Kosovo pour faire face aux déplacements
s’améliorent, mais la situation globale des PDI reste critique.
Des mesures spéciales ont été adoptées, comme les projets visant
à faciliter le retour et l’intégration, les attributions de logements
sociaux et les initiatives d’intégration locale, mais aucune stratégie
nationale globale n’a encore été mise en œuvre pour répondre aux
besoins des PDI, bien que le gouvernement se soit récemment engagé
à en définir une.
40. Pour conclure sur une note positive, on notera que le dernier
camp rom «irrégulier» à Mitrovica a été fermé en 2013 et que des
solutions durables ont été trouvées pour reloger les familles qui
habitaient dans des camps insalubres.
2.2.6. Fédération de Russie
41. Les déplacements à l’intérieur de la Russie sont
en grande partie le résultat des conflits armés en Tchétchénie et
en Ossétie du Nord. Ceux qui sont dus à des catastrophes naturelles
telles que les inondations ou les incendies de forêt sont également
nombreux dans le pays. On ne dispose cependant pas de chiffres officiels
sur le nombre de personnes actuellement déplacées, ce qui limite
la capacité du gouvernement à défendre efficacement les droits des
PDI.
42. Le Gouvernement de la Fédération de Russie recense les «migrants
forcés» plutôt que les personnes déplacées à l’intérieur de ses
frontières, car les autorités n’appliquent pas les Principes directeurs
des Nations Unies. Selon cette définition restrictive, beaucoup
de PDI, sauf si leur déplacement résulte de catastrophes causées
par l’homme, relèvent de la catégorie des migrants forcés. Néanmoins,
les personnes déplacées dans leur région (par exemple, celles qui
ont été contraintes de quitter leur foyer mais sont restées en Tchétchénie) n’ont
pas pu obtenir ce statut. Beaucoup de PDI déplacées durant le second
(1999-2001) conflit en Tchétchénie n’ont pas pu, elles non plus,
obtenir le statut de migrant forcé. Pourtant, ce statut est également ouvert
aux migrants involontaires des anciennes républiques soviétiques
dotés de la citoyenneté russe, qui détenaient auparavant le statut
de réfugiés. Il est donc impossible de déterminer le nombre de PDI conformément
aux Principes directeurs des Nations Unies
.
43. Plusieurs obstacles au retour et à l’intégration en Tchétchénie
persistent, bien que 300 000 personnes environ y soient retournées
avant 1999. D’autre part, plus de 25 000 PDI sont rentrées en Ossétie
du Nord depuis 1994.
44. Les autorités russes se sont employées à aider les personnes
déplacées de force dans le Caucase du Nord. Leurs interventions
ont amélioré la vie de nombreuses PDI, mais beaucoup ne peuvent
toujours pas jouir pleinement de leurs droits – certaines, dans
le pire des cas, 20 ans après leur déplacement. Le chômage (environ
60 %) et les mauvaises conditions de vie restent les problèmes les
plus graves pour les PDI dans le pays.
2.3. Observations
45. La situation de longue durée des populations déplacées
à l’intérieur des pays européens reste critique, certains déplacements
datant de plus de 20 ans. Malgré les efforts déployés et les avancées
réalisées dans les pays, de nombreuses PDI continuent de vivre dans
des centres collectifs aux conditions déplorables, sans grandes
perspectives d’amélioration.
46. Les données recueillies montrent que l’on ne connaît pas bien
le nombre des personnes déplacées, ni leurs conditions de vie et
leurs besoins. Pire encore, beaucoup de pays n’envisagent pas une
définition globale des «personnes déplacées dans leur propre pays»
conformément aux principes directeurs des Nations Unies, laissant
ainsi de côté une grande partie de la population concernée.
47. Il est important de rappeler que la collecte de renseignements
complets sur le nombre, l’emplacement et les conditions de vie des
PDI est essentielle pour définir des politiques et des programmes
efficaces pour répondre à leurs besoins et protéger leurs droits.
Je salue le rôle que les acteurs de l’aide humanitaire et le Rapporteur
spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur
propre pays jouent dans l’aide apportée aux autorités dans un certain
nombre de domaines, notamment l’élaboration et la mise en œuvre
de lois et politiques nationales relatives au déplacement interne,
de solutions durables pour les PDI et de mesures de protection et
d’assistance pour ces personnes. Je me félicite également des travaux
réalisés par le service conjoint d’établissement du profil des PDI,
qui étudie le nombre et la localisation des PDI. Ces travaux sont
toutefois uniquement réalisés à la demande du gouvernement concerné,
lequel doit payer au moins une partie des frais liés à leur exécution.
La Serbie a mené à bien ce processus. Par conséquent, je souhaite
appeler les Etats membres à suivre ces exemples de bonne pratique
qui permettent de disposer de données fiables conformément aux normes
internationales.
48. Un autre élément préoccupant est que les pays n’encouragent
pas ces personnes à devenir indépendantes. En réalité, elles dépendent
pour la plupart des aides de l’Etat et n’ont aucune perspective d’emploi
ou de viabilité économique.
49. Les populations déplacées souffrent aussi en général de la
discrimination et de la marginalisation. Dans presque tous les cas,
les mesures nécessaires à leur intégration n’ont pas été mises en
œuvre.
3. Autres solutions
possibles
50. Les observations ci-dessus soulignent la nécessité
de prendre des mesures de substitution, en particulier lorsque les
conditions de vie et de logement sont contraires à la dignité humaine
et aux normes des droits de l’homme que les Etats membres sont tenus
de respecter.
51. Le but ultime à atteindre devrait consister à offrir un logement
décent à toutes les PDI. Pour ce faire, les gouvernements doivent
prendre les mesures nécessaires, et une stratégie à long terme doit
être élaborée et mise en œuvre.
52. Chaque stratégie devrait se fonder sur un bilan précis des
conditions de vie, des besoins en hébergement et du nombre de PDI.
Des exercices visant à établir le profil des PDI serviront de base
à l’analyse des défaillances, des difficultés et des possibilités
des gouvernements dans ce domaine. Malheureusement, jusqu’à présent
un nombre très limité de pays ont mené à bien de telles initiatives.
53. Une fois effectuées ces études de fond, les gouvernements
devraient consulter directement les PDI, les organisations non gouvernementales
(ONG) et les organisations internationales afin de recenser les meilleures
solutions de logement disponibles et de déterminer les quantités
nécessaires. Ils devraient en outre favoriser le lancement de campagnes
d’information axées sur les PDI, par exemple en ouvrant des bureaux d’information
au niveau local.
54. Aucune solution de remplacement ne peut être durable sans
l’aide financière des gouvernements et des autorités locales. Le
rapporteur croit fermement que le Conseil de l’Europe, notamment
par le biais de sa Banque de Développement, est en mesure de réaliser
des progrès considérables dans ce domaine.
3.1. Solutions de remplacement
fondées sur des pratiques existantes
55. Les solutions de remplacement proposées ci-dessous
ont été efficaces et utiles dans quelques pays, mais ne devraient
pas être considérées comme des règles générales. Chaque pays a ses
propres caractéristiques et les solutions les plus appropriées devraient
être recherchées au cas par cas à partir des initiatives existantes.
Les principes suivants devraient être toutefois respectés: a) respect
du droit des PDI à un hébergement de base et un logement décent;
b) participation concrète et utile des PDI à la prise de décisions;
c) classement par ordre de priorité en fonction des besoins et des
vulnérabilités particulières; d) suppression des obstacles juridiques
dans les localités de retour; e) protection des PDI contre les expulsions forcées
lorsque les garanties générales sont insuffisantes; f) mise en place
de solutions durables et accès des PDI aux services sociaux et à
des moyens de subsistance dans les localités où elles ont été installées.
3.1.1. Aide au logement
sur le lieu d’origine
56. Les autorités ont la responsabilité de garantir l’accès
des PDI à des logements décents. Quand cela est possible, il faudrait
favoriser l’accès à des logements situés sur leur lieu d’origine.
57. Les stratégies pour les PDI en Serbie et en Bosnie-Herzégovine
sont clairement axées sur les retours. Dans ce contexte, les gouvernements
ont également pour responsabilité de faciliter l’intégration des
PDI et de créer les conditions propices à un retour volontaire en
toute sécurité, pour leur permettre de reconstruire leur vie.
3.1.2. Logements neufs
58. Quand les retours sur le lieu d’origine sont impossibles,
la construction de logements dans d’autres régions du pays est une
solution valable. Il s’agit cependant d’une solution qui doit être
volontaire, ainsi que sa mise en œuvre. Cette stratégie a été largement
suivie par la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Elle devrait s’accompagner
d’initiatives en faveur de l’intégration locale et de l’accès aux
services et à des moyens de subsistance.
3.1.3. Attribution de
logements abandonnés
59. Exceptionnellement, des logements abandonnés peuvent
être redistribués aux PDI. Cette solution a souvent été utilisée
dans la Fédération de Russie.
60. Cette solution devrait toutefois être uniquement envisagée
dans des cas critiques ou limités, et appliquée avec beaucoup de
sensibilité. Les propriétaires légitimes doivent avoir renoncé à
leurs droits sur le logement et avoir reçu en échange une compensation
de la part de l’Etat. Ces logements doivent ensuite être inscrits
au registre des propriétés de l’Etat en vue de leur attribution
aux familles en difficulté, notamment les PDI. Il est primordial
d’éviter toute expulsion ultérieure des PDI dans le cas où d’anciens
propriétaires souhaiteraient reprendre possession de leurs biens,
ce qui provoquerait une autre vague de déplacement. En réalité,
ce cas de figure est rare, puisque les droits des propriétaires
sont mis en balance avec ceux des occupants (par exemple à Chypre).
3.1.4. Logements sociaux
61. La Bosnie-Herzégovine est un exemple prometteur car,
grâce à un projet partiellement financé par le Conseil de l’Europe,
72 % des centres collectifs seront transformés en logements sociaux
dans le cadre du projet de prêt «CEBII», mis sur pied avec le soutien
actif du HCR en 2011-2013, prêt à démarrer en 2014 et qui devrait
être achevé en 2017.
3.1.5. Aide financière
au logement
62. Les PDI peuvent également recevoir une aide financière
au logement pour louer ou acheter leur propre logement. La Serbie
illustre parfaitement cette solution de remplacement. Un programme
de bons au logement a été mis en place à Koutaïssi en 2006, et des
PDI ont reçu une aide financière. Ce programme a été interrompu
en 2009. Au lendemain du conflit de 2008, les PDI ont reçu une aide
financière au logement pour acheter leurs propres biens, mais beaucoup
ne l’ont pas fait; cette aide a été suspendue en 2012. En Bosnie-Herzégovine,
beaucoup de PID continuent de bénéficier d'une aide financière des
ministères compétents afin de payer leur hébergement de remplacement.
Certains de ces ménages seront aidés par le Programme régional de
logement, d’autres par le projet de prêt CEBII.
63. Les autorités devraient toutefois veiller à ce que ces aides
permettent véritablement aux PDI de trouver une solution appropriée
et de choisir librement leur logement.
3.1.6. Rénovation et privatisation
des centres collectifs
64. Quand un centre collectif est privatisé, les résidents
deviennent propriétaires de l’ensemble du centre ou de leur appartement.
Il leur est également possible de bénéficier de contrats de location
de longue durée aux modalités favorables. Dans tous les cas, le
centre collectif perd son statut.
65. Néanmoins, dans la plupart des cas, ces bâtiments mériteraient
d’être rénovés et modernisés afin de répondre aux normes minimales
en termes de qualité de vie. Outre la rénovation, les habitants
pourraient également recevoir une formation de base à la plomberie,
à la gestion de l’eau, à la petite réparation mécanique ainsi qu’à
l’établissement d’un syndic de copropriété.
66. La privatisation est l’une des pratiques utilisées en Géorgie
qui a donné les meilleurs résultats. Des problèmes majeurs continuent
cependant de se poser, concernant la qualité de la rénovation des
logements et la lenteur du processus.
3.1.7. Régularisation
des centres collectifs informels
67. La régularisation ou l’officialisation du statut
des centres collectifs est une mesure visant à instaurer une solution
durable et à prévenir de nouveaux déplacements en cas d’évacuation
du centre. Elle permet aux PDI d’améliorer leurs conditions de vie
et de moderniser l’infrastructure existante. Cette solution de remplacement a
été largement utilisée au Kosovo.
3.2. Conditions applicables
aux mesures de remplacement
68. Toute solution de relogement proposée aux PDI doit
répondre à certains critères relatifs aux conditions d’hébergement,
lesquelles doivent être équivalentes ou supérieures à celles offertes
par les centres collectifs, et respecter les normes énoncées à l’article 25
de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à l’article 11
du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels et à l’article 31 de la Charte sociale européenne (révisée).
69. Toutes ces initiatives devraient être mises en œuvre en tenant
compte des Principes directeurs des Nations Unies relatifs au déplacement
de personnes à l’intérieur de leur propre pays (1998) ainsi que
des meilleures pratiques disponibles.
70. Il est important pour les individus concernés, notamment aux
fins de la cohésion sociale, que les pays mettent en place une politique
spéciale en faveur de l’intégration des PDI afin de prévenir leur
isolement.
71. Les pays concernés doivent en outre veiller à ce que les PDI
soient libres de choisir leur nouveau logement et soient informées
le plus tôt possible de la fermeture éventuelle du centre dans lequel
elles vivent.
4. Conclusions et
recommandations
72. Le présent rapport a exposé les principales difficultés
concernant les conditions de vie des PDI et des réfugiés dans les
centres collectifs en Europe. Malheureusement, comme je l’ai déjà
dit, il a été très difficile de dresser un bilan précis en raison
de la difficulté à obtenir des données exhaustives sur les populations déplacées
et sur leurs conditions de vie.
73. Il est par conséquent important que quelle que soit l’approche
suivie, toute législation, politique ou stratégie nationale sur
le déplacement de personnes dans leur propre pays devrait être conforme
aux normes internationales et par conséquent couvrir toutes les
étapes du déplacement et tous ses aspects. Une stratégie nationale
sera en outre très efficace si elle est définie en consultation
étroite avec les groupes de PDI.
74. Il serait également utile de mettre en place un centre national
de coordination pour les PDI afin de prendre des mesures efficaces
dans ce domaine, mais aussi de créer des bureaux locaux dans le
but de mieux faire connaître la situation et les droits des PDI.
75. Ces mesures devraient toutefois être accompagnées de mesures
visant à intégrer le mieux possible les PDI avec la population d’accueil
et de mettre en place une stratégie d’autonomisation.
76. Toutes ces mesures devront être mises en œuvre dans le plein
respect des droits de l’homme en accordant une attention particulière
aux femmes, aux enfants, aux personnes handicapées, aux groupes minoritaires
et aux groupes vulnérables.