1. Introduction
1. L’Andorre est une principauté
qui couvre un territoire de 468 km² enclavé dans les Pyrénées, à
la frontière entre la France et l’Espagne. Sa frontière court sur
120,3 km. Forte de cette situation géographique, l’Andorre jouit
d’un statut particulier depuis plus d’un millénaire.
2. La Principauté d’Andorre est une démocratie constitutionnelle.
Elle tire son statut actuel du traité de 1278 établissant une souveraineté
conjointe, appelé le Paréage. Perpétuant cet héritage, la Constitution
de 1993 définit l’Andorre comme une coprincipauté parlementaire
avec la figure d’un chef d’Etat indivis à deux têtes, à savoir l’évêque
d’Urgell d’une part et le Président de la République française de
l’autre. Leur rôle consiste à veiller au respect de la Constitution
et à faciliter le fonctionnement des institutions publiques. Les coprinces
ont qualité de chefs d’Etat, mais le pouvoir politique est aux mains
du gouvernement et du parlement (Consell
general). Le gouvernement, sous l’autorité de son chef,
le Cap de govern, dirige la
politique nationale et internationale de l’Andorre. Les coprinces
sont tous deux représentés dans la Principauté par un délégué.
3. Le principal organe législatif de l’Andorre est le Consell general (parlement), composé
de 28 Consellers generals (ou
conseillers généraux) élus au suffrage universel direct. Quatorze
membres sont élus par les circonscriptions nationales à la proportionnelle
et les 12 autres membres sont élus par les «paroisses» ou divisions
administratives (deux élus pour chacune des sept paroisses) à la
majorité simple à un tour. Un peu moins de la moitié des sièges
parlementaires est détenue par des femmes. Le Sindic (président
du parlement), le Subsindic (vice-président)
et les Consellers generals (députés)
sont élus pour un mandat de quatre ans aux élections législatives.
Le Sindic et le Subsindic ne peuvent pas exercer
plus de deux mandats consécutifs.
4. A l’issue des élections et suite à un débat d’investiture,
le Consell general élit le
chef du gouvernement, choix qui est ratifié par les coprinces. Le
chef du gouvernement choisit les autres ministres, pour former le gouvernement
(Govern).
5. Les premières élections après l’adoption de la Constitution
se sont déroulées en 1993. Depuis l’instauration du système des
partis politiques avec l’avènement de la Constitution, les mouvements d’alignement,
de fusion ou d’éclatement des partis en vue d’élections ont marqué
l’échiquier politique. Celui-ci se caractérise généralement par
une opposition entre le centre-gauche et le centre-droit, d’une
part, et entre la politique des paroisses et la politique nationale,
d’autre part.
6. Les élections législatives d’avril 2011 ont mis fin à deux
ans d’impasse. Les Démocrates pour l’Andorre (DA) ont remporté 20
sièges, devant le Parti social-démocrate (PS) avec six sièges et
l’Union Laurediana (UL) avec deux sièges. Antoni Martí est devenu
chef du gouvernement. Les élections de 2011 ont marqué un changement
de pouvoir en faveur des Démocrates pour l’Andorre, aux dépens du
Parti social-démocrate. Les dernières élections législatives ont
eu lieu le 1er mars 2015 (voir ci-après).
7. Des élections locales auront lieu en décembre 2015. Les autorités
locales sont les conseils des paroisses, ou Comuns,
qui gèrent les affaires locales. Chaque Comú compte
généralement de 8 à 12 membres, élus au suffrage universel direct
pour un mandat de quatre ans. Les deux candidats du parti, ou de la
liste, ayant obtenu le plus grand nombre de voix deviennent maire
(Consol) ou maire adjoint
(Consol menor).
8. En tant que coprincipauté parlementaire, l’Andorre a un chef
d’Etat, au singulier et indivis. Cette forme de souveraineté date
de 1278 et a évolué au fil des ans, pour aboutir à l’heure actuelle
au règne du Président de la République française et de l’évêque
espagnol d’Urgell. Avec l’adoption de la Constitution de 1993, la reconnaissance
internationale de la Principauté, en tant qu’Etat indépendant, de
droit, démocratique et social (article 1-1 de la Constitution) n’a
plus été remise en question. L’Andorre a signé depuis de nombreux
accords internationaux, notamment un accord trilatéral de bon voisinage,
d’amitié et de coopération avec la France et l’Espagne en 1993,
un accord trilatéral de libre circulation de personnes avec la France
et l’Espagne en l’an 2000 et un avec le Portugal en 2007, et un
concordat avec le Saint-Siège en 2008. L’Andorre est devenue membre
de différentes organisations internationales, comme les Nations
Unies en septembre 1993 ou le Conseil de l’Europe un an plus tard,
le 10 novembre 1994.
9. Les relations entre l’Union européenne et l’Andorre ont été
marquées par une grande stabilité et une étroite coopération. Notamment,
un accord commercial signé en juin 1990 entre l’Andorre et la Communauté européenne
a instauré une union douanière partielle. En novembre 2004, elle
a signé un Accord établissant des mesures équivalentes à la directive
2003/48/CE du Conseil de l’Union européenne en matière de fiscalité de
l’épargne, et en juin 2011, elle a signé un Accord monétaire avec
l’Union européenne. En novembre 2012, le Conseil de l’Union européenne
a demandé une évaluation des relations de l’Union européenne avec
les micro-Etats européens souverains de l’Andorre, de Monaco et
de Saint-Marin. En novembre 2013, la Commission européenne a conclu
que les accords-cadres d’association constituaient le meilleur moyen d’intégrer
ces micro-Etats au marché intérieur. En décembre 2014, le Conseil
de l’Union européenne a adopté une décision autorisant l’ouverture
des négociations de ces accords. Afin de nouer des relations plus
étroites avec l’Union européenne, notamment dans la perspective
d’un renforcement de sa participation au marché intérieur, la Principauté
d’Andorre a entrepris ces dernières années d’harmoniser sa législation
avec l’acquis communautaire (voir ci-après).
10. Lors de son adhésion au Conseil de l’Europe, l’Andorre s’est
engagée à respecter les obligations qui incombent à tout Etat membre
au titre de l’article 3 du Statut concernant la démocratie pluraliste,
la prééminence du droit et les droits de l’homme. Au 30 juillet
2015, l’Andorre avait ratifié 46 traités du Conseil de l’Europe
et signé sept autres traités, non encore ratifiés.
En avril 2013, l’Andorre a signé
la Convention sur la cybercriminalité (
STE
n° 185) et son Protocole additionnel relatif à l’incrimination
d’actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes
informatiques (
STE
n° 189). En novembre 2013, l’Andorre a signé la Convention
concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale
telle qu’amendée par le Protocole de 2010 (STE n° 127). En avril
2014, la Principauté a ratifié la Convention sur la protection des enfants
contre l’exploitation et les abus sexuels (
STCE
n° 201) ainsi que la Convention sur la prévention et la lutte
contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique
(STCE n° 210). L’Andorre a ratifié le Protocole additionnel à la
Convention pénale sur la corruption (STE n° 191) et le Protocole
n° 15 portant amendement à la Convention de sauvegarde des droits
de l’homme et des libertés fondamentales (STCE n° 213), respectivement
les 20 février et 27 mai 2015.
11. Le présent rapport périodique a été élaboré conformément à
la
Résolution 2018 (2014) et à la note explicative qui a été approuvée par la
commission le 17 mars 2015
. Il a été discuté par la commission
le 17 mars 2015 et le 3 septembre 2015, en tenant compte des commentaires
présentés par la délégation andorrane
que je remercie pour sa contribution de qualité.
Ce rapport s’appuie, entre autre, sur les constats et conclusions
les plus récents des mécanismes de suivi du Conseil de l’Europe,
les rapports de l’Assemblée parlementaire et du Commissaire aux
droits de l’homme et, le cas échéant, des rapports établis par d’autres instances
internationales et la société civile.
2. Contexte
12. Les relations économiques ont
eu de fortes répercussions sur les réformes structurelles en Principauté d’Andorre,
également touchée par la crise économique mondiale. L’Union européenne
et l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) ont fait du respect des normes fiscales internationales une
condition préalable à l’établissement de liens avec la Principauté.
Afin de favoriser le développement des relations internationales
et de renforcer la confiance de ses partenaires européens, l’Andorre
a dû s’aligner sur les principes internationaux communs afin d’être
homologuée par ses partenaires occidentaux.
13. L’Andorre a connu un ralentissement économique dans les secteurs
du commerce, de la banque, de la construction et du tourisme, ainsi
qu’un accroissement de sa dette publique (41 % du produit intérieur
brut (PIB) en 2012). Après plusieurs années difficiles, l’économie
andorrane montre désormais des signes de reprise. Malgré l’intensité
de la crise économique, l’Andorre affiche toujours un des niveaux
de vie les plus élevés en Europe, comme en témoigne son classement
mondial en 32e position en termes de
PIB par habitant (à $US 37 200). Dans ses conclusions 2014 sur ce
pays
, le Comité européen des Droits sociaux
estimait que le revenu minimum interprofessionnel ne suffisait pas
à assurer un niveau de vie décent
,
contrairement aux exigences de l’article 4.1 de la Charte sociale
européenne révisée (STE no 163)
. En avril 2014, a été votée une
loi sur les services sociaux et socio-sanitaires, qui établit, entre
autres, le montant des pensions de solidarité et d’autres formes
d’aides, qui ne peut être inférieur au salaire minimum interprofessionnel
de € 962 par mois.
14. Par le passé, l’Andorre disposait de lois préservant le secret
bancaire et la Principauté ne prélevait pas d’impôt sur le revenu
à ses résidents. Ses recettes provenaient principalement des droits
d’enregistrement, des taxes sur les transactions immobilières et
sur les plus-values immobilières, de taxes à l’importation et de
taxes mineures sur les ventes. Selon l’OCDE, cet environnement fiscal
conférait à la Principauté un statut de paradis fiscal
, surtout en raison du manque de transparence.
En 2009, l’OCDE a exigé que l’Andorre s’aligne sur les normes de
l’OCDE relatives à l’échange d’informations, ce qui a permis à la
Principauté de signer 23 conventions d’échange d’informations et
de sortir de la liste des paradis fiscaux non coopératifs. En outre,
la situation fiscale de la Principauté a aussi évoluée depuis. En
2010, ont été créés l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les activités
économiques et l’impôt sur les revenus des non-résidents fiscaux.
En 2012, l’Andorre a introduit la taxe de valeur ajoutée (TVA) et
en 2014, elle a instauré l’impôt sur le revenu, qui est en vigueur depuis
le 1er janvier 2015. Ainsi, ces dernières
années, les autorités andorranes ont œuvré en faveur de la transparence
et de la coopération fiscale et financière et se sont employées
à rendre la législation conforme aux normes européennes et de l’OCDE.
15. Une intégration plus étroite dans le marché européen est essentielle
pour l’Andorre car les principaux partenaires commerciaux sont les
Etats membres de l’Union européenne. Ils représentent plus de 95 %
des exportations et 90 % des importations. En mars 2014, comme mentionné
ci-dessus, la Commission européenne a recommandé d’ouvrir les négociations
avec l’Andorre en vue de la conclusion d’un accord d’association.
Dès l’ouverture de ces négociations, en avril 2015, les parties
sont convenues de veiller à la mise en œuvre des principes du marché
européen unique, tout en tenant compte du contexte propre du pays. Parallèlement,
et faisant suite aux recommandations de l’OCDE, l’Andorre a signé,
en novembre 2013, la nouvelle norme mondiale unique sur l’échange
automatique d’informations et sur les comptes financiers mise en
place par l’OCDE et adoptée par le G20. En mars 2014, les conclusions
du Conseil européen ont confirmé que l’Union suivrait les postulats
du modèle OCDE pour la révision des accords entre l’Union européenne
et l’Andorre concernant la fiscalité des revenus de l’épargne. L’OCDE
et l’Union européenne n’ont cessé d’encourager la Principauté à
respecter et à mettre en œuvre les normes de bonne gouvernance en
matière de transparence et de coopération fiscale et se sont félicités
des changements accomplis ces dernières années.
16. Depuis 2012, le gouvernement, avec l’appui du parlement (Consell general), a pris des mesures
pour moderniser et diversifier l’économie et ouvrir les marchés
conformément aux normes internationales. Par exemple, en 2012 a
été votée la loi sur les investissements étrangers directs, qui
a permis l’ouverture économique du pays. D’autre part, dans le souci
de contenir les dépenses publiques, il y a eu une politique de limitation
des investissements afin de ne pas accroître les déficits publics,
et les salaires de la fonction publique ont été gelés. Par ailleurs,
la taxe sur la valeur ajoutée a été introduite en 2012 à un taux
général de 4,5 %, des taux réduits de 0 %, 1% et 2,5 % selon les
produits et les activités et un taux majoré de 9,5 % pour les produits
bancaires. L’impôt sur le revenu, à un taux général de 10 %, est
en vigueur depuis le 1er janvier 2015 (voir
paragraphe 14 ci-dessus). Plusieurs lois ont été adoptées en 2014
pour aligner le pays sur les normes internationales, notamment en
matière de commerce, d’organisation et d’activité du secteur financier
et de rationalisation des dépenses publiques. En novembre 2013,
le gouvernement a signé la Convention multilatérale de l’OCDE concernant
l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale et la Convention
du Conseil de l’Europe concernant l’assistance administrative mutuelle
en matière fiscale telle qu’amendée par le Protocole de 2010 (STE
n° 127), qu’il doit encore ratifier (voir paragraphe 10 ci-dessus).
17. Le secteur bancaire en Andorre a été récemment secoué par
un scandale, après les accusations faites le 10 mars 2015 par le
FinCEN, organe d’intelligence financière du Trésor des Etats-Unis
(
U.S. Treasury), à l’encontre
de la
Banca Privada d’Andorra (BPA).
Celui-ci accusait la quatrième banque la plus importante du pays
d’être un vecteur essentiel de blanchiment des capitaux. Cette communication
a provoqué, le lendemain de sa publication, le blocage de tous les
correspondants étrangers de cette banque. Les autorités andorranes, par
le biais de l’INAF (organe de supervision du pays), ont mis sous
tutelle la BPA et son PDG a été arrêté
. Ce scandale augmente les risques
pour le secteur financier de l’Andorre, qui représente presque 20 %
du PIB du pays. Par ailleurs, compte tenu que la BPA détenait la
majorité des actions d’une banque privée espagnole,
Banco Madrid, le procureur espagnol
chargé de la lutte contre la corruption a enquêté pour savoir si
une activité similaire avait eu lieu en Espagne, et a placé
Banco Madrid sous redressement judiciaire.
La crise a aussi eu des répercussions
ailleurs, comme au Panama, où la BPA possédait aussi une filiale.
En dépit d’une réaction rapide et ferme des autorités andorranes
à la crise de la BPA, la réputation du système financier demeure
fragile et il faut continuer d’agir pour préserver les quatre autres
banques de la Principauté, afin de limiter les effets sur leurs
perspectives de croissance et leur stabilité. En ce sens, le parlement
récemment élu a réagi au plus vite, le 2 avril 2015, en adoptant
une «loi sur les mesures urgentes pour l’implantation de mécanismes
de restructuration et de résolution d’entités bancaires», qui transpose
la Directive 2014/59/UE du Parlement européen et du Conseil dans
le droit interne. Dans le cadre de l’application de l’accord monétaire en
vigueur, cette Directive devait être transposée dans la loi avant
2018. Le scandale de la BPA n’a fait qu’accélérer le processus.
Grâce à cette loi, l’Etat a pu éviter le redressement judiciaire
et la faillite de la BPA, ce qui aurait malmené les épargnants,
les créanciers et le système bancaire andorran en général. Ainsi, suivant
les postulats de cette nouvelle loi, l’agence d’Etat pour la résolution
des entités bancaires (AREB) a été créée avec pour mission de mettre
en place, avant l’automne 2015, une «banque saine» avec les avoirs sains
de la BPA et dûment certifiés par une entité d’audit internationalement
reconnue, PricewaterhouseCoopers. Cette «banque saine» aura pour
vocation soit de vendre la totalité des avoirs de la banque, et
de préserver autant que possible les employés de cette dernière,
soit de la vendre fractionnée. Les avoirs toxiques resteront dans
la «mauvaise» banque, qui devra faire face aux différents créanciers,
puis cette banque disparaîtra. Force est de constater que cette
crise arrive à un moment crucial dans l’histoire de l’Andorre, puisque
le pays est en train de réformer son économie afin d’en accroître
la transparence économique.
3. Démocratie
18. L’Andorre avait une population
de 70 570 habitants en 2014
. En raison de la crise économique
et de la hausse subséquente du chômage, le taux de croissance démographique
annuel a chuté de 0,6 % entre 2010 et 2012. Entre 2012 et 2014,
il y a eu une légère augmentation de la population de 1,16 %
.
19. Moins de 50 % de la population possède la nationalité andorrane.
La population est composée de ressortissants d’une centaine de nationalités
différentes. Les personnes nées en Principauté de parents non-andorrans
ont la nationalité andorrane provisoire jusqu’à leur majorité où,
sur demande, elle devient définitive. Les personnes nées en Andorre
ou à l’étranger dont l’un des parents est andorran sont andorranes.
La législation est stricte car elle subordonne l’obtention de la
nationalité à une durée de résidence légale en Principauté de vingt
ans minimum, sauf si on se marie avec un ressortissant andorran,
auquel cas on peut devenir andorran après trois ans de mariage,
ou encore par mariage avec un ressortissant andorran si l’époux/se
est résident en Andorre depuis au moins trois ans. A l’issue de
sa dernière visite en Andorre, en 2012
, le Commissaire aux droits de l’homme
du Conseil de l’Europe a invité le Gouvernement andorran à assouplir
les critères d’obtention de la nationalité andorrane. A cet égard,
il a recommandé à la Principauté de ratifier la Convention européenne
sur la nationalité. Dans son rapport de 2012 sur l’Andorre
, la Commission européenne contre
le racisme et l’intolérance (ECRI) a recommandé aux autorités andorranes
de réfléchir à des moyens d’introduire dans la législation nationale
la possibilité d’avoir la double nationalité, quitte à réformer la
Constitution. L’Andorre n’a cependant toujours pas signé ni ratifié
la Convention européenne sur la nationalité. Le pays doit, pour
introduire le concept de double nationalité, amender la Constitution.
20. Seuls les citoyens andorrans peuvent voter. Les résidents
qui n’ont pas la nationalité andorrane n’ont pas le droit de voter.
En conséquence, près des deux tiers de la population ne participent
part aux élections locales. Dans son rapport de 2012
,
la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) recommandait
aux autorités andorranes d’octroyer aux non-Andorrans le droit de
participer aux élections locales. Pour la première fois, une procédure
de vote par correspondance pour les nationaux non-résidents a été
mise en place
pour les élections de mars
2015 et 100 électeurs par correspondance ont été enregistrés. Au
total, les listes électorales comptaient 24 509 inscrits en mars
2015.
21. Le Conseil général a été dissous le 16 janvier 2015, après
approbation du budget général pour 2015, et les élections législatives
ont eu lieu le 1er mars 2015. Des élections
municipales devraient se tenir en décembre 2015.
22. Les partis politiques suivants ont présenté des listes pour
les élections législatives de 2015: «Demòcrates per Andorra» (DA),
dirigé par Antoni Martí i Petit (le chef du gouvernement en place);
«Junts», la coalition emmenée par Pere López Agràs qui réunit le
«Partit Socialdemòcrata d’Andorra», les «Verds d’Andorra» (les Verts)
et «Iniciativa Ciutadana I»; «Socialdemocràcia i Progrés» (SDP),
dirigé par Víctor Naudi Zamora; et les «Liberals d’Andorra» (L’dA),
derrière Josep Pintat i Forné. Au niveau des paroisses, un parti indépendant,
«Unió Laurediana», s’est enregistré à Sant Julià de Lòria.
23. La campagne était axée sur les réformes économiques, fiscales
et sociales entreprises par le gouvernement en place, telles que
l’impôt sur le revenu, l’ouverture aux investissements étrangers,
la réforme de la CASS (Caisse andorrane de sécurité sociale) et
la signature d’accords pour éviter la double imposition avec l’Espagne,
la France, le Luxembourg ou le Portugal. Les libéraux (L’dA), opposés
au modèle fiscal du gouvernement, plaidaient en faveur d’un système
compétitif respectueux de l’identité de l’Andorre. Ils recommandaient
la réduction au strict minimum des impôts directs, le maintien des
impôts indirects et une modification de l’impôt sur le revenu en
réduisant leur assiette aux revenus territoriaux alors que dans
la loi en vigueur l’assiette se base sur les revenus mondiaux; ils
jugeaient les accords avec l’Espagne et la France sur la double
imposition contraires aux spécificités de l’Andorre. Ils estimaient
qu’une plus grande intégration à l’Union européenne ne constituait
pas la meilleure solution et entendaient soumettre l’accord avec
l’Union européenne à référendum. Pour leur part, les sociaux-démocrates
(SDP) prônaient un système équilibré d’imposition limitée favorisant
la compétitivité et montrant la disposition de l’Andorre à s’ouvrir
à l’extérieur. La coalition Junts, de son côté, déplorait la situation
économique et contestait les atteintes aux droits sociaux ainsi que
l’injustice de l’impôt sur le revenu; elle préconisait un impôt
sur le revenu proportionnel et un système privilégiant les politiques
sociales, notamment l’augmentation du revenu minimum interprofessionnel, conformément
à la Charte sociale révisée. Enfin, les Démocrates sortants (DA)
reconnaissaient qu’au cours de leur mandat, ils avaient eu des difficultés
à expliquer à la société les bienfaits des réformes de la sécurité sociale,
de la mise en place d’une cadre juridique de bien-être social et
socio-sanitaire, des modalités de compléments de retraite des fonctionnaires,
de la rationalisation des dépenses publiques, de la mise en place d’une
réglementation fiscale modérée et de la signature de conventions
concernant la double imposition, qui avaient pourtant tous pour
but d’ouvrir les marchés et d’augmenter la croissance. Ils ont insisté
sur la nécessité d’adopter un système fiscal acceptable pour les
voisins européens de l’Andorre et ont travaillé pour expliquer les
opportunités que pourrait offrir pour le pays l’accès au marché
intérieur de l’Union européenne, avec un accord d’association avec
l’Union européenne qu’ils soumettraient à référendum.
24. La campagne portait également sur la question de l’avortement,
interdit dans la Principauté sur la base de l’article 108 du Code
pénal. Selon son article 8-1, «[l]a Constitution reconnaît le droit
à la vie et la protège pleinement dans toutes ses différentes phases».
Le SDP et la coalition Junts étaient tous deux favorables à une
nouvelle législation en la matière, et défendaient l’idée d’une
autorisation dans certains cas. Les DA et les Ld’A estimaient que
la question non seulement mettait en danger la Constitution, mais
aussi le cadre institutionnel de l’Andorre, compte tenu du fait
que le chef de l’Etat indivis comprenait un évêque, et constituait une
menace pour le pays en tant que coprincipauté.
25. Le Bureau des institutions démocratiques et des droits de
l'homme de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE/BIDDH) a effectué une Mission d’évaluation des besoins
(MEB) en janvier 2015. La mission a conclu que tous les interlocuteurs
avaient globalement confiance dans le processus électoral et qu’aucun
problème n’avait été porté à son attention qui nécessiterait l’intervention
immédiate de l’OSCE/BIDDH
. Dans l’ensemble, elle s’est félicitée
du cadre législatif en place
ainsi que de l’impartialité et
de l’efficacité tant de l’administration électorale que du mécanisme
de règlement des litiges électoraux.
26. Les élections ont confirmé la majorité absolue des «Demòcrates
per Andorra», le parti sortant dirigé par Antoni Martí i Petit.
Malgré, qui, malgré la perte de cinq sièges, a remporté 15 des 28
sièges du Conseil général. Les Liberals d’Andorra ont obtenu 8 sièges,
la coalition des Junts 3 sièges et le SDP 2 sièges.
4. Droits de l’homme et libertés
fondamentales
27. L’Andorre a ratifié le Protocole
n° 12 à la Convention européenne des droits de l’homme (STE no 177). Sa
Constitution et sa législation consacrent l’égalité de tous devant
la loi et interdisent la discrimination fondée sur la naissance,
la race, le sexe, l’origine, la religion, les opinions ou toute
autre condition personnelle ou sociale.
28. Par le passé, les non-ressortissants, tout en jouissant en
principe des mêmes droits et libertés que les citoyens andorrans,
n’avaient pas accès à certains avantages sociaux prévus par la loi.
Dans ses troisième
et quatrième
rapports, l’ECRI recommandait aux
autorités andorranes d’adopter des politiques visant à promouvoir
l’intégration des non-Andorrans dans tous les domaines, notamment
sur le marché du travail. Cette recommandation figurait parmi les
trois recommandations spécifiques du quatrième rapport pour lesquelles l’ECRI
demandait une mise en œuvre prioritaire. L’ECRI insistait sur le
fait que cette politique devait aborder les problèmes auxquels les
travailleurs saisonniers se heurtaient et sensibiliser l’opinion
à l’importance d’une société diversifiée. L’Andorre n’est pas membre
de l’OIT. Elle n’a ni signé ni ratifié le Protocole additionnel
à la Charte sociale européenne prévoyant un système de réclamations
collectives.
29. Les autorités andorranes ont récemment modifié la réglementation
en vigueur de sorte que les résidents non-ressortissants bénéficient
des mêmes avantages sociaux et économiques que les citoyens. En
2014, le Conseil général a adopté une loi sur les services sociaux
qui autorise l’accès de tous les résidents aux services sociaux
et à d’autres avantages. Sur la base de cette législation, les résidents
ont accès, sans discrimination aucune, aux avantages et services
économiques et techniques (les avantages sociaux prévus par la loi englobent
l’éducation, l’enseignement supérieur, le logement, l’aide sociale,
les prestations familiales). Ainsi, par exemple, les conditions
de résidence minimum pour accéder aux prestations sociales ont été
levées et les travailleurs migrants et saisonniers sont désormais
couverts par le régime d’assurance-maladie. Dans ses conclusions
sur la mise en œuvre des recommandations faisant l’objet d’un suivi
intermédiaire adressées à l’Andorre,
l’ECRI s’est félicité de toutes les
mesures prises par les autorités en matière d’intégration ayant enregistré
des progrès substantiels et a conclu que cette recommandation avait
été appliquée.
30. L’ECRI soulevait un autre problème prioritaire, à savoir l’absence
de législation complète et exhaustive contre le racisme et l’intolérance.
Elle recommandait d’appliquer le principe du partage de la charge
de la preuve dans le cadre des plaintes pour discrimination et de
former les juges, les procureurs et les avocats aux questions relatives
au racisme et à la discrimination raciale. Dans ses conclusions
sur le suivi intérimaire
, l’ECRI a conclu que sa recommandation
concernant la formation n’avait pas encore été appliquée mais a
salué le projet de réforme dans le domaine judiciaire comme étant
une initiative prometteuse; les autorités andorranes pourraient
tirer parti de ce projet pour mettre en œuvre sa recommandation.
L’ECRI a estimé que sa recommandation sur la charge de la preuve
n’avait pas été appliquée.
31. En avril 2013, l’Andorre a signé le Protocole additionnel
à la Convention sur la cybercriminalité, relatif à l’incrimination
d’actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes
informatiques; elle ne l’a toutefois pas encore ratifié.
32. Le rapport de 2012 de l’ECRI recommandait d’adopter une législation
sur les demandeurs d’asile et les réfugiés. En novembre 2013, à
l’occasion de l’examen du rapport sur l’Andorre du Comité contre
la torture des Nations Unies
, la délégation andorrane a confirmé
qu’aucune législation nationale sur les réfugiés n’avait encore
été adoptée. D’après la délégation, très peu de ressortissants étrangers
viennent en Andorre du fait de sa situation géographique et la législation
en vigueur suffit par conséquent pour accorder l’asile et d’autres permis
au cas par cas.
33. L’Andorre n’a ni signé ni ratifié la Convention-cadre pour
la protection des minorités nationales, ni non plus la Charte européenne
des langues régionales ou minoritaires. Concernant la Convention-cadre,
les autorités ont indiqué qu’étant donné les spécificités géographiques
et historiques de la Principauté d’Andorre, les ressortissants andorrans
n’ont jamais représenté la majorité nette de la population et que
la notion de «minorité nationale» n’est donc pas appropriée.
34. En ce qui concerne la liberté des médias, alors que le rapport
de 2014 de Freedom House
sur l’Andorre était plutôt positif,
le Classement mondial de la liberté de la presse a déclassé brutalement
la Principauté entre 2014 et 2015. L’Andorre a en effet reculé de
27 places, et se trouve désormais au 32e rang, en
raison de l’absence d’indépendance de ses médias vis-à-vis des intérêts
financiers, politiques et religieux
. Reporters sans frontières a dénoncé
de nombreux conflits d’intérêts et la grande difficulté qu’ont les journalistes
à couvrir les activités des banques de la Principauté, outre l’absence
de toute protection juridique de la liberté d’information telle
que la confidentialité des sources des journalistes. Ce dernier
développement soulève des inquiétudes potentielles qu’il conviendra
de suivre de près. En novembre 2014, l’Andorre a voté une loi intitulée
Protection des droits civils: droits à la vie privée, à l’honneur
et à la réputation personnelle, qui vise à protéger les personnes
de tout abus de ces droits.
35. En ce qui concerne la violence domestique, le Commissaire
aux droits de l’homme a indiqué, à l’issue de sa visite en Andorre
en 2012, que des efforts supplémentaires devaient être déployés
en matière de prévention. Il a recommandé aux autorités de continuer
à apporter en priorité une assistance aux victimes de violences
domestiques et à leur permettre de séjourner plus longtemps dans
le centre d’accueil
. En avril 2014, l’Andorre a ratifié
la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à
l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul),
qui est entrée en vigueur le 1er août
2014. Le 15 janvier 2015, lors de la dernière session avant sa dissolution,
le Parlement a voté une loi pour lutter contre la violence domestique,
présentée en commun par les trois groupes parlementaires.
36. D’après le rapport du Groupe d’experts sur la lutte contre
la traite des êtres humains (GRETA) publié en septembre 2014
, il existait un cadre pour assister
les victimes de violence domestique, sous la responsabilité du ministère
de la Santé et du Bien-être social et sur la base d’un protocole
d’action précisant le rôle des différents acteurs. Un service dédié
à cette question avait été créé en 2006 au sein du ministère et
des accords avaient été conclus avec des ONG. Les victimes de violence
domestique recevaient une aide financière et bénéficiaient d’un
suivi psychologique. Un accord avait été conclu avec le Barreau
de l’Andorre pour qu’une assistance juridique gratuite puisse leur
être fournie en cas de ressources insuffisantes. Les victimes de violences
pouvaient être logées par le Service violence domestique dans des
locaux spécifiques, où elles pouvaient rester jusqu’à neuf mois.
Dès lors que le mécanisme de suivi de la Convention d’Istanbul (Groupe d’experts
sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence
domestique (GREVIO)) sera opérationnel, la mise en œuvre de la Convention
par la Principauté sera évaluée.
37. Au moment de l’élaboration du rapport du GRETA, aucune victime
de la traite des êtres humains n’avait été identifiée en Andorre
. Le rapport relevait l’inexistence
de structure spécialisée sur la lutte contre la traite et soulignait
la nécessité de sensibiliser les groupes vulnérables (femmes et
enfants vulnérables et travailleurs migrants en particulier) au
risque de la traite. Le Comité des Parties de la Convention du Conseil
de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (STCE
no 197) a recommandé
d’adopter une approche proactive
de l’identification des victimes de la traite, d’adopter une loi
érigeant la traite en infraction pénale en conformité avec l’article
4 de la Convention et de prendre les mesures nécessaires pour apporter
assistance et protection à toutes les victimes de la traite, notamment
en sensibilisant les acteurs concernés. Il a invité les autorités
à prévoir en droit un délai de rétablissement et de réflexion pour
les victimes de la traite, à accorder des titres de séjour renouvelables
et à s’assurer qu’aucune personne ne puisse être expulsée du territoire lorsqu’une
procédure d’identification a été enclenchée. Depuis lors, le 16
juillet 2015, le Parlement andorran a adopté la loi 10/2015 amendant
le Code pénal concernant la qualification légale de la traite des
êtres humains. Ces changements législatifs seront pris en compte
par le GRETA dans le cadre du deuxième cycle d’évaluation.
38. Aucune autre question particulière ne nécessite d’être soulevée
en matière de protection et de promotion des droits de l’homme en
Andorre.
5. Etat de droit
39. Six requêtes contre l’Andorre
étaient pendantes devant la Cour européenne des droits de l’homme
en mai 2015. La plupart des arrêts prononcés par la Cour concernent
l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme, mais
ils ne semblent pas souligner de problèmes structurels fondamentaux.
40. En ce qui concerne le système judiciaire, d’après le rapport
de 2014 de Freedom House
, le gouvernement respecte généralement
l’indépendance de la justice. Le principe de la présomption d’innocence est
respecté, tout comme le droit à un procès équitable.
41. Le gouvernement a récemment engagé une réforme judiciaire.
Entre 2013 et janvier 2015, le Parlement andorran a voté la loi
qualifiée sur la Justice, la modification du Code de procédure pénale,
la modification de la loi de transition sur les procédures judiciaires,
la loi sur les huissiers de justice, la loi sur les saisies et la
loi sur l’arbitrage, ainsi que différentes modifications du Code
pénal. L’objectif est d’établir un cadre juridique intégré du pouvoir
judiciaire, en encadrant la composition, le statut et les compétences
du Conseil supérieur de la justice et les carrières des juges et
magistrats. Ce premier paquet de réformes permet notamment une meilleure
gestion de l’organisation judiciaire et une meilleure attribution
des affaires pénales. Les règles de procédure applicables ont été
fixées au regard de l’examen des décisions de justice internes découlant
des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme.
42. Dans le domaine de la corruption, le Groupe d’Etats contre
la corruption (GRECO) a publié son Rapport de conformité du Troisième
cycle d’évaluation sur l’Andorre en juin 2011. Il a jugé nécessaire
de modifier d’autres dispositions du Code pénal pour se conformer
aux normes du Conseil de l’Europe et recommandé d’apporter des changements
importants à la législation sur le financement des partis politiques.
Dans son Rapport de conformité du Troisième cycle d’évaluation sur
l’Andorre
, adopté en octobre 2013, le GRECO
a conclu que l’Andorre avait mis en œuvre de façon satisfaisante
seulement trois des vingt recommandations contenues dans le rapport
de 2011 (douze des recommandations restantes avaient été partiellement
mises en œuvre et cinq recommandations n’avaient pas été mises en
œuvre). Il a considéré que l’Andorre avait été en mesure de démontrer
que des réformes substantielles étaient en cours qui permettraient
potentiellement d’atteindre un niveau suffisant de conformité aux
recommandations pendantes au cours des 18 mois suivants et a invité
la délégation andorrane à lui soumettre un rapport sur l’état d’avancement
de la mise en œuvre des recommandations pendantes avant le 30 avril
2015. Se fondant sur ce rapport de situation, le GRECO devrait désormais
pouvoir évaluer la mise en œuvre des recommandations pendantes au
cours des prochains mois.
43. Le GRECO a pris note de l’existence en Andorre de l’arsenal
juridique nécessaire pour répondre, dans une certaine mesure, aux
exigences de la Convention pénale sur la corruption. Il a toutefois
considéré que le champ d’application restrictif de l’incrimination
de certaines infractions de corruption et de trafic d’influence pouvait
en partie expliquer l’absence de poursuites et de condamnations
en la matière, voire l’absence d’affaires pendantes. Le GRECO a
estimé que l’Andorre devait prévoir des sanctions plus sévères pour
les infractions de corruption et de trafic d’influence.
44. Le GRECO a relevé qu’à la faveur des améliorations législatives,
l’avantage indu n’était plus nécessairement financier mais pouvait
prendre n’importe quelle forme, et les notions de tiers bénéficiaire
et de corruption indirecte avaient été introduites. La corruption
de membres d’assemblées étrangères avait été incriminée. Des améliorations
ont également été relevées quant à l’incrimination de la corruption
d’arbitres et jurés. Néanmoins, l’Andorre continuait de faire usage
de son droit de réserve s’agissant des infractions de corruption
dans le secteur privé et de trafic d’influence. D’après le GRECO,
l’Andorre devait par ailleurs réexaminer un certain nombre de questions,
comme celles relatives à la compétence extraterritoriale de ses autorités
judiciaires ou aux conditions de recours à l’exemption de responsabilité
tirée du mécanisme de «regret réel». Le 20 février 2015, l’Andorre
a ratifié le Protocole additionnel à la Convention pénale sur la corruption
(
STE
n° 191) comme suite à la recommandation du GRECO.
45. En ce qui concerne la transparence du financement des partis
politiques, dans son rapport de 2011, le GRECO demandait à l’Andorre
de procéder à des changements législatifs importants et de veiller
notamment à ce que les formations politiques publient leurs états
financiers régulièrement (y compris les noms des grands donateurs
et les apports en nature). Le GRECO insistait aussi sur la nécessité
de mieux contrôler le financement de la vie politique et d’élargir
l’éventail des sanctions, qui doivent être suffisamment proportionnées
et dissuasives. Le rapport de conformité de 2013 du GRECO relevait
qu’aucune des dix recommandations relatives à la transparence du
financement des partis politiques n’avait été mise en œuvre de façon
satisfaisante. Au moment de l’élaboration dudit rapport, la législature
avait entrepris d’élaborer un avant-projet de loi sur les partis
politiques. Tout en reconnaissant les améliorations contenues dans
ce projet, notamment la réglementation des diverses sources de financement
utilisées par les partis et la supervision des comptes annuels de
ces derniers, le rapport du GRECO mettait en lumière certains aspects
qui devaient encore être précisés, tels que le champ d’application
de la loi, l’articulation et l’harmonisation de la législation, la
publication annuelle des comptes des partis et la publication des
noms des grands donateurs. Parallèlement, le 19 septembre 2014,
le Conseil général adoptait la loi sur le financement des partis
politiques et les campagnes électorales, qui a été mise en œuvre
pendant les élections législatives du 1er mars
2015. Le GRECO doit maintenant évaluer la législation nouvellement
adoptée. Le rapport de situation sur l’état d’avancement de la mise
en œuvre des recommandations du GRECO devrait être soumis le 30
avril 2015. La nouvelle législation sera évaluée dans ce cadre.
46. En ce qui concerne le blanchiment d’argent et le financement
du terrorisme, le Comité d’experts sur l’évaluation des mesures
de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme (MONEYVAL) a pris note d’un rapport de suivi sur l’Andorre,
qui demeure confidentiel, à sa 44e réunion plénière
(Strasbourg, 31 mars-4 avril 2014). Tout en reconnaissant des progrès
dans la législation relative au blanchiment d’argent et aux infractions
de financement du terrorisme, MONEYVAL, dans son rapport public précédent
de 2012, insistait sur la nécessité d’améliorer les mesures de lutte
contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
L’Andorre disposait de l’arsenal législatif nécessaire pour saisir
et confisquer les avoirs criminels, mais l’efficacité des instances
pénales restait insuffisante en raison d’un manque de moyens. Aucun
cadre réglementaire relatif au gel des avoirs terroristes conformément
aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies n’avait
été adopté. Dans le domaine préventif, d’autres améliorations restaient nécessaires
et les mécanismes de supervision mis en place pour garantir la conformité
ne semblaient pas assez efficaces. Le rapport concluait également
que l’Unité d’intelligence financière de l’Andorre ne disposait pas
de suffisamment de moyens humains et techniques pour s’acquitter
de sa mission. Si le système et la pratique de la Principauté en
matière de coopération internationale semblaient robustes et efficaces,
il existait des lacunes concernant l’échange d’information et la
coopération avec les autorités de contrôle étrangères.
47. Dans le même temps, en novembre 2014, le gouvernement a approuvé
des modifications de la loi sur la coopération internationale en
matière pénale et la lutte contre le blanchiment d’argent et le
financement du terrorisme, fondées sur l’ancienne recommandation
26 du Groupe d’action financière (GAFI) – nouvelle Recommandation
29. Ces modifications visent à renforcer l’autonomie de l’Unité
d’intelligence financière (ancienne UIF et désormais UIFAND) en
réglementant sa composition (notamment la nomination et la révocation
de son directeur), ses compétences et ses fonctions, et à améliorer
le fonctionnement et l’information des organismes chargés de l’application
des lois. Dans son rapport de suivi de septembre 2015, MONEYVAL
évaluera ces dispositions législatives et ainsi que les projets
de modifications législatives au Code pénal, à la loi de procédure
pénale et à la loi d’assurances approuvés par le parlement le 16
juillet 2015. Ces modifications visent, entre autres, à accroître
les sanctions pénales pour les cas très graves de contrebande, à
inclure l’infraction d’auto-blanchiment et à inclure la surveillance
visant à éviter le blanchiment d’argent pour les activités liées
aux assurances.
48. En 2012, le Comité pour la prévention de la torture et des
peines ou traitements inhumains ou dégradants du Conseil de l’Europe
(CPT) a publié son rapport
sur sa dernière visite dans la Principauté (2011),
ainsi que la réponse des autorités. Depuis lors, dans le cadre de
l’examen effectué par le Comité contre la torture des Nations Unies,
en novembre 2013
, les autorités ont fait état de
leurs efforts visant à améliorer l’infrastructure des centres de
détention, la réglementation, les conditions de détention des mineurs,
la santé et les aspects sanitaires, ainsi que la formation du personnel
pénitentiaire. A ce stade, aucune information n’est disponible sur
une future visite du CPT en Andorre.
49. Aucune autre question particulière ne nécessite d’être soulevée
en ce qui concerne l’Etat de droit en Andorre.
6. Conclusions
et recommandations
50. Dans l’ensemble, l’Andorre
a respecté ses obligations d’Etat membre du Conseil de l’Europe
au cours de la période considérée.
51. Le pays a effectué un certain nombre d’importantes réformes
ces dernières années, faisant preuve d’une capacité et d’une volonté
claires de concilier son identité européenne avec ses spécificités
nationales. Le pays est engagé dans une réforme de son économie
de façon à en renforcer la transparence économique et a fait des
progrès dans la mise en œuvre des normes sur la bonne gouvernance
en matière de coopération et de transparence fiscales, comme l’ont
reconnu ses partenaires internationaux.
52. La réforme juridique en cours a déjà abouti à des améliorations
du système judiciaire, notamment dans la gestion de l’organisation
judiciaire et l’attribution des affaires pénales. La réforme doit
être poursuivie, en particulier pour ce qui concerne les changements
dans la gestion des carrières dans le domaine judiciaire.
53. En outre, le pays a fait d’importants efforts pour développer
une politique d’intégration efficace cherchant à accroître le niveau
d’intégration des non-Andorrans. D’importantes réformes ont été
menées concernant les prestations sociales, autorisant toutes les
personnes résidant en Andorre à accéder aux services sociaux et
à d’autres services. Une politique d’intégration plus aboutie pourrait
tirer profit d’une participation plus importante des non-Andorrans
aux processus démocratiques.
54. La ratification en 2014 de la Convention du Conseil de l’Europe
sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus
sexuels (STCE n° 201) et de la Convention du Conseil de l’Europe
sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes
et la violence domestique (STCE n° 210) démontre encore une fois
l’engagement de l’Andorre en faveur de la protection et de la promotion
des droits de l’homme, tout comme l’adoption, par le Consell General andorran en janvier
2015, d’une loi pour lutter contre la violence domestique.
55. A ce jour, l’Andorre n’a pas signé/ratifié certaines conventions
du Conseil de l’Europe. Sur la base en particulier des constats
et conclusions des principaux mécanismes de suivi du Conseil de
l’Europe, l’Andorre devrait être encouragée, entre autres à signer
et ratifier la Convention européenne sur la nationalité et le Protocole
additionnel à la Charte sociale européenne prévoyant un système
de réclamations collectives. Je salue l’annonce faite par les autorités
de ratifier avant la fin de 2015 le Protocole additionnel à la Convention sur
la cybercriminalité, relatif à l’incrimination d’actes de nature
raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques.
56. La question du manque d’indépendance des médias vis-à-vis
des intérêts financiers, politiques et religieux demeure un sujet
potentiel de préoccupation qui devra être suivi de près. L’indépendance
des médias doit être garantie tant sur le principe que dans la pratique,
et des mesures devraient être prises par les autorités pour veiller
à ce que des pressions ne soient pas exercées sur eux.
57. Les autorités ont récemment fait part au GRECO et à MONEYVAL
des mesures prises pour la mise en œuvre de leurs recommandations,
ce qui sera évalué dans les prochains mois par les organes de suivi spécialisés.
Les autorités devraient continuer à mettre en œuvre les recommandations
pendantes du GRECO et de MONEYVAL, en tenant compte des conclusions
de leurs rapports à venir.
58. À la lumière des conclusions des mécanismes de suivi du Conseil
de l’Europe, un certain nombre de questions supplémentaires soulèvent
des préoccupations et devraient être traitées par les autorités
avant le prochain examen périodique. La commission recommande donc
aux autorités:
58.1. de continuer
à mettre en œuvre les recommandations de l’ECRI et de poursuivre
leurs efforts en vue de l’adoption et de la mise en œuvre d’une
législation pénale complète contre le racisme et l’intolérance;
58.2. de travailler à l’élaboration d’une législation nationale
relative aux demandeurs d’asile et aux réfugiés;
58.3. de développer davantage les moyens d’assouplir la durée
de résidence requise pour les demandes d’acquisition de la nationalité
andorrane et d’étudier les moyens d’introduire la double nationalité
dans la législation nationale;
58.4. d’étudier la possibilité juridique d’octroyer aux non-Andorrans
le droit de participer aux élections locales;
58.5. de mettre en œuvre les recommandations faites par le GRETA
et le Comité des Parties afin de lutter contre la traite des êtres
humains portant en particulier sur l’approche proactive vis-à-vis
de l’identification des victimes et les mesures à prendre pour fournir
assistance et protection à toutes les victimes.