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Résolution 2093 (2016)
Attaques récentes contre des femmes: nécessité d'une communication objective et d'une réponse globale
1. L’Assemblée parlementaire condamne
sans réserve toutes les formes de violence faites aux femmes. Les
attaques récentes contre des femmes dans plusieurs villes européennes
ont mis en lumière le besoin urgent de protéger les femmes contre
les violences sexuelles. Leur simultanéité, leur ampleur, leur couverture médiatique
tardive et les lenteurs dans la réponse des autorités sont sources
de grande inquiétude.
2. Les violences faites aux femmes trouvent leur origine dans
une inégalité profonde entre les femmes et les hommes, et il ne
pourra pas y être mis fin sans un changement des mentalités. En
Europe, une femme sur trois est victime de violence fondée sur le
genre, le plus souvent à l’abri des regards, mais le harcèlement
dans la rue n’en reste pas moins un phénomène courant. La violence
exercée au sein d’une foule représente une autre dimension des violences
faites aux femmes.
3. D’après les témoignages recueillis, les auteurs des attaques
récentes seraient en majorité d’origine étrangère. Ces attaques
ont déclenché des débats sur les politiques d’accueil et l’intégration
en Europe. L’Assemblée souligne que la violence à l’égard des femmes
est malheureusement l’une des violations les plus systématiques
et les plus répandues des droits humains. Cette violence ne devrait
pas être instrumentalisée à d'autres fins.
4. La violence ne doit jamais rester impunie et les auteurs de
toutes les formes de violence à l’égard des femmes doivent être
poursuivis en justice. L’Assemblée rappelle que la Convention du
Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence
à l’égard des femmes et la violence domestique (STCE no 210)
est une réalisation majeure pour la protection des femmes et appelle
à sa pleine mise en œuvre.
5. La violence contre les femmes est une manifestation de relations
inégales de pouvoir entre les femmes et les hommes. Par conséquent,
les hommes jouent un rôle important dans la prévention et la lutte
contre ce phénomène.
6. Les médias ont également une responsabilité importante pour
couvrir objectivement et honnêtement les faits, sans stigmatiser
une partie de la population. Ils ne devraient pas, au nom du politiquement
correct, cacher la vérité au grand public. Rendre compte de crimes
de manière partielle, tardive ou biaisée peut alimenter les théories
conspirationnistes, attiser la haine à l’égard d’une partie de la
population et contribuer à la défiance envers les autorités et les
médias.
7. Ces attaques contre des femmes appellent une réponse globale,
dans la mesure où elles requièrent une enquête officielle sur les
faits et les raisons qui ont amené à retarder leur communication
officielle au public, ainsi que des actions spécifiques pour protéger
les femmes contre la violence.
8. Au vu de ce qui précède, l’Assemblée appelle les Etats membres
du Conseil de l’Europe:
8.1. à mener
des activités de sensibilisation, avec la participation active des
hommes, et à lancer des campagnes d’information sur la nécessité
de prévenir et combattre les violences faites aux femmes, ainsi
que sur l’égalité de genre;
8.2. à signer et ratifier, s’ils ne l’ont pas déjà fait, et
à pleinement mettre en œuvre la Convention du Conseil de l’Europe
sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes
et la violence domestique;
8.3. à protéger le droit des femmes à l’intégrité physique
et le droit à ne pas être harcelé(e) dans l’espace public et la
sphère privée;
8.4. à veiller, en poursuivant les auteurs, à ce qu’il n’y
ait aucune impunité pour les violences faites aux femmes;
8.5. à prendre des mesures pour encourager les femmes à dénoncer
les violences à la police, et pour former les officiers de police
sur la manière d’assister au mieux les femmes victimes de violence;
8.6. à allouer des ressources financières suffisantes aux organisations
de soutien des victimes de violence;
8.7. à engager un dialogue avec les médias sur leur responsabilité
à communiquer rapidement et objectivement sur des événements, y
compris des crimes, et lutter contre le discours de haine;
8.8. à reconnaître le rôle important de l’éducation dans la
prévention des violences faites aux femmes. Un environnement non
violent, libre de toute discrimination fondée sur le genre chez
les enfants, joue un rôle vital pour favoriser les attitudes appropriées
dès le plus jeune âge.
9. L’Assemblée appelle les autorités concernées à enquêter sur
les attaques perpétrées contre des femmes et à en publier les résultats.
10. L’Assemblée exhorte les parlementaires à condamner toutes
les formes de violence à l’égard des femmes, notamment le harcèlement,
le sexisme, ainsi que les propos haineux, et à contribuer activement
aux efforts de sensibilisation.