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Avis de commission | Doc. 14022 | 18 avril 2016
Evaluation du partenariat pour la démocratie concernant le Conseil national palestinien
Commission sur l'égalité et la non-discrimination
A. Conclusions de la commission
(open)1. La commission sur l'égalité
et la non-discrimination salue le rapport de la commission des questions politiques
et de la démocratie (rapporteur: M. Jordi Xuclà). Elle se réfère
aux engagements pris par le Conseil national palestinien au titre
de la Résolution 1830
(2011), à savoir «la promotion active de l’égalité des chances entre
les femmes et les hommes dans la vie politique et la vie publique;
la lutte contre toutes les formes de discrimination (en droit et
en pratique) fondées sur le genre; la garantie de l’égalité effective
entre les femmes et les hommes, y compris en ce qui concerne le
mariage, le divorce, la polygamie et le droit successoral, et si nécessaire
l’initiation d’un processus de révision de la législation; la lutte
contre toutes les formes de violence sexiste».
2. La commission regrette que sur la question de la violence
à l’égard des femmes comme dans les autres domaines susmentionnés,
la situation n’ait guère évolué ces deux dernières années. En dépit
du contexte difficile, la commission appelle le Conseil national
palestinien à redoubler d’efforts pour respecter ses engagements
volontaires et espère que la situation des femmes en Palestine se
sera améliorée d’ici à la prochaine évaluation.
B. Proposition d’amendement
(open)Amendement A (au projet de résolution)
Dans le projet de résolution, à la fin du paragraphe 7.4, ajouter: «et appelle les autorités palestiniennes à agir de manière résolue contre ce fléau, en coopération avec la société civile et plus spécifiquement les organisations de femmes. L’autonomisation économique des femmes ainsi que leur participation dans les négociations de paix devraient également être encouragées;».
C. Exposé des motifs, par Mme Marit Maij, rapporteure pour avis
(open)1. Observations générales
1. Tout d'abord, je tiens à féliciter
M. Jordi Xuclà pour son rapport d’activité détaillé sur la mise
en œuvre des engagements pris par le Conseil national palestinien
dans sa demande de partenariat pour la démocratie auprès de l'Assemblée.
2. Je me félicite de la participation active de la délégation
palestinienne partenaire pour la démocratie, et en particulier de
celle de Mme Najat Al-Astal, membre dévoué
de la commission sur l’égalité et la non-discrimination ainsi que
du Réseau parlementaire pour le droit des femmes de vivre sans violence.
3. En 2014, dans son exposé des motifs, ma collègue Mme Gülsün
Bilgehan a dressé une liste détaillée des domaines à améliorer au
regard des engagements pris par le Conseil national palestinien
dans la Résolution 1830
(2011). Sur la base des constatations de 2014, l’objectif du
présent avis est de déterminer si les choses ont évolué ces deux
dernières années. Je tiens à remercier Mme Suheir
Azzouni, consultante sur les questions de genre et les droits de
la personne en Palestine, pour son aide à la collecte des informations.
2. Promouvoir activement l’égalité des chances entre les femmes et les hommes dans la vie politique et la vie publique (engagement pris par le Conseil national palestinien, paragraphe 12.5 de la Résolution 1830 (2011))
4. Les femmes palestiniennes restent
sous-représentées dans les organes décisionnels aux différents niveaux
de la vie publique. En l’absence d’élections législatives depuis
2006, leur représentation au parlement n’a pas changé depuis l’évaluation
de 2014. Le nombre de portefeuilles détenus par des femmes au gouvernement
(Condition féminine, Tourisme et Economie nationale) n’a pas non
plus augmenté. D’après le Bureau central palestinien des statistiques
(PCBS), en 2014, 15,6 % des juges étaient des femmes, de même que
25 % des journalistes. En outre, les femmes ne représentent que
5,8 % des ambassadeurs et 3,4 % des forces de police.
5. En juillet 2015, deux femmes ont été habilitées à célébrer
des mariages en Palestine. Si cette nouveauté pour les femmes constitue
une évolution positive, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
6. Les femmes ont un rôle primordial à jouer dans la société
palestinienne. Or, leur présence est toujours marginale dans les
postes à responsabilité. A cet égard, la ratification en juin 2015
par le Gouvernement palestinien du cadre national pour la mise en
œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies
sur les femmes, la paix et la sécurité, qui vise à protéger les
femmes lors des conflits armés, représente une évolution positive
pour encourager la participation des femmes et leur rôle moteur
dans les processus de règlement des conflits et de consolidation
des Etats.
3. Lutter contre toutes les formes de discrimination (en droit et en pratique) fondées sur le genre; garantir l’égalité effective entre les femmes et les hommes, y compris en ce qui concerne le mariage, le divorce, la polygamie et le droit successoral, et si nécessaire initier un processus de révision de la législation (engagement pris par le Conseil national palestinien, paragraphe 12.5 de la Résolution 1830 (2011))
7. Comme cela a déjà été indiqué
en 2014, les femmes palestiniennes sont victimes de discrimination
sur les questions touchant au statut personnel, tout particulièrement
le mariage, le divorce, la garde des enfants ou la liberté de mouvement.
Cette situation est exacerbée par la fragmentation du système juridique palestinien,
dans lequel les règles applicables varient selon que les femmes
vivent en Cisjordanie ou à Gaza. Par exemple, le problème des femmes
privées d’héritage dans la bande de Gaza est fréquent et s’amplifie, surtout
dans les familles qui possèdent des terres. D’une manière générale,
les Palestiniennes luttent pour avoir accès à la justice; elles
tendent à se méfier du système juridique et à ne pas croire en sa
capacité à répondre à leurs besoins ou à tenir compte de leurs difficultés .
8. Sur le plan de l’éducation, les filles et les jeunes femmes
palestiniennes bénéficient du même accès à l’instruction que les
garçons et représentent même plus de la moitié des élèves. De plus,
9,2 % des hommes (15-29 ans) possèdent un diplôme supérieur ou universitaire,
contre 13,1 % des femmes du même groupe d’âge . Pourtant,
malgré la bonne scolarisation des femmes, qui a généralement une
corrélation positive avec l’emploi des femmes, la part des femmes
palestiniennes en activité reste faible et n’entraîne pas nécessairement
une amélioration de leur statut social. De fait, environ la moitié
des femmes scolarisées pendant 13 ans ou plus sont au chômage .
En outre, il existe une discrimination salariale entre les hommes
et les femmes: en 2014, le salaire moyen journalier était de 80,9 NIS
pour les femmes, contre 105,8 NIS pour les hommes. Selon l’Organisation
internationale du travail (OIT), le salaire moyen journalier des
femmes dans le secteur privé en Cisjordanie ne représentait que
76 % de celui de leurs collègues masculins . Il convient de prendre des mesures volontaristes
pour promouvoir l’accès des femmes au marché du travail et garantir
une rémunération égale pour un travail de valeur égale, dans le
secteur privé comme dans la fonction publique.
4. Lutter contre toutes les formes de violence sexiste (engagement pris par le Conseil national palestinien, paragraphe 12.5 de la Résolution 1830 (2011))
9. Le système patriarcal en vigueur
dans la société palestinienne expose les femmes à un continuum de violence
dans tous les domaines. Les mariages forcés d’adolescentes palestiniennes
restent fréquents dans la bande de Gaza. Les chiffres indiquent
que 28,6 % des femmes de 20 à 49 ans se sont mariées avant l’âge de
18 ans . Il n’existe actuellement aucune
réglementation pour dissuader un parent de contraindre sa fille
à se marier avant l’âge légal. Parallèlement, depuis la dernière
évaluation, les crimes d’honneur ont continué de faire l’actualité.
En mai 2014, le président Mahmoud Abbas a promulgué un décret-loi
modifiant l’article 98 du Code pénal, qui permettait de tenir compte
de circonstances atténuantes dans la condamnation des auteurs de
crimes d’«honneur». Mais ce décret-loi n’a pas modifié l’article 99,
qui accorde un large pouvoir discrétionnaire aux juges pour décider
des circonstances atténuantes. Une intervention législative est nécessaire
pour limiter cette marge de manœuvre afin d’éviter tout sentiment
d’impunité chez les responsables.
10. Les travaux menés actuellement pour ratifier la loi sur la
protection de la famille, qui doit mieux protéger les femmes et
les enfants contre la violence domestique, constituent un signal
positif de la part du gouvernement dans la lutte contre la violence
à l’égard des femmes.
11. Je saisis cette occasion pour féliciter le Conseil national
palestinien d’avoir organisé en décembre 2015, à l’initiative de
ma collègue Mme Al-Astal, un atelier
sur la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la
lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique
(STE no 210, «Convention d’Istanbul»),
auquel ont participé des membres du Conseil national palestinien,
le chef de la Commission indépendante des droits de l’homme et des
représentants du ministère de la Condition féminine et des organisations
de la société civile. Cet événement a permis d’encourager le gouvernement
à ratifier la Convention et de plaider pour des activités supplémentaires
sur les questions touchant aux femmes et aux enfants. Le fait est
que la Convention d’Istanbul pourrait inciter à améliorer l’ordre
juridique palestinien et les pratiques liées au problème de la violence
à l’égard des femmes.
5. Lutter contre le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discrimination (engagement pris par le Conseil national palestinien, paragraphe 12.14 de la Résolution 1830 (2011))
12. Je n’ai été informée d’aucune
avancée particulière concernant la situation des personnes handicapées depuis
la dernière évaluation. J’encourage de nouveau vivement les autorités
palestiniennes à utiliser la Convention des Nations Unies relative
aux droits des personnes handicapées comme cadre de référence pour harmoniser
leur législation et leur pratique avec les normes internationales
et lutter contre la perception généralement négative du handicap
en Palestine.
6. Conclusions
13. Améliorer le statut et la situation
des femmes dans la société palestinienne exige de se doter d’une législation
qui supprime toutes les manifestations de discrimination fondée
sur le genre. Des initiatives de sensibilisation et de mobilisation
par rapport aux lois et pratiques discriminatoires à l’égard des
femmes sont également indispensables au progrès social et économique,
mais leur mise en œuvre reste limitée et la situation n’a guère
évolué depuis la dernière évaluation.
14. Je suis bien consciente qu’il est difficile d’obtenir des
avancées rapides dans la situation politique et juridique actuelle.
C’est pourquoi je souscris à la recommandation de M. Xuclà de maintenir
le partenariat pour la démocratie avec le Conseil national palestinien
et de réévaluer ce partenariat au moment opportun.