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Résolution 2124 (2016)
Les réseaux éducatifs et culturels des communautés de migrants et des diasporas
1. L’Assemblée parlementaire considère
que les communautés qui vivent à l’étranger devraient être considérées
comme des relais essentiels entre les cultures européennes et comme
un atout pour les pays de résidence et d’origine. Il est vrai, cependant,
que l’intégration des diasporas et des migrants est un enjeu majeur
pour les sociétés européennes actuelles.
2. Les problèmes de marginalisation et d’exclusion se multiplient
en Europe. La faible identification avec à la fois le pays de résidence
et le pays d’origine peut donner lieu à un sentiment d’exclusion,
en particulier chez les jeunes des deuxième et troisième générations
en quête d’identité et d’appartenance. Nombreux sont ceux qui ont
le sentiment de ne pas être perçus comme des citoyens à part entière
et qui peuvent tomber dans les pièges du fondamentalisme, de l’extrémisme
et du racisme. Ces craintes peuvent encore accentuer les clivages
linguistiques, culturels et religieux entre les communautés.
3. L’Assemblée estime que le rôle des réseaux éducatifs et culturels
des communautés vivant à l’étranger est essentiel pour contribuer
à la cohésion sociale, par le renforcement du pluralisme et de la
démocratie dans les sociétés européennes. Ces réseaux jouent un
rôle majeur en matière de soutien, de solidarité et d’entraide; ils
font le lien avec la culture d’origine et donnent accès à de multiples
appartenances culturelles; ils cultivent le plurilinguisme; ils
apportent un soutien culturel et éducatif aux enfants et aux jeunes
des deuxième et troisième générations. Ils peuvent aussi jouer un
rôle important en tant que médiateurs entre les membres des diasporas
et les pouvoirs publics.
4. L’Assemblée considère néanmoins que leur rôle n’est pas suffisamment
compris et reconnu, et que les associations et les réseaux ne sont
pas assez mobilisés, en particulier dans le contexte de l’élaboration
de stratégies nationales et locales visant à renforcer la cohésion
sociale et l’esprit du «vivre ensemble». Qui plus est, très peu
de recherches sont menées aux niveaux national et européen pour
mesurer l’influence culturelle et sociale des diasporas sur les
sociétés locales.
5. L’Assemblée recommande en conséquence aux gouvernements et
aux parlements des Etats membres et observateurs du Conseil de l'Europe
ainsi qu’aux Etats dont le parlement bénéficie du statut d’observateur ou
de partenaire pour la démocratie auprès de l’Assemblée:
5.1. lorsqu’ils sont concernés en
tant que pays de résidence:
5.1.1. de faire participer les
associations de diasporas à l’élaboration et à la mise en œuvre
de politiques concernant différents aspects du processus d’intégration,
dont l’intégration éducative, culturelle et sociale;
5.1.2. d’envisager la mise en place de plateformes nationales
pour permettre aux différents ministères et institutions spécialisées
de travailler de manière transversale et pour faciliter l’élaboration
et l’application de stratégies nationales d’intégration par un dialogue
permanent avec les organisations qui se font l’écho des intérêts
et des opinions des différentes diasporas dans le pays de résidence;
d’encourager la création de plateformes analogues au niveau local;
5.1.3. de proposer des programmes d’aide financière adéquats
aux associations de diasporas pour les aider à professionnaliser
leurs activités, à développer et à consolider leurs réseaux, et à
mener des actions conjointes, y compris sur les plateformes des
médias sociaux, comme déjà recommandé par la Résolution 2043 (2015) de l’Assemblée
sur la participation démocratique des diasporas de migrants;
5.1.4. d’encourager les médias à relayer le rôle positif joué
par les réseaux éducatifs et culturels des communautés vivant à
l’étranger;
5.2. lorsqu’ils sont concernés en tant que pays d’origine:
5.2.1. de renforcer les partenariats entre les organismes publics
compétents – en particulier les établissements scolaires et les
universités, les ambassades et les centres culturels et linguistiques
– et les organisations de diasporas, en cherchant à favoriser leur
action par la mise en commun de connaissances et un soutien concret
(mise à disposition d’enseignants, de matériels pédagogiques et
de locaux appropriés) pour l’enseignement des langues et sa reconnaissance
dans le système éducatif formel;
5.2.2. si ce n’est pas déjà le cas, d’envisager de créer un bureau
à haut niveau (éventuellement au niveau gouvernemental) chargé des
questions relatives aux diasporas et/ou de l’élection de représentants
de ces dernières aux parlements nationaux et, s’il y a lieu, régionaux;
5.3. en coopération avec le Conseil de l'Europe et l’Union
européenne, de créer des partenariats:
5.3.1. pour mettre
en place un réseau parlementaire européen sur les politiques relatives
aux diasporas;
5.3.2. pour appuyer la mise en place par les diasporas d’une
plateforme européenne chargée de recueillir des données et d’évaluer
les répercussions des diasporas sur les sociétés européennes des
points de vue culturel et social, de promouvoir l’échange de bonnes
pratiques et de mettre au point des projets conjoints.
6. L’Assemblée, qui se félicite du Plan d’action du Conseil de
l'Europe intitulé «Construire des sociétés inclusives» (2016-2019),
invite le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe à y inclure
des initiatives concrètes dans le domaine de la culture et de l’éducation,
qui associent les diasporas.