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Résolution 2128 (2016)
La violence envers les migrants
1. L’Assemblée
parlementaire est vivement préoccupée par l’intensification des
violences à l’encontre des migrants en Europe, qui revêt des formes
comme les agressions physiques, l’exploitation par le travail, la
traite, le harcèlement et les abus sexuels, la discrimination et
le discours de haine.
2. Malheureusement, très peu de gouvernements européens prennent
des mesures actives de lutte contre les causes premières des violences
à l’égard des migrants. En outre, au cours de la récente crise économique, les
partis et les médias populistes ont largement diffusé des propos
hostiles aux migrants, provoquant stigmatisation, intolérance et
xénophobie. L’instauration de politiques de plus en plus restrictives
envers les migrants et de mesures plus dures contre l’immigration
clandestine aggrave encore la situation.
3. L'Assemblée est profondément inquiète du sort des femmes et
des enfants migrants, qui sont particulièrement vulnérables aux
différentes formes de violences et d’abus, y compris sexuels, surtout
dans les centres de rétention ou dans les lieux à forte concentration
de migrants. Ces groupes devraient bénéficier d’une protection spéciale
de la part des pays d’accueil, par le biais d’installations pour
les accueillir en toute sécurité ainsi que d’alternatives à leur
rétention.
4. L’Assemblée estime que l’ouverture de voies régulières de
migration, la lutte contre l’exploitation des migrants sur le marché
du travail, la promotion d’une image positive des migrants dans
les déclarations politiques et dans les médias, ainsi que l’élaboration
de programmes d’intégration sociale constituent les moyens les plus
efficaces pour combattre la violence à l’encontre des migrants en
Europe.
5. L’Assemblée appelle de ce fait tous les Etats membres du Conseil
de l'Europe à placer la protection des droits de l'homme des migrants
en tête des priorités de la gestion des flux migratoires et à combattre
le racisme, la discrimination et le discours de haine, car ils engendrent
des violences contre les migrants. Elle demande tout particulièrement
aux Etats membres qui ne l’ont pas encore fait:
5.1. par des mesures législatives:
5.1.1. de s’assurer que les auteurs
de violences envers les migrants sont poursuivis quel que soit le
statut des victimes;
5.1.2. d'envisager la possibilité de réexaminer et de modifier
la législation nationale pour garantir que l’immigration clandestine
ne constitue pas une infraction pénale;
5.1.3. de renforcer la législation nationale contre le discours
de haine, la discrimination et la xénophobie, et, notamment, de
veiller à ce que toute forme d’incitation à la discrimination raciale soit
érigée en infraction pénale;
5.1.4. d’amender la législation nationale pour accorder à tous
les migrants victimes de violences une égalité d’accès à la justice;
5.1.5. de modifier la législation pénale nationale, afin que
les «crimes de haine» soient poursuivis au titre d’infraction pénale
spécifique;
5.1.6. d’inscrire dans le droit du travail national des dispositions
spéciales pour sanctionner les employeurs qui ont commis des actes
de violence ou des agissements illicites à l’encontre de migrants,
y compris des refus de verser le salaire ou des licenciements abusifs;
5.1.7. de ratifier la Convention internationale de 1990 des Nations
Unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants
et des membres de leur famille;
5.1.8. de ratifier et de pleinement mettre en œuvre la Convention
du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence
à l’égard des femmes et la violence domestique (STCE no 210,
«Convention d’Istanbul») pour que la protection des femmes migrantes
soit garantie dans tous les Etats membres du Conseil de l’Europe;
5.1.9. de ratifier et de pleinement mettre en œuvre la Convention
du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation
et les abus sexuels (STCE no 201, «Convention
de Lanzarote») afin d’assurer la protection des enfants migrants
contre de tels abus;
5.2. par une protection et une assistance aux victimes de violences:
5.2.1. de mettre en place des mesures
pour garantir la sécurité des migrants pendant les procédures pénales;
5.2.2. d’assurer les soins nécessaires aux victimes (traitements
médicaux, assistance psychologique et sociale) sans établir de discrimination
en raison du statut de migrant des victimes et en accordant une
attention particulière aux groupes vulnérables (femmes, enfants
et personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT));
5.2.3. de garantir que les personnes victimes de violences dans
les centres de rétention ont accès à l'aide judiciaire et peuvent
déposer plainte;
5.2.4. de promouvoir des solutions alternatives à la rétention
de migrants, notamment pour les enfants;
5.2.5. d’informer les migrants victimes de violences de leurs
droits et des recours disponibles, et de diffuser des informations
sur les services sociaux par le biais de services d'assistance ou de
brochures, par exemple, de manière à ce qu’ils puissent bénéficier
d’une assistance;
5.3. par la prévention de la violence grâce à l’information,
à la sensibilisation et à l’intégration:
5.3.1. en collaboration avec les organisations non gouvernementales,
de collecter, d’analyser et de systématiser les informations sur
les violences commises à l’encontre des migrants, et de les partager
avec toutes les institutions concernées;
5.3.2. d’offrir aux agents des forces de l’ordre, aux autorités
judiciaires et aux procureurs une formation sur la manière de traiter
les crimes de haine et d’assister les victimes;
5.3.3. de soutenir les activités des organisations non gouvernementales
qui s’occupent des migrants victimes de violences et favorisent
leur intégration;
5.3.4. de sensibiliser les migrants et les collectivités locales
d’accueil aux traditions culturelles et religieuses, promouvant
ainsi la tolérance et l’intégration sociale des migrants.
6. L’Assemblée estime que les collectivités locales jouent un
rôle important dans la prévention des violences à l’encontre des
migrants. Par conséquent, les Etats membres du Conseil de l'Europe
sont invités à doter les autorités locales des compétences nécessaires
pour promouvoir l’intégration des migrants par des programmes de
logement, d’intégration sociale et de création d’emplois.