1. Introduction
1. Le 13 juin 2016, avec d’autres
membres de l’Assemblée parlementaire, j’ai déposé une proposition
de résolution intitulée «Partenariat transatlantique de commerce
et d’investissement (PTCI) – implications pour les droits sociaux,
la santé publique et le développement durable» (
Doc. 14085). Dans cette proposition, nous demandions à l’Assemblée
d’évaluer le risque que représenterait l’abaissement des normes
européennes en matière sociale, sanitaire et environnementale qui
résulterait de la conclusion de l’accord de partenariat. Le 24 juin
2016, la proposition a été renvoyée pour rapport à la commission
des questions sociales, de la santé et du développement durable,
qui m’a désigné rapporteur.
2. Le PTCI est un accord commercial entre les Etats-Unis d’Amérique
et l’Union européenne qui vise à accroître la libéralisation du
marché et à supprimer les entraves économiques au commerce
. Il créerait l’une des plus solides
alliances en matière d’économie et d’investissement et a l’ambition
de fixer des règles globales dans le secteur du commerce international
en instaurant une zone de libre-échange, en encourageant et en facilitant
les investissements et en adaptant les législations nationales et
européenne. Un accord similaire a également été négocié et signé
entre l’Union européenne et le Canada: il s’agit de l’Accord économique
et commercial global (AECG) qui contient un certain nombre de dispositions
qui font office de modèles pour le PTCI, y compris les chapitres
sur la protection de l’investissement et sur le développement durable.
Les points évoqués ci-dessous s’appliquent à la fois à l’AECG et
au PTCI.
3. Le PTCI dépasse le cadre des accords commerciaux traditionnels
car il contient un élément important de «coopération en matière
de réglementation». Il vise à optimiser la coopération y afférente
entre les deux plus grands marchés intérieurs dans le monde en harmonisant
leurs procédures de réglementation et en établissant un espace unique
de marchés et d’investissements publics
. L’accord empiétera sur de nombreux secteurs
de politique publique, notamment la protection de l’environnement,
la santé publique et les droits sociaux.
4. Les négociations du PTCI ont été lancées en 2013, après que
les ministres de l’Union européenne chargés du commerce eurent donné
mandat à la Commission européenne de négocier avec les Etats-Unis
au nom de l’Union européenne. Cet accord est toujours dans sa phase
de négociation; initialement, il devait être conclu à la fin de
2016. D’après les informations les plus récentes, les parties n’avaient
réussi à trouver un consensus sur aucun des 27 articles de l’accord.
Compte tenu du changement de présidence aux Etats-Unis, le PTCI
risque de ne plus figurer au rang des priorités de la nouvelle administration
américaine. Un répit forcé dans le processus de négociations intenses
nous permet d’examiner plus attentivement les problèmes soulevés
par l’accord – que ce soit dans le PTCI, l’AECG ou tout autre accord
commercial de «nouvelle génération»
–
et de considérer s’il est opportun d’y avoir recours pour promouvoir
plutôt que mettre en péril le développement durable, la santé publique
et l’Etat de droit démocratique.
5. L’AECG et le PTCI notamment octroient de nouveaux pouvoirs
pour les sociétés transnationales de poursuivre les Etats membres
de l’Union européenne via des tribunaux d’arbitrage siégeant à huis
clos en dehors du champ d’application du droit public. Les gouvernements
deviennent passibles de l’obligation d’indemniser les investisseurs
du fait des lois qu’ils adoptent afin de protéger l’environnement,
la santé publique et les droits au travail, en raison des entraves
en termes de futurs profits. De tels pouvoirs punissent ou intimident
ainsi les démocraties quant à l’adoption de telles lois.
2. Analyse économique: aperçu
«Ce
qui compte ne peut pas toujours être compté, et ce qui peut être
compté ne compte pas forcément.» Albert Einstein
6. Selon les prévisions de la
Commission européenne, le PTCI dynamiserait considérablement le commerce
entre les deux partenaires, en offrant de nouvelles perspectives
commerciales, en renforçant la croissance économique et, à terme,
en créant des emplois. La baisse des prix et la diversité accrue
des produits disponibles contribueraient aussi à la prospérité de
plus de 800 millions de citoyens de l’Union européenne et des Etats-Unis.
Selon une étude menée pour la Commission européenne, le PTCI serait profitable
à l’économie de l’Union européenne dont le produit intérieur brut
(PIB) augmenterait de 0,5 %
. Cela equivaudrait approximativement
au prix d’un café par personne par semaine, mais ne sera pas équitablement distribué.
On estime que les secteurs auxquels l’accord profiterait le plus
sont les secteurs de la métallurgie, des aliments transformés, des
produits chimiques, des équipements de transport, de l’industrie
automobile, etc
.
7. Cette étude a été réalisée par The Centre for Economic Policy
Research, à partir d’un modèle de l’économie mondiale, en tenant
compte d’un certain nombre de restrictions. Il importe de comprendre
que l’étude émet certaines hypothèses à propos de l’accord. Les
calculs qui aboutissent à l’augmentation de 0,5 % s’appuient sur
le scénario le plus favorable, lequel suppose la suppression des
barrières tarifaires, une réduction de 25 % des barrières non tarifaires
et une réduction de 50 % des entraves aux marchés publics.
8. Les retombées globales pour l’économie européenne se traduiraient
par une augmentation de sa productivité: du fait d’une concurrence
accrue, les entreprises devront gagner en efficacité. Cela pourrait toutefois
avoir des conséquences dramatiques pour les petites entreprises
qui ne seraient pas capables de suivre la cadence de la concurrence.
9. En fait, l’analyse de la Commission ne prend pas en considération
la répartition des gains économiques. Aucune analyse ne confirme
l’hypothèse d’une répartition équitable des gains du PTCI. Il est
beaucoup plus probable que les gains économiques seraient concentrés
entre les mains d’une petite fraction de la société, tandis que
pour la majorité des Européens les gains seraient minimes ou inexistants
.
10. En termes d’emploi, l’étude ne permet pas de quantifier le
nombre d’emplois qui seraient créés dans la mesure où les modèles
d’accords de libre-échange sur lesquels elle s’appuie n’ont pas
d’incidence sur l’emploi. D’après les calculs réalisés par la Commission
européenne, le nombre d’emplois créés dans les secteurs exportateurs
de l’Union européenne pourrait se chiffrer en millions. Cette estimation
se fonde sur l’hypothèse générale selon laquelle l’augmentation
de la production requiert plus de main d’œuvre dans un secteur spécifique,
ce qui aura une incidence positive sur les salaires
.
11. S’ils veulent pouvoir prendre des décisions rationnelles,
les négociateurs devraient également tenir compte de la disparition
potentielle de milliers de petites entreprises: selon certaines
études, le PTCI pourrait entraîner la perte d’au moins 680 000 emplois
dans toute l’Europe, étant donné que les petites et moyennes entreprises
seraient incapables de faire face à la concurrence des sociétés
américaines
. Il conviendrait également
de prendre en considération le coût de l’accompagnement des travailleurs
dans leur transition vers les nouveaux secteurs à l’aide de l’apprentissage
tout au long de la vie et d’autres programmes de flexibilité sur
le marché du travail.
12. Il reste primordial de porter un regard critique sur les hypothèses
évoquées et de les confronter à d’autres points de vue. Par exemple,
l’hypothèse selon laquelle la société dans son ensemble profiterait
d’une offre accrue de produits (aliments transformés compris) moins
onéreux n’est plus aussi évidente si l’on tient compte de certains
faits. Les études menées après la conclusion de l’Accord de libre-échange
nord-américain (ALENA) ont montré que la hausse des importations
d’aliments transformés a entraîné une augmentation des taux d’obésité
et de diabète et une détérioration générale de la santé publique
au Mexique
. Les négociateurs devraient examiner les
coûts liés à la mise en place de contre-mesures comme les indications
relatives à la santé, les restrictions en matière de publicité ou
les taxes sur les produits alimentaires malsains.
13. De plus, le coût d’imposition de contre-mesures telles que
l’étiquetage-santé des produits, les restrictions de la publicité
ou les taxes sur des aliments nuisibles pour la santé pourrait être
multiplié par des investisseurs poursuivant les gouvernements pour
l’introduction de telles protections et imposant de ce fait des restrictions
à leurs profits. L’AECG et le PTCI mettent en place de nouveaux
pouvoirs permettant à des sociétés transnationales de poursuivre
les gouvernements via des tribunaux d’arbitrage siégeant à huis
clos – un système judiciaire d’investisseurs (SJI), dont le prédécesseur
est le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs
et Etats (RDIE). Ainsi, des sociétés pourront mettre sur le marché
des produits qui favorisent le diabète et poursuivre en justice
par la suite les gouvernements qui protègent le public des atteintes
à la santé que ces entreprises engendrent. C’est pour cette raison
que le SJI devrait être exclu de l’AECG et du PTCI parce que des
investisseurs sont déjà protégés par le droit public et du marché,
et il n’y a donc pas de justification à ces pouvoirs dans les circonstances
données.
14. Par ailleurs, d’autres coûts imprévus pourraient s’ajouter
au cas par cas selon les termes exacts de certaines questions sectorielles.
Par exemple, si l’impact environnemental a été correctement évalué
pour ce qui est des émissions de CO2, un
certain nombre d’aspects environnementaux autres que les changements climatiques
n’ont pas été pris en compte par le modèle qui a servi à l’évaluation
.
15. Il importe de garder à l’esprit que le PTCI est un accord
commercial de «nouvelle génération», qui comporte une dimension
de coopération réglementaire et n’a que quelques éléments en commun
avec les accords commerciaux classiques. Du fait de son caractère
novateur, son impact ne sera connu qu’une fois l’accord entré en
vigueur. A l’heure actuelle, au vu de toutes les informations disponibles
sur le sujet, une seule certitude se présente: l’accord commercial
transatlantique bénéficiera à l’ensemble des grands groupes européens.
Afin de déterminer les limites de la flexibilité du processus de
négociation, les négociateurs devraient entreprendre une analyse
plus approfondie des avantages économiques et des coûts qu’il pourrait générer.
L’Assemblée devrait recommander une analyse plus rigoureuse et plus
exhaustive, tenant compte d’un plus grand nombre de facteurs déterminants,
du potentiel économique réel du PTCI et d’autres accords commerciaux
de «nouvelle génération» du même genre.
3. Principales
inquiétudes et objections concernant la conclusion du PTCI
16. L’une des principales inquiétudes
que suscite le PTCI est le fait que les négociations se tiennent
à huis clos et que même les parlementaires, qui sont pourtant les
représentants du peuple, n’ont qu’un accès restreint (si tant est
qu’ils en aient un) aux documents y afférents. De nombreux commentateurs
estiment qu’il s’agit là d’un déficit démocratique qui viole les
principes fondamentaux de la bonne gouvernance, de la transparence et
du droit à l’information. Même si, pour être honnête, il faut dire
que la plupart des négociations internationales sont menées en secret,
le manque ressenti de transparence, auquel s’ajoute l’étendue de l’accord
envisagé, engendre, dans la société civile et le grand public, une
défiance croissante qui les amène à soupçonner que le PTCI saperait
les normes européennes en matière de protection des consommateurs
et d’environnement. Ces craintes sont apparues justifiées en mai
2016 lorsque l’organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace
(Pays-Bas) a publié des documents secrets de négociation du PTCI. Les
informations divulguées ont donné une vision inédite de la volonté
des Américains d’abaisser ou de contourner les mesures de protection
européennes en faveur des consommateurs, de l’environnement et de la
santé publique.
17. Le PTCI a pour but d’harmoniser les réglementations des deux
partenaires. Il convient de noter que les législations de l’Union
européenne et des Etats-Unis diffèrent considérablement, notamment
en matière de normes sur la nutrition, de sécurité alimentaire et
de protection des consommateurs. En 2000, la Commission européenne
a adopté le «principe de précaution» (article 191 du Traité sur
le fonctionnement de l’Union européenne) qui oblige un fabricant
à prouver qu’un produit est sûr avant de le mettre sur le marché
et vise à sauvegarder les normes les plus élevées en matière de
protection de la santé et de l’environnement
. Le processus décisionnel préventif
exige des responsables politiques qu’ils ne fassent pas reposer
l’évaluation des risques sur les seules données scientifiques existantes
mais prennent également en compte d’autres facteurs en cas d’incertitude
scientifique. En revanche, selon l’approche américaine, c’est aux
autorités qu’il incombe de prouver qu’un produit déterminé est dangereux
avant d’imposer une interdiction ou de refuser l’autorisation de
mise sur le marché. En l’absence de données scientifiques, les Etats-Unis
autorisent les entreprises à vendre librement leurs produits
. Du reste,
les documents relatifs au PTCI, tels qu’ils ont été divulgués en
mai dernier, ne mentionnent nullement le «principe de précaution».
3.1. Système
juridictionnel des investissements
18. Un sujet principal d’inquiétude
concernant le PTCI est le fait que les entreprises se verraient
accorder un moyen privilégié de défendre leurs intérêts grâce au
Système juridictionnel des investissements (SJI), anciennement le
mécanisme d’arbitrage de Règlement des différends entre investisseurs
et Etats (RDIE). Le PTCI prévoit en effet que ce sont des tribunaux
SJI qui, séparément, se chargeront de faire respecter les dispositions
sur les investissements. Ils délibéreront à huis clos et n’auront
nulle obligation de rendre publics les motifs de leur décision.
Cela impliquerait un système de justice à deux vitesses, dans lequel
les investisseurs internationaux auraient accès au SJI tandis que
les entreprises nationales (et les citoyens) seraient régis par
le droit interne. Les juridictions du SJI ne sont pas liées par
la doctrine du précédent et n’ont aucune obligation de cohérence
avec d’autres tribunaux dans leur raisonnement.
19. L’une des principales objections générales au mécanisme d’arbitrage
SJI tient au fait que diverses catégories d’individus sont soumises
à des ensembles de normes totalement différents du point de vue
de leur relation avec l’Etat et le système judiciaire, ce qui s’accorde
mal avec l’Etat de droit. Comme l’a déclaré Lord Bingham, éminent
juge et juriste britannique, «le droit doit s’appliquer de la même
manière à tous, sauf lorsque des différences objectives justifient
une différenciation»
.
Les tribunaux d’arbitrage entre les investisseurs et les Etats ont
été conçus à l’origine afin d’encourager les investissements étrangers
dans les Etats où il n’existe pas de juridictions indépendantes.
Le RDIE est apparu pour la première fois dans un accord commercial bilatéral
conclu entre l’Allemagne et le Pakistan en 1959. L’intention était
d’encourager les investissements étrangers en protégeant les investisseurs
contre la discrimination et l’expropriation
. Aujourd’hui, les mécanismes
s’appliquent à des Etats dotés de systèmes judiciaires indépendants
exempts de toute ingérence politique, et ne servent donc plus leur
objectif initial. Il n’y a pas de raison impérieuse pour laquelle
les investisseurs étrangers devraient jouir de droits exclusifs
alors que leurs droits peuvent être solidement protégés dans tous
les systèmes juridiques européens par le droit public et le droit
contractuel existants et renforcés au niveau national par des juridictions
de première instance et d’appel et des cours suprêmes. Au contraire,
le respect de la démocratie, des droits humains, de l’Etat de droit,
de la protection de la santé publique et de l’environnement et de
l’intérêt public plaide en faveur de la non-inclusion du SJI dans
l’AECG et le PTCI.
20. Un examen plus approfondi des aspects juridiques liés aux
droits humains dans les dispositions sur l’arbitrage, y compris
l’incertitude juridique et le transfert de compétences d’institutions
tenues de rendre des comptes vers des institutions qui ne le sont
pas, sera réalisé par la commission des questions juridiques et
des droits de l’homme, qui prépare actuellement un rapport sur «La
compatibilité avec les droits de l’homme de l’arbitrage investisseur-Etat
dans les accords internationaux de protection des investissements».
Dans le présent rapport, il est important de fournir quelques exemples
concrets de la manière dont le SJI peut menacer ou pénaliser les
gouvernements dans leurs efforts de protection de l’environnement,
de la santé publique et des droits au travail.
21. Des sociétés commerciales n’hésiteront pas à utiliser les
pouvoirs des mécanismes d’arbitrage qui sont à leur disposition.
La société d’énergie Vattenfall a engagé une action contre l’Allemagne,
demandant $US 3,7 milliards, en raison de sa décision de renoncer
à l’énergie nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima
. Plus récemment, l’entreprise américaine
de fracturation hydraulique Lone Pine a intenté une procédure contre
le Canada en lui réclamant $US 250 millions, en raison d’un moratoire
sur la fracturation hydraulique au Québec, tandis que des géants
américains et européens de l’énergie ont poursuivi l’Argentine, réclamant
plus de $US 1 milliard, pour avoir gelé les prix de l’énergie et
de l’eau. La société Trans-Canada a engagé une action en justice
– réclamant $US 15 milliards – contre le Gouvernement américain
qui tentait d’empêcher la mise en œuvre du projet commun de transport
par oléoduc du pétrole issu des sables bitumineux à cause de son
incidence néfaste sur le changement climatique et l’Accord de Paris.
Dans l’affaire
St Marys VCNA, LLC c.
Canada, il a été considéré qu’une loi interdisant les
pesticides pour protéger l’environnement constituait une violation
du Chapitre 11 de l’ALENA. Une autre violation du traité, concernant la
réglementation sur le contrôle des additifs dangereux du pétrole,
a été constatée dans l’affaire
Ethyl Corporation
c. Canada. Le géant du tabac Philip Morris poursuit actuellement
les gouvernements d’Australie et d’Uruguay pour avoir renforcé la
réglementation anti-tabac des emballages pour protéger la santé
publique.
22. D’après la Commission européenne, le PTCI garantira le droit
des gouvernements de légiférer: le SJI ne leur interdira pas d’adopter
des lois dans l’intérêt de la société. Toutefois, lorsque de nouvelles
lois créent prétendument une discrimination contre des sociétés
étrangères, le SJI permet à ces dernières de demander une compensation
. A ce sujet, il faut bien comprendre
que le mécanisme du SJI intimidera et dissuadera le législateur
d’adopter des lois protégeant l’intérêt public, car les tribunaux
seront habilités à accorder des dommages en réponse à des politiques
considérées comme affectant les bénéfices financiers d’investisseurs étrangers,
même si
ces bénéfices sont sources de dommages à l’environnement, la santé
publique et aux droits au travail, en favorisant par exemple la
fracturation hydraulique, la production de boissons sucrées et de moteurs
diesel.
23. Nous pouvons conclure que les efforts européens devraient
se concentrer sur l’utilisation des cadres juridiques publics et
des contrats pour protéger tant l’investisseur que l’intérêt public,
y compris par le biais d’une harmonisation juridique. L’introduction
d’un nouveau système juridictionnel externe qui favorise les intérêts
des investisseurs à engranger des bénéfices au détriment de l’intérêt
public par delà le droit national devrait être empêchée. Même s’il
serait utile d’explorer d’autres approches pour régler, voire prévenir,
les différends relatifs à l’investissement,
les
cadres juridiques existants permettent déjà d’accorder des intérêts commerciaux
et publics grâce au droit public.
3.2. Coopération
en matière de réglementation
3.2.1. Inquiétudes liées à la protection
de l’environnement et au développement durable
24. Dans l’intervalle, des inquiétudes
se sont exprimées à propos des conséquences notables du PTCI sur les
normes en matière d’environnement. Suite à la ratification du Protocole
de Kyoto, l’Union européenne a adopté le système communautaire d’échange
de quotas d’émission (SCEQE) en vue de mettre fin aux émissions
de gaz à effet de serre dans le secteur des industries et de l’aviation.
La Directive sur la qualité des carburants (DQC) poursuit un objectif
similaire dans le secteur de l’automobile et des transports
. Une telle législation crée une base
solide pour la protection de l’environnement, ce qui n’est pas le
cas de la législation américaine. Les approches différentes des
Etats-Unis et de l’Union européenne en matière de normes d’émission
soulèvent le problème de l’harmonisation; la question de savoir
si le PTCI peut assimiler les lacunes de la législation américaine
reste ouverte
. La ratification récente de l’Accord
de Paris par les Etats-Unis pourrait être considérée comme un signal
fort qui montrait leur volonté d’agir dans le même sens que l’Union européenne
en matière de réduction des émissions de carbone.
25. Toutefois, les résultats de Paris n’ont pas été intégrés dans
le PTCI afin de garantir les dispositions relatives au changement
climatique et les objectifs du développement durable. En effet,
le chapitre sur l’environnement n’est pas offensif d’un point de
vue juridique alors que le chapitre sur l’investissement l’est. Cela
signifie que les considérations environnementales seront systématiquement
entravées par les dispositions de protection de l’investisseur via
le SJI de l’AECG et le PTCI, et mises en œuvre par le biais des mécanismes
d’arbitrage crées afin de protéger les intérêts des investisseurs
et non ceux de l’environnement. Pire encore, Donald Trump a affirmé
que sa nouvelle administration des Etats-Unis changerait la direction
des politiques sur le climat. Même si l’Accord de Paris lie les
signataires pour trois ans plus une année avec une clause de sortie,
Donald Trump pourrait bien décider de saper l’Accord de Paris en
ne contribuant pas au fonds de £100 milliards prévus pour le transfert
de technologie vers le monde en développement et en revenant sur l’accord.
26. S’agissant de l’objectif ambitieux du PTCI de garantir l’efficacité
énergétique, il faut garder à l’esprit le fait que l’Union européenne
et les Etats-Unis ont des politiques totalement différentes en matière
d’énergie. L’Union européenne fixe des priorités pour accroître
la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique tandis
que les Etats-Unis mettent l’accent sur la production de gaz et
de pétrole brut. En conséquence, il est urgent d’examiner des questions
controversées comme la fracturation hydraulique et de rester vigilant
concernant toute disposition du PTCI portant tout particulièrement
sur l’énergie
. Ce point est particulièrement
pertinent concernant les impératifs liés au changement climatique,
car selon de récentes données satellite les émissions fugitives
de méthane seraient de 5 %, ce qui rendrait la fracturation hydraulique plus
nocive que le charbon pour le réchauffement climatique,
ce qui n’est donc pas compatible
avec l’Accord de Paris.
27. Dans une large mesure, la politique des Etats-Unis relative
à l’utilisation de produits chimiques sape la sécurité environnementale,
notamment la protection des ressources en eau. A l’heure actuelle,
les importateurs et producteurs européens sont tenus d’informer
l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) des substances
chimiques qu’ils utilisent, laquelle limite l’usage de ces substances
si elles ne sont pas compatibles avec les normes environnementales
. En revanche, la loi américaine
sur le contrôle des substances toxiques (Toxic Substances Control
Act) n’impose pas les mêmes règles. Les projets de PTCI disponibles
indiquent qu’il contiendra des dispositions ayant trait à la protection
de l’environnement et au développement durable. Cependant, comme
mentionné, il n’y a pas d’égalité des armes entre les dispositions sur
l’environnement et celles qui visent à protéger les investissements.
Ces dernières, dans le PTCI, ont l’avantage d’un mécanisme spécifique
pour leur exécution, le SJI. Il n’existe pas de mécanisme équivalent
pour les dispositions sur le développement durable. Par conséquent,
dans la pratique les dispositions sur la protection des investissements
l’emporteront sur celles relatives au développement durable. L’accord
prévoit de puissantes mesures visant à dissuader les gouvernements
d’enfreindre les dispositions sur la protection des investissements,
mais il ne prévoit aucune mesure analogue concernant les dispositions
sur le développement durable. De fait, les dispositions sur la protection
des investissements exerceraient une pression sur les gouvernements
afin qu’ils prennent leurs distances avec leurs engagements en faveur
du développement durable craignant les poursuites juridiques via
les mécanismes d’arbitrage prévoyant l’octroi de compensations.
3.2.2. PTCI et santé publique
28. La santé publique est définie
comme «la science et l’art de la prévention des maladies, de la prolongation
de la vie et de la promotion de la santé grâce aux efforts concertés
de la société»
. Les Etats membres doivent veiller
à ce que des intérêts commerciaux ne prévalent pas sur la protection
de la santé publique.
29. Le chapitre du PTCI relatif à l’industrie pharmaceutique contient
des dispositions visant à réduire le coût total des médicaments
de 4 % pour les exportations des Etats-Unis et de 5 % pour celles
de l’Union européenne, en alignant les réglementations actuelles
et à venir. D’ailleurs, la suppression des droits de douane sur
le commerce des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux
entre les Etats-Unis et l’Union européenne est déjà garantie par
l’Accord sur l’élimination des droits de douane pour les produits pharmaceutiques
(1995). Néanmoins, les sociétés internationales affirment que les
barrières non tarifaires (BNT) restent élevées, du fait de la persistance
de diverses normes et réglementations non harmonisées.
30. Toutefois, si les BNT peuvent inclure les coûts de duplication
des procédures, ainsi que les coûts des retards liés aux conditions
d’approbation, elle jouent également un rôle dans l’amélioration
de la santé publique et sauvent des vies. Il est à mentionner qu’une
étude systématique de l’université d’Harvard a montré que lorsque
la durée des études d’autorisation de mise sur le marché des médicaments
était réduite de dix mois, cela entraînait des augmentations de
18 % des réactions indésirables graves, de 11 % des hospitalisations
et de 7,2 % des décès
. De plus, la Commission européenne
estime que les réactions indésirables aux médicaments tuent près
de 200 000 Européens chaque année
. L’efficience commerciale
ne devrait pas prévaloir sur la préservation de vies humaines.
31. L’Europe est fière des progrès qu’elle a accomplis concernant
une réglementation plus stricte de l’Union européenne sur les essais
cliniques. La réglementation adoptée oblige les laboratoires à publier
les rapports d’essais cliniques pour les médicaments autorisés sur
le marché de l’Union européenne, ce qui renforce les possibilités
de contrôle public des médicaments et entraîne une plus grande transparence
dans le secteur médical. Insistant sur l’importance des secrets
d’affaires et de la protection de la confidentialité commerciale, les
dispositions pertinentes du PTCI peuvent restreindre la divulgation
des données sur les essais cliniques, de sorte que les essais positifs
seraient publiés et les essais négatifs passés sous silence. En
outre, les dispositions sur les secrets d’affaires restreindraient
la protection des «donneurs d’alerte» vis-à-vis des risques liés
à la divulgation. Il est de la plus haute importance que le PTCI
ne revienne pas sur les avancées positives en matière de réglementation
des essais cliniques.
32. L’un des objectifs des négociations du PTCI est de maintenir
et promouvoir de solides dispositifs de droits de propriété intellectuelle
(DPI) et des niveaux effectifs de protection de la propriété intellectuelle
dans l’Union européenne et aux Etats-Unis. Malgré ses implications
positives pour le commerce international, la poursuite d’un tel
objectif pourrait aboutir à limiter l’accès à des médicaments vitaux:
les changements relatifs aux DPI pourraient entraîner de plus longues
périodes de monopole, des prix plus élevés sur les médicaments et
l’apparition de nouveaux médicaments n’ayant qu’une valeur thérapeutique
limitée
. Dans le même temps, cela
nuirait à la production de produits génériques
vendus à un prix
raisonnable, et il serait plus difficile aux patients d’obtenir
des traitements abordables. Ces dispositions révèlent une influence
du lobby industriel sur les négociations menées à huis clos.
33. Le PTCI traite des questions de sécurité alimentaire et de
santé animale et végétale dans un chapitre sanitaire et phytosanitaire
(SPS) distinct. De nombreuses organisations internationales travaillent
sur la question de la sécurité alimentaire. Par exemple, l’ONU publie
le «codex alimentarius», destiné à contribuer à la sécurité, la
qualité et l’équité du commerce alimentaire international. Le PTCI
pourrait modifier les règles du fait d’une incohérence entre les
définitions du «codex alimentarius» et celles qui sont énoncées
dans le PTCI, car ce serait alors les définitions de l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) qui prévaudraient. Certaines inquiétudes
viennent d’une possible libéralisation de l’utilisation d’hormones
ou de promoteurs de croissance pour les animaux et de celle des
organismes génétiquement modifiés (OGM), pour lesquels des restrictions existent
actuellement en Europe.
34. Les produits cosmétiques incluent un large éventail de marchandises,
tels les dentifrices, les produits de protection solaire et les
crèmes pour enfants. Le PTCI vise à harmoniser les tests de sécurité,
les évaluations scientifiques de sécurité et l’étiquetage des produits,
tout en réduisant le temps nécessaire pour tester et approuver les
nouveaux produits. Cependant, les considérations d’harmonisation
et de rapidité ne doivent pas aboutir à l’abaissement des normes
existantes à des niveaux communs ni faire obstacle aux essais sur
les innovations qui améliorent la sécurité avec le temps. L’un des
principaux points à évoquer pendant les négociations serait la teneur
de la liste des substances autorisées et interdites dans les produits
cosmétiques, qui diffère largement entre les Etats-Unis et l’Union
européenne
. L’utilisation du principe de précaution pourrait
être adoptée pour garantir la sécurité publique avant tout.
3.2.3. Droits du travail
35. Concernant les dispositions
des projets de documents du PTCI relatives aux droits du travail,
nous pouvons considérer que les Etats-Unis et l’Union européenne
utilisent des modèles relativement obsolètes, qui ne répondent pas
pleinement aux problèmes auxquels les salariés sont confrontés dans
des économies en mutation rapide
. Les négociateurs doivent être encouragés
à remplacer les anciens modèles commerciaux par de nouveaux modèles
fondés sur la transparence, la démocratie et de puissantes normes
ayant trait au travail. Leur rôle d’impulsion devrait consister
à rédiger un accord commercial qui accorderait une importance égale
à la protection des droits sociaux fondamentaux et à la réduction
des droits de douane et des obstacles techniques au commerce.
36. Les inquiétudes tiennent essentiellement au fait qu’à la différence
de l’Union européenne les Etats-Unis n’ont pas ratifié les conventions
principales de l’Organisation internationale du travail (OIT)
. Actuellement, dans le modèle commercial
des Etats-Unis, les chapitres relatifs au travail se limitent aux
principes énoncés dans la Déclaration de 1998 de l’OIT relative
aux principes et droits fondamentaux au travail. Cela permet aux Etats-Unis
de conserver une législation et une réglementation non conformes
aux conventions de l’OIT. Nous pouvons conclure que le fait de limiter
le PTCI à la Déclaration susmentionnée pourrait donner aux Etats-Unis un
avantage discriminatoire concernant les marchés du travail (à la
condition que les pays européens n’assouplissent pas leurs normes
relatives au travail afin de les harmoniser avec celles des Etats-Unis),
ce qui nuirait à la compétitivité.
37. Un chapitre sur le travail, au sein du PTCI et de l’AECG,
devrait inclure des normes telles que définies dans les conventions
et la jurisprudence de l’OIT, ce qui harmoniserait les efforts visant
à respecter des normes internationales uniformes et élevées. Une
telle approche éviterait que ces normes soient vidées d’une bonne
partie de leur substance, tout en éliminant les ambiguïtés et en
facilitant la compréhension de ce chapitre par les futurs signataires.
Les négociateurs devraient aussi poser comme condition à la participation de
chaque pays son adoption, sa mise en œuvre et son exécution effective
des droits humains fondamentaux reflétés par les conventions et
la jurisprudence de l’OIT
.
38. L’OIT devrait aussi être associée à la mise en œuvre des engagements
relatifs au travail par le biais de ses activités de coopération,
qui portent principalement sur l’assistance technique et la capacité
institutionnelle des partenaires commerciaux. Les commentaires des
mécanismes de contrôle de l’OIT peuvent être utilisés pour identifier
certains problèmes critiques que la coopération technique peut résoudre
.
3.3. Déréglementation
des services publics et de la passation de marchés publics
39. Une brève analyse des versions
du texte du traité connues jusqu’à présent montre que le PTCI pourrait menacer
gravement les services publics européens. Qu’il s’agisse de santé
ou d’éducation, de protection sociale ou d’autres domaines, les
services publics ont toujours été un secteur national, ce qui exige
qu’ils soient dûment réglementés par l’Etat. Le profit n’étant pas
leur objectif premier, ils peuvent souvent proposer des prix plus
abordables. Selon les termes du PTCI, non seulement de nombreux
services publics seraient ouverts à la commercialisation et la libéralisation,
mais ils seraient aussi exposés à une compétition internationale
croissante, tandis qu’il deviendrait plus difficile de revenir sur
les privatisations et la déréglementation.
40. Fondamentalement, les gouvernements seraient encouragés à
externaliser les services publics auprès d’entreprises privées,
ce qui serait une mesure difficilement réversible sans pénalité
financière. Par exemple, la compagnie d’assurance néerlandaise Achmea
a poursuivi la République slovaque pour être revenue sur les politiques
de privatisation de la santé du gouvernement précédent et a reçu
€22 millions d’indemnisation au titre des dispositions sur les droits
des investisseurs contenues dans un traité bilatéral d’investissement.
La menace des actions judiciaires peut contraindre les décideurs
politiques à ne pas promulguer de nouvelles lois et réglementations
qui, bien qu’étant d’intérêt public, pourraient avoir un impact
sur les investisseurs étrangers. La clause de stabilisation proposée
dans le PTCI lierait un Etat à ses normes de déréglementation, même après
une éventuelle dénonciation du traité. Cette clause prévoit que
les dispositions de protection des investissements continueront
de s’appliquer (pour tout investissement effectué alors que le traité
était en vigueur) jusqu’à 20 ans après la dénonciation du traité
par un Etat. Cela signifie que le PTCI et l’AECG lieront les Etats
même lorsqu’ils ne seront plus Parties aux traités et donc compromettraient
profondément leur souveraineté.
41. Les négociations du PTCI sont l’occasion de lever les derniers
obstacles, dans le secteur de la passation de marchés publics, s’opposant
à ce que les entreprises de l’Union européenne proposent des offres
pour un plus large éventail des produits et services achetés par
les pouvoirs publics des Etats-Unis et à ce qu’elles soient sur
un pied d’égalité avec les entreprises américaines. A l’heure actuelle,
les Européens estiment que les marchés publics européens sont ouverts
à 85 %, au lieu de 32 % pour ceux des Etats-Unis
. Les appels d’offres de l’Union
européenne sont plus transparents du fait que tous les niveaux de
la passation de marchés publics sont couverts par des règles uniformes
de l’Union européenne. En comparaison, l’Accord sur les marchés
publics (AMP) de l’OMC ne couvre pas intégralement les appels d’offres
des Etats et des villes aux Etats-Unis, et les procédures applicables
varient d’un Etat à l’autre. La principale difficulté liée au PTCI,
en matière de marchés publics, serait d’obtenir des autorités infra-fédérales
qu’elles acceptent d’être couvertes par des règles qui rendraient
ces marchés plus transparents pour les prestataires européens potentiels
et exempts de dispositions favorisant les prestataires locaux (par
exemple la Buy American Act)
.
4. Conclusions
et recommandations
42. Il est estimé que le PTCI,
en tant qu’accord commercial entre les plus grandes économies mondiales, présenterait
pour les deux partenaires des avantages économiques s’élevant à
0,5 % du PIB, bénéfices dont la répartition ne serait cependant
pas équitable. Le défi est de garantir que ces bénéfices, faibles
mais significatifs, respectent et protègent pleinement les droits
humains, l’Etat de droit et la démocratie, et que les négociations
soient transparentes et examinées publiquement pour que l’intérêt
public prime sur les intérêts commerciaux. De plus, le partenariat
devrait stimuler les deux économies et améliorer également la santé humaine
et l’état de l’environnement, plutôt que de leur porter atteinte,
de part et d’autre de l’Atlantique. S’il est convenablement rédigé,
en y incorporant les exigences de l’environnement, de la santé publique
et des droits humains, il pourrait servir à l’élaboration d’un modèle
pour le commerce mondial.
43. Un accord commercial solide et dynamique et mutuellement bénéfique
doit garantir le développement durable, parallèlement à des règles
internationales de renforcement du commerce qui favorisent le bien-être environnemental,
social et humain. Plutôt que d’accorder des privilèges aux multinationales,
l’accord doit garantir leur responsabilité, notamment social, au
moyen d’une protection contraignante de notre santé publique, de
l’environnement et des droits humains et sociaux. Il est de la plus
haute importance, dans le processus d’harmonisation des normes,
que le respect des normes les plus élevées soit considéré comme
une priorité.
44. Malheureusement, tout indique à l’heure actuelle que le PTCI
et les autres accords commerciaux «de nouvelle génération», y compris
l’AECG, risquent de déréglementer les produits controversés et dangereux, d’affaiblir
les normes en vigueur et de peser sur les décisions politiques.
L’Assemblée parlementaire devrait par conséquent recommander que
les négociateurs européens soient extrêmement attentifs à ce que
les dispositions de tels instruments relatives à l’environnement,
à la sécurité alimentaire, à la santé publique, aux droits humains
et à la protection des consommateurs soient formulées avec précision,
afin que toutes les parties soient en mesure de maintenir les normes
les plus élevées qu’elles jugent nécessaires et adéquates. Il est
aussi capital que les négociations soient ouvertes à l’examen des
parlementaires élus démocratiquement, tant au niveau européen que
national, et qu’elles fassent l’objet d’une ratification par les
parlements nationaux dans la mesure où elles portent sur des compétences
partagées.