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Résolution 2142 (2017)
La crise humanitaire à Gaza
1. L’Assemblée parlementaire est extrêmement
préoccupée par la dégradation de la situation humanitaire à Gaza
et l’absence de mesures significatives prises par la communauté
internationale et toutes les parties concernées pour mettre fin
aux souffrances des personnes qui vivent sur ce territoire.
2. Depuis l’opération militaire menée par l’armée israélienne
à Gaza en 2014, la situation s’est considérablement aggravée: plus
de 2 200 personnes (dont 551 enfants) sont mortes, des civils pour
la plupart; plus de 11 000 personnes ont été blessées; plus de 12
620 logements ont été totalement détruits et 6 455 gravement endommagés;
et 28 % de la population de Gaza a été déplacée.
3. Le blocus imposé depuis neuf ans à Gaza par Israël et l’Égypte
est une punition collective infligée à sa population, en violation
des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Quelque
75 000 personnes sont toujours déplacées et 43 % de la population
de Gaza est au chômage, un chiffre qui atteint 60 % chez les jeunes.
Au total, 80 % de la population dépend de l’aide humanitaire. Le
territoire de Gaza souffre d’une alimentation insuffisante en électricité
et d’un manque d’eau potable. Selon un rapport récent de la Conférence des
Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les
graves dommages à l’aquifère côtier et la dégradation globale de
l’environnement risquent de faire de Gaza un lieu invivable d’ici
à 2020.
4. La crise humanitaire se caractérise également par l’état précaire
des systèmes de santé et d’éducation publics. La destruction d’hôpitaux
et le manque de médicaments et de matériel médical ont entraîné
une augmentation significative des maladies chroniques et des cas
de cancer ainsi qu’un besoin urgent d’un plus grand nombre de centres
médicaux. De nombreuses écoles ont été détruites ou endommagées
et d’autres sont utilisées comme refuges d’urgence pour les personnes
déplacées.
5. L’Assemblée rappelle sa Résolution
1940 (2013) sur la situation au Proche-Orient et réitère
sa position constante, selon laquelle seule une solution négociée
à deux États au conflit israélo-palestinien et l’interruption de
la construction de nouvelles colonies et de l’extension des anciennes
sur le territoire palestinien permettront de créer le cadre nécessaire
à la normalisation de la situation humanitaire à Gaza et à la promotion
de la construction d’un État palestinien. Elle encourage le Gouvernement
d’Israël et l’Autorité nationale palestinienne à entamer des négociations
en vue d’un engagement mutuel et complet pour cette solution.
6. L’Assemblée estime que le respect du cessez-le-feu devrait
être la principale condition préalable à la normalisation de la
vie des habitants de Gaza. A cette fin, il est important d’améliorer
la coopération en matière de sécurité entre les autorités palestiniennes
et Israël, conformément aux articles pertinents de l’Accord de novembre 2005
réglant les déplacements et le passage, conclu entre l’Autorité
palestinienne et Israël.
7. Des progrès significatifs pour la reconstruction des biens
immobiliers à Gaza et la fourniture de services de base pour son
développement économique ne pourront être réalisés que dans le cadre
d’une Autorité palestinienne unie, capable d’assurer la sécurité
et la gouvernance démocratique dans les territoires palestiniens.
8. L’Assemblée estime qu’une solution rapide à la crise humanitaire
à Gaza est essentielle pour assurer la stabilité au Proche-Orient.
La levée du blocus par Israël et l’Égypte est une condition préalable
vitale à la résolution de la crise humanitaire à Gaza, et la communauté
internationale devrait la faciliter en créant les conditions de
sécurité nécessaires à la libre circulation des personnes et des
biens. Il faudrait, dans cette perspective, convoquer une nouvelle
conférence internationale pour la reconstruction de Gaza.
9. L’Assemblée estime que ses États membres, Israël et les autorités
palestiniennes devraient mettre tout en œuvre pour soulager la situation
humanitaire désespérée de la population qui vit dans la bande de
Gaza, et invite, par conséquent:
9.1. la
communauté internationale:
9.1.1. à assurer l’accès et la
fourniture de services médicaux et sociaux à la population de Gaza;
9.1.2. à fournir une solution durable concernant l’approvisionnement
en eau et en énergie à Gaza;
9.1.3. à accélérer la construction de nouvelles écoles pour faire
face à la croissance démographique;
9.1.4. à allouer les fonds nécessaires à la poursuite des projets
de reconstruction visant à fournir un logement adéquat aux personnes
déplacées à Gaza;
9.1.5. à associer les femmes des sociétés israéliennes et palestiniennes
aux négociations de paix, comme il est mentionné dans la Résolution
1325 (2000) du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes,
la paix et la sécurité;
9.1.6. à assurer une protection spéciale aux femmes, aux enfants
et aux personnes handicapées à Gaza;
9.1.7. à accorder une plus grande priorité aux actions de plaidoyer
humanitaire, notamment à la collecte de données sur tous les incidents
en lien avec des violations du droit humanitaire;
9.1.8. à exhorter les autorités tant israéliennes que palestiniennes
à réexaminer les manuels scolaires, dans l’esprit du rapport d’étude
lancé par le Conseil des institutions religieuses de Terre sainte
et publié le 4 février 2013, dans le but d’accroître l’objectivité
et d’éliminer tout contenu qui renforce de manière sélective le
récit national de chaque communauté;
9.2. les autorités israéliennes:
9.2.1. à mettre fin
au blocus de la bande de Gaza afin de garantir l’accès de la population
de Gaza aux droits de l’homme fondamentaux et inaliénables;
9.2.2. à se préparer à la levée du blocus en mettant aux normes
le point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza, et en
développant les points de passage d’Erez et de Karni;
9.2.3. à contribuer à faciliter les exportations de Gaza vers
Israël, vers la Cisjordanie et au-delà, en particulier de produits
agricoles et textiles, et à permettre aux Palestiniens de chercher du
travail en Israël;
9.2.4. à s’abstenir de bloquer ou de suspendre le transfert à
l’Autorité palestinienne des impôts et taxes dus et qui lui reviennent;
9.2.5. à augmenter la réserve d’eau douce à Gaza jusqu’à ce que
des usines de désalinisation puissent être construites;
9.2.6. à revoir la liste des matériaux dont l’importation à Gaza
est restreinte en vue d’accroître les quantités importées de matériel
autorisé – matériaux de construction, matériel informatique, véhicules
et produits chimiques pour l’agriculture et l’approvisionnement
en eau, en effectuant les contrôles appropriés pour faire en sorte
que l’ensemble de ces matériels servent seulement aux fins auxquelles
ils sont destinés;
9.2.7. à étendre la zone de pêche à 20 milles nautiques, tel
que prévu dans les Accords d’Oslo;
9.2.8. à s’abstenir de recourir à l’usage de la force sans justification
contre les civils palestiniens dans la zone tampon et les zones
de pêche;
9.2.9. à coopérer avec les rapporteurs compétents de l’Assemblée
en leur accordant l’accès au territoire de Gaza;
9.3. les autorités palestiniennes:
9.3.1. à rejeter
et à condamner les actes de terrorisme contre Israël;
9.3.2. à faire tout leur possible pour empêcher les tirs de roquettes
et la construction de tunnels vers Israël;
9.3.3. à former un gouvernement efficace et soudé, permettant
de relier les deux territoires;
9.3.4. à préparer un plan d’action pluriannuel pour la construction
d’un État palestinien;
9.3.5. à lutter contre toutes les formes de discrimination contre
les femmes et de violence liée aux questions de genre;
9.3.6. à employer tous les moyens possibles pour encourager la
santé sexuelle et reproductive des femmes, y compris l’éducation
sur les risques des mariages précoces et l’encouragement de l’espacement
des naissances;
9.3.7. à promouvoir l’autonomisation sociale et économique des
femmes;
9.3.8. à signer et à respecter un accord avec Israël concernant
l’approvisionnement en eau à Gaza.
10. L’Assemblée exhorte l’État d’Israël et l’Autorité palestinienne
à coopérer pleinement à l’examen préliminaire de la situation à
Gaza mené par la Cour pénale internationale, qui a débuté le 16
janvier 2015. Elle exhorte également ses États membres à soutenir
un éventuel examen officiel de la Cour pénale internationale, si
ses conclusions préliminaires révèlent qu’il y a un motif raisonnable
pour ce faire.
11. L’Assemblée invite également ses États membres à fournir les
ressources nécessaires à l’Office de secours et de travaux des Nations
Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)
et au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH)
pour leurs projets d’aide d’urgence à Gaza.
12. L’Assemblée considère qu’il est extrêmement important de faciliter
le travail des organisations non gouvernementales nationales et
internationales qui fournissent une aide humanitaire à Gaza, et
d’améliorer la coordination de leurs activités. Le travail des organisations
de défense des droits de l’homme devrait également être facilité.