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Résolution 2150 (2017)
La situation au Liban et les défis pour la stabilité de la région et la sécurité de l’Europe
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
sa Résolution 1520 (2006) sur
les développements récents au Liban dans le contexte de la situation
au Proche-Orient, dans laquelle elle déclarait que l’on ne pourrait
trouver une solution politique durable dans la région que par le
dialogue politique entre toutes les parties concernées et qu’elle
se jugeait particulièrement bien placée pour mener un tel dialogue
au niveau parlementaire.
2. L’Assemblée reconnaît les nombreuses spécificités qui font
du Liban un pays unique. C'est le pays qui présente la plus grande
diversité religieuse au Proche-Orient et le pays arabe avec la plus
grande population chrétienne. Le Liban est la plus ancienne démocratie
au Proche-Orient. Le pouvoir politique est partagé entre chrétiens,
sunnites et chiites selon un accord entre les communautés respectives.
Entouré de conflits, le Liban est un bon exemple de coexistence
pacifique et devrait être soutenu pour pouvoir poursuivre ainsi.
3. L’Assemblée se félicite de l’élection de Michel Aoun à la
fonction de Président du Liban le 31 octobre 2016, élection qui
a montré qu’il était possible de dégager un consensus entre les
différents partis politiques. L’incapacité à élire un président
pendant plus de deux ans et demi a paralysé le pays et l’a privé
de la possibilité de réagir aux défis auxquels doit faire face la
région.
4. L’élection de Michel Aoun, après la plus longue vacance présidentielle
de l’histoire du Liban, a mis fin à une crise constitutionnelle
qui mettait gravement en péril les équilibres fragiles sur lesquels
repose le fonctionnement de la société libanaise. La rupture de
ces équilibres porterait un coup supplémentaire à la stabilité de
la région et, pour des raisons évidentes, menacerait la sécurité
de toute l’Europe.
5. L’Assemblée se félicite de la formation d’un gouvernement
d’unité nationale le 18 décembre 2016, dirigé par le Premier ministre
Saad Hariri. L’Assemblée considère cette évolution, ainsi que l’élection
du Président Aoun, comme une étape vitale pour la stabilité du Liban.
Cela ne garantit cependant pas la résolution des autres problèmes
du pays. L’Assemblée souhaite voir la réconciliation politique se
poursuivre, en particulier dans la perspective des prochaines élections
législatives, qui devraient avoir lieu avant le 22 juin 2017.
6. Depuis le début du conflit syrien, l’Assemblée attire l’attention
sur la situation désastreuse des réfugiés. Dès 2012, elle a adopté
la Résolution 1902 (2012) sur
la réponse européenne face à la crise humanitaire en Syrie; en avril 2013,
elle a tenu un débat d’actualité sur le thème «Les réfugiés syriens
en Jordanie, en Turquie, au Liban et en Irak: comment organiser
et soutenir l’aide internationale?»; par ailleurs, elle a adopté
en juin 2013 la Résolution 1940 (2013) sur
la situation au Proche-Orient; en octobre 2013, la Recommandation 2026 (2013) sur
la situation en Syrie; en janvier 2014, la Résolution 1971 (2014) «Les réfugiés
syriens: comment organiser et soutenir l’aide internationale?» et,
en avril 2016, la Résolution 2107 (2016) sur
une réponse renforcée de l’Europe à la crise des réfugiés syriens.
Ces textes font l’inventaire des mesures que l’Assemblée estime
nécessaires pour gérer la crise des réfugiés.
7. Au cours des cinq dernières années, la situation des réfugiés
s'est aggravée et, aujourd'hui, le Liban accueille environ 1,5 million
de réfugiés syriens. Ce nombre vient s’ajouter à celui, élevé, des
autres réfugiés déjà présents, faisant du Liban le pays avec le
plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde.
8. La crise des réfugiés devient intenable pour le Liban à plusieurs
égards: les municipalités, qui doivent en assumer la responsabilité,
ne sont pas en mesure de fournir nourriture, hygiène, soins de santé
ou scolarisation, et c'est la société civile, avec l’aide des organisations
internationales, qui essaie de faire face à la situation. Une plus
grande solidarité internationale est manifestement nécessaire. La
situation économique en général est désastreuse et le taux de chômage
des jeunes est extrêmement élevé.
9. L’Assemblée remercie le Liban pour sa générosité et en appelle
à la communauté internationale, en plus des mesures déjà mentionnées
dans les textes précédents, à renforcer de toute urgence sa contribution
au soutien et à l’aide aux réfugiés présents au Liban. Les États
devraient, d’une part, augmenter leur soutien financier à la prise
en charge humanitaire sur le terrain et, d’autre part, accroître
les possibilités de réinstallation pour les réfugiés qui souhaiteraient
en bénéficier. L'Assemblée se félicite toutefois du fait que la
situation dans les camps accueillant des réfugiés palestiniens s'est
améliorée, y compris les conditions de vie et les droits légaux
des Palestiniens.
10. L’Assemblée appelle le Parlement libanais à envisager de demander
l’aide de la Commission européenne pour la démocratie par le droit
(Commission de Venise) pour la révision de la loi électorale.
11. Enfin, l’Assemblée décide de développer ses relations avec
le Parlement libanais, tout d’abord en invitant les parlementaires
libanais à suivre ses travaux et ensuite en encourageant le parlement
à envisager de demander le statut de partenaire pour la démocratie
auprès de l’Assemblée.