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Résolution 2147 (2017)
La nécessité de réformer les politiques migratoires européennes
1. L’Assemblée parlementaire est très
préoccupée par l’incapacité des dirigeants européens à trouver des moyens
d’action communs et à traiter avec efficacité la crise actuelle
des migrations et des réfugiés. Cela inclut la perte continuelle
de vies humaines en mer Méditerranée, l’inadéquation des conditions
d’accueil, le partage des responsabilités entre les États concernant
l’afflux massif de personnes, les violences aux frontières et contre
les migrants, et, en conséquence, la perte de confiance du public
dans la capacité des gouvernements et des institutions européennes
à faire face à la crise.
2. La réponse inadéquate de l’Europe au développement actuel
et à l’arrivée massive continuelle de réfugiés et de migrants a
mis en lumière les failles systémiques des instruments et des mécanismes
juridiques en vigueur. Cela inclut l’incapacité à contrôler les
frontières extérieures de l’Union européenne, le caractère inapplicable
du Règlement de Dublin dans la pratique, le dysfonctionnement des
systèmes d’asile et les divisions entre les États en fonction de
leur position politique et de leur situation géographique.
3. En outre, l’Assemblée déplore l’absence d’une vision d’ensemble
précise de la gestion des flux migratoires et de solutions durables
ainsi que le manque de débat sérieux, à l’échelon européen, sur
le phénomène migratoire dans une perspective à long terme, et ses
conséquences pour les sociétés d’accueil.
4. L’Assemblée se félicite des efforts constants de la Turquie
et de l’Allemagne pour prendre en charge la plupart des réfugiés
et des migrants irréguliers récemment arrivés sur leur territoire,
et reconnaît les efforts consentis par l'Italie et la Grèce confrontées
à l’arrivée – en tant que pays d'entrée – des principaux flux de réfugiés
et de migrants.
5. Plusieurs attentats terroristes récents commis par des réfugiés
ou des demandeurs d’asile soulèvent des questions de sécurité.
6. Un autre sujet de préoccupation est que l’intégration culturelle
et sociale est parfois un échec, augmentant le risque de radicalisation
de certains jeunes d’origine immigrée, y compris de deuxième et troisième
générations.
7. En outre, l’Assemblée souligne que le droit et l’obligation
de protéger les frontières nationales et extérieures de l’Union
européenne ne sont pas incompatibles avec l’engagement de faire
respecter le droit humanitaire international.
8. Malheureusement, le dysfonctionnement des procédures de détermination
du statut des migrants ne permet pas de distinguer rapidement les
personnes ayant réellement besoin d’une protection internationale des
autres migrants. Cette situation, couplée à des politiques de retour
inefficaces, met à mal le concept de protection internationale et
peut conduire à des abus. L’Assemblée estime qu’il est capital de
renforcer le cadre politique et juridique existant aux niveaux national
et européen afin de garantir l’efficacité du système d’asile.
9. L’Assemblée renvoie à ses Résolution 2000 (2014) sur l’arrivée
massive de flux migratoires mixtes sur les côtes italiennes, Résolution 2088 (2016) «La
Méditerranée: une porte d’entrée pour les migrations irrégulières», Résolution 2118 (2016) «Les
réfugiés en Grèce: défis et risques – Une responsabilité européenne», Résolution 2073 (2015) «Pays
de transit: relever les nouveaux défis de la migration et de l’asile», Résolution 2109 (2016) sur
la situation des réfugiés et des migrants dans le cadre de l’Accord
UE-Turquie du 18 mars 2016, Résolution
2072 (2015) «Après Dublin: le besoin urgent d’un véritable
système européen d’asile», Résolution
2089 (2016) sur le crime organisé et les migrants, et
aux Résolution 2113 (2016) «Après
les attaques de Bruxelles, un besoin urgent de répondre aux défaillances
de sécurité et de renforcer la coopération contre le terrorisme», Résolution 2090 (2016) «Combattre
le terrorisme international tout en protégeant les normes et les
valeurs du Conseil de l'Europe» et Résolution 2093 (2016) «Attaques
récentes contre des femmes: nécessité d’une communication objective
et d’une réponse globale».
10. En conséquence, l’Assemblée appelle:
10.1. les États membres du Conseil de l'Europe:
10.1.1. à
engager un dialogue digne de ce nom avec le Haut-Commissariat des
Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et d’autres acteurs internationaux
sur l’interprétation des dispositions juridiques de la Convention
des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés, dont
les conditions de reconnaissance du statut de réfugié, ainsi que
sur la question de la définition d’un «pays tiers sûr»;
10.1.2. à intensifier leurs efforts pour trouver une solution
constructive concernant une répartition négociée de manière plus
équitable des responsabilités afin de mettre pleinement en œuvre
les conclusions de juin 2015 du Conseil européen concernant la relocalisation
et la réinstallation des réfugiés;
10.1.3. à continuer les opérations de recherche et de sauvetage
en mer Méditerranée à une échelle au moins aussi vaste qu’à l’heure
actuelle;
10.1.4. à étudier les possibilités de développer des filières
de migration légales, y compris d’augmenter la proportion de relocalisations
et d’admissions pour des raisons humanitaires ainsi que le regroupement
familial, en vue de mettre un terme aux migrations irrégulières;
10.1.5. à étudier et à promouvoir des initiatives pour renforcer
les capacités institutionnelles et normatives des pays d’origine
et de transit;
10.1.6. à réfléchir aux nouveaux défis à relever concernant les
politiques d’intégration, y compris les menaces pour la sécurité
et la radicalisation;
10.1.7. à tirer pleinement parti de la Banque de développement
du Conseil de l'Europe en matière de projets sociaux concernant
l’accueil des migrants et leur intégration.
10.2. les États membres et les institutions de l’Union européenne:
10.2.1. à garantir l’efficacité des contrôles aux frontières extérieures
en appliquant les mesures suggérées par la Commission européenne
dans sa série de propositions validées par le Parlement européen
en juillet 2016, notamment en assurant le financement et le fonctionnement d’un
nouveau corps européen de garde-frontières et de garde-côtes en
conformité avec les normes européennes et internationales qui s’appliquent
en la matière;
10.2.2. à accroître l’efficacité des politiques de retour en dotant
le bureau européen pour les opérations de retour nouvellement créé
des ressources et des moyens opérationnels nécessaires; à harmoniser
les pratiques de retour dans toute l’Europe et à envisager un partage des
coûts;
10.2.3. à étudier les moyens de mieux repérer les personnes ayant
besoin d’une protection internationale et à organiser le traitement
externe des demandes d’asile dans le cadre de procédures sûres établies
hors d’Europe dans des pays tiers sûrs, pour autant que les droits fondamentaux
des demandeurs d’asile soient garantis, comme l'a déjà recommandé l'Assemblée
dans de précédentes résolutions et conformément aux normes de l’Union européenne;
10.2.4. à apporter à la Grèce et à l’Italie un soutien financier
et matériel approprié pour garantir de bonnes conditions d’accueil
des réfugiés et des migrants et un fonctionnement des hotspots conforme
aux engagements antérieurs.
11. L’Assemblée reconnaît la nécessité d’engager d’une façon significative
un dialogue avec le Gouvernement turc pour un programme effectif
de partage du fardeau au regard de l’importance de la crise des
réfugiés à laquelle la Turquie est confrontée.
12. L’Assemblée décide de poursuivre sa réflexion sur ces questions
et de faire le bilan des progrès réalisés à l’occasion du débat
sur les migrations qui se tiendra au cours de la partie de session
de juin 2017.