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Résolution 2153 (2017)
Promouvoir l'inclusion des Roms et des Gens du voyage
1. D’après les estimations, environ
11 millions de Roms et de Gens du voyage vivraient aujourd’hui en Europe.
En moyenne, ils sont touchés de manière disproportionnée par la
pauvreté. Mauvaises conditions de vie, accès insuffisant aux soins
de santé, revenus faibles, chômage élevé et discrimination dans
l’accès à l’éducation: telle est la réalité quotidienne de nombreux
Roms et Gens du voyage. Les préjugés, les propos haineux et la défiance
qui existe entre ces groupes, la population en général et les pouvoirs
publics, sont autant de facteurs qui aggravent cette situation et
la rendent encore plus difficile à surmonter.
2. Nul ne devrait voir ses perspectives de vie déterminées par
son origine ethnique. La prise de conscience du fait que l’intégration
des Roms et des Gens du voyage est dans l’intérêt de tous conduit
de plus en plus d’États à adopter des stratégies en ce sens. Par
ailleurs, des initiatives majeures visant à promouvoir l’inclusion des
Roms et des Gens du voyage ont été prises ces dernières années par
le Conseil de l’Europe, l’Union européenne et d’autres organes régionaux.
L’Assemblée parlementaire se félicite à cet égard de la création d’un
Institut européen des arts et de la culture roms en vue de promouvoir
la compréhension de la culture et de l’histoire riches et variées
des Roms et des Gens du voyage, et de briser le cercle des préjugés,
de l’ignorance, de l’antitsiganisme et de la discrimination.
3. L’accès à l’emploi est un facteur essentiel de l’inclusion
sociale. Or, les Roms et les Gens du voyage connaissent des taux
de chômage bien plus élevés que le reste de la population. Ils sont
davantage touchés par la précarité de l’emploi, moins bien payés
et surreprésentés dans le secteur informel. Parmi les obstacles à
l’emploi des Roms et des Gens du voyage figurent leur faible niveau
de résultats scolaires et de compétences, la discrimination directe
et indirecte dont ils font l’objet sur le marché du travail, et
les stéréotypes qui persistent à leur égard, les faisant passer
pour des bénéficiaires passifs d’aides plutôt que des acteurs de
leur propre destin. L’Assemblée est toutefois convaincue que ces
barrières peuvent être franchies et que l’exclusion sociale n’est
pas une fatalité pour les Roms et les Gens du voyage.
4. Compte tenu de ce qui précède, l’Assemblée invite les États
membres du Conseil de l’Europe:
4.1. en
vue de l’amélioration des résultats scolaires et des compétences
des Roms et des Gens du voyage, à mettre en œuvre les recommandations
contenues dans la Résolution 1927 (2013) «Mettre
fin à la discrimination contre les enfants roms», et en particulier:
4.1.1. à faire en sorte que tous les enfants roms et itinérants
bénéficient d’un accès effectif à un enseignement préscolaire de
qualité;
4.1.2. à mettre fin à la ségrégation scolaire et à créer un environnement
inclusif pour ces enfants dans le système éducatif;
4.1.3. à faire en sorte que les brimades et la discrimination
ne soient pas tolérées dans le système éducatif;
4.1.4. à inclure dans les programmes visant à améliorer les résultats
scolaires des enfants roms et itinérants un travail avec les enfants
pour prévenir l’absentéisme et l’abandon scolaire, en particulier
en ce qui concerne les filles;
4.1.5. à impliquer les parents des enfants concernés dans ces
programmes; cela est particulièrement important lorsque les parents
ont eux-mêmes un faible niveau d’instruction et/ou ne font guère
confiance à un système éducatif qui les a laissés de côté;
4.1.6. à veiller à ce que les travailleurs roms et itinérants
non qualifiés et peu qualifiés aient accès à des programmes de retour
à l’éducation, de reconversion et de formation professionnelle,
et que ceux qui n’ont pas fini leur scolarité obligatoire ne soient
pas exclus de ces programmes, mais qu’ils bénéficient au contraire
d’un soutien supplémentaire pour y avoir accès;
4.2. en vue de la lutte contre la discrimination à l’égard
des Roms et des Gens du voyage dans le domaine de l’emploi:
4.2.1. à veiller à ce qu’il existe des lois efficaces contre
la discrimination, prévoyant des procédures de recours accessibles
et des moyens simplifiés de prouver la discrimination (tests de
discrimination et partage de la charge de la preuve), associées
à des sanctions dissuasives à l’égard des employeurs dont il a été
établi qu’ils ont agi de manière discriminatoire;
4.2.2. à dispenser une formation sur la lutte contre la discrimination
aux membres de toutes les professions juridiques et à mener des
campagnes de sensibilisation pour que les employeurs connaissent
leurs obligations en la matière;
4.2.3. à mettre en œuvre des mesures de renforcement des capacités
pour garantir que les Roms et les Gens du voyage ont un accès effectif
aux voies de recours existantes;
4.3. en ce qui concerne la promotion active de l’égalité d’accès
à l’emploi pour les Roms et les Gens du voyage:
4.3.1. à
imposer aux employeurs publics et privés l’obligation légale de
s’assurer de la diversité de leurs équipes et d’en rendre compte,
d’encourager les candidatures de groupes sous-représentés et de
veiller à ce que leurs pratiques en matière de formation et d’avancement favorisent
aussi l’inclusion;
4.3.2. à inclure des critères d’égalité dans les procédures de
marchés publics;
4.3.3. à concevoir et à mettre en œuvre des programmes visant
à accroître l’employabilité immédiate et à long terme des Roms et
des Gens du voyage par une aide et un accompagnement individualisés,
tenant compte de la personne et du contexte, ainsi qu’à travailler
avec les employeurs pour adapter l’offre de main-d’œuvre à la demande;
4.3.4. à faire en sorte que les politiques actives du marché
du travail visent plus que la simple réinsertion à court terme au
sein des structures de travail et qu’elles prévoient des possibilités
de formation et/ou d’acquisition de qualifications qui favoriseront
l’intégration des personnes concernées dans le segment primaire
du marché du travail; les emplois fournis dans le cadre de ces programmes
doivent également être attribués en toute impartialité et être suffisamment
bien rémunérés pour contribuer à briser le cercle de la pauvreté;
4.3.5. lors de la mise en place de mesures pour promouvoir le
travail indépendant et l’entrepreneuriat, à veiller à ce qu’une
formation adéquate en matière de gestion financière et commerciale
soit proposée aux Roms et aux Gens du voyage concernés, et à les
accompagner tout au long du processus de création d’entreprise ou
de régularisation et de formalisation de leur activité.
5. L’Assemblée demande également aux États membres:
5.1. d’incorporer des mesures de
lutte contre l’antitsiganisme et contre les préjugés et les stéréotypes dans
toutes leurs initiatives visant à promouvoir l’inclusion des Roms
et des Gens du voyage, et de favoriser, au sein de ces groupes,
un sentiment d’identité positif et la mise en avant de modèles auxquels
les jeunes générations pourront s’identifier;
5.2. d’associer directement les représentants des Roms et des
Gens du voyage à toutes les étapes de la conception, de la mise
en œuvre et de l’évaluation des politiques, des stratégies et des programmes
visant à promouvoir leur inclusion;
5.3. de veiller à ce que les périodes de financement de ces
programmes permettent une planification à moyen et à long termes,
et d’éviter de faire dépendre ces programmes d’un financement de
courte durée nécessitant un renouvellement constant;
5.4. d’encourager les pouvoirs locaux et de leur fournir un
soutien financier substantiel pour participer activement à la promotion
de l’inclusion des Roms et des Gens du voyage, par la mise en œuvre
de programmes allant dans ce sens et par l’établissement d’un dialogue
avec les communautés locales de Roms et de Gens du voyage pour établir
un climat de confiance et favoriser de bonnes relations entre ces
communautés et la société dans son ensemble; à cette fin, il faut
également mettre en place une politique de logement appropriée;
5.5. de procéder, dans le respect de la réglementation applicable
en matière de protection des données, à la collecte des données
nécessaires pour permettre la conception de programmes adaptés de
promotion de l’inclusion des Roms et des Gens du voyage et une évaluation
fiable de leur impact;
5.6. de promouvoir une meilleure connaissance de la culture
et de l’histoire des Roms et des Gens du voyage, et de s’employer
activement en faveur de la reconnaissance de leur identité en vue d’améliorer
la coexistence interculturelle;
5.7. de contribuer à la visibilité et à la reconnaissance des
femmes et filles, parmi les Roms et les Gens du voyage, comme jouant
un rôle central dans le développement de leurs communautés.
6. Enfin, l’Assemblée invite les parlements nationaux à se mobiliser
contre l’antitsiganisme et toutes les formes de racisme et d’intolérance,
notamment par la participation à des réseaux tels que l’Alliance parlementaire
contre la haine.