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Résolution 2247 (2018)
Protéger et promouvoir les langues des signes en Europe
1. Les langues des signes sont les
langues naturelles de millions de personnes à travers le monde.
Elles sont un moyen de communication et un vecteur d’inclusion des
personnes sourdes au sein de la société. Cependant, peu d’États
ont reconnu les langues des signes comme des langues officielles,
et l’accès à l’éducation et aux services publics en langues des
signes reste limité.
2. L'Assemblée parlementaire estime que la reconnaissance officielle
des langues des signes peut changer la donne en matière d'accès
à l'éducation, aux services publics, à l'emploi et à la participation
à la vie politique. Elle rappelle sa Recommandation 1492 (2001) sur les
droits des minorités nationales, notamment son paragraphe 12.xiii
relatif aux langues des signes, et sa Recommandation 1598 (2003) sur la
protection des langues des signes dans les États membres du Conseil
de l’Europe, dans laquelle elle reconnaît les langues des signes
comme «l’expression de la richesse culturelle européenne» et est
d’avis que «la reconnaissance officielle de ces langues aidera les
sourds à s’intégrer dans la société et à accéder à la justice, à l’enseignement
et à l’emploi». Elle rappelle également sa Résolution 2155 (2017) «Les droits
politiques des personnes handicapées: un enjeu démocratique», qui
appelle à la reconnaissance officielle des langues des signes.
3. La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes
handicapées, qui est la référence internationale en matière de protection
des droits des personnes handicapées et de garantie de leur inclusion, appelle
à la reconnaissance officielle des langues des signes et à l’accès
à l’interprétation en langue des signes dans les services publics.
4. L’Assemblée est convaincue que la reconnaissance officielle
des langues des signes est un signal de reconnaissance de la culture
des personnes sourdes et de prise en compte des aspirations de la
communauté sourde. Elle se réjouit de la publication d’une étude
empirique sur le statut des langues des signes en Europe au printemps
2019, sous l’égide de la présidence finlandaise du Comité des Ministres.
5. À la lumière de ces considérations, l’Assemblée appelle les
États membres du Conseil de l’Europe:
5.1. à reconnaître les langues des signes en tant que langues
officielles, si tel n’est pas déjà le cas, dans la Constitution
ou par une loi spécifique;
5.2. à assurer l’accès des personnes sourdes aux services publics
en fournissant une interprétation en langue des signes;
5.3. à assurer une éducation inclusive, à proposer une éducation
en langue des signes aux enfants sourds et une interprétation en
langue des signes si nécessaire;
5.4. à former les enseignants aux langues des signes;
5.5. à proposer des cours de langue des signes aux parents
et aux fratries d’enfants sourds;
5.6. à soutenir la formation et le recrutement d’interprètes
en langues des signes qui accompagneraient les personnes sourdes;
5.7. à soutenir la création et la diffusion de programmes culturels
en langues des signes, et à diffuser des programmes télévisés avec
une interprétation en langue des signes;
5.8. à soutenir l’enseignement des langues des signes au-delà
de la communauté sourde, y compris dans les crèches;
5.9. à soutenir la recherche et le développement de technologies
d’assistance aux personnes sourdes;
5.10. à apporter leur soutien au Centre européen pour les langues
vivantes du Conseil de l’Europe, notamment à ses activités concernant
les langues des signes;
5.11. à fournir, sur une base volontaire, des informations sur
l’utilisation et la protection des langues des signes au Comité
d’experts de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (COMEX),
qui pourront être utiles en cas de discussions sur ce sujet à l’avenir;
5.12. à lancer des campagnes de sensibilisation afin de déconstruire
les stéréotypes négatifs relatifs aux personnes sourdes et à célébrer
la Journée internationale des langues des signes le 23 septembre en
proposant des actions visant à promouvoir les langues des signes.
6. L’Assemblée appelle les parlements nationaux à assurer une
interprétation en langues des signes des débats et leur diffusion
à la télévision et sur internet.
7. Elle appelle également les partis politiques à assurer une
interprétation en langues des signes de leurs congrès et grandes
conférences, afin de garantir la participation des personnes sourdes
à ces événements et de les encourager à participer à la vie politique.
8. L’Assemblée salue les actions de promotion et de protection
des langues des signes, entreprises par les organisations non gouvernementales,
et appelle à leur soutien.