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Résolution 2265 (2019)
Promouvoir la démocratie en développant l’économie de marché: le modèle de la BERD fonctionne-t-il?
1. Quatre ans après son dernier débat
sur les activités de la Banque européenne pour la reconstruction
et le développement (BERD), et vingt-six ans après l’échange de
lettres entre son Président et celui de la BERD, l’Assemblée parlementaire
souhaite évaluer la coopération entre la BERD et le Conseil de l’Europe.
Cette coopération repose aussi sur l’accord de coopération passé
avec le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe et sur le Mémorandum
d’accord signé avec la Banque de développement du Conseil de l’Europe.
2. La BERD a été fondée en 1991 en réponse à la chute du rideau
de fer pour «faciliter la transition vers des économies ouvertes
fonctionnant selon les lois du marché, et pour promouvoir l’initiative
privée et l’esprit d’entreprise dans (...) les pays qui s'engagent
à respecter et mettent en pratique les principes de la démocratie pluraliste,
du pluralisme et de l'économie de marché». Elle est considérée comme
une institution financière unique en son genre en raison de son
engagement explicite en faveur de la promotion de la démocratie
et de l’ouverture des marchés dans les économies où elle investit.
3. Dans l’accord de coopération conclu entre le Conseil de l’Europe
et la BERD en 1992, les deux organisations sont convenues d’échanger
des informations, en particulier en ce qui concerne le suivi et l’appréciation
du développement de la démocratie en Europe centrale et orientale.
L'Assemblée soutient les activités de la BERD en assurant un suivi
parlementaire de ses opérations d’un point de vue politique.
4. Au fil des vingt-huit dernières années, le succès des investissements
de la BERD dans les économies en transition a fait que la demande
relative à son expertise a de loin dépassé les frontières de l’Europe
centrale et orientale. La BERD a ainsi progressivement étendu la
région de ses opérations aux économies d’Asie centrale, à la Mongolie,
à la Turquie, à la région du sud et de l'est de la Méditerranée
(SEMED), à Chypre, à la Grèce et, tout récemment, à la Cisjordanie
et à Gaza. Elle est maintenant active dans près de 40 pays.
5. L’Assemblée se félicite de la coopération directe et indirecte
continue entre la BERD et la Banque de développement du Conseil
de l’Europe, et elle encourage les deux institutions à poursuivre
cette coopération. Elle se félicite également de sa propre coopération
régulière avec la BERD, tout en notant que des progrès restent encore
à faire.
6. L’Assemblée note avec intérêt qu’en 2016 la BERD a mis à jour
ses mesures de transition, qui précisent comment elle s'acquittera
de sa mission de développement d'économies de marché. Selon cette
nouvelle vision de la transition, fondée sur une approche plus globale,
qui reconnaît que la transition ne se limite pas à la construction
des marchés et du secteur privé, une économie de marché saine doit
être compétitive, mais aussi inclusive, bien gouvernée, respectueuse
de l’environnement, résiliente et intégrée.
7. La BERD investit dans des pays peu mobilisés en faveur des
principes de la démocratie pluraliste et du pluralisme, estimant
qu’à long terme une convergence entre réformes économiques et réformes
politiques est inévitable. Elle a, à ce jour, de nombreuses données
et a tiré une grande expérience concernant ces pays, mais aucune
conclusion n’a été tirée sur la vérification de ce postulat. En
2013, déjà, la BERD déclarait que la communauté internationale du
développement devrait faire preuve de patience et de persévérance
dans son soutien aux objectifs de transition à long terme, ainsi
qu’aux institutions qui ont le plus de chances d’y contribuer. Il
reste cependant à connaître exactement pendant combien de temps
encore la communauté internationale devra se montrer patiente, et
à quelle durée finalement correspond le «long terme».
8. Notamment, il reste à déterminer si les activités menées par
la BERD pour développer l’économie de marché dans ses pays d’opération
ont permis de promouvoir la démocratie, et, si oui, dans quelle
mesure. Aussi l’Assemblée encourage-t-elle la BERD à approfondir
les recherches sur les éventuels liens entre ses investissements
et l’évolution de la démocratie dans ses pays d’opération, et à
rendre publics les résultats de ces recherches.
9. L’Assemblée salue l’amélioration de la fréquence des publications
de la BERD, qui sont également plus complètes. Elle note cependant
que des progrès restent à faire dans la mesure où la BERD ne publie
toujours pas certaines informations, notamment celles relatives
à la performance. Celles-ci permettraient de mieux évaluer l’impact
des investissements sur les progrès en matière de démocratie.
10. L’Assemblée note que, sur les huit pays qui devaient atteindre
le stade de la «gradation» à l’horizon 2010, un seul y est parvenu
et que les échéances suivantes n’ont pas, non plus, été respectées.
Elle appelle la BERD à clarifier sa politique concernant la gradation,
les critères exacts qu’elle applique à cet égard et ce qui empêche
actuellement les pays de les remplir et d’accéder ainsi à ce statut.
11. L’Assemblée parlementaire décide de poursuivre son suivi des
activités de la BERD en termes de valeur ajoutée politique et de
procéder à une nouvelle évaluation politique de ses activités lorsque
cela s’avérera approprié.