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Résolution 2268 (2019)
La coopération pour le développement: un outil de prévention des crises migratoires
1. Le XXIe siècle
confronte les pays en développement, en particulier sur le continent
africain, à des défis toujours plus importants, liés à la croissance
démographique, au changement climatique et à l’instabilité politique,
ainsi qu’à l’insuffisance des infrastructures, et exacerbés par
la fracture numérique. Ces phénomènes se sont notamment traduits
par le déplacement massif de populations, tant sur le continent
que vers l’Europe.
2. Motivés par des considérations humanitaires, mais aussi par
la reconnaissance que les marchés de biens et les réserves de ressources
naturelles indispensables que ces pays représentent nécessitent
des sociétés stables et le maintien d’un certain niveau de vie,
les pays européens ont toujours apporté un soutien important aux
régions sous-développées. Les liens économiques et culturels avec
les anciens protectorats et colonies jouent souvent un rôle dans
la définition des préférences. Ces dernières années, comme le note l’Organisation
de coopération et de développement économiques (OCDE), le financement
du développement a régulièrement augmenté.
3. Les travaux des organisations internationales, en particulier
des Nations Unies, ont beaucoup contribué à changer l’attitude des
donateurs et des bénéficiaires en transformant la notion d’aide
en approches multisectorielles qui impliquent une véritable coopération
pour le développement. En outre, l’élimination de la pauvreté est
au centre du Programme de développement durable des Nations Unies
à l‘horizon 2030, selon lequel le monde entier devrait s’engager
sur la voie d’un développement plus prospère et durable. En adoptant ce
programme, les États membres se sont engagés à coopérer pour faire
en sorte que les migrations se déroulent en toute régularité, dans
la sécurité et en bon ordre. Cette coopération devra aussi s’attacher
à renforcer la résilience des communautés d’accueil, notamment dans
les pays en développement. L’objectif 10 du programme vise à «réduire
les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre».
4. La coopération pour le développement a un double objectif
dans le cadre des migrations en Afrique: permettre, en premier lieu,
de donner les moyens aux pays les plus stables de gérer l’arrivée,
l’accueil et l’intégration de migrants originaires de pays limitrophes
touchés par des conflits ou par la pauvreté et, en second lieu,
donner l’espoir d’un avenir viable dans leur propre pays à des personnes
qui, dans le cas contraire, migreraient vers l’Europe. À plus long
terme, les investissements dans l’éducation, la santé et le développement
social et culturel de la communauté contribuent également à une
certaine régulation démographique, en particulier en offrant aux
femmes une alternative à leurs rôles domestiques traditionnels.
5. Les politiques de l’Union européenne en matière de développement,
fondées sur les objectifs des Nations Unies, font de l’Union européenne
et de ses États membres les pourvoyeurs de 50 % de l’aide mondiale
au développement. Le récent renforcement des mesures de sécurité
et de contrôle aux frontières, ainsi que le soutien financier apporté
aux pays pour la gestion des migrations ne doivent pas entraîner
une réduction proportionnelle des financements de la gouvernance
et des communautés locales ni réduire le budget alloué aux programmes
de développement durable.
6. Compte tenu de l’importance du développement de la coopération
pour les migrations, l’Assemblée parlementaire invite les États
membres:
6.1. au niveau international:
6.1.1. à coopérer pour réaliser les Objectifs de développement
durable des Nations Unies, en particulier l’objectif 10 «Réduire
les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre» ainsi que la cible 10.7
«Faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sans danger,
régulière et responsable, notamment par la mise en œuvre de politiques
de migration planifiées et bien gérées»;
6.1.2. à contribuer à la mise en œuvre du Pacte mondial des Nations
Unies pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, pour les
pays qui en sont signataires, et, dans ce contexte, à la mise en
œuvre des objectifs spécifiques 18, 19 et 20 sur le perfectionnement
des compétences, les conditions permettant aux migrants et aux diasporas
de contribuer pleinement au développement durable dans tous les
pays, et les envois de fonds plus rapides, plus sûrs et moins coûteux;
6.1.3. à utiliser les outils et les programmes d’organisations
internationales telles que les Nations Unies, l’OCDE et l’Union
européenne pour mieux coordonner leur coopération pour le développement,
et à évaluer les besoins et la mise en œuvre;
6.2. au niveau national:
6.2.1. à poursuivre et à intensifier
leur coopération pour le développement, et à diversifier le financement,
en mettant l’accent sur des programmes durables pour l’éducation,
la santé et les infrastructures, étant entendu que les résultats
ne peuvent produire d’effet que sur le long terme;
6.2.2. à ne pas poser de conditions à la coopération pour le
développement, telles que des retours sur investissement, l’accès
à des marchés et à des ressources ou la gestion des migrations;
ni à appliquer des «règles du bâillon» qui éliminent certaines formes
d’assistance pour des raisons idéologiques, en particulier dans
le domaine des droits des femmes aux soins de santé et en matière
de reproduction;
6.2.3. à investir en particulier dans l’éducation pour renforcer
les compétences, la résilience, l’employabilité et la capacité d’adaptation
de manière innovante des jeunes et des générations futures, et pour
aider ces derniers à comprendre les défis mondiaux actuels et à
les relever;
6.2.4. à utiliser les liens historiques et linguistiques avec
les pays en développement pour faciliter la coopération, et à tenir
compte, par ailleurs, des régions du monde, comme le Sahel, qui
sont laissées pour compte car elles n’ont pas de liens solides avec
l’Europe ni d’intérêt économique particulier;
6.2.5. à se tenir prêts à réagir rapidement à des situations
d’extrême pauvreté causées par des conflits ou par la sécheresse,
et à faire en sorte que les programmes de développement soient adaptés
aux régions et aux communautés auxquelles ils sont destinés et qu’ils
tiennent compte de leurs préoccupations, en utilisant les listes
de référence internationales pour le développement établies par
les Nations Unies et l’OCDE;
6.3. au niveau des régions et de la société civile:
6.3.1. à comprendre l’importance de projets à petite échelle
adaptés aux besoins spécifiques immédiats et, par conséquent, à
favoriser les initiatives de la société civile, les partenariats
et les échanges physiques qui bénéficient à toutes les parties sur
les plans social et culturel, et qui offrent des possibilités de
renforcement des capacités;
6.3.2. à mettre en œuvre des politiques qui encouragent et soutiennent
les organisations de la société civile et les initiatives privées
visant à coopérer avec les pays en développement, notamment les
mesures de réduction d’impôts, la facilitation des envois de fonds
et le développement des relations entre les communautés des diasporas
et leur pays d’origine.
7. En outre, l’Assemblée invite tous les États membres à œuvrer,
à l’échelle mondiale, pour limiter le changement climatique qui,
selon les estimations, obligera près de 50 millions de personnes
à quitter leur foyer dans les pays africains à l’horizon 2050.