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Résolution 2284 (2019)
Répondre aux besoins de santé des adolescents en Europe
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
que la santé est un droit humain et que des services de santé appropriés
à chaque groupe d’âge sont une composante essentielle de sociétés
solidaires et démocratiques. Elle réaffirme son engagement en faveur
du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations
Unies, notamment l’Objectif 3 – Permettre à tous de vivre en bonne
santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge.
2. L’Assemblée reconnaît que la santé des adolescents, c’est-à-dire
des personnes de 10 à 19 ans, est un secteur de développement important,
qui recouvre les questions des inégalités, du genre, du statut économique,
de la «race», de l’origine ethnique, de la religion, de la sexualité
et de la capacité physique et mentale. C’est à l’adolescence que
les comportements se façonnent et que les bases de modes de vie
sains sont posées.
3. L’Assemblée note que la lutte contre la violence est une dimension
essentielle de la santé, et elle réaffirme son engagement en faveur
de la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre
l’exploitation et les abus sexuels (STCE no 201,
«Convention de Lanzarote»), la Convention du Conseil de l’Europe
sur la lutte contre la traite des êtres humains (STCE no 197)
et la Convention sur la cybercriminalité (STE no 185),
ainsi que de la Campagne du Conseil de l’Europe «Start to talk»
(Briser le silence) pour la protection des enfants contre les abus
sexuels dans le domaine du sport.
4. L’Assemblée reconnaît qu’il est important pour les adolescents
de participer aux décisions relatives aux politiques de santé pertinentes
en vue de répondre à leurs besoins et de développer des systèmes
de santé efficaces. Les Lignes directrices du Comité des Ministres
du Conseil de l’Europe sur les soins de santé adaptés aux enfants
et d’autres outils élaborés dans le cadre de la Stratégie du Conseil
de l’Europe pour les droits de l’homme «Construire une Europe pour
et avec les enfants» et des programmes pour la jeunesse et l’éducation fournissent
des orientations utiles sur la façon de procéder.
5. Compte tenu de ce qui précède, l’Assemblée parlementaire recommande
aux États membres du Conseil de l’Europe:
5.1. s’agissant des services de santé:
5.1.1. de faire
valoir la nécessité de cibler la santé des adolescents grâce au
financement de services et d’actions de plaidoyer;
5.1.2. de veiller à ce que les services destinés aux jeunes soient
accessibles, gratuits, inclusifs, opportuns, accueillants, confidentiels
et non punitifs;
5.1.3. de garantir un nombre suffisant d’employés hautement qualifiés,
formés pour conseiller et soutenir les adolescents qui ont besoin
d’aide;
5.1.4. de reconnaître que les adolescents peuvent avoir des problèmes
de santé généraux mais aussi spécifiques, et de fournir des services
(comme des centres de santé) où les adolescents peuvent bénéficier
de conseils sur différentes questions de santé;
5.1.5. de reconnaître que certains adolescents sont particulièrement
vulnérables aux problèmes de santé – par exemple ceux suivis par
la justice pénale, les migrants, les réfugiés, les jeunes physiquement
ou mentalement handicapés, ou encore ceux qui ne vont pas à l’école ou
qui ne suivent pas de formation;
5.2. s’agissant de la recherche:
5.2.1. d’encourager
des recherches plus approfondies sur les besoins des adolescents;
5.2.2. de reconnaître le «cycle de vie» de la santé et d’aborder
chaque phase avec la même vigueur, qu’il s’agisse des recherches,
des informations ou des services;
5.3. s’agissant du gouvernement et des pouvoirs locaux:
5.3.1. de veiller à ce que la coordination entre les ministères
et au sein des structures locales soit établie ou renforcée afin
de garantir une action globale pour la santé des adolescents;
5.3.2. de prendre des mesures politiques pour réglementer l’industrie
agroalimentaire, en vue de promouvoir une alimentation saine chez
les adolescents:
5.3.2.1. par des restrictions à la commercialisation,
à la publicité et au parrainage pour les aliments et les boissons
qui sont très caloriques, ont une faible valeur nutritive ou ont
une forte teneur en sucre, en sel ou en matières grasses;
5.3.2.2. par l’adoption d’un système de classement utilisant des
«feux de signalisation» pour les aliments et les boissons;
5.3.2.3. par le renforcement des mesures fiscales à caractère incitatif
ou dissuasif, comme des taxes sur le sucre, le tabac et l’alcool;
5.3.2.4. par le renforcement des pouvoirs des collectivités locales
en ce qui concerne le contrôle de la mise en œuvre des politiques
pertinentes relatives aux aliments et aux boissons;
5.3.3. de soutenir la possibilité pour les adolescents et les
communautés où ils habitent d’influencer les décisions relatives
aux services de santé, et de les impliquer à l’échelle locale et nationale
par l’intermédiaire des pouvoirs locaux et régionaux, des organisations
non gouvernementales (ONG) et des commissaires pour les enfants;
5.4. s’agissant des autres acteurs dans le domaine de la santé:
5.4.1. d’utiliser les médias, notamment les médias sociaux et
la publicité, pour envoyer des signaux d’encouragement au public,
y compris les adolescents, afin qu’ils adoptent des modes de vie
sains;
5.4.2. d’encourager l’industrie et le secteur privé à contribuer
aux bonnes pratiques dans le cadre des initiatives en matière de
santé et en lien avec le parrainage, la publicité et la recherche;
5.4.3. de veiller à ce que les ONG qui travaillent avec les adolescents
disposent de fonds suffisants et d’autres soutiens, et à ce qu’elles
soient consultées dans le cadre de l’élaboration des politiques
locales et nationales dans le domaine de la santé;
5.4.4. de veiller à ce que les parents et les soignants participent,
selon le cas, à l’élaboration d’interventions destinées à aider
les adolescents dont ils ont la charge;
5.4.5. d’impliquer les adolescents eux-mêmes dans la conception
des services répondant à leurs besoins, lorsque cela est possible;
5.5. s’agissant des écoles et des lycées:
5.5.1. de
veiller à ce que les écoles et les lycées aient accès à des conseillers(ères), infirmiers(ères)
et des médecins spécialistes des adolescents;
5.5.2. de veiller à ce que le programme scolaire inclue des cours
obligatoires d’éducation personnelle, sociale et sanitaire, y compris
une éducation complète à la sexualité, afin de permettre aux adolescents
de faire des choix éclairés;
5.5.3. de veiller à ce que les écoles et les lycées disposent
d’un système d’accompagnement moral qui protège et soutient les
jeunes, et leur permet de bénéficier d’une assistance;
5.6. de manière générale:
5.6.1. d’agir sur les déterminants
sociaux de la santé, tels que la pauvreté, la précarité, les préjugés
et la stigmatisation, afin de lutter contre les inégalités dans
le domaine de la santé;
5.6.2. d’identifier et de partager les exemples de bonnes pratiques
et d’efficacité avérée à l’échelle locale, nationale et internationale.