1. Introduction
1. De nos jours, les tissus et
cellules d’origine humaine sont fréquemment utilisés à des fins
médicales, thérapeutiques, de chirurgie esthétique et de recherche.
Plus de 2,1 millions d’unités issues de tissus et de cellules d’origine
humaine auraient été distribués à des fins médicales au sein de
l’Union européenne en 2016

.
2. Les progrès techniques en matière de transplantation de cellules
et de tissus humains peuvent permettre de sauver des vies (greffe
de cellules souches hématopoïétiques, par exemple), de rétablir
des fonctions corporelles essentielles et d’améliorer la qualité
de vie (greffes de restitution de la cornée et / ou des ligaments
chez les patients souffrant de troubles musculosquelettiques nécessitant
une chirurgie orthopédique, par exemple), et d’aider les individus
dans leur désir de devenir parents (par exemple, par le don de gamètes
et d’embryons). Il s’agit pourtant d’un domaine relativement méconnu
de la médecine qui ouvre autant de perspectives qu’il comporte de
risques et sur lequel le public est encore très peu informé. Parallèlement,
pour être efficients, les systèmes de dons de cellules et de tissus
dépendent largement de la confiance du public. Il est essentiel
de garantir que cette confiance n’est pas aveugle et qu’elle repose
sur des informations fiables.
3. Si beaucoup de mesures ont été prises pour lutter contre les
pratiques illicites de dons d’organes, les dons d’autres produits
d’origine humaine ont fait l’objet d’une attention bien moindre.
Malheureusement, il n’existe pas à l’heure actuelle de définition
reconnue au niveau international de ce que constitue le trafic de cellules
et de tissus humains ni, par conséquent, des pratiques devant être
considérées comme illégales et passibles de poursuites judiciaires
dans ce contexte. Ce que l’on considère comme illégal dans un pays
peut être parfaitement légal dans un autre pays. Les informations
officielles relatives au trafic de cellules et de tissus humains
sont très limitées, la plupart des connaissances sur le sujet provenant
d’estimations ou de rapports de médias d’investigation.
4. En quoi consiste donc exactement le trafic de tissus et de
cellules d’origine humaine? Dans quelle mesure est-ce un problème
en Europe aujourd’hui? Et comment pouvons-nous tirer pleinement
parti des développements sans précédents de la recherche et de la
pratique médicales sans toutefois compromettre l’intérêt général
et le respect de la dignité humaine? Gardant à l’esprit ces questions,
je me pencherai sur les défis passés et actuels en matière d’utilisation
de tissus et de cellules d’origine humaine et ferai l’inventaire
des normes internationales en vigueur et des lacunes qui subsistent,
ainsi que des différents moyens de renforcer les cadres politiques.
5. J’aimerais mentionner le fait que la préparation de ce rapport
a été initiée par M. Serhii Kiral (Ukraine, CE) qui a été un membre
actif de la Commission des questions sociales, de la santé et du
développement durable durant de nombreuses années. La visite d’information
de M. Kiral auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament
et des produits de santé (ANSM) fut très utile pour connaître le
point de vue des autorités compétentes. Des informations importantes
ont été communiquées lors d’un échange de vues tenu à Paris le 13 septembre
2019, avec la participation de M. Jacinto Sánchez Ibáñez, Directeur
de l’Unité d’établissement des tissus et de cryobiologie à l’Hôpital
Universitaire d’A Coruña (Espagne), et M. Givi Javashvili, Président
du Conseil national géorgien de bioéthique, Professeur et Chef de
Département de médecine familiale à la Faculté de médecine de l’Université
d’Etat de Tbilissi (Géorgie). Des apports écrits substantiels ont
été reçus de M. Fewzi Teskrat, expert en matière de produits issus
de cellules et tissus humains (Malte). Suite aux élections qui ont
eu lieu en Ukraine en juillet 2019, M. Kiral a quitté l’Assemblée
et j’ai été subséquemment nommé rapporteur pour ce rapport le 2 octobre
2019.
6. Pour préparer le présent rapport, j’ai passé en revue des
rapports de médias, la littérature sur le sujet et des documents
des autorités compétentes de l’Union européenne et d’organes du
Conseil de l’Europe, notamment du Comité européen sur la transplantation
d’organes.
2. Définitions et portée du rapport
7. Tout d’abord, compte tenu de
la nature plutôt technique du sujet, je tiens à préciser ce que
l’on entend exactement par «tissus et cellules d’origine humaine»
et par «trafic» dans ce contexte.
8. La cellule est la plus petite unité vivante fonctionnelle
et susceptible d’être greffée (une cellule souche hématopoïétique,
un hépatocyte, un spermatozoïde ou un ovocyte, par exemple). Le
mot «cellules» désigne un ensemble de cellules d’origine humaine
non-reliées entre elles par un tissu conjonctif. Aujourd’hui, l’isolement
de cellules de la quasi-totalité des tissus organiques offre de
nouvelles possibilités thérapeutiques. Un «tissu» est un ensemble
de cellules reliées entre elles, par exemple, par des structures
conjonctives qui remplissent une fonction particulière (les cornées,
les valves cardiaques, la peau, etc.). Un «tissu» désigne toute
partie du corps humain constituée de cellules. Différents types
de cellules et de tissus peuvent être prélevés sur des donneurs
vivants ou décédés

.
9. Comme nous l’avons vu précédemment, il n’existe pas de définition
reconnue au niveau international du trafic illicite, illégal ainsi
que des activités frauduleuses portant sur les cellules et tissus
d’origine humaine. Aux fins du présent rapport, je considérerai
que de telles activités comprennent toute pratique touchant des
cellules ou tissus humains exercée en violation d’un ou plusieurs
principes directeurs tels qu’énoncés dans les instruments internationaux.
Ces principes comprennent: 1) le consentement; 2) la non-violation
de l’intégrité physique au-delà de ce qui est nécessaire; 3) le
traitement autorisé; 4) le respect des obligations juridiques; 5) le
don altruiste et l’interdiction d’un gain financier 6) la promotion
de traitements expérimentaux sans preuve de leur innocuité/efficacité

. Tout en reconnaissant qu’il n’existe
pas de définition reconnue, j’utiliserai les termes «trafic de tissus
et cellules d’origine humaine» et «activités illicites liées à des
tissus et cellules d’origine humaine» au sujet de ce type de pratiques
dans le présent rapport.
10. Il convient, en outre, de faire la distinction entre la traite
d’êtres humains et le trafic d’organes, de cellules et de tissus
d’origine humaine

. Ces deux crimes se recoupent mais
se différencient quant à leur portée. L’expression «traite d’êtres
humains» désigne «le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement
ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours
à la force ou d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude,
tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité,
ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour
obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre
aux fins d’exploitation»

. La traite d’êtres humains est une
combinaison de trois éléments – l’action (emmener quelqu’un), les
moyens (la coercition) et le but (l’exploitation). L’exploitation
d’un individu est l’aspect central d’un tel trafic.
11. Certains cas de trafic d’organes, de tissus et de cellules
résultent de la traite d’êtres humains. C’est le cas uniquement
lorsque des organes, des tissus et des cellules sont prélevés sur
des donneurs vivants (mais pas lorsqu’ils sont prélevés sur des
personnes décédées). Néanmoins, le trafic d’organes, de tissus et
de cellules n’implique pas nécessairement la traite d’êtres humains.
Par exemple, lorsque des tissus sont prélevés sur une personne décédée
sans le consentement des membres de la famille, ceci est considéré
comme étant un cas de trafic de tissus humains.
12. Alors qu’il n’y a actuellement pas de statistiques officielles
en ce qui concerne le trafic de tissus et de cellules d’origine
humaine, les experts en la matière pensent que les cas les plus
importants du trafic de tissus concernent les donneurs décédés.
13. A propos de la portée de mon rapport, j’aimerais souligner
que je vais me concentrer essentiellement sur le trafic de tissus
et de cellules d’origine humaine destinés à la transplantation et
à la recherche. Alors que l’utilisation de tissus et de cellules
dans le cadre du développement de produits médicaux peut être très
lucratif, et que d’importantes questions d’éthique sont soulevées
par les chercheurs sur ce sujet

, ceci est un sujet très complexe,
très différent de la transplantation et de la recherche. Celui-ci
nécessitera un type de réponse politique différent et mérite un
rapport séparé de l’Assemblée.
14. Finalement, ce rapport ne couvrira pas le thème du trafic
du sang et de ses dérivés, car ce sujet également très différent
et requiert une approche différente.
3. Les
scandales éthiques et sanitaires appartiennent-ils au passé?
15. Des scandales retentissants
ont éclaté par le passé à travers le monde, du fait de l’application
et d’un contrôle insuffisants des cadres juridiques ou de l’absence
de tels cadres. Ci-après figurent quelques exemples parmi les plus
frappants des quarante dernières années

,
qui montrent l’ampleur des dégâts causés, que ce soit pour en tirer
un profit financier, en raison d’un manque de diligence, ou au nom
de la science et sur la base du principe paternaliste voulant que
le médecin soit «celui qui sait».
Hôpital Alder Hey, Royaume-Uni,
1988-1995
16. En 1999, une enquête a été
lancée suite à des allégations affirmant que l’hôpital pédiatrique
Alder Hey était impliqué dans le prélèvement, le stockage et l’utilisation
non autorisés de parties de corps de patients entre 1988-1995, à
des fins de recherche. Le rapport d’enquête de 540 pages, publié
en 2001, a mis au jour une pratique de longue date consistant en
la conservation d’organes sans le consentement des proches des enfants
décédés. Cette approche était censée être mise en œuvre dans l’intérêt
des parents. Le rapport a également révélé que d’autres hôpitaux
étaient impliqués

.
La situation était plus grave dans le cas de l’hôpital Alder Hey,
car le pathologiste Dick van Velzen y avait donné l’ordre de «prélever
tous les organes de tous les enfants qui avaient subi une opération
post-mortem» au cours de la période considérée, même les enfants dont
les parents avaient expressément indiqué qu’ils ne voulaient pas
d’autopsie complète

. En conséquence d’une mauvaise gestion
du retour d’organes après l’éclatement du scandale, certains parents
ont reçu les organes de leur enfant un par un et ont dû organiser
des funérailles à trois ou quatre reprises. Le rapport d’enquête
contient des recommandations détaillées sur différents aspects de
l’affaire

. La loi de 1961 sur les tissus humains a
été révisée suite à cette affaire.
L’Human
Tissue Authority a été créée dans le cadre de loi de
2004 sur les tissus humains. En 2005, le
General
Medical Council, l’ordre des médecins britannique, a reconnu
que Dick van Velzen avait commis une faute professionnelle grave
et l’a radié de son registre.
Trafic de cadavres à New York,
États-Unis, 2000-2004
17. Fin 2005, un scandale de trafic
de cadavres à New York a secoué les États-Unis. Durant près de quatre ans,
la société
Biomedical Tissue Services (BTS)
a fourni des os et d’autres tissus «récoltés» illégalement sur 1 077
corps à
RTI Donor Services (filiale
à but non lucratif de
Regeneration TechnologiesInc. (RTI), fabricant d’implants
orthopédiques, cardiovasculaires et autres implants biologiques
basé en Floride) et à quatre autres sociétés américaines. Au cours
de cette période, la société a encaissé environ 4,7 millions USD.
Les dissections étaient pratiquées dans des locaux de pompes funèbres
à New York, Rochester, New Jersey et Philadelphie. Les formulaires
de consentement et les dossiers contenant des données personnelles
ont été falsifiés

. Lors du scandale qui a suivi, des
banques de tissus partenaires ont rappelé 25 000 produits – dont 2 000
avaient été vendus en Australie, en Corée du Sud, en Turquie, en
Suisse et dans d’autres pays

. Les malfaiteurs ont fait l’objet
de 122 chefs d’accusation de vol de cadavres, de dissection illégale,
de corruption d’entreprise, de vol qualifié, de faux et usage de
faux, entre autres infractions. Michael Mastromarino, le meneur
du réseau, a été condamné à 15 à 30 ans d’emprisonnement et a accepté
de verser 4,6 millions USD, à répartir entre les proches des victimes

.
Pratiques illicites en reproduction
humaine, Chypre et Roumanie, 2005
18. En 2005, le Parlement européen
a condamné la pratique de la clinique américano-israélienne GlobalART
en Roumanie, qui fournissait des ovocytes au Royaume-Uni, aux États-Unis
et à Israël. Les donneurs roumains ont reçu entre 100 et 250 USD
à titre de compensation financière. Au moins deux femmes roumaines
ont présenté un syndrome d'hyperstimulation aiguë de l'ovaire et
n'ont pas reçu les soins médicaux nécessaires. À peu près au même
moment, la clinique Petra à Chypre a acheté des ovocytes à des femmes d’Europe
de l’Est (envoyés par avion à Chypre pour 500 euros) et a recruté
des donneurs d’ovocytes parmi les immigrés vivant à Chypre)

.
19. Depuis lors, certains pays ont développé ou amélioré leurs
cadres juridiques et ont mis en place des procédures de suivi. Tous
les problèmes ont-ils été résolus pour autant?
4. Progrès
réalisés au niveau national: étude de cas – France
20. De nombreux pays européens
ont développé des cadres juridiques complets et mis en place des garanties
contre le trafic de tissus et de cellules d’origine humaine au cours
des dernières décennies. Au sein de l'Union européenne, des mesures
de contrôle strictes ont été introduites pour garantir la qualité
et éviter les activités illicites. Des experts ont suggéré à M. Kiral
qu'une visite d'information en France lui permettrait de se familiariser
avec la situation actuelle dans ce domaine.
21. En juin 2019, M. Kiral a rencontré des représentants de l’Agence
nationale française de sécurité du médicament et des produits de
santé (ANSM) pour discuter des derniers développements en matière
de traitement de cellules et de tissus humains. Cette agence a pris
part à un projet intitulé «Vigilance et surveillance des produits
d’origine humaine» (SoHO V&S, 2011), co-financé par l’Union
européenne et qui a abouti à l’élaboration d’orientations sur la
détection et la conduite d’enquêtes sur des activités illégales
et/ou frauduleuses (IFA) relatives aux tissus et cellules. Au cours
de sa visite, il a découvert que l’utilisation de cellules et tissus
humains pour la transplantation et la recherche était bien établie
et rigoureusement réglementée aujourd’hui en France.
22. Les directives de l'UE 2004/23/CE

,
2006/17/CE

, 2006/86/CE

et 2015/565/CE

fournissent un cadre européen commun
pour le don, l’obtention, le contrôle, le traitement, le stockage
et la distribution de cellules et de tissus humains. Ces normes
sont transposées dans la législation nationale française.
23. Le ministère français des Solidarités et de la Santé (Direction
générale de l’offre de soins) contrôle les politiques et s’assure
de leur mise en œuvre. L’obtention de produits incombe aux agences
régionales placées sous la responsabilité du ministère des Solidarités
et de la Santé. L’Agence de la biomédecine supervise, accompagne,
évalue et informe d’autres organes compétents en vue d’améliorer
l’accès aux soins et la qualité de vie des patients dans plusieurs
domaines, y compris la collecte et la transplantation de tissus
et d’organes. L’ANSM délivre des autorisations de l’obtention jusqu’à
la distribution de tissus et de cellules y compris l’importation
et l’exportation. Elle procède régulièrement à des inspections et
travaille avec les forces de l’ordre compétentes.
24. En France, l’on compte environ 70 établissements dans le secteur,
dont la moitié sont des banques de tissus (22 établissements publics
et 9 privés) et l'autre moitié, des banques de cellules (toutes
publiques). Les banques de tissus privées exportent beaucoup de
tissus hors d’Europe, principalement vers le Moyen‑Orient et l'Afrique
du Nord. Leurs activités sont néanmoins orientées principalement
vers le marché national. Des registres sont tenus conformément à
la réglementation en vigueur. Les banques de tissus publiques ont
pour objectif de répondre aux besoins du public. La tendance actuelle
est que les besoins publics restent stables alors que les exportations
augmentent. Le secteur privé est très actif en termes d'innovation.
25. D’après les interlocuteurs de l’ANSM, il y a peu de marge
pour les activités illicites et frauduleuses en France, compte tenu
d’une réglementation stricte et de l’impossibilité de monnayer les
cellules et tissus humains. De plus, les dons autologues (prélevés
sur le patient lui-même) ont priorité sur les dons allogènes (d’un
donneur au patient) dans la mesure du possible. Si les importations
étaient courantes par le passé, elles ne sont plus nécessaires aujourd'hui,
sauf pour des raisons de compatibilité entre donneur et receveur.
La France est donc largement autosuffisante et dans la plupart des
cas, ne dépend pas d'autres pays (susceptibles d’avoir des niveaux
de protection moindres contre les pratiques abusives). La coopération
au sein de l’Union européenne a permis de travailler avec des pays
ayant un niveau similaire d’assurance qualité.
26. L’ANSM a la possibilité de coopérer avec des structures extérieures
à l'Union européenne. Dans ce cas, l’établissement partenaire doit
présenter les documents nécessaires, puis un système d'évaluation
est mis en place, y compris la possibilité d'inspections.
27. La sensibilisation du public joue un rôle important dans le
renforcement de la confiance du public en matière de dons et dans
l’assurance d’une autosuffisance nationale dans le domaine. Des
campagnes de sensibilisation nationales sont organisées par l’Agence
de la biomédecine, à l’image de la Journée nationale de réflexion
sur le don d’organes et de tissus et la greffe, et de reconnaissance
aux donneurs, qui a lieu chaque année le 22 juin

.
5. Progrès
réalisés au niveau européen et international
28. Les inégalités entre les différents
pays et régions sont propices aux activités illicites et frauduleuses.
Les tissus et les cellules d'origine humaine peuvent être facilement
transportés (sans être reconnus en tant que tels), et les personnes
peuvent voyager à des fins de transplantation. Par conséquent, des
normes morales et éthiques élevées devraient être garanties non
seulement pour les tissus et cellules obtenus et utilisés dans une
juridiction, mais également pour ceux importés de (et exportés vers)
d'autres pays.
29. Il est, par conséquent, de la plus haute importance de veiller
à ce que des approches et des règles communes de base soient reconnues
et respectées dans la pratique. Alors que des normes internationales
ont été élaborées en vue de lutter contre le trafic d’organes, le
trafic cellules et de tissus humains s'est révélé plus difficile
à combattre. Néanmoins, un certain nombre de mesures importantes
ont été prises dans cette direction.
30. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) énonce des normes
internationales dans ses Principes directeurs sur la transplantation
de cellules, tissus et organes humains, portant notamment sur l’obligation
de consentement, l’interdiction de tout profit financier, l’attribution
guidée par des critères cliniques et des normes éthiques, l’autosuffisance
des pays, le don altruiste, l’égalité d’accès aux greffons, ainsi
que l’efficacité, la sécurité et la qualité

. Bien que
ces principes directeurs ne soient pas juridiquement contraignants,
ils influencent les législations nationales et les codes de pratique
professionnelle.
31. La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne énonce
le principe d’interdiction de faire du corps humain et de ses parties,
en tant que tels, une source de profit (article 3). Les trois Directives susmentionnées
de la Commission européenne établissent le cadre juridique régissant
le don, les banques et l’utilisation de tissus au sein de l’Union
européenne. Ces Directives donnent des orientations utiles et influencent
considérablement l’élaboration des législations nationales; il appartient
cependant aux États membres de les mettre en œuvre.
32. La Convention du Conseil de l’Europe sur les droits de l’homme
et la biomédecine (Convention d’Oviedo, STE n° 164), ouverte à la
signature en 1997, a réaffirmé le principe selon lequel le corps
humain et ses parties ne doivent pas être source de profit, défini
les exigences de consentement et instauré l’obligation de veiller
à la tenue d’un débat public. À ce jour, 29 États membres du Conseil
de l’Europe sont liés par ses dispositions. En ce qui concerne les
gains financiers, il convient de mentionner la publication récente
d'un «Guide pour la mise en œuvre du principe d'interdiction des
gains financiers pour le corps humain et ses parties provenant de
donneurs vivants ou décédés», qui a été préparé pour soutenir la
mise en œuvre de la Convention d'Oviedo

.
33. Un Protocole additionnel à la Convention d’Oviedo relatif
à la transplantation d’organes et de tissus d’origine humaine (STE
n° 186) a été ouvert à la signature en 2002. À ce jour, 15 États
membres du Conseil de l’Europe sont liés par ses dispositions. Le
Protocole concerne la transplantation (mais non la recherche ou l’élaboration
de produits médicaux). Il porte à la fois sur les tissus et les
cellules. Toutefois, le Protocole additionnel n’est pas un instrument
de droit pénal et n’indique pas clairement quelles pratiques constituent
un trafic de cellules ou de tissus humains et devraient être criminalisés.
Le protocole doit être réexaminé régulièrement afin de s'assurer
qu'il reflète les développements scientifiques pertinents. Le Comité
directeur pour la bioéthique (CDBI), qui était initialement chargé
des réexamens prévus dans la Convention et ses Protocoles additionnels,
a été remplacé par le Comité de bioéthique (DH-BIO).
34. La Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la
traite des êtres humains (STCE n° 197) a été adoptée en 2005 et
est entrée en vigueur en 2008. Elle a été ratifiée par tous les
États membres du Conseil de l’Europe à l’exception de la Fédération
de Russie. Elle est également entrée en vigueur au Bélarus. Les formes
d’exploitation couvertes par la Convention incluent le prélèvement
d’organes. Le Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des
êtres humains (GRETA) est chargé du suivi de la mise en œuvre de
cette Convention. Il n’est pas tout à fait clair dans quelle mesure
le trafic de cellules et de tissus humains pourrait être traité
dans le cadre de cette convention et dans le contexte de la traite
des êtres humains plus généralement

.
35. En 2009, le Conseil de l’Europe et les Nations Unies ont produit
une étude conjointe qui a souligné la nécessité de distinguer clairement
le trafic d’êtres humains et le trafic d’organes, de tissus et de
cellules. Cette étude donne un aperçu de la situation juridique
et factuelle et formule des recommandations (par exemple, adopter
une législation conforme à l'interdiction des gains financiers,
promouvoir les dons d'organes et collecter des données fiables).
En outre, l'étude met l’accent sur la nécessité d'un instrument
juridique international énonçant une définition du «trafic d'organes,
de tissus et de cellules» et des «mesures visant à prévenir ce trafic
et à protéger les victimes, ainsi que des mesures pénales visant
à punir le crime»

.
36. Un rapport

sur les activités illicites et frauduleuses
a été préparé dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne
intitulé «Vigilance et surveillance des substances d'origine humaine»
(SoHO V & S)

, visant à fournir aux autorités
compétentes nationales chargées des tissus et des cellules des Etats
membres de l’Union, des orientations pour détecter, enquêter, gérer
et communiquer sur de telles activités. Un questionnaire a été envoyé
à toutes les autorités nationales compétentes. Le rapport notait,
entre autres, qu'il existait une diversité importante dans toute
l'Union européenne en matière de gestion des activités présumées illicites
et frauduleuses dans le contexte des tissus et des cellules et qu'il
n'existait pas de formation spécifique sur la manière d'identifier
et de gérer de telles activités.
37. En 2013, l’Assemblée a adopté deux textes liés au projet de
Convention contre le trafic d’organes humains et a fait savoir entre
autres «[qu’]à ce stade, il n’a pas été considéré opportun de procéder
à l’élaboration d’un protocole additionnel relatif à la lutte contre
le trafic de tissus et de cellules d’origine humaine, du fait notamment
de l’absence d’une réglementation complète et harmonisée sur le
prélèvement et l’utilisation des tissus et des cellules, au niveau
tant national qu’international»

. Au lieu de cela, l’Assemblée
a proposé de procéder étape par étape et a suggéré au Comité des
Ministres de décider d’une feuille de route pour l’élaboration du
protocole additionnel

.
38. La Convention du Conseil de l'Europe contre le trafic d'organes
humains (STCE n° 216) a été ouverte à la signature en 2015 et est
entrée en vigueur le 1er mars 2018. Cette
Convention est un instrument de droit pénal. Elle fournit une définition
du trafic d'organes humains ainsi qu'une définition claire des pratiques
à criminaliser. Cependant, cette convention ne traite pas de la
question des tissus et des cellules. À ce jour, neuf pays sont liés
aux dispositions de cette convention et 15 pays l’ont signée mais
ne l’ont pas ratifiée. Le Comité des Parties, qui est l'organe chargé
de superviser la mise en œuvre de cette convention, n'a pas encore
été établi (il faut 10 ratifications).
39. Dans le cadre du Conseil de l’Europe, un guide complet sur
la qualité et la sécurité des cellules et tissus destinés à des
applications chez l’homme a été publié pour la première fois en
2013 (la 4e édition est parue en 2019),
avec un financement partiel de l’Union européenne. Ce guide fournit
aux professionnels de la santé un aperçu complet des avancées dans
ce domaine ainsi que des orientations techniques pour garantir la qualité
et la sécurité des tissus et cellules humains appliqués aux patients

.
40. La Cour européenne des droits de l’homme a elle aussi traité
le sujet du trafic de cellules et de tissus d’origine humaine. Dans
l’affaire
Elberte c. Lettonie,
des tissus avaient été prélevés sur le corps de l’époux décédé de
Mme Elberte, à son insu et sans son consentement,
puis envoyés à une société pharmaceutique en Allemagne pour créer
des allo-greffons, conformément à un accord approuvé par l’État
et dans le cadre d’un dispositif à grande échelle. Les autorités
lettones n’ont pas établi l’existence d’éléments constitutifs d’une infraction
dans le cas du mari de Mme Elberte. La
Cour européenne des droits de l’homme a toutefois conclu que le
prélèvement de tissus sur le corps d’un défunt mari, à l’insu et
sans le consentement de sa femme, constituait un traitement dégradant

.
41. En octobre 2018, le Comité européen sur la transplantation
d’organes (CD-P-TO) a adopté un rapport sur «Les activités illicites
et contraires à l’éthique en lien avec des tissus et cellules d’origine
humaine: répondre à la nécessité d’élaborer un instrument juridique
international pour protéger les donneurs et les receveurs»

. Ce rapport fait l’inventaire des
traités internationaux existants, identifie les lacunes et appelle
les organes décisionnels du Conseil de l’Europe à élaborer un Protocole
additionnel à la Convention du Conseil de l’Europe contre le trafic
d’organes humains portant sur la lutte contre le trafic de cellules
et de tissus d’origine humaine.
6. Des
inquiétudes persistantes
42. Alors que de nets progrès ont
été accomplis, d’importantes inquiétudes subsistent. En effet, les directives
de l’Union européenne ont établi un cadre européen commun qui joue
un rôle essentiel dans l’assurance de la qualité et dans le renforcement
de la confiance du public. Cependant, ces directives laissent de
côté les questions éthiques, qui sont en grande partie reléguées
aux États membres de l'Union européenne.
43. La question de la compensation des donneurs de tissus et de
cellules est assez différente de celle des donneurs d'organes. Par
exemple, la directive de l'Union européenne sur les organes stipule
que «les États membres veillent à ce que les dons d'organes provenant
de donneurs décédés ou vivants soient volontaires et non rémunérés»,
tandis que les directives de l'Union européenne sur les tissus et
les cellules indiquent «les États membres s'efforcent de garantir
les dons de tissus et cellules volontaires et non-rémunérés». Dans
cette dernière directive, il est également indiqué que «les donneurs
peuvent recevoir une indemnisation, qui est strictement limitée
à la prise en charge des dépenses et inconvénients liés au don».
Le calcul de l'indemnisation financière pour ces inconvénients incombe
aux autorités nationales compétentes. Dans quelle mesure les garanties
contre les abus possibles sont-elles en place? Quels sont les mécanismes
de surveillance et quelle est leur efficacité?
44. D’une manière plus générale, comment peut-on garantir que
les dons altruistes ne servent pas les intérêts lucratifs d’acteurs
privés? De plus comment peut-on être sûr que les dons servent à
répondre aux besoins de santé publique plutôt qu’à faire du profit?
45. Le caractère variable des dispositions législatives et réglementaires
selon les régions crée des vides juridiques qui profitent aux activités
illicites dans ce domaine. À quels mécanismes pourrait-on avoir
recours pour favoriser l’harmonisation des normes pertinentes? Sous
l’angle du Conseil de l’Europe, comment pourrait-on faciliter la
coopération entre les États membres et les États non-membres de
l’Union européenne qui font partie du Conseil de l’Europe?
46. Dans le contexte actuel de pauvreté croissante dans certaines
parties du monde, et en Europe en particulier, comment peut-on éviter
l’exploitation des personnes vulnérables aux fins de trafic de cellules
et de tissus? Est-ce que les mécanismes existants sont suffisamment
efficaces pour mettre ces personnes à l’abri de la contrainte, de
la fraude et d’autres pratiques abusives? Ces activités illicites
constituent non seulement des violations des droits de l'homme,
mais elles représentent également une menace pour la santé publique, dans
la mesure où les exigences de qualité et de sécurité ne sont souvent
pas respectées, ce qui pourrait entraîner la transmission de maladies
infectieuses et d'autres réactions indésirables graves pour les
patients.
47. De nombreux cas de trafic de cellules et de tissus humains
sont liés à la question du consentement et de l'importation. Par
exemple, il n’est pas rare que dans certains pays les matières résiduelles
obtenues lors de procédures de diagnostic ou de chirurgie servent
à la recherche sans le consentement du patient. Dans d'autres cas,
les tissus recueillis à des fins de recherche sont utilisés à des
fins de recherche militaire ou de recherche et de diagnostic en
cosmétique (sans que cela soit précisé lors de l'obtention du consentement).
La Recommandation CM/Rec (2016) 6 du Comité des Ministres sur la
recherche sur le matériel biologique d'origine humaine

contient des lignes directrices
détaillées à ce sujet, y compris en ce qui concerne les personnes
ne pouvant pas donner leur consentement (ce qui peut être fait exceptionnellement
dans certaines circonstances). Il est important de veiller à ce
que les principes qui sous‑tendent ces lignes directrices soient appliqués
dans la pratique au moyen de procédures de contrôle solides et systématiques.
48. Le principe de l’OMS à cet égard veut que l’attribution de
cellules et de tissus soit dictée par des critères cliniques et
des normes éthiques, et que les règles d’attribution soient équitables,
objectivement justifiées et transparentes. Parvenons-nous à respecter
ce principe?
49. À l'heure actuelle, de nombreux pays ont de longues listes
d'attente pour les traitements de procréation médicalement assistée
faisant appel à des ovocytes et à du sperme. L'aide médicale à la
procréation peut ne pas être disponible pour toute la population
(souvent, seuls les couples hétérosexuels mariés y ont accès). Cela
crée une forte demande pour de tels traitements, amenant certains
patients (qui en ont les moyens) à se rendre dans d'autres pays
à cette fin. En outre, il existe des sites web où le sperme peut
être acheté par des particuliers auprès de sociétés en Europe et
de pays tiers et être expédiés par la poste directement auprès de l’utilisateur
final. En l’absence de contrôles, de traçabilité et de suivi, toutes
ces possibilités créent des risques à la fois pour les donneurs
et les receveurs et doivent être abordées.
50. La promotion de traitements expérimentaux sans innocuité ni
efficacité cliniquement démontrées est un autre sujet de préoccupation.
Alors que la greffe de cellules progénitrices hématopoïétiques est
utilisée depuis de nombreuses années sans controverse, et que des
recherches sont en cours pour appliquer des traitements à base de
cellules progénitrices dans le traitement de maladies neurodégénératives
et de maladies telles que le diabète et les maladies cardiaques,
entre autres, certaines agences de santé encouragent également l'utilisation
de ces cellules pour la guérison de la maladie de Parkinson, de
l'autisme, de la démence, de la dépression, de la sclérose en plaques,
de la paralysie cérébrale, des lésions cérébrales traumatiques,
des maladies cardiaques, de la dégénérescence maculaire, des maladies
rénales chroniques, de l'arthrose et des accidents vasculaires cérébraux.
Des traitements anti‑âge sont également annoncés. Dans la plupart
des cas, les avantages de tels traitements restent à prouver.
51. L’absence d’un instrument juridiquement contraignant au niveau
international sur le trafic de cellules et de tissus humains, qui
comporterait une définition de ce qui relève du champ des activités
illicites dans ce domaine, complique la tâche pour lutter contre
ce type d’activités et les empêcher.
7. Conclusions
et recommandations
52. L’utilisation de tissus et
de cellules d’origine humaine à des fins médicales évolue rapidement
et ne cesse de créer de nouvelles perspectives et de nouveaux défis
pour nos sociétés. De nets progrès ont été réalisés au niveau national,
européen et international concernant l’élaboration de normes capables
de garantir que la recherche et les procédures médicales sont à
la fois sûres et fondées sur le plan éthique. Néanmoins, il reste
d’importants défis à relever.
53. Il existe actuellement peu d'informations officielles sur
le trafic de cellules et de tissus humains. La plupart de nos connaissances
sur ce phénomène reposent sur des estimations ou sur des rapports d’investigation
réalisés par les médias. Des données fiables sur le trafic de cellules
et de tissus humains doivent être collectées aux niveaux national
et européen, afin de permettre une compréhension approfondie des
derniers défis à relever et des solutions possibles.
54. Les disparités des cadres législatifs et du niveau de développement
économique dans les différents pays (au sein de l'Union européenne,
dans la zone géographique couverte par le Conseil de l'Europe et
dans les pays tiers) offrent la possibilité d'activités illicites
dans ce domaine. L'harmonisation des politiques et des pratiques
adéquates en Europe, y compris en dehors de l'Union européenne,
est un élément important de la lutte contre le trafic de cellules
et de tissus humains. Dans les cas où les tissus et les cellules
sont transportés vers un autre pays, une qualité et des normes éthiques
équivalentes doivent être garanties. Dans la mesure du possible,
l'autosuffisance nationale (et européenne) devrait être davantage
encouragée afin de répondre aux besoins des patients.
55. Lors de la préparation de ce rapport, j’ai été frappé par
le peu de connaissances dont nous disposons sur les progrès de la
science et de la médecine dans ce domaine, sur l’ampleur de leur
application actuelle et sur les avantages et les défis qu’ils peuvent
représenter. Il est important de faire en sorte que le public soit largement
sensibilisé à ce problème dans nos sociétés. En outre, il est important
de veiller à ce que les professionnels de la santé et les autres
professionnels concernés soient dûment formés et motivés intrinsèquement
pour s'occuper des personnes vulnérables, qui sont des patients
ou des participants à la recherche, à identifier les formes masquées
de coercition et à éviter les incitations proposées qui pourraient nuire
à leur jugement.
56. Alors que l'absence d'une définition commune du trafic de
cellules et de tissus humains constitue un défi majeur pour une
lutte efficace contre les activités illicites et frauduleuses dans
ce domaine, la biomédecine se développe très rapidement et il est
difficile d'anticiper les formes possibles de telles activités.
Cela signifie qu'une telle définition, idéalement adoptée dans le
cadre d'un texte juridique international, devrait ensuite être appliquée
à des cas spécifiques, puis interprétée en fonction des développements
pertinents dans les domaines de la science, de la recherche et des
services de santé.
57. De toute évidence, un renforcement de la coopération internationale
s’impose dans ce domaine. Un organe international reconnu devrait
être chargé du suivi systématique des activités des États membres
pour permettre la fixation de normes et leur mise en œuvre de façon
permanente ainsi que l’échange de bonnes pratiques. Cet organe international
pourrait produire une «jurisprudence» sur ce qui relève du trafic
et devrait donc faire l’objet de poursuites judiciaires. Cela faciliterait
considérablement l’élaboration des politiques nationales sur le
sujet ainsi que le travail des organes chargés de faire respecter
la loi. Il importe de veiller à ce que les membres d’un tel organe
n’aient pas de conflit d’intérêts en ce qui concerne les tissus
et cellules d’origine humaine.
58. Le Conseil de l’Europe présente l'avantage d’avoir déjà établi
un traité contraignant sur le trafic d'organes et possède l'expertise
nécessaire en matière pénale, ainsi que l’expertise technique par
le biais de la Direction européenne de la qualité du médicament
et soins de santé. En sa qualité d’organisation à rayonnement régional,
le Conseil de l’Europe a une portée géographique limitée par nature,
mais ce désavantage peut être surmonté en ouvrant à la signature
des États non-membres tout instrument juridique futur.
59. Sur la base des considérations susmentionnées, l'Assemblée
parlementaire devrait inviter le Comité des Ministres à envisager
l'élaboration d'un instrument juridique contraignant sur la lutte
contre le trafic de tissus et cellules humains, éventuellement sous
la forme d'un protocole additionnel à la Convention contre le trafic d’organes
humains (STCE n° 216).
60. En outre, l'Assemblée parlementaire devrait inviter les États
membres du Conseil de l'Europe qui n'ont pas ratifié les instruments
juridiques importants du Conseil de l'Europe dans ce domaine – tels
que la Convention du Conseil de l'Europe sur les droits de l'homme
et la biomédecine (Convention d'Oviedo; STE n° 164), la Convention
sur la lutte contre la traite des êtres humains (STCE n° 197) et
la Convention contre le trafic d'organes humains (STCE n° 216) –
à le faire de manière prioritaire. Il s'agirait également d'une contribution
européenne importante au programme de développement durable des
Nations Unies – Objectif 3: Bien-être et santé et Objectif 16: Promouvoir
des sociétés justes, pacifiques et inclusives (en ce qui concerne la
traite des êtres humains).