26.01.09

ALLOCUTION D’OUVERTURE

MONSIEUR LLUÍS MARIA DE PUIG

PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE

PARTIE DE SESSION DE JANVIER 2009

(Strasbourg, 11h30, 26 janvier 2009)


Chers collègues, chers amis,

Je vous remercie de la confiance que vous me témoignez avec cette réélection. Je profite de l’occasion pour vous remercier également de votre soutien. C’est grâce à votre participation, à votre engagement et à vos idées que cette assemblée peut être ce qu’elle est, le moteur politique de notre organisation paneuropéenne. Permettez-moi donc de tout cœur de vous souhaiter une nouvelle année satisfaisante et fructueuse, sur le plan personnel et professionnel.

Chers amis, j’ai aussi la triste tâche de vous annoncer le décès d’un de nos collègues, M. Tony Grégory, suppléant à la délégation irlandaise. Je vous propose d’observer en sa mémoire une minute de silence.

Chers collègues, le début de chaque année est toujours un moment particulier : on regarde en arrière pour faire le bilan, et en même temps on se projette dans l’avenir avec l’envie que certaines choses changent pour le meilleur.

Pour ce qui me concerne, mon mandat en tant que Président de l’Assemblée arrive maintenant à sa moitié : et je me permets d’espérer que la bouteille est à moitié pleine et que pendant cette année l’autre moitié ne restera pas vide !

Pour ce qui concerne le Conseil de l’Europe, cette année nous célébrerons son 60-ème anniversaire. Pendant toutes ces années, notre organisation a su s’adapter de façon remarquable aux réalités politiques complexes du continent européen. Il reste aujourd’hui le pilier de la défense de la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit. De ce point de vue aussi, je pense que la bouteille est plus qu’à moitié pleine. Mais nous vivons dans un monde qui a soif. Les droits de l’homme sont les premiers à être affectés dans toute situation de crise. Et la vie nous pose constamment de nouveaux défis qui mettent à l’épreuve notre capacité de répondre de façon adéquate et digne des valeurs qui nous guident. C’est à nous donc de continuer d’apporter de l’eau fraîche à la source, pour qu’elle ne sèche pas au moins encore 60 ans !

L’ordre du jour de cette partie de session, tel que proposé par le Bureau, je crois illustre bien mes propos : qu’il s’agisse des conflits entre des Etats membres de notre organisation ou dans le voisinage le plus proche ; d’un cheminement démocratique très hésitant dans certains pays membres ; ou d’une crise financière et économique qui affecte le monde entier.

Je me félicite en particulier du débat que nous allons tenir ce mercredi sur les conséquences de la guerre entre la Géorgie et la Russie. Même si les armes se sont maintenant tues, on ne peut pas se permettre d’oublier ou prendre à la légère les souffrances que cette guerre a infligées à des gens qui n’y étaient pour rien. Il ne s’agit surtout pas de regarder en arrière pour raviver les plaies et rallumer le feu. Tout au contraire : il est notre devoir maintenant de regarder en avant et faire en sorte que de telles situations inacceptables ne se répètent plus jamais. Le Comité des Présidents s’est rendu en Géorgie fin octobre 2008 et il vient de rentrer d’une visite à Moscou.

Nous sommes fortement encouragés par les discussions franches et ouvertes que nous avons tenues à Tbilisi et à Moscou et sommes convaincus que le dialogue est le seul moyen d’avancer.

La situation dans un des pays membres du Conseil de l’Europe, l’Arménie, est aussi à l’ordre du jour, à cause des difficultés que ce pays a rencontrées depuis les dernières élections présidentielles. J’espère que nos amis arméniens comprendront que les critiques formulées par notre Assemblée n’ont pas pour objectif d’isoler le pays mais au contraire, de l’aider à s’intégrer à cette communauté de valeurs dont il a lui-même choisi de faire partie.

Les présidents de tous les groupes politiques ont unanimement proposé pour cette partie de session un débat d’actualité sur la situation à Gaza. Même si une organisation comme la nôtre n’est pas en mesure d’arrêter les combats, elle peut favoriser le dialogue entre les parties concernées.

Nous devons tout faire pour que notre Forum tripartite dans lequel participent des représentants de la Knesset et du Conseil Législatif palestinien puisse se développer et fonctionner de la façon la plus efficace. Nous sommes en mesure aussi de faire beaucoup pour contribuer au dialogue et à la bonne cohabitation entre les communautés juives et musulmanes sur le sol européen.

Finalement, nous nous devons d’examiner de la façon la plus responsable les conséquences de la crise financière qui est en train de secouer le monde. Un débat sur les conséquences de la crise pour les Européens et le coût social de la faillite financière est prévu lors de cette partie de session. Même si les victimes de cette crise ne se comptabilisent pas de la même façon que celles d’une guerre, les conséquences sont tout aussi dévastatrices et désastreuses.

Chers amis, ces quelques exemples parmi tant d’autres nous montrent que même si le monde dans lequel nous vivons est certainement meilleur que celui que les pères fondateurs du Conseil de l’Europe ont voulu changer il y a 60 ans, il ne correspond pas encore à celui qu’ils ont rêvé de voir.

Mais c’est exactement le mot « rêve » qui me permet de terminer sur un ton plus optimiste. Il y a 45 ans, le grand défenseur des droits de l’homme Martin Luther King a fait un rêve. Il y a quelques jours, son rêve s’est matérialisé, en la personne du nouveau Président des Etats-Unis Barak Obama.

Certains diront : ça fait tout simplement partie du fameux « rêve américain ». Mais ils auront tort. Le rêve de Martin Luther King est un rêve à part, c’est toute une vision du monde, qui met les droits de l’homme au cœur des préoccupations politiques.

Cette vision du monde est aussi la nôtre. C’est cette Assemblée qui avait en premier lieu dénoncé les pays européens qui avaient fermé les yeux sur les enlèvements et les actes de torture pratiqués par la CIA. Elle avait aussi vivement condamné le centre de détention de Guantanamo comme une aberration, une véritable perversion des idéaux de la justice.

Le fait que dès les premiers jours de sa prise de fonction M. Obama a demandé la fermeture de Guantanamo Bay et a imposé que les Etats-Unis se conforment aux conventions de Genève sur les prisonniers de guerre porte un grand espoir que désormais l’Europe et les Etats-Unis pourront joindre leurs forces dans leur rôle traditionnel de défenseurs des normes les plus exigeantes du droit international. J’ai par ailleurs appelé nos Etats membres à accueillir les détenus de Guantanamo qui ont été innocentés, mais ne peuvent pas rentrer dans leur pays d’origine, du fait que leur vie ou leur intégrité physique soient menacées.

Chers amis, chaque nouvelle année apporte son lot de bonnes résolutions. Cette semaine nous aussi devrons voter et adopter plusieurs résolutions. J’espère qu’elles aussi seront bonnes et, ce qui est plus important, qu’elles seront suivies d’effet. Pouvons-nous y arriver ? Je crois oui et je l’espère.

Je vous remercie.