Discours Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe

Commémoration du 60e anniversaire de la libération
des camps d'Auschwitz-Birkenau

Parvis du Palais de l'Europe
Mardi 25 janvier 2005

Seul le texte prononcé fait foi

L'idée d'ériger une stèle commémorative pour toutes les victimes d'Auschwitz et des autres camps de la mort m'a été suggérée pour la première fois par un membre de la Délégation de la Russie à l'Assemblée parlementaire Mikhaïl Marguelov. Je lui suis très reconnaissant de l'avoir fait. Je tiens aussi à remercier Peter Schieder, qui a proposé le libellé de l'inscription.

Je me souviens encore du jour où on m'a raconté pour la première fois ce qui s'était passé dans ces camps. Des milliers, des centaines de milliers, des millions d'hommes, de femmes et d'enfants avaient subi des mauvais traitements et avaient été tués dans des circonstances atroces. J'avais alors dix ans et j'ai pleuré toute la nuit. J'ai toujours du mal à maîtriser mon émotion.

Parmi ces gens de toutes nationalités, de toutes origines ethniques, de toutes convictions religieuses, de toutes opinions politiques et de toute orientation sexuelle, il y avait avant tout des juifs - qui étaient des millions - si bien que le mot "holocauste" a pris un sens nouveau. Cette stèle est érigée en leur mémoire à tous.

Mais pour moi, cette stèle placée à l'entrée du Conseil de l'Europe aura une importance particulière. Chaque fois que je passerai devant elle, je me rappellerai les mots du pasteur allemand Martin Niemöller, qui écrivait :

D'abord, ils vinrent pour les communistes,
et je n'ai pas protesté
parce que je n'étais pas communiste.
Puis, ils vinrent pour les juifs,
et je n'ai pas protesté
parce que je n'étais pas juif.
Ensuite ils vinrent pour les catholiques,
et je n'ai pas protesté
parce que j'étais protestant.
Ensuite ils vinrent pour moi,
et il ne restait alors personne
pour protester en ma faveur.

Protester, prendre la parole est la responsabilité de chacun, mais cela est bien plus efficace si on le fait de concert.

C'est là la vocation du Conseil de l'Europe.