Allocution de M. René van der Linden, Président de l’Assemblée parlementaire, à l’ouverture de la 2e partie de session en 2005

(Strasbourg, 25 avril 2005)

La multiplication des contacts entre les peuples de tous les continents nous montre à quel point il est nécessaire que des communautés humaines ayant des traditions différentes se comprennent les unes les autres. La paix dépend de ce respect pour l’identité culturelle et spirituelle des peuples. Puisssent les Européens fonder sur cette conviction leur contribution désintéressée au bien de toutes les nations!”

Cette vision était celle que Jean-Paul II avait du dialogue interculturel et inter-religieux ; il l’a partagée avec nous lorsqu’il s’est adressé à cette Assemblée en 1988. Or, cette vision est devenue l’une des clés de voûte de notre Organisation.

Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II a consacré sa vie à l’entente entre les peuples, à la paix et à la liberté dans le monde. Nous lui sommes reconnaissants de ses efforts inlassables pour mettre fin à la division de notre continent et promouvoir les réformes démocratiques. Il a été notre plus fidèle allié dans la lutte contre la peine de mort. Il a dénoncé et combattu la pauvreté. Il respectait les croyants de toutes les confessions et il était respecté d’eux.

La mort de ce grand pèlerin de la paix est une perte pour nous tous.

Je vous invite à vous joindre à moi pour une minute de silence afin de prier et méditer en  souvenir de ce grand homme. Nous consacrerons également cette minute de silence au Prince Rainier de Monaco, ami de longue date de l’Europe, dont la vision et la sagesse politiques ont ouvert la voie à l’adhésion de la principauté au Conseil de l’Europe.

……(minute de silence)……

Chers amis et collègues,

Permettez-moi tout d’abord de féliciter très chaleureusement le Pape Benoît XVI pour son élection. Je ne doute pas qu’il suivra l’exemple de Jean-Paul II et qu’il sera un allié sans faille du Conseil de l’Europe pour défendre les valeurs fondamentales de notre Organisation: droits de l’homme, démocratie et primauté du droit. Je suis convaincu qu’il continuera de lutter pour la paix et contre la pauvreté, et de tisser des liens avec les autres religions.

Dans trois semaines aura lieu le Troisième Sommet du Conseil de l’Europe. Notre Assemblée a dit très clairement ce qu’elle en  attend, à savoir:

Le projet de Déclaration finale et le projet de Plan d’action sont presque achevés. J’ai demandé au Comité des Ministres d’envoyer à l’avance à l’Assemblée les dernières versions de ces textes en vue de nos débats au sein du Comité mixte jeudi prochain.

Ces textes sont certes importants. Mais le plus important est que le message qu’ils contiennent soit compris et assimilé par les dirigeants de nos Etats membres. Autrement, notre réunion de Varsovie ne sera que l’occasion d’une “photo de groupe” de plus.

Notre Assemblée a demandé au Parlements de nos Etats membres de tenir des débats sur le troisième Sommet. J’ai écrit à tous les présidents de parlement à ce sujet et parlé dans plusieurs parlements de l’importance de ce Sommet. J’ai rencontré les dirigeants de l’Union européenne et plaidé en faveur d’une utilisation accrue, par l’Union Européenne, de l’expérience, des instruments et des mécanismes du Conseil de l’Europe, en évitant tout double emploi. Naturellement, l’Union doit aussi reconnaître publiquement la contribution de notre Organisation.

Avons-nous réussi à mobiliser suffisamment nos Etats membres pour ce Sommet? Honnêtement, je ne le sais pas. C’est pourquoi nous avons besoin de vous, membres des parlements nationaux, pour veiller à ce que vos dirigeants participent au Sommet et, surtout, qu’ils s’engagent à mettre en oeuvre intégralement les décisions qu’il prendra. Il nous faut mieux tirer parti de notre double mandat, ici à l’Assemblée parlementaire et, chez nous, dans nos parlements nationaux.  

Lors du Sommet, nous prendrons des décisions, pour l’avenir de la démocratie et des droits de l’homme, qui concernent l’Europe toute entière.

Dans le même temps, de nombreux peuples de l’Union européenne seront invités à prendre une autre décision qui, selon moi, aura aussi un impact majeur sur la qualité de la démocratie au sein de l’Union : il se prononceront sur le projet de constitution européenne. Un débat d’actualité a été demandé ; l’Assemblée pourrait examiner cette question ultérieurement dans la semaine. Toutefois, j’en appelle  déjà à vous, en qualité de responsables politiques, pour guider honnêtement vos concitoyens sur cette question, sans préjugés, sans crainte et sans souci des intérêts personnels. Cette décision est cruciale pour l’avenir de l’Europe.

S'agissant de la promotion de la démocratie, permettez‑moi de basculer totalement vers un autre continent – l'Asie. J'ai pris part à la Conférence de l'Union interparlementaire à Manille où le sujet principal des discussions a été « l'impact des politiques intérieures et internationales sur la situation des femmes ». Les récits de victimes de violences domestiques et de la traite ont été bouleversants. C'est avec fierté que j'ai présenté l'action du Conseil de l'Europe concernant la traite des êtres humains, la participation des femmes à la vie politique et la violence domestique contre les femmes.

A l’invitation du M. de Venecia, Président du Congrès des Philippines, je suis intervenu à Manille devant le Conseil consultatif de l’Association des parlements asiatiques pour la paix (APAP). Leur intention est de créer, dans les cinq ans à venir, une Assemblée parlementaire asiatique selon le modèle de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). Pour discuter de cette question, j’ai invité une délégation de présidents de parlements asiatiques à Strasbourg durant la partie de session de juin. Je suis certain qu'elle saura tirer profit des discussions intenses qu’elle aura avec beaucoup d'entre vous.

Après Manille, je me suis rendu à Saint‑Pétersbourg à la Conférence interparlementaire consacrée au 60e anniversaire de la victoire de la coalition anti‑hitlérienne lors de la seconde guerre mondiale. La ville de Saint‑Pétersbourg, qui a été assiégée par les nazis pendant 900 jours sans jamais capituler, est devenue le symbole de ce que l’homme est capable de souffrance, de sacrifice et d’héroïsme. Je pourrais évoquer aussi Rotterdam, Londres, Lidice, Khatyn et bien d'autres villes et régions qui nous rappellent ce qu’est la guerre…

La fin de cette guerre a marqué le début de la guerre froide qui a divisé l'Europe pendant des décennies. Pour moi, d'une certaine manière, la seconde guerre mondiale s'est achevée uniquement après l'effondrement du communisme qui a enfin apporté la liberté à presque tous les Européens.

Je suis fier de dire que le Conseil de l'Europe est devenu le symbole de cette nouvelle Europe libre et unie. Je crois fermement que cela doit être reconnu lors du Troisième Sommet et que le Conseil de l'Europe se verra confier le mandat et les moyens de développer et renforcer cette nouvelle Europe démocratique.

Avant de terminer, permettez-moi d’exprimer mon soutien à la journaliste Florence Aubenas et à son guide ainsi qu’ aux trois journalistes roumains, tous portés disparus en Irak et détenus en otages. Une demande de débat d’urgence pendant cette partie de session a été déposée. D’ores et déjà, j’appelle à une prompte libération de ces otages et je rappelle que la liberté de la presse et la liberté d’expression sont au cœur de la mission du Conseil de l’Europe.

Je vous remercie de votre attention.