Mahmoud
Abbas
Président de l’Autorité nationale palestinienne
Discours prononcé devant l'Assemblée
jeudi, 6 octobre 2011

Au nom de Dieu tout puissant et miséricordieux, votre excellence Mevlüt Çavuşoğlu, Mesdames et Messieurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui, dans ce palais extraordinaire, pour parler aux représentants élus des pays d’Europe, conscience vivante de ces peuples amis qui incarnent les valeurs de justice, de liberté, d’humanité et de dignité.
Je viens de Palestine, la terre de la paix, berceau des trois civilisations porteuses des trois religions monothéistes, avec un message de paix, d’amour de la part de mon peuple. Un peuple qui étend ses racines depuis des millénaires et des millénaires, dans cette terre qui est la sienne, et qui, malgré les douleurs et les souffrances, essaye de poursuivre sa marche épique et héroïque vers un destin lui permettant de conquérir la liberté et l’indépendance.
Mesdames et Messieurs, il y a deux semaines, en qualité de Président de l’Autorité nationale palestinienne et de Président du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine, j’ai déposé une demande auprès du Secrétaire général des Nations Unies pour que la Palestine soit admise comme pays membre des Nations Unies. J’ai expliqué devant l’Assemblée générale les motifs qui inspiraient cette démarche.
« Vous avez soutenu le printemps arabe, dans sa quête de démocratie et de liberté. Aujourd'hui, c’est le printemps palestinien qui est arrivé. Il demande la liberté et la fin de l'occupation. Nous méritons votre soutien […]. Nous dépendons de vous. »
Deux décennies se sont écoulées depuis la conférence de la paix de Madrid, et 18 ans depuis la signature des accords d’Oslo, à Washington. En vertu de ceux‑ci, il était prévu un délai ne devant pas dépasser le 5 mai 1999 pour aboutir à un accord de paix définitif sur les bases d’un pays, d’une nation palestinienne indépendante qui devait vivre au côté de la nation d’Israël en paix et en sécurité.
Depuis cette date, notre peuple est sur des charbons ardents. Il attend la réalisation de ce qui lui est dû de longue date. Hélas ! cette attente est sans objet. Je pose la question : jusqu’à quand ?
Malgré cela, nous avons décidé de ne pas laisser passer une chance d’aboutir à une négociation, au travers de la mise en pratique de la Feuille de route, malgré les nombreuses réserves que l’on pouvait lui adresser. Mais nous nous sommes heurtés aux manœuvres dilatoires du Gouvernement israélien et à son refus systématique de négocier sur cette base.
Nous nous sommes rendus à l’invitation du Président des Etats‑Unis, George W. Bush à des négociations à Annapolis. Nous avons noté un certain progrès avec la reconnaissance, par l’ancien Gouvernement d’Israël de M. Olmert, de la référence aux frontières de 1967 et au principe de l’équivalence de valeur pour l’échange de terres. Mais une fois ce Gouvernement israélien parti, on s’est dépêché d’oublier cette possibilité et de clore ce chapitre des négociations.
Après l’élection du Président Barack Obama, nous avons démontré à nouveau notre capacité à coopérer sans limites et sans conditions avec l’administration, à accepter toutes les propositions mises sur la table pour la reprise des négociations. Le dernier cycle de négociations directes a démarré à Washington dès le mois de septembre passé, afin d’aboutir à un accord de paix dans un délai qui ne dépasserait pas l’année.
Nous avons abordé ces négociations avec le cœur et l’esprit ouverts, avec de bonnes intentions. Pourtant nous nous sommes heurtés aux faux‑fuyants, aux manœuvres dilatoires du gouvernement Netanyahu qui a systématiquement refusé d’engager une négociation sérieuse sur le statut permanent. En parallèle, il s’est lancé dans l’intensification des constructions de colonies en Cisjordanie occupée.
Ce gouvernement a refusé la reprise des négociations là où elles s’étaient arrêtées avec l’ancien gouvernement Olmert. Il a insisté pour que le processus entier soit renvoyé à la case départ, refusant systématiquement d’adopter les références aux points de négociations passées et aux négociations internationales. Lorsqu’il s’est assis à la table de négociation, il a systématiquement refusé de discuter des points afférents à la question des frontières ou au statut permanent.
La sécurité est un point très sensible pour Israël. Nous le savons. Nous étions convenus avec l’ancien Gouvernement israélien, l’ancienne administration américaine comme avec certains pays arabes, de prendre des mesures effectives et efficaces pour la préservation de la paix pour les Palestiniens et les Israéliens, en présence d’une tierce partie sur laquelle on pourrait se mettre d’accord, l’Otan par exemple. M. Netanyahu refuse tout cela. Il tente d’imposer des conceptions sécuritaires inacceptables fondées sur la base de l’élargissement et de la colonisation systématique tant à Jérusalem qu’ailleurs, avec les groupements de colonies qui croissent et se multiplient sur les terres palestiniennes et à l’ouest du mur de séparation raciste. Cela concerne aussi la vallée du Jourdain, soit plus de 40 % de la surface de la Cisjordanie.
Le fait de se concentrer sur des bases militaires au tréfonds des terres de Cisjordanie relève du fait accompli. Nous nous posons la question : comment construire cette nation de Palestine en répondant à de telles exigences ?
Il ne peut y avoir de paix avec la poursuite de la colonisation. Il s’agit de deux points opposés irréconciliables. En plein milieu des territoires occupés, installer des colons sous la protection des forces d’occupation constitue une violation massive du droit international, des droits de l’homme essentiels et de tous les accords signés entre l’Organisation de Libération de la Palestine et Israël.
Nous considérons que c’est là un élément clé et une exigence indispensable pour reprendre le processus de paix. Il ne s’agit pas d’une condition préalable, mais d’une obligation imposée au titre de la Feuille de route. Il est en effet impossible de s’en tenir au processus de paix sans observer cette obligation absolue de mettre un terme aux mouvements de colonisation. Les Palestiniens ne peuvent pas unilatéralement faire face à leurs obligations alors que la partie adverse n’en fait rien !
Depuis la signature des Accords d’Oslo, le nombre des colonisations s’est accru de 300 % et il n’est pas de jour où Israël n’annonce sans relâche et sans concession l’octroi de milliers de permis de construire supplémentaires dans ces territoires. Ce qui vient encore compliquer singulièrement la chose, c’est que le Gouvernement d’Israël impose des conditions extravagantes, farfelues, toujours nouvelles et aucunement fondées sur la paix ou sur la légitimité internationale. Cela est inadmissible, tout comme sa demande de reconnaître Israël comme un pays juif. Cette condition préalable est inacceptable dès lors qu’elle risque de transformer le conflit enkysté dans notre région en un conflit à caractère confessionnel encore plus meurtrier. Elle fait peser des menaces sur l’avenir de plus d’un million de Palestiniens vivant en terre d’Israël, elle crée un précédent inacceptable quant à la nécessité de respecter le droit des Palestiniens réfugiés de la diaspora, et pose enfin une hypothèque définitive sur la solution des deux pays.
Nous avons reconnu la nation d’Israël, conformément à des formes juridiques qui avaient fait l’objet entre nous d’accords de paix, remontant à 1993, et signés par les deux grands leaders aujourd’hui disparus, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Pour nous, il s’agit là d’un dossier déjà traité et refermé. Sa tentative de réouverture est à mes yeux une provocation supplémentaire et renouvelée en vue de tenter d’entraver le processus.
On peut donc se poser la question de savoir pourquoi Israël refuse la reconnaissance de la nation de Palestine et si sa volonté d’accepter cette solution de deux Etats est vraiment sérieuse.
Nous mettons l’accent sur l’acceptation de la norme internationale légale. Le Conseil national palestinien a décidé, en 1988, d’accepter un programme de paix, avec deux nations, dont la nation palestinienne indépendante, avec pour capitale Jérusalem Est, sur les terres palestiniennes correspondant au tracé de juin 1967, soit environ 22 % seulement des terres palestiniennes historiques, sur lesquelles nous pourrions cohabiter pacifiquement avec la nation d’Israël.
Cette proposition majeure, de nature à constituer un règlement historique et à garantir la paix entre les deux peuples, n’a pas vu le jour malgré les initiatives des uns et des autres, notamment celles de la plupart des pays arabes et des membres de l’Organisation islamique, soit 57 pays. Ces initiatives démontrent la volonté de chacun d’eux d’établir avec Israël des relations naturelles dans le cadre d’une paix globale, durable, permettant de vivre dans la paix. Mais elles obligeraient Israël à se retirer pour la création de la nation palestinienne à l'intérieur des frontières de 1967, conformément à ce qui a été décidé à maintes reprises par le droit international et de nombreuses résolutions, telles que la Résolution 194 visant à garantir la paix à tous les pays de la région.
Nous avons appelé et continuons d’appeler les Israéliens à saisir cette chance de vivre dans la paix avec tous les peuples de la région, et dans la sécurité et la stabilité, indispensables non seulement pour eux‑mêmes, mais pour leurs enfants et pour les nôtres. De toute façon, la paix ne peut qu’en passer par là et ne s’obtiendra sûrement pas par la force militaire, l’hégémonisme ou l’expansionnisme géographique. On ne peut pas conserver la paix par la force, mais par la compréhension mutuelle.
A Jérusalem Est les Palestiniens assistent à la démolition systématique de leurs maisons, ils sont dépouillés de leur identité et constatent que cela arrive même à leurs élus qui peuvent être évincés de leur ville. Ils constatent que sont entravées et leurs tentatives d’aller rendre visite aux Lieux Saints et les communications. Tout cela aboutit à un étranglement de la ville et à son isolement de sa société légitime, cela à l’ombre des murs des colonisations. Nous assistons impuissants à ces violations systématiques, à ces opérations punitives, à ces internements, à ces enlèvements par des milices de colons armés qui travaillent sous la protection et avec la bénédiction de leur armée. Cet encerclement de la ville de Gaza est une punition générale à l'encontre d'habitants innocents. Les raids aériens et les tirs d’artillerie viennent compléter les destructions consécutives à la guerre menée voilà trois ans et qui a abouti à une véritable dévastation des biens et des personnes.
Par ailleurs, plus de 6 000 Palestiniens sont détenus dans les prisons, dont 21 députés de différents partis politiques qui ont décidé récemment d'engager une grève de la faim pour protester contre leurs conditions inacceptables de détention et les traitements inhumains et particulièrement injustes qui leur sont réservés. Nous espérons leur libération, à l’instar de la famille du soldat Shalit qui souhaite le voir libre, heureux et de retour parmi les siens.
Malgré les obstacles israéliens, l’Autorité palestinienne a, au cours des dernières années, œuvré intensivement à la mise au point de programmes visant à promouvoir et renforcer la démocratie, la paix, la justice, la construction d’institutions palestiniennes de nature à consolider et à parfaire l'indépendance conformément au Comité ad hoc des pays donateurs, le AHLC, et conformément aux évaluations réalisées par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Union européenne. Ce programme enregistre des succès remarquables en ce qui concerne la construction d’institutions palestiniennes puisque leur niveau de performance est bien plus élevé que celui de la plupart des pays siégeant aux Nations Unies. Ces derniers, qui sont membres à part totale et entière des Nations Unies, n’ont pas obtenu les succès que nous avons enregistrés en la matière.
Compte tenu des souffrances constantes de notre peuple sous le joug de l’occupation, il faut tenter d’ouvrir de nouveaux horizons dans un moment où les perspectives de négociations sont bloquées. Nous sommes donc contraints de nous tourner vers vous et de vous demander de nous ouvrir ces horizons nouveaux afin de nous offrir de nouvelles possibilités de revenir à la table des négociations pour discuter sur la base des frontières de juin 1967.
Nous insistons sur le fait qu’en faisant cette demande, nous ne cherchons en aucune façon à isoler Israël. Nous ne voulons pas lui enlever sa légitimité, mais conforter celle de notre présence en tant que nation qui a le droit à l'autodétermination.
Tout cela ne pourra se faire qu’en arrêtant la colonisation et la politique systématique d’apartheid. Certes, cette demande n’est pas exclusive du retour aux négociations, mais c’est un facteur positif pour essayer de jeter les bases concrètes et objectives permettant d’aboutir à des résultats fructueux. Aujourd’hui, nous insistons sur le fait que nous sommes prêts à revenir à la table des négociations, conformément à des références claires, conformément aux résolutions internationales, mais il faut un arrêt total de la colonisation.
Nous accueillons avec beaucoup de joie les déclarations positives du Quartette qui évoque la nécessité de relancer le processus de paix sur la base des frontières de 1967, avec obligation pour chacune des parties de respecter les obligations, et d’arrêter la colonisation. Il faut qu’Israël mette en œuvre ces exigences. Ce n'est qu'ainsi que le processus de paix pourra être relancé.
Aujourd’hui, 128 pays membres des Nations Unies reconnaissent la nation de Palestine à l'intérieur des frontières du 4 juin 1967. Nous nous enorgueillissons du fait que 17 d’entre eux sont des pays membres du Conseil de l'Europe. Par ailleurs, nous entretenons des relations diplomatiques avec 24 autres pays du Conseil de l'Europe.
Un grand nombre de ces pays ont dit avec insistance qu’ils étaient prêts à reconnaître la nation de Palestine, en temps voulu. Très bien ! Mais, Mesdames et Messieurs, ne pensez‑vous pas que le temps est venu ? Nous en avons parlé devant le Parlement européen, devant votre Assemblée, il est donc temps de le constater tous de concert !
Nous saluons les décisions qui ont été prises par votre noble Assemblée mardi dernier. Une requête a été déposée auprès de pays de votre Assemblée parlementaire également membres du Conseil de sécurité des Nations Unies visant à demander avec insistance aux Nations Unies l’octroi du statut de membre à part entière de la nation palestinienne.
Nous avons reçu des aides considérables pour lesquelles nous exprimons notre gratitude. La reconnaissance de cette terre d’Israël, le fait d’appuyer nos efforts pour intégrer les Nations Unies est un objectif ultime pour lequel nous avons besoin de vous. Il faut déployer toutes les diligences au niveau de l’Europe pour faire fructifier les investissements qui nous ont été consentis afin de permettre à l’Europe de jouer un rôle pionnier dans la consolidation des bases de la paix.
Aujourd’hui, nous sommes en plein cœur du Printemps arabe. Nous voyons se lever le courage du peuple arabe. Nous voyons comment ces peuples expriment leur désir de vivre dans la liberté, la démocratie, la justice et la paix sociale. Et nous, Palestiniens, exprimons aussi notre aspiration à la liberté et de nous rallier pour toujours à la tradition démocratique : le pluralisme, la liberté d’expression, la liberté d’opinion. Nous voulons être un exemple à suivre par tous nos frères des pays arabes.
En plein cœur du Printemps arabe, nous déclarons solennellement que l’heure du « printemps palestinien » a sonné.
Au cœur du Printemps arabe il y a la volonté des peuples qui ont décidé de partir à la conquête de leur liberté pour arriver à la paix, à la sécurité, à la stabilité dans toute la région.
Les signes avant‑coureurs de notre printemps ont donné leur plus belle image, lorsqu’on a vu descendre dans la rue des milliers de citoyens pour demander d’une voix unique et forte la reconnaissance de la Palestine comme étant le 194e Etat des Nations Unies.
Ce mouvement a conservé son caractère pacifique malgré les tentatives de provocation de la part des Israéliens. Nous avons démontré que nous souhaitions poursuivre ce chemin dans la paix, la stabilité et la non‑violence. Nous refusons la violence, nous condamnons le terrorisme sous toutes ses formes, plus particulièrement le terrorisme d’Etat et celui pratiqué par des colons armés.
Nous trahirions les espoirs de notre peuple en pratiquant, d’une manière ou d’une autre, quelque forme d’extrémisme que ce soit. Nous allons poursuivre cette lutte nationale et pacifique contre une occupation, contre une colonisation, contre un mur de la honte raciste. Nous allons continuer d’être un exemple, un symbole pour toutes les forces du monde.
Ceux qui ont salué l’avènement du Printemps arabe vont mettre à l’épreuve la crédibilité de cette idée. Vont‑ils s’arrêter devant les frontières palestiniennes ou décider d’aller au‑delà et défaire le dualisme dans les références et les symboles ? Israël va‑t‑il continuer d’être un pays qui se joue des lois, qui est au‑dessus des lois, un pays qui n’est finalement comptable devant personne, un pays qui peut se permettre de refuser les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et de la Cour internationale de justice, de même que les dispositions des instances juridiques internationales ?
La réponse se trouve parmi vous, Mesdames et Messieurs les représentants élus de ces peuples d’Europe. Notre peuple vous demande instamment d’élever la voix face à ces constats.
Dans cette lutte constante pour l'indépendance, nous allons continuer de déployer toutes les diligences possibles et imaginables afin de poursuivre et d'achever la construction de nos institutions démocratiques. Et si nous devons faire le ménage chez nous, nous aurons aussi besoin de votre bienveillante attention.
Au cours de ces dernières années, nous avons presque totalement réussi à éradiquer l’analphabétisme. Notre pays a participé, au travers de ses habitants, à la construction d’un grand nombre de pays du monde. Ce pays révère et sanctifie la connaissance, la civilisation, la créativité et aime travailler à la consolidation de ses infrastructures, notamment de l’éducation, pour les porter au niveau le plus élevé. Nous nous enorgueillons de compter aujourd’hui 49 universités et instituts qui regroupent 5 % de la population et qui devraient nous permettre d’offrir une éducation à tous nos enfants.
Grâce à l’aide bienvenue que nous avons reçue des pays arabes amis, mais également des pays d’Europe, nous avons réussi à consolider ces infrastructures en accordant une importance particulière aux services de santé, en relançant des activités dans les zones rurales et les endroits marginalisés.
De la même manière, nous continuerons de renforcer la primauté des juridictions indépendantes, l’Etat de droit et la conservation des droits des citoyens et de leur dignité.
Nous allons essayer de faire participer le plus grand nombre de personnes possible et d’intégrer la femme dans toutes ces activités sur un pied d’égalité avec les hommes. S’agissant des institutions décisionnaires, tant sur le plan exécutif, législatif que judiciaire, nous avons décidé de lutter, à travers la Convention CEDAW (Convention on the Elimination of all forms of Discrimination against Women), contre toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes, de sorte à garantir la pleine égalité entre les femmes et les hommes.
Nous avons décidé de travailler sur les réformes financières et administratives, afin de garantir la transparence, l’impartialité et la bonne gouvernance à tous les niveaux.
Dans le cadre de la construction de notre souveraineté nationale et après avoir préparé les bases de notre futur pays, nous avons décidé de choisir le modèle démocratique parlementaire et pluraliste pour refléter le pluralisme et l’égalité entre tous les citoyens, la primauté du droit, l’Etat de droit, la garantie des libertés et des droits de l’homme. Malgré les difficultés, les interventions négatives extérieures, malgré les jougs sous lesquels nous ployons, nous avons tenté d’écarter ces différentes chausse‑trappes que nous rencontrons sur notre chemin, ces mines déposées partout où nous allons, pour essayer de garantir la liberté des partis politiques, des syndicats et des institutions.
En fait, nous travaillons à la réconciliation nationale et nous nous félicitons de l’accord de réconciliation nationale signée le 4 mai au Caire. C’est un pas engagé dans la bonne direction, nous éloignant ainsi de ce qui a pu déchirer l’unité nationale. La pierre angulaire de cet accord est la création d’un gouvernement transitoire composé de personnalités nationales indépendantes qui représentent toutes les facettes de la vie parlementaire et locale ; cet accord devrait intervenir au plus tard en mai 2012.
L’accord de réconciliation est une réalisation positive qui permettra de relancer le processus de paix – et non le contraire – et il sera mis en œuvre pour conforter la démocratie.
Le dialogue est ce qui rassemble les Palestiniens et les Européens, mais le lien qui nous unit va bien au‑delà de la zone géographique qui réunit les deux rives de la Méditerranée : il se traduit par des relations commerciales, par des échanges, des alliances sur le plan humain et il en a été ainsi pendant des millénaires et des millénaires.
Ce qui nous rassemble, ce sont surtout et d’abord les valeurs communes qui sont le fondement des aspirations de nos peuples, qui consacrent la liberté, la fraternité, l’égalité et la justice. C’est précisément ce que nous sommes venus exprimer aujourd’hui, ce à quoi nous aspirons et que nous demandons en tant que peuple palestinien.
Nous sommes admiratifs de qui a été fait par les Européens en matière de consolidation des bases de sociétés démocratiques pluralistes, d’Etat de droit, de respect des droits de l’homme. Finalement, nous nous tournons vers vous dans l’espoir que vous nous fassiez part de vos expériences. Nous sommes fiers déjà des premiers éléments que nous avons pu mettre en place dans notre pays. Et c’est avec une grande admiration que nous regardons cette ville si extraordinaire, cette ville de Strasbourg, qui était le symbole de la division et des dissensions européennes et qui est aujourd’hui le symbole de son unité et de sa force.
Je veux vous dire, Monsieur le Président, combien je suis heureux et fier du statut de Partenaire pour la démocratie qui a été octroyé mardi dernier par votre Assemblée en présence de Salim Al Za'noun ; c’est ainsi que le Conseil national, Parlement du peuple palestinien, qui regroupe aussi les forces de la diaspora, accède ainsi au statut de Partenaire pour la démocratie auprès de l'Assemblée parlementaire. Nous sommes fiers, car la Palestine se place juste après le Maroc, pays ami, pays frère, qui fut le premier à accéder à ce statut. Ce statut aura certainement des répercussions plus que positives dans le renforcement des liens d’amitié et de coopération entre nos peuples et dans le fait que nous conforterons de concert les processus démocratiques dans le monde, particulièrement dans le monde arabe.
Je remercie les pays européens de nous avoir tant aidés au plan des investissements, de nos institutions comme des infrastructures. Nous espérons que le rôle de l’Europe sera conforté et que l’Europe jouera un rôle politique pour pousser de l’avant le processus de la paix dans notre région.
La Résolution des Nations Unies no 181 adoptée en 1947 a disposé de la création de deux Etats. Si une nation, Israël, a vu le jour, une autre, la Palestine, n’a pas encore vu le jour. Nous sommes là aujourd’hui devant vous pour demander que notre Nation voie le jour. Il s’agit de notre droit inaliénable, consacré par le droit international, mais qui ne remplacera pas les négociations, car il n'est pas question de les abandonner vu qu'elles doivent permettre de régler tous les problèmes des réfugiés, de la sécurité, de l’eau, des colonies, de Jérusalem et de la libération des prisonniers.
Conformément à ce qui a été dit dans l’initiative de paix arabe, tout cela pourrait être réalisé afin qu’Israël vive dans un univers de paix, réunissant les uns et les autres.
Nous souhaitons vivre comme tout le monde, nous souhaitons que notre peuple vive dans la liberté et la dignité. Nous n’avons aucune intention d’isoler qui que ce soit, nous voulons simplement que les Palestiniens et les Israéliens soient libérés du joug de l’occupation, car c’est l’occupation qui détruit l’avenir des peuples. C’est sur cette base qu’Israël doit faire le choix entre la colonisation et la paix. Quant à nous, notre choix est clair : nous avons fait le choix de la paix !
Vous avez soutenu le Printemps arabe. Aujourd’hui, je vous annonce que c’est l’heure du printemps palestinien qui demande la liberté et la fin de l’occupation. Nous méritons d’être aidés, nous méritons que vous nous accordiez votre confiance, nous méritons que vous ne nous laissiez pas seuls, nous comptons sur vous !