Mahmoud

Abbas

Président de l’Autorité nationale palestinienne

Discours prononcé devant l'Assemblée

jeudi, 6 octobre 2011

Au nom de Dieu tout puissant et miséricordieux, votre excellence Mevlüt Çavuşoğlu, Mesdames et Messieurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui, dans ce palais extraordinaire, pour parler aux représentants élus des pays d’Europe, conscience vivante de ces peuples amis qui incarnent les valeurs de justice, de liberté, d’humanité et de dignité.

Je viens de Palestine, la terre de la paix, berceau des trois civilisations porteuses des trois religions monothéistes, avec un message de paix, d’amour de la part de mon peuple. Un peuple qui étend ses racines depuis des millénaires et des millénaires, dans cette terre qui est la sienne, et qui, malgré les douleurs et les souffrances, essaye de poursuivre sa marche épique et héroïque vers un destin lui permettant de conquérir la liberté et l’indépendance.

Mesdames et Messieurs, il y a deux semaines, en qualité de Président de l’Autorité nationale palestinienne et de Président du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine, j’ai déposé une demande auprès du Secrétaire général des Nations Unies pour que la Palestine soit admise comme pays membre des Nations Unies. J’ai expliqué devant l’Assemblée générale les motifs qui inspiraient cette démarche.

« Vous avez soutenu le printemps arabe, dans sa quête de démocratie et de liberté. Aujourd'hui, c’est le printemps palestinien qui est arrivé. Il demande la liberté et la fin de l'occupation. Nous méritons votre soutien […]. Nous dépendons de vous. »

Deux décennies se sont écoulées depuis la conférence de la paix de Madrid, et 18 ans depuis la signature des accords d’Oslo, à Washington. En vertu de ceux‑ci, il était prévu un délai ne devant pas dépasser le 5 mai 1999 pour aboutir à un accord de paix définitif sur les bases d’un pays, d’une nation palestinienne indépendante qui devait vivre au côté de la nation d’Israël en paix et en sécurité.

Depuis cette date, notre peuple est sur des charbons ardents. Il attend la réalisation de ce qui lui est dû de longue date. Hélas ! cette attente est sans objet. Je pose la question : jusqu’à quand ?

Malgré cela, nous avons décidé de ne pas laisser passer une chance d’aboutir à une négociation, au travers de la mise en pratique de la Feuille de route, malgré les nombreuses réserves que l’on pouvait lui adresser. Mais nous nous sommes heurtés aux manœuvres dilatoires du Gouvernement israélien et à son refus systématique de négocier sur cette base.

Nous nous sommes rendus à l’invitation du Président des Etats‑Unis, George W. Bush à des négociations à Annapolis. Nous avons noté un certain progrès avec la reconnaissance, par l’ancien Gouvernement d’Israël de M. Olmert, de la référence aux frontières de 1967 et au principe de l’équivalence de valeur pour l’échange de terres. Mais une fois ce Gouvernement israélien parti, on s’est dépêché d’oublier cette possibilité et de clore ce chapitre des négociations.

Après l’élection du Président Barack Obama, nous avons démontré à nouveau notre capacité à coopérer sans limites et sans conditions avec l’administration, à accepter toutes les propositions mises sur la table pour la reprise des négociations. Le dernier cycle de négociations directes a démarré à Washington dès le mois de septembre passé, afin d’aboutir à un accord de paix dans un délai qui ne dépasserait pas l’année.

Nous avons abordé ces négociations avec le cœur et l’esprit ouverts, avec de bonnes intentions. Pourtant nous nous sommes heurtés aux faux‑fuyants, aux manœuvres dilatoires du gouvernement Netanyahu qui a systématiquement refusé d’engager une négociation sérieuse sur le statut permanent. En parallèle, il s’est lancé dans l’intensification des constructions de colonies en Cisjordanie occupée.

Ce gouvernement a refusé la reprise des négociations là où elles s’étaient arrêtées avec l’ancien gouvernement Olmert. Il a insisté pour que le processus entier soit renvoyé à la case départ, refusant systématiquement d’adopter les références aux points de négociations passées et aux négociations internationales. Lorsqu’il s’est assis à la table de négociation, il a systématiquement refusé de discuter des points afférents à la question des frontières ou au statut permanent.

La sécurité est un point très sensible pour Israël. Nous le savons. Nous étions convenus avec l’ancien Gouvernement israélien, l’ancienne administration américaine comme avec certains pays arabes, de prendre des mesures effectives et efficaces pour la préservation de la paix pour les Palestiniens et les Israéliens, en présence d’une tierce partie sur laquelle on pourrait se mettre d’accord, l’Otan par exemple. M. Netanyahu refuse tout cela. Il tente d’imposer des conceptions sécuritaires inacceptables fondées sur la base de l’élargissement et de la colonisation systématique tant à Jérusalem qu’ailleurs, avec les groupements de colonies qui croissent et se multiplient sur les terres palestiniennes et à l’ouest du mur de séparation raciste. Cela concerne aussi la vallée du Jourdain, soit plus de 40 % de la surface de la Cisjordanie.

Le fait de se concentrer sur des bases militaires au tréfonds des terres de Cisjordanie relève du fait accompli. Nous nous posons la question : comment construire cette nation de Palestine en répondant à de telles exigences ?

Il ne peut y avoir de paix avec la poursuite de la colonisation. Il s’agit de deux points opposés irréconciliables. En plein milieu des territoires occupés, installer des colons sous la protection des forces d’occupation constitue une violation massive du droit international, des droits de l’homme essentiels et de tous les accords signés entre l’Organisation de Libération de la Palestine et Israël.

Nous considérons que c’est là un élément clé et une exigence indispensable pour reprendre le processus de paix. Il ne s’agit pas d’une condition préalable, mais d’une obligation imposée au titre de la Feuille de route. Il est en effet impossible de s’en tenir au processus de paix sans observer cette obligation absolue de mettre un terme aux mouvements de colonisation. Les Palestiniens ne peuvent pas unilatéralement faire face à leurs obligations alors que la partie adverse n’en fait rien !

Depuis la signature des Accords d’Oslo, le nombre des colonisations s’est accru de 300 % et il n’est pas de jour où Israël n’annonce sans relâche et sans concession l’octroi de milliers de permis de construire supplémentaires dans ces territoires. Ce qui vient encore compliquer singulièrement la chose, c’est que le Gouvernement d’Israël impose des conditions extravagantes, farfelues, toujours nouvelles et aucunement fondées sur la paix ou sur la légitimité internationale. Cela est inadmissible, tout comme sa demande de reconnaître Israël comme un pays juif. Cette condition préalable est inacceptable dès lors qu’elle risque de transformer le conflit enkysté dans notre région en un conflit à caractère confessionnel encore plus meurtrier. Elle fait peser des menaces sur l’avenir de plus d’un million de Palestiniens vivant en terre d’Israël, elle crée un précédent inacceptable quant à la nécessité de respecter le droit des Palestiniens réfugiés de la diaspora, et pose enfin une hypothèque définitive sur la solution des deux pays.

Nous avons reconnu la nation d’Israël, conformément à des formes juridiques qui avaient fait l’objet entre nous d’accords de paix, remontant à 1993, et signés par les deux grands leaders aujourd’hui disparus, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Pour nous, il s’agit là d’un dossier déjà traité et refermé. Sa tentative de réouverture est à mes yeux une provocation supplémentaire et renouvelée en vue de tenter d’entraver le processus.

On peut donc se poser la question de savoir pourquoi Israël refuse la reconnaissance de la nation de Palestine et si sa volonté d’accepter cette solution de deux Etats est vraiment sérieuse.

Nous mettons l’accent sur l’acceptation de la norme internationale légale. Le Conseil national palestinien a décidé, en 1988, d’accepter un programme de paix, avec deux nations, dont la nation palestinienne indépendante, avec pour capitale Jérusalem Est, sur les terres palestiniennes correspondant au tracé de juin 1967, soit environ 22 % seulement des terres palestiniennes historiques, sur lesquelles nous pourrions cohabiter pacifiquement avec la nation d’Israël.

Cette proposition majeure, de nature à constituer un règlement historique et à garantir la paix entre les deux peuples, n’a pas vu le jour malgré les initiatives des uns et des autres, notamment celles de la plupart des pays arabes et des membres de l’Organisation islamique, soit 57 pays. Ces initiatives démontrent la volonté de chacun d’eux d’établir avec Israël des relations naturelles dans le cadre d’une paix globale, durable, permettant de vivre dans la paix. Mais elles obligeraient Israël à se retirer pour la création de la nation palestinienne à l'intérieur des frontières de 1967, conformément à ce qui a été décidé à maintes reprises par le droit international et de nombreuses résolutions, telles que la Résolution 194 visant à garantir la paix à tous les pays de la région.

Nous avons appelé et continuons d’appeler les Israéliens à saisir cette chance de vivre dans la paix avec tous les peuples de la région, et dans la sécurité et la stabilité, indispensables non seulement pour eux‑mêmes, mais pour leurs enfants et pour les nôtres. De toute façon, la paix ne peut qu’en passer par là et ne s’obtiendra sûrement pas par la force militaire, l’hégémonisme ou l’expansionnisme géographique. On ne peut pas conserver la paix par la force, mais par la compréhension mutuelle.

A Jérusalem Est les Palestiniens assistent à la démolition systématique de leurs maisons, ils sont dépouillés de leur identité et constatent que cela arrive même à leurs élus qui peuvent être évincés de leur ville. Ils constatent que sont entravées et leurs tentatives d’aller rendre visite aux Lieux Saints et les communications. Tout cela aboutit à un étranglement de la ville et à son isolement de sa société légitime, cela à l’ombre des murs des colonisations. Nous assistons impuissants à ces violations systématiques, à ces opérations punitives, à ces internements, à ces enlèvements par des milices de colons armés qui travaillent sous la protection et avec la bénédiction de leur armée. Cet encerclement de la ville de Gaza est une punition générale à l'encontre d'habitants innocents. Les raids aériens et les tirs d’artillerie viennent compléter les destructions consécutives à la guerre menée voilà trois ans et qui a abouti à une véritable dévastation des biens et des personnes.

Par ailleurs, plus de 6 000 Palestiniens sont détenus dans les prisons, dont 21 députés de différents partis politiques qui ont décidé récemment d'engager une grève de la faim pour protester contre leurs conditions inacceptables de détention et les traitements inhumains et particulièrement injustes qui leur sont réservés. Nous espérons leur libération, à l’instar de la famille du soldat Shalit qui souhaite le voir libre, heureux et de retour parmi les siens.

Malgré les obstacles israéliens, l’Autorité palestinienne a, au cours des dernières années, œuvré intensivement à la mise au point de programmes visant à promouvoir et renforcer la démocratie, la paix, la justice, la construction d’institutions palestiniennes de nature à consolider et à parfaire l'indépendance conformément au Comité ad hoc des pays donateurs, le AHLC, et conformément aux évaluations réalisées par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Union européenne. Ce programme enregistre des succès remarquables en ce qui concerne la construction d’institutions palestiniennes puisque leur niveau de performance est bien plus élevé que celui de la plupart des pays siégeant aux Nations Unies. Ces derniers, qui sont membres à part totale et entière des Nations Unies, n’ont pas obtenu les succès que nous avons enregistrés en la matière.

Compte tenu des souffrances constantes de notre peuple sous le joug de l’occupation, il faut tenter d’ouvrir de nouveaux horizons dans un moment où les perspectives de négociations sont bloquées. Nous sommes donc contraints de nous tourner vers vous et de vous demander de nous ouvrir ces horizons nouveaux afin de nous offrir de nouvelles possibilités de revenir à la table des négociations pour discuter sur la base des frontières de juin 1967.

Nous insistons sur le fait qu’en faisant cette demande, nous ne cherchons en aucune façon à isoler Israël. Nous ne voulons pas lui enlever sa légitimité, mais conforter celle de notre présence en tant que nation qui a le droit à l'autodétermination.

Tout cela ne pourra se faire qu’en arrêtant la colonisation et la politique systématique d’apartheid. Certes, cette demande n’est pas exclusive du retour aux négociations, mais c’est un facteur positif pour essayer de jeter les bases concrètes et objectives permettant d’aboutir à des résultats fructueux. Aujourd’hui, nous insistons sur le fait que nous sommes prêts à revenir à la table des négociations, conformément à des références claires, conformément aux résolutions internationales, mais il faut un arrêt total de la colonisation.

Nous accueillons avec beaucoup de joie les déclarations positives du Quartette qui évoque la nécessité de relancer le processus de paix sur la base des frontières de 1967, avec obligation pour chacune des parties de respecter les obligations, et d’arrêter la colonisation. Il faut qu’Israël mette en œuvre ces exigences. Ce n'est qu'ainsi que le processus de paix pourra être relancé.

Aujourd’hui, 128 pays membres des Nations Unies reconnaissent la nation de Palestine à l'intérieur des frontières du 4 juin 1967. Nous nous enorgueillissons du fait que 17 d’entre eux sont des pays membres du Conseil de l'Europe. Par ailleurs, nous entretenons des relations diplomatiques avec 24 autres pays du Conseil de l'Europe.

Un grand nombre de ces pays ont dit avec insistance qu’ils étaient prêts à reconnaître la nation de Palestine, en temps voulu. Très bien ! Mais, Mesdames et Messieurs, ne pensez‑vous pas que le temps est venu ? Nous en avons parlé devant le Parlement européen, devant votre Assemblée, il est donc temps de le constater tous de concert !

Nous saluons les décisions qui ont été prises par votre noble Assemblée mardi dernier. Une requête a été déposée auprès de pays de votre Assemblée parlementaire également membres du Conseil de sécurité des Nations Unies visant à demander avec insistance aux Nations Unies l’octroi du statut de membre à part entière de la nation palestinienne.

Nous avons reçu des aides considérables pour lesquelles nous exprimons notre gratitude. La reconnaissance de cette terre d’Israël, le fait d’appuyer nos efforts pour intégrer les Nations Unies est un objectif ultime pour lequel nous avons besoin de vous. Il faut déployer toutes les diligences au niveau de l’Europe pour faire fructifier les investissements qui nous ont été consentis afin de permettre à l’Europe de jouer un rôle pionnier dans la consolidation des bases de la paix.

Aujourd’hui, nous sommes en plein cœur du Printemps arabe. Nous voyons se lever le courage du peuple arabe. Nous voyons comment ces peuples expriment leur désir de vivre dans la liberté, la démocratie, la justice et la paix sociale. Et nous, Palestiniens, exprimons aussi notre aspiration à la liberté et de nous rallier pour toujours à la tradition démocratique : le pluralisme, la liberté d’expression, la liberté d’opinion. Nous voulons être un exemple à suivre par tous nos frères des pays arabes.

En plein cœur du Printemps arabe, nous déclarons solennellement que l’heure du « printemps palestinien » a sonné.

Au cœur du Printemps arabe il y a la volonté des peuples qui ont décidé de partir à la conquête de leur liberté pour arriver à la paix, à la sécurité, à la stabilité dans toute la région.

Les signes avant‑coureurs de notre printemps ont donné leur plus belle image, lorsqu’on a vu descendre dans la rue des milliers de citoyens pour demander d’une voix unique et forte la reconnaissance de la Palestine comme étant le 194e Etat des Nations Unies.

Ce mouvement a conservé son caractère pacifique malgré les tentatives de provocation de la part des Israéliens. Nous avons démontré que nous souhaitions poursuivre ce chemin dans la paix, la stabilité et la non‑violence. Nous refusons la violence, nous condamnons le terrorisme sous toutes ses formes, plus particulièrement le terrorisme d’Etat et celui pratiqué par des colons armés.

Nous trahirions les espoirs de notre peuple en pratiquant, d’une manière ou d’une autre, quelque forme d’extrémisme que ce soit. Nous allons poursuivre cette lutte nationale et pacifique contre une occupation, contre une colonisation, contre un mur de la honte raciste. Nous allons continuer d’être un exemple, un symbole pour toutes les forces du monde.

Ceux qui ont salué l’avènement du Printemps arabe vont mettre à l’épreuve la crédibilité de cette idée. Vont‑ils s’arrêter devant les frontières palestiniennes ou décider d’aller au‑delà et défaire le dualisme dans les références et les symboles ? Israël va‑t‑il continuer d’être un pays qui se joue des lois, qui est au‑dessus des lois, un pays qui n’est finalement comptable devant personne, un pays qui peut se permettre de refuser les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et de la Cour internationale de justice, de même que les dispositions des instances juridiques internationales ?

La réponse se trouve parmi vous, Mesdames et Messieurs les représentants élus de ces peuples d’Europe. Notre peuple vous demande instamment d’élever la voix face à ces constats.

Dans cette lutte constante pour l'indépendance, nous allons continuer de déployer toutes les diligences possibles et imaginables afin de poursuivre et d'achever la construction de nos institutions démocratiques. Et si nous devons faire le ménage chez nous, nous aurons aussi besoin de votre bienveillante attention.

Au cours de ces dernières années, nous avons presque totalement réussi à éradiquer l’analphabétisme. Notre pays a participé, au travers de ses habitants, à la construction d’un grand nombre de pays du monde. Ce pays révère et sanctifie la connaissance, la civilisation, la créativité et aime travailler à la consolidation de ses infrastructures, notamment de l’éducation, pour les porter au niveau le plus élevé. Nous nous enorgueillons de compter aujourd’hui 49 universités et instituts qui regroupent 5 % de la population et qui devraient nous permettre d’offrir une éducation à tous nos enfants.

Grâce à l’aide bienvenue que nous avons reçue des pays arabes amis, mais également des pays d’Europe, nous avons réussi à consolider ces infrastructures en accordant une importance particulière aux services de santé, en relançant des activités dans les zones rurales et les endroits marginalisés.

De la même manière, nous continuerons de renforcer la primauté des juridictions indépendantes, l’Etat de droit et la conservation des droits des citoyens et de leur dignité.

Nous allons essayer de faire participer le plus grand nombre de personnes possible et d’intégrer la femme dans toutes ces activités sur un pied d’égalité avec les hommes. S’agissant des institutions décisionnaires, tant sur le plan exécutif, législatif que judiciaire, nous avons décidé de lutter, à travers la Convention CEDAW (Convention on the Elimination of all forms of Discrimination against Women), contre toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes, de sorte à garantir la pleine égalité entre les femmes et les hommes.

Nous avons décidé de travailler sur les réformes financières et administratives, afin de garantir la transparence, l’impartialité et la bonne gouvernance à tous les niveaux.

Dans le cadre de la construction de notre souveraineté nationale et après avoir préparé les bases de notre futur pays, nous avons décidé de choisir le modèle démocratique parlementaire et pluraliste pour refléter le pluralisme et l’égalité entre tous les citoyens, la primauté du droit, l’Etat de droit, la garantie des libertés et des droits de l’homme. Malgré les difficultés, les interventions négatives extérieures, malgré les jougs sous lesquels nous ployons, nous avons tenté d’écarter ces différentes chausse‑trappes que nous rencontrons sur notre chemin, ces mines déposées partout où nous allons, pour essayer de garantir la liberté des partis politiques, des syndicats et des institutions.

En fait, nous travaillons à la réconciliation nationale et nous nous félicitons de l’accord de réconciliation nationale signée le 4 mai au Caire. C’est un pas engagé dans la bonne direction, nous éloignant ainsi de ce qui a pu déchirer l’unité nationale. La pierre angulaire de cet accord est la création d’un gouvernement transitoire composé de personnalités nationales indépendantes qui représentent toutes les facettes de la vie parlementaire et locale ; cet accord devrait intervenir au plus tard en mai 2012.

L’accord de réconciliation est une réalisation positive qui permettra de relancer le processus de paix – et non le contraire – et il sera mis en œuvre pour conforter la démocratie.

Le dialogue est ce qui rassemble les Palestiniens et les Européens, mais le lien qui nous unit va bien au‑delà de la zone géographique qui réunit les deux rives de la Méditerranée : il se traduit par des relations commerciales, par des échanges, des alliances sur le plan humain et il en a été ainsi pendant des millénaires et des millénaires.

Ce qui nous rassemble, ce sont surtout et d’abord les valeurs communes qui sont le fondement des aspirations de nos peuples, qui consacrent la liberté, la fraternité, l’égalité et la justice. C’est précisément ce que nous sommes venus exprimer aujourd’hui, ce à quoi nous aspirons et que nous demandons en tant que peuple palestinien.

Nous sommes admiratifs de qui a été fait par les Européens en matière de consolidation des bases de sociétés démocratiques pluralistes, d’Etat de droit, de respect des droits de l’homme. Finalement, nous nous tournons vers vous dans l’espoir que vous nous fassiez part de vos expériences. Nous sommes fiers déjà des premiers éléments que nous avons pu mettre en place dans notre pays. Et c’est avec une grande admiration que nous regardons cette ville si extraordinaire, cette ville de Strasbourg, qui était le symbole de la division et des dissensions européennes et qui est aujourd’hui le symbole de son unité et de sa force.

Je veux vous dire, Monsieur le Président, combien je suis heureux et fier du statut de Partenaire pour la démocratie qui a été octroyé mardi dernier par votre Assemblée en présence de Salim Al Za'noun ; c’est ainsi que le Conseil national, Parlement du peuple palestinien, qui regroupe aussi les forces de la diaspora, accède ainsi au statut de Partenaire pour la démocratie auprès de l'Assemblée parlementaire. Nous sommes fiers, car la Palestine se place juste après le Maroc, pays ami, pays frère, qui fut le premier à accéder à ce statut. Ce statut aura certainement des répercussions plus que positives dans le renforcement des liens d’amitié et de coopération entre nos peuples et dans le fait que nous conforterons de concert les processus démocratiques dans le monde, particulièrement dans le monde arabe.

Je remercie les pays européens de nous avoir tant aidés au plan des investissements, de nos institutions comme des infrastructures. Nous espérons que le rôle de l’Europe sera conforté et que l’Europe jouera un rôle politique pour pousser de l’avant le processus de la paix dans notre région.

La Résolution des Nations Unies n181 adoptée en 1947 a disposé de la création de deux Etats. Si une nation, Israël, a vu le jour, une autre, la Palestine, n’a pas encore vu le jour. Nous sommes là aujourd’hui devant vous pour demander que notre Nation voie le jour. Il s’agit de notre droit inaliénable, consacré par le droit international, mais qui ne remplacera pas les négociations, car il n'est pas question de les abandonner vu qu'elles doivent permettre de régler tous les problèmes des réfugiés, de la sécurité, de l’eau, des colonies, de Jérusalem et de la libération des prisonniers.

Conformément à ce qui a été dit dans l’initiative de paix arabe, tout cela pourrait être réalisé afin qu’Israël vive dans un univers de paix, réunissant les uns et les autres.

Nous souhaitons vivre comme tout le monde, nous souhaitons que notre peuple vive dans la liberté et la dignité. Nous n’avons aucune intention d’isoler qui que ce soit, nous voulons simplement que les Palestiniens et les Israéliens soient libérés du joug de l’occupation, car c’est l’occupation qui détruit l’avenir des peuples. C’est sur cette base qu’Israël doit faire le choix entre la colonisation et la paix. Quant à nous, notre choix est clair : nous avons fait le choix de la paix !

Vous avez soutenu le Printemps arabe. Aujourd’hui, je vous annonce que c’est l’heure du printemps palestinien qui demande la liberté et la fin de l’occupation. Nous méritons d’être aidés, nous méritons que vous nous accordiez votre confiance, nous méritons que vous ne nous laissiez pas seuls, nous comptons sur vous !

LE PRÉSIDENT (interprétation)

De nombreux collègues ont exprimé le souhait de poser une question. Je leur rappelle que leur intervention doit avoir un caractère vraiment interrogatif et ne pas dépasser trente secondes.

La parole est à M. Pourgourides, au nom du Groupe du Parti populaire européen.

M. POURGOURIDES (Chypre) (interprétation)

Cher Président Abbas, le Groupe du Parti populaire européen s’associe à notre Président, M. Çavuşoğlu, pour vous souhaiter la bienvenue dans ce temple de la démocratie. Le PPE est fermement convaincu qu’il faut trouver un règlement juste et durable pour la Palestine, sans lequel il n’y aura pas de paix au Proche‑Orient. Dans le même temps, nous pensons qu’une telle solution serait grandement facilitée si régnait, dans toute la Palestine, le plein respect de la primauté du droit et des droits de l’homme.

Quelles mesures avez‑vous l’intention de continuer de prendre à cette fin? Je pense notamment à l’abolition de la peine de mort.

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Le pas le plus important, celui que l’on souhaite depuis longtemps, que l’on attend, est le retour à la table des négociations fondé sur la légitimité politique, sur la base de ce qui a été décrété tout récemment par le Quartette. C’est cela la base de la négociation entre nous et les Israéliens.

Pour ce qui est de la peine de mort, nous considérons qu’il s’agit d’un point très important. Il sera à l’ordre du jour du Conseil législatif. Tout ce que je peux vous dire, c’est que, depuis plus de cinq ans, c’est‑à‑dire depuis plus longtemps même que mon arrivée au pouvoir, il n’y a pas eu une seule exécution à la suite d’une décision de condamnation à mort.

Mme ERR (Luxembourg) (interprétation)

Vous êtes un nouveau Partenaire pour la démocratie, et nous espérons que votre exemple sera suivi par d’autres pays du pourtour de notre Méditerranée commune. Pouvez‑vous nous confirmer que la solution, que nous appelons tous de nos vœux, sera bien celle de deux Etats démocratiques où les citoyens de l’un seront les bienvenus chez l’autre et où les hommes et les femmes travailleront sur un pied d’égalité, ensemble, pour la réalisation de la démocratie et de tous les droits de l’homme?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Pour ce qui est de l’égalité entre l’homme et la femme, nous avons signé un accord, dont j'ai parlé dans mon intervention et que nous mettons en pratique dans toutes nos institutions, que ce soient le Conseil exécutif, le Conseil législatif ou les différentes organisations, administrations, y compris les pouvoirs locaux et régionaux.

Quant au principe des deux nations, bien évidemment, nous y insistons: il faut deux nations qui vivent côte à côte, dans la paix, la sécurité et la stabilité. Le jour où Israël sera d’accord sur les deux pays, le jour où nous nous entendrons sur les termes de l’accord, 57 pays arabes reconnaîtront l’existence de l’Etat d’Israël. Tel sera le résultat de l’initiative que nous aurons engagée.

Mme BRASSEUR (Luxembourg) (interprétation)

J’ai deux questions à vous poser. Vous avez dit que vous comptiez sur nous. Ma première question sera la suivante: quelles actions concrètes pouvons‑nous engager pour que vous puissiez compter sur nous?

Seconde question: êtes‑vous optimiste en ce qui concerne l’avenir du peuple palestinien et l’avenir du peuple d’Israël?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Je commence par la seconde question: bien sûr, nous sommes toujours optimistes et nous pensons qu’à l’avenir, deux peuples voisins pourront vivre pacifiquement l’un à côté de l’autre –pas seulement Israël et la Palestine, mais aussi tous les pays arabes qui vont de la Mauritanie à l’Indonésie.

Pour ce qui est de votre première question, comme je vous le disais dans mon discours, six pays membres du Conseil de l’Europe sont également membres du Conseil de sécurité. Si vous demandiez à ces pays qu’ils votent en notre faveur, cela pourrait être particulièrement utile et important pour nous, car cela nous permettrait de surmonter une des difficultés que nous rencontrons au Conseil de sécurité, même si, bien évidemment, ce n’est qu’une étape.

Mais nous ne demandons pas d’aide tous azimuts. Vous nous avez toujours aidés, et sans conditions préalables, ce dont nous vous remercions et nous vous en exprimons toute notre reconnaissance. Mais maintenant, il nous faut aussi une aide politique et il faut que ces six pays respectent la recommandation les invitant à reconnaître l’existence de la nation de Palestine au sein du Conseil de sécurité. Ce serait une étape tout à fait positive.

Par ailleurs, quand on parle de reconnaissance «en temps utile», je pense que ce temps est maintenant venu. Je ne pense pas qu’un moment sera, un jour, plus utile, plus favorable.

LE PRÉSIDENT (interprétation)

La parole est à Mme Bakir, au nom du Groupe démocrate européen.

Mme BAKIR (Turquie) (interprétation)

Monsieur le Président, mes félicitations pour avoir obtenu le statut de Partenaire pour la démocratie auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Ma question concerne l’avenir et les relations avec le Hamas, car certains représentants du Hamas semblent avoir exprimé des réserves par rapport à la démarche entreprise pour que la Palestine devienne un Etat des Nations Unies. Est-ce que toutes les tendances sont d’accord en Palestine sur la politique menée dans ce domaine par l’Autorité nationale palestinienne?

(interprétation)

Pour ce qui est de l’avenir de nos relations avec le Conseil de l’Europe, nous espérons que ces relations de coopération vont se développer et que nous pourrons hisser nos normes démocratiques au niveau de celles dans lesquelles vous vivez vous‑mêmes aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous sommes heureux de cette relation avec vous et il est évident que s’ouvriront également de nombreuses possibilités pour les pays du Printemps arabe de devenir aussi des Partenaires pour la démocratie.

Concernant les relations avec le Hamas, nous avons fait le point: elles donnent lieu à des négociations, des échanges, des concertations. La concertation est très importante. Mais à partir du moment où il y a des concertations et pas d’oppositions formelles, les projets vont de l’avant.

LE PRÉSIDENT (interprétation)

La parole est à M. Kox, au nom du Groupe pour la gauche unitaire européenne.

M. KOX (Pays‑Bas) (interprétation)

Monsieur le Président, nous nous félicitons que le statut de Partenaire pour la démocratie vous ait été accordé. Nous avons invité nos Etats membres qui sont membres du Conseil de sécurité à appuyer votre demande de devenir membre de l’Onu.

Le Parlement européen a adressé le même message récemment.

Que pouvons‑nous faire de plus pour convaincre le Gouvernement d’Israël que votre demande n’est pas un danger pour ce pays, mais une véritable opportunité et, donc, pour faire évoluer la position de nos amis israéliens dont nous voudrions qu’ils vous soutiennent?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

C’est très important. Il faut arriver avec les Israéliens, de manière officielle ou officieuse, à des efforts de clarification. Il n’y a pas véritablement de contradiction entre le fait d’aller aux Nations Unies et celui de poursuivre les négociations. Ils savent que c’est très important pour arriver à la paix. J’ai donc l’impression que si ce message leur venait aussi de vous, cela pourrait rendre les choses encore plus claires.

M. SALLES (France) (interprétation)

Monsieur le Président, je suis heureux de vous accueillir aujourd’hui à Strasbourg. J’ai pour ma part, quelques précisions à vous demander.

Certaines de vos déclarations aux Nations Unies laissent entendre que le futur Etat palestinien ne compterait pas de juifs sur son territoire. L’exclusion pour des motifs religieux est contraire aux principes du Conseil de l’Europe. Pouvez‑vous nous éclairer sur ce point?

Par ailleurs, vous avez entrepris des pourparlers avec le Hamas. Entendez‑vous obtenir de ce mouvement la reconnaissance d’Israël et l’abandon de la violence, et également des nouvelles, voire la libération de l’otage franco‑israélien Gilad Shalit, détenu arbitrairement depuis six ans?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Pour ce qui est du soldat Shalit, vous savez que depuis le début jusqu’à aujourd’hui, nous déployons toutes les diligences possibles et imaginables, en plus de ce qui est fait par les Egyptiens, pour essayer de le faire libérer. Nous ne voulons pas qu’un être humain soit enfermé sans nécessité. Nous voulons que le soldat Shalit revienne dans sa famille, de la même manière que nous demandons la libération de 6 000 de nos citoyens qui sont détenus dans les geôles israéliennes.

Pour ce qui est du Hamas, il fait encore partie de l’opposition palestinienne. Au moment où le Hamas arrivera au pouvoir ou participera à une coalition au pouvoir, il devra bien se conformer à la légitimité internationale.

En fait, nous ne voulons pas de colons sur nos terres. Je dis bien: de colons. Nous n’avons jamais rien dit d’autre.

Mme ZOHRABYAN (Arménie) (interprétation)

Tout le monde sait que des Arméniens vivent à Jérusalem depuis des temps très anciens. Quel sera donc le statut du quartier arménien de Jérusalem? La position de Yasser Arafat sur le sujet est‑elle toujours valable?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Jérusalem Est est une terre occupée depuis 1967 et sa situation est identique à celle de toutes les autres terres occupées. Mais c’est la capitale de la Palestine, l’autre Jérusalem étant la capitale d’Israël. L’ouverture du périmètre des religions doit permettre la pratique des trois religions monothéistes. C’est ce qui avait été dit du temps de M. Olmert et nous étions sur la même longueur d’onde. Il y avait une compréhension totale à ce sujet.

Mme BOLDI (Italie) (interprétation)

Je vous ai écouté avec beaucoup d’attention, Monsieur le Président, et j’aimerais vous parler du soldat Shalit, qui est détenu depuis six ans. Même la Croix‑Rouge n’a pu avoir accès à lui et donner de ses nouvelles à sa famille. Je crois donc que vous devriez, aujourd’hui, ici, dans cet hémicycle, vous engager directement en faveur de sa libération. Ce serait une très bonne chose.

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Ce que nous aurions vraiment aimé, c’est que le soldat Shalit ne soit pas enfermé un seul jour! Car nous ne voulons priver personne de liberté. Et nous pensons aussi aux prisonniers palestiniens – hier, 10 000, puis 8 000 et aujourd’hui 6 000.

Nous sommes contre l’incarcération du soldat Shalit, nous voulons le rendre à sa famille et nous travaillons à sa libération. Nous obéissons là aux principes de base de la plus élémentaire humanité. Aujourd’hui encore, des efforts sont donc déployés en ce sens. Je souhaite qu’ils soient fructueux. Nous soutenons l’idée d’un accord entre le Hamas et Israël qui aboutirait à la libération du soldat Shalit et, en parallèle, à celle de prisonniers palestiniens.

M. CORLĂŢEAN (Roumanie) (interprétation)

Je vous souhaite à mon tour la bienvenue dans notre Assemblée, Monsieur le Président, et je me réjouis que la discussion de mardi matin ait été l’occasion d’une présence conjointe de collègues palestiniens et israéliens.

J’aimerais savoir ce que l’Autorité nationale palestinienne compte faire pour que les générations futures intensifient leurs efforts en faveur d’une coexistence pacifique entre les deux Etats.

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

La jeune génération a exprimé sa position dès le 15 mars dernier quand elle s’est levée et a parlé d’une seule voix, dans tous les territoires de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Les jeunes ont demandé la fin de l’occupation et du blocage. Il y a en fait des rencontres permanentes entre les jeunes Palestiniens, les jeunes Israéliens et les jeunes Européens et des manifestations communes sont organisées contre l’occupation et contre ce mur de ségrégation raciste qui défigure et déchire notre pays. La jeune génération croit en la paix et essaie de faire naître une culture de paix.

M. GAUDI NAGY (Hongrie) (interprétation)

Monsieur le Président, je peux vous assurer au nom de ce peuple épris de liberté qu’est le peuple hongrois que nous ne vous abandonnerons jamais dans votre lutte pour la liberté. Il ne peut pas y avoir de liberté sur une terre occupée, j’en suis totalement d’accord avec vous.

Lorsqu’Israël a été accepté comme membre des Nations Unies, on a considéré qu’il s’agissait d’un Etat amoureux de la paix qui voulait respecter les obligations de la Charte des Nations Unies. Est‑ce bien le cas?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

On pose l’hypothèse qu’Israël aime la paix, mais on a vu ce qui s’est passé au cours des 63 ans qui ont suivi l’adoption de la Résolution 181 qui prévoyait la création de deux pays. On n’a pas vu émerger l’Etat palestinien.

Aujourd’hui, malgré tout ce qui s’est passé, nous tendons la main aux Israéliens et nous leur demandons de vivre avec nous dans la paix et la stabilité de deux pays. Les Israéliens souhaitent‑ils vraiment cette paix et cette stabilité? Il faut avant tout régler le problème des territoires. Les autres problèmes se résoudront par la suite. Des discussions très approfondies sur tous ces points avaient eu lieu avec M. Olmert. Mais, en fait, il faut tout simplement dire: nous reconnaissons la nation de Palestine. De son côté, Israël pourrait être reconnue dans sa légitimité par 57 pays arabes. Des décisions ont été prises, notamment par le roi Abdallah, et aussi lors de sommets de la Ligue arabe. Tout cela crée une opportunité historique qu’il ne faut pas laisser passer.

Mme TRETTEBERGSTUEN (Norvège) (interprétation)

La Palestine est politiquement et géographiquement divisée. L’unification doit se faire et la communauté internationale devrait la soutenir, comme l’a fait la Norvège en 2006. Où en est‑on?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Ce qui s’est passé à Gaza il y a quatre ans a divisé la Palestine à tous les niveaux. Au travers des accords d’Oslo, il avait été convenu qu’il devait exister une connexion géographique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. Cette connexion devait être un pont de paix. Malheureusement, aujourd’hui, ces territoires sont cloisonnés et isolés. Il faudrait donc revenir aux accords précédents et faire appliquer l’idée d’un passage qui permette de se déplacer en toute sécurité d’un point à l’autre.

M. VRETTOS (Grèce) (interprétation)

Avec la décision que nous avons prise le 3 octobre, vous disposez, Monsieur le Président, d’un outil important pour la liberté et l’indépendance de votre pays. Mais cet outil vous crée aussi des obligations vis‑à‑vis des droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la démocratie. La Résolution 1830 comporte en effet à l’article 12 quelque 18 engagements. Quelle suite allez‑vous leur donner?

M. Abbas, Président de l’Autorité nationale palestinienne (interprétation)

Bien sûr, nous ne venons pas ici pour dire: «Nous voulons ceci, nous ne voulons pas cela»! Nous devons appliquer réellement et efficacement toutes les dispositions; c’est notre responsabilité. Nous ne pouvons que vous redire combien nous vous sommes reconnaissants de la décision que vous avez prise.

Je souhaite simplement vous préciser que mon pays est l’un des plus enclins à faire respecter les dispositions juridiques qui tendent à consolider les droits de l’homme, le pluralisme et la démocratie.

LE PRÉSIDENT (interprétation)

Mes chers collègues, il nous faut maintenant clôturer la liste des questions au Président Abbas.

Monsieur le Président, je vous remercie à nouveau infiniment pour votre allocution et pour vos réponses aux questions posées par les membres de l’Assemblée.